III.01 - The Haunted Library

Evalenn se réveilla difficilement, ses paupières semblaient bien lourdes. Clignant des paupières, elle battit des cils pendant quelques secondes. Que se passait-il? Sortir des limbes et se réveiller dans le noir... dormait-elle encore? Elle se pinça pour vérifier et en convint qu'elle ne dormait pas. Elle était bien éveillé. Ce qui était d'autant plus effrayant... Que faisait-elle là? Elle était où exactement? 

Evalenn tenta de se remettre sur pied, percevant de la pierre froide sous ses paumes de main. Son corps semblait un peu alourdie. Avait-elle été droguée? Inquiète, elle se leva enfin et heurta quelque chose de dur avec son dos. C'est alors qu'un objet tomba sur le sol à ses pieds. Elle poussa un cri de surprise et fit un bon supplémentaire en arrière, heurtant de nouveau le machin dur, et un autre truc percuta le sol durement. Elle chercha dans sa poche son cellulaire, car des souvenirs horribles d'Égypte lui revinrent en tête... piégé dans le noir sous le labyrinthe de la pyramide, avec des scarabées carnivores grouillant dans le noir.

Elle trouva son téléphone et le brandit immédiatement vers ses pieds. La lumière lui montra, non pas une créature des horreurs, mais deux livres. Des livres? Evalenn se retourna et comprit. Depuis le début, elle heurtait une étagère, donc des livres avaient chutés. Elle brandit son téléphone autour d'elle. Des étagères pleins de bouquins, des tables pour ceux qui voulaient lire en paix dans la bibliothèque ou y travailler. Evalenn se passa la main dans ses cheveux. Elle ne se souvenait pas s'être endormie entre deux étagères récemment... c'était jamais arrivée d'ailleurs. Alors que diable foutait-elle là? Était-elle seulement à Huntfield? Elle n'en savait rien, mais chose certaine, cette bibliothèque lui rappelait aucun endroit connu.

Déterminée à connaitre la raison de sa présence, elle décida de farfouiller l'endroit. La batterie de son cellulaire était terriblement basse, mais elle pourrait en profiter encore pendant quelques minutes. Elle marcha donc, les sens aux aguets, guettant un bruit quelconque démontrant la présence d'une autre personne. Son souhait ne se réalisa pas sur le moment. Lorsque son cellulaire fit quelques ''BIP'' répétitifs avant de s'éteindre, elle perçut un bruit de pas.

Elle usa de ses sens de lycanthrope pour se diriger vers la personne qui marchait. Evalenn déboucha près d'un comptoir de prêt ou de retour de livre et distingua le souffle d'un être, mais l'odeur d'un lycanthrope. C'est alors que la lumière fusa, éclairant toute la pièce. Evalenn se baissa alors subitement pour se cacher derrière le comptoir. Les lumières étaient faiblardes et vacillantes, mais elle ignorait à qui elle avait affaire. C'est alors qu'une voix d'homme fusa, lui demandant si c'était elle qui était là. Logan?!

Evalenn sortie de sa cachette et fixa le loup-garou avec un sourire: '' Logan! Mon dieu... je suis contente de te voir! Je pensais être seule au début, jusqu'à ce que tu te mettes à marcher en fait. Tu sais ce qu'on fou ici dit-moi? ''

Evalenn était soulagée de ne pas se retrouver seule dans cet endroit mystérieux. La présence de Logan la rassurait. Disons que depuis plusieurs évènements effrayants dans sa vie, elle ne voulait plus rester seule. La présence de Brian avait su calmer ses ardeurs de tueuses et ses angoisses. Seule dans son ancien motel, elle avait commencé à avoir des penchants de meurtriers en séries, car la faim ressentie avait été trop grande pour qu'elle arrive à le gérer. Son état d'esprit en avait peut-être été la cause majeure au final. Au fond, elle ne le savait juste pas.

La jeune femme jeta un regard autour d'elle brièvement. L'endroit semblait poussiéreux, un peu trop à dire vrai. Avait-il seulement servi récemment? Disons qu'elle commençait à en douter. Les nombreuses toiles d'araignées visibles, les vieux plafonniers et mottes de poussières au sol parlaient d'eux-mêmes.

C'est alors que Logan répondit négativement à sa question. Il affirmait d'ailleurs avoir le mauvais pressentiment qu'il lui manquait des souvenirs et qu'il trouvait l'endroit vraiment bizarre. Evalenn plissa le front et répondit: '' C'est étrange... j'ai le même sentiment. Comme si mon cerveau était embrumé. En me réveillant, je me sentais comme.. alourdie. Aurions-nous été drogué? Ce qui m'inquiète, en plus de me trouver ici, je ne me rappelle même pas où j'étais... je ne sais même pas quel est mon dernier souvenir le plus récent! Ni ça fait combien de temps qu'on dormait dans cet endroit. As-tu un dernier souvenir toi? ''

Evalenn le regardait avec un brin d'espoir. Peut-être ne souffrait-il pas exactement des mêmes symptômes qu'elle. C'est alors qu'il afficha une drôle de mine, et lui avoua qu'enfant, il avait regardé un film qu'il n'aurait pas dû et qu'il en avait fait de longs cauchemars. Hors, ces cauchemars, le lieu, le contexte, était le même que maintenant. Exactement pareil, sauf sa présence à elle. Son aveu fit peur à la jeune femme, un frisson d'angoisse lui traversa l'échine. Ce n'était pas rassurant du tout. Comme pour rajouter un effet plus terrible encore à la situation, quand Logan marmonna qu'il avait soudain un mauvais pressentiment, une dizaine de livres furent jetés dans leur direction. Le loup-garou, vif comme l'éclair, l'empoigna et la baissa au sol juste à temps. Les livres allèrent s'écraser plus loin, heurtant au passage des vieilles lampes disposés sur quelques tables.

Éberlué, Evalenn releva la tête et fixait l'endroit d'où avait été projetés les livres. Personne n'était là. Aucun être ''vivant'' du moins, autrement, tous les deux auraient perçus une odeur. Logan ajouta alors que même les détails de son rêve semblait se produire. Evalenn tourna la tête vers lui: '' Attend... ça aussi c'était dans ton rêve? Comment ça peut être possible? On dort ou quoi? ''

Evalenn se releva en tremblant. Était-ce une répétition du fameux Andras d'Halloween? De l'épisode d'horreur de Noël? Ou bien une espèce de malchance horrible comme Pâques?

- C'est quoi cette ville de fou! Peu importe ce qu'on fait, peu importe où on se trouve, on se fait piéger!, Evalenn leva la tête et fixa un coin sombre au hasard devant elle et cria: '' Allez montre toi! Viens nous affronter en face espèce de...! ''

Elle ne termina pas sa phrase que l'ampoule de la lumière du plafond, au-dessus de leur tête, éclata en plusieurs tessons de verre. Les deux lumières suivantes à proximité subirent le même sort et Evalenn se prit de plein fouet une table, sortie d'un coin quelconque de la pièce, en plein dans le dos. Elle atterrit durement face contre le plancher, la table écrasé sur elle. C'est alors qu'elle entendit un rire glacé, ressemblant à celui d'une femme, retentir dans l'air. Evalenn, bien que blessée, se recroquevilla de peur. Que se passait-il donc?

Entre le sommeil et l'éveil, j'aurais certainement préféré la toute première hypothèse, car le fait d'être plongé dans cette réalité ressemblant un peu trop à mon cauchemar d'enfance me perturbait énormément. C'était si fort que je n'arrêtais pas de douter de la justesse de ce que je voyais autour de moi, et cela allait sans doute continuer de cette façon tant que je ne retrouvais pas les souvenirs qui me manquaient. Sans eux, j'étais en effet incapable de résoudre les mystères concernant ma venue dans ce lieu, qui n'allait au final n'être qu'un puzzle incomplet. Le plus étrange dans tout cela était que je n'étais pas le seul à avoir l'impression que quelque chose me manquait. Evalenn était atteinte du même problème, et se trouvait d'ailleurs incapable de se rappeler quel était son dernier souvenir avant son réveil dans cette bibliothèque. Nous étions tous les deux perdus, de la même façon, et ce fait n'arrivait qu'à agrandir la mesure de mon trouble, un égarement qui n'allait certainement pas trouver de terme tout de suite.

- Je ne sais vraiment pas ce qui s'est passé avant mon réveil dans cet endroit, pourtant je le souhaiterai vraiment. Il y a une sorte de voile...qui cache mes derniers souvenirs, et je n'arrive pas à le faire disparaître. Ce qui nous est arrivé, à tous les deux, nous a plongés dans une sorte de trou noir et... dis-je avant d'interrompre tout d'un coup mon discours. Je venais en effet de comprendre quelque chose d'un peu gênant. Oh non...j'ai du mal à y croire...ça aussi c'était dans mon cauchemar...

Tout ressemblait de plus en plus à mon cauchemar d'enfance, et je n'aimais pas cela du tout. D'ailleurs, c'était à cause de ces côtés bien trop identiques que j'avais pu détecter le lancer de livres avant qu'il ne percute la tête d'Evalenn. La clé de notre évasion était peut-être cachée dans les cauchemars de mon enfance.

- C'est impossible tout ça. Tout est vrai...mais tout ressemble à mon cauchemar.

La bibliothèque était aussi hantée que dans les cauchemars de mon enfance, rendant mes souvenirs un peu trop identiques avec ce qu'on vivait aujourd'hui. C'était un cauchemar, un peu trop réel...

Quand Evalenn se mit à crier, un nouveau côté identique se manifesta. Trois ampoules se brisèrent, toutes seules. Une table se déplaça d'elle-même pour percuter Evalenn, en plein dans le dos. On pouvait également reconnaître le rire glacé d'une femme.

J'allais m'approcher d'Evalenn, pour m'assurer qu'elle allait bien, mais quelque chose m'en empêcha. Un bureau, carrément, se déplaça pour me bloquer contre un mur. J'avais beau tout faire pour le déplacer, rien ne fonctionnait. Elle était comme bloquée pour exercer cette pression contre moi et me maintenir contre le mur. Cela me faisait un mal de chien...en plus.

- Bouge...pitié...tu me fais mal...

Je continuais mes efforts pour pousser ce fichu bureau, mais il refusait vraiment de céder. J'étais coincé contre le mur.

- Evalenn...? Tout va bien...?

Je redoublais d'efforts pour pousser le bureau. Ce dernier ne cédait toujours pas et osait même m'écraser encore davantage.

- Arrête...

Après bon nombre d'efforts, le bureau céda enfin, mais j'avais tellement forcé pour la pousser que ma chute fut en quelque sorte inévitable. Je m'étalais alors sur le sol, avec beaucoup de difficultés pour me relever.

- Notre présence...elle a l'air indésirable. Il faut vraiment qu'on sorte d'ici...

Pour sortir, je devais me rappeler de la fin de ce cauchemar d'enfance, mais ce voile couvrant mes souvenirs ne m'aidait pas dans mes recherches. J'étais comme incapable de réfléchir...alors que notre situation était réellement effrayante. Si tout continuait d'être aussi identique à mon cauchemar du passé, tout risquait de très mal se terminer...

Evalenn avoua à Logan son impression d'avoir quelque chose de qui manquait à son esprit. Ses derniers souvenirs, quels étaient-ils? Il lui avoua ne pas plus savoir qu'elle quels étaient ses derniers moment avant d'atterrir ''ici''. La jeune femme fût parcourur d'un frisson vraiment désagréable. Rien de tout ça n'augurait rien de bon. Il y avait visiblement un gros problème, mais tous deux ne savaient pas à quoi s'attendre... enfin, hormis Logan. Puisque ce dernier marmonna avec gêne qu'encore une fois, tout ressemblait à son cauchemar, même chose pour les livres lancées à travers la pièce. Evalenn commençait à paniquer. Si tout était comme dans son cauchemar à lui, il devait avoir la clé de sortie dans sa tête non? Logiquement, oui... mais si tout comme elle il avait de gros blancs de mémoire, alors tous deux allaient être coincés longtemps ici... mais jusqu'à quand? Jusqu'à ce que la mort devienne la sortie inévitable de cet endroit? 

Evalenn frustrée et de plus en plus terrifié, lança un appel à l'être invisble, lui intimant de se montrer. Ce fût le branle-bas de combat en moins de quelques secondes. Des ampoules explosèrent, elle reçut une table dans le dos, elle entendit Logan manifester haut et fort qu'il avait mal, et elle entendit finalement un rire glacial. Evalenn se recroquevilla sous la table, n'osant pas bouger sur le moment pour éviter de se faire faire encore plus mal. 

Elle entendit alors Logan ordonner à quelque chose d'arrêter, puis elle l'entendit forcer comme un diable, jusqu'à ce qu'un bruit sourd se fasse entendre. Visiblement, il avait chuté. Il lui avait demandé comment elle allait, mais sur le coup elle n'avait pas osé répondre. Maintenant qu'elle l'avait entendu tomber, la jeune femme trouva le courage de se dégager pour vérifier si lui aussi allait bien. En écartant la table de son dos, elle aperçut Logan en train de se remettre sur pied et mentionner qu'il ne savait pas comment sortir de là, mais qu'il fallait trouver LE moyen rapidement, car leur présence était vraiment indésiré en ces lieux. 

Evalenn réussit à son tour à se remettre debout, un filet de sang coulant du côté gauche de son visage, aveuglant son oeil par la même occasion. Elle s'avança vers le chasseur en boitillant légèrement, s'étant blessée dans sa chute et lui saisit l'épaule pour s'aider à rester debout, mais aussi pour se sentir un peu plus en sécurité.

- Tu ne te rappelles vraiment pas comment ton cauchemar s'est terminé? Le moyen de sortie? Même pas une minuscule piste pour nous aider? Je t'en prie Logan... essaie de te rappeler., dit-elle d'un ton suppliant.

Evalenn regarda par-dessus son épaule, ayant crût entendre pendant quelques secondes un crissement sur le plancher. Elle fixa l'endroit attentivement, puis soudain, la pièce sembla se glacer. Sa main se serra plus fortement sur l'épaule du loup-garou et de son autre oeil, elle guettait le moindre mouvement. C'est alors que, sans prévenir, toutes les lumières s'éteignirent en même temps et un hurlement à glacer le sang retentit dans les profondeurs de toute noirceur.

Cette bibliothèque hantée nous percevait clairement comme deux êtres indésirables, à la vue du calvaire qu'elle nous faisait subir. Rien que parce que nous étions là, elle souhaitait nous voir souffrir et surtout nous provoquer la peur de notre vie. Pourtant, tout nous empêchait de sortir, entre le voile dissimulant nos souvenirs et ces fameux objets de la bibliothèque bougeant tous seuls. Le cauchemar de mon enfance avait été recrée dans les moindres détails, pour une raison que je ne parvenais malheureusement pas à comprendre. Le simple fait de m'en souvenir permettrait notre évasion de la bibliothèque, mais le voile m'empêchait d'accepter à la pièce manquante du puzzle. Le temps que cela revienne, le manège pouvait continuait, nous prenant Evalenn et moi-même pour ses victimes. La situation était évidemment désastreuse et pourrait effrayer n'importe qui mais, à ma grande surprise, ce n'était pas ce sentiment qui me gênait le plus, car j'avais vaincu ma peur depuis l'enfance. C'était en vérité le fait que le tout soit une reproduction si parfaite du cauchemar de mon enfance qui m'handicapait le plus. Tout était identique, dans les moindres détails, ce qui était à mes yeux impossibles.

Chaque événement était chronométré, ressemblant trait pour trait à ce dont je me rappelais. Le lancer de livres était placé exactement là où je l'avais vu, et il en était de même pour les tables, les ampoules...et certainement tout le reste, jusqu'à cette fin dont je ne parvenais pas à me rappeler. J'avais beau réfléchir et secouer mes méninges jusqu'à l'extrême, rien ne me revenait. Même ce détail avait du être prévu pour que nous puissions rester ici un moment...sans espoir d'évasion. Il était juste impossible pour moi de me rappeler de la fin de ce terrible cauchemar. Pourtant, cet effort miraculeux nous sauverait...

Evalenn revint vers moi, après s'être dégagée de la table qui l'avait blessée, et pris appui sur mon épaule. Elle aimerait évidemment que je puisse me rappeler de la fin de mon cauchemar, mais je n'y arrivais pas, même si j'y mettais tout mon coeur.

- J'y arrive pas...j'essaye de tout faire pour cela pourtant...c'est comme si quelque chose m'empêchait de me rappeler de la fin de l'histoire...

Même si je ne me rappelais pas de la fin de mon cauchemar, je pouvais quand même deviner que l'issue ne devait pas forcément être joyeuse, car la scène était tirée d'un film d'horreur à la base, et ce genre de film n'était jamais rempli de scènes comiques. Un grand danger pesait sur la tête d'Evalenn ainsi que la mienne. Il fallait quitter la bibliothèque, mais il fallait pour cela dépasser tous les handicaps, sans exception, ce qui allait être très compliqué.

- On va y arriver, on va s'en sortir...je te le promets.

J'osais faire une promesse oui, car il était clairement hors de question qu'on moisisse dans cette bibliothèque. J'allais tout faire pour effacer ce voile, me rappeler de la fin, et enfin permettre notre évasion. Il le fallait...

Peu après ma promesse, trois nouveautés apparurent dans la bibliothèque entre la glaciation du plancher, l'extinction des lumières et enfin ce hurlement, une voix féminine. Tout s'accélérait...je n'aimais pas ça du tout.

- Evalenn, il faut avancer...accroche-toi...

Je la soutenais, le temps d'avancer et d'arriver à l'avant de la pièce. Je ne savais pas pour quelle raison, mais quelque chose m'avait convaincu qu'il fallait avancer. Peut-être que les souvenirs revenaient peu à peu. Je sortis mon téléphone de ma poche, qui avait par chance encore un peu de batterie pour utiliser la fonction torche.

- Il y a forcément une sortie, sauf qu'on ne la voit pas. Tout a été bouché de telle sorte à nous embrouiller et augmenter le côté effrayant de notre situation. Il faut dépasser ce handicap, et chercher...là où la bibliothèque ne veut pas qu'on se mette à chercher. Attends...ça me revient...c'est... commençais-je à dire avant d'être interrompu par un nouveau cri, féminin cette fois. Je ne pus pas finir ma phrase que je fus comme attrapé par une présence invisible et jeté au loin. Mon corps atterrit sur le sol, mais ma tête n'avait pas raté le bureau qui m'avait bloqué tout à l'heure. Ce dernier se mit d'ailleurs une nouvelle fois à bouger, mais son mouvement fut trop rapide pour que je l'anticipe. Il finit par se bloquer, contre le mur, m'emprisonnant dans le maigre espace, celui qui servait normalement à déposer les jambes, sauf que moi mon corps entier s'y trouvait. J'étais donc un peu trop confiné et étourdi par le choc.

Evalenn s'accrochait à Logan comme à une bouée de sauvetage, étant complètement désamparé par la situation. Elle lui intima de se rappeler son cauchemar, n'importe quel détail qui pourrait leur venir en aide à tous les deux. Pourtant, rien n'y faisait. Logan n'arrivait pas à se rappeler quoi que ce soit, les souvenirs ayant l'air de lui revenir à chaque fois qu'un truc mauvais se produisait.

- C'est comme si quelqu'un...ou quelque chose contrôlait ton esprit, murmura-t-elle, autrement, tu arriverais à te rappeler les détails AVANT qu'ils ne se produisent et non pas juste après...

Logan tenta visiblement de la rassurer, ou de se rassurer lui-même peut-être aussi par la même occasion, en lui promettant qu'ils allaient s'en sortir. Evalenn allait lui dire quelque chose lorsque les lumières s'éteignirent et qu'un hurlement à glacer le sang retentit. Elle pouvait sentir son souffle se glacer, et elle perçut légèrement la buée de leur respiration dans le noir. Logan se saisit d'elle et lui intima d'avancer, l'aidant à traverses la pièce tant bien que mal. Sa cheville lui faisait mal pour le moment, mais n'étant pas humaine, elle savait que ce serait réglée d'ici quelques heures.

Logan sortie son téléphone et utilisa la fonction torche. Enfin un peu de lumière! C'est alors qu'il proposa de chercher la sortie de cet endroit là où la bibliothèque, ou du moins la ''chose'' qui les maintenait là, ne s'attendait pas à ce qu'ils la cherchent là.

- C'est complètement illogique! Comment veux-tu..., dit Evalenn rapidement avant que Logan ne lui soit arraché avec une force surnaturelle en même tant que le hurlement de tout à l'heure retentissait de nouveau avec force. Étant accroché à lui, elle fit un vol plané à travers la pièce et atterrit lourdement dans une étagère. Elle protégea de justesse sa tête lorsqu'une pluie de bouquins s'abattit sur elle.

À peine les derniers livres tombèrent-ils, qu'une force glacée se saisit de sa cheville blessée et la traina hors de là, puis à travers pièce. Evalenn se débattit contre la chose invisible en laissant échapper des cris de rage. Finalement, la chose la lâcha et un silence s’abattit. C'est alors qu'elle entendit la respiration hâché de son ami: '' Logan...?aaaaaaaaahhhhhhhh! ''

Et termina sa phrase dans un hurlement de douleur lorsqu'elle sentie sa cheville se briser soudainement. Un piédestal servant à tenir la tête d'une statuette d'un personnage quelconque, venait de s'abattre sur sa cheville. Evalenn hurla, mais elle se sentit agrippé par les cheveux. Elle se fit trainer sur quelques mètres, puis vint à nouveau un vol plané. Cette fois, son dos heurta la rambarde de pierre du deuxième étage de la bibliothèque et elle tomba face première sur le ventre, en équilibre précaire sur le dessus d'une bibliothèque. La distance qui la séparait du sol était de plusieurs mètres, mais de son endroit au moins, elle avait obtenu une certaine sécurité. Elle ignorait toutefois si une des échelles utilisées pour atteindre les étagères les plus hautes de ces bibliothèques étaient ou non, accoté au meuble en question. Elle espérait que oui, parce qu'avec sa cheville, l'atterrissage réduirait en bouillie son genou. Elle ravala ses gémissements et ses larmes et se concentra sur les sons environnant.

Elle entendait la respiration plus que laborieuse de Logan, comme s'il était écrasé contre un truc et elle entendait quelque chose avancer sur le sol... cela faisait un son de raclements, mais elle ne saurait identifier la créature. Elle avait besoin de voir, et malheureusement, il faisait aussi noir que dans un four.

La mesure de mon confinement actuel ne devint claire qu'au bout de trente secondes passées en étant coincé sous l'espace ridicule offert par ce bureau, ce qui correspondait au temps nécessaire à mon crâne pour se remettre du choc. J'étais en possession de tous mes moyens mais ce n'était pas forcément une bonne chose. Si je me sentais actuellement aussi mal, c'était parce que je me rendais compte de tout. Ainsi, l'inconfort entraîné par cette quasi-absence d'espace vital faisait encore plus de dégâts sur mon organisme. Ma respiration était devenue très laborieuse. En même temps, il était très compliqué de trouver de l'air quand le corps comblait quasiment tout l'espace offert par le bureau.

Évidemment, je tentais de tout faire pour pousser le bureau, en y mettant toutes mes forces, mais rien ne fonctionnait. Je ne pouvais rien faire pour mettre fin à mon emprisonnement. Que je le veuille ou non, j'étais coincé là-dessous et je devais conserver mon calme à tout prix, même si c'était un objectif hors d'atteinte.

- Bouge pitié...bouge... dis-je en continuant de tenter de pousser ce bureau mais mes efforts restaient vains. Le pire dans la situation était que le téléphone était resté avec moi. Avec mon expulsion, Evalenn était dans le noir, et j'avais peur pour elle, peur de ce qui pourrait lui arriver dans cette obscurité persistante. Je voudrais pouvoir lui venir en aide...faire quelque chose...mais la bibliothèque ne voulait pas me laisser faire. Peut-être avait-elle compris que la fin de mon rêve m'était revenu en mémoire, et que je savais où était dissimulée la sortie, ce qui me rendait forcément menaçant pour son petit jeu de torture.

De ce qui se passa en dehors de ma position, je n'en eus qu'une perception sonore, entre les cris, les chocs, et les paroles d'Evalenn. Tout m'incitait à sortir de là, mais je ne pouvais rien faire contre ce bureau. Peu importe ce qui se passait dans la bibliothèque et ce qui faisait souffrir Evalenn, elle devait le subir toute seule...sans aide.

À ce moment-là, j'entendis ce son étrange, comme des raclements montrant qu'une chose avançait sous le sol. Ce bruit allait tout droit vers Evalenn. Il était hors de question qu'elle souffre encore.

J'eus alors une idée étrange. Je sortis mon téléphone, pour naviguer parmi les sonneries. Si cette chose était réelle, peut-être que les bruits allaient pouvoir l'influencer et la faire venir vers moi plutôt que vers elle. Pour tester ma théorie, je choisis évidemment la plus bruyante des sonneries, histoire de bien attirer son attention. Étrangement, mon idée fonctionna. Le bruit de raclements se dirigeait désormais clairement vers moi, toujours coincé sous ce bureau. Au moins, la chose allait laisser Evalenn tranquille et se défouler sur quelqu'un d'autre.

Quand elle arriva sous le bureau, à mon exact localisation, je ressentis une sorte de secousse plutôt violente, qui étrangement ne porta pas atteinte à la solidité du bureau, toujours intact, mais seulement à moi. Secoué, dans tous les sens, je reçus plusieurs coups, en plus de ne plus réellement savoir comment respirer. La combinaison des deux entraîna mon inconscience, alors que mon téléphone émettait toujours le bruit de cette sonnerie que j'avais pris pour jouer l'appât. Le raclement au sol quant à lui s'était arrêté, comme si la chose avait pris la fuite, sans doute la seule bonne note de cet instant.

Spoiler:

Evalenn était à plat ventre sur le dessus de la bibliothèque, fixant de toute ses forces l'obscurité ambiante. Où était passé Logan? Elle entendait la créature non identifiée avancer, elle qui faisait un son terrible de raclements sur le sol. C'est alors que, une musique sonore retentit. Evalenn dressa l'oreille et tourna sa tête en direction de l'endroit où provenait le son. Qu'est-ce que le loup-garou faisait? Evalenn se rendit alors compte que la créature avait cessé de se déplacer dans sa direction. Elle l'entendait désormais s'éloigner... en direction de Logan!

- Eh merde!, murmura-t-elle vivement avant de reculer sur le ventre. Elle avait conscience de ramasser la poussière, mais elle s'en foutait. L'important, était de sortir Logan de sa mauvaise position. À force de reculer et de chercher rapidement avec ses mains à tâtons, Evalenn finit par localiser une échelle. Elle se déplaça le plus vite qu'elle pu, agrippa l'échelle fermement avec sa main et se mit activement à la tâche. Pied après pied, elle descendait sur l'échelle en direction du sol malgré la douleur lancinante à la cheville. Lorsqu'elle atteint le plancher, des larmes de douleurs coulaient sur ses joues tant elle avait mal. Elle boitilla en direction des sons, ne sachant trop ce qu'elle allait faire au final...

Toutefois, avec tous les indices, elle pensait fermement avoir affaire à un spectre quelconque. De ce fait, elle avait besoin d'éloigner la chose avec un objet en fer. Chose plutôt simple en soi. Ils étaient dans un vieil édifice, et Evalenn avait repéré quelques objets antiques faisant la décoration. Les objets antiques étaient fabriqués dans de vieux matériaux la plupart du temps. C'est pourquoi la jeune femme se dirigea en boitillant vers un vase apposé sur l'étagère d'une bibliothèque qu'elle avait remarqué plus tôt. Elle se dirigea à peu près vers l'endroit, prit le vase entre ses mains et se tourna en direction de l'endroit où le spectre se trouvait. Elle savait que la chose avait atteint Logan, puisque malgré la sonnerie assourdissante du téléphone, elle l'entendait pousser quelques gémissements de douleur. Décidé à agir, la jeune femme balança l'objet en direction de la créature, et la chose ne fit plus un son.

Evalenn avança aussi rapidement qu'elle le pouvait, atteignit un meuble et tira dessus vivement. Elle se pencha, ramassa le téléphone et l'éteignit. Elle tendit la main au hasard et sentie sous ses doigts des cheveux. Elle s'avança et saisit les épaules de Logan d'une main ferme, espérant qu'il était toujours en ''bon état'': '' Ok Logan... que dirais-tu que nous sortions d'ici? '', dit-elle en essayant de l'aider à se mettre debout.

- Oh ma tête... dis-je, un peu étourdi, en passant ma main sur mon front.

À peine venais-je d'ouvrir mes yeux que mon crâne commençait déjà à être secoué par une intense migraine, résultat des multiples secousses provoquées par la chose inconnue planquée sous le sol. À présent, le confinement sous le bureau n'était désormais qu'un lointain souvenir, car Evalenn venait d'y mettre un terme, me laissant enfin la chance de respirer correctement. Même si un étourdissement flagrant m'atteignait encore, je devais à tout prix l'éclipser, car il fallait vraiment sortir d'ici, tant que rien ne nous en empêchait. Maintenant que la solution de l'énigme était revenue dans ma mémoire, autant en profiter tant que la chose de la bibliothèque ne cherchait plus à nous faire du mal.

Evalenn m'aida, afin de me remettre debout, avant que je ne me remette à parler.

- J'ai compris comment sortir d'ici...la mémoire m'est revenue... dis-je avant d'ajouter ceci : Utilise-moi comme appui...je vais t'aider à avancer.

Même si j'étais pas mal étourdi par les coups reçus par ma tête, je pouvais quand même avancer à peu près correctement, alors je pouvais servir d'appui à Evalenn, surtout que nous n'avions heureusement pas besoin d'avancer énormément.

- Quand j'ai marché dans la bibliothèque, avant de te retrouver, j'ai vu quasiment tous les rayons, sauf un... Je l'ai pourtant cherché, mais je ne l'ai pas trouvé. Le rayon disparu dans mon cauchemar était celui des romans policiers, et je ne l'ai pas croisé pendant ma marche... Si le cauchemar ressemble autant à ce qu'on vit, la sortie doit être derrière le rayon des romans policiers... Normalement, si je me fie à ce dont je me rappelle, il est...

Je m'arrêtais soudainement de marcher, avant de pointer le bordel présent juste devant mes yeux. Il y avait deux tables superposées en position verticale, histoire de cacher le rayon. N'importe qui préoccupé par ses peurs aurait pu rater ce détail. Je me séparais d'Evalenn un bref instant pour écarter les deux tables et vérifier ma théorie. Le rayon était effectivement là, et on pouvait apercevoir quelques morceaux laissant deviner une porte

- Là...il est juste là...le fameux rayon.

Il fallait profiter de cette opportunité visible d'évasion. La chose qui voulait tant nous faire du mal au départ semblait ne plus s'intéresser à nous pour le moment.

- Il faut juste le pousser...espérer que la porte soit ouverte...et normalement on est libres...

Il fallait en effet espérer que la porte soit ouverte parce que si la chose de la bibliothèque la maintenait fermée comme elle parvenait à bloquer des choses pour que même notre force de loup-garou ne puisse pas les déplacer...on n'allait pas être sortis d'affaire tout de suite. J'avais d'ailleurs un peu peur que cette hypothèse se révèle être exacte. Je n'aimerais pas trop cela si c'était le cas.

- Je le pousse...bouge pas...

Je me chargeais de pousser le rayon, afin de pouvoir enfin dégager la porte. Cette action prit un peu de temps, car le rayon était quand même garni de romans, et que j'étais le seul à le bouger, mais je pus quand même le faire. Il fallait remercier la lycanthropie pour ce succès.

Maintenant, il fallait tenter d'ouvrir la porte, ce que je fis juste après m'être débarrassé du rayon. La porte ne voulait bien évidemment rien savoir. Elle était fermée, mais je n'avais pas dit mon dernier mot.

- Oh non...tu as intérêt à t'ouvrir saloperie de porte !

Et là, j'y mis toute ma force pour la défoncer. Ce n'était pas cette vulgaire entrée qui allait nous bloquer dans ce lieu de cauchemar quand même !

La porte s'ouvrit, du premier coup, mais j'y étais allé tellement fort pour la défoncer que mon action me fit chuter assez durement en avant, comme si j'étais jeté hors de la bibliothèque, tel un indésirable.

Spoiler:

Evalenn aida Logan à se lever. Celui-ci avait mal à la tête, mais ça se comprenait parfaitement vu ce qu'il avait enduré de son côté. Disons seulement que la créature n'avait pas été très accueillante de prime abord et qu'elle avait été très sauvage avec eux deux. Une fois debout, le lycanthrope lui dit pour son plus grand bonheur qu'il savait où se trouvait la sortie, qu'il s'en rappelait maintenant. Enfin une bonne nouvelle! Il ajouta d'ailleurs qu'elle pouvait s'appuyer sur lui pour marcher. Evalenn accepta et elle s'appuya sur lui. C'était dur à admettre, mais elle n'arrivait pas vraiment à marcher seule pour une rare fois dans sa vie.... Au moins, elle n'était pas seule livrée à un ennemi. Elle avait un ami à ses côtés.

Tous deux marchèrent lentement et pendant ce temps, Logan lui expliqua les détails manquant de son cauchemar. Qu'il y avait une sortie, le rayon des romans policiers. Hors, qu'à son entrée plus tôt, il n'avait pas remarqué le rayon. Probablement bloqué exprès par la créature? Bref, mais que si tout était identique à son cauchemar, la sortie serait là où il disait qu'elle était.

Effectivement, rendu à un endroit où il y avait un enchevêtrement de tables et d'objets de toute sorte, on pouvait distinguer une porte. C'était comprenable que les deux aient passés à côté sans la voir! Elle n'était pas évidente à distinguer du tout. Logan l'a lâcha pour aller pousser les objets et faire de la place pour être en mesure d'atteindre la porte. Evalenn attendit patiemment, se maudissant de ne pas pouvoir l'aider. Puis enfin, il accéda à la porte. La jeune femme laissa échapper une exclamation de joie. Ils y étaient, enfin!

C'est alors que le lycanthrope rencontra des difficultés pour ouvrir la porte. Il poussa de toute ses forces, conversant à la porte, pour lui faire savoir qu'elle allait s'ouvrir, qu'il n'était pas question qu'elle reste fermé. Finalement, la porte s'ouvrit et Evalenn laissa échapper un hoquet d'horreur au même moment. Dès que la porte s'ouvrit, un truc translucide apparût derrière Logan et le poussa dehors. La chose se dirigea vers elle ensuite et Evalenn tenta de reculer, mais elle lâcha un crie de douleur dès qu'elle prit appuie sur sa cheville brisée.

La créature se saisie d'elle par l'arrière de son gilet et la traina avec une force surnaturelle vers l'embrasure de la porte, puis la ''jeta'' sans aucune douceur sur le bitume. Elle atterrie face contre terre sur le bitume, puis elle entendit la porte de la bibliothèque claquer sèchement. Elle se retourna sur le dos, appuyé sur ses coudes et fixa d'un air interdit la porte fermé. Elle tourna son regard vers Logan qui lui aussi semblait un peu secoué.

Puis, Evalenn éclata de rire. Ce fût soudain et bref, mais c'était ses nerfs qui lâchaient. Elle se laissa ensuite aller contre le sol, fixant le ciel d'un air ravie. Ils étaient vivants et sortie de cet endroit de fou. Finalement, elle reprit contenance et s'assit tout en regardant autour d'elle.

- Logan... je ne sais pas où on est là... mais on est pas à Huntfield c'est certain!, dit Evalenn en regardant d'un air désolé la rue peu achalandé. Sauf erreur de ma part, soit on est dans une mini ville, soit c'est un village.... On devrait... laisser cet endroit derrière nous, dit-elle en pointant la porte close, et aller chercher de l'aide, dit-elle en pointant cette fois un bureau de poste.