VIII.04 - Piège à chasseurs

1° janvier 2018

Ca faisait des années que Jericho Kane collectait des informations sur les activités démoniaques et celles des monstres dans le monde entier, même si les démons étaient évidemment aussi des monstres. Des monstres démoniaques. Même si ce réseau avait donné des résultats plutôt bons à l’étranger, aussi par le biais des vrais hommes de lettres c’est-à-dire les britanniques, le fou de Dieu n’ayant aucune confiance envers les japonais et ce pour diverses raisons qu’il n’était pas temps de développer présentement, les meilleures recensements de monstres étaient localisés en Amérique du nord. Du Mexique au Canada. A recycler ses déchets, autant faire en sorte que ceux des voisins ne s’entassent pas devant sa porte.

Un geste éco-citoyen.

Les monstres isolés étaient très difficiles à localiser mais pas les communautés. Plus un nid de vampires était important, plus ils laissaient des traces, surtout parce qu’ils se posaient inévitablement dans un endroit pendant quelques temps. Les monstres croyaient à tort que leur nombre faisait leur force mais ils n’étaient dangereux que contre des chasseurs mal préparés et amateurs, comme les frères Winchester et encore, Jericho les suspectait de faire preuve d’un laxisme déconcertant en mission en épargnant des monstres. Trop de chasseurs tombaient dans le panneau en pensant de bonne foi qu’un monstre pouvait résister à sa nature et qu’il fallait donc lui laisser une chance. Il fallait montrer au maximum de chasseurs qu’un monstre serait toujours un monstre et il fallait aussi tous les tuer jusqu’au dernier.

Aux environs de Huntfield, une communauté de loups garous se prétendant pacifiste avait demandé de l’aide à des chasseurs, estimant avoir assez attendu pour le faire alors qu’il était déjà largement trop tard. D’aucun diraient que Jericho Kane les avait rendus fous mais pas du tout, il avait juste démontré qu’ils ne pouvaient pas contrôler leur nature de monstre. Sa tactique serait expliquée par la suite.

Cinq chasseurs approchaient de la communauté, deux hommes, trois femmes. Malgré sa somme colossale de défauts, Jericho avait du se faire une raison en admettant les capacité guerrières des femelles, lesquelles compensaient leur manque de puissance musculaire par une technique parfois plus élaborée que celle des mâles et ayant même plus de résistance à la douleur. Quant à la force brut, Jericho assistait à des matchs de catch à l’occasion et certaines femmes avaient assez de force pour soulever un catcheur pas loin de peser autant que lui. En plus feu sa dernière épouse avait été une chasseuse. Puis deux des mâles étaient des pro-créatures, ce qui était particulièrement ironique. Ainsi de ces cinq chasseurs, trois d’entre eux faisaient plutôt confiance aux monstres qu’ils venaient aider après tout et deux autres faisaient preuve de prudence mais tous tombaient dans le piège des loups garous qui les neutralisaient de par leur sauvagerie, leur surnombre et surtout l’effet de surprise avant de les enfermer dans le sous-sol du bâtiment où ils s’étaient retranchés.

L’un après l’autre, les chasseurs étaient traînés de force et enchaînés dans une cave humide et puant le sang encore frais, parmi les cadavres de monstres, les membres de cette communauté s’étant manifestement entre-tués. Bien que malmenés et traités encore plus mal que du bétail, les captifs n’étaient pas violentés mais se doutant du sort qui leur était réservé et sachant de quoi leurs geôliers étaient capables, Jericho devinait aisément leur peur et même leur terreur depuis son poste d’observation situé évidemment hors de portée des sens accrus des monstres, ironiquement grâce à la propre technologie qu'il leur avait fournie quelques mois auparavant, entre autres choses en leur défaveur.

Les fêtes de fin d'année avaient été du genre catastrophique pour moi. J'avais passé le réveillon de noël seule dans ma caravane, à déprimer que personne n'ai pensé à m'inviter. Un an environ que je suis ici à Huntfield et personne n'avait estimé que me faire une petite place à sa table m'aurait fait plaisir. Ma soirée je l'avais donc passée en compagnie de mon lapin en peluche à qui je parlais, Mon repas s'était résumé à des boîtes de conserve et à du whisky. Beaucoup de whisky. Quant au nouvel an … c'est à dire que j'ai encore la gueule de bois. J'ai mal aux cheveux ouais.

Malgré ça, j'avais répondu présente lorsqu'on m'a parlé d'un groupe de loup-garous semblant demander l'aide des chasseurs. J'avais accepté d'en être tout d'abord pour vérifier qu'un loup-garou précis ne se planquait pas dans le lot. Ensuite par curiosité. Je sais que certains monstres affirment pouvoir renier leur nature, et franchement, j'ai envie d'y croire. Le problème c'est que par expérience, je n'en ai encore jamais eu la preuve. J'ai donc un peu le cul entre deux chaises et j'attends toujours LE monstre qui réussira à me prouver qu'ils en sont vraiment capable. J'avais donc rejoins quatre autres chasseurs pour répondre à l'appel de cette communauté lycanthrope.

Dès nôtre arrivée, allez savoir pourquoi, l'instinct peut-être, toujours est-il que j'ai senti la merde arriver. Non, pas la merde, le tas de fumier entier. La meute nous était tombée dessus, on avait à peine eu le temps de réagir que ça virait en défaite assurée. Submergés, nous avions tenté de nous battre, mais allez vous friter à du … je sais pas combien contre un avec des loups-garous. J'avais tiré dans le tas et avais du en blesser un, au moins. C'était toujours ça de pris.

La meute aurait pu tous nous buter, pourtant, ils nous avait traîné un par un dans un sous-sol dégueulasse, puant le sang et la mort. Je m'étais débattue et pas qu'un peu mais j'avais fini comme les autres, enchaînée dans cette foutue cave au milieu d'un tas de cadavre dont l'odeur liée à mon mal de crâne me filait une nausée que j'essayais de contrôler, avec brio d'ailleurs.

"Bordel de merde, ma tête … Tout le monde est vivant ?"

Je râlais tout en essayant de tirer sur les chaînes. Faut pas rêver ça n'allait pas se briser si facilement.

"Quelqu'un aurait un chalumeau ? Non ?"

C'était pas le moment d'essayer d'être drôle, je sais, mais ma gueule de bois avait du mal de se dissiper, je n'avais donc que moyennement mes capacités de réflexion, attendant surtout que l'un de mes collègues ait une idée de génie.

Je tirais sur mes chaines en me demandant comment j’avais pu me retrouver dans cette situation merdique. Tout a commencé il y a deux jours. J’étais de service au café ou je travaille et je faisais la fermeture lorsqu’un type à essayer de forcer l’entrée. Naturellement, je l’avais envoyé balader en lui indiquant d’ouvrir grand les yeux pour lire ce qu’il y avait d’écrit sur la pancarte. « Closed ». C’était pourtant clair. Mais il avait insisté. C’est la que j’ai remarqué son attitude étrange. Il avait l’air affolé et apeuré. Bien évidemment, gentille comme je suis je me suis dis qu’il avait un problème alors je me suis approché de la porte. Tout s’est déroulé très vite. L’inconnu avait débité sa parole en lui disant que lui et sa meute de loup avaient besoin d’aide et qu’ils se trouvaient aux abords de la ville. Ensuite il s’est tiré en courant. C’est tout. Je n’avais pas eu plus d’informations mais c’était malheureusement assez suffisant.

Après ça, j’avais passé la nuit à me torturer l’esprit, me demandant pourquoi il était venu me trouver moi et quel était le problème qu’il rencontrait lui ainsi que sa meute. La nuit ne n’avait apporté aucune réponse bien entendue mais la culpabilité avait fini par me prendre en grippe. Une toute petite partie de moi s’était dit que malgré la part de monstre qui les habitaient, ils restaient tout de même des êtres vivants doté d’une conscience et peut-être même d’une âme qui sait ? Alors après avoir farfouiller dans les affaires que mon père avait laissées derrière lui j’avais fini par trouver quelque chose ; ou plutôt une note dans un livret indiquant ou la meute de loup pouvait se trouver exactement. Il n’y avait rien d’autres sur eux. Même pas un mauvais commentaire de la part de mon père.

Bien sûr, en me rendant sur place j’étais loin de me douter que je me battrais avec ce même enfoiré qui était venu quémander de l’aide. J’étais loin de m’imaginer entouré de toutes ces bêtes, prise au piège avec ces autres chasseurs puis jeter en cage et enchainé comme un animal à mon tour. Ma haine était immense et la seule envie que j’avais était de tous les faire sauter un par un. Mais j’avais vite compris en voyant les autres autour de moi, dans cette même position délicate, que s’en sortir n’allait pas être de la tarte et cette femme réclamant un chalumeau m’avait tout l’air de prendre la situation avec légèreté.

-Bien sûr ! J’ai même une caisse à outil dans le fond de ma poche !

Malgré moi, j’ai répondu à cette femme de manière très sèche. En même temps, qui se ramènerai au fin fond d’une cave pleine de cadavre empestant la mort avec iun chalumeau ? Personne. Mais ce n’est pas temps sa demande farfelu qui m’as dérangé mais plutôt la situation dans laquelle je venais de me fourrer. Quand je pense que mon père peut me voir de là-haut . . . Il me dirait que je ne suis qu’une pauvre petite fille trop idiote et naïve d’avoir pu croire que des loups garous pouvaient avoir besoin d’aide ! Et il aurait totalement raison. J’aurais du garder en mémoire ce que les Wendigos ont fait à ma mère. Certes, ils n’étaient de la même espèce mais ils restaient tout de même des bêtes sauvages. Des monstres. Et maintenant, me voila entre leurs mains, enchainé à un mur avec d’autres chasseurs aussi abrutit que moi ! De rage, j’avais tiré sur mes chaines en jurant. Nous étions faits comme de rats. C’était impossible de s’échapper d’ici et je mettrais ma main à couper que les corps autour de nous étaient également des chasseurs que les loups avaient réussi à appâter. J’allais d’ailleurs me demander pourquoi nous séquestrer mais la réponse était évidente. C’était des monstres et nous des chasseurs. Nous représentons un danger l’un pour l’autre. Tout ce qu’ils voulaient c’était nous tuer mais pourquoi nous garder enchainer ?

Les monstres resteraient toujours des monstres. Tôt ou tard, ceux qui se prétendaient pacifiques s’en prenaient aux humains, c’était plus fort qu’eux, c’était dans leur nature. Comme le scorpion de la fable qui demande à la grenouille de le porter pour traverser la mare et qui ne peut s’empêcher au milieu de la traversée même si ça va le tuer lui aussi, parce que c’est dans sa nature. Donc si Jericho aidait la nature en amenant la furie et la folie chez cette communauté de monstres, il ne faisait que retarder l’inévitable. Pour y arriver, il avait fait en sorte que les monstres soient livrés avec de la viande qui ne les nourrissait pas, ou si peu, trop peu, puis il avait amené des membres les plus hostiles finalement à cette existence dite pacifique à suspecter les pro-humains à leur avoir fourni volontairement cette nourriture pour les affaiblir, pour les rendre fous. Les "baba" éliminés, voire dévorés, il ne restait plus qu’à faire croire que des chasseurs les avait pris pour cible, en éliminant plusieurs d’entre uns pour achever de plonger donc le clan dans la folie meurtrière.

Normalement, il ne devrait pas y avoir de renforts.

Il ne devrait pas y en avoir parce que ces monstres n’aimaient pas les ondes des relais de téléphonie, qu’ils étaient assez sensibles pour ressentir, donc leur antre était en zone blanche, ils y avaient veillé en sabotant les relais les plus proches encore et encore. Capitaliste par essence, les téléphonistes avaient fini par abandonner ce secteur. Donc normalement, pas de renforts même si les chasseurs avaient eu le temps d’envoyer un message à des alliés, et en l’occurrence avaient tenté.

Pendant ce temps, à l’intérieur.

Jericho Kane ne pouvait pas savoir ce qui se passait dans le sous-sol où les chasseurs étaient captifs. Il ignorait que l’une des chasseuses aurait pu profiter de la négligence de leurs geôliers pour les libérer si le chasseur qui avait tenté de récupérer le couteau dans sa chaussure n’avait pas juste réussi à se couper avec en tentant de le récupérer. Du coup le sang attirait les monstres comme … Le sang attire les requins, plusieurs loups-garous faisaient irruption dans le sous-sol, ils prenaient le couteau, puis ils remontaient un des hommes, puis le deuxième et les dévoraient vif. Tous pouvaient entendre leurs hurlements. Ainsi les pro monstres étaient morts, pourquoi pas après tout.

Jericho passait alors à l’attaque.

Dans le sous-sol, le plafond vibrait bientôt sous une série d’explosions qui dévastaient les monstres avec une bonne partie de leur antre. Un silence abrupt suivait ces détonations avant qu’on entende le râle des monstres toujours en vie mais très affaiblis. Bientôt, les captives entendaient alors des bruits de pas, puis une détonation, encore des bruits de pas et encore une autre détonation. C’était Jericho qui achevait chaque loup-garou d’une balle en argent en plein cœur jusqu’à ce qu’ils soient tous morts. Puis elles voyaient un colosse descendre tranquillement l’escalier vers elles. Arrivé en bas, il embrassait les lieux d’un regard panoramique, posant un regard aussi sérieux qu’indéchiffrable sur chacune des chasseuses.

"Salut. Vous commencez bien l’année. Meilleurs vœux."

Ce disant, il exhibait les clefs des chaînes et honneur aux aînés comme on dit, il libérait d’abord Alix, puis Alexis et enfin Faith puis tout ce petit monde se retrouvait bientôt à l’air libre, dans les décombres fumantes de l’antre.

"Inutile de chercher une histoire pour tout ça. Jericho Kane, moi aussi je chasse les monstres, les esprits, les démons. Je suis venu dès que j’ai appris que ces monstres avaient fait captifs des chasseurs pour les dévorer les uns après les autres."

Il indiquait ensuite son Hummer dans lequel il avait rangé son bazooka à quatre têtes après l'assaut dévastateur.

"J’ai de la bière fraîche dans le Hummer si ça vous dit."

Spoiler:

La réponse que j'ai reçue au peu d'humour dont j'ai fait preuve pour tenter de dédramatiser un minimum la situation est du style désagréable. Franchement elle m'a vraiment prise au sérieux, celle qui m'envoie limite chier ? Mais qu'elle les grignote ses chaînes ! On dira que c'est le stress et que je lui pardonne. Ceci dit si je voulais insister, je lui demanderais une lime tiens mais la lourdeur c'est pas mon truc. Je peux aussi faire l'effort de comprendre sa réaction dans cette situation plus que pourrie. Elle a peur, comme nous tous je crois.

La seconde chasseuse à me répondre à l'air de comprendre, elle, que je plaisantais et propose à l'un d'entre nous de l'aider à attraper un couteau, j'étais trop loin d'elle sinon je me serais dévouée pour m'étaler sur ce sol dégueulasse à la recherche de la lame. D'habitude, moi aussi je cache toujours un couteau dans ma botte, mais cette fois, j'ai oublié. D'ailleurs pour le coup, je m'en veux pas mal. Quant à mon flingue et les chargeurs de balles d'argent …

"J'en ai blessé un pendant l'attaque mais ils m'ont tout pris avant de nous balancer ici."

En fait non, il me reste un truc en argent, la bague que je porte en pendentif et qui finira un jour dans l'estomac d'un lycan qui ne se trouve pas ici. Mais là, elle a environ zéro utilité. Pendant qu'un chasseur essaie d'attraper le couteau en question, moi je ne pouvais toujours rien faire d'autre que d'essayer de me contorsionner comme je peux dans l'espoir de trouver une façon de pouvoir me lever. Si j'y arrivais, je pourrais tenter d'aider les autres à non pas se débarrasser des chaînes, mais au moins de pouvoir bouger avec.

J'étais donc en train de gesticuler dans tous les sens quand plusieurs loups-garous entrent pour attraper l'homme qui venait de réussir à choper le couteau et l'emmener, emportant le couteau par la même occasion, avant de revenir pour faire pareil avec le dernier chasseur masculin du groupe. Comme réaction je ne trouve que celle de me tortiller encore plus pour essayer de réussir à me mettre debout et d'aider les deux autres survivantes.

C'est à ce moment qu'on entend une explosion faisant tout vibrer autour de nous.

"C'est quoi ça encore !"

Hurlai-je sans attendre de réponse, plutôt en colère qu'autre chose. Manquerait plus que le plafond de la cave s'effondre sur nous. Je voyais déjà une fissure dont je suis sûre qu'elle n'était pas là avant l'explosion. Vient alors une autre explosion, puis une autre, tout une série même. Je voyais la fissure grandir au dessus de nos têtes et putain pas moyen de s'écarter. Puis plus d'explosion.

On pouvait entendre quelqu'un descendre les escaliers tout en tirant des coups de feu. L'homme qui entre alors dans la cave est ce que j'appelle un sacré morceau. J'ignore complètement ses vœux, l'année a mal finie elle risquait pas de bien commencer. Je suis tout de même contente de voir les clefs que l'homme agite sous notre nez. Il nous libère et nous sortons. C'est pas trop tôt, ma maîtrise de la nausée est bonne mais pas sans limite. Le repaire des lycans ne ressemblait plus à grand chose d'autre que des ruines.

Le colosse se présente et désigne son Hummer en nous proposant des bières.

"Alexis Richter. Merci, mais c'était possible de pas limite nous tuer à coup d'explosions à tout va ?"

Je refuse la bière, gueule de bois tout ça. Même si ça commençait à aller mieux et que mes idées devenaient plus claires. Oh bordel. Trop claires même, au point que c'est maintenant seulement que nous étions sorties de cet enfer que je sais ce que j'aurais pu faire pour nous aider. On va éviter d'en parler. J'irai juste me flageller à coup d'orties plus tard.

"Par contre, de l'eau, j'ai rien contre, si vous en avez aussi."

Je me tourne vers les autres chasseuses pour m'assurer que comme moi elles ne sont pas blessées, me rendant compte que j'ignore leur noms. Et que j'ignore aussi le nom de ceux qui ne s'en sont pas sorti. Je trouve ça triste, même si j'avais une arrière pensée en venant, je venais aider comme les autres chasseurs présents, et voilà le résultat.

Au milieu de tout ces cadavres, de cette odeur nauséabonde et de ces chasseurs aussi effrayé et agité que moi j’avais pris quelques secondes pour me recentrer et rassembler mes émotions en fermant les yeux un instant. En réalité, la panique m’avait submergé, voilà pour j’avais mal répondue à cette autre femme qui ne faisait que chercher une solution pour nous tirer d’affaire. Ce n’était pas tous les jours que je me retrouvais prise au piège dans un lieu aussi sordide que celui-ci après avoir était capturé par des enfoirés de clébards. Et puis avant, mon père était là pour me protéger. La, ce n’était pas le cas. J’étais entourés d’inconnus ; de chasseurs que je n’avais jamais croisé auparavant ou alors je devais être trop jeune pour m’en souvenir. Mais savoir que ma vie pouvait dépendre de ces gens-là m’angoissais. Et puis surtout, je ne savais même pas ce que ces saloperies de loups nous voulaient. Car en réalité, s’ils souhaitaient vraiment notre mort alors nous le serions déjà. Une horde de dents et de griffes acérées contre une bande de petits chasseurs . . . Il ne fallait pas avoir fait des études à Harvard pour savoir qui était censé l’emporter !

En attendant, rien n’y faisait. J’avais l’impression que nous ne sortirons jamais de là. Je regardais autour de moi ; il n’y avait aucune issus possible tandis que les autres chasseurs peinés à trouver une solution malgré leurs volontés de nous sauver. Et le petit couteau que la jolie blonde avait brandit n'allait pas nous mener bien loin. Tout partait à croire que nous étions faits comme des rats. Peut-être que nous servirons de prochain repas à toutes ces enflures. C’est vrai ; il n’y avait que des restes de cors humains sous nos pieds. Enfin, il valait être dévoré que de servir d’incubateur à louveteau ou je ne sais quelles autres choses tordues !

-On est foutue . . .

Pourtant, je n’étais pas de nature défaitiste mais étrangement je n’arrivais pas à en penser le contraire et l’éruption de ces monstres dans notre prison n’arrangeait pas les choses. Ils avaient attrapé les hommes qui se trouvait avec nous et les avait trainés jusqu’à l’étage. Les hurlements m’avaient glacé le sang. C’est également à ce moment la que des bruits d’exploseurs se firent entendre tout autour de nous jusqu’à en faire trembler le sous-sol. Tout ça n’annonçait rien de bons.

Les filles semblaient toutes aussi inquiètes que moi, surtout lorsque d’autres bruits de pas se firent entendre juste au-dessus de nos têtes. Et contre toutes attente, un homme, ou plutôt une montagne humaine était sortie de nulle part pour nous libérer. Lui aussi était un chasseur. Une fois débarrassé de mes chaines, je me suis empressé de remonter. La zone de guerre ; ces loups morts ou agonisant ne m’importait peut à ce moment-là. C ‘était bien fait pour eux. Tout ce qui m’importait était le fait d’être encore vivante mais surtout de pouvoir respirer cet air pur.

Notre sauveur nous mena jusqu’à son immense véhicule visiblement fait pour lui et sa grande taille. Je portais mon regard sur les filles qui n’avaient pas l’air de se méfier de lui. C’était plutôt bon signe. Je les avais vu se battre et il faut dire qu’elles avaient bien plus d’expérience que moi dans ce domaine. Je pouvais enfin baisser ma garde et être soulagée de notre libération. Alors sans hésitation, j’avais attrapé la bière que l’homme nous proposait.

-Moi c’est Faith et j’ai bien besoin d’un remontant. Il faut dire que ces saloperies ne nous ont pas ménagé. Merci pour votre aide.

J’avais passé ma main sur ma nuque, ayant mal un peu partout. En général je me battais contre des petits monstres ou des fantômes, jamais contre des ordres de loups. Alors je me suis permise de m’adosser contre le véhicule du chasseur. Je remarquais d’ailleurs qu’il était chargé d’armes en tout genre. On aurait presque dit un véhicule de l’armée ! D’où sortait ce type ?

-Bah ça alors. . . Vous êtes sacrément bien équipé !

HJ : désolé pour le délai de réponse ...

Jericho avait sauvé les chasseuses qui réagissaient plutôt majoritairement d’une façon assez négative à l’opération certes musclée mais qui était le propre du colosse qui tendait en silence une bouteille d’eau à l’aînée des deux brunes. Il évitait de tenir un propos machiste quand la plus jeune du trio vantait son équipement en sachant que tout ce qu’il dirait pourrait probablement être assimilé à une telle nature machiste. En tout cas, la blonde devait être dans un état de choc certain pour ne pas se rendre compte que deux chasseurs avaient été dévorés vifs avant que le soldat de Dieu intervienne. Ou alors elle était d’une bêtise totale, ce dont il doutait fortement parce qu’elle ne serait plus en vie depuis un bout de temps. Jericho optait donc pour se fixer sur la partie technique induite dans le déroulement des opérations, sauvetage présentement remis en question par l’une des brunes et le blonde, tout en en ne mettant pas non plus en suspend le commentaire de la plus jeune des chasseuses. Autrement dit, sans lui mettre un vent.

"La guerre est une question de moyens et de connaissance du terrain. J’ai détruit des centaines de positions ennemies pendant plusieurs conflits, aussi ai-je dosé assez de puissance de feu pour affaiblir l’ennemi en sachant que le sous-sol tiendrait le coup, puis j’ai achevé chaque monstre d’une balle dans le cœur."

Disait-il tranquillement comme si ça allait de soi parce que tel était le cas à son sens, ça allait de soi. On ne laissait aucune chance à l’ennemi parce qu’il serait tout autant impitoyable si le rapport de force était inversé. Seul, Jericho n’aurait pas pu vaincre l’adversité avec juste un fusil à pompe et s’il avait du rassembler plusieurs chasseurs, la moitié aurait péri au cours du sauvetage qui aurait été vain de toute façon puisque le temps de monter une telle opération, les captives auraient été dévorées vives.

"Pour gagner une guerre, il faut d’abord la reconnaître en tant que telle. Vous avez du cran, c'est indéniable mais il reste à savoir si vous aurez les tripes de faire ce qu’il faut pour éviter à l’humanité de finir comme le bétail des monstres. Je vous dépose en ville et on se recontactera plus tard pour que vous puissiez y réfléchir à tête reposée."

Dont acte. Jericho était sceptique sur la décision de l’aînée des brunes, quant à la blonde, elle était d’ores et déjà une cause perdue pour lui.

Spoiler:

J'avale la moitié de la bouteille d'eau que m'avait tendu le chasseur en silence. Ouais j'ai une sacrée descente quand je suis stressée et cette expérience était très très stressante. De mémoire je ne m'étais jamais retrouvée dans une telle merde, c'est la première fois que je voyais la mort venir de si près. Peut-être que j'aurais eu l'esprit plus clair et que j'aurais pensé à prier Jeliel avant que le pire n'arrive. Enfin le pire est arrivé pour les autres et ça me gave sérieusement d'avoir été impuissante pour les aider. Je n'avais jamais vu de lycans aussi … dérangés dirons-nous. Quelque chose cloche ici j'ignore quoi mais ça ne me plaît pas. Mais alors pas du tout.

J'ai tout à fait conscience que sans l'intervention de Jericho, nous serions mortes. Le problème c'est que ce sauvetage est suspect mais peut-être que je me fais des idées et que le fait d'avoir frôlé la mort biaise ma pensée. Je suis en colère, en colère et triste à la fois, c'est saoulant de vouloir aider et de se retrouver à regarder les autres mourir. Je sens que je vais avoir besoin de me défouler dans les prochains jours et pas qu'un peu.

J'écoute le colosse répondre à la jeune brune qui semble être la seule à être enthousiaste face à lui en admirant le matos de guerre du chasseur. Son discours est … carré, comme lui. En résumé, pas de quartier, pas de prisonniers. Parait que la guerre ne meurt jamais, selon un jeu très connu. Et c'est vrai. De toute façon je n'ai pas l'intention de débattre pour le moment, ma plus grande envie là, c'est de rentrer, me blottir sous une couette avec un chocolat chaud et me reposer. Ensuite, je reviendrai ici pour m'occuper des corps de nos collègues chasseurs qui n'ont ni été bouffés ni ensevelis sous les gravats. Je vais certainement pas les laisser pourrir là, même si je dois le faire seule, ils méritent mieux.

Sur ce, Jericho nous ramène toutes les trois en ville, je passe tout le trajet assise à l'arrière du hummer en restant silencieuse. Arrivés à destination, j'attends son départ pour donner à Faith et Alix mon numéro.

"Si jamais."

Dis-je tout simplement sous-entendant que si un jour elles ont besoin d'aide elles peuvent m'appeler. Je leur adresse un au revoir amical avant de les quitter pour rentrer chez moi.

[HRP: Fini aussi, merci à vous trois^^]

Je sifflais ma bière sans manquer de m’étirer dans tous les sens. Les loups nous avaient malmener dans tout les sens et mon corps en avait sacrément pris un coup. Je savais d’ailleurs que dès mon retour à la maison, je pourrais observer un tas d’hématomes de toutes les couleurs sur chacune des parties de mon corps. Enfin, je n’allais certainement pas m’en plaindre. Il valait mieux ça que d’avoir perdue un membre ou encore de se faire dévorer comme les deux hommes qui étaient prisonnier comme nous. A cette pensé, je regardais vers la ou nous étions enfermés. Nous, les filles, on a sacrément eu de la chance de s’en être sortie et tout ça grâce à cette armoire à glace sorti tout droit d’un film militaire avec son artillerie lourde et sa voiture XXL.
Il a été l’homme de la situation. Il était clair que nous lui en devions une belle ! C’est ce que je pensais pour ma part. Quant aux autres ; tout particulièrement la brune pleine d’humour ; je voyais bien qu’elle était méfiante. En même temps, ce type de chasseur est loin d’être commun, tout comme avoir un tel sens du timing ! Mais en le regardant bien, ce type devait déjà être sur les traces des loups bien avant que nous ne nous fassions piéger. Ce n’était qu’une simple coïncidence. Il ne fallait pas chercher plus loin et le remercier tout simplement.

Enfin, l’heure était venue pour nous de rentrer, heureusement saines et sauves. Jericho avait gentiment proposé de toutes nous ramené. Il était bienveillant ; c’était même certain. Durant le trajet, nous étions pas mal silencieuses toutes les trois. Surement sous le choc de ce qui venait de nous arriver. La seule chose que j’avais pu apprendre d’elles était leurs noms. Arrivé à destination, je suis descendue du Hummer, soulagée d’être enfin en ville, loin de ce foret infesté de clébards. Puis je me suis penché à la fenêtre du chasseur.

-Encore merci. Vous nous avez sauvé d’une mort certaine. Je vous en dois une belle.

J’avais dressé un simple sourire à Jericho avant de me détourner du Hummer et faire face aux filles tout aussi amoché que moi. A ce moment-là je me suis rendue compte que je n’avais pas été très sympa au fin fond de cette cave immonde. J’avais eu la trouille de pourrir là-bas, mais surtout j’avais l’habitude que pour père soit là pour nous tirer des situations les plus dangereuses.

-Bon bah . . . On s’en sort bien au final.

Et lorsque le Hummer de Jericho avait démarré, la brune nous avait laissé à Alix et moi son numéro au cas où nous aurions besoin d’aide un jour. « On ne sait jamais ». Elle avait raison. Peut-être qu’un jour je me retrouverais dans une situation compliquée de nouveau . . . Après tout, j’avais bien du mal à rester loin du monde surnaturel. C’était surement mon destin la chasse, les pièges, les tueries et les monstres.  Mais ce qui était sûr, c’est que je ne me laisserais plus avoir par un monstre au risque de me faire abattre et j’espérais secrètement qu’il en serait de même pour ces deux chasseuses.



(c'est aussi la fin pour moi )

FINNNNNN merci pour ce chouette RP
Jericho, Alexis, Faith, si vous voulez du coup un autre rp pour la prochaine intrigue, n'hésitez pas