III.01 Nouveau boss

Xiél avait chaud à cet instant, comme si elle ne pouvait tout simplement plus contenir le sentiment d’envie que provoquait Ben sur elle. Il lui était déjà arrivée de se retrouve dans cet état là lorsqu’elle était plus jeune et qu’elle n’était qu’une boule d’hormone incontrôlée, mais avec l’âge ces choses passent tout comme ses rêves d’enfants de devenir une grande danseuse connue ou de se marier avec le héros d’un film connu qui est le mélange parfait du courage et de la bonté. Elle se sentait maintenant comme une adolescente qui malgré sa beauté se sent mal dans son corps, qui quelques années auparavant n’intéressait personne et qui à présent rendait fou la plupart des garçons de son âge. Elle était gênée par ses sentiments si puissants. Elle aurait voulu reculer, peut-être même fuir ou rien de plus que s’éloigner à une distance de sécurité qui l’empêcherait alors de lui sauter dessus comme elle l’aurait fait avec un de ses camarades de classes 10ans plus tôt.

Étrangement malgré ce sentiment omniprésent de désir, elle avait senti une véritable implication de son patron quant à sa protection. Il souhaitait réellement qu'elle aille bien, peut-être n'était-ce qu'un sentiment ordinaire d'un homme qui ne voudrait pas qu'une jeune femme se mette en danger sur un coup de tête ou alors s'inquiétait-il réellement pour elle. Elle imaginait bien qu'une partie de cette inquiétude était due au fait que Ben perdrait de l'argent si jamais il lui arrivait quelque, après elle ne préférait pas penser à ce qui pouvait se cacher dans cette émotion qu'elle pensait être seulement dû à la bonté d'un homme. Elle y croyait réellement en la bonté des hommes, elle croyait au fait qu'ils aient chacun en eux un minimum de bien, même les personnes les plus dangereuses.

Les yeux dans les yeux, il n'y avait plus de bruits dans le bureau, si elle s'était laissé aller Xiél ne se serait pas privée de pousser Ben contre le mur pour l'embrasse de manière passionnée, mais il y avait toujours ce sentiment que faire ceci serait une très mauvaise idée alors elle se retenait, même si elle sentait sa volonté faiblir peu à peu. Soudain, ce sentiment fut moins puissant, comme si son patron était devenu moins irrésistible, il était toujours aussi beau, mais c'était comme s'il avait perdu ce petit truc en plus qui avait fait craquer la jeune femme même face à ses principes simples qui sont de ne pas coucher avec un collègue et encore moins avec son patron. Elle fut déroutée durant un instant, elle ne comprenait pas son comportement qui l'avait poussé à se coller comme cela à son nouveau patron. Elle baissa alors les yeux, gênée par son propre comportement. Elle avait beau être à l'aise avec son corps, le sentiment si puissant du désir était une tout autre histoire. Elle savait mentir et faire croire aux hommes qu'ils étaient les plus beaux à ses yeux, mais lorsque cela devient une vérité, la situation était bien différente.

Toujours coller de manière peu professionnelle à Ben, elle leva les yeux vers lui, ses lèvres entrouverte par la perte de repère dans son esprit lorsqu’il lui fit une remarque. Il lui fallu alors quelques instants avant de se rendre compte de sa position, un peu plus et elle lui serait monté dessus pour le chevaucher. Elle recula alors de quelques pas en rougissant et baissant les yeux, elle n’osait même plus le regarder tellement elle avait honte de son comportement.

« Oui, d’accord, alors on ferait mieux de sortir d’ici. Et puis même si on ne trouve rien ici, je finirais par savoir d’une manière ou d’une autre. »

Elle essayait de faire comme si rien ne s’était passé, comme si elle n’avait pas dragué ouvertement son patron, mais il était un peu tard pour oublier. Elle se tourna vers la porte avec un large sourire qui ne cachait pourtant pas son embarras et elle n’osa pas le toucher pour lui dire au revoir.

« Je vais donc vous laisser reprendre votre travail et je suis désolée de vous avoir embêté avec mes problèmes, vous aviez surement mieux à faire. »

Xiél était loin d’être une strip-teaseuse comme les autres, alors que certaine aurait harcelé Ben au sujet de tout et n’importe quoi, comme du maquillage, elle ne pouvait pas s’empêcher de ne pas vouloir le déranger, après tout il avait beau être son patron, il ne méritait pas de supporter des bimbos en colère à longueur de journée. Elle préférait de loin lui faciliter la vie surtout qu’à présent elle avait décidé d’apprécier cet homme et non pas pour son physique, mais pour la gentillesse dont il semblait être doté.

L’aura perturbante du démon atténuée, Xiél regagna rapidement ses esprits, réalisant par la même occasion la situation dans laquelle elle s’était impliquée. Là où quelques secondes plus tôt, la jeune femme arborait un joli minois séducteur et une attitude des plus explicites, à présent, elle semblait plutôt encline à l’embarra. Baissant le regard afin de fuir les yeux de son patron, elle se recula également, réinstaurant entre eux deux une distance plus politiquement correcte. La peau de ses joues avait légèrement rosi par la honte. La voix légèrement étranglée par la gêne, elle acquiesça la remarque du déchu. Mais même si ses recherches dans le bureau de Carter s’avéraient infructueuses, elle refusait de baisser les bras. Finalement, elle s’excusa auprès d’Asmodée pour le temps qu’elle venait de lui faire perdre.

A n’en pas douter, Xiél était différente de toutes les autres filles qui travaillaient au Naugthy Kitten. Tout du moins, c’était l’impression qu’elle donnait au déchu. Il ne la connaissait que depuis quelques minutes maintenant, mais pourtant, elle lui paraissait beaucoup moins encline à la superficialité, comme les autres jeunes femmes que l’on pouvait trouver dans ce genre de club. Elle faisait preuve d’un esprit bien plus vif, d’une intelligence peu commune, mais également d’une détermination particulièrement poussée. Malheureusement pour elle, ces qualités pouvaient rapidement devenir une faiblesse lorsque le surnaturel entrait en scène, doublé de la méconnaissance. Xiél marchait sur un chemin dangereux et le démon le savait.

Alors qu’elle se dirigeait en direction de la porte, tournant le dos à son patron afin de lui dissimuler son embarras, ce dernier ne put s’empêcher de l’interpeler une dernière fois.

« Lorsque l’une de mes employées a besoin de mon aide pour résoudre l’un de ses problèmes, ce n’est jamais une perte de temps pour moi de répondre présent, sachez-le. Cela fait parti de mes devoirs … d’une certaine manière », lui annonça-t-il d’une voix aussi douce que posée.

Asmodée fit alors quelques pas en direction de son employée, se rapprochant légèrement d’elle. La voir ainsi peinée de s’être laissée aller envers lui, ne lui plaisait pas. Le déchu estimait que la passion ne devait souffrir d’aucun tabou. C’était l’une de ses nombreuses règles d’or.

« Une dernière chose, commença-t-il, n’ayez jamais honte de ce que vous ressentez … de ce que vous désirez. Se renier, c’est commencer à dépérir. Se mentir, c’est se trahir. Vous méritez mieux que cela. Rappelez-vous-en … je suis persuadé qu’à l’avenir, ces principes pourraient vous être d’une grande utilité. »

Le déchu reporta alors son attention sur les divers papiers éparpillés un peu partout dans la pièce et sur le bureau, laissant la jeune femme libre de vaquer à ses occupations, et méditer sur cette conversation. De son côté, il avait également encore plusieurs choses à faire pour remettre ce club sur les rails, notamment mettre un peu d’ordre dans l’anarchie laissée par Carter dans ce bureau, et dans les finances du Naughty Kitten de manière plus générale.

Spoiler:

Xiél était rassurée et presque touchée par les paroles de son nouveau patron. Il semblait vraiment s'intéresser à elle ou même à ses problèmes, ce qui était une grande différence avec Carter. Bien qu'il lui soit venu en aide dans sa recherche, elle avait toujours eu l'impression que ce qu'il donnait, il le redemanderait et cela de manière exagérer. Elle l'entendait déjà rétorqué un « n'oublie pas qui t'es venu en aide » lorsqu'elle se serait plaint qu'un homme s'était permis de lui mettre une main aux fesses alors qu'elle dansait sur scène. Une personne que l'on préfère éviter lorsqu'on le peut. Xiél resta un moment à regarder ce bel homme lui expliquer qu'il serait là pour lui venir en aide si jamais elle en avait vraiment besoin, c'était étrangement émouvant pour une jeune qui avait perdu chaque repaire qu'elle avait pu se faire dans la vie. Elle en eut la voix coupée, que pouvait-elle répondre à cela à part merci ?

Elle le laissa donc terminée son discours, écoutant ses paroles comme s'ils étaient de véritables conseils pour vivre. Elle qui s'était abandonnée depuis un moment, elle avait l'impression que ces paroles allaient l'aider à reprendre le contrôle sur sa vie. Clignant des yeux une fois, deux fois, trois fois avant qu'elle ne se décide enfin à bouger. Un large sourire pris ses lèvres sans qu'elle ne puisse répondre quoi que ce soit. Elle se tourna de nouveau vers la sortie avant que les mots ne lui viennent enfin à l'esprit.

« Je pense que vous méritez ce poste bien plus que Carter ne l'aurait jamais mérité. Elle laissa un instant de blanc avant de reprendre. Et j'essayerai de prendre pour nouveau principe vos conseils lorsque ma vie sera moins compliquée. »

Elle avait longtemps espéré changer de métiers lorsque la vie serait plus simple, mais elle avait aujourd'hui l'impression que cette femme qu'elle était devenue était celle qu'elle avait toujours voulu devenir, même si elle n'osait pas prononcé le nom de son métier, même si elle avait quelques fois honte du regard des autres, peut-être que cette femme sans complexe était seulement la femme qu'elle n'avait jamais osée devenir. Elle fit un dernier sourire sincère et presque joyeux à Ben avant de quitter la salle. Elle n'avait plus qu'une chose à faire maintenant ; se préparer pour ses prochaines danses.

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