VI.04 : Il n'y a pas de petits plaisirs [Malik]

Un contrat s’achevait. Cette nuit, à minuit tapant, un être humain allait mourir atrocement en se faisant dévorer. Rien ne pourra empêcher cette mort. Elle pourrait peut-être être retardée légèrement, mais quand un humain passait un contrat avec un démon des croisements, il n’y avait aucun retour en arrière de possible. Rien ne pourra arrêter les Chiens de l’enfer et les empêcher d’arranger et de manger les tripes de cette personne. L’humain avait peut-être profité de ces 10 dernières années avec le gage qu’il avait obtenu grâce à son contrat, mais il allait avoir une mort abominable et pire même, il allait souffrir les pires tourments en Enfer. 10 ans de bonheur, ce n’était rien à côté de ça. Les humains étaient si naïfs et ne voyaient pas plus loin que leurs nombrils. Ce contrat comme tous les autres contrats passés avec des démons, étaient des véritables arnaques. Des arnaques que seuls les démons étaient capables de faire. C’était loin de faire honneur aux démons, mais en même temps, est-ce qu’ils cherchaient vraiment à avoir le sens de l’honneur ? Pas vraiment non …


Lorsque l’horloge atteignait minuit, l’humain en question savait que l’heure allait arriver. Malik, comme à son habitude, avait fait son boulot et envoyé un Chien de l’Enfer pour réclamer le dû du contrat, l’âme de l’humain en enfer. À minuit, l’humain pouvait ressentir cette sensation étrange. Entendre les hurlements, les aboiements du Chien de l’Enfer qui commença sa traque. Il avait faim et laisserait que des miettes comme d’habitude. La police locale de la région allait déclarer le lendemain comme d’habitude que c’était une bête sauvage ordinaire qui avait causé ce massacre. Courant dans les bois, espérant échapper à bête, le mortel n’avait aucune chasse d’y échapper. Sans doute qu’il le savait, mais il espérait tellement pouvoir survivre quelques heures de plus. L’espoir, c’était pour les idiots. Le démon quant à lui comme à son habitude, il observait la scène de plus loin dans la forêt. S’allumant avec son briquet une cigarette qu’il avait entre les lèvres, Malik observa la scène jusqu’à ce qu’un démon vienne le saluer. Détournant légèrement son regard, le démon garda son air assez nonchalant alors qu’il retirait la cigarette d’entre ses lèvres pour expirer et laisser une petite fumée s’échapper du corps de son hôte.

« Salut Kessen. »

Répondit-il tout simplement. Les deux démons ne se connaissaient pas vraiment. De toute façon, on ne connaissait jamais vraiment les autres. Ils savaient leurs noms, peut-être leurs fonctions, mais sans plus. Malik était beaucoup trop méfiant pour ce faire des véritables amies et était trop solitaire pour ça de toute façon. Seul et solitaire, c'était la réputation qu'il s'était fait. Ce n'était pas parce que c'était quelqu'un de sa race, qu'il allait lui accorder aussi facilement sa confiance voir même, son amitié. La démone mentionnait qu'elle était bien heureuse de ne pas avoir embrassé cet humain, celui qui courait dans les bois en ce moment même, poursuivi par un Chien de l'Enfer. Qu'au grand jamais, elle coucherait avec un mortel pour faire un contrat même. C'était plutôt rare les démons qui n'appréciaient guère cela. Profiter de ce genre de situation avec des humains. Du moins, lorsqu'il avait un physique avantageux. Finalement, le Chien de l'Enfer sauta sur le dos de proie. Pris au piège, l'homme commença à hurler de peur et ensuite, de douleur. Des griffures, des morsures, voilà ce qu'il était en train de subir. Malik ne bougeait pas d'un poil et avait simplement haussé le sourcil lorsque celui-ci s'était fait chopper. Remettant sa cigarette entre ses lèvres, Malik se contentait d'écouter les cris de douleur de l'humain qui était en train de faire dévorer.

Quelques minutes passèrent, plus de cris, plus rien. Le Chien était tout simplement en train de manger le corps. Sifflant légèrement, la bête démoniaque arrêta son mouvement et commença à se rapprocher vers son maître tranquillement.

« C’est rare ceux qui décident de ne pas profiter de ce genre de situation. »

Mentionnait Malik à propos des baisers avec les mortels voir même des actes sexuels. Cela éveillait tout de même une certaine curiosité pour le démon envers Kessen.

« Tu avais quelque chose à me demander ? »

Plutôt étrange que cette démone était là pour assister à la mise à mort de cet humain. Habituellement, les démons préfèrent plutôt torturer ou tuer les humains plutôt que de les voir mourir. Maintenant que le Chien de l'Enfer avait terminé de dévorer la chaire et les entrailles de l'humain, son âme irait directement en Enfer. Il ne fallait jamais faire un contrat avec un démon ... Pour nous, les démons c'était une bonne chose. Une âme de plus à torturer dans les Enfers. Une âme bénéfique qui devait aller à la base au Paradis. C'était toujours mieux de torturer des âmes bénéfiques que des âmes déjà souillé. Après quelques années de torture, l'âme va se convertir et deviendra petit à petit un démon de plus ... Et ouais, c'était comme cela qu'ils agrandissaient leurs rangs.

Suite à un sifflement de la part de Malik, le Chien de l'Enfer se rapprocha tout doucement vers les deux démons, qui avaient assisté à la scène. Le Chien ne se préoccupa pas trop de la présence de Kessen et vint s'asseoir aux pieds de son maître. Il avait terminé son travail, il attendait maintenant la suite. Pour l'instant, le Chien méritait un peu de repos. Malik était assez attentionné et doux avec ses Chiens. D'accord, ils étaient très utiles pour lui, pour les démons, mais cela ne voulait pas dire de ne pas bien s'occuper d'eux. En effet, Malik était un démon assez différent des autres. Il avait une vision des choses assez unique pour son espèce. La démone lui répondait que le mal avait mille et un visage et qu'ils n'avaient pas tous la même satisfaction. Elle avait raison sur un point: qu'ils n'avaient pas tous la même satisfaction. Cependant, Malik avait toujours du mal avec la notion du bien et du mal. Pour lui, rien n'était totalement blanc, ni totalement noir. Tout était nuancé de gris. Comment pouvait-on savoir ce qui était bien ou mal ? À cause de Dieu, qui avait choisi ce qui était bien ou mal ? De Lucifer ? De la société humaine ? Le gardien des enfers préféraient faire ses propres choix sans avoir réellement conscience que c'était bien ou mal. Pour lui, ce n'était pas important. Tant qu'il avait une certaine satisfaction.

Prenant une autre pouffé de sa cigarette, Kessen lui répondit qu'elle était simplement venue assister à la mort de l'humain. Elle rajouta qu'elle trouvait son lien avec les Chiens de l'Enfer remarquable et même, cool.

« Ils sont plus loyaux que n'importe qui. C'est ça qui est vraiment cool. »

Lançait-il en affichant un léger sourire sur ses lèvres. En effet, Malik n'avait pas à se poser comme question si les Chiens lui resteraient fidèles constamment. Ce n'était pas comme avec les humains, les démons ou n'importe qui d'autre. On pouvait se faire trahir à n'importe quel moment. Pas avec les Chiens de l'Enfer. Ce n'était pas pour rien qu'on disait que les hommes étaient les meilleurs amis des hommes.

« Mais, merci. Ils sont tout pour moi. »

Continuait-il en posant son regard vers le bas, vers pieds pour regarder le Chien qui était couché tranquillement près de ses pieds. Cela faisait tellement longtemps que Malik s'occupait des Chiens, qu'ils étaient devenus toute sa vie et même, ses seuls véritables amis. Ça lui convenait amplement.

« Et toi ? Ton travail te convient ? »

Tant qu'à avoir Kessen en face de lui, c'était l'occasion d'en savoir un peu plus sur elle. C'était une démone des croisements si ces souvenirs étaient bons ...

Le démon n'avait pas beaucoup d'amis parmi les siens. D'ailleurs, il n'avait tout simplement pas vraiment d'amis tout court. Tout ce qui comptait pour lui, c'était les chiens de l'enfer. Il ne pouvait pas avoir plus loyaux qu'eux. Ce n'était pas pour rien que le dicton disait que les chiens étaient les meilleurs amis des hommes. Et bien, c'était la même chose avec les chiens de l'enfer. Ils étaient seulement ... beaucoup plus dangereux, sauvages et plus hors de contrôle que les chiens ordinaires. La démone avait raison sur un point: cela n'avait rien avoir du côté de l'éducation des chiens de l'enfers que les chiens ordinaires.

« Merci. Tu as tout à fait raison. »

Lançait-il d'un ton sincère voulant la remercier sur ces compliments comme quoi il prenait bien soin des chiens et qu'il s'était bien occupé de leur éducation. Comme tous les autres démons ou plus tôt comme la plupart, Kessen était une sadique née. Cela se voyait par son sourire, son attitude, son ton et surtout, le fait qu'elle soit venue jusqu'ici à la mise à mort de cet humain par un chien. Ce n'était pas le genre de Malik. Il n'aimait pas vraiment torturer les humains. D'ailleurs, il ne l'avait jamais fait et le gardien de l'enfer ne voyait pas le plaisir à regarder une mise à mort. C'était peut-être qu'avec le temps, il avait fini par se lasser, mais parfois, le démon surveillait ces chiens voir s'il accomplissait bien leurs tâches. Écoutant les propos de Kessen avec grande attention, Malik l'observa également alors que son chien était toujours assis à ses pieds, en attendant ses prochaines instructions.

« S'il n'y avait pas de chien, sans doute qu'il y aurait des démons responsables des mises à mort. On a tous une tâche spécifique alors, ça serait logique que ce soit ça. En même temps, le monde évolue, les humains aussi. »

Expliquait-il comme raison du pourquoi sa tâche était devenue plus ardu. Malik ne posa pas plus de questions de ça sur sa seconde activité même si cela l'intriguait un peu et cela se voyait. Cette démone semblait être pleine de surprise, mais elle était aussi bien bavarde et elle semblait beaucoup trop fier de ce qu'elle accomplissait. Cela causerait sans doute sa perte un de ces jours.

« Avec joie. J'aime toujours boire un verre et je serai curieux de connaître ces détails. »

Affichant un sourire plutôt charmeur et amusé, il fit un signe de la main pour lui dire au revoir alors que Kessen, disparut. Baissant le regard vers son chien, c'était maintenant le temps pour eux de rentrer à la maison comme leur devoir avait été fait jusqu'à la prochaine fois ...