VI.06 - Tea, Biscuits and...memories.

Dimanche 12 Juillet 2015,

George était très…heureux. Ouais. Même si après plus d’un mois il n’avait pas encore trouvé comment annoncer à Eris qu’il souhaitait...déménager, il profitait quand même assez bien de la vie sans la présence des…autres et surtout, oui surtout ! Aujourd’hui, il allait chez Ivy pour boire un thé et discuter entre amis car la jeune femme l’avait invité pour le goûter. En plus, miracle, Eris n’avait pas posé trop de questions et n’avait pas insisté pour qu’il reste lorsqu’il lui avait tout de même dit qu’il allait voir une amie lorsqu’elle lui avait demandé où il allait et ce même s’il considérait encore et toujours que ce n’était pas ses oignons.

Il avait donc pris sa voiture pour se rendre chez la rouquine qui lui avait demandé de venir pour quinze heures. Comme c’était l’été et qu’il faisait beau, il s’était habillé d’un simple pantalon en lin de couleur clair et d’un t-shirt léger d’un bleu très léger. Depuis…qu’ils n’étaient plus là, il avait eu l’occasion de la voir à trois ou quatre reprise et…qu’est-ce que ça avait été agréable, un véritable bonheur même, de ne plus craindre de perdre le contrôle, de ne plus craindre que le Monstre lui fasse du mal. Comme il se sentait libéré !

Il arriva à exactement 15h02 devant chez son amie et gara sa voiture pour en sortir et aller toquer chez elle. Marrant ! Il avait l’impression de sentir une autre présence et d’entendre vaguement du bruit comme-ci elle n’était pas toute seule mais… ? Qui aurait pu être là ? Peut-être, finalement, avait-elle invité d’autres amis pour un goûter général ? Enfin, pour prendre le thé, ouais, ça faisait plus adulte comme ça ! Bon. Si c’était le cas…il pouvait le faire ! Il allait mieux maintenant, il était capable de se sentir à l’aise en société, oui ! Il…il était un petit rouillé mais ça lui reviendrait vite. Est-ce qu’il y avait ce chasseur, euh…Lucy ? Elle sortait avec maintenant, non ?

Lorsqu’elle ouvrit la porte, Ivy avait une petite fille dans ses bras. Oh ?...Une petite fille…à peine plus jeune que Milly lorsque…enfin. Hem. Peut-être…presque deux ans de moins, à vue de nez ? Il sentit son cœur se pincer avant qu’un sourire ne vienne s’afficher sur son visage en relevant son regard sur celui de son amie…

« Bonjour ! »

Ivy n’avait pas d’enfant. Il n’avait pas pour autant l’impression de sentir la présence d’autre personne, alors... ? Peut-être qu’elle la gardait ! Oui, ça devait être ça. Il n’avait rien contre, juste…bon, il aurait bien voulu pouvoir se préparer psychologiquement mais…bon.

« Tu es… » …Merde, non ! Il avait manqué de faire une gaffe « Tu nous présentes ? » tout en faisant un sourire à la petite maintenant…

Malgré son trouble, George esquisse un rapide sourire à son amie pour la remercier silencieusement de son invitation et fait deux pas pour pénétrer à l’intérieur de la maison. Il ne s’attarde pas sur la décoration, pas encore, toute façon il ne va pas voire grand-chose des lieux rien que par l’entrée ; tellement il était happé par la présence, inattendue de la petite fille. Quels beaux yeux verts ! Bizarrement, il est soulagé qu’ils ne soient pas bleus, ça lui aurait trop rappelé Milly. Il remarque la peluche qu’elle tient dans ses mains, un chien, les couleurs lui rappellent quelque chose sans, sur l’instant, être capable de remettre un nom sur la race qui est supposé être représentée.

Oh. C’est la fille de Lucy, Eileen ! Il en a quelques fois entendu parlé, presque autant qu’il a entendu parler de ce fameux Lucy. Quand même, il se demande à quoi il ressemble ce type ! Il lui faudrait une photo, quelque chose, parce qu’avec son prénom…George ne peut s’empêcher d’imaginer une femme avec un peu de barbe, ce qui, il le sait, n’est certainement pas le cas. Bref. Il sourit à la petite, un sourire adorable alors qu’il lui prend brièvement et très délicatement la main comme pour la serrer formellement sur un « Bonjour, Eileen ! Et lui, qui est-ce ? » en pointant la peluche que la gamine soulève après un « Bonjour Geoge ! » suivi donc par « T’ny Bubble et le voilà qui serre la patte de…Tiny Bubble.

Ceci était fait, il suit Ivy jusqu’à l’arrière de la maison, sur la terrasse tout en l’écoutant expliquer pourquoi la petite Eileen se retrouve ici. Il réagit d’un « Ah ? Je n’ai pas fait attention, on a dû se rater de peu ! » dommage, ça aurait été encore mieux qu’une photo, quand même ! « Ce n’est rien. Bien-sûr que je reste, si je ne te dérange pas. » parce que du coup, peut-être que c’est lui qui gêne.

Il prend place sur une chaise et la remercie pour la boisson dont il boit une gorgée alors qu’elle éparpille des crayons avant de récupérer la petite pour qu’elle puisse gribouiller. Une fois encore, il se perd un peu à l’observer, ressent encore une fois ce petit pincement au cœur mais est, au moins, soulagé de ne plus avoir le Monstre car…avec lui…il aurait eu peur, peur que ça fasse comme cette fois où Elizabeth n’avait fait que parler d’enfant. Ouais, il aurait craint de perdre le contrôle mais maintenant…maintenant…il pouvait juste être triste sans avoir peur de faire du mal.

« Oui, oui ça va aller ! Merci. » Il boit une autre gorgée « C’est juste que, je crois que c’est la première fois depuis…enfin, tu sais, que je me retrouve en présence d’un enfant dans les mêmes âges ou presque… » du moins…sans qu’il ne les tue. Il chasse ses horribles images, ses souvenirs qu’il voudrait oublier de ce massacre d’une classe de maternelle… « Enfin, sans que je ne m’éclipse ailleurs dans la seconde mais, ça va, vraiment. Je me sens, c’est étrange à dire, mais…prêt ? » ouais, prêt à affronter la présence d’un enfant, merci à la vraie stabilité.

Assit sur une chaise devant une table de jardin, George esquisse un léger sourire aux paroles de son amie en se frottant tout doucement la nuque en étant presque perturbé par ce sérieux avec lequel elle le fixe… « Oui, d’accord… » et il sait qu’il va falloir qu’il se le rentre dans le crâne. Au moins maintenant, il n’a plus peur. Au moins maintenant, il peut être à l’aise.

Il la remercie pour le verre de limonade et en bu une gorgée tout en l’observant faire avec la petite. C’est dingue quand même comme elle lui manque toujours autant, finalement, après toutes ces années. En même temps, était-ce ne serait-ce que possible que cela cesse un jour ? Non. Il pourrait peut-être mieux, maintenant qu’il était libre dans sa tête, libre de faire véritablement son deuil, vivre avec mais…le manque serait toujours le même et il en allait de même en ce qui concernait sa femme. Le pire dans tout ça étant qu’il ne pourrait jamais les retrouver et aurait-il pu…qu’il aurait considéré qu’il ne le méritait pas. En tout cas, il assura à son amie que ça allait aller ! Juste que bon, oui, ça faisait depuis tout ce temps qu’il n’était pas resté en présence d’enfant dans les mêmes âges. Hm. Ouais. Sans carnage, en tout cas. Il inspire. En tout cas, comme il dit, maintenant, il s’en sent capable ! Sûr que ça aide lorsqu’on ne craint pas de perdre les pédales et de bouffer l’enfant…

Il était Ivy lui raconter comme ça a été difficile pour elle aussi, au début et ce même si...elle…n’a pas eu la chance ni…le malheur de la voir grandir ne serait-ce qu’un petit peu. Il sourit en réponse à son propre sourire à elle, compatissant et aussi en voyant le petit bisou déposé sur la tête de la petite fille. Il hoche la tête lorsqu’elle mentionne le fait qu’elle ne pourra jamais être mère mais…et surtout en entendant la suite…il n’est pas d’accord…

« Tu sais… » Il hésite…il a tellement peur d’être maladroit ou de dire quelque chose qui serait mal pris ! « Je ne sais pas vraiment comment dire ça mais, comme tu me parles de lui, je pense que votre couple est fait pour durer toujours alors… » Il boit une gorgée « Ce que je veux dire, c’est qu’elle n’a pas besoin d’être de toi pour être ta fille…et tu vas être une superbe maman » là, il évite son regard en le baissant sur la petite concernée et s’excuse presque d’un « Enfin…J’espère que tu ne le prends pas mal… » Ouais. Libre dans la tête hein, mais…toujours un peu rouillé au niveau des relations sociales. Les vraies, les sincères, celles qui durent.

Parlant de durer…
Il va être à deux doigts de peut-être gagner leur amitié suite à la question de son amie. Déjà, il cligne des yeux en les ouvrant plus grand sur un « Ouhla, non, personne ! » …Jamais. Il se mordille la lèvre, hésite énormément. Ivy est son amie. Sans doute la meilleure qu’il ait pu avoir ces dernières années et il se sent mal de lui mentir. Enfin, il ne se voit pas lui dire…la vérité dans les détails mais…

« C’est simplement que… »

Il se frotte la nuque encore, se la gratte même et son regard qui se plante dans celui d’Ivy se fait plus sérieux…

« Je suis sincèrement désolé, Ivy mais...Je n’ai pas été complètement honnête avec toi… » Son regard dévie encore, il inspire, c’est tellement difficile ! « Tu sais, quand j’ai été mordu, les conditions, ce qui s’était passé… » Ça, elle savait… « Ça…enfin, pour faire simple, ça m’a déréglé l’esprit et… » Il tortille ses doigts maintenant…. « Tu sais, ces gens qui ne sont pas seuls dans leur tête, j’en faisais partie, sauf que, parmi eux…je crois que…que j’avais le Monstre que j’aurais dû devenir, les autres ça allait mais lui… » Il secoue la tête, un frémissement parcourant son corps… « Je ne sais pas comment mais…en mai…J’ai…J’ai réussi à avoir assez de…de contrôle pour…agir et…et par chance, un ange, pas celui que j’avais appelé, celui-ci il s’est fait…chasser par… » Elle comprendrait par qui, le Monstre… « Mais un autre, aucune idée par quel miracle il a pris le relais mais…il les a chassés… » Enfin…enfermé mais…il trouvait ça tellement plus libérateur de considérer qu’ils n’étaient plus là…

« Je suis tellement désolé. Je...peux partir si tu veux... »

Ouais…maintenant…elle va le détester, c’est sûr…

S’il avait été humain, George n’aurait eu aucun mal à comprendre à quel point ses paroles avaient touchées son amie alors entant que Skinwalker ça en avait été poignant car en plus de ses expressions il avait pu assister à la variation de ses battements cardiaques qui lui avaient également assuré qu’elle était réellement sincère lorsqu’elle l’avait remerciée en affirmant qu’elle le prenait avec tellement de joie. Il en avait esquissé un petit sourire, rassuré réellement qu’elle n’ait pas mal pris ses paroles qu’il avait pour sa part trouvée quelque peu maladroite. Il avait ponctué le tout d’un « Je le pense réellement » qu’il avait trouvé stupide par la suite car au vu de sa réaction il était évident qu’elle l’avait compris…

Puis…la conversation allant…il s’était senti obligé de lui dire la vérité, aussi parce qu’il estimait qu’elle méritait de savoir et que, peut-être même, non assurément, c’était sans doute la seule personne de son entourage qui en avait véritablement le droit. Trop de monde, au cours des années, avaient été mis au courant, mais…rare étaient ceux qui ne lui avait pas forcée la main, ne serait-ce qu’un minimum. Bon, d’accord, parfois, ça avait été la situation, le contexte qui l’avait forcé à le faire mais quand même.

N’empêche que ça n’avait pas rendu les choses plus faciles et qu’il craignait maintenant qu’elle lui demande de partir alors il avait pris les devants en lui assurant qu’il allait le faire si c’était ce qu’elle souhaitait tout en lui disant qu’il était désolé car il l’était réellement. Sauf qu’elle ne lui demanda pas de partir et s’il en fut soulagé, une part de lui en fut presque déçu car ça aurait été tellement plus simple de prendre la fuite.

Il esquissa un sourire tout en lui jetant un petit coup d’œil avant de se mettre à fixer son verre de citronnade tout en l’écoutant. Ses lèvres se pincèrent à sa dernière phrase. Oh, oh comme il se sentait si mal. Elle était tellement adorable à croire qu’il avait eu assez de contrôle pour les tenir à l’écart lorsque ça pouvait devenir dangereux. Il s’enfonça un peu plus dans sa chaise, s’y imprima presque alors qu’il tortillait encore plus ses doigts. Il ouvrit la bouche pour parler mais comme sa voix resta bloquée il préféra la laisser terminer. Il sentit son cœur se presser lorsqu’elle assura qu’il était son meilleur ami. Est-ce qu’elle le penserait encore lorsqu’il achèverait de lui dire la vérité ?

Au moins, l’intervention de la petite eu le mérite de le faire sourire brièvement. Ah ça ! Il fallait faire attention à ce qu’on disait devant les enfants, surtout de cet âge mais il ne put s’empêcher d’être amusé et presque impressionné par le rattrapage d’Ivy. Il espérait d’ailleurs que la petite, quand même, ne retiendrait rien de cette conversation.

Il releva brièvement son regard sur son amie lorsqu’elle reprit le cours de leur conversation avec quelques questions…

« Je…me sens vraiment mieux. Tu sais avant je, je…vivais dans la peur perpétuelle qu’Il prenne le contrôle et… » Il inspira fort… « Il t’a souvent menacé, lors de notre première rencontre il voulait te tuer pour s’assurer que tu ne parlerais pas… » Ouais…il ne savait pas trop s’il faisait bien de dire ça… « C’est compliqué » en lui adressant un léger sourire car il n’avait pas très envie de s’épancher sur comment l’ange s’y était pris pour chasser les personnalités. Il inspira fort, très fort…en tortillant à nouveau ses doigts… « Mais tu sais, Ivy…Je…Je n’ai pas toujours été capable de garder le contrôle. Je…Je l’ai même perdu…trop souvent… » et sa voix s’était brisée…

Là, elle comprendrait. Elle comprendrait qu’il avait fait du mal et là…là elle allait le haïr et le chasser…

Voilà.

Cette fois-ci, Ivy pouvait bien être la personne la plus adorable qu’il lui ait été de connaitre depuis la disparition de sa famille, elle n’allait certainement pas tolérer que le type qu’elle avait considéré comme un ami soit en réalité, malgré lui, un monstre sanguinaire car elle aurait bien compris sans l’ombre d’un doute ce qu’il avait voulu dire en avouant qu’il n’avait pas toujours été capable de garder le contrôle surtout compte tenu de sa véritable nature.

Il ferma une seconde les yeux pour se préparer mentalement à la rage qui allait suivre et…il ne pourrait faire autrement que de la comprendre et de partir sans regarder en arrière.

Sauf que, ça n’arrive pas. Comment ? Comment est-ce qu’elle pouvait réagir ainsi ? Ça ne la choquait pas, ça ne la dégoutait pas ? Elle n’avait pas qu’une envie : appeler son petit ami chasseur pour qu’il lui tire une balle d’argent en pleine tête (ou dans le cœur, qu’importe) ? En inspirant et en déglutissant il porta presque mal assuré son regard dans le sien alors qu’elle affirmait qu’il avait été…fort à savoir garder le contrôle pour pas qu’elle ne soit blessée mais…que faisait-elle des autres ? Il savait qu’Ivy n’était pas du genre égoïste, du genre à ne penser qu’à sa petite personne et tant pis pour les autres ! Alors ? Fort ? …Comment pouvait-elle le trouver fort alors qu’il venait de lui dire qu’il n’avait pas toujours su garder le contrôle ? Il ne comprenait pas ! Qu’il cesse de se tracasser avec ça ? Mais…

Enfin…

Personne ne pouvait le blâmer là-dessus ? …Peut-être. Oui, certes. Peut-être avait-elle raison mais…mais…quand même ? Ces pertes de contrôle l’avaient tout de même amené à tuer et parfois torturer des pauvres gens, alors….

Il soupira…

Il n’avait plus à avoir peur…

« Je… » Il se frotta la nuque « Peut-être… »

Pour le moment, il ne pouvait pas faire mieux que ça, il avait encore du mal à réaliser qu’elle…l’acceptait toujours malgré tout ça...

Timidement, il esquissa un faible sourire alors qu’il porta son regard dans la feuille où elle avait commencé à dessiner. Brièvement, il porta son regard sur la petite qui en était à rajouter ce qui semblait être un bonhomme de type féminin à côté du fameux Bubble. Il se mordilla la lèvre en réalisant que de son côté Ivy était en train de le dessiner lui. Hm… « J’ai un aussi grand front ? » prononcé d’un ton léger, en arquant un sourcil qu’il avait apparemment long. Il ne put s’empêcher de rire, légèrement, lorsqu’elle y flanqua des fleurs et des petits cœurs. Oh. Et voilà qu’elle se dessinait à ses côtés et…c’est bête mais…qu’elle se place de sorte à lui tenir la main le toucha particulièrement et ce fut pire lorsqu’elle y ajouta les petits mots, surtout le Ivy qui t’aime fort …

Oh.

Encore une fois, cette fois-ci un sourire illuminant son visage il se frotta la nuque.

« Merci… » Il prit le dessin, le contempla quelques instants… « Je…ça me touche beaucoup… » …Ouais, il était tout gêné là ! « Je suis vraiment heureux que l’on soit amis. » il étira ses lèvres en un léger sourire sincère car Ivy était vraiment sa plus belle rencontre depuis…sa morsure…

Il but une gorgée de son verre, le terminant d’une traite en réalité avant de se lever pour aller se prêter au jeu.

« On peut se faire des passes par-dessus Eileen pour qu’elle tente de l’attraper ? »

Souvent, les gamins adoraient jouer à ce jeu. Milly avait adoré ! Et…tout comme avec elle, il ferait exprès, par moment, de mal lancer le ballon de sorte que la petite puisse l’attraper et ainsi être super fière !

C’est stupide et il en a conscience mais il ne peut s’empêcher de se trouver gêné, au moins un peu, par les paroles de son amie et bien qu’il tente de cacher sa gêne, il ne peut s’empêcher de se frotter brièvement la nuque alors qu’il lui répond d’un simple sourire et d’un petit rire très bref et discret soufflé par le nez. Quant au dessin, il le touchait particulièrement et cette fois-ci, il avait osé le mentionner tout en lui disant combien il était heureux qu’ils soient amis. Un sourire et une gorgée de citronnade plus tard, il avait proposé un petit jeu enfantin afin d’amuser la petite Eileen.

Commencèrent donc quelques passent, qui rapidement se firent de plus en plus bas afin que la gamine puisse facilement les interceptés. Elles étaient douces, aussi, afin de ne pas la brusquer car elle restait quand même toute petite et encore un peu maladroite dans ses mouvements pour attraper un ballon ! Comme elle était adorable avec son petit rire ! Emporté par l’ambiance, il arrivait à ne pas trop penser à sa propre fille dont il n’avait toujours pas réussi à faire le deuil. En serait-il jamais capable un jour ? Peut-être, au moins un petit peu plus, mieux, maintenant qu’il était entièrement maître de ses pensées et de son propre esprit.

Seulement, le jeu s’arrêta brusquement lorsque le téléphone de son amie sonna et quelle s’éclipsa un peu plus loin sur le patio. Ah ! C’était son frère. Bon ! Oui. Garder un œil sur la petite. Seul. Lui. Tout seul avec un enfant, une petite fille qui avoisinait l’âge de sa fille à deux années près. Il inspira un grand coup. Il était lui, lui-même, rien que ça et il n’allait pas se mettre à devenir violent et faire du mal à l’enfant par simple plaisir sadique. Il inspira encore une fois, profondément et s’approcha d’Eileen, encore un peu incertain de comment s’y prendre. Il était si…rouillé.

Mon Dieu…

Un coup d’œil vers la terrasse lui confirma qu’il était bel et bien seul.

Calme-toi, George ! Tout va bien !

Soudain, il se prend un ballon dans les jambes. Oh ? Il baisse son regard, s’accroupie et ramasse le ballon pour refaire une petite passe à Eileen sur un petit « Hey, tu veux jouer au foot ? » parce que ce n’est pas parce que c’est une fille qu’elle n’a pas le droit de s’éclater à taper du pied dans un ballon et puis ça défoule bien ! En tout cas, elle semble ravie à l’idée, alors il dépose le ballon sur le sol et donne un petit coup de pied de dedans en entrainant la môme à courir après et à shooter dedans et un peu maladroitement il fait des petites passes avec elle, en avançant/courant à son rythme à ses côtés avant de lui montrer deux bouts de bois tomber sur l’herbe « Regarde, si tu lances le ballon entre les deux battons tu gagnes dix milles points ! » et sur ce, Eileen fait de son mieux pour mener le ballon, à l’aide de son petit pieds, jusqu’entre les deux poteaux improvisés ! Elle réussit ! « Ouiii, buut ! »

« BUUUUT ! » Elle semble si fière !

Haha, oui ! Pour fêter ça, il l’attrape pour lui faire faire l’avion en courant, doucement, plus ou moins en cercle, en la faisant monter et descendre. Elle rit encore. C’est si beau à entendre. Il rit lui aussi.

Milly lui manque tellement…

Malgré la douleur qui lui enserrait la poitrine, George avait fait de son mieux pour s’occuper et occuper (surtout) la petite Eileen. Au moins, le jeu avait-il eu l’avantage, plus que les éclats de rires qui lui rappelaient trop sa fille, de lui distraire suffisamment l’esprit jusqu’à presque en oublier sa peine et à simplement profiter du moment présent. Quand même ! Ça faisait bien une éternité et demi qu’il n’avait pas tiré dans un ballon comme-ça ! Ni qu’il n’avait couru après ! Bon et…il avait beaucoup aimé entendre la gamine s’extasié d’avoir fait un but et avait adoré lui faire faire l’avion ! Il en avait rigolé, sincèrement, franchement, malgré le fait que Milly lui revienne toujours à l’esprit par moment.

Ce n’est que lorsqu’il déposa la petite sur l’herbe qu’Ivy revient vers eux pour lui annoncer un sacrée nouvelle ! « Oh ! Bah…félicitation à lui alors, à eux même ! » en laissant un sourire éclairé son visage parce que même s’il était également un petit peu jaloux…bon…ce Loïc avait certainement le droit à autant de bonheur. Il sentit aussi que du côté de son ami ça…n’allait pas si fort. Il s’approcha d’elle pour lui effleurer brièvement l’épaule d’un geste réconfortant.  Il comprenait, il ne comprenait que trop bien que malgré le fait qu’elle soit heureuse elle puisse toujours ressentir une légère amertume car…même si…elle devenait en quelque sorte la mère d’Eileen…ce n’était tout de même pas la même chose, surtout après avoir porté presque à terme son propre enfant.

« Tu voudras que je vienne avec toi ? » Ce qui lui ferait plaisir, en vérité ! En tout cas, elle acceptait, alors il lui offrit un beau sourire en toute réponse !

Après quoi, ils continuèrent à jouer au ballon avec la petite avant de lancer une petite partie de loup et de finir avec un petit thé et des biscuits (un chocolat froid pour la petite) tout en discutant encore de choses et d’autres jusqu’à ce qu’il se fasse tard. Il commençait à prendre congé et à saluer son amie tout en lui assurant que ce n’était rien comme elle le remerciait d’être resté pour lui tenir compagnie lorsqu’il entendit une voiture dans l’allée.

Il croisa brièvement le fameux Lucy, le salua rapidement avant de disparaitre dans sa propre voiture.