V.04 - Il faut que je te montre un truc!

En cette fin de journée pluvieuse et morose, Aurora était à remercier l'un de ses amis collectionneurs qui venait de lui apporter un bien étrange appareil. En temps normal, la jeune femme s'intéressait particulièrement aux statuettes anciennes et autres objets du même genre mais cette fois-ci, le collègue en question lui avait laissé une boite de bois à l'intérieur de laquelle se trouvait ce qui ressemblait à une vielle radio, or il n'en était rien. Dans le couvercle de la boite, on pouvait clairement lire qu'il s'agissait d'un appareil à électrochocs. Même les instructions y étaient! Ça, c'était hyper glauque!

Parce qu'elle ignorait de quelle époque cela pouvait dater mais également quelle était la valeur de ce truc, Aurora eut l'idée de faire venir son amie Kathleen, qui était médecin. Peut-être que la jeune femme serait intéressée de voir cette horreur qui avait possiblement fait souffrir pas mal de patients?

- Kathleen, c'est Aurora. Quand tu auras quelques minutes de libre, pourrais-tu passer me voir à la galerie? Il faut que je te montre un truc qu'on vient de m'apporter. Je ne t'en dis pas plus, je veux te garder la surprise.

Aurora raccrocha puis laissa la boite dans son bureau pour retourner voir les clients qui s'attardaient devant les splendides œuvres d'art qui peuplaient les diverses salles du bâtiment. Elle prit le temps de répondre à leurs questions puis s'excusa auprès d'un père et sa fille, lorsqu'elle vit Kathleen pointer le bout de son nez. Tout sourire, elle la salua de loin et fit signe à un employé de venir prendre la relève. Suite à cela, elle trotta jusqu'à son amie pour lui faire un câlin et l'empoigner par le bras pour l'entrainer dans son bureau.

- Un collègue vient de m'apporter ce machin et je n'ai aucune idée de quand ça peut dater. Je n'ai pas eu le temps de faire des recherches sur le web mais de toute façon, je tenais à te le montrer.

Elle fit asseoir Kathleen sur une chaise et déposa la boite de bois sur ses genoux.

- Ouvre ça…

Puis elle attendit de voir la réaction de son amie. Sans doute qu'elle allait grimacer!

Kathleen sortit alors de l’hopital. Elle avait fini sa « journée » ou plutôt sa nuit. Seulement, même si elle était fatiguée, elle voulait profiter de la journée. Bon, vu le temps pluvieux, ce n’était peut-être pas une bonne idée… Mais elle sentit alors son téléphone vibré. Elle avait du l’éteindre pendant son travail, mais maintenant qu’il était rallumé, il n’arrêtait pas de sonner. Elle regarda alors et vit qu’elle avait un message vocal. Composant le numéro de sa messagerie, elle mit le combiné à son oreille.

C’est Aurora, une amie qu’elles avaient rencontrée par hasard. Elle lui demandait si elle pouvait passer la voir à la galerie quand elle serait un peu libre. Tout en écoutant la fin du message, Kath regarda l’heure. Ca pouvait le faire. La galerie d’Aurora était fermée entre midi et deux, peut-être même que les jeunes femmes pourraient déjeuner ensemble si Aurora avait un peu de temps après avoir vu ce qu’elle voulait lui montrer.

D’ailleurs ce qu’elle disait intriguée son amie, se demandant ce qu’elle voulait lui montrer. Elle hâta donc le pas, la galerie n’étant qu’à quelques minutes à pied, cela lui ferait du bien de marcher un peu. Bon, heureusement pour elle, elle avait un parapluie.

C’est donc quelques temps après le coup de fils de Aurora, que Kath débarquait tout sourire. Elle lança un bonjour général, d’une voix légèrement timide. L’anglaise aurait adoré s’y connaître en art, mais il lui manquait cette fibre artistique. Par contre, elle savait reconnaître les belles peintures et œuvres. Dés qu’elle l’a vit, Aurora se dirigea vers elle pour venir lui faire un calin et lui dire bonjour.

Kath répondit à son étreinte, lui demanda au passage comment elle allait. Les deux jeunes femmes, souriante, se dirigèrent vers le bureau de belle brunette. Encore une fois, la jeune femme lui fit un fameux teaser, sans lui dévoiler de quoi il s’agissait.

« Tu es bien mystérieuse. » dit-elle avec un petit sourire de coin, amusée. Elle alla s’asseoir sur la chaise que lui présenta Aurora alors qu’elle sortait une drôle de boite. Curieuse, Kath se redressa pour ouvrir la boite que lui avait mis la jeune femme sur les genoux. Elle mit un certain temps avant de capter de quoi il s’agissait.

« Sérieusement. Il a trouvé ça ou ton collègue ? »  Elle grimaça.

« Ca c’est de la méthode barbare dis donc.. . » avoua-t-elle en observant d’un peu plus près la notice d’utilisation. « Vu le truc… Ca a l’air de dater… Après cette méthode n’est malheureusement pas si vieille. » ajouta-t-elle avec un petit mou.

« Je dirai des années 1970-1980, mais je peux me tromper. » finit-elle par dire en relevant la tête vers son amie pour lui offrir un petit sourire.

Spoiler:

C'est une Kath au parapluie détrempé qui pénétra dans la galerie d'art, son charmant sourire accroché à ses lèvres. Dès qu'elle la vit, Aurora arbora le même, ravie de revoir son amie. Elle était heureuse de pouvoir discuter avec elle mais également d'avoir la chance de lui montrer l'appareil qu'un ami lui avait apporté. Ce n'était pas le genre de bidule que la jeune femme exposait mais la curiosité de l'objet l'avait intriguée au point de faire venir son amie pour l'aider à y apposer une valeur et une date. Après, sans doute qu'elle allait s'en débarrasser en le donnant à un musée spécialisé dans les vestiges médicaux, ou bien à une école de médecine. Certaines d'entre elles possédaient un petit département historique qui fascinait toujours les étudiants.

Une fois Kathleen confortablement assise sur une chaise, Aurora déposa sur ses genoux la petite boite de bois qui devait faire trente centimètres par vingt centimètres. Lorsque la médecin l'ouvrit, quelques secondes s'écoulèrent avant qu'un déclic ne se fasse et qu'elle comprenne de quoi il s'agissait. La jeune femme ne fut pas surprise par la toute première question de son amie; il était normal de chercher à savoir d'où ça provenait!

- Un vieil asile abandonné en Hongrie. Mon collègue est génial, c'est un passionné alors il ne fait que ça, de chercher des choses inusitées. Il parcours le globe à longueur d'année.

Aurora s'esclaffa quand Kathleen mentionna que le petit électrochoc portatif était une méthode barbare. Là-dessus, elle n'avait pas tort!

- J'avoue que je n'aimerais pas l'essayer mais… est-ce que ça peut le faire, pour ramener à leur place les mecs désobéissants?

L'appareil datant des années soixante-dix ou quatre-vingt était tout de même en bon état!

- Je me verrais bien le tester sur Andrew, juste pour le plaisir.

Elle déconnait, évidemment et Kathleen le savait très bien puisque la jeune femme arborait un sourire amusé qui démontrait hors de tout doute qu'elle n'était pas du tout sérieuse.

- Ça vaut quoi selon toi? Tu penses que ça le ferait, de le mettre aux enchères ou bien c'est plutôt un truc à donner à un musée?

Libérant Kath de la petite boite de bois, Aurora l'invita à se lever tout en fixant sa montre.

- J'ai un peu de temps pour déjeuner, ça te dit?

Et comme de fait, son ventre se mis à grogner comme un malpoli!

Kathleen eut rapidement sa réponse quant à la provenance de l’objet. En tout cas, même si il n’avait aucune valeur scientifique, il restait intriguant. La blondinette pouvait très bien imaginer où brancher les fils pour tenter de rendre le patient moins fou. Heureusement que la médecine moderne était basée sur la vraie science et plus des superstitions. Remarque, en tant que femme, elle aurait rapidement été catégorisé comme sorcière.

« Ah oui la Hongrie… Ca peut être intéressant. Ça doit être passionnant de faire voyage sur voyage… J’en rêverai. » avoua-t-elle avec un petit sourire rêveur.

C’était que Kathleen n’avait jamais caché son envie d’aventures. Déjà étudiante la petite anglaise avait beaucoup bougé. L’Europe, les USA, l’Afrique aussi avec son boulot… Elle en avait fait des beaux voyages et des belles rencontres et parfois, cette époque lui manquait.

Quoiqu’il en soit, Kath révéla la teneur de l’objet. Il s’agissait d’un appareil à électrochoc et peut-être même était-il encore en état de fonctionner ! Elle proposa de l’utiliser sur les hommes désobéissants, notamment sur son mari.

« Ah ça peut être intéressant ! Je testerai sur Seth aussi pour voir ! » plaisanta-t-elle. Son amie Aurora était au courant qu’elle sortait avec un beau pompier. Bon, elle ne savait pas tout de leur histoire, mais était assez au courant pour savoir qu’il y avait eu quelques bas et que tout était réglé.

La blondinette se mordit la lèvre lorsque son amie lui demanda si c’était mieux de mettre aux enchères ou dans un musée.

« Franchement, je ne sais pas si tu réussirais à en tirer un bon prix… Surtout si c’est pour qu’un malade l’acquiert. Pour ma part, je pencherai pour le musée, mais je ne suis pas une spécialiste. » dit-elle en lui offrant un sourire. Elle se leva alors qu’Aurora rangeait la boite.

« J’allais te le proposer ! » dit-elle avec un grand sourire. Elle se leva, toujours autant contente de voir son amie. « On y va, ça te tente un italien ce midi ? T’as une heure à laquelle tu dois être revenu ? » demanda-t-elle en regardant sa montre. Elle ne savait jamais les horaires, c’était qu’elle était toujours à côté de la plaque avec celle qu’elle faisait à l’hôpital.

Aurora aussi, aurait bien aimé passer sa vie à voyager mais ce n'était pas quelque chose de possible, quoi qu'elle et Andrew avaient quand même pas mal profité, avant et après avoir eu Léana. Le couple avait eu la chance d'explorer plusieurs recoins de la planète. Il fallait dire qu'ils exerçaient des métiers plutôt payants alors pourquoi se priver de le faire? Peut-être que dans quelques années, lorsqu'ils prendraient leur retraite, ils voyageraient davantage?

- Oui, ça doit être chouette la Hongrie. Mon collègue est un sacré veinard. J'avoue que je l'envie de pouvoir se balader d'un pays à l'autre à longueur d'année. Tiens, on pourrait se faire un voyage entre filles, un de ces quatre! Ça nous ferait décrocher de la routine et ça nous débarrasserait de nos mecs pendant une semaine.

Comme s'ils étaient emmerdants!

L'appareil dégoté par le collègue d'Aurora retourna dans sa boite et la jeune femme fit le choix de l'offrir à un musée. Ensuite, elles décidèrent d'aller déjeuner ensemble. Kath proposa un restaurant italien qui fut aussitôt approuvé par la brunette. Ça tombait bien, elle avait faim et n'avait aucune contrainte de retour.

- J'ai une amie qui peut tenir la galerie pendant mon absence alors je suis libre autant que je le veux. Allons-y.

Elle sortirent, armées de leur parapluie, et se rendirent au restaurant italien. À l'intérieur, Aurora retira son manteau et s'installa confortablement à la table, face à Kathleen. La serveuse leur apporta rapidement un verre d'eau et leur laissa le menu. Elle reviendrait plus tard pour prendre leur commande.

- Dis-moi, tu viens juste de finir de bosser de nuit ou t'as commencé ce matin et c'est ta pause? Sérieusement, je ne sais pas comment tu fais pour travailler alors que tout le monde dort. Je trouvais ça affreux de devoir me lever pour faire boire Léana, lorsqu'elle était petite. Tenir pendant des heures, non merci! En plus, tu es responsable de vies humaines. Je te lève mon chapeau, ton boulot est bien plus exigeant que le mien.

Aurora étudia le menu, hésitant entre une lasagne et une pizza italienne. Elle avait sacrément faim et avait l'esprit occupé. Depuis qu'elle avait lancé cette idée de voyage entre filles, avec Kathleen, elle rêvassait tout à coup de pouvoir se promener les pieds dans le sable chaud.