VI.04 ¤ Priority Order

aperçu de la tête du pauvre loulou :

Spoiler:

Quand j'avais été mêlé malgré moi à cette histoire de braquage de banque, ma conscience n'avait pas cessé de me crier que cela pouvait très mal tourner, mais je savais que la clé de notre survie tenait au fait que les pourris souhaitaient de l'argent, et qu'ils n'allaient pas partir sans cela. Du coup, je m'étais improvisé comme l'informaticien providentiel, celui qui allait leur donner ce qu'ils voulaient pour qu'ils les laissent en paix. J'avais pris un risque sérieux sur ma propre vie pour sauver les autres, mais je savais bien qu'il n'y avait aucune autre solution fiable en dehors de celle-ci. Rien ne me prouvait qu'ils allaient nous laisser en vie, alors j'avais préféré prendre les devants. En me débrouillant et en me servant de mes compétences folles en matière de codage, j'étais parvenu à leur faire croire qu'ils avaient reçu leur argent, histoire qu'ils s'en aillent, et ils étaient partis, se précipitant là où la police les attendait. Ils avaient été arrêtés, parce que je les avais dénoncés sans qu'ils ne s'en rendent compte. Ce fait me rendait plus "tranquille", parce que je croyais que tout était terminé, derrière moi, et que plus personne ne risquait quoique ce soit.

Et bien, j'avais tort, et je me retrouvais à l'hôpital pour cette raison.  

Les braqueurs avaient certes tous été arrêtés, mais il y avait un détail que personne n'avait prévu. Ils avaient un chef, et ce type-là n'était pas présent ce jour-là.

Du coup, il avait eu vent de ce qui s'était passé lors du braquage, que j'étais à l'origine du piège qui avait entrainé l'arrestation de ses hommes. Il souhaitait que j'en paye le prix, et ils n'avaient pas fait semblant. Je m'étais retrouvé seul, je ne faisais que passer dans une rue dans le but de rentrer chez moi et...j'avais subi un véritable cauchemar. Ce type m'attendait, avec deux autres, et je n'avais rien pu faire d'autre à part subir.

J'étais à l'hôpital, parce qu'un passant m'avait retrouvé et avait pu donc appeler les secours pour me récupérer. J'étais pas mal amoché, mais j'avais eu de la chance. Si ce type était venu genre quelques minutes plus tard, mes blessures auraient pu être bien plus graves qu'elles ne l'étaient.

Je me demandais par contre ce que l'infirmière faisait avec mon téléphone depuis tout à l'heure. Elle l'avait pris, pour me faire une surprise mais j'ignorais laquelle.

En attendant, je vais juste fermer un peu les yeux...

Spoiler:

Bahamut était en train de se laver les cheveux en chantonnant, elle n’entendit pas le téléphone. Puis, elle sortir éventuellement de la douche, la vapeur partout et elle dans ce qui équivalait presque à un sauna. Calli allait finir par la tuer, à force de prendre aussi chaud ses douches, la peinture commençait à décoller des murs pas endroit.

Elle s’enroula dans une serviette, et c’est juste alors qu’elle entendit sa sonnerie caractéristique hurler. Elle sortir de la salle de bain et regarda l’écran de son cellulaire. Ezel. Son musicien au cœur tendre favori, ce gentil humain sur qui elle avait un ‘’crush’’. Elle décrocha.

- Oui allo? Oui… c’est moi… que se passe-t-il, qui êtes-vous?

Son cellulaire lui échappa presque des mains. Ezel avait été passé à tabac et il était dans un sale état, comateux et seul dans la chambre d’hôpital depuis la veille. Elle confirma qu’elle serait là, demanda l’étage et le numéro de la chambre et fonça se vêtir. Une paire de basket, un jean délavé, un pull noir et un manteau style ski, noir avec de la fourrure blanche au niveau de la capuche.

Elle se téléporta à l’hôpital et entra, fonça à l’accueil et demanda la bonne direction. Elle prit l’ascenseur et monta au 4e étage. Elle chercha la porte 909, et tomba dessus rendu au coin du couloir. Elle toqua et entra. Sa chambre était dans un coin de la bâtisse et de grandes fenêtres éclairaient bien la pièce.

Elle vit le visage tuméfié d’Ezel et eut un pincement au cœur. De si beaux traits devenus boursouflés et violacés, la lèvre encore saignante. Elle avait envie de buter la ou les personnes qui avaient fait ça à son beau visage.

- Ezel? Tu es réveillé?, demanda-t-elle d’une voix un peu basse.

Elle le vit remuer, et put au moins constater qu’il arrive encore à bouger. Mais elle se demande s’il a un membre brisé en-dessous de ces couvertures, comme un poignet, une cheville…

- Qui t’as fait ça? Qu’est-ce qui s’est passé?, lui demanda-t-elle en s’approchant de lui.

Elle regarda les poches autour et se demanda si ces médecins étaient en train de le droguer. Pouvait-il sentir la douleur? Elle n’osait pas le toucher.

Bahamut était inquiète, peut-être pour la première fois de sa vie d’ailleurs. Elle était au chevet d’Eziel, incapable de le toucher, par crainte de lui faire mal. Elle? Craindre de causer de la douleur? Mais qu’est-ce que ce mec lui faisait? La jeune femme se tenait à côté, et attendit qu’il se réveille. Dès qu’il ouvrit les yeux, elle lui demanda tout de suite qui était la source de tout ce malheur. Comment avait-il pu finir cloîtré au lit et salement amoché comme ça? Elle lui réclama les noms et le contexte, et un peu lentement, il lui explique ce qui s’était produit.

Il avait eu la « chance » d’être sur un lieu de braquage, et bien sûre, il avait voulu jouer aux chevaliers servants. Il s’était retrouvé mêlé à tout ce bordel, il avait mis sa vie en jeu et avait réussi à les faire arrêter. Mais plus tard, l’un d’entre eux l’a retrouvé et l’a attendu avec deux types baraqués et ils s’étaient arrangés pour le tabasser et le laisser pour mort. Il doit sa vie à un passant qui était dans le coin au bon moment.

- Mais… qu’est-ce qui t’as pris? Enfin, Eziel… je sais que tu es une bonne personne et tout, mais… regarde dans quel état tu es maintenant. Tu aurais pu… mourir. Imagine si j’aurais appris cela… en lisant le journal ce matin… tu imagines?

Bahamut détourna les yeux, frustré que cet humain n’ait pas pensé à la convoquer. Mais en même temps, il ignorait tout de son côté démon.

- Tu aurais pu m’envoyer un SMS de détresse… il va falloir qu’on se créé un code pour les urgences toi et moi… tu vas me foutre un stress pas possible maintenant.

La démone fixa l’humain amoché, regrettant de ne pas avoir la capacité des anges pour guérir les personnes blessées. Bizarrement, cet humain avait le mérite d’avoir sa réelle affection. Chose que Bahamut n’avait donné à personne depuis… toujours. Bien qu’elle adore Caym, mais lui et Phoenix, ce n’est pas la même chose.

- Écoute… je suis ravie que tu sois en vie et… de savoir que tu vas aller mieux, dit-elle en lui souriant l’air émue.

Bahamut n’en revenait pas de cet humain. Mais qu’est-ce qu’ils avaient les hommes à vouloir se la jouer Rambo quand au fond, ils représentent plutôt Bambi? Ezel est tout mignon – et ouais, elle ose l’admettre – et beaucoup trop gentil pour son propre bien. Bahamut grommelle un peu, assez suffisamment pour qu’il comprenne qu’elle est en désaccord avec le choix qu’il a fait, d’affronter cela tout seul. Mais Ezel, un peu sarcastique, ajoute que s’il aurait su qu’il était vraiment en danger, là il aurait pu lui envoyer un message.

- Certes… c’est vrai que ce n’est pas forcément écrit sur le visage de l’agresseur non plus…, concéda-t-elle en croisant les bras.

Ezel admet quand même qu’en dehors d’elle, il n’a confiance en presque personne. Bahamut le regarde et finit par sourire, un brin attendrie quand même. Il la connait depuis si peu, que déjà, il est prêt à lui mettre sa vie entre les mains ou proche de cet état. La démone sait bien qu’elle n’en mérite rien, étant la représentante ultime du Mal même, mais elle n’allait pas non plus se présenter comme une vieille démone émérite des Enfers non plus!

C’est à ce moment que l’humain ajoute que l’infirmière l’a appelée elle, car elle figure comme numéro un dans sa liste d’appels. Il les classe par importance et non en ordre alphabétique. Vraiment chou ce mec! Elle sourit à nouveau, en battant des cils un peu.

- Oh Ezel…, murmura-t-elle également en s’avançant vers lui.

Tendrement, elle dépose un baiser sur ses lèvres meurtries. Elle aimerait bien faire comme dans les films, retirer ses chaussures et s’allonger à son côté sur le lit, mais la réalité est tout autre. Le lit n’est pas assez large, et si une infirmière la voit faire, elle se fera chasser ou sermonner. En vrai, les humains en autorité sont de vraies plaies!

- Ils t’ont dit combien de temps tu vas rester ici? Tu sais si la guérison va être longue? Et… es-tu certains que tu n’es pas en mesure de me décrire tes agresseurs? Il faut les dénoncer aux autorités avec le plus de détails possible…

Bahamut voulait savoir combien de temps Ezel serait cloitré sur place. Il lui explique alors la nature de nouvelles blessures, et que c’est pour cette raison qu’il sera gardé en observation. Si les scans ne disent rien de bon, elle devine qu’il restera là et sans espoir d’en sortir dans l’immédiat.

- Si seulement… je pourrais te guérir d’un claquement de doigt, marmonna-t-elle en colère.

Elle aimait être un démon, et c’est vrai que ce pouvoir lui serait logiquement inutile. Mais de cas-ci, ça aurait été pleinement utile. Et pas question pour elle d’appeler Ariel à l’aide pour cette question. Elle ne voulait pas montrer aux anges qu’ils peuvent être utiles parfois et encore moins à celle-là. Peu importe l’être céleste, elle les déteste tous. Mais quand même, elle est inconfortable à l’idée de laisser Ezel souffrir. Ce qui est surprenant pour une créature supposément sans sentiment.

Ezel lui apprend alors qu’il avait eu dans sa chambre une personne à qui il avait pu parler des événements également. Un autre type qui avait été hospitalisé. Et coup du sort, le mec savait bien dessiner, et il avait pu représenter les malotrus en dessin. Il avait laissé ses coordonnées pour faciliter la tâche au cas où on voudrait entrer en contact avec lui. Il ajoute qu’avec tout cela, le type pourrait surement retrouver les méchants. Bahamut fait oui de la tête, mais une idée est également en train de germer dans son crâne.

- Je vois… et ce type, tu peux me montrer ses coordonnées? T’es peut-être coincé ici, mais moi je peux encore marcher, alors je pense aller lui rendre visite. On pourrait aller voir ensemble les autorités et s’assurer que justice te soit rendu. T’as rangé le papier où? À moins qu’il ait une carte? Est-ce qu’il t’a précisé qu’il allait contacter la police ou il n’a rien dit?

Bahamut lui sourit, mais elle attend impatiemment qu’Ezel lui fournisse ce don elle a de besoin. Elle veut et elle doit voir ce fichu dessin, s’imprimer les visages dans la tête et trouver ces salopards. Elle se ferait un plaisir de les passer à tabac, pas forcément les tuer, mais les laisser dans un état bon pour l’hôpital. Histoire de leur apprendre une leçon.