On dit qu’il ne faut pas se fier aux apparence, c’est on ne peut plus vrai dans le cas de Cassandra. Au premier abord, elle donne l’impression d’être réservée, limite timide, avec une sorte de fragilité qui peut lui donner un air de "femme-enfant" et certaines personnes peuvent alors avoir envie de la protéger mais uniquement celles et ceux qui n’en ont jamais subie une de leur vie, de "femme-enfant". Cassandra a d’autres défauts, mais pas celui de bouder ou piquer une crise de nerfs dès que son caprice du moment n’est pas assouvi, en gros dès qu’on n’accomplit pas ses quatre volontés. D’ailleurs elle ne fait pas de caprice.
C’est juste qu’elle peut donner cette impression.
Cassandra est curieuse, c’est le moins qu’on puisse dire, autant de savoir que tout ce qui attiser sa curiosité autour d’elle, que ce soit les derniers potins mondains ou pour quelle raison les éboueurs rechignent à travailler dans une rue précise du coin, ce qui est une qualité mais aussi un défaut.
Son petit coté joueuse n’est pas lié aux jeux de hasard qu’elle méprise mais plutôt au plaisir "de jouer avec les feu" ou de "jouer à l’apprentie sorcière" avec une facilité à prévoir un "bouc émissaire", donc un coupable qui n’est pas elle tant qu’elle n’est pas prise sur le fait et encore, elle pourrait trouver le moyen de s’en sortir. Ca n’est pas tant de l’irresponsabilité que le désir de ne pas subir les conséquences de ses actes.
C’est de la ruse.
La jeune femme est frileuse et avec son petit coté sans gêne, elle sera toujours la plus près du feu de la cheminée, de la chaudière, du radiateur ou "les tifs qui dépassent de trois couettes, sans mauvais jeu de mot. Sa somnolence en journée est évidemment au fait qu’elle dort mal et parfois pas du tout, ce qui lui pourrit la vie.
Elle est petite et ne complexe pas dessus. Néanmoins, son mètre quarante-deux est un souci quand il s’agit d’attraper tout ce qui est en hauteur sans escabeau. Elle a comme du sang de lézard. Plus il fait chaud, plus elle est contente.
Autant pour le travail sur le terrain qu’elle n’aime pas mais qui s'avère primordial, Cassandra est "brut", sans maquillage, autant elle aime être coquette, élégante.
Cassandra est aussi une jeune femme qu’on peut qualifier de poissarde et de veinarde et ce n’est pas un paradoxe mais à deux degrés de malchance et de chance. Elle est ainsi affligée d’une poisse dite domestique, un parapluie mal placé, c’est pour ses jambes, une peau de banane pour son pied, un moustique pour sa pomme et des rideaux mal fixés pour sa tête, alouette. Par contre sa chance de veinarde peut lui sauver la mise comme l’arme à feu d’un ennemi qui s’enraie ou un tir qui manque sa tête de peu parce qu’elle vient de glisser sur une peau de banane.
Juste une petite histoire...
Cassandra est née dans un milieu aisé, de parents scientifiques toujours en conflit. Mariage d’intérêt bien plus que d’amour, rapport de forces entre deux personnalités opposées. Un père surdoué en informatique, avec une créativité d’artiste excentrique très indépendant de sa hiérarchie. Une mère très travailleuse, ingénieur en robotique sans imagination, ne sortant pas des schémas tracés par ses supérieurs. D’une loyauté sans faille envers son entreprise. Nul ne sait qui a trouvé le prénom de Cassandra, issu de disputes incessantes de nombreux mois entre ses parents. Peut-être est-ce venu de son oncle, venu apporter des fleurs à la naissance de Cassandra.
Alors qu’elle a trois ans, les parents de Cassandra divorcent. Tous deux se remarient la même année. Le beau-père de Cassandra est un astronome. L’œil vissé toute la journée à une lunette télescopique. A faire des calculs de vitesse de rotation d’étoiles lointaines. A faire des plans sur la comète. Distrait, négligeant, ignorant le reste du monde, obéissant aveuglément à son épouse. Directeur de son département de recherche, gagnant plus d’argent qu’elle, lui donnant tout son salaire. Mieux que l’ancien modèle, pour la mère de Cassandra. Pour elle, il devient très vite le symbole d’un nid à bactéries. Sa mère se bat pour avoir le plus possible la garde de sa fille, uniquement pour ennuyer son ex mari.
La belle-mère a déjà deux filles d’un mariage précédent, plus âgées que Cassandra. Trois pestes. La belle-mère et ses filles. Mesquines, comploteuses, elles font tout leur possible pour séparer Cassandra de son père. Faire disparaître des objets, casser des choses, tordre des clefs. Accuser Cassandra de façon indirecte. Le père voit clair dans leur jeu mais s’en fiche, sa fille l’inspire dans son travail. Sa dernière épouse n’est pas frigide et ne contrarie pas ses élans artistiques. De ses propres mots. Cassandra fait semblant de "laisser couler" mais un jour, elle se vengera.
Deux villes. Deux foyers. Deux écoles. Ici ou là, entre deux décisions de justice, deux appels et deux contre appels jusqu’à la confirmation d’une garde alternée sans surprise.
Pendant des années, Cassandra suit une scolarité tout juste moyenne, passant en année supérieure de plus en plus difficilement et ce n’est pas sa faute, elle étudie beaucoup mais elle traîne une somnolence qui lui pourrit la vie. C’est du au fait que soit elle dort mal la nuit, soit elle n’arrive pas du tout à dormir et aucun traitement n’y change quelque chose mais de toute façon, hormis sa famille, personne ne l’ennuie puisque personne ne la remarque. Ce n’est pas qu’elle manque de présence, c’est qu’elle dissimule sa présence. Nullement timide, elle sort de sa réserve quand elle montre son don pour tout ce qui touche à l’herboristerie depuis son plus jeune âge d’abord pour tenter de trouver une solution à son problème de sommeil. Il lui faut des années pour acquérir les bases mais c’est le cas quand elle obtient très laborieusement son diplôme de fin d’études secondaires.
A l’époque, comme elle a plus de deux neurones en activité après avoir eu vent d'événements difficilement explicables par la science comme le retour de Lucifer, elle comprend l’existence du surnaturel mais ça ne l’intéresse pas.Elle apprécie seulement son père, tout en ne supportant jamais longtemps ses excentricités. Un père qui se promène sur des échasses pour avoir un avis plus élevé sur la condition humaine. Qui réécrit chaque jour les lois de la robotique. Qui déclame des vers passionnés à son bronzai préféré. Qui porte une toge romaine et court dans le jardin en criant qu’il est une Intelligence Artificielle. Qu’il va dominer la galaxie et ses environs. Qui peint ses crottes de nez et les mange. Qui sait tout. Qui a toujours raison. Tout le temps. Qui voit sa fille comme sa source infinie d’inspiration et veut souvent lui donner un gros bisou baveux. Génie excentrique. Avec souvent une bosse sur le crâne.
Les études d’herboristerie en elles-mêmes demandent une formation de deux ans mais leur application exige d’avoir des connaissances approfondies en anatomie, en botanique, en biochimie végétale, en diététique et physiologie, de connaître les propriétés médicinales des plantes, des combinaisons et des contre-indications. Du coup les études durent six ans. Avec son problème de somnolence, elle se voyait doubler au moins deux années mais une solution inattendue vient à elle.
Elle rencontre Brian Cole en première année et son nom de famille est un homonyme, certains parents de la jeune femme vérifiant alors qu’il ne fait pas partie de la branche familiale honnie, ce que l’étudiante ignore alors. Les insomnies de Cassandra disparaissent quand elle se met en couple avec lui et ils se marient pendant leur deuxième année. Pour sa part, elle est admise de justesse après un début calamiteux du à sa somnolence. Alors au sommet de sa forme, Cassandra se voit de surcroît aidée dans ses études par son père à travers plusieurs inventions qui lui permettent de gagner un temps précieux sur ses travaux d’application, à savoir des machines permettant de combiner des plantes pour en faire des pâtes nutritives mais aussi sous forme liquide, puis par la suite de poudre et enfin de gaz. Il prévoit aussi des mesures préventives qui seront très utiles à Cassandra le moment venu mais la jeune femme utilise aussi les bonnes vieilles techniques héritées de l’alchimie avec l’utilisation du mortier et du pilon, utilisés pour réduire les matières premières en poudre ou en bouillie mais aussi de la cornue, un récipient à bec utilisé pour transformer, purifier ou raffiner leurs matières premières, l'alambic, un récipient en verre dans lequel on distille les substances et le creuset ou incinérateur, un petit réceptacle permettant de réduire métaux et autres substances en poussière afin d’isoler leurs propriétés après évaporation de toutes leurs composantes liquides.
Elle tire ainsi le meilleur des méthodes antiques et de la technologie moderne.
Dans sa vingtième année, son oncle du coté paternel se décide à la revoir pour lui soumettre un interdit familial étonnant. Il lui parle alors des mémoires familiales en généalogie dont il ne lui avait pas parlé jusqu’ici. Il lui apprend du but plus récent de cette généalogie même si celle-ci remonte à loin. C’est avant tout pour lui révéler qu’il y a onze générations de cela, deux frères Cole s’étaient voués une telle haine qu’ils auraient décidé de non seulement vivre de ne plus se revoir mais que leurs descendants en feraient autant. Sachant que la famille ennemie a probablement oublié ce schisme pour leur part, il lui ordonne de perpétuer la tradition familiale en évitant elle aussi de retrouver les descendants du frère ennemi. Ca amuse Cassandra qui se dit qu’elle fera exactement le contraire après ses études.
En quatrième année, elle découvre deux secrets. Le premier secret lui confirme que le surnaturel existe vraiment mais elle ne s'y était pas intéressée avant. Le deuxième secret est lié sans surprise au premier et lui révèle la trahison, l’infidélité de son époux avec une jeune sorcière qui venait d'avoir ses pouvoirs, son grimoire et donc qui débutait dans la sorcellerie, qui épaté ainsi Brian. Cassandra lui dissimule alors ces deux découvertes et prépare sa vengeance pendant deux ans au cours desquels sa vision du monde et son ambition lui apparaissent clairement. Dans ce monde absurde dégoulinant de bons sentiments mais où la réussite individuelle est sublimée au détriment de l’intérêt commun qui n’existe plus, s’il a jamais existé, Cassandra ne protégera que ses intérêts et ceux d’un petit cercle de proches puis elle gagnera sa place en Enfer au mérite où elle aura le plaisir, oui le plaisir de voir son âme être mise en pièces encore et encore, pour toujours et toujours et toujours.
A vingt-trois ans, les relations se dégradent entre Cassandra et Brian pour une raison paradoxale. Alors qu'il n'a pas une maîtresse attitrée mais qu'il trouve toujours une excuse pour s'envoyer en l'air en journée avec le premier jolis minois consentant et il y en a un paquet à se laisser séduire, son mari est de plus en plus exaspéré de ne pas la voir tomber enceinte. Un peu après l’obtention de leur diplôme universitaire réussi brillamment pour eux deux, Cassandra fait d’une pierre deux coups en se vengeant à la fois de sa belle-famille et son mari qui couche aussi avec sa belle-mère et ses belles-sœurs. Cassis n'a pas fait ça directement, ils se seraient méfiés, elle a utilisé d'autres personnes. Elle a manipulé tout le monde. Toujours est-il qu'ils sont tous torturés à mort, massacrés par des "fous furieux", en réalité des hommes victimes de Cassandra et qui sous sa manipulation accusaient la belle-famille et le mari d’être les responsables des maux dont ils avaient souffert. Elle fait en fait plutôt d’une pierre trois coups vu qu’elle avait choisi soigneusement ses cibles depuis des années et surtout les deux dernières années.
Plongé dans des inventions loufoques, son père remarque à peine la mort de sa dernière épouse. De son coté, après des préparatifs en ce sens, Cassandra voudrait entreprendre de parcourir une partie du continent nord américain à bord de son van tout équipé qu’elle appelle Van Diesel afin de trouver des plantes rares pour ses recherches et envoyer des âmes en Enfer par la vengeance, de faire le mal en mode ninja pour finalement voir sa propre âme envoyée en Enfer mais au mérite, c'est-à-dire sans se suicider, sans vendre son âme et sans tuer, en tout cas pas d'une manière directe si possible.
- Spoiler:
Il y a néanmoins un hic, c’est que le décès de Brian a des conséquences pour Cassandra qui retrouve sans plaisir la somnolence qui avait pourri sa vie pendant des années et fait ainsi un retour fracassant. Un petit ajout technologique à Van Diesel et la jeune femme prend la direction de Huntfield.