VI.05 - There's something in the air

Vendredi 22 mai 2015

Voilà, tout était prêt pour la peinture. Afin de prendre un peu d'avance mais également de respecter les étapes, la veille, Ivy avait elle-même peinturé le plafond de la petite chambre d'ami dans laquelle Lucy et Eileen avaient déjà dormi. Ainsi, il ne restait que les murs à faire, ce qui promettait d'être chiant parce qu'il fallait éviter d'en mettre sur le cadre de la porte et les moulures de fenêtres, sans oublier les plinthes situées au sol et les moulures couronnées au plafond. Au moins, le plancher avait été recouvert de papier journaux, ce qui allait leur permettre de travailler sans craindre d'en échapper par terre. Après une bonne séance d'application de ruban adhésif de protection sur tout ce qui ne devait pas être touché, ils pourraient commencer. La température clémente de la journée allait leur permettre de laisser les fenêtres ouvertes, ce qui aiderait à faire sécher la peinture plus rapidement. Ne resterait qu'à en donner une autre couche le lendemain mais ça, Ivy se chargerait de le faire elle-même, pour ne pas accaparer Lucy une seconde fois. Déjà, elle était chanceuse qu'il vienne lui prêter main forte, surtout qu'il avait dû laisser Eileen à Brian pour pouvoir se libérer.

Affublée d'un bandana qui lui couvrait les cheveux et vêtue de vêtements usés afin de ne pas avoir peur de s'en mettre partout, Ivy sortit sur la galerie arrière de sa maison pour prendre une bouffée de soleil. Pour la toute première fois, elle avait fait fit de la laideur de sa cuisse et avait décidé d'enfiler un short court qui laissait paraitre une partie des blessures à sa jambe. Maintenant, elle se sentait suffisamment à l'aise avec son ami pour ne pas ressentir le besoin de se cacher alors autant en profiter, puisque de toute manière il faisait hyper chaud dehors. Tandis qu'elle contemplait son terrain et la montagne, elle se prit à sourire en se remémorant leurs dernières rencontres, dont celle survenue à l'occasion de la fête d'Eileen, puis celle concernant l'anniversaire de Lucy, qui avait dû se taper la visite surprise de la couturière après que cette dernière ait magouillé avec Liz pour que cette journée importante soit soulignée. Lors de la première célébration, Eileen avait reçu un jeu de "Qui est-ce" ainsi qu'un jeu de "Cherche et trouve". Lors de la seconde, l'ex chasseur avait eu droit à un t-shirt humoristique sur lequel était inscrit "I'm not stubborn, I'm just right", ainsi qu'une tasse sur laquelle on pouvait apercevoir un squelette de chien avec l'inscription "In dog years, I'm dead", car il fallait bien souligner le fait qu'il soit devenu vieux, hein! Évidemment, elle lui avait cuisiné un savoureux gâteau au chocolat et elle avait même pris la peine de prendre un petit quelque chose qu'Eileen pourrait donner à son papa en cadeau, pour qu'elle puisse avoir la joie d'avoir participé elle aussi, à savoir une paire de pantoufles-peluche de bouvier bernois tout à fait adorables. Bref, ça avait été de chouettes anniversaires au cours desquels leur amitié s'était considérablement... solidifiée, ouais!

Quand elle entendit toquer, Ivy traversa sa maison pour aller répondre à Lucy. Elle apporta avec elle sa traditionnelle bouffée de noix de coco mais également une faible odeur de nourriture, car elle avait préparé quelques encas qu'elle leur servirait lorsqu'une petite pause serait bienvenue. Armée d'un sourire éclatant, elle lui ouvrit la porte et le tira doucement par le poignet pour le faire entrer à l'intérieur.

- Enfin, mon esclave a été livré, il était temps! T'es prêt à m'obéir, j'espère? Parce qu'il y a du boulot à faire, hein!

Elle le relâcha et se mit à rire avec légèreté, avant de lui demander comment il allait et comment la petite se portait. Ensemble, ils montèrent au deuxième étage pour aller dans la petite pièce qui devait être peinturée dont la vue donnait sur le jardin. Par la fenêtre entrouverte, on pouvait entendre les oiseaux gazouiller.

- T'as déjà fait ça, peinturer au rouleau? Tu dois être habile avec un pinceau en tout cas, si tu as eu à dessiner des pièges à démons sur des planchers et des plafonds.

Sur ce, elle s'accroupit près du gallon de peinture et l'ouvrit avec l'outil approprié. Lucy put voir que la petite chambre serait peinte d'un bleu très pâle et apaisant.

Spoiler:

Ivy et Lucy étaient maintenant dans la chambre d'invité qu'ils s'apprêtaient à peinturer en bleu, tous deux vêtus de vêtements pouvant être salis si jamais ils se recevaient de la peinture sur le corps. Plantée à côté de son ami, la rouquine venait d'ouvrir le pot pour en dévoiler la couleur, s'informant en même temps de sa capacité à exécuter la tâche qu'il allait devoir accomplir. La bonne nouvelle était que son esclave personnel avait un peu d'expérience alors ils allaient être efficaces si Lucy se mettait sur le rouleau et qu'elle se mettait au découpage. À eux deux, ils auraient terminé la première couche en moins d'une heure et ensuite, ils pourraient aller relaxer dehors pour déguster une petite collation au soleil.

- Je suis bien contente que tu saches peinturer au rouleau. Ça va aller vite et après, on regardera pour installer des pièges à démon dans la maison.

Elle y avait souvent pensé, depuis que Lucy lui avait offert son carnet au Jour de l'An mais elle n'avait encore rien fait, souhaitant installer les protections avec lui pour être certaine qu'elles soient bien faites et qu'elles soient efficaces. Eileen était chez Brian, ils auraient assurément du temps pour faire tout ça, une fois leur corvée de peinture terminée mais déjà fallait-il commencer, hein! Ivy souleva donc le gallon de peinture et en versa dans le bac de Lucy. Elle s'en versa dans un pot de yaourt vide pour pouvoir y tremper son pinceau et débuter le découpage autour de la fenêtre, au plafond et dans les coins.

- Okay... donc juste avant que tu commences, je dois te dire que j'ai un balai pas très loin donc si tu oses foirer ton ouvrage, je t'annonce que tu te prends direct une volée derrière le crâne compris? C'est ça, ou je te peinture le visage alors gare à toi! Aujourd'hui t'es mon esclave donc tu m'obéis au doigt et à l'œil.

Elle lui tira adorablement la langue et s'empara d'un petit outil rectangulaire avec des mini roulettes, pour ensuite le tremper dans le bac de Lucy et tracer une bande de peinture parfaitement droite à la limite du plafond afin d'éviter que l'ex chasseur en mette partout. Ensuite, elle se dépêcha de peinturer le coin du mur pour que Lucy puisse commencer à rouler sans se soucier de dépasser, vu les limites déjà imposées. Quand elle eut "sécurisé" un premier mur, elle lâcha son pinceau et se planta devant Lucy pour le vriller du regard, ses mains sur les hanches. Tout juste avant, notons qu'elle avait pris la peine de tirer un genre de petit marchepied pour grimper dessus et être à la même hauteur que le barman, histoire de pouvoir le regarder dans le blanc des yeux.

- Bon c'est à toi. Je te surveille, esclave Keynes.

Et elle pointa ses propres yeux avec son index et son majeur, qu'elle fit ensuite pivoter vis-à-vis l'hypnotisant regard vert de son ami. En même temps elle se mordilla la lèvre pour tenter, autant que possible, de ne pas pouffer mais force fut de constater qu'elle en était incapable. Elle éclata donc de rire en secouant doucement la tête.

- Okay je déconne tu peux en mettre partout on s'en fout, hein!

Sur ce, elle lui fit une petite bouille toute mimi et complètement adorable.

Ça ne la dérangeait pas, que cette corvée soit délicate à faire. Dans le pire des cas, Lucy graverait quelques pièges avec elle et ensuite, elle continuerait dans ses temps libres pour en rajouter un peu partout, de sorte à ce qu'il y en ait dans chaque pièce et qu'au final, sa maison soit entièrement protégée. Toutefois, avant de s'occuper de cette protection ils allaient devoir peinturer la petite chambre d'amis et cela débutait par une jolie menace qu'Ivy balançait à Lucy, rien que parce qu'elle adorait le taquiner et l'agacer. Leurs petites chamailleries l'amusaient tout le temps et au fil de leurs rencontres, elle en était devenue accro, cherchant régulièrement à le provoquer pour récolter rires et sourires. Elle ne fut donc pas déçue de l'entendre se vanter du fait qu'il puisse la désarmer avant même qu'elle n'ait soulevé son balai. Ah ça, elle voulait bien le croire, vu sa grande expérience de chasseur et pour tout avouer, ça la séduisait beaucoup qu'il soit aussi agile et efficace. Pour l'avoir vu en pleine action contre le shapeshifter, elle n'avait absolument aucun mal à croire qu'il dise la vérité mais ça ne l'empêchait pas de persister à le menacer et l'asticoter parce que... parce que c'était amusant, bon, et qu'elle aimait ce... truc que ça lui faisait en dedans quand ils s'agaçaient l'un l'autre.

- Renverser les positions? Je voudrais bien voir ça! Rappelle-toi que tu m'as toi-même enseigné à me défendre, je suis devenue dangereuse grâce à tes soins.

Jamais autant que lui, évidemment, mais elle avait pris du galon depuis, surtout qu'elle s'était appliquée à se pratiquer chez elle, quand elle en avait le temps.

Bref, il fut temps de débuter la peinture et après avoir bien avisé Lucy qu'elle l'avait à l'œil, non sans grimper sur un petit marchepied qui le fit visiblement rire, Ivy se prit... un coup de pinceau sur le nez! Oh mais OH! Qu'avait-il OSÉ faire? Elle vit rouge, ses poings sur ses hanches, mais fut contrainte de ravaler sa colère parce que son ami s'était empressé de se mettre sous la protection de son rouleau à peinture en arguant qu'elle allait tout faire rater si elle osait répliquer. Mouais. Faussement en colère, elle s'essuya vivement le nez avec son t-shirt.

- En vrai, tu dis ça parce que tu sais parfaitement bien que je vais t'en coller une bonne et t'es juste mort de trouille Lucy Keynes. Je t'impressionne et je te fais peur pour de vrai!

Elle soupira, laissa couler pour cette fois-ci et reprit son truc à découpage pour faire un deuxième mur, puis un troisième. Lucy avait bon rythme et son boulot était plus rapide que le sien, puisqu'elle devait découper les moulures du plafond, du plancher, faire les coins et les cadrages de fenêtres ou de porte. Quand même, à eux deux ils progressaient avec rapidité. Lentement mais surement, leur corvée avançait et c'est lors d'une recharge de son petit contenant qu'Ivy fit exprès de bien tremper son pinceau dans le bleu pour ensuite tracer un large trait horizontal sur le derrière de la jambe de son ami.

- Oh non désolée, je t'ai accroché!

En se redressant pour le regarder dans les yeux, l'air malin et pinceau en main, elle fit le geste de pointer l'endroit où elle lui avait mis de la peinture en prenant biennn soin de lui en étendre une longue trace sur l'avant-bras pendant le mouvement.

- Merde! Je suis tellement maladroite! Désolée! Attends je t'enlève tout ça.

Elle se pencha pour prendre une guenille propre, la trempa dans la peinture à l'insu de Lucy et le fixa au visage d'un air hébété.

- Mais, tu t'en es mis sur la joue en plus! Rhalala!

Et elle l'essuya avec sa guenille enduite de peinture, alors qu'à l'origine il n'avait même pas le visage sale. Ce faisant, elle lui barra la joue d'un trait bleu, hochant la tête pour dire que "ouais, là c'est mieux", alors que non, ça ne l'était pas du tout hein!

Évidemment, qu'il allait s'organiser pour avoir le dernier mot! Monsieur Keynes voulait TOUJOURS gagner! On avait beau s'obstiner, il parvenait presque tout le temps à triompher. Ce n'était pas pour rien, qu'Ivy le surnommait Lucy le têtu! Oui, têtu, parce qu'il s'évertuait inlassablement à avoir raison. En toute honnêteté, ça ne déplaisait pas du tout à la rouquine qui y voyait un jeu très stimulant lui permettant de s'exercer à de bonnes joutes verbales. Oh elle ne lui tenait pas toujours tête, évidemment, parce que cela provoquerait des discussions sans fin mais elle ne se laissait pas non plus marcher sur les pieds pour autant, ayant elle aussi un caractère assez fort quand elle se le permettait.

En ce qui concernait le fait que "l'élève soit encore très loin de surpasser le maitre", elle devait s'avouer que Lucy avait tout à fait raison alors exceptionnellement, elle n'en rajouta pas et se contenta simplement de lui rouler des yeux en plein visage en plus de négligemment secouer la tête afin de bien montrer sa forte désapprobation. En d'autres occasions, elle lui clouerait le bec avec plaisir mais pas cette fois-ci. Elle ne lui lâcha donc qu'un "mouais c'est ça!" avant de retourner à sa peinture non sans le menacer de représailles après qu'il lui ait foutu de la peinture sur le bout du nez. Alors là, pour ça, il paierait. Surtout pour s'être moqué d'elle en parlant de ses "faux tremblements imperceptibles à l'œil nu" tellement il la craignait. Lol!

- T'as de la chance de posséder un aussi adorable sourire pour te faire pardonner parce que sinon je t'en foutrait une bonne derrière le crâne.

Sur ce, elle poursuivit sa peinture, mijotant une douce vengeance qu'elle exécuta en le barbouillant au mollet, au bras puis sur la joue... sauf que ce ne fut pas aussi jouissif que prévu parce qu'étant très suspicieux et sans doute expérimenté, Lucy détecta immédiatement qu'elle venait de se payer sa tête. Hm.

- Ouais c'est bon, t'as plus rien.

En fait non, il en avait partout sur sa joue gauche mais il ne chercha bizarrement pas à vérifier ni à se venger, ce qui titilla considérablement Ivy qui le regarda retourner à sa peinture, sourcils froncés, bouche plissée. Ayé? C'était tout? Il ne gueulait pas et ne réagissait pas plus que ça? Diable! Elle allait devoir faire mieux!

Déçue d'avoir foiré son attaque, la couturière ne vit absolument pas venir la revanche expédiée de son ami qui, sans hésiter et avec délicatesse, lui peintura la devanture en prenant bien soin de lui en foutre sur le visage. Ahurie, Ivy ouvrit grand les yeux et le dévisagea, bouche bée, tandis qu'il se qualifiait de maladroit. Mais oui, hein! À peine, elle l'entendit argumenter sur le fait qu'il faille terminer les murs avant qu'il ne reste plus de peinture. Soufflée, elle tira le petit marchepied devant lui et grimpa à nouveau dessus pour le dévisager à bonne hauteur, ses poings sur ses hanches, sa figure barbouillée de peinture. Puis, le silence. Le silence total et un regard noir, planté directement dans le sien. Et de très, très longues inspirations calculées.

Tic, tac, tic tac...

- Vois et admire comme je gère efficacement ma colère.

Suivi d'un lonng soupir accompagné d'une descente majestueuse de son piédestal pour la voir dignement, tête haute, se diriger vers la salle de bain du haut afin de se débarbouiller le visage. Heureusement que c'était de la peinture à l'eau parce qu'elle en avait partout sur le menton, le nez et la joue.

Une fois débarbouillée, Ivy reprit son petit instrument pour achever le dernier mur. D'ici à peine cinq minutes la chambre serait entièrement bleue alors ils pourraient tout ranger et descendre au jardin pour aller grignoter une petite collation et se désaltérer.

- Je pensais à ça, je ne suis pas sûre que tu vas mériter d'avoir une collation. T'as été vraiment méchant avec moi.

Elle se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas pouffer, en même temps qu'elle refermait le pot de peinture et qu'elle rangeait quelques trucs.

- Je pense que je vais te donner du gazon à manger, avec des pissenlits dedans, et que je vais garder pour moi mes petits gâteaux au chocolat.

Sur ce, elle le toisa du regard.

Bordel! Heureusement qu'elle parvenait à se contenir! Ses leçons de gestion de la colère assidument suivies avec Lucy avaient considérablement aidé à ce qu'elle demeure calme... du moins physiquement parce que mentalement, elle rêvait de servir nombre de taloches à ce grand gaillard qui lui souriait de façon bien trop adorable. D'ailleurs il avait de la chance, d'avoir une bouille aussi mignonne parce que sinon... mouais! Bref... elle s'était contenue et avait continué de peinturer la chambre, doucement, innocemment, jusqu'à être sournoisement attaquée à grands coups de rouleau par son ami.

Hm.

POURQUOI, est-ce qu'il rigolait ainsi en la regardant grimper sur son marchepied? Ce n'était PAS juste parce que ça le rendait bien trop adorable et qu'elle avait envie de, de... en fait elle ne savait pas trop mais elle avait envie de le punir sans être capable de précisément déterminer de quelle façon le faire. Au moins, elle gérait bien sa "colère" sauf que de son côté, Lucy en rajoutait en se payant carrément sa gueule et en prenant bien soin de hausser le ton, alors qu'elle s'éclipsait à la salle de bain pour se nettoyer la figure. Ah qu'elle aurait sa revanche! Oh oui!

À son retour dans la chambre, le visage propre, Ivy acheva sa corvée de peinture en mentionnant à Lucy qu'elle comptait lui servir du gazon et des pissenlits à la place de petits gâteaux au chocolat, omettant volontairement de mentionner que s'il le fallait, elle se ferait personnellement l'honneur de les lui fourrer entre les dents. Cependant, monsieur ne semblait pas être d'accord avec le fait qu'elle le traite de méchant. Il la regardait de cette manière qui, depuis un certain temps, lui faisait battre le cœur de travers et lui faisait monter le rouge aux joues en à peine une fraction de secondes. D'où tenait-il ce pouvoir fantastique? Personne ne parvenait à provoquer chez elle une telle réaction. En fait, il n'y en avait eu qu'une et elle n'était plus de ce monde depuis plusieurs mois déjà.

- Oui oui, je parle bien de toi!

Elle le suivait des yeux, ne s'apercevant même pas qu'elle avait commencé à respirer de travers et que pendant que Lucy s'approchait, elle demeurait fixée à son regard vert sans aucune possibilité d'y échapper. Les mots qu'ils prononçait parvenaient à ses oreilles et elle les entendait clairement mais l'étrange engourdissement qui s'était subitement mis à lui envahir l'esprit l'empêchait de correctement réagir. La seule chose qu'elle détectait était ce petit mordillement fait à sa lèvre inférieure, puis le geste de glisser sa main à sa nuque pour se rapprocher d'elle et déposer ses lèvres sur les siennes. Oh, cette douceur si réconfortante et oh...

Un baiser!

Puis, tout s'arrêta. Pendant elle ne sut combien de temps, Ivy plana dans une incroyable sensation de bien-être, connectée à Lucy d'une manière qu'elle n'avait vue qu'en rêve. Elle en apprécia chacune des courtes secondes que dura l'échange et, yeux fermés, son cœur battant la chamade, mit un temps à réaliser que son ami s'était éloigné d'elle en baragouinant des excuses. Lorsque ses yeux s'ouvrirent sur un Lucy confus et désolé, Ivy secoua légèrement la tête. Faiblement, doucement, elle s'adressa à lui.

- Pourrais-tu le refaire? J'ai pas vraiment eu le temps de bien... comprendre ce qui se passait.

À son tour, elle fit un pas vers lui et, lentement, glissa ses mains de chaque côté de sa tête pour doucement la tenir et aller chercher un baiser beaucoup plus long et incontestablement significatif de ce qu'elle avait commencé à éprouver en secret pour lui et ce, depuis plusieurs semaines déjà. Lorsqu'elle le libéra tranquillement, l'instant d'après, elle demeura près de lui en brûlant d'envie qu'il la tienne dans ses bras et la serre contre son torse. Elle avait besoin d'obtenir de sa part un genre de confirmation tacite, un signal, un signe, un geste ou quelque chose s'y apparentant qui serait en mesure de lui démontrer -ou à tout le moins lui faire comprendre- qu'il éprouvait pour elle la même chose qu'elle ressentait pour lui. Elle avait besoin d'être, en quelque sorte, rassurée car si Lucy lui annonçait dans les prochaines minutes qu'il avait commis une erreur et qu'il n'aurait jamais dû l'embrasser, franchement, elle ne s'en remettrait simplement pas.

Tandis que son cœur s'évertuait à continuer de battre comme un fou, Ivy releva finalement la tête pour chercher le regard de Lucy et y planter ses yeux. Un petit sourire moqueur se dessina sur ses lèvres, alors qu'elle s'apprêtait à lui balancer une énième connerie.

- Si c'était une tactique pour éviter de devoir manger du gazon et des pissenlits hm... on va dire que t'as gagné et que t'as mérité des gâteaux au chocolat.

Sur ce, elle se mordilla la lèvre à son tour, espérant que cette petite blague détende un peu l'atmosphère très sérieuse qui s'était installée suite à leurs échanges de baisers.