Hayben Willet

Dans une ville côtière du Massachussets, des maisons se dressent à quelques mètres des rives et des bois qui arpentent le terrain parfois ascendant des alentours du quartier. Benjamin Willet vivait là depuis une vingtaine d'année, un peu forcé par la naissance de son fils et par l'insistance de sa femme qui rêvait d'une vie posée, loin des Motels ou des miteuses chambres d'hôtel. Mais obtenir un domicile familial ne suffisait pour retenir Benjamin Willet qui – comme bon nombre de ces Hommes – passait plus de temps à se mêler des affaires des autres, plutôt que de celle concernant sa propre famille. Lisabeth Willet avait beau comprendre les obligations qui justifiaient les longues absences et courtes présences de son mari, mais elle ne pouvait le supporter d'avantage.
A chaque retour du tant attendu père de famille, Benjamin s'efforçait d'ignorer quelques détails qu'il pouvait remarquer en reprenant place dans cette maison. D'ailleurs, il ne pouvait s'empêcher de se sentir tel un intrus sous ce toit, surtout lorsque le parfum d'un autre homme pourrissait son oreiller et que son fils ne lui prêtait pas plus d'attention que ça. Peut-être avait-il préféré un autre père. Ainsi, Benjamin Willet reprenait la route, rongé par la colère qu'il n'avait pu exprimer durant son séjour. Il se voulait compréhensif, se persuadant qu'il ne s'agissait-là que d'une déroute passagère...et avant tout, qu'il en était responsable.

Benjamin rencontra Sarah lors d'un arrêt dans un routier, le long de la route 17. Tous les clients fidèles à ce restaurant, connaissait Sarah – non pour ses qualités de serveuse – mais plutôt pour le plaisirs des yeux qu'elle leur offrait une fois le dos tourné. Benjamin revenait fréquemment dans ce restaurant, racontant qu'il n'y avait qu'ici pour manger la meilleur tarte à rhubarbe, puis quelques mois plus tard, il ne pouvait nier le fait que sa présence n'avait rien à voir avec les tartes, mais plutôt tout en rapport avec la jeune serveuse avec qui il fêtait leur retrouvaille à l'arrière d'une voiture.

Une violente dispute avait éclaté chez les Willet. Le couple avait finalement décidé de jouer carte sur table, déballant leur déboire et toute cette tension accumulé depuis des années. Après quelques verres, Benjamin répondait sans retenu aux réflexions de Sarah. Elle reconnaissait l'avoir trompé, et même avoir osé aimer d'avantage un autre homme que lui. Ce fut la première et dernière dispute dans ce couple,car au prochain retour de Benjamin, il ne restait plus rien de cette famille...seulement une maison dans laquelle résonnait le grésillement incessant de la télévision.

D'après le rapport de police qui avait été établit, le corps de Sarah Willet avait été retrouvé à deux endroits de la maison. Quant à l'enfant, on le retrouva sur le bord de route, à quelques miles du domicile. Personne ne su vraiment ce qui était arrivé chez les Willet. Après l'enterrement de Sarah, une pancarte ' A VENDRE' occupait le devant de maison. Pour ce qui était de Benjamin et de son fils, Hayben, ils retournèrent dans le Wisconsin, une petite ville proche de la route 41; Allenton. Là-bas, Benjamin confia son fils à son père qui habitait toujours dans cette vieille et même maison. L'odeur y était identique, même après toutes ces années, et sinon que dire du père de Benjamin...

- Alors, comme ça, tu te décides à laisser ton fils entre les mains de la personne que tu détestes le plus...
- J'ai pas vraiment le choix...
- Tu te souviens ce que tu m'as foutu dans les dents avant que tu te casses de la maison ?
- Et bien...la vérité ?
- T'es comme ta mère, tu n'as aucune honte...tu te ramènes, un mioche sous le bras, après toutes ces années. Et qui te dis que je vais accepter de garder ton gamin ?
- Il n'y est pour rien dans nos différents. Je te demande juste de le garder pendant que je m'absente. Je ferais vite et promis...après ça, tu n’entendras plus jamais parler de moi et de Hayben.

Benjamin n'avait qu'une parole et lorsqu'il retourna auprès de son fils, il tint la promesse qu'il avait alors fait à son père; ils quittèrent la demeure du vieil homme dont le caractère avait été rongé par le temps. Hayben n'avait guère échangé de paroles avec ce grand-père qui n'était pas attrait à la conversation, il préférait boire et certainement réfléchir à bon nombre de choses. Durant ce séjour, le jeune Hayben qui n'avait que huit à cette époque n'avait jamais su ce qui avait poussé son père à quitter son foyer familial, ni même ce qui était advenue du reste de sa famille. Car a en juger quelques photos poussiéreuse, Benjamin ne semblait pas être le seule enfant ayant vécu dans cette maison.
En s'éloignant de chez son père, Benjamin releva son regard jusqu'au rétroviseur, où se reflétait la silhouette d'un vieil homme qui observait au loin.
Hayben savait finalement très peu de chose sur son père, à vrai dire, il n'avait jamais eu l'occasion de prendre quelques minutes pour discuter, ne serait-ce que de la mort de Lisabeth Willet.
Leur aventure s'étendu ensuite jusqu'au comté de l'Utah.

Park City, une ville plantée là, au beau milieu des plaines encore enneigé à cette époque. Hayben s'était alors demandé où est-ce que son père allait encore le terrer, surtout lorsque des kilomètres de forêt défiler au travers la vitre de la voiture.

- Un ami nous prête sa maison, tu verras, c'est pas mal comme coin. Avait affirmé Benjamin en regardant la route blanchit par le gèle du matin même.

Effectivement, il n'y avait rien à redire sur cet endroit. La maison était grande, peut-être un peu trop au goût de Hayben qui s'attendait encore à passer le plus clair de son temps seul. Mais ce n'était pas sans connaître la grande décision de son père quelques mois plus tard. Benjamin se disait en avoir terminé avec la chasse, il jurait presque ne plus retoucher à une arme de sa vie. D'ailleurs, rien dans cette maison n'avait de lien avec le surnaturelle. Pas une arme n'était visible, pas un ouvrage ésotérique, seulement quelques gravures planqué derrière les tableaux. Benjamin tenait tout de même à maintenir quelques précautions sur la protection de cette maison et de ce qui restait de sa famille. Si Benjamin jurait ne plus se mêler des affaires sous lesquels gisait un Mal, il ne pu refuser l'aide que l'on lui demandait. Bien souvent, on lui confiait la garde d'enfants et ce pour une durée plus ou moins déterminée. Tous étaient enfants de chasseurs, tous étaient ici pendant que leurs parents cherchaient à fuir des choses qui dépasse l'entendement. Ainsi Hayben ne restait jamais seul dans cette maison, lorsque son père se devait de partir pour chercher d'avantage de monde, il confiait la garde à Hayben. Parfois seize, ou bien dix, ou encore cinq ou six, la maison semblait parfois bien insuffisamment grande pour contenir ce petit monde qui ne cessait d'aller et venir. Tout cela dépendait des périodes, mais qu'importait le nombre d'arrivée et de départ, puisqu'au final il restait toujours les mêmes en plus de Hayben. Trois enfants qui ne pouvaient repartir de cette maison puisqu'ils n'avaient plus de famille où aller.

Dylan, un an de moins que Hayben, ses parents l'avaient confié à Benjamin, le temps d'une chasse qui avait finalement mal tournée. Il vint ensuite Penny, deux ans de différence avec le premier, Benjamin l'avait récupéré pendant que sa mère cherchait une solution pour se débarrasser d'un chien de l'Enfer. Et le dernier, Timeo, le plus jeune, onze ans d'écart avec Penny, Timeo a survécu à une attaque de démons...une sacrée chance d'après Benjamin.

Même si ils étaient enfant de chasseur, ce n'est pas pour autant que Benjamin les encourageait à suivre la filière familiale, bien au contraire, il les éloignait de tout ce qui pouvait se reporter aux surnaturels. Le plus difficile à se faire à cette règle était sans aucun doute Dylan, malgré son jeune âge, il était le plus expérimentés des trois autres. Dylan tenait souvent tête au père de Hayben, il cherchait même à convaincre les autres que leur destinée n'était pas à rester bien sagement sous ce toit, mais à prendre les armes et chasser le Mal qui souillait cette Terre. Hayben n'a jamais suivi, même lorsque Dylan le provoquait en lui disant qu'il n'était qu'un 'trouillard', un 'fils à papa'.
C'est durant une nuit que Dylan s'en était allé. Certainement pour suivre sa fameuse 'destinée'. Benjamin avait remarqué son absence le matin même, après avoir découvert que la porte menant à la cave avait été décadenassée. C'est sans attendre que Benjamin prit la route, à la recherche de Dylan. Hayben se retrouvait donc responsable du reste de cette maison, pour quelques heures, puis finalement ce fut une année entière, sans revoir les personnes tant attendues.
Hayben ignorait où son père et Dylan avait filer, mais cela n'empêchait Penny à rester sans agir. Un matin, elle attendait le retour de Hayben qui avait conduit Timeo jusque l'école. Elle l'invitait vivement à l'accompagner jusque la cave, un endroit que Benjamin leur interdisait, mais en l'absence de ce dernier, Penny en avait profité.

Ce qu'ils découvraient dans cette cave était une sorte de pièce plongé dans la pénombre, faiblement éclairé par des néons menaçants d'éclater à tout moment. Des armes occupaient le dessus d'un établit, parmi les tournevis, les scies et les marteaux. Sur cette établit une carte de l'Etat épinglé sur laquelle avait été marqué des endroits, tous relié en un seul et unique point: Huntfield.

Un an, des tas de choses avaient pu leur être arrivé en un an. Penny ne cachait aucune de ses craintes, contrairement à Hayben qui faisait tout pour ne rien montrer, pensant peut-être que ce serait suffisant pour maintenir le calme dans cette maison.

- Hayben, tu dois te bouger. On doit les retrouver. Décidait Penny après être remonté de cette cave en compagnie d'Hayben. Mais ce dernier semblait encore hésitant à la décision qu'il fallait réellement prendre. Partir ? Peut-être que ce n'est pas ce qu'aurait souhaité Benjamin. Hayben n'avait cessé de se le demander, pour lui il devait seulement veiller sur Penny et Timeo. Ce n'est qu'au retour de Timeo que Hayben était enfin prêt à faire son choix.

- Ok...on y va...enfin, j'y vais. Vous, vous restez là. Aussitôt Penny s'apprêtait à revendiquer lorsque Hayben lui coupa la parole. Et si jamais ça craint là-bas ? Tu comptes emmener Timeo...non, faut que l'on reste prudent. Tu restes ici avec lui. Et son s'appel pour se tenir au courant...Penny ? Elle ne pu s'empêcher d'émettre un soupire, mais finalement elle acceptait la condition. Hayben attendit le lendemain matin pour partir à son tour. Quelques affaires en main, Timeo lui tendit un dessin, demandant à Hayben de le remettre au plus vite à Benjamin. Promis bonhomme...je reviens très vite, avec Benjamin et Dylan. Quant à Penny, elle tendit un revolver qu'elle admettait avoir pris au sous sol. Je...sympa, mais je sais pas utiliser ça. Avouait Hayben, remarquant l'air désespéré de Penny. Elle vint à placer l'arme dans sa poche avant d'enlacer Hayben. Arrête...on dirait que c'est la dernière fois qu'on se voit. Dit-il avec humour, un humour qui cachait certainement une vive appréhension. Convenant avec Penny de se contacter toutes les deux heures, Hayben leur indiquait aussi un vieux carnet sous le téléphone. En cas de soucis...appelez le premier de la liste. Et ensuite, appelez-moi. Compris ?

Hayben s'en allait dans le garage, retirant une bâche sous laquelle se cachait une vieille Mustang rouge. Une fois à bord, Hayben fit toussoter le moteur avec que ce dernier se décide enfin à gronder convenablement. Une chance pour Hayben qui n'aurait jamais cru que ce tas de ferraille fonctionnerait encore. La conduite maladroite, les deux mains serrant le volant, Hayben ne s'était encore jamais aventuré de la sorte. Il souhaitait alors bonne chance, dépassant les frontières de Park City. [/font]