III.02 Ne jamais dire jamais

Ainsi donc Gueule d'Ange avait pris ses aises en ce qui concernait Asmodée. Lors de la réunion secrète de Caym à laquelle le déchu s'était invité, ce pétasson de Melchom lui avait tout juste adressé un sourire et quelques regards en coin, et voilà que maintenant, il lui envoyait des anges dans son propre club, histoire de leur rafraichir la mémoire. Mais à qui croyait-il avoir à faire ? Son démon à tout faire ?

Asmodée ne pouvait le nier, il avait un faible pour cette tête de pioche au cul de dieu grec et son tempérament de jeune chien fou. Pourtant, s'il ne mettait pas rapidement les choses au clair, alors c'était la porte ouverte à toutes les possibilités les plus dingues que cet esprit malade serait capable d'enfanter. Or Melchom, même s'il était fou-fou, n'était pas idiot. Il devait très certainement se douter du point de vue du déchu sur toutes ces affaires. Aussi, il y avait peu de chance pour qu'il se pointe la bouche en cœur devant lui, histoire de se faire sermonner.

Non, il faudrait la jouer plus finaude ... et pour piéger Melchom, rien n'était mieux que de faire vibrer sa corde sensible : le cul.

" Eva ... approche. "

D'une démarche gracile, la jeune strip teaseuse descendit de la scène du Naughty Kitten, interrompant ainsi sa répétition, pour venir s'approcher de son patron. A cette heure de l'après midi, le club était encore fermé à la clientèle. Alors que les filles répétaient leurs prestations et que les serveurs s'occupaient d'arranger la salle principale et d'achalander les stocks de boissons, Asmodée, de son côté, s'occuper de gérer les comptes de l'entreprise. Ce club de strip tease qu'il avait repris la saison dernière alors qu'il était dans le rouge, parvenait enfin à se remettre à flot grâce à la main du fer du déchu.

" Tu voulais me demander quelque chose Ben ?

- Un service, trois fois rien.

- Je t'écoute. "

Asmodée sourit à la jeune femme à la chevelure blonde retombant en cascade de boucles sur sa poitrine. Il aimait le respect que lui vouaient ses employés.

" J'ai besoin que tu te débrouilles pour faire venir quelqu'un ici, ce soir, sans qu'il sache que c'est moi qui le fait venir ... ni même qu'il sache que je serai là ce soir.

- Outch ! En voilà un qui va passer une salle soirée on dirait. "

Face à la déduction de la jeune femme, Asmodée lâcha un sourire, puis, tendant son smartphone à la jeune femme, le déchu lui montra alors une photo de Melchom, ainsi, il était certain que son employée lui ramènerait la bonne personne.

" Dommage, il est beau gosse. Mais ... comment je le fais venir ?

- En faisant ce que tu sais le mieux faire ma grande.

- Et vous pensez pas qu'il va se méfier d'une parfaite inconnue qui lui demande de le suivre dans un club de strip tease ? "

Le déchu se leva de sa chaise et s'approcha de la jeune femme. A présent, moins de dix centimètres les séparaient. Avec délicatesse, le démon saisit la nuque de la danseuse avec l'une de ses mains, l'approcha de son visage et l'embrassa. Sur les lèvres d'Eva, sans même qu'elle ne s'en rende compte, il déposa une part de son charme. Ainsi, Melchom ne résisterait pas à la jeune femme après qu'elle l'eut embrassé.

" Tu vois ... si tu refais exactement la même chose avec lui, crois-moi, il ne fera pas son difficile. "

Asmodée offrit alors à Eva son après midi afin qu'elle puisse accomplir la mission que lui avait confié son patron. Le soir venu, le déchu attendrait Melchom au Naughty Kitten, et il comptait bien exiger quelques explications ... voire quelques dédommagements.

Cette journée-là, rien de nouveau sous le soleil. Melchom était bien, il commençait à chercher plus amplement son chien dans la ville et ses environs, mais rien, vraiment. Le chien, il c’était volatilisé, personne ne l’avait vu à sa boutique, prétextant qu’il était encore à l’étranger. Le plus beau… le gérant qu’avait nommé George avait filé le numéro de portable de Mel… pour rejoindre George. Ouais, puisque Melchom c’était servi de son propre téléphone pour contacter l’employé, l’employé lui avait refilé ce numéro… absolument pas pratique. Fallait aussi dire que Melchom avait fait tout cela sans entré dans la boutique, elle était protégé par des pièges, c’était surement le plus contrariant, parce que Mel n’aimait pas vraiment être entravé. En fait, oui… mais non. Il aimait dans un milieu contrôlé disons, parce que faire confiance, ce n’était pas son genre. Donc, disons qu’avec Meph… il appréciait, avec Eris… ça pourrait le faire, mais avec les autres… hm, non merci, il allait passer son tour. Lui, attacher quelqu’un par contre et en profiter, n’importe quand hein, c’était quelque chose de très apprécié pour le démon.

Il avait donc vaqué à ses occupations normalement, voulant toujours retrouver se stupide chien. Il avait ensuite rencontré d’autre démon pour arranger quelques accords ici et là, pour Caym, mais… sans le dire vraiment. Melchom connait l’impression de vivre pour ses propres intérêts, mais ce n’était pas toujours le cas. Avec le temps, Melchom devenait une figure plus imposante quand on parlait d’économie, mais… il n’était pas certain s’il appréciait ou pas. Il aimait bien se cacher dans l’ombre. En fait, lui et Caym se ressemblait beaucoup dans ce domaine, mais Caym avait été poussé sous les projecteurs et maintenant, il avait du mal à les quitter. Melchom était certain que pouvoir le faire, le patron retournerait à son ancienne vie par moment, parce que bon, c’était chiant d’être toujours sur les devant de la scène à devoir faire son petit numéro, malgré que… on s’habitue à tout, leur dernière réunion leur avait prouvé non?

Finalement, il avait arrêté sa course dans son bar préféré. Il avait soif et il avait envie de s’amuser. Il était encore dans sa tenue de travail, donc veston cravate et tout le kit du parfait homme d’affaire, mais il s’en fichait. Il n’allait pas se salir ce soir, il allait rester sage, promit. Il commença à douter à son… deuxième verre, quand une blonde vint l’aborder, elle était chaude, un homme normalement constitué aurait voulu cette douce créature de rêve dans son lit, mais Melchom… une blonde dans ce genre… ça lui donnait des envies de meurtre, mais genre… vraiment. Donc, elle tenta de flirter et Mel était complètement fermé à l’idée, malgré que… l’idée de la tuer était vraiment, mais… vraiment très tentante, il avait pourtant promit de ne pas se salir! Au début, elle voulait lui montrer son petit numéro dans une boite de strip tease de la ville, mais Melchom n’était pas intéressé, loin de là. Il n’était pas comme Caym, mais il n’aimait pas trop les trainées non plus. Disons que la blondasse n’arrangeait pas son cas. Pourtant, il n’était pas du genre très exigeant. Donc, la chose du nom d’Eva lui proposa finalement de… terminer ça ailleurs, parce que ouais, Melchom avait déjà esquivé deux baisés, posant toujours son regard de braise sur elle ensuite. Il décida de la suivre, sourire carnassier aux lèvres. Ouais, il allait l’a briser, s’en était sûr, il allait lui arracher le cœur, la dépecer, l’écorcher vive. Il ne savait pas trop, mais elle allait souffrir, vraiment. Par contre, il n’était pas pour lever la main sur elle en publique, non, ce serait mal vu, alors il l’a suivi à l’extérieur, elle lui fit d’autre avance et elle l’attira dans une ruelle… Il ne pourrait pas jouer bien longtemps dans une ruelle. Il y avait des gens et il avait appris avec les années qu’il ne pouvait pas tuer chaque témoins, ça devenait lassant.

Donc ouais, la petite Eva l’avait trainé dans une ruelle, il allait donc être sage et seulement lui arracher le cœur, juste ça. Une fois plus éloignée dans la ruelle, elle le plaqua contre le mur et tenta de l’embrasser de nouveau… ce qu’il esquiva. Non mais, y a des limites quand même, il l’agrippa donc assez sauvagement par les cheveux, inversa les rôles pour la plaquer au mur et plongea son regard dans le sien. Il détestait les pétasses blondes, vraiment. Il l’a tenait toujours aussi fortement et quelqu’un passa dans la ruelle les fixant en mode « j’interviens ou pas » et Melchom glissa lentement sa main sous la jupe de la blondasse, le mec ne savait plus où se mettre, elle ne se débattait pas, il était donc parti, quand Melchom replongea son regard dans celui de la blonde se fut pour se faire embrasser par surprise, elle en avait profité la salope, mais soudainement… ce n’était plus aussi grave hein. Il échangea un baiser passionné avec elle pour ensuite… avoir envie de plus. Il aurait dû se demander pourquoi, mais sur le moment… il s’en fichait complètement. Elle lui promit une nuit torride, mais juste s’il allait la voir danser avant… sur le coup, c’était la meilleure idée du monde hein, vraiment. Alors il l’a suivi jusque là-bas, elle le fit sagement s’assoir à une table, il la dévorait des yeux. Il voulait plus, alors il allait sagement attendre là et regarder le spectacle. Elle était bien fait la vie parfois.

Le soir venu, Asmodée s’était rendu dans son club de striptease, avec la conviction que son stratagème pour y attirer Melchom aurait fonctionné. Son guet apens soigneusement mis en place, il ne restait plus qu’à attendre la venue du démon pour laisser le piège se refermer. Ainsi, le déchu espérait bien obtenir une petite explication de la part de son jeune ami. Vêtu d’un costume noir Versace et d’une chemise blanche, le dirigeant du club s’était installé dans les coulisses. De là, il pouvait régulièrement jeter un coup d’œil dans la salle, mais également surveiller la scène pour évaluer les prestations de ses filles. Au cœur de la machine parfaitement huilée qu’était le Naughty Kitten, le Gardien des Plaisirs s’assurait que chacun était à sa place et accomplissait la tâche qui lui incombait afin d’offrir un show de qualité à ses clients. Car après tout, un client satisfait était un client qui succombait un peu plus sur la voie de la perdition … en plus de laisser quelques billets avant de rentrer chez lui.

Machinalement, le démon chassa un pli inexistant sur le pan de sa veste d’un revers de la main, avant de reporter son attention sur la scène. Stella était en train d’exécuter une nouvelle danse. Pour une fois, elle était de bonne humeur. Pour le moment, elle n’avait hurlé que trois fois sur ses collègues, ce qui était une première. Cependant, la soirée n’était pas encore terminée, et la jeune femme pouvait toujours se rattraper afin de se conformer à sa réputation de garce hystérique qui lui prêtaient les autres danseuses.

Ce fut à ce moment là qu’Eva s’approcha de son patron, pour venir lui souffler à l’oreille qu’elle avait réussi à faire venir l’homme qu’attendait Asmodée. Elle précisa toutefois que l’affaire n’avait pas été simple et qu’elle avait même à un moment craint pour sa sécurité. Finalement, elle préconisa au démon d’être prudent avec cet énergumène avant de retourner voir Melchom afin de lui offrir la danse promise. Devant cette preuve d’attachement de la part de la jeune femme, Asmodée eut un sourire discret. Puis, jetant discrètement un œil dans la salle, il repéra celui qu’il désirait rencontrer.

Melchom était installé confortablement devant une table basse. Quelques minutes plus tard, Eva était de retour à ses côtés, prête à lui offrir ce qu’elle lui avait promis. Alors qu’elle commençait sa danse lascive et sensuelle devant le jeune homme, Asmodée en profita pour quitter les coulisses. Passant devant le bar, il fit préparer deux verres de whisky qu’il emporta avec lui en direction de Melchom. Ce dernier, l’attention entièrement retenue par les mouvements érotiques de la danseuse de moins en moins vêtue, ne sembla pas réaliser le moins du monde l’approche du déchu.

« Eh bien ! Eh bien ! Ça pour une surprise, c’est une surprise ! », lança alors Asmodée par-dessus l’épaule du jeune homme.

Dans une main, il tenait les deux verres, alors qu’il faisait glisser l’autre d’une épaule de Melchom à l’autre. Finalement, lorsqu’il se retrouva face à lui, il déposa les boissons alcoolisées sur la table basse et s’installa dans le fauteuil voisin. Son regard malicieux, pétillant d’excitation et également de fureur, fixait de son éclat vert-noisette les yeux du jeune démon. Il lui adressa un sourire carnassier alors qu’il portait à ses lèvres son verre.

« Merci ma chérie, tu peux disposer », lança-t-il à Eva sans même la regarder, ne souhaitant pas prendre le risque de rompre le contact visuel avec Melchom.

Dans la seconde qui suivit, la jeune femme ramassa le peu d’affaires avec lesquelles elle était venue, et elle disparut de la vue des deux hommes.

« Melchou … mon petit démon au sucre d’orge si irrésistible, commença Asmodée avec une moue de déception. Qu’est-ce que tu m’as fait là ? Pas un coup de fil, pas une lettre … encore moins une visite. Et un beau jour ! Oh ! Tu te rappelles de ton vieil ami Asmo … », poursuivit-il d’une voix pleine d’étonnement.

Ouvrant sa veste d’un geste agile d’une main, Asmodée se pencha en direction de son invité forcé. Dans un même temps, il exécuta un discret mouvement des doigts de l’autre main, agrippant par télékinésie le col du jeune homme pour le forcer à s’approcher également de lui.

« Et tu m’envoies un putain d’ange !, lança-t-il avec une colère tout juste dissimulée par une voix qu’il tenta de faire la moins forte possible malgré son humeur. Pourquoi pas me mettre en ligne direct avec ce bâtard de Raphaël pendant que tu y es ?! »

Retournant dans le fond de son fauteuil, le déchu relâcha son emprise télékinétique sur Melchom, cherchant à regagner son calme et son flegme habituel. Inspirant profondément, puis expirant longuement, l’Avatar de la Luxure dissipa la colère qui l’habitait. Reprenant une gorgée de whisky, il regagna un sourire à l’attention du jeune homme. Pourtant, ce sourire n’avait encore rien de sincère. C’était plutôt une manière de garder la face et de ne pas se laisser une nouvelle fois submerger par l’ire qui couvait au fond de ses tripes.

« Je comprends que cela puisse te sembler amusant … mais, tu ne penses que pas c’était un tantinet dangereux pour ma personne ?, reprit-il avec une pointe d’agacement dans la voix. J’espérais que je comptais un peu plus pour toi pour que tu évites l’envoi de ce genre de colis piégé. Toute amnésique et partisane de l’autre tâche de Lucifer qu’elle était, elle n’en restait pas moins un fucking ange ! »

Nerveusement, Asmodée déboutonna le bouton du col de sa chemise, comme si ce geste allait lui permettre de mieux respirer et de se sentir moins oppressé. Mais pour cela, encore eut-il fallu qu’il soit possible qu’un démon puisse manquer d’air. Ce geste était certainement un reliquat des reflexes de son vaisseau, emprunté sans même s’en rendre compte par ce soudain accès de colère et de crainte.

« Bon … qu’as-tu à dire pour ta défense ? »

Il était donc assit sagement, donnant le temps à Eva de revenir pour lui, il était sage, à sa place. Il observait autour, l’endroit était bien, il pourrait y revenir s’en mal, il appréciait bien le genre. Melchom et la luxure, c’est une grande histoire d’amour. Il fut ravie lorsque la jolie blonde revint pour lui, dansant pour lui, c’était bien, c’était agréable pour les yeux. Malgré que… les blondes il ne les aimait pas, en fait, il les détestait, mais pourquoi celle-là était différente des autres? Il avait voulu la tuer non? Alors pourquoi pas ? Pourquoi il ne l’avait pas fait? Elle était différente en quoi? Ensuite, cette voix derrière lui, ce timbre de voix qu’il reconnaitrait parmi mille. C’était ça la différence avec cette blonde… elle appartenait à Asmodée et c’est là qu’il réalisa un truc important… il allait se faire tuer, vraiment. Sensation qui disparut lorsque le démon le caressa de sa main libre. Du moins, il avait senti la main d’Asmodée glisser sur lui, c’était un peu comme une caresse non? Il lui offrit ensuite un verre, mais déjà Melchom ressentait des trucs contradictoires. L’envie de coucher avec Asmodée revint surement la plus rapide, mais celle de quitter l’endroit en un morceau fut la suivante, ce n’étaient pas des choses que Melchom aimait mélanger habituellement, fallait être honnête la dessus. Melchom fit l’erreur de plonger son regard dans celui du déchu, il était piéger, il n’avait plus envie de regarder ailleurs, il avait juste envie… que cette fureur s’efface pour une lueur plus sensuelle, plus excitante. Son sourire carnassier, cette gorgée, cette bouche, Melchom savait très bien ce qu’il avait envie de faire à cette bouche… il avala de travers. Il était dans la merde là, vraiment.

Asmodée commença par renvoyé la blonde, une bonne chose, Melchom n’appréciait pas de déloger de ses habitudes et les blondes… il les brisait, il ne les embrassait pas, il ne les suivait pas. Elle avait pourtant été l’appât et Mel était tombé dans le piège, il regrettait déjà. Melchom n’avait toujours pas rompu le contact visuel d’Asmodée et… ça aurait été tellement plus simple de ne pas le regarder, de ne pas le dévorer du regard, de ne pas s’imaginer toutes ses choses, tous ses fantasmes, il allait avoir du mal à s’en sortir non? Ensuite, le déchu s’adressa à lui, se surnom, il le détestait, mais venant d’Asmodée, il n’en était plus aussi sur. Il était déçu, il était furieux, Melchom allait se faire tuer… Donc ouais, pas de nouvelle et bam, Melchom avait fait une mauvaise surprise au déchu. Asmodée déboutonna sa veste et Melchom senti la télékinésie de l’autre s’opérer. Est-ce qu’il avait dit qu’il était dans la merde? Donc, ce fut lui qui se rapprocha pour écouter ce que l’autre avait à dire. Il n’aimait pas trop les anges, il n’avait pas apprécié l’idée, pourtant, sur le coup, Melchom n’y voyait aucun mal hein. Ensuite, les deux hommes reprises de la distance, la télékinésie de l’autre ne fonctionnait plus, alors Melchom recula, étrangement, il n’avait pas son sourire habituelle aux lèvres, il était plus posé, plus sérieux, chose qui était rare, mais là, il jouait peut-être sa vie la dessus hein. Asmodée tentait de retrouver son calme et ça n’avait pas l’air chose facile, il ne digérait vraiment pas qu’Anaëlle soit un ange… il aurait plutôt dit un demi-ange hein, elle ne comptait pas vraiment. Melchom regarda l’autre détacher le bouton de son col, montrant un peu le cou du déchu, se cou Melcom l’aurait embrassé, lécher, mordiller, mais… il avait un peu raté son coup hein, il s’en rendait compte. Ensuite, vint la phrase tant redouter, c’était à lui de s’expliquer, s’expliquer à ce démon qu’il revoulait dans son lit plus que tout, expliquer le pourquoi du comment il n’avait pas eu l’impression qu’Anaëlle, ange ou pas… soit vraiment menaçant. Il eut du mal à déglutir, puis se lança, parce que bon… il était déjà mort non?

-D’accord, d’abord pour Anaëlle… avoir cru qu’elle était une menace quelconque pour toi, je ne l’aurais pas envoyé te voir, mais la première fois que je l’ai vu, on a simplement discuté de son absence de mémoire et ensuite… on a parlé, on s’est embrassé et… bah c’est ça. Si moi j’arrivais à l’amadouer… toi c’était une vraie blague, tu peux tricher et pas moi.

Oui, les pouvoirs d’Asmodée c’était de la triche, ce n’était pas insultant, c’était la vérité. Donc, déjà il avait légèrement clarifié ça, ensuite il devait parler de quoi? Ah ouais… il n’avait pas vraiment donné signe de vie et l’avait un peu ignoré devant Caym et compagnie, ouais… fallait expliquer ça.

-Pour le fait de ne pas avoir donné de nouvelles, j’en suis désolé j’ai commencé un truc plus… complexe pour de l’information et je n’avais pas trop envie qu’on me pose des questions si on nous voyait ensemble. Tu t’affiches comme opposant et ça me va, mais si je veux me faire passer pour un fervent partisan… c’est compliqué à justifier.

Ouais, il sortait exactement la même excuse à Caym parfois, c’était bien fait la vie. Melchom appréciait de jouer sur plusieurs tableau, maintenant il n’y avait que lui pour dire ou allait ses véritables allégeance finalement. C’était positif, comme négatif.

-Et… y a aussi que je n’avais pas vraiment envie de te revoir. Il se passa une main dans le visage comme pour chasser une émotion désagréable, il laissa tomber un soupire avant de replonger son regard dans celui du déchu. Une lueur d’envie venait de naitre dans les yeux de Melchom. -La fois à l’appartement… tu m’as fait perdre la tête et quand je t’ai vu dans cette maison abandonnée, j’y étais allé pour de l’info et toi… je ne savais plus ou me mettre, vers qui aller, si tu savais tout ce qui m’est venu en tête… faut me comprendre, j’aime le contrôle, j’aime garder le contrôle de ma personne et toi… tu me rends fou, que je le veule ou non.

Vrai quoi, il était horrible avec le cerveau de notre pauvre démon! Parfois, il avait l’impression qu’il était prêt à vendre père et mère pour faire plaisir à Asmodée et ça, dans son job… c’était mal. En même temps, ce n’était pas de la faute de Melchom… il était composé de luxure… Asmodée en était l’avatar… c’était logique non? Asmodée était une faiblesse, il le savait, alors aussi bien oublié tout de suite de le revoir. De toute façon, les deux hommes c’étaient dit plus jamais non?

L’air habituellement si désinvolte qu’arborait Melchom en temps normal semblait être aux abonnés absents. Réalisant dans quel traquenard il venait de mettre les pieds, il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre dans quelle situation délicate il était. Disparu le sourire bohème et le regard pétillant d’insolence, pour l’heure, le jeune démon affichait une mine des plus sérieuses, comme s’il s’apprêtait à se rendre à un enterrement … son enterrement. Incapable de lâcher le déchu du regard, il ne perdit pas une miette des reproches qui lui adressa Asmodée. Le Gardien des Secrets Infamants pouvait sentir se débattre dans l’esprit de son interlocuteur la volonté de fuir et le désir de consommer une fois encore cet amant d’une fois qu’avait été le déchu. Tétanisé sur place par le doute qu’avait fait naitre cette rencontre imprévue, Melchom ne put qu’assister impuissant à son jugement. Son regard, mélange d’angoisse et de passion, n’avait de cesse de passer des yeux du déchu à sa bouche, puis à son cou découvert. Lorsque finalement la parole lui fut accordée afin de mettre en place sa défense, le pauvre garçon eut presque du mal à commencer, manquant presque de s’étouffer avec sa propre salive.

Au sujet de l’ange, il expliqua ne pas avoir perçu de réelle menace tant la créature céleste était désorientée par son amnésie. Si lui était parvenu à se jouer d’elle, alors il estimait que ce serait un jeu d’enfant pour un expert tel que l’Incarnation de la Luxure et de la Corruption Charnelle. Asmodée devait l’admettre, Gueule d’Ange marquait un point. En présence d’Anaëlle, le déchu ne s’était pas réellement senti en danger. Mais c’était pour le principe ! On n’envoie pas un putain d’ange chez ses copains, sauf si on leur souhaite du mal !

Quoi ?! Melchom venait-il de dire qu’il avait embrassé cet ange ? Soudain, Asmodée éprouva un peu plus de respect à l’encontre de son invité, même s’il n’en dit rien. Prendre un tel risque était un sacré challenge … ou de la folie. Les deux hypothèses correspondant aussi bien l’une que l’autre à la mentalité de Melchom.

Le démon turbulent s’expliqua ensuite sur le fait qu’il n’avait donné aucune nouvelle. La raison était simple : s’affichait avec un démon opposant de Lucifer, c’était le risque de compromettre sa couverture dans ses affaires personnelles. Une nouvelle fois, sans mot dire, le déchu accepta l’excuse, même s’il la trouvait un peu facile. Melchom ne savait-il donc pas être discret afin d’échapper à la vigilance de son entourage. Asmodée ne demandait pas non plus de s’afficher en publique avec lui … mais un message rapide, ça ne mangeait pas de pain, et il existait de nombreux moyens pour s’assurer qu’une telle missive ne soit pas interceptée par qui que ce soit.

Pas un instant,  le déchu n’avait quitté Melchom  des yeux, braquant  son regard inquisiteur sur son interlocuteur comme pour déceler toute trace de mensonge ou d’omission. Le masque de marbre qu’arborait son visage ne laissait pas planer le moindre doute quant à la colère qu’il contenait en lui à l’encontre du jeune démon. Pourtant, ce début d’explication de la part de Melchom commençait à apaiser ce brasier haineux qui ronflait dans l’esprit de l’Avatar de la Luxure.

Jusqu’à ce que …

Qu’est-ce que cette petite tête de pioche, aussi sexy soit-elle, venait de dire ?! Il n’avait pas vraiment envie de le revoir !!! Plus aucun sourire aussi minime soit-il n’était visible sur les lèvres d’Asmodée depuis un moment. Et pourtant, à cet instant précis, il semblait qu’il souriait encore moins. Les mâchoires serrées à s’en gonfler les tempes, le démon primordial transperça son interlocuteur d’un regard furibond. Mais pas un seul son ne sortit de sa bouche, toute parole étant inutile.

L’embarra pouvait s’entendre dans la voix de Melchom, qui tenta de chasser son inconfort d’un mouvement nerveux de la main. Déjà dans son regard, une étincelle de désir commençait à vouloir prendre le dessus. Passant aux aveux,  Melchom exprima ouvertement l’état dans lequel le plongeait Asmodée de par sa simple présence. La réunion de Caym à laquelle ils s’étaient revus, avait été un véritable martyre pour lui. Lui qui mettait un tel point d’honneur à être dans la maitrise absolue se retrouvait désemparé devant le représentant de la Concupiscence sur Terre, perdant totalement le contrôle.

Asmodée comprenait parfaitement ce qu’était en train de lui révéler Melchom, ressentant à peu de chose prêt l’identique pour lui. Pourtant, il se sentait comme bafoué par la prise de décision du démon assis en face de lui. Serrant les poings sur les accoudoirs de son siège sans s’en rendre véritablement compte, il s’en fit blanchir les phalanges. A cet instant, les verres déposés sur la table basse se brisèrent, leur liquide se répandant sur la surface laquée avant de s’embraser, y faisant courir des flammes bleutées.

« L’histoire de l’ange … passons, commença le déchu d’une voix sèche. Que tu t’inquiètes pour ta couverture … admettons. Mais que tu n’aies plus envie de me revoir ! Personne ne me rejette de la sorte ! PERSONNE ! », finit par hurler Asmodée.

Haletant de rage, le déchu réalisa qu’il avait craché ses derniers mots tout en se relevant, surplombant Melchom resté assis, de toute sa hauteur. Les points toujours serrés à s’en imprimer la marque des ongles dans la paume, Asmodée resta alors silencieux, la respiration bruyante, se contentant de foudroyer du regard celui pour lequel il éprouvait pourtant une telle passion destructrice. Qu’importait les clients et les employés qui à présent les observaient intrigués. Qu’ils aillent tous au Diable !

Pourquoi cet excès de rage ?

Après tout, chacun souffrait de cette situation. Le déchu lui-même avait dit qu’elle était néfaste pour eux. Même si de colère, il était prêt à mettre cette ville à feu et à sang uniquement pour piétiner ce projet sur lequel Melchom travaillait en secret, et qui lui prenait tant de temps, le Gardien des Plaisirs éprouvait pour le jeune démon une affection déraisonnée, le poussant à pouvoir tout lui pardonner. Et pourtant, Asmodée était une nouvelle fois sur le point de perdre le contrôle et de dépasser certaines limites.

La raison de cette colère amplifiée était simple. Asmodée en connaissait l’explication … et Melchom n’y était pour rien. C’était la raison pour laquelle le déchu devait se ressaisir et cesser de blâmer ainsi son ami.

Le rejet … C’était certainement ce qu’Asmodée supportait le moins dans toute la Création. C’était le rejet de son Père qui l’avait conduit à devenir ce qu’il était aujourd’hui, un démon dépourvu de toute grâce angélique, aspirant uniquement à être l’objet des désirs de tous … œuvrant pour que jamais plus il ne ressente ce qu’il avait ressentit ce jour là … le jour de son exil.

Desserrant les mains et soupirant de lassitude, Asmodée se laissa retomber sur son siège. Les flammes bleutées moururent au même instant. Se prenant le front dans une main, il préféra se contenter de fixer le bout de son accoudoir et de rester silencieux plutôt que de devoir émettre le moindre commentaire au sujet de sa brève perte de contrôle.

Etait-il en train de fuir cette confrontation avec Melchom ? Ce n'était vraiment pas digne de lui. Le déchu redressa alors la tête, pour regarder son ami droit dans les yeux, la mine penaude.

« Je te prie de m’excuser. Je n’aurai pas du m’emporter comme ça », avoua-t-il d’une voix lourde de culpabilité.

Donc ouais, c’était à lui de s’expliquer et il fallait qu’il le fasse bien parce que bon, le déchu n’était pas content et Melchom n’était pas du genre à apprécier qu’on lui en veut. Fallait le comprendre, le mieux pour lui et pour sa santé c’est que tout le monde l’apprécie un minimum et si on ne l’appréciait pas, fallait se dire qu’il était utile au moins et là, il craignait d’avoir perdu des plumes auprès du déchu et ça… il n’aimait pas, parce que lui, il l’aimait bien l’ancien ange, bon aimer n’était pas le bon terme, mais c’était le plus poli en ce moment.

Donc, Melchom avait joué le jeu de la franchise et d’un minimum de remord, c’était une bonne façon de gagner son point. Expliquant qu’Anaëlle n’était pas un danger, pas pour le déchu. Si Melchom avait réussi à l’embrasser, la caresser et lui parler sans aucune triche, comment aurait-elle pu blesser le déchu? Parce que bon, y a aucune raison pour qu’un ange ne tue pas Melchom et tente de tuer Asmodée. Bon dans le cas présent oui, y a une raison, mais les deux parties impliquées ne s’en rappelle pas, bref! Elle n’était pas une menace, ça c’était sincère, il le savait, c’est tout. Ouais, Melchom était sérieux, mais pas sérieux comme s’il était irrité ou furieux, pas comme Asmodée, non, il était sérieux parce qu’il se savait qu’il avait fait une erreur et ce… pour un ange… c’était étrange non? Pourtant, Melchom avait envie que l’emplumé retrouve ses souvenirs, ne lui demandé pas pourquoi, c’était dans ses nouvelles lubies, ça allait passer. Il faut quand même mentionner que de mettre sa vie en jeu pour un baiser ne l’avait même pas déranger, ouais… il était atteint le démon, vraiment. Ensuite, il expliqua qu’il était dans une affaire complexe qui demandait toute la discrétion du monde et ça, c’était quand même vrai. Tenter de jouer sur plusieurs tableau à la fois, tout le temps et vous verrez que ce n’est pas tant simple, il y avait des règles à respecter pour que tout fonctionne. Genre, prenez son portable par exemple, tout le monde avait un petit surnom vraiment con, mais oh combien facile à se rappeler, comme ça, personne ne savait qui était qui sauf Melchom. Donc ouais, c’était facile de texter son frère pour se téléporter dans son lit, mais… il n’avait même pas le numéro d’Asmodée en fait… du moins, s’il l’avait déjà eu, il n’était pas au courant. Faudrait lui trouver un petit surnom accrocheur, c’était une idée quand même.

Ensuite, Melchom fit une autre bêtise, mais elle, elle était vraie, alors elle aurait arrivé un jour ou l’autre non? Il avait réussi à calmer le déchu jusqu’à ce qu’il lui explique qu’il ne voulait pas vraiment le croiser, ni le voir. Ce qui était vrai hein, parce que là, tout de suite, il avait envie de plus, son sang bouillonnait dans ses veines pour obtenir plus, mais il pouvait se contenir, tandis que lorsqu’ils faisaient plus, se rapprochait, que le désir devenait difficile à retenir, il avait toujours peur de merder et d’en dire trop, vous n’imaginez pas la merde dans lequel il se mettrait d’en révéler trop. Il jouait sa vie à jouer avec le feu comme ça. Parce qu’on est d’accord, s’il merde… Caym n’allait pas que le renvoyer en Enfer, c’était un fait.

Donc ouais, il préférait éviter le déchu, c’était mieux pour sa santé. Pourtant, le déchu ne sembla pas d’accord, mais pas du tout. Genre, il c’était crispé, serrant sa mâchoire et surtout, il lui balançait un de ses regards… Melchom n’était pas des plus à l’aise disons. Pourtant, il ne disait pas qu’il ne voulait pas d’Asmodée, il disait qu’il en voulait trop, c’était complètement différent quand même. S’il avait le choix entre se contrôler ou voir Asmodée… il choisissait le contrôle, c’était une valeur sur! Surtout que le déchu avait dit plus ou moins la même chose la dernière fois, les deux protagonistes étaient mieux l’un, loin de l’autre. Melchom avait juste fait pour tenir cette promesse, mais le déchu ne semblait pas ravi, loin de là. Non mais, vraiment pas, parce qu’il fit exploser les verres, enflammant l’alcool par le fait même… oups? Melchom gardait son calme, il y aurait surement une façon de passer outre quand même. Donc ouais, l’histoire de l’ange c’était pardonné ou presque, sa couverture, sa passa moins bien, mais il gagnait le bénéfice du doute. C’était déjà ça puis… il c’était relevé pour lui balancer par la tête qu’il ne supportait pas qu’on le rejette, personne ne pouvait, Melchom l’avait fait pourtant, donc ouais, Melchom ne faisait jamais rien comme tout le monde on dirait bien. Melchom gardait son regard fixé dans celui du déchu, on ne pouvait pas y lire de la crainte, plus un désir ardent qu’il tentait de maitriser, c’était ça le but de la manœuvre non? Qu’Asmodée sache que Melchom garderait le contrôle non? C’était ce que Mel voulait, ce qu’il lui fallait. Pourtant, en ce moment, c’était Asmodée qui perdait le sien, dans son club, devant ses clients… ce n’était pas le mieux non? Le déchu prit du temps pour se recentré, desserra finalement les poings et retrouva sa place, dans son fauteuil. Les flammes c’étaient laisser mourir, autant qu’Asmodée avait retrouvé le contrôle de sa personne, maintenant… il fallait bien expliquer, choisir les bons mots et ça, c’était complexe. Pourtant, le déchu releva les yeux vers Melchom et s’excusa pour sa perte de contrôle momentanée. C’est là que Melchom se permit de nouveau son petit sourire doux, craquant et débonnaire.

-Ça va, sa illustre bien ce que je dis pourtant… ensemble c’est… c’est pas viable. On perd le contrôle, on fait des trucs cons… on va le regretter.

Son sourire se teinta d’une lueur de tristesse, comme s’il faisait le deuil de quelques choses qui aurait pu être agréable, qui aurait pu être parfait, mais non, il ne le devait pas, il allait se crucifier lui-même, mais… il s’avança sur son fauteuil pour se rapproche de l’objet de son désir puis, il lui caressa doucement la main, sans plus.

-Pouvoir me permettre de te voir plus souvent, je le ferais, promit, mais ce n’est pas quelque chose d’envisageable. Faut être raisonnable.

Le contact de la peau d’Asmodée, cette envie de le gouter, le lécher, l’embrasser, l’envie de sentir sa bouche sur sa propre peau, c’était insoutenable, mais il garda le contact quelques instant, avant de retourner dans son propre fauteuil, rompre se contact, si petite soit-il, était franchement difficile pour lui.

-Je suis désolé Asmodée si mon choix ne te plait pas, mais… on ne peut pas faire autrement.

Ça, c’était surement faux. Ils auraient pu trouver des moyens de se soir, de passer de très, mais très bon moment, d’être ensemble, de profiter, mais ça impliquait trop pour Melchom, ça impliquait de risquer de dévoiler des secrets à Asmodée que Melchom ne pouvait pas lui dire, ne devait pas. Il ne changerait pas d’avis, c’était mieux pour tout le monde, fallait juste que le démon de la luxure soit raisonnable, sinon… Melchom n’allait pas tenir ses résolutions bien longtemps. Quand même, c’était surement la première fois que quelqu’un tentait de rompre avec le déchu, Mel en était fier quand même.

Face à la réaction du déchu, Melchom resta le plus  impassible possible, préférant ne pas envenimer la situation, mais également contenir ses propres pulsions. Comme il l’avait expliqué un peu plus tôt, il mettait un point d’honneur à garder le contrôle de lui-même, y compris (et surtout) face à Asmodée et à tout ce qu’il faisait naître chez lui.

Lorsque l’Avatar de la Luxure parvint à regagner un calme apparent, Melchom en profiter pour lui expliquer combien être ensemble était imprudent. Poursuivre sur cette voie, c’était courir à une catastrophe, pour l’un comme pour l’autre, cette relation prenant une tournure trop imprévisible et limite autodestructrice. Dans la voix du jeune démon, Asmodée pouvait ressentir toute la peine qu’un tel choix lui faisait ressentir. Pourtant, Melchom conservait toute sa dignité. Sans doute c’était-il déjà préparé à cette conversation depuis un moment, et déjà, il avait commencé son travail de deuil. Melchom s’approcha alors du déchu, malgré toute la difficulté que cette proximité exerçait sur sa volonté. Avec affection, il caressa la main de l’exilé de l’Eden avec tendresse et ce qui semblait être de la compassion, comme pour tenter de rendre la nouvelle moins douloureuse. Melchom expliqua ensuite qu’ils devaient tous les deux se montrer raisonnables, et tirer un trait sur cette relation. Relevant la tête, Asmodée l’observa droit dans les yeux, le regard empli d’incrédulité.

« Tu nous demandes d’être … raisonnables ?, commença, la voix teinté d’incompréhension et d’étonnement. Melchom, c’est tout sauf dans notre nature. La passion n’a rien de raisonnable ! Elle est impulsive et c’est en ceci que réside sa force. Tu cherches à nous couper les ailes … »

Cette dernière expression, n’avait pas été choisie par hasard par Asmodée, lourde de sens pour celui qui par le passé avait littéralement subi ce sort. Sur le visage du déchu, tous pouvait aisément lire le  désappointement et voir qu’il était terrassé par le choix de Melchom, trop extrême à son goût. Ce dernier avait été très clair sur ses intentions, ne voyant pas d’autre solution que de mettre un terme à cette relation explosive. Que craignait-il à ce point pour ne pas trouver le courage de poursuivre, et ce malgré les risques ? Pourquoi cette relation n’était pas plus forte que les difficultés qui se dresseraient sur son chemin ? Il s’était résigné et avait fini par baisser les bras … avant même d’avoir essayé.

« On a toujours le choix … », lâcha le déchu dans un souffle de déception.

Amer, Asmodée accepta cependant la décision de Melchom, non sans difficulté. Toutefois, il tint malgré tout à donner son opinion sur ce choix. La situation lui étant imposée, il n’allait en plus pas se contenter d’acquiescer sagement. Le mettre devant le fait accompli était déjà assez frustrant.

« J’étais prêt à t’offrir bien plus que tout ce que tu peux imaginer … Sans doute n’était-ce encore une fois pas un choix judicieux … une folie … mais c’était mon choix, un choix passionné et assumé. Tu aurais pu tant avoir … », commença le démon avec un timbre où transparaissait l’amertume.

Détournant le regard, les sourcils froncés par le souci, Asmodée se contenta de fixer le vide, tout en se saisissant la lèvre inférieure entre le pouce et l’index. Cette rencontre était une véritable torture. Elle était comme un cancer commençant à lentement, mais surement, ronger l’esprit du Mille et Une Fois Maudit. Il devenait urgent l’arracher. Plus tôt ce serait fait, plus rapidement le problème serait évincé … quand bien même cette opération serait douloureuse. Après tout, en matière de souffrance, Asmodée en connaissait un rayon, en ayant déjà encaissé des bien plus pénibles par le passé.

« Avec ta décision, tu nous sépares à jamais … as-tu seulement conscience de ce que l’éternité signifie pour des êtres comme nous ? Réalises-tu la porter des mots pour toujours et à jamais pour notre espèce ? »

Si pour les humains, ces mots avaient plus une portée poétique et symbolique qu’autre chose, leur fragile existence étant bien trop éphémère pour qu’ils puissent seulement en avoir une idée du véritable sens, pour les créatures immortelles, le concept d’éternité était une réalité … une réalité très longue … vraiment très longue.

Asmodée reporta alors son attention sur son interlocuteur. A présent, dans son regard plus froid que précédemment, Melchom pouvait sans doute y lire une forme d’accusation.

« Je t’ai fait confiance … je me suis ouvert à toi … je me suis confié … pour que finalement, tu me trahisses en te détournant de moi comme d’autres l’ont fait avant toi par le passé. »

Sa voix était étrangement calme au regard de la situation. Posée et maîtrisée, elle évoquait le même froid que le regard que posé le démon sur Melchom.

« Tu m’as fait la pire chose qu’il t’était possible de commettre … en toute connaissance de cause. »

Le visage de marbre, Asmodée ne cherchait même plus à faire d’effort pour dissimuler son ressenti à ce moment précis. Puisque Melchom avoir fait le choix de cette voie, alors, le déchu se devait de désinvestir cette relation. D’une certaine manière, c’était ce que lui avait demandé son invité.

« J’accepte ta décision puisque tu ne me laisses pas le choix … même si je ne l’approuve pas. Cette attirance que j’éprouve pour toi, persistera très certainement pendant un moment … et ça me tue rien que d’y penser. »

Cette fois-ci, ce fut au tour d’Asmodée de se rapprocher du bord de son fauteuil afin de réduire la distance le séparant de Melchom. Après une courte pause, il se releva pour se diriger en direction du jeune démon, s’approchant de lui. S’appuyant des mains sur les accoudoirs du siège de Melchom, le déchu plaça son visage à quelques centimètres de lui, sans cesser de le regarder droit dans les yeux.

« Toutefois, je dois te remercier … car cette fois, je pense avoir compris la leçon : on ne peut véritablement faire confiance qu’à soi-même. »

Melchom tentait d’être sage, d’être raisonnable et ce n’était tellement pas son rôle habituel! Melchom était du genre… à suivre ses envies, tout simplement. S’il avait envie de quelque chose, il le prenait, mais il aimait avoir le contrôle de sa personne, mais ça c’était souvent le plus compliqué avec le fait de suivre ses envies. Il voulait garder le contrôle, mais prendre ce qu’il voulait. Dans le cas présent, c’était Asmodée qu’il voulait prendre, mais tout en gardant le contrôle? Aucune chance, il lui faisait perdre toute trace de contrôle dès qu’il se rapprochait. L’idée était donc qu’il reste loin, même si l’envie n’y était pas. Il tenta tant bien que mal de lui expliquer qu’ils se devaient d’être sages, d’être raisonnables. Qu’ils devaient… lutter ouais. Pour prouver son point, il lui caressa la main, c’était déjà beaucoup, faire plus… il aurait envie de plus, ça serait trop et Melchom exploserait. Pourtant, l’incrédulité du déchu s’exprimait. Il accusait Melchom de tenter de leur couper les ailes, c’était exactement ça, mais en même temps… ils étaient des démons, parler d’un nous était-il vraiment envisageable? Il soupira

-Je sais…

Il baissa les yeux, il n’était même pas certain d’y arriver en fait. Il espérait qu’Asmodée soi le plus raisonnable des deux, mais est-ce que c’était possible? Oui, Melchom pouvait parfois passer pour extrême, mais il n’avait pas vraiment le choix, il ne savait pas comment concilier sa vie présente et une relation incontrôlée avec Asmodée. Fallait qu’il trouve comment tout gérer et sérieusement, il ne savait pas s’il pourrait y arriver. Asmodée était déçu, mentionnant qu’on avait toujours le choix, fallait lui concéder non?

-Oui, mais… sa serait tellement plus simple d’y arriver.

Ouais, plus simple, mais il doutait quand même, parce que bon, ça demandait d’être raisonnable et il n’était pas certain d’y arriver bien longtemps, fallait juste garder une certaine distance, c’était possible? Surement. Il était sage notre Melchom et en contrôle, un peu. Ensuite, Asmodée rajouta qu’il était prêt à lui offrir bien plus que ce qu’il aurait pu imaginer, que c’était surement une folie, mais que c’était son choix, Melchom se mordit la lèvre pour ne rien dire, ne rien rajouter, mais… ça le travaillait. Mais… il tint bon, sagement. Quand Asmodée mentionna que par sa décision, il les séparait pour toujours, Melchom eu l’air un peu perdu, euh… c’est long toujours hein, vraiment.

-Mais… on n’est pas obligé de dire pour l’éternité non plus. Je ne suis pas prêt à dire pour toujours, loin de là.

Parce qu’un jour, sa situation changerait peut-être. Il gagnerait peut-être en contrôle. Personne ne pouvait dire ce que le futur leur réservait quand même! Non, il n’était pas prêt à dire pour toujours, peut-être… quelques années, le temps que tout ce tasse? Pourquoi pas hein? Le déchu enchaina qu’il lui avait fait confiance, qu’il c’était ouvert à lui et que maintenant il le trahissait? Non mais, ce n’était pas ça, pas ça du tout. D’autre l’avait fait avant peut-être, mais pas lui. Il l’accusait d’avoir fait la pire chose, en connaissance de cause. Quoi? Mettre fin à tout ça avant que ce soit réellement commencé? Melchom sentait Asmodée s’éloigner, se renfermer… ça le tuait, vraiment. C’était pas ce qu’il avait voulu, pas ce qu’il recherchait.

-Mais… c’est pas ce que j’ai dit, pas ce que je cherchais à faire… Asmodée…

Il était légèrement plus implorant là, il ne voulait pas que ça se finisse comme ça, en fait… il ne voulait pas que ça se finisse du tout hein, il voulait juste reporter leur relation à plus tard, avec Caym et tout là, c’était mieux de tenter plus tard, quand tout le drame de Lulu en liberté serait mis de côté, vraiment. Il acceptait donc la décision de Melchom, mais n’approuvait pas, mais pourtant il avait l’impression que son attirance persisterait et celle de Melchom, vous y pensez! Genre… Melchom il ne pouvait pas tricher lui au moins! Asmodée c’était finalement levé, s’appuyant sur les accoudoirs de Melchom, son visage si proche du sien. Tous les sens de notre démon étaient en alerte, il voulait tellement plus, tellement… mais il ne fallait pas, mais peut-être? C’est là que le bât blesse… Asmodée le remerciait, il avait compris la leçon, on ne pouvait faire confiance qu’à soi-même. Non, c’était faux, ce n’était pas ça. Il en avait marre. La proximité et tout… il n’arrivait même plus à se concentrer et il comptait bien faire pire. Il se redressa, repoussant Asmodée au fur et à mesure avec sa télékinésie pour garder exactement la même distance, puis une fois debout rapprocha son corps, mais pas son visage, il était déjà assez près, sa pseudo-respiration s’emballait.

-Non, je refuse que tu le prennes comme ça. Je ne fais pas ça par caprice Asmodée, on… tu ne me connaît pas. J’ai passé toute ma vie d’un lit à l’autre pour ramasser de l’information que je vendais au plus offrant. C’est mon job de démon et je l’assume, c’est ce que je fais de mieux. Il va se passer quoi quand quelqu’un va apprendre que je suis dans ton lit à toi et me demander de l’information sur toi? Je ne pourrai pas, je ne voudrai pas et c’est tout mon business qui va s’effondrer.

Un peu d’honnêteté ne faisait jamais de tort et étrangement, Melchom était un démon honnête. Il était passionné le Melchom, passionné et légèrement désespérer hein. Il n’aurait pas cru que ça tournerait comme ça, loin de là.

-Et tu vois, c’est ça qui m’inquiète entre toi et moi, c’est que tu étais prêt à m’offrir le monde, tout et plus encore et moi, au fond, je m’en fous, je ne voulais que toi, rien d’autre. Je ne peux pas m’en contenter, mais pourtant… c’est juste ça que je veux. Je te veux toi, à moi, pouvoir me dire que les autres, c’est rien et ça me rend fou de savoir que les autres existent. Pourtant, je fais le même job que toi ou presque, alors non, ça ne fonctionnera pas, je vois pas comment.

Maintenant, c’était dit non? Il avait envie de plus, d’avoir l’impression d’être le seul pour un mec qui fonctionne exactement comme lui, c’était impossible, il le savait, mais en même temps… à quoi bon?

-Accuse-moi d’abandonner avant même d’avoir commencé si ça te chante, mais ne pas t’avoir va me tuer et t’avoir va me conduire à ma propre perte, je fonctionne aux secrets et je ne crois pas arriver à les garder en étant dans ton lit. Alors… je ne sais plus ce que je veux, ni comment je le veux et c’est pas parce que j’ai pas cherché.

Il avait fini sa phrase trois tons plus bas, presque dans un souffle. Trop de proximité tuait sa volonté, vraiment. Au moins, c’était clair maintenant. En prime, même s’il c’était rapprocher encore de quelques centimètres du déchu, il avait réussis à ne pas l’embrasser, ne pas le toucher. S’il le touchait, c’était la fin de sa volonté, sa pauvre volonté qui devait vraiment se demander ce qu’il foutait encore là. Il jouait à un jeu dangereux, lui faisant encore et toujours penser à Icare, volant trop près du soleil. Asmodée était un peu son soleil et il se brûlerait encore et encore les ailes, c’était triste pour un démon.

Devant la déferlante de reproches qu’Asmodée avait déclenché sur Melchom, ce dernier peinait à pouvoir placer un mot. Se justifier devenait de plus en plus complexe à mesure que le déchu laissait libre cours à sa rancœur naissante, fruit d’un égo meurtri. Malgré tout, le jeune démon gardait le cap, contre vents et marées, gardant le contrôle de ses désirs malgré une proximité toujours plus douloureuse pour lui. Mais réalisant à quel point il venait de blesser celui pour lequel il éprouvait tant de passion, Melchom ne put se retenir d’avantage d’intervenir, trop désireux de rétablir la vérité.

Affrontant le déchu, il le repoussa délicatement à l’aide de sa télékinésie, gagnant ainsi l’espace pour se redresser afin de faire face à l’Avatar de la Luxure. Surpris par cette soudaine rébellion, Asmodée ne chercha même pas à lutter contre cette poussée invisible, et recula, faute d’autre option. A présent, Melchom le regardait droit dans les yeux, l’air offensé par l’injustice. Pourtant, la passion était encore visible en lui, voire même, plus intense qu’auparavant. Son explication, d’une honnêteté sans commune mesure, laissa Asmodée le souffle coupé. C’était pour le préserver, afin de ne pas prendre le risque de le trahir involontairement que Gueule d’Ange voulait leur imposer cette distance. Trop attaché au déchu, il ne voulait pas prendre le risque de le compromettre par accident, se retrouvant alors incapable de se pardonner lui-même. Toujours silencieux, le Maitre des Succubes chercha un moment à fuir le regard de son interlocuteur, mais se résignant, finit par y retourner. Dans les yeux clairs du démon, il vit de la crainte et du désespoir.

Qu’était-il en train de lui imposer ? Qu’était-il en train de lui faire subir au nom d’un stupide égo ?!

La passion de Melchom était telle qu’il semblait presque jaloux qu’Asmodée puisse être en contact avec d’autres individus. Pourtant, il savait parfaitement que l’exclusivité n’était pas envisageable, ce qui s’ajoutait à sa torture. La simple présence d’Asmodée s’avérait être un tourment pour lui à l’heure actuelle, car si proche et pourtant, si inaccessible.

Le déchu se détendit, ses traits regagnant douceur et affection à l’égard de Melchom. Un léger sourire apparut sur ses lèvres. Pourtant, il était différent de ceux qu’affichait habituellement Asmodée. Ce sourire n’avait rien de provocateur, de moqueur ou d’aguicheur. Non, c’était un sourire sincère comme en offrait très rarement le démon. L’Infortune d’Eve étouffa alors son aura, dissipant complètement les charmes qui habituellement l’entouraient. Pour ainsi dire, il se mettait à nu, il ne trichait plus … et surtout, il espérait ne plus faire souffrir Melchom de par sa présence si attractive en temps normal. C’était la première fois depuis des millénaires que le déchu baissait ainsi sa garde, renonçant l’espace d’un instant à ce don si particulier qu’il avait su développer au cours des âges. S’envelopper de cette aura de séduction était devenu une seconde nature, un réflexe auquel le démon ne prêtait même plus attention tant il était devenu une habitude, un peu comme les humains et la respiration. Abaisser ainsi ce voile tentateur, c’était également s’exposer au risque que Melchom ne le trouve plus si charmant que ça au final sans ses artifices.

« A présent, je comprends Melchom …, lui dit-il d’une voix étrangement sereine au regard de la situation. Tu préfères souffrir que de prendre le risque de me trahir … j’apprécie le sacrifice. »

Ecrasant les derniers centimètres que les séparaient, Asmodée saisit son invité dans ses bras, le serrant avec tendresse contre lui. Plaçant son visage dans le cou de celui-ci, il inspira profondément. A cet instant, le déchu aurait voulu poursuivre cette étreinte éternellement. Mais le souhait de Melchom était autre … et Asmodée se devait de le respecter. Après plusieurs secondes, l’Incarnation des Désirs Charnels dégagea son visage pour venir déposer un baiser affectueux sur la joue de Melchom, et finalement s’écarter de lui.

Les mains dans les poches, il le contempla de nouveau.

« Je saurai attendre que tu sois prêt, quand bien même, dussè-je patienter une éternité. »

Donc ouais, le déchu lui balançait des trucs par la tête et Melchom tenta de lui expliquer sagement ce qu’il voulait dire. Le dire mieux du moins. En fait, il ne voulait pas tout briser et c’était ce qui était en train de se passer. C’était toujours comme ça entre eux, un mot de trop et tout déboulait. Melchom aurait peut-être aimé qu’Asmodée lutte un peu plus pour le garder, mais c’était à lui de trouver une solution maintenant. Il était maintenant debout, dévorant le déchu de son regard et il avait tellement envie de plus, de le pousser dans un coin sombre et d’assouvir ses envies, de laisser Asmodée assouvir les siens, qu’importe. Il fallait trouver un moyen de tout réparer et Asmodée fut beaucoup plus concilient que ce que Mel voyait généralement chez les démons, c’était perturbant quand même. En même, aussi sotte soit-elle, l’idée de posséder Asmodée pour lui tout seul le turlupinait quand même. C’était vrai, mais c’était impossible. Depuis quand Melchom avait envie de posséder des trucs en fait. Parce que bon… on est d’accord que ce n’était pas quelque chose d’habituel, même que ce n’était jamais arrivé et là bam! Il voulait posséder Asmodée et George, mais… Asmodée c’était impossible… aussi bien en faire baver à George du coup. Il dévorait toujours autant des yeux Asmodée et graduellement, il ne ressentit plus cette pression incessante de le violer dans un coin, c’était plus doux, plus… possible d’être contrôler. Il pouvait retenir les brides de sa passion, il avait plus de facilité à suivre, pouvant même éteindre toute passion dans ses yeux s’il le voulait, mais… il n’avait pas envie de mentir, alors il continuait toujours de le regarder de la même façon. Triche ou pas, Melchom voulait beaucoup plus d’Asmodée. Le déchu mentionna qu’il comprenait à présent, que le démon préférait souffrir que de le trahir, il appréciait le sacrifice. Il était doué en sacrifice quand on parlait d’Asmodée quand même. Sa le mettrait dans la merde un jour, il s’en doutait, mais il s’en fichait aussi. Après avoir tué le peu de centimètre qui restait entre eux, Asmodée fit un truc qui surprit Mel, mais genre vraiment. Assez pour qu’il en oubli de répliquer. Il lui fit une caresse, un câlin très… tendre. C’était bizarre un peu, soudain disons, mais il lui rendit, profitant de cette proximité qu’il pouvait contrôler. Ça le soulageait d’un poids, il se permettait d’apprécier vraiment. C’était nouveau avec Asmodée de se dire que l’envie n’était pas basé sur de la triche, c’était bien. Il avait maintenant plus envie encore… merde, il était brisé le démon. Quand Asmodée lui donnait moins envie, il en avait plus envie, taper le quelqu’un. Le baiser sur la joue que lui offrit Asmodée était tellement… doux et… comme un Adieu, Melchom allait devenir fou, il ne pouvait pas accepter ça, il n’allait pas supporter… Asmodée était prêt à attendre une éternité s’il le fallait, mais en ce moment… Mel pouvait parier sur… deux peut-être trois… heures? Pas plus. Oui, il était brisé et c’était de la faute d’Asmodée. La dernière phrase avait donné des frissons à Melchom, mais des frissons d’horreur, parce qu’on est d’accord… c’est long une éternité, mais genre… vraiment long! Melchom détestait attendre 10 ans pour voir Caym, alors une éternité… aucune chance, il allait mourir avant. Donc, même s’il ne ressentait plus cette pression déroutante d’envie passionné pour Asmodée, il en avait tout de même envie. Juste que maintenant, il arrivait à se contrôler, donc… Melchom fit ce qu’il faisait tout le temps, être contradictoire et rompis les derniers centimètres pour embrasser Asmodée avec toute la passion qu’il avait pour lui et il en avait beaucoup, avec ou sans triche, c’était pareil, juste qu’il était maitre de son corps en ce moment. Ensuite, il éloigna son visage, tout en continuant de lui caresser les cheveux avec la main qui si était glissé pendant le baiser. Melchom aimait la proximité d’Asmodée, c’était surement mal, mais… on s’en fiche non? Donc, c’est dans un souffle qu’il rajouta seulement pour lui et pour Asmo :

-Ou… on trouve un compromis viable, parce que… je ne survivrai pas à une éternité d’attente.

Ouais, c’était le plus faible des deux et il s’assumait, il n’y pouvait rien, il savait qu’il devait être raisonnable, mais il n’en avait pas envie, c’était un démon… il n’était pas raisonnable, il était tout sauf raisonnable. Pourtant, il fallait, mais… pas trop? Parce que bon, est-ce qu’il était capable d’être raisonnable? Surement pas. Il lui fit un petit sourire joueur, ouais, un compromis ça pourrait ce faire.

-Maintenant que tu es au courant de mes soucis de… gestion de tout ça. On peut arranger quelque chose non?

Ça serait bête d’abandonner tout ça finalement, si Asmodée arrivait à être aussi conciliant non? Parce que bon, Melchom était habitué à des démons ordinaires, fallait l’avouer. Avec un démon ordinaire, c’était toujours difficile de croire qu’il allait arriver à être subtil, mais il faisait confiance à Asmodée, donc il proposa simplement et toujours sur un ton de confidence :

-Genre, on se voit de façon très subtile et si on me demande de… me renseigner sur toi, je dis que c’est mort depuis qu’un de nous deux à laisser tomber l’autre et que tu me détestes pour ça… et tu ne me poses pas de questions sur mon job… comme ça, je reste fidèle à mes habitudes. C’est une éventualité, non?

Il restait toujours aussi près d’Asmodée, même sans cette pression qui le poussait à plus, rompre la proximité était un truc impossible pour lui en ce moment, vraiment. Il avait encore envie de plus, de le sentir, de le goûter. C’était surement mal quelque part, mais il ne savait pas trop à quel point.

-N’importe quoi serait mieux que l’éternité sans tenter le coup.

Oui, il lui faisait des yeux de gamins cherchant désespérément un moyen d’obtenir son dessert avant le repas. Il n’avait pas énormément de chance sur le sujet, mais… sait-on jamais. L’espoir fait vivre dit-on.

Désemparé dans un premier temps par le choix du déchu, Melchom resta silencieux et se laissa faire lorsqu’Asmodée l’enlaça, puis l’embrassa. L’aura du Gardien des Secrets inhibée, Gueule d’Ange n’en perdit pas pour autant sa passion à l’égard du déchu, et visiblement ses désirs insuffisamment assouvis, ce fut lui qui cette fois-ci embrassa Asmodée. Mais son baiser était bien différent du précédent, plein de passion et de fougue. Cette fois-ci, ce fut au tour de l’ancien serviteur des Cieux de se laissait faire, alors que Melchom faisait courir ses doigts dans la chevelure châtain clair du déchu. Tout en reprenant son souffle, le jeune démon sourit à Asmodée, annonçant alors que plutôt que de cesser de ce voir, ils pouvaient également tâcher de trouver un compromis afin de continuer de se rencontrer.

Il était incorrigible, ce qui arracha un sourire satisfait au déchu. Melchom ne voulait pas attendre une éternité avant de pouvoir reprendre cette histoire entre eux deux. Il proposa alors de vivre cette passion dans le secret, à la condition qu’Asmodée ne lui pose jamais de question afin de ne pas placer Melchom dans une situation délicate.

« Effectivement, nous pourrions tenter d’être subtiles, confirma le déchu en souriant. Mais, tu as conscience que ce ne sera pas évident à gérer … ? »

Asmodée se dégagea et inséra de nouveau une distance décente entre eux. Tournant le dos à Melchom, le déchu plaça les mains dans ses poches. Fermant les yeux, il inspira profondément. La situation serait délicate à gérer, c’était indéniable.

« Même si j’ai un certain don pour me faire apprécier, mes idées ne sont pas du gout de tout le monde … comme tu as pu le remarquer, avoua-t-il en se tournant pour faire de nouveau face à son invité. Ce qui signifie que tu côtoieras tôt ou tard mes rivaux … si ce n’est pas déjà fait. A la moindre erreur de manœuvre de notre part … c’est toi qui risque d’en payer les frais. Tu dois en avoir conscience. »

Le déchu s’approcha alors de Melchom, tirant une main de sa poche, il en posa le bout de son index au milieu du torse du démon.

« Quant à cette couverture qui me donne la position de l’ex particulièrement amer … j’accepte le rôle. »

Du bout du doigt, Asmodée força son interlocuteur à reculer, jusqu’à ce qu’il finisse par trébucher dans le fauteuil placé derrière lui, se retrouvant assis dans ce dernier. Debout devant lui, le déchu le toisa alors avec un regard de prédateur et un sourire mesquin.

« N’attends donc aucune pitié de ma part en public. »

Le réseau électrique du club sembla alors rencontrer une faiblesse, les lumières se mettant à vaciller, pour finalement s’éteindre un court instant, plongeant la salle dans l’obscurité la plus totale. Quelle bonne aubaine de pouvoir interférer avec les ondes électroniques lorsque l’on est un démon. Saisissant Melchom par le col de sa chemise, Asmodée les téléporta alors tous les deux dans l’intimité du carré VIP avant que la lumière ne revienne, ainsi, ce petit tour de passe-passe était passé inaperçu aux yeux des clients.

« En revanche, dans un cadre privé … les choses s’avèreront bien différentes. »

Arrachant la chemise de Melchom sans ménagement, le déchu l’embrassa alors avec passion et fougue. Effectivement, l’éternité pouvait bien aller au Diable.

Spoiler:

Oh oui, tout était compliqué, vraiment. Il ne savait plus trop ou donner de la tête, c’était franchement compliqué quand même. Oui, bon déjà… l’éternité c’était long et Melchom n’avait pas la patience requise, le démon il voulait le déchu dans son lit genre… maintenant, pas demain non, mais vraiment maintenant. Genre… 15 minutes, c’était ce qu’il assumait être capable de tenir, peut-être moins. Donc, fallait trouver un compromis, mais lequel… aucune idée. Non en fait, il avait une petite idée et il l’a proposa au déchu. Sait-on jamais, il serait peut-être partant dans tout ça. En prime, ça arrangerait bien les affaires de Melchom. Donc ouais, ils se séparaient devant tous et chacun, se disant Adieu, mais en privée… il ferait bien ce qu’il voulait de Melchom. Oui bon, il ne l’avait pas vraiment dit comme ça, mais… c’était ce qu’il pensait, on n’allait pas lui dire, il aurait pu en profiter. Le déchu accepta de tenter d’être subtiles, mais il lui demanda s’il avait conscience que ce serait dur à gérer.

-Je m’en doute ouais.

Parce que bon, il ne pouvait pas vraiment dire que ce serait facile, surtout que Melchom n’aimait pas être détesté et qu’Asmodée non plus, donc… le jouer, que ce soit vrai ou pas… c’était chiant, mais il assumait. Asmodée mentionna que ses idées n’étaient pas aux goûts de tout le monde, qu’il l’avait remarqué, bien sûr qu’il le savait, mais… on s’en fichait non? Il mentionna qu’il côtoierait tôt ou tard de ses rivaux. Hm, on n’allait pas lui mentionner que c’était déjà le cas, ce ne serait pas bien vu là tout de suite, non? Il voulait que Mel ait conscience qu’à la moindre erreur, c’est surement lui qui en payerait les conséquences. Hm, on éviterait ça, vraiment.

-Je m’en doute, mais… là, tout de suite, je m’en fous… c’est toi que je veux.

Le pire dans tout ça… c’est que c’était vrai, il l’avait dit d’une voix neutre, du moins, tentant que ce soit neutre, mais son regard était empli de passion et de désir. Ensuite, Melchom offrit son sourire le plus provocateur quand Asmodée accepta de jouer l’ex particulièrement amer. C’était surement ça, le jeu le plus dangereux, avoir Asmodée à dos… ce n’était pas chose facile quand même. C’était excitant, il se mordit la lèvre inférieure en signe d’anticipation, oh oui, il avait très envie de s’engueuler avec Asmodée pour ensuite, se téléporter dans son lit, vraiment, cette idée c’était tellement… En prime, du bout de l’index, il se fit pousser par le déchu jusqu’à trébuché dans son fauteuil et si affaler. Il était bien, il s’amusait. Il dévorait le déchu des yeux, le voulait encore plus maintenant qu’il contrôlait ses instincts, mais pourquoi? Aucune idée, mais il n’avait rien à comprendre, Melchom était doué avec les contradictions. Il ne fallait donc attendre aucune pitié de sa part en public… l’idée était… succulente, fallait l’avouer.

-Ça me va, mais si t’es méchant… je vais vouloir plus ensuite.

Il lui souriait, il était sage, il le dévorait, il en voulait plus ici et maintenant, assit dans son fauteuil. Ensuite, les lumières vacillèrent, surement un coup du déchu, mais il s’en fichait, surtout quand il se fit saisirent par Asmodée. Il se téléporta avec lui, c’était bien, vraiment. Une fois dans… une autre pièce beaucoup plus intime avec Asmodée il lui arracha sa chemise, lui mentionnant qu’en privée, ça serait bien différent. Il rendit coup pour coup les baisers passionnés d’Asmodée pour ensuite, lui arracher sa chemise de la même façon, s’attaquant aux pantalons d’Asmodée aux passages. Il se laissa tomber à genou, terminant de détacher le pantalon du déchu. Il savait comment remercier le jeune démon.

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