III.01 - Regler des comptes...

Être de nouveau aux commandes de son corps lui faisait encore tout drôle. Dean avait parfois cette impression qu'Astaroth était toujours là. C'est pour ça qu'il lui arrivait de ne plus penser à rien, d'avoir comme des sortes d'absence et de se retrouver dans un lieu sans savoir comment il était venu. C'était justement le cas aujourd'hui ! En cette clémente après-midi ensoleillé, le Winchester se retrouva assit sur un banc juste à côté d'une église. Son premier réflexe fut de regarder un peu partout autour de lui dans l'espoir d'apercevoir quelqu'un qui connaissait. En premier lieu, il pensa bien sûr à Castiel, s'il y a bien quelqu'un qui peut le faire venir comme ça dans un coin ou il n'était pas juste avant c'est bien lui. Hors, il ne vit pas de Castiel dans le coin ce qui ne sembla pas normal. Se pourrait-il que ce ne soit pas lui ? Non loin, il vit un vieil homme jardiner dans un par terre de fleur. Celui-ci avait l'air d'être occupé depuis un moment, peut-être qu'il pourra le renseigner sur le comment, de sa mystérieuse arrivée dans ce coin. Dean s'approcha et le salua tout en souriant et s'excusa de le déranger. "Bonjour, désolé de vous déranger... Heu...vous auriez vus comment je suis arrivée sur ce banc, par hasard et depuis combien de temps j'y suis ?" La question devait paraitre vraiment bizarre, car le vieillard le regarda avec des yeux ronds comme si Dean était un fou furieux. "Oh mon petit gars ! Faut arrêter la picole, on dirait qu'ça vous réussit pas. C'est par la force de vos jambes que vous êtes arrivés là. Ça doit bien faire deux heures que vous êtes en train décuver. Les jeunes de nos jours... ça ne sait pas s'arrêter quand il faut..." expliqua-t-il en reprenant son activité.

L'ainé Winchester resta un moment immobile le temps d'emmagasiner ce qu'il venait de dire. Cela ferait donc deux heures qu'il est là. C'est bizarre, la dernière chose dont il se souvient c'est du motel où il était avec son frère. Sam ! Mais oui, Sam doit le chercher ! Dean plongea la main dans sa poche à la recherche de son téléphone, mais ne le trouva pas. Bon sang, il était parti sans. C'était donc vraiment une sorte d'absence ? Enfin, il s'écarta du vieil homme tout en réfléchissant. Ceci n'était pas normal, il ne devrait pas s'être réveillé ici sans le savoir. On dirait que depuis qu'il a été possédé rien ne tourne rond chez lui. Astaroth lui a peut-être fait quelque chose qu'il ignore ? C'est la seule explication possible. Pourtant, il n'est pas le seul cas de possession et de toutes les personnes qu'il a exorcisées, il n'a jamais entendu parler d'absence de ce type-là. Est-ce dû au fait qu'il soit mort, qu'on l'ait ressuscité sans une grande partie de sa mémoire et qu'il ait été possédé par la suite ? Les choses c'étaient enchainés tellement vite qu'il se peut qu'une chose cloche. Ses sourcils se froncèrent lui donnant l'impression de réfléchir. Son regard se posa plus loin sur un homme qui lui disait quelque chose. Oui, il l'avait vu quand Astaroth était dans son corps. Oui, ce type est un démon ! Bien qu'il n'ait pas d'arme, il lui courut après et posa sa main sur son épaule pour l'arrête. Le temps qu'il se retourne, il le plaqua contre un arbre. Oh, il ne fera pas le poids contre Eléazar, mais il se voyait mal le saluer d'une bonne poignée de main. "Qu'est-ce qu'Astaroth m'a fait ?" lui demanda-t-il sans dire bonjour. Il y a certainement peu de chance que le démon lui répondre, mais il fallait bien commencer quelque part.

C'était totalement inconscient de s'en prendre à un démon alors qu'il était seul. Ca l'était aussi de le faire en pleine rue durant la journée. Dean n'avait pas pensé un seul instant à la manière dont la créature des enfers pourra réagir en se faisant agresser de la sorte par le chasseur. Les démons et les chasseurs s'entendent comme chien et chat. Ça ne sera pas étonnant de voir un combat exploser aux yeux de tous. A moins que l'être démoniaque parvienne à se calmer ou se contente de se battre comme le ferait un simple humain. Ce monstre ce fiche surement de monter sa force surnaturel et ces pouvoirs au commun des mortels, mais peut-être n'était-il pas prêt non plus à dévoiler à tout le monde sa vraie nature. Qu'importe ! Dean, avait sa main sur son épaule pour l'arrête et à peine faisait-il un mouvement pour se retourner vers lui qu'il le plaqua contre un arbre en le menaçant. Là encore, c'était très intelligent d'agir ainsi. Eléazar pourra l'envoyer valser facilement, mais le Winchester s'en fichait, il avait besoin de réponse. Au fond de lui, quelque chose lui disait qu'il n'aurait malheureusement pas les réponses qu'il voulait. Tout ce qui lui arrivait été psychologique, un problème avec sa propre personne. Astaroth lui-même devait ignorer que Dean pétait les plombs en s'inquiétant pour le démon qui l'habitait avant. C'était plus fort que lui et il se battait contre s'être inquiétude malsaine qui le rongeait.

Eléazar ne fut même pas surpris de découvrir le Winchester devant ses yeux. En fait, il avait surtout l'air très amusé, ce qui n'enchanta pas du tout le chasseur. Au contraire ceci l'énerva et il pressa un peu plus son avant-bras qu'il avait positionné sous le cou de son adversaire. Comme prévu, la réponse que la chose devant lui, lui apporta n'était pas concluante. "Ne te fou pas de moi ! Je suis parfaitement au courant de ça ! Je parle de ce qu'il m'arrive maintenant ? Qu'est-ce qu'il m'a fait ? Il m'a jeté une sorte de sort ?" ragea rapidement l'ainé des Winchester. Le pauvre démon ne devait rien comprendre. Mais comment expliquer à son ennemie qu'on pense avoir le syndrome de Stockholm pour celui qui nous a fait du mal. Cette simple pensée détruisait à chaque fois un peu plus Dean. Etre ami avec un démon c'est totalement impensable, alors avec Astaroth qui avait possédé son corps c'était encore pire. C'est une chose qu'il n'avait dit à personne pour le moment, ni à Bobby et encore moins à Sam. Qu'est-ce qu'il pourrait lui dire ? Le prendre pour un fou ? Pourtant, si un jour il recroise la route du Duc, il ne pourra pas lui faire du mal, il le sait très bien, il en sera totalement incapable. Finalement, ça fait peut-être parti du plan de cette ordure de trésorier des enfers depuis le début ? Faire mumuse avec le corps de Dean, s'en aller en détruisant le dernier sceau et faire du chasseur son pantin. L'idée donna la nausée au jeune homme qui finit par relâcher le démon et reculer de plusieurs pas. Des regards de passant c'étaient tournées vers eux, s'imaginant qu'une bagarre allait commencer. Il suffit d'un regard vers eux pour qu'il continue leur chemin en oubliant totalement les deux hommes. "Pourquoi est-ce que je m'embête à interroger un trouffion comme toi ! C'est évident que tu ne sais rien !"

Tout était confus dans la tête de Dean. S'attaquer en pleine rue et en plein jour à un démon s'était presque du suicide. Pourtant, il l'avait fait quand même. Quelque chose l'avait poussé à le faire sans qu'il ne parvienne à se contrôler. Sa possession l'avait totalement perturbé et malheureusement, il n'existe aucun groupe de possédé anonyme pouvant l'aider. Être alcoolique aurait été bien plus simple. Hélas, sans vraiment savoir pourquoi, plus rien ne tournait rond. Il lui arrivait d'avoir des sortes d'absences, des trous noirs de quelques minutes ou heures où il ne sait absolument pas ce qu'il fait. C'est comme ses pensées qu'il a pour Astaroth, parfois, il en vient à se demander s'il va bien. Comment diable peut-il penser à une chose pareille. Ce démon était un monstre et ça il le sait. Pourtant c'était plus fort que lui, c'est comme-ci sa présence venait à lui manquer. Pauvre Dean Winchester, il ne lui manquait plus que ça, avoir un syndrome de Stockholm pour le monstre qui squattait et fait le mal avec son corps. Le problème, c'est qu'il ne voulait pas le reconnaitre et avouer qu'il était atteint de ce syndrome si connu. Pour se persuader que ce n'était pas psychologique, il voulait à tout prix s'imaginer que c'était un coup du Duc des enfers et non pas sa tête qui partait en vrille.

Eleazar confirma plus ou moins que le trésorier des enfers n’avait pas besoin de lancer de sort. En même temps, les démons ne lancent pas ce type de sort, ce sont les sorcières qui font ça d'habitude. Par contre, il n'avait pas la moindre envie d'expliquer au démon qu'il retenait son problème. Le dire serait comme une sorte de porte ouverte pour lui laisser l'occasion de se moquer de lui et répandre à travers le monde que le plus célèbre des chasseurs sera totalement incapable de s'en prendre à son pire ennemie. Alors, il se dit qu'il devait mentir pour noyer le poisson, c'était plus sûr. "Je veux me venger c'est tout ! Il s’est servi de moi sans mon autorisation... La vengeance m’obséda c'est aussi simple que ça." Dean était assez bon parleur pour que ça sonne crédible, mais restait à voir si Eleazar sera assez crédule pour le croire.

Puis, le Winchester s'éloigna, les regards étaient un peu trop tournés vers eux et il n'avait pas besoin d'attirer autant la question. Si les gens se posent des questions ou qu'ils appellent la police, ça risque de mal finir pour beaucoup de personnes dans le coin. C'est donc dans une petite ruelle qu'il se retrouva, le démon toujours derrière lui. Avant qu'il n'ait le temps de réagir, Eleazar inversa les rôles. Le chasseur se retrouva le dos fracassés contre le mur ce qui lui coupa légèrement la respiration pendant deux ou trois petites secondes. Bon sang, à force de ne pas réfléchir, il ne cesse de se retrouver dans des situations totalement merdiques. Le démon parla et finit par relâcher Dean, qui posa sa main sur sa poitrine reprenant un peu mieux son souffle. "Si tu sais des choses...va si ! Parle ! Qu'est-ce que tu attends ?" Qu'est-ce que le chasseur a à perdre ? Plus grand-chose. Il est mort, on l'a manipulé alors qu'il avait perdu la mémoire et il a été possédé... autant dire que sa vie ne sera plus jamais comme avant. "Qu'est-ce que t'attends ? Je suis sûr que tu meurs d'envie de me raconter tout ça !" D'ailleurs, il était presque prêt à croire que les mots qui allaient sortir de la bouche du démon -s'il décide de parler- allait être douloureux pour Dean.

Le chasseur devait être vraiment désespéré à un certain point pour oser s’en prendre à lui en pleine rue à une heure où les passants affluaient comme des vaches pendant la désalpe. Que se passait-il dans la tête de Dean en ce moment même pour qu’il ose franchir cette limite pourtant respectée par tous les hunters du coin ? Son regard était teinté d’incompréhension, ce qui attira l’attention d’Éleazar qui prenait un malin plaisir à l’observer, à essayer de le comprendre, de voir son raisonnement, de lire entre les lignes. I était difficile pour le Grec à se mettre dans la peau de l’humain car il n’avait aucune idée de ce que ce dernier avait vécu. Effectivement, il n’avait jamais eu la chance d’être possédé ou du moins ne s’en souvenait pas, comme la plupart des démons qu’il connaissait. Leur transformation leur enlevait tous leurs souvenirs humains, laissant leur cervelle vide pour devenir démoniaque. C’était comme si on leur avait arraché leurs mémoires contre leur insu, d’ailleurs la douleur avait été des plus insupportable.

Les paroles de l’aîné Winchester l’amusèrent car la vengeance menait les hommes très loin, et souvent par-delà leurs limites. Peut-être lui mentait-il mais si c’était le cas, il le faisait plutôt bien, mais certainement que le démon allait revenir plus tard titiller ce point qui avait l’air d’être sensible pour le charmant petit humain. Éleazar aimait jouer avec les humains même s’ils n’étaient pas ses victimes. Ils étaient tous en quelque sorte ses petits jouets, sauf qu’il ne les utilisait pas, mais il n’hésitait jamais à les embêter quand il le pouvait, surtout quand s’agissait d’un chasseur, qui de plus est le plus connu d’entre eux. Pourquoi se priver d’un petit amusement ? Même si ce dernier n’allait pas respirer longtemps s’il continuait de jouer avec le fil de sa  vie comme il le faisait en ce moment car à force de le provoquer, il risquait de se casser.
- Mhhh… La vengeance… Quelle belle émotion Dean ! Tellement humaine et manipulable. Tu n’imagines même pas à quel point tu me fais plaisir à te voir comme ça mon mignon…
La voix du chasseur l’arrêta alors qu’il allait le laisser dans la rue et le Grec fit demi-tour pour le regarder dans les yeux après s’être approché de lui tellement près qu’il pouvait sentir le souffle de Dean ricocher sur sa peau mate. Ses pupilles se visèrent dans les siennes, vertes-noisettes, de longues secondes qui pouvaient paraitre extrêmement longues, un sourire malsain qui habillait le visage du Grec.
- Et qu’est-ce que j’y gagne ? Hein ? Je ne veux pas paraitre… profiteur mais celui qui devrait se faire le plus de soucis ici ce n’est pas moi… Alors proposes moi ce que tu pourrais me donner et je te parlerai de tout ce que je sais !
Il ne fallait pas rêver, jamais les démons ne donnaient des informations gratuitement, surtout quand elles touchaient à un démon bien plus puissant. Même si le Duc était son ami, il n’était pas suicidaire et ne voulait pas perdre ce lien qui lui était plus qu’utile et important à ses yeux. Éleazar garda ses yeux planté dans ceux du chasseur, attendant une réponse. Qu’allait-il trouver à lui offrir ? Bien sûr qu’il n’attendait pas forcément quelque chose de matériel de la part de l’aîné des Winchester.

Dean ne pouvait s'empêcher de ressentir du dégout envers Eleazar. Voir que ce dernier avait l'air d'apprécier le fait qu'il ait envie de se venger... ça lui donnerait presque la nausée. Mais ça lui confirme également une chose qu'il sait déjà, les démons sont bien tous les mêmes : des êtres répugnants qui n'ont aucun scrupule et qui profite de la détresse des humains. Le chasseur aurait aimé ne plus ressentir cette envie de vengeance, juste pour ne pas donner ce petit plaisir au démon. Sauf que c'était impossible, il ne pensait qu'à ça. Astaroth avait pris possession de lui, se servant librement de son corps pour faire tout un tas de choses. Bien que ce soit différent, c'était un peu comme un "viol". D'une manière ou d'une autre, on s'était servi de lui, de son corps, le Duc en avait profité comme bon lui semblait. Le Winchester avait l'impression d'avoir été sali. Le fait qu'il ait tué ou que son corps ait servi pour assassiner des gens c'étaient terrible. A chaque instant, il a été conscient et il n'a jamais rien pu faire. Se battre contre Astaroth était trop difficile, c'était un démon bien trop puissant. Ce qui donne encore plus l'impression au chasseur d'avoir été minable et très faible.

Malgré sa haine grandissante envers le démon qui était en lui, il ne peut pas nier d'avoir un certain attachement. Une envie de le revoir pour combler la grande solitude qui s'est emparé de lui après son départ. Le pire, c'est que ça l'effraie de ressentir une chose pareille et qu'il n'ose en parler à personne. Il va de soi, il ne racontera rien au démon, mais peut-être qu'il est au courant de quelque chose. Bien sûr, Eleazar n'avait pas l'intention de parler sans un échange de bon procédé. Hélas, Dean ne voyait pas trop ce qu'il pourrait apprendre au démon. Que peut-il lui donner comme information qui pourrait l'intéresser ? Et qu'est-ce qui lui dit qu'il ne bluff pas et qu'il ne partira pas sans rien dire ? C'est une créature des enfers, il ne faut pas l'oublier, ils ne sont pas tous digne de parole. "Tu t'adresses à la mauvaise personne pour obtenir des informations. J'ai été loin du monde des chasseurs pendant un moment. Autant dire, qu'on ne me dit pas encore tout. En plus, comment pourrais-je sûr que tu me diras quelques choses ? Depuis ce qu'il m'est arrivé, j'ai du mal à avoir "envie volontairement" de faire confiance à un démon," expliqua le chasseur pour que les choses soient bien claires. "En fait, je pense que tu mens, je suis sûr que tu ne sais rien !" lança-t-il malgré le fait que cette accusation puisse mettre en colère l'homme en face de lui. Mais qu'est-ce qu'il a perdre ? Au pire, il pourra mourir de nouveau. Au final, la mort est peut-être l'issue la moins pénible et douloureuse pour lui. Après tout ce qu'il a vécu, c'est assez difficile de redevenir lui-même, d'être de nouveau l'homme et le chasseur qu'il était.

Éleazar savait que certain corps pouvaient s’attacher au fait d’être possédé par un esprit, apprécier le fait d’être contrôlé par une autre entité qui leur était externe. Le corps qu’il avait choisi était sûrement un des cas qui confirmait cette théorie. Le Grec dans lequel il s’était retrouvé l’avait imploré de prendre le pouvoir et de s’installer en lui, ce à quoi le démon n’avait pas osé dire non au vu du véhicule qui s’offrait à lui. Dès le début, il s’était senti chez lui dans ce corps. L’être humain n’opposait aucune résistance et lui laissait le plein contrôle sans se débattre. Au fil des ans, l’âme de celui qu’il avait possédé commençait à ne faire comme un avec lui, comme s’ils étaient fait pour être ensemble. Cette connerie d’âme sœur, de coup de foudre, il n’avait pas voulu y croire, mais c’était là l’exception qui confirmait la règle. L’Européen savait que s’il partait de ce corps – en disant que son véhicule puisse encore vivre après son départ – l’humain qui reprendrait le plein pouvoir sur son enveloppe péterait littéralement un câble et irait même jusqu’à se jeter sous un train pour parer à ce manque qu’il aurait pu ressentir.

Il y avait dans les yeux du Winchester une autre étoile qui brillait que celle de la vengeance. Le démon reconnaissait bien les émotions humaines, surtout celles qui étaient négatives, et il n’y avait pas seulement une envie de revanche dans les pupilles du chasseur qui lui faisait face. Cependant, sa théorie ne tenait debout que grâce à un ressenti. Les paroles de Dean passèrent sur lui comme de l’eau passe sur de la roche, et peut-être heureusement pour lui et il l’empoigna pour le plaquer à nouveau contre le mur.
- Avant de te donner une clé pour accéder à tes réponses je tiens à vérifier une chose mon mignon ! Commença-t-il en passant un doigt sous son menton lentement et en le bloquant au centre. De ce dernier. Vois-tu, j’émets quelques doutes à ta sincérité… ton honnêteté ! Et je trouve cela fort ennuyant ! Il rapprocha son visage très près de celui de l’humain à un tel point qu’il sentait son souffle contre sa peau. En quoi consiste ma théorie ? C’est tout simple ! Il te manque ! Cette présence dans ton corps n’est plus et tu es perdu ! Tu ne sais plus quoi faire à un tel point que tu es assez con pour te lancer contre un vieux démon comme moi sans arme ! Tu provoques la mort comme quelqu’un qui n’a plus rien à perdre alors que tu as beaucoup à perdre joli cul...
Le démon le relâcha et le regarda. Peut-être comprendra-t-il le message et l’indice que lui avait donné Éleazar, mais s’il le devait, le Grec reformulerait pour le jeune chasseur.

C'était totalement idiot de s'en prendre à un démon. Pourquoi diable n'avait-il pas passé son chemin ? Surtout qu'il était sans arme et qu’Eleazar pouvait facilement l'éliminer s'il le voulait. Après tout, bien qu'il soit un chasseur, Dean n'est qu'un misérable petit être humain, en somme un vulgaire insecte qu'on peut piétiner pour s'en débarrasser. Pourquoi le démon ne saisirait-il pas cette opportunité ? Ceci pourrait lui valoir d'être bien vu par ces frères et pourquoi pas lui donner de l'importance ? Tant pis, ce qui est fait est fait, n'est-ce pas ? A présent, il ne pouvait plus revenir en arrière et seulement assumer ce qu'il avait commencé à faire en provoquant ce monstre.

Voilà qu'il était prêt à entendre des informations de la part d'un démon, mais il doutait fortement que celui-ci sache quoi que ce soit. De toute manière, son ennemie ne l'entendait pas de cette façon, puisqu'il le plaqua contre le mur. De nouveau prisonnier et impuissant, il se demandait bien si son heure était arrivée. Mais le démon avait plus l'air d'avoir envie de jouer avec lui, plutôt que de le réduire en bouillie. Son regard se planta dans le sien et il s'en serait bien passé. Eleazar ne le croyait, il avait des doutes... Non, mais de quoi il parle là ? Sincèrement, Dean était un peu perdu et il ne s'attendait pas à ce qu'il allait lui dire. Les mots qu'il prononça eurent l'effet de millier de petites lames se plantant partout dans son cœur pour le réduire en cendre. Ceci le dégoutait au plus haut point mais d'un autre côté, il savait qu'il avait visé plus ou moins juste. Contrairement à ce qu'il peut penser, il ne veut pas qu'Astaroth revienne dans son corps. Il continue à lui vouer une haine sans merci. Pourtant, malgré sa haine, il a cette horrible impression de ressentir une sorte d'amitié ou d'affection pour cet être démoniaque. C'est tout simplement horrible pour lui. Il parvient même à se demander s'il serait capable de le tuer. Non, en fait, il ne pourrait pas faire une chose pareille, il serait peut-être prêt à le protéger. Ceci n'a rien de logique, c'est juste abominable pour un chasseur. Mais comment lutter contre quelque chose comme le syndrome de Stockholm ? Hors de question pour lui d'en parler à son frère, il le regardait de manière étrange. De même pour ses amis, il ne peut pas leur dire une chose pareille. Quant à voir un docteur, vous pouvez tout de suite oublier. A partir du moment où il prononcera le mot démon, on le prendra pour un fou. Dans cette histoire, il est le seul à pouvoir s'en sortir et ça risque de ne pas être simple. Pour l'heure, il allait nier, il ne pouvait pas avouer une telle chose à Eleazar, c'était trop dur et de toute manière, lui-même n'était pas prêt à croire qu'il ressent une certaine empathie pour Astaroth. "Tu te trompes ! Comment pourrait-il me manquer ! Il m'a gâché ma vie et c'est servi de moi pour faire des choses affreuses. Je me souviens de ce qu'il a fait avec toi... Je me souviens de chaque massacre et ça me donne la nausée. Je le tuerai, tout comme je te tuerai toi aussi !" siffla le jeune homme entre ses dents avec une certaine rage et haine. Oui, il voulait tuer Astaroth, mais pour le moment, il en est incapable. Pour se délivrer de ce qui lui arrive, il faudra du temps et quelque part, le tuer pourrait être une solution. D'un coup violent, il poussa Eleazar pour ne plus être bloqué contre le mur. D'ailleurs, il en profita pour s'éloigner de ce dernier, histoire de mettre une bonne distance entre eux pour prévoir une attaque s'il doit y en avoir une. "Vous tous, vous n'êtes que de la vermine !"

Le syndrome de Stockholm… Éleazar connaissait plutôt bien. Il fallait dire que cela se passait souvent avec les démons. Ces petits humains qui prenait tout à coup leurs agresseurs pour des alliés, voire même plus. Cela avait toujours étonné l’entité démoniaque qui s’était déjà retrouvé avec plusieurs petits humains qui le suivaient comme de simples moutons. La vie de ces insignifiants enfants du Seigneur valait bien ce qu’elle valait. Ils étaient des outils qui leur permettaient d’arriver à leurs fins par tous les moyens. Comme si la race humaine n’était pas assez manipulable, il fallait encore qu’elle se trouve un moyen pour foncer dans les bras des démons ou de leurs prédateurs. Ce syndrome fut détecté dans la ville éponyme à ce dernier alors qu’un ex taulard pris en otage quatre personnes. Celles-ci furent libérées mais se mirent entre les policiers et leur agresseur et refusèrent même de témoigner contre lui alors qu’il les avait séquestré plusieurs jours. Et si le Winchester vivait exactement la même chose envers ce cher Astaroth. Si son ami des enfers avait réussi à créer ce lien si compliqué avec un chasseur, avec ce chasseur, cela serait une grande nouvelle ! Il avait tout de même réussi à faire plier un des esprits les plus rigides de la planète Terre, celui de Dean Winchester !

Sa colère n’était que plaisir et le voir partir en vrille de la sorte était un spectacle plus qu’appréciable pour le démon Grec. Il y avait bien une raison pour qu’il se mette dans cet état. Personne ne s’énervait de la sorte pour rien ! Un sourire se dessina sur les lèvres d’Éleazar, un sourire sadique. La haine était palpable dans sa voix et sa façon d’agir. Dean poussa tout à coup fortement l’Européen pour qu’il ne soit plus bloqué contre le mur ce qui ne le dérangeait pas pour autant. Il le regarda mettre de la distance entre eux et lui sourit comme à un enfant.
- Je me trompe ? Tu es sûr ? Pourquoi tu pars au quart de tour alors ? C’est souvent parce que l’on touche un point sensible que vous agissez de la sorte. Tu peux me dires tout ce que tu veux… ça fait plus de cent ans que je suis sur la planète et que je vous côtoie… Je commence à vous connaître !
Un sourire se dessina à nouveau sur ses lèvres à son petit pic contre lui et ses confrères. Une petite moue déçue apparut sur son visage cependant vu qu’il ne se comptait pas dans ces rangs. Il n’était pas similaire à ces démons de bas étage.
- Rhoo, arrêtes ton blabla de petit vexé ! Déjà on n’est pas tous les mêmes hein ! Tu vois, moi, si j’avais été une vermine, tu ne serais plus là depuis long !
Dit-il amusé en lui faisant un clin d’œil qui se faisait plutôt sympathique.
-Qu’est-ce qu’il t’a fait mon mignon ? Je t’en parle depuis plus de cinq minutes de ce que tu as ! Mais tu es peut-être trop aveugle pour le voir !
Le démon rit légèrement devant l’humain, amusé par la situation. Ce n’était pourtant pas si compliqué : syndrome de Stockholm Dean… Mais fallait-il encore qu’il le voit et qu’il l’accepte…

Qu'est-ce qu'ils peuvent être énervant. Les démons parviennent toujours à se montrer plus arrogants que vous. C'était le cas d'Eleazar qui voulait se montrer plus intelligent que Dean, ou quelque chose comme ça. Il était presque sûr que le chasseur était en colère, car il avait touché un point sensible. Oh vous n'imaginez pas comment ça commençait à bouillonner à l'intérieur du Winchester. Mais pour qui se prenait-il pour dire une chose pareille. Stupide démon ! Il serra les dents pour ne pas exploser davantage, crispant ainsi sa mâchoire. Il faut rester zen, un combat contre ce démon ne lui apportera rien surtout qu'il n'a pas d'arme sur lui. En prime, l'être démoniaque se la jouait grand manitou, car il était là depuis plus longtemps que lui. Eh bien, il pouvait dire ce qu'il voulait. Quoi qu'il en soit, il ne peut pas connaitre les humains aussi bien que le Winchester. Pourquoi ? Tout simplement, car c'est un démon et que Dean est un humain. Alors, à choisir entre les deux, qui connaissaient mieux les humains ? Un démon ou un humain ? Sur ce coup-là, le chasseur n'avait pas de doute, c'est l'humain qui connait mieux son espèce. De même qu'un démon connaitra parfaitement la sienne. "Ou peut-être que tu me connais juste très mal !" lança le Winchester. Quiconque connait le chasseur sait qu'il réagit toujours au quart de tour. Crowley en a déjà fait l'amère expérience et ce n'est pas le seul. C'est ainsi, c'est le caractère du jeune homme depuis qu'il est petit. "Et ne viens pas te proclamer expert des humains, tu n'en est pas un !" ajouta le jeune homme.

L'énervement du Winchester ne cessait d'augmenter. Bon sang, il mourrait d'envie de frapper et de tuer ce démon, mais ce n'était pas possible. Pas sans avoir une arme avec lui. Devoir ronger ses freins étaient une horrible épreuve, surtout quand on éprouve une haine sans nom contre l'une de ces choses. Il le laissa parler, si ça l'amuse tant que ça... Cette conversation commençait franchement à l'agacer. Finalement, il ne voulait plus rien savoir et plus rien entendre de la part d'Eleazar. "Tu sais quoi... Va te faire foutre ! Je vois pas pourquoi je perds mon temps avec toi." cracha Dean avant de tourner le dos au démon et de s'en aller. Oui, c'était dangereux, vraiment très risqué de tourner ainsi le dos à une créature des enfers. Il pourrait l'attaquer par surprise. Mais à quoi bon ? Comme il l'a si bien dit juste avant, il aurait pu le tuer plein de fois. Alors, autant partir et voir ce qu'il se passera. Au pire, il ne le suivra pas, ce qui pourrait être une bonne chose pour le chasseur.

Dans la vie, il fallait savoir de temps en temps garder son sang-froid. Cela permettait de passer par-dessus des situations plus que désagréables qui pouvaient ne faire s’empirer avec un comportement de sudiste pur souche. Cependant, Dean ne faisait apparemment pas partie de ces gens-là, préférant partir au quart de tour alors que la réalité était en face de lui et sortait de la bouche du démon qui s’évertuait à lui répéter la chose encore et encore, mais ma fois, quand on était autant bouché qu’un tuyau sanitaire après le passage d’une famille mexicaine ayant mangé trop de Chili Con Carne et utilisant un peu trop de papier toilette, il n’y avait plus grand-chose à faire ! Certes, il aurait pu lui aussi partir au quart de tour et se mettre à hausser la voix pour s’énerver ce qu’un démon ferait en temps normal, mais comme déjà dit, Éleazar n’était pas une banale entité démoniaque.

Le Grec sentait la colère du jeune Winchester qui était presque palpable tellement elle bouillonnait en lui. Tous les signes étaient sous ses yeux, la mâchoire crispée qui rendait son minois beaucoup plus masculin, ce qui n’était pas pour déplaire à l’Européen au passage et le reste de son corps qui était tendu. Comment le savait-il ? Il suffisait d’entendre sa respiration, de regarder ses poings se serrer ou de pouvoir observer des dizaines de petits signes qui trompaient le célèbre chasseur. Éleazar lâcha un petit rire à la réponse de Dean, regarda le sol bêtement avant de lui adresser une expression amusée.
- Je te connais très mal ? Voyons Dean, ne joues pas les saintes nitouches ! Tout l’Enfer en connait un rayon sur toi et ton frère, tu es loin d’être un inconnu !
Effectivement, l’Enfer était un peu comme une conciergerie où tout se racontait, et surtout quand tout avait un lien avec les fils à John ! Il était ainsi juste de dire qu’en rassemblant tous les démons, il était possible de réunir presque la vie entière des deux fameux frères.
- Si tu le dis… Je ne voudrais pas froisser un Winchester !
Ca lui plaisait de le voir s’énerver de plus en plus, et il était encore plus beau quand il était comme ça ! Un sourire se dessina sur ses lèvres. Il comptait laisser le petit humain s’en aller comme ça ! Il lui restait un ou deux petits pics dans son sac pour attirer encore l’attention de l’homme aux tartes une prochaine fois... Après tout... Ils étaient dans la même ville maintenant!
- Comme ton père, ton orgueil va te bouffer mon petit Dean… Mais on va se recroiser d'ici là!
Il se téléporta alors pour le laisser seul dans la rue, ne lui laissant pas la chance de lui répondre pour se retrouver chez lui au calme.