VI 04 - Le chaos à l'excès [TERMINÉ]

Ce matin, je décide de passer en maitre avec Eris. Je regardais le soleil se lever en repensant à notre dernière rencontre datant de la semaine passée. J’avais laissé en plan la jeune démone après m’être déclaré sa fée marraine. Je suis taré, mais j’aime le chaos que je sens autour de cette fille. Cette jeune démone a du talent et Caym a su repérer le filon d’or parmi le cuivre.

Mieux encore, pour la former plus adéquatement, je décide que je ne la formerais pas aujourd’hui directement sur la terre des vaches. J’ai plutôt envie de l’amener dans l’une de mes antichambres sur la terre des hommes, mais qui est tout près de l’enfer pour moi.Ma pièce se trouve à être le dernier endroit d'où je suis sortie des Enfers pour la dernière fois. Même si la porte n'est plus là, je ressens encore ou du moins j'en ai l'impression, une proximité avec l'Enfer. Il fait presque autant chaud qu’en Enfer, sans brûler et sans les hurlements. Selon mes désirs, cette pièce recèle ce que j'aime le plus. Ma Lassy, le chien des Enfers que j’apprécie, ne peut jamais me rejoindre dans cette antichambre puisque les portes menant à l'Enfer sont toutes scellées ou détruites à ce jour. Bizarrement, on veut créer plus de démons, mais le nouveau chef de l'Enfer laisse les portes disparaitre. Je ne sais même pas qui s'amuse à les sceller ou les détruire, ça fait si longtemps que je n'ai pas remis les pieds en Enfer, que c'est à se demander comment je fais pour ne pas me geler les fesses ici. Honnêtement, je crains que l'Enfer ne veut plus de moi.

Je sens qu’aujourd’hui c’est le Jour J, alors je me pointe dans la rue, à la recherche de la démone. Je ne sais pas où Caym habite et donc j’ignore où trouver Eris. Cependant, la petite étant adepte du chaos, je ne tarde pas à la trouver avec l’aide de quelques démons. Sur l’heure du midi, je la chope en train d’éviscérer un type en pleine rue. Cause de la rixte? Allez savoir.

- Eris! Lâche ces trippes et suis-moi, dis-je en apparaissant devant elle.

Pour faire bonne mesure, je botte le type hurlant de douleur dans la figure, lui brisant le nez et l’os d’une joue.

- On va s’amuser toi et moi.

Je lui saisis les mains et je l’amène directement dans mon antre. Du moins, l’un d’entre eux. On atterrit dans ma pièce principale de torture, une chaise longue en vieux bois taché du sang de mes anciennes victimes, trônant en plein milieu de la pièce. Les murs sont en roches volcaniques et le décor ressemble en tout point à un donjon de torture. C'est ce que j'adore de ces pièces magiques, elles se plient à nos volontés pour le décor. Je ne l'ai pas changé depuis des lustres.

- Voici… mon antre. Dans cette même pièce, j’y ai formé et torturé bien des âmes dans mes heures supp' pour le plaisir, dis-je en désignant des menottes de fer médiévales suspendues au plafond.

Sur un autre mur, il y avait un X en bois dans lequel des milliers de clous étaient fixés et de vieux morceaux de chair séché pendaient encore à ces derniers.

- Je ne suis pas friande de torture à proprement dit physique, mais j’ai de bonnes connaissances. Toutefois, la vraie pièce qui nous servira…

Je pris la main de la démone et l’entraina dans un long couloir, avant de la planter devant une porte de vieux métal terni. On pouvait entendre des pleurs. Je fis glisser une minuscule porte pour révéler un espace pour les yeux et voir à l’intérieur. Une fillette trônait en plein centre, un ourson dans les bras, et elle pleurait à chaudes larmes.

- Je l’ai choisie pour toi. L’esprit des enfants est plus malléable, et tu dois apprendre à les torturer mentalement sans utiliser ta force physique ou tes pouvoirs dans un premier temps. T’en sens-tu capable? Le but est de lui montrer ton vrai visage et de la faire sombrer dans un délire complet… sans avoir besoin de la toucher. Aucune goutte de sang ne doit être versée, sinon, tu échoues.

Eris devait nourrir George et pour se faire, elle devait partir en chasse et récolter un cœur pour le lui ramener afin qu'il le dévore sous sa forme canine. Celui-ci étant incapable de le faire hormis lorsqu'Aedan prenait le contrôle, la démone se chargeait de cette tâche afin de s'assurer qu'il ne meurt pas de faim. La plupart du temps, elle effectuait cette collecte de façon rapide et efficace, mais parfois elle prenait le temps de jouer avec sa victime avant de lui ouvrir la poitrine pour lui arracher le cœur. Aujourd'hui, c'était très précisément ce qu'elle avait décidé de faire. Partie en fin de matinée, elle s'était téléporté en ville par pure paresse puisque habituellement, elle sévissait dans des endroits très éloignés de Huntfield afin de ne pas attirer l'attention sur elle.

Elle était à sauvagement éviscérer un type lorsqu'une voix familière chemina jusqu'à ses oreilles. C'est armée d'un large sourire qu'elle se tourna vers celle-ci, ses mains pleines de sang.

- Marraine!

Bahamut botta la tronche de sa victime dans un bruit d'os brisés qui fit glousser la démone. Tout de suite après, elle filait avec sa nouvelle amie pour apparaitre dans une jolie pièce de torture qui, visiblement, avait du vécu. Beaucoup de vécu, pour être plus précise et tellement, tellement de charme! Puis, oh! des menottes de fer. Émerveillée, Eris tendit la main puis grimaça lorsque le fer lui brûla le bout des doigts, portant tout de suite après son attention sur le X de bois qui, mentionnons-le, la fit littéralement saliver avec ses nombreux clous et morceaux de chair. En fermant les yeux, elle pouvait presque entendre l'écho des cris et des hurlements qui avaient dû se répercuter sur les parois de la pièce, résonnant encore et encore pendant des heures, des jours, des... années.

Docile, elle suivit sa marraine dans une autre pièce, notant que celle-ci n'était pas friande des tortures physiques. Chez Eris c'était une spécialité, bien plus que les tortures mentales alors peut-être pourrait-elle apprendre quelques trucs provenant de Bahamut?

Sa main dans celle de la démone, elle la suivit jusqu'à une porte de métal derrière laquelle des pleurnichements se faisaient entendre. En regardant par une petite trappe que sa marraine ouvrit, Eris put apercevoir une gamine et son ourson, en larmes.

- Awwwww... Un petit trésor!

Son sourire s'élargit lorsqu'elle apprit qu'elle était tout à elle et qu'elle devrait la torturer mentalement sans user de sa force physique. Merde! Elle allait vachement devoir s'appliquer pour ne pas décevoir sa marraine!

- Je vais essayer, ma fée, mais je dois être guidée pour se faire. As-tu des conseils à me donner avant que je procède? Je dois t'avouer que je meurs d'envie de lui tordre le cou, il sera difficile de ne pas l'atteindre physiquement. Dans cette situation, la torture est autant pour moi que pour elle mais j'ai confiance d'y arriver.

HS j'ai un doute pour "montrer son vrai visage". Est-ce que tu veux dire qu'Eris peut se montrer sous sa véritable forme démoniaque ou n'est-ce qu'une façon de dire qu'elle peut se laisser aller à plein d'atrocités?

Je l’adore quand elle m’appelle marraine. Je ne fais que sourire et la prendre par la main pour l’amener dans mon antre. J’y ai torturé tellement d’âmes pour mon plaisir personnel, que c’est plus que mes deux mains combinés. Je vois du coin de l’œil Eris qui caresse avec adoration une paire de menottes en fer et grimacer de douleur la seconde suivante. J’oublie l’inconfort que le fer a normalement sur les démons. Je n’ai pas ce problème pour le moment, alors j’hausse les épaules. Je lui dis de me suivre quand elle a fini, mais nos mains se joignent amicalement et je l’amène dans un couloir vers la pièce où j’ai enfermé une gamine.

Je lui montre et elle fait mine d’être charmée. Mais je vois dans son regard une lueur de folie, de la démence. Je fais ma rabat joie en lui disant qu’elle devra la torturer que psychologiquement. Elle semble un brin le déplorer, mais me nomme sa fée et me demande conseils et guides. Je souris.

- Délicate enfant, comme tu es naïve. Ils ne peuvent pas voir nos vrais visages. Tu dois me montrer qui tu es vraiment, c’est un test. Si tu échoues, tu seras punie. Le but, cette gamine doit être vivante lorsque tu auras terminé et sans blessure autre que celles qu’elle se sera infligée par influence ou par folie. Impressionne-moi, aie confiance. La clé est la concentration. C’est insidieux. Pense à comment tu pourrais la faire souffrir? C’est une enfant… les enfants sont naïfs et crédules. Penses-y.

Je refuse de lui donner tout dans le bec les réponses. Je veux voir ses méninges travailler, je veux la voir souffrir de me donner une réponse sans risquer d’échouer. Je veux voir ce qu’elle vaut en tant que démon. Je devine aisément que jusqu’à maintenant, j’ai seulement effleuré la surface de ses capacités. Eris est capable de mieux. Elle fait de l’art, mais c’est simple. Je veux voir de la complexité.

- J’ouvre et je t’enferme avec elle. Je vais t’observer par la petite fenêtre de la porte histoire de te laisser travailler pleinement.

J’ouvres, la petite recule en me voyant, terrifiée et je pousse Eris à l’intérieur sans un mot.

Eris avait toujours préféré user de tortures physiques plutôt que psychologiques car là était sa force, là était sa... créativité. Cela ne l'empêchait toutefois pas d'être capable de causer de grave sévices mentaux lorsque l'occasion se présentait, bien évidemment, mais sa passion et ses capacités étaient définitivement portées vers les atteintes corporelles plutôt que mentales. Ce défi que sa bonne fée marraine lui demandait d'accomplir en était un très intéressant et pour tout dire, la démone se ravissait d'avance de pouvoir le relever. La petite fille en larmes qui l'attendait sagement dans la petite pièce allait bientôt, à son plus grand déplaisir, devoir affronter l'un de ses pires cauchemars.

Poussée par Bahamut, Eris pénétra donc la salle dont la porte fut refermée derrière elle, les conseils de la démone résonnant encore dans sa tête. Être insidieuse et concentrée, alors que les enfants étaient naïfs et crédules. Oui, ça allait être très facile car déjà, la gamine était effrayée et reculait, après avoir aperçu Bahamut puis Eris entrer, avant d'être laissée seule avec cette dernière.

- Assieds-toi mon ange...

Sa voix était douce comme celle d'une mère, délicate et mélodieuse, rassurante, chaude, invitante.

- Comment tu t'appelles?

- Lili.

- Lili, c'est un joli prénom... et tu sais pourquoi tu es ici Lili?

La petite secoua énergiquement la tête, son toutou fortement serré dans ses bras. Elle pleurait à chaudes larmes, tremblait un tout petit peu, paraissait complètement désespérée.

- C'est parce que tu as été vilaine, Lili. Tu as menti et qu'est-ce qu'on fait aux enfants qui mentent? On doit les enfermer ici pour les punir.

- Mais je n'ai pas menti!

- Eh bien apparemment tu mens encore, car sinon pourquoi te retrouverais-tu ici?

Eris lui sourit doucement, pris place sur le sol dur et s'assit en tailleur.

- Tu sais que c'est très vilain et méchant de ne pas dire la vérité? Ça fait du mal à ta mère et à ton père. Là tout de suite, ils pleurent beaucoup. Je les ai vus tout à l'heure car ce sont eux, avec la dame que tu viens de voir, qui m'ont demandé de venir te parler pour t'aider à retrouver le bon chemin. Est-ce que tu vas vouloir travailler dur pour que tout revienne comme avant?

La fillette échappa un autre sanglot, têtue.

- Mais je n'ai pas menti! Je n'ai rien fait! J'ai... j'ai juste cassé le bibelot de maman sans faire exprès et... et je l'ai caché pour ne pas qu'elle le voit mais c'était un accident!

La démone secoua la tête, l'air faussement découragée, tandis que la gamine redoublait de pleurs.

- Ta mère m'a dit que tu étais méchante et je commence à croire qu'elle a raison. Tu es méchante, Lili, tu mens tout le temps et tu brises les choses que les gens aiment. C'est horrible de faire ça, en es-tu consciente?

Eris tourna la tête vers la petite fenêtre, se demandant si elle jouait bien le jeu de Bahamut. Était-ce ce que la bonne fée marraine souhaitait qu'elle fasse? Elle espérait bien que oui, sinon sans doute serait-elle aiguillée en cours de route.

Je regarde avec intérêt Eris s’avancer vers l’enfant et changer de ton. Fait intéressant, la démone semblait faussement s’adoucir à un point même que Bahamut y cru presque. Très convaincante, la démone s’approche, parle d’une voix douce et invitante, et l’enfant, Lili, trop naïve, se laisse approcher. Je regarde avec amusement Eris qui tente de faire croire à Lili qu’elle est une menteuse récidiviste et une méchante enfant, mais tout cela, d’une voix douce comme celle d’une mère. Lili se met évidemment à pleurer en disant que c’est faux, mais Eris affiche un air faussement découragée en lui disant que ses parents avaient ainsi donc bien raison. Lili est un enfant très méchant.

Je souris. Je suis intrigué de voir comment ma démone en apprentissage va arriver à faire capoter complètement cette gamine. Le mieux serait qu’elle devienne complètement folle soit au point de se faire du mal, soit qu’elle sombre dans un chagrin tel, qu’elle soit convaincu que ses parents ne veulent plus d’elle.

Mais encore une fois, je ne ris rien, car veux observer Eris. Je veux être en mesure de l’évaluer, de voir ses forces et ses faiblesses, et tout commence par un test. Le but premier est de voir si elle réussira ou non ce test. Je ferme donc la glissière, je vais chercher un carnet de notes et un crayon et je retourne à la pièce. Je toque doucement avant d’entrer, et j’affiche un sourire parfaitement naturel et bienvaillant.

- Bonjour Lili. Je vois que toi et Dr. Eris êtes déjà en bon termes. Je viens uniquement à titre d’observations.

Je tire une chaise à l’intérieur et je prends place dessus dans un coin. Je souris, autant à l’enfant qu’à Lili.

- Dr. Eris, j’aurais pu rester à l’extérieur, mais je voulais m’assurer de bien suivre ce petit entretien. Je vais prendre quelques notes, faites comme si je n’étais pas là. Et toi Lili, je m’attends à ce que tu te comportes bien.

Je vois bien que la gamine est terrifiée par moi, mais elle semble désormais confuse. Autant lorsque je l’ai amené ici je l’ai fait avec force et sans état d’âme, autant maintenant, je toute gentille. Mine de rien, le jeu d’Eris m’a incité à embarquer dedans également. Je ne serais qu’une observatrice, mais plus proche.

Eris commençait à bien prendre son pied en se payant la tête de Lili mais elle tâchait de ne rien en montrer, conservant tout son sérieux et sa douceur perturbante qui gardait l'enfant calme, non sans provoquer chez elle un niveau d'inquiétude et de stress tout de même marqués. Pour le moment, elle n'en était qu'aux premiers stades de leur entretien et prenait le temps de mettre son plan en place, réservant à la gamine un revirement de situation grandiose qu'elle était impatiente d'implanter. Lentement mais sûrement, elle en viendrait à lui faire perdre la tête au point de l'amener à se blesser elle-même sans que la démone n'ait eu à la toucher.

Peu de temps après le début de l'entretien, Bahamut se permis d'entrer pour fins d'observation. Eris la salua d'un signe de tête, bien heureuse que la démone puisse voir de plus près où elle comptait amener la petite Lili. Endossant un titre de médecin professionnel, Eris joua le jeu, tout sourire.

- Faites, docteur. Lili est une petite fille qui coopère bien mais on a encore du boulot à abattre. Lili, tu peux t'asseoir par terre, tu dois être fatiguée d'être debout. Attention de ne pas aller trop à droite, les araignées là-bas pourraient venir te mordre.

La petite tourna vivement la tête vers le coin de la pièce, paniquée.

- Mais il n'y en a pas!

Amusée mais ne le démontrant pas, Eris fronça les sourcils, faussement inquiète.

- Mais... mais oui! Tu es en train de me dire que tu ne les vois pas? Il y en a au moins cinq et elles sont énormes, noires et velues... Elles se promènent par terre et sur le mur, là...

Lili observa à nouveau le coin, tremblante.

- Non...

- Lili, serais-tu en train de mentir? Encore?

Eris lorgna vers Bahamut, comme un médecin en consulterait un autre pour un second avis médical.

- Docteur, vous les voyez bien, vous?

Elle espérait que Bahamut acquiesce et embarque dans son jeu.

- Lili, tasse-toi un peu, il y en a une qui vient vers toi, elle pourrait te grimper sur la jambe.

- Je ne vois rien! Il n'y a rien!

- Menteuse!

Eris fit un pas vers elle et pointa le sol pour montrer la grosse araignée qui... n'existait pas.

- Là! Elle va vers toi, elle est presque sur ton soulier!

Elle pointa de l'index l'araignée invisible et le déplaça jusqu'au soulier de la gamine qui paniquait sérieusement.

- Elle est sur ta jambe! Tape-la!

Évidemment, Lili obéit et se mit à violemment se frapper la jambe alors qu'il n'y avait absolument rien qui lui grimpait dessus.

Je suis assise avec un calepin sur mes genoux à observer aux premières loges la situation. Eris se paie la tête de Lili et la petite n’y voit que du feu. Eris approuve sa présence et demande à la petite de s’asseoir. C’est vrai que Lili est debout depuis des heures à pleurnicher et à tourner en rond ou à se mettre en boule dans un coin. Elle varie beaucoup, mais jamais elle ne s’est assise. Eris recommande à la petite de ne pas aller sur la droite, car les araignées pourraient la mordre.

Évidemment, il n’y a aucune araignée. Alors Lili proteste en disant qu’il n’y en a pas. Eris en rajoute un grain en disant qu’il y en a cinq et quelles sont énormes. Bahamut se retient de rire, la petite devient affolée et regarde dans le coin sans les voir. Lili lance à nouveau qu’elle ne les voit pas, alors Eris la traite de menteuse.

- Effectivement Docteur, je les vois. Le ménage a dû être mal fait, encore. Il va me falloir passer un mot à celui qui s’occupe de tout aseptiser. Lili, il est très mal de mentir, tu le sais, dis-je en prenant des notes.

En fait, je ne prenais pas de notes. Là, je m’amusais à dessiner une grosse araignée velue, inspirée par Eris et ses idées amusantes. La démone continue en disant à la gamine qu’elle aurait sous peu un truc sur la jambe, et Lili commence à s’affoler. Elle se met finalement à se taper la jambe sur commande, en panique et en se mettant à pleurer.

- Ah mais effectivement Docteur. Il y en a plein. Est-ce que je vais chercher de l’insecticide?

Bahamut regarde Eris avec un sourire. Si elle va chercher de l’insecticide… la démone pourrait peut-être convaincre la petite que ce n’est que de l’eau et lui en faire boire? La démone est maligne, se lève et sort chercher une bouteille qu’elle va chercher dans une boutique pas trop loin. Le tout dure quelques minutes, laissant le temps à Eris de faire autre chose à la gamine sans observateur.

Lili était de plus en plus désemparée. Ses joues baignées de pleurs et ses hoquets de sanglots démontraient bien à quel point la confusion régnait dans sa tête. Elle voulait retrouver sa famille et sortir de cette affreuse pièce mais elle y était coincée avec les deux démones qui se payaient royalement sa tête, tout en demeurant très sérieuses et professionnelles dans leur rôle de... médecin et de psychologue. La patience était une force chez la gamine mais petit à petit, elle s'effritait. Un genre de panique commençait subtilement à la gagner et bientôt, la crise éclaterait puisque les araignées imaginaires continuaient de vouloir grimper sur sa jambe. Lili avait d'ailleurs commencé à se frapper, terrifiée de voir ces bestioles aux pattes velues venir l'envahir.

- Oui, il faudra aviser le personnel de la présence de ces tarentules, surtout qu'elles sont très venimeuses. Attention Lili, tu en as une sur le bras! Elle va te mordre! Tape-la, tape-la!

La panique gagna davantage la petite victime quand la démone se leva, après que Bahamut ait demandé si elle devait aller chercher de l'insecticide.

- De toute urgence, oui! Lili frappe-toi le bras droit, tu vas te faire mordre! Docteur, faites vite sinon Lili va mourir.

Elle se tourna vers elle pour répondre au sourire de sa bonne fée, ses yeux tournés au noir, puis les ramena à leur couleur naturelle pour fixer la gamine. Affichant un air épouvanté, elle se prit la tête à deux mains et se mit à hurler de terreur, se tassant dans un coin sans cesser de crier.

- Il y en a plein, elles sortent de ce trou, là-bas! Elles vont toutes vers toi!

Et comme Eris était très talentueuse pour jouer la comédie, Lili ne pouvait que la croire et se frapper avec force, bien qu'elle n'ait absolument aucune bestiole sur son corps. De son côté, la démone s'était mise à triturer la poignée de porte pour faire semblant de vouloir sortir, hurlant à Lili de rester loin d'elle.

- C'est fermé Lili, c'est fermé à clé on est coincées ici avec les araignées. Pitié je ne veux pas me faire mordre par elles! Va-t-en, reste loin de moi je suis allergique au venin, je ne veux pas mourir ahhh mon Dieu je ne veux pas mourir pitiéééé!

C'était le drame, le pur drame et maintenant Lili hurlait de terreur, se frappant contre les murs pour tenter d'écraser les araignées imaginaires. Quand Bahamut allait revenir, elle découvrirait une petite fille aux bras et aux jambes griffés au sang, et une démone qui devait faire de bien gros efforts pour ne pas éclater de rire et se concentrer à... faussement paniquer.

Je ne suis partie qu’une dizaine de minutes, à mon retour, je suis armée d’une grosse bouteille d’insecticides volée dans une boutique. Je marche en direction de la pièce et j’entends Lili hurler à plein poumons, mais également et mon grand amusement, Eris. La démone hurle qu’elle ne veut pas mourir, étant supposément allergique au venin, et hurle à la pitié en jouant avec la poignée de porte.

Plus j’avance et plus j’essaie de ne pas rire, mais un tic au coin de ma bouche démontre le mal que j’ai à conserver un visage passif. J’atteints la porte et je l’ouvre brusquement sous le nez d’Eris. Je tente toujours de ne pas éclater de rires. C’est qu’elle a l’air convaincante la démone!

- Vite, prends cette bouteille. C’est notre seul espoir contre ces saloperies de bestioles! Tues-moi ça Docteur et vite!, dis-je en lui fourrant la bouteille entre les mains.

Je me glisse quand même à l’intérieur de la pièce sous le regard affolé de Lili et jouant le jeu, je me plaque contre le mur du fond. Ce faisant, j’observe la gamine et ses propres mutilations. Elle s’est griffée au sang sur chaque parcelle de peau visible. Clairement, elle a atteint un niveau de panique monstre. Elle pleure et continue de se taper encore.

Je me retiens de rire alors qu’Eris s’occupe de la gamine et de la situation qu’elle a elle-même engendrée. À un moment, je fais semblant d'hurler, de me secouer et je sors comme si j’étais moi aussi en panique. Je ferme brusquement la porte sans la barrer et sans être capable de me retenir plus longtemps, j’éclate de rire. Mon rire résonne dans le couloir bien que je tente de l’étouffer. Je suis secoué et je m’effondre au sol en riant, incapable de me retenir. Les larmes m’en viennent aux yeux et je ris.

La porte s’ouvre finalement et je vois Eris sortir de la pièce alors que moi, je suis au sol encore secouée et les yeux pleins de larmes. Je n’entends plus la gamine ceci dit.

- Eris…! Tu m’as tué, je n’ai autant ris depuis… des lustres! Je t’en remercie! Qu’as-tu fait de la fillette?, dis-je en me remettant sur pied.

J’écoute sa réponse, j’acquiesce, et je lui mets une main sur l’épaule.

- Chère sœur infernale… sache que tu as toute mon amitié. J’ai hâte d’approfondir mon travail avec toi!

FIN
Hrp : J’ai adoré x)!!! Je te laisse décider de ce que tu fais de la gamine! Ceci dit, j’aimerais si tu es dispo, un autre RP avec Eris à la prochaine intrigue.

C'était... du pur théâtre. Une scène de folie dans laquelle avait lieu une débandade incroyable, jouée par une petite fille terrorisée et une démone cinglée qui se payait sa gueule au plus haut point... à son insu, évidemment. Emportée dans son rôle de médecin psychologue, Eris était parvenue à complètement faire flipper Lili qui avait commencé à se mutiler à cause d'araignées imaginaires que la démone avait si bien décrites qu'elles en étaient devenues réelles pour elle. Bahamut, elle, fraichement revenue de sa course à l'insecticide, peinait à contenir son rire. C'est qu'Eris s'était vraiment donnée à cent pour cent pour faire capoter la gamine qui était en pleine crise de nerfs alors ne pas flancher devant elle devenait difficile. Heureusement, son expérience lui permettait de conserver son sérieux, ce qui la rendait tout à fait crédible aux yeux de tous. Heureuse de voir l'effet que son petit jeu avait sur elle, Eris prit la bouteille qu'elle lui tendait et, tout en la remerciant, en aspergea Lili des pieds à la tête.

- Je les tues, je les tues!

Ce faisant, elle appuyait sur le petit bouton de la cannette pour faire voler une bruine de produit toxique, ne se gênant pas pour en jeter dans les yeux et la bouche de la fillette.

- Courage Lili, on va les avoir! Elles vont mourir!

Quand Bahamut se mit à jouer la panique, elle aussi, ça n'en fut que plus drôle... particulièrement lorsque, incapable de plus de retenue, elle fila à l'extérieur de la petite pièce pour échapper un rire si sincère qu'il contamina Eris au point de la faire éclater elle aussi. Bien, il était temps de mettre fin à ce petit cirque.

- Lili, je vais abréger tes souffrances, viens.

Et sans retenue, la démone glissa ses mains autour de son cou et l'écrasa dans un bruit croustillant qui fit gicler le sang par sa bouche, son nez et même ses oreilles. Dans un bruit mat, le corps de la gamine s'échoua par terre. Lorsqu'Eris sortit de la pièce, ce fut un spectacle grandiose qui l'attendait : au sol, visiblement encore secouée par son fou rire, Bahamut la regardait, visiblement satisfaite de son boulot. Oh! Mais quel honneur!

- Elle est morte, je lui ai écrasé le cou jusqu'à ce que ses petits os s'effritent et que le sang lui monte à la tête au point d'en ressortir par les trous de son visage. Je crois qu'elle a eu très peur, à en juger par les marques sur son corps.

Son boulot était terminé et selon elle, elle avait passé le test. Ne resterait plus qu'à ce qu'elles se revoient ultérieurement pour d'autres folies.

- Il me tarde déjà d'y être!

Sur ce, elle échangea un regard complice avec Bahamut et se mit à rire de façon un peu trop effrayante. Clairement qu'elle et la démone allaient très bien s'entendre!

FIN
C'était vraiment génial! Bien-sûr que j'accepte!
On se reparle plus tard pour le sujet héhéhé!