IX.03 - La dure réalité [Hiroto, Jessi]

28 février 2019, quinze heures.

Je tente de former une alliance entre les chasseurs actifs de Huntfield, y en a, les gus de lettres sous la juridiction de Hiroto, y en a peut-être d'utiles, et des anges volontaires même si je ne connais vraiment que Jessi et l'autre, de vue. J’amène donc Jessi rencontrer Hiroto à son manoir en cette froide journée, le dernier jour de février. On arrive en bagnole, Jessi préférant vivre le plus possible comme une humaine puis moi aussi, j'aime bien vivre aussi le plus possible comme une humaine, hin hin hin !

"Coté rigidité, il devrait te rappeler ton frère sauf qu’Hiroto c’est la champions league."

Dis-je avec un grand sourire à ma femme qui doit se douter de quel frère je cause, avant qu’un majordome nous fasse entrer et nous guide à travers la maison aussi vaste que friquée de notre hôte J’aimerais le voir faire son ménage tout seul le Hiroto mais bon, on ne va pas remuer le couteau dans la plaie même si je me doute que son épouse mourrue, elle ne devait pas épousseter les meubles ou passer l’aspi. Hiroto, c’est probablement le genre de père à commencer à s’intéresser à son fils quand ce dernier sera en âge de se barrer du domicile familial et qu’il ne s’en privera pas après avoir été privé de l’amour de sa mère puis de son père trop occupé par son taff.

Mais c’pas mes oignons.

Spoiler:

Hiroto est en quelque sorte un gus de lettres progressif à sa façon, il tolère non seulement les créatures mais l’en a autour de lui, ce que Jessi sait aussi. C’bien aussi pour ça qu’une entente est possible avec lui, de par cette ouverture d’esprit même si d’après ce que j’ai vu d’lui, c’bien la seule ! J’attends surtout de lui qu’il traite ses alliés et donc nous comme ses égaux, pas comme ses sbires et ça, c’est pas gagné !

"Mate-moi tout ce luxe, s’il ouvrait une brocante, il ferait concurrence à cette nana de lettres que j’ai oublié son nom."

Allons bon, on arrive dans la salle de dojo, au milieu d’un combat de kendo. Deux gus équipé du matos intégral, à savoir le bogu qui veut dire "protecteur". Le casque avec sa grille, le plastron mais pas de véritable protection pour les bras ni d’épaulières. Les renforts latéraux, c’pour les faibles hein. Puis ils utilisent des sabres en bois ouais, avec de vraies armes, ça ferait tâche en faisant des tâches.

"V’la autre chose."

Dis-je entre mes dents à ma chérie alors qu’on est conviés à observer discrètement le duel. Notre arrivée et ce combat ne sont vraiment pas un hasard hein, n’a été conviés à admirer le maître des lieux dans ses œuvres.

"Hiroto c’le plus grand, c’est celui qui rétame l’autre."

Je ne sais pas qui est l’autre adversaire mais il encaisse les coups avec abnégation, sûrement un genre de sparring-partner. C’est pas compliqué, Hiroto est plus rapide et plus grand alors rien qu’avec son allonge, l’est plié le duel. C’est qu’il doit mesurer un mètre et quatre-vingt-dix centimètres le Hiroto. Ouais, c’est un géant au japon puis même ici l’air de rien mais encore plus au Japon. Et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq zéro.

Ca le fait plus mieux jusqu’à trois.

Je baille pendant le dernier échange tellement l’est prévisible.

"Je voudrais l’y voir contre des démons, ça serait pas le même trip."

Je pense que Hiroto m’a entendue mais pas grave, il sait que je dis ce que je pense et que je pense ce que dis, fin sans insulter mon interlocuteur, il ne faut pas déconner. Le duel fini, l’autre gus se retire dignement et donc en essayant de ne pas boiter et je salue Hiroto à la japonaise mais pas trop bas non plus hein. J’avais un intérêt assez fort, quasiment une passion pour la culture de ce pays jusqu’à ce que je me lasse que trop de nippons me crachent comme à la gueule parce qu’eux, ils sont japonais, ils sont de sang pur, la race supérieure. Pas étonnant que leurs militaires aient été cul et chemise avec Hitler, entre races supérieures on se comprend. Supérieurs mon cul ! Nous les américains, n’est pas supérieurs aux autres, c’est juste que c’nous les gentils et qu’à la fin c’nous qu’on gagne. Du coup je ne lui cause plus en japonais, n’est en Amérique hein.

"Hiroto, je vous présente Jessi, ange du Tout Puissant."

J’aurais bien ajouté qu’elle est ma moitié mais ce serait un tel affront à l’étiquette japonaise que même moi je ne le fais pas. On ne confond pas les affaires et ce qui relève du privé, puis ouais, Jessi n’est pas un trophée.

"Jessi, je te présente Hiroto Yagami, éminent dirigeant de la branche japonaise des gus de lettres au Japon, tout ce qui reste des pandoriens, d'ailleurs s'il n'est pas dissous, il faudrait genre voir à changer le nom parce que ça fait un bail que la boite a été ouverte."

Je n'ai pas dit par la faute à qui l'a été ouverte d'abord parce que ça ne serait pas poli, ensuite parce qu'ils le savent que c'est par la faute aux gus de lettres mais n'est là pour tourner la page, pas pour remuer le couteau dans la plaie sauf si Hiroto se la joue "je commande et vous obéissez". Alors là, dans ce cas, je me ferais une joie de non seulement remuer le couteau dans la plaie mais de la charcuter, la plaie, jusqu'à l'os, ben quoi, toujours de façon imagée.

"J’ai pratiqué le kendo, sauf votre respect tout ça, c’est tellement codé, c’est tellement ... Du kendo ... C’est quoi ça ?"

Dis-je en montrant du doigt un bogu posé pas discrètement sur une sorte de porte-armure, une tenue complète qui est visiblement faite pour une nana et dois-je préciser une nana de ma taille et de mon gabarit. Je n’aime pas ça, je n'aime vraiment pas du tout ça.

Aujourd'hui, j'accompagne Charlie afin de rencontrer Hiroto Yagami, chef de la branche japonaise des hommes de lettres. Ça fait un moment que je n'ai pas vu d'homme de lettres. En fait la dernière que j'ai croisé ignorait mon statut d'ange et moi qu'elle faisait partie de cette organisation, en plus elle m'avait collé un vent monumental que je n'oublierai pas de sitôt. Ce n'est donc pas dans de telles conditions qu'on aurait pu parler d'une alliance comme nous venions le faire ici et à cet instant avec le japonais. Je me met à rire lorsque ma tendre moitié me prévient de la rigidité de l'homme que nous venions voir, le comparant à mon frère. Jeliel donc, je vois pas de qui d'autre elle pourrait parler.

"Jeliel est … détendu, comparé à d'autres de mes frères et sœurs, tu peux me croire. Mais compris, j'essaierai de bien me tenir, bonnes manières et tout."

Répondis-je en continuant de rire. Puis c'est vrai, je ferai attention parce que l'habitude d'agir comme une humaine peut avoir la vie dure ! L'endroit est luxueux comme le fait remarquer Charlie, quant à la nana de lettres qu'elle mentionne, je crois qu'il s'agit de la même qui m'a ventilé bien fort et j'avoue ne plus me souvenir de son prénom non plus.

On nous escorte donc à travers la vaste demeure jusqu'à un dojo ou nous assistons à une démonstration de kendo. Charlie me désigne alors Hiroto, le plus grand donc. Beaucoup de gens ont cette vision assez pénible que les asiatiques sont forcément petits, jusqu'à ce qu'un chinois devienne l'homme le plus grand du monde pour leur prouver le contraire. En tout cas, la chasseuse n'est définitivement pas impressionnée par l'échange auquel nous assistions et je la comprends, c'est juste pas son truc quoi. Son intention n'étant pas d'être insultante bien évidemment.

"Enchantée Hiroto."

Dis-je en saluant l'homme poliment. Je ne commente pas l'utilité du kendo face à un démon pour la simple raison qu'ils ont raison tous les deux, ça ne serait pas franchement efficace. Le japonais corrige Charlie sur son statut de Pandoriens, à vrai dire, qu'il l'ai été ou non ne change pas grand chose. Nous savons les trois qu'ouvrir cette boite a été une énorme erreur.

Alors que l'homme propose à la jeune rousse de s'essayer à nouveau à l'art du kendo, il me demande ce que j'en pense. Comment dire que moi essayant de manier cette arme en bois, ça peut être dangereux, aussi dangereux que de filer un flingue à mon frère. Personne n'aime se faire tirer dessus par un allié, ben là c'est pareil.

"Houlà, non, pas pour moi, j'ai beau être un ange, je ne suis pas douée pour tout, loin de là ! Ceci dit, pour avoir vu Charlie en action, je peux vous assurer qu'elle possède toutes les qualités que vous venez de citer. Sa façon d'en faire preuve est peut-être simplement différente."

Charlie n'est pas japonaise après tout. Par contre je suis pas sûre que la direction que prenait cette rencontre plaisait à la chasseuse qui regardait le matériel de kendo d'un œil pas très enthousiaste.

C'est pour la bonne cause mon ange, pensai-je en lui adressant un sourire.

Ca m’amuse quand Jessi me dit que son frère est détendu par rapport à ses autres frères, en principe comment que j’aime pas le truc du "ça pourrait être pire" mais je connais un autre ange et l’est largement pire ouais. Fin connaître, c’est un grand mot, c’est une bonne chose qu’il ne squatte plus la maison de Mary et sa vie même si je n’aime pas qu’elle en souffre. Lui faudrait un mec à Mary, en fait lui faudrait une nana mais je ne vais pas verser dans l’hétérophobie.

Tant que ce n’est pas Bruce, Chris ou Tony.

Nous y voilà, j’ai présenté Jessi à Hiroto et vice versa, Hiroto à Jessi. On commence toujours par présenter la personne la plus importante donc c’était normal de commencer par présenter mon ange. Après, comme je ne cherche pas querelle à notre hôte, je lui ai rappelé l’erreur format XXL commise par les gus et les nanas de lettres, l’air de rien. Après tout, ils ont fait mine de s’allier aux anges avant de les trahir et de tenter d’utiliser le pouvoir de la boite, pouvoir qui leur échappé, à créé le démon aux yeux d’argent, les boites démoniaques et si les démons n’avaient pas fini par s’entretuer, ben ce serait l’Enfer sur terre maintenant. Quant au kendo, je n’ai dit que la vérité et si Hiroto est comme d’accord avec moi, il me traite de petite sauvage l’air de rien.

Je ne commente pas de suite ce que Hiroto il dit, laissant Jessi répondre au japonais. L’est enchantée de le rencontrer et me défend et je sais qu’elle ne dit pas ça pour me faire plaisir même si ça me fait plaisir. Et toc ! Puis son sourire me va droit au cœur, je sens bien qu’elle m’encourage. A moi et avec tact si possible. N’est reçues chez lui, on va causer lutte du Bien contre le Mal, c’est pas la maternelle avec ses chamailleries même si quelque part n’est dans le bac à sable de Dieu. Donc Hiroto me défie pour un duel l’air de rien, ça doit le démanger de me taper. Comme quelqu’un qui serrerait une main et en profiterait pour écraser ses phalanges, je me demande jusqu’à quel point il pourrait me faire mal.

On va voir ça.

"Sauf son respect, veuillez agréer mes sentiments distingués, m’est avis qu’il manque l'attention aux autres, la sincérité et la modestie à notre hôte. Ouais bon, finissons-en."

J’ai respecté Hiroto mais ça n’a pas été réciproque. Je le supporte davantage que l’ange à l’imper mais je me sens amère. Puis s’il est prêt à en découdre, ça n’est pas mon cas. Sur le terrain c’est différent mais je préférerais éviter de me faire un claquage. Je m’étire, je fais quelques sauts sur place et quelques pompes, une petite centaine puis j’enfile méthodiquement la tenue là à cet effet alors qu’on me dise pas "Pendant qu’on y est, si on se bastonnait ?" parce que ça serait pas crédible.

"Le Kenjutsu vise à blesser ou à tuer l'adversaire tandis que le Kendo consiste à marquer des points. Le kendo c’est la version édulcorée avec des interdits craignos comme ne pas sortir de la zone de combat, ne pas pousser l’adversaire hors de cette zone, ne pas le faire trébucher, ne pas porter de coups bas, ne pas faire de balayage, ne pas faire de roulade, ne pas pincer, ne pas mordre ..."

Le port du masque change un peu ma voix.

"... Et pas de coup de boule."

Pour moi le kendo c’est comme s’il y avait la fête de la saucisse sans saucisse, avec de la saucisse végétarienne quoi. Beurk. De quoi faire collapser tout allemand normalement constitué et puis moi. Zou, commençons la séance de masochisme, ouais pour moi. Je fais face au géant qui m’a l’air bien plus grand, on dirait David contre Goliath sauf que David a pu balancer des cailloux, le combat n’aurait pas eue la même issue sinon. On se salue. L’est grand et l’a de grands bras, c’est de la triche.

C’parti mon kiki.

Je dois exploiter une ouverture dans sa défense et ça nous fait au moins un point commun, n’a pas d’ouverture dans notre défense sauf que lui il peut en provoquer une alors qu’avec son allonge, je ne peux pas. Totalement sur la défensive, je lui tourne autour, lentement, patiemment en faisant des pas de coté, en me déplaçant latéralement quoi. Puis j’accélère pour le prendre de vitesse et je me retrouve dans son dos. J’attaque … Je rectifie, je fais mine d’attaquer parce que je me prends un coup de sabre sur la tête.

Aïe.

Le premier point pour lui, ça commence mal, il me faut une autre tactique, la contre-attaque. Ca va faire mal.

Spoiler:

Hiroto m’attaque, je contre ses attaques puis je contre-attaque au moment où je parviens à le faire vaciller sauf qu’il a semble-t-il fait mine de vaciller et c’est pas pareil. Ouais, c’est pas pareil dans le sens où sa contre-attaque baisse totalement ma défense juste assez pour qu’il me touche à nouveau !