III.02 Jadis naguère!

Elle était jeune, quelques dizaines d'année tout au plus. Elle appartenait à l'une des dernières générations d'êtres célestes. On pouvait presque dire d'elle alors qu'elle était une gamine. Presque, car pouvait-on vraiment dire cela d'un ange. Les anges, après tout, étaient différents des êtres humains, ils n'avait pas du tout la même existence. Depuis qu'Anaëlle existait (faute d'une meilleure expression pour parler de la naissance d'un ange) elle apprenait. Il y avait tant à apprendre avant d'être prête à recevoir des missions. D'abord, elle avait dû apprendre les différentes langues utilisées par les humains afin de communiquer. C'était logique aussi : elle devait pouvoir se faire comprendre de ceux qu'elle devrait protéger. Le jeune recrue n'avait heureusement pas eu trop de difficultés pour cela, malgré la difficulté de certaines langues. Aucune n'était aussi difficile que l'ancien énochien de toute façon! Après les langues, Anaëlle avait appris un autre moyen de communication : la voix des armes. Elle n'était pas mauvaise au combat, mais elle fonçait toujours tête baissée. Il lui faudrait corriger cela avant qu'elle n'arrive dans un vrai combat ou bien elle y perdrait quelques plumes. Mais il fallait lui pardonner, elle était jeune et n'avait toujours pas vu le monde. Elle manquait d'expérience et ça, elle ne pouvait pas l'apprendre, il faudrait que le temps passe, simplement, et elle gagnerait son expérience. Alors en attendant d'avoir cette expérience, elle apprenait tout ce qu'elle pouvait apprendre. Plusieurs frères et sœurs étaient ses mentors, mais aucun n'avait la même approche. La jeune ange avait d'ailleurs quelques mentors qu'elle préférait, bien qu'elle aimait toute sa famille, de toute son âme. Elle avait été créé ainsi après tout : un fidèle soldat, prêt à tout pour protéger sa famille, ceux qu'elle aimait. Elle avait aussi été créé pour aimer les humains, ce qu'elle faisait, même si elle ne les avait pas côtoyé. Ce jour viendrait, mais pour l'instant, elle se contentait d'observer ces êtres étranges. Ils étaient étranges, certes, mais ils avaient la Foi eux aussi. Ils avaient bâti d'immenses bâtiments afin de rendre gloire au Créateur de toutes choses. Ils étaient pieux aussi : Anaëlle avait entendu leurs prières. La seule chose qui était problématique chez ces êtres, c'était qu'ils pouvaient facilement faire le mal autour d'eux, parfois sans s'en rendre compte. Et ça, les démons pouvaient l'exploiter. Les anges devaient donc bien veiller sur leurs protégés afin que le mal ne se répande pas plus. Si c'était possible, il fallait même tenter de faire reculer le mal et renvoyer les démons dans la fosse ou même, les éliminer. Voilà pourquoi on avait appris à Anaëlle la voix des armes. En ce moment, elle se trouvait dans le paradis d'une petite fille. Celle-ci passait sa journée à courir après des papillons ou à cueillir des fleurs. La jeune ange voyait en elle toute l'innocence du monde. Elle était adorable.

Aux yeux de tous les êtres humains, Dieu n'était que le saint père d'une religion, une certaine croyance qu'ils pouvaient choisir d'adopter, ou bien de tout simplement ignorer. Évidemment, en se basant sur ce statut derrière lequel se rangeait notre paternel, on pouvait aisément affirmer qu'il était identique pour nous les anges, car nous étions ses créations, ses enfants. Même si les humains étaient également les enfants de Dieu, nous n'étions clairement pas logés à la même enseigne qu'eux. Les anges avaient connaissance de l'existence des humains, mais l'inverse n'était pas vrai. Pour eux, les anges n'étaient que des légendes, rien de plus, alors que les humains étaient un réceptacle d'existence concrète. Cette différence, je l'avais toujours trouvée absurde, même si dans les yeux de n'importe qui elle paraîtrait logique. Les humains avaient leur monde alors que nous possédions le nôtre. Cette séparation ancestrale avait un certain but de maintien de l'équilibre. Que j'aime ou non les humains, je ne pouvais pas changer à moi seul ce principe qui avait été décidé depuis des lustres. Au fond, rien ne nous empêchait de descendre dans leur monde. Il fallait juste garder en tête qu'eux, tant qu'ils étaient en vie, ne pourraient pas monter dans le nôtre. Cet différence était énervante mais n'allait pas supprimer cet attachement que j'avais pu acquérir à l'égard de leur espèce à force de les fréquenter lors de mes missions. Les guider et les protéger était très rapidement devenu une seconde nature, bien plus importante qu'un simple "travail". J'étais pour ainsi dire fait pour cela, une expression fortement véridique à la limite du ton humoristique, surtout à la vue de comment les anges naissaient. Notre naissance, même si ce n'était pas très flatteur d'en parler ainsi, était faite pour servir une fonction. Nous étions une famille, symbole même de l'amour, mais notre nature était bien plus complexe. Les humains pourraient suivre tous les cours qu'ils souhaitaient, mais elle allait toujours être complexe. Non pas que je les trouvais stupide, loin de là, c'était juste les anges, qui étaient faits de complexité.

Alors que je venais tout juste de rentrer au Paradis après une mission longue de deux mois environ, car je devais veiller à ce qu'un grand conflit ne se déclenche pas sur la Terre, on venait de me charger de quelque chose de bien moins complexe. Pour faire simple, je devais jouer le coursier et aller voir l'une de mes sœurs pour la charger de sa toute première mission sur Terre. Pourquoi devais-je le faire moi et pas n'importe lequel de mes frères ? Je l'ignorais. Sans doute avais-je été choisi parce que j'étais au mauvais endroit au mauvais moment, mais cette tâche de coursier n'avait rien de dérangeant pour moi. La sœur que je devais aller voir était une de celles que j'appréciais le plus. Anaëlle était toute jeune encore mais nous étions très liés malgré tout. Sans tarder, je partis la rejoindre dans ce Paradis à l'intérieur duquel elle s'était réfugié. C'était un lieu enfantin, rempli de douceur et d'innocence. Cette scène était tout simplement agréable à regarder. Je comprenais pourquoi Anaëlle l'avait choisie. À vrai dire, cette scène était une explication concrète de ma vision des choses : tout en douceur, tout le temps...

Ce fut d'ailleurs ainsi, tout en douceur, que j'allais rejoindre ma sœur, pour l'aborder sans pour autant rentrer tout de suite dans le vif du sujet. Je n'étais pas une brute après tout.

- Bonjour Anaëlle lui dis-je tout simplement.

Bien qu'elle soit dans son Paradis, la petite fille ne pouvait pas voir l'ange qui l'observait. Il ne fallait pas troubler les humains dans leur repos éternel, c'est pourquoi les êtres célestes se contentaient d'être là, mais sans jamais se montrer. Y avait-il une raison qui se cachait derrière tout cela? Peut-être, mais la jeune ange n'en savait rien. Elle se contentait donc d'être là, sans rien dire, s'émerveillant de l'attitude de la gamine. Existait-il plus beau spectacle? Non, pas pour Anaëlle. Dans ce Paradis, elle contemplait ce qu'il y avait de meilleur chez les humains, peut-être une version idéalisée, puisque tous étaient loin de ressembler à la petite, mais une superbe vision tout de même. En fait, ce Paradis devait être le préféré de la jeune ange. D'un côté, elle s'identifiait un peu à la petite humaine. Elle aussi était jeune et ne semblait pas avoir vu le monde. En fait, elle était trop jeune jeune pour avoir vécu beaucoup et ainsi connaître les secrets de ce monde. Même que l'ange devait partager cette innocence. On pouvait même dire qu'elle était un peu naïve. Mais cela s'expliquait facilement, vu son âge et son expérience. Quand elle aurait vu que le monde n'était pas comme le Paradis, elle comprendrait peut-être. Sur Terre, les humains faisaient parfois preuve d'une grande méchanceté et même, parfois, ils étaient cruels au nom du Seigneur. Il y avait eu des guerres en son nom, des morts, des tortures. Tout cela en Son Nom. Ridicule n'est-ce pas? Il fallait tout de même pardonner aux humains, ils ne savaient pas vraiment la vérité. Ils n'en connaissaient que des parcelles. Un jour peut-être allaient-ils réaliser ou apprendre. Les humains étaient encore des créatures si jeunes! Il fallait qu'il gagne un peu de maturité, mais ça viendrait, il fallait leur laisser du temps! De même, Anaëlle allait un jour acquérir de l'expérience. Seul le temps pouvait être utile dans ce cas, nul apprentissage ne pouvait lui enseigner l'expérience. Ses différents mentors étaient tous d'accord là-dessus. Parlant de mentor, l'un d'eux apparut non loin et vint la rejoindre, l'abordant tout en douceur, comme à son habitude. Manakel était un de ses frères qu'elle appréciait particulièrement. Il était doux, toujours et lui expliquait bien, sans crier. Disons que d'autres avaient des méthodes plus rudes que lui! Elle était contente de le voir en ce moment. Elle se tourna pour lui faire face et le salua à son tour :

- Bonjour Manakel, qu'est-ce qui t'amène ici?

Cette vision offerte par le Paradis qu'Anaëlle observait était un magnifique symbole d'innocence, une scène de laquelle aucune noirceur ne semblait se dégager. J'avais la chance de contempler une splendide douceur que j'aimais tout particulièrement. En même temps, le contraire serait plutôt surprenant venant de ma part, vu que je passais mon temps à militer pour ce genre d'idéal, détestant fortement chaque parcelle de violence peu importe son origine. Je pouvais aisément affirmer que j'étais né pour détester tout ce qui s'opposait à la paix, à savoir la haine, les conflits...bref la violence en général. En comparaison à toute cette terrible horreur, je préférais largement observer des moments comme celui offert par ce Paradis que j'avais sous mes yeux. Il s'agissait d'un magnifique spectacle qui ne pouvait certainement pas l'être encore plus à mon avis. Ce n'était peut-être qu'un rêve, une sorte d'idéal dessiné dans une tête qui ne pourrait probablement jamais se concrétiser, mais cela ne m'empêchait pas d'aimer ce que je voyais. Je n'étais ici que pour faire passer un message à ma sœur, Anaëlle, mais ne pas prendre le temps d'apprécier ce que j'observais serait dommage à mon sens. C'était certainement l'une des plus belles visions enfermées dans le repos de ces âmes admises au Paradis. Il était impossible de ne pas l'apprécier.

Même si je pourrais rester ici un très long moment à contempler l'innocence de cette petite fille, je ne pouvais pas écarter éternellement la raison principale de ma présence dans ce Paradis où se trouvait ma sœur. Je devais lui faire passer un message important, qui allait la charger de sa toute première mission sur Terre. C'était une grande responsabilité qu'on me confiait mais cela me touchait de devoir le faire pour Anaëlle, qui était à mes yeux une sœur que j'appréciais énormément. Évidemment, je n'allais pas cracher mon message sans aucune délicatesse en lui disant "Anaëlle voici ta mission. Maintenant débrouille-toi toute seule". Ma sœur méritait d'être traitée tout en douceur et de ne pas être mise devant le fait accompli, alors j'allais agir en tant que tel et lui faire passer le message sans brutalité.

- Figure-toi Anaëlle qu'on m'a chargé de te faire passer un message assez important, mais je préfère te rassurer tout de suite en te disant que ce n'est rien de grave. Au contraire, c'est une assez bonne nouvelle. dis-je en douceur, avec un sourire rassurant histoire d'appuyer le côté "pas grave" de la nouvelle et ne pas l'inquiéter. Je ne vais pas te mentir en te disant que je t'ai toujours trouvé très douée et il se trouve que je ne suis pas le seul à avoir ce genre de pensée. Le message qu'on m'a chargé de te faire passer n'est autre que ta première mission Anaëlle. On t'a attribué ton premier protégé.

J'étais content de lui annoncer cette nouvelle, mais allait-elle l'être elle ? Je ne pouvais pas le deviner évidemment.

Anaëlle avait été étonnée de voir son grand frère venir la rejoindre ici. Ce n'était pas qu'elle n'était pas contente de le voir, mais habituellement, ils ne se croisaient pas dans ce Paradis. Cela faisait quelques temps qu'ils ne s'étaient pas vu en plus, étant donné que Manakel avait eu une mission sur temps. Il y avait passé deux mois, si Anaëlle ne se trompait pas. Cette rencontre en ce moment se trouvait donc à être leurs retrouvailles, bien que leur séparation n'avait pas été très longues non plus. Après tout, parfois les anges étaient envoyés sur Terre pour des dizaines d'années, voir des centaines. Deux mois, ce n'était donc pas très long, du point de vue des anges. Car le temps ne s'écoulait pas partout pareil et pas à la même vitesse selon ce qui se passait. C'est vrai, lorsque les humains attendaient un événement avec impatience, le temps passait parfois trop lentement et l’événement qu'ils attendaient tardait à arriver. Et d'autres fois, c'était le contraire. Les humains ne se rendaient compte qu'à un âge très avancé, alors qu'ils avaient les cheveux blancs et la mémoire défaillante que leur vie était déjà terminée. Le temps leur avait filé entre les mains et ils avaient vécu, sans s'en rendre compte. Triste au bout du compte, mais ils profitaient tout de même de leur vie. Une vie incroyablement courte aux yeux des êtres célestes et immortels qu'étaient les anges, mais une vie bien remplie. Les anges avaient la vie éternelle et les humains le libre-arbitre. À chacun sa particularité! Le Seigneur avait bien pensé lorsqu'ils avaient créé ses enfants. Et il était du devoir des êtres immortels de régler les problèmes que le libre-arbitre pouvait causer parfois! Les humains et les anges étaient pratiquement indissociable au bout du compte. Les anges n'étaient pas les protecteurs des humains pour rien. Ils se devaient de protéger l’œuvre de leur Père. Parlant de protection, Manakel expliqua à sa sœur la raison de sa présence à ses côtés, en ce moment. Il venait en tant que messager, afin de lui transmettre sa première mission. Elle sourit à son tour, répondant au sourire de son frère. Il la complimenta aussi, lui disant qu'il l'avait toujours trouvé douée et que cela avait été remarqué par d'autres puisqu'elle recevrait aujourd'hui sa première mission. Vraiment?! La joie inondait la jeune ange. Elle verrait le monde, vraiment.

- Un protégé vraiment? Comment se nomme-t-il? Et tu es sur et certain que c'est à moi que l'on confie cette mission? Personne n'a fait d'erreur?

Elle faisait preuve de modestie. Après tout, elle voulait être sure et certaine que Manakel ne se trompait pas et ainsi éviter une fausse joie. Elle avait vraiment hâte de voir le monde et ses habitants après tout.

Spoiler:

Le fait d'être dans cette position du messager n'était pas forcément une place rêvée, surtout si la nouvelle qui devait être apportée était sérieusement mauvaise. Dans mon cas personnel, c'était tout le contraire. L'objet de ma position de messager n'était autre que la première mission d'Anaëlle, qui avait à présent sous sa charge un protégé du nom de Ainsley Godwin. Dans toutes ces séances d'apprentissage dispensées depuis sa naissance, ma sœur avait montré des capacités plutôt prometteuses. Franchement, il n'était pas nécessaire de mentir, car Anaëlle était réellement douée. Si on lui confiait son tout premier protégé, l'objet de sa toute première mission sur Terre, c'était bien la preuve parfaite de la justesse de mes pensées. Je n'étais clairement pas le seul ange à penser cela de ma sœur, et cette mission qu'on venait de lui confier était le moment idéal pour prouver que personne ne se trompait sur elle. À l'écoute de cette nouvelle, je pus voir une intense joie illuminer le visage d'Anaëlle. Elle était sincèrement heureuse de recevoir cette toute première mission, même si elle se demandait si quelqu'un n'avait pas fait d'erreur en lui donnant. À mon sens, une erreur était impossible. Cette mission était réellement pour Anaëlle et j'étais content pour elle.

- Je te l'assure, c'est loin d'être une erreur. lui dis-je, toujours avec le sourire et en douceur, comme à chaque fois. Tu es réellement douée Anaëlle, et avec cette mission tu vas avoir la chance d'une part de voir la planète Terre ainsi que ces habitants, mais tu vas aussi pouvoir faire tes preuves. Je suis vraiment content pour toi Anaëlle.

Et c'était sincère. J'étais content qu'une mission soit enfin confiée à ma sœur. C'était la preuve que ses aptitudes prometteuses n'étaient pas passées inaperçues.

- Ton protégé se nomme Ainsley Godwin et il est à ta charge à présent. lui dis-je avant de lui poser cette question : Alors, es-tu contente ?

J'espérais bien qu'elle l'était, car c'était vraiment un grand jour pour elle, une première fois qui n'allait jamais être oubliée.

3/4 Ouija

Elle avait un peu douté lorsqu'il lui avait annoncé la nouvelle. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas avoir cette mission, au contraire même, mais elle souhaitait être sure et certaine que cette mission serait pour elle et qu'elle ne se ferait pas de fausse joie. Elle avait tant d'attente par rapport au monde des humains, tant d'espérance et d'espoir, elle ne voulait pas que ce soit en vain. Si on lui confiait une mission, c'était qu'on la savait capable de la mener à bien, d'être un bon guide pour cet humain. Anaëlle était jeune, mais elle mettrait tout son cœur à l'ouvrage. Elle ferait tout pour ne pas décevoir ses supérieurs. C'est ainsi qu'elle avait été éduqué, en quelque sorte. En tant qu'ange, elle devait remplir toutes missions qu'on lui confirait. Aujourd'hui, on lui confiait un protégé. Qui était-il exactement? Manakel lui confia son nom, Ainsley Godwin. Drôle de nom de famille, il fallait l'avouer! «Dieu gagne», cela devait être un signe. Du moins, Anaëlle s'arrangerait pour que cela s'avère vrai. Manakel lui demanda finalement si elle était contente. Oui elle était heureuse de recevoir une mission et d'avoir l'occasion de descendre pour la première fois sur Terre. Comme pouvait-elle exprimer toutes ses sensations qu'elle ressentait? Elle devait rester calme tout de même! Ce n'est pas parce qu'on est un jeune ange qu'on peut trop s'en permettre non plus!

- Oui je suis contente, vraiment, j'ai hâte de voir toutes les créations de notre Père, de marcher parmi les hommes et d'apprendre à les connaître, mais je t'avouerai avoir une petite crainte aussi, celle de vous décevoir et d'échouer.

Qu'arriverait-il si elle échouait? C'était sa première mission, elle manquait d'expérience encore, un futur échec pourrait s'expliquer, mais était-ce pardonnable? Si on la croyait prête pour avoir un protégé, c'était qu'elle était prête pour la mener à bien. C'était logique non? Néanmoins, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'un échec pouvait avoir lieu. Les anges ne pouvaient pas gagner toutes la batailles après tout. Afin d'apaiser cette crainte, elle posa à son tour une question à son frère;

- Te souviens-tu de ta première mission Manakel? Comment cela c'est passé?

Spoiler:

Par le passé, j'avais du remplir ce rôle de messager à plusieurs reprises, mais ce n'était pas tout le temps pour apporter des bonnes nouvelles. Ainsi, je pouvais aisément affirmer que le fait de devoir apporter cette première mission à ma sœur ne m'inspirait que de la joie, et rien d'autre. Mine de rien, aujourd'hui était un grand jour, une magnifique première fois dans la vie d'un ange, alors je ne pouvais qu'être heureux d'apporter ce genre de nouvelle. En même temps, j'étais attaché à la Terre, aux créations de notre Père, alors rien que l'idée de savoir qu'Anaëlle allait enfin pouvoir descendre sur cette planète et peut-être observer l'environnement comme je le voyais. Rien que le fait d'y penser me rendait fou de joie, même si j'évitais d'exploser en sautant partout comme un dingue. Pourtant c'était sincère. J'étais sincèrement heureux pour ma sœur et surtout d'avoir été le fabricant de cette première fois qu'elle n'allait jamais oublier pendant toute son existence d'ange. Être le rapporteur d'une bonne nouvelle me faisait vraiment plaisir, surtout que je sentais ma sœur sincèrement heureuse à l'idée d'avoir son premier protégé, ce fameux Ainsley Godwin, dont le nom de famille m'avait pas mal fait réagir lorsque je l'avais entendu. Au fond, "Dieu gagne" ne pouvait pas être un mauvais signe.

- J'aime te savoir aussi heureuse ma très chère sœur. lui dis-je, en toute sincérité.

Par la suite, Anaëlle me posa une question plutôt intéressante, pour voir si je me rappelais de ma toute première mission et si je pouvais lui en parler. Pourquoi pas ? Après tout, mon histoire avait parfaitement sa place dans les circonstances de ce jour.

- Le première protégé sur lequel on m'a demandé de veiller n'était autre qu'un soldat qui refusait d'être un soldat, un homme qui se nommait Gabriel. Il était enfermé dans un dilemme affreux pour lui, car il hésitait entre suivre son devoir et s'engager dans un combat sans être partisan de la violence, et suivre son cœur en se tenant à l'écart de tout cela. Je devais le remettre dans le droit chemin et l'aider à comprendre où était sa place, en lui montrant qu'un troisième choix s'offrait à lui.

Maintenant venait la conclusion de l'histoire.

- À lui seul, il est parvenu à raisonner deux camps qui ne parvenaient pas à se mettre d'accord, en leur offrant une conclusion pacifiste et sans dommage.

Mon histoire était belle et avec surprise un beau reflet de ma personnalité. Était-ce une coïncidence ? Non, c'était sans doute voulu, mais je m'en fichais, car seule la beauté m'importait.

- C'est l'une des plus belles histoires que j'ai pu vivre en tant qu'ange.

Ce n'était par contre certainement pas la plus belle histoire que j'avais pu vivre, celle-ci étant tout simplement le récit de la mission qui m'avait permis de rencontrer la femme par laquelle je me sentais attiré...

Chaque ange devait avoir sa manière de fonctionner, jamais deux n'étaient pareils même s'ils avaient reçu la même éducation et qu'ils avaient eu les mêmes mentors. Après tout, pour certains, on apprenait mieux avec une personne qu'avec une autre. Dans le cas d'Anaëlle, elle avait beaucoup après d'une grande sœur qui trouvait en elle un peu de ce qu'elle avait été, avec sa curiosité et sa vigueur au combat. La jeune ange avait aussi appris de Manakel, ou plutôt, elle était en train d'apprendre en ce moment, en l'écoutant parler de sa première mission sur Terre. Tous les conflits ne se réglaient pas par les affrontements et les combats. Son aîné venait justement de lui en donner un très bel exemple. Ainsi, il se souvenait toujours de sa première mission sur Terre, du premier protégé qu'on lui avait confié. C'était sûrement quelque chose qu'on ne pouvait pas oublier. C'était toute une expérience dans la vie d'un ange, une étape marquante. Anaëlle n'oublierait sûrement pas son premier protégé non plus, peu importait si cela donnait une histoire aussi belle à raconter que celle de Manakel, elle se graverait dans la mémoire d'Anaëlle.

La jeune ange se posait encore quelques questions sur les humains. Bien sur, beaucoup de ses questions trouveraient réponses une fois sur Terre, lorsqu'elle verrait enfin les humains de près. En attendant, elle ne pouvait faire que plusieurs suppositions. Un sujet en particulier l'intriguait, car elle avait cru l'apercevoir du Paradis, mais en écoutant son grand frère, cela semblait se confirmer.

- En t'écoutant, tu me donnes l'impression que les humains sont des êtres partagés. Dans le cas de ton protégé, il était partagé entre le sens du devoir et le désir de paix, ai-je bien compris?

C'est ce qu'elle croyait, ce qu'elle percevait chez les humains. Ils étaient capables du meilleur, mais aussi du pire. Ils pouvaient accéder au Paradis pour le repos éternel ou bien sombrer en Enfer et y brûler pour l'éternité. Comment faisaient-ils pour... être tout simplement. Comment vivre parmi ses contradictions!? Anaëlle ne le saisissait pas bien encore. Peut-être que Manakel pourrait éclairer sa lanterne ou lui donner des pistes de réflexion. Mais il était vrai que les humains étaient des êtres complexes. Il y avait aussi une chose là-dedans qu'Anaëlle ne devait pas oublier, s'ils étaient ainsi, c'est que leur Seigneur les avait créé de cette manière, ce n'était donc pas quelque chose à remettre en question.

Une première fois, vécue par n'importe quel être, restait un événement marquant qu'on ne pouvait que graver dans ses souvenirs. La première mission d'un ange en était une, et je me souvenais en détail de cette dernière grâce à ce fait. C'était la toute première fois que je descendais sur Terre, une chose que je ne pouvais pas oublier et que je ne regretterais jamais. Après tout, c'était en passant par là que j'avais pu guider le soldat et rencontrer bien d'autres personnes après lui...et surtout rencontrer celle qui les surpassaient toutes à mon avis. Dans l'expérience de ma toute première fois pouvait tout de même ressortir une certaine leçon. Les humains étaient atteint par une certaine vulnérabilité face aux doutes. Il suffisait de voir le doute immense par lequel avait été atteint le soldat objet de ma première mission. Ce n'était pas un doute anodin en plus. Finalement, Anaëlle avait réellement besoin d'entendre ce genre d'histoire, cela pouvait lui servir de base pour ses expériences futures, surtout si elle devait servir de guide pour une personne également atteinte par un terrible doute. Ainsi, ma sœur me posa une question au sujet de mon expérience personnelle, une question à laquelle je pris le temps de répondre, en toute sincérité, histoire qu'elle puisse connaître mon avis au sujet des doutes.

- Les doutes peuvent atteindre n'importe qui, même nous d'ailleurs, mais un doute comme celui qui a pu tourmenter le soldat que j'ai du guider, n'est pas anodin. Il désirait la paix, à tout prix, car il ne supportait pas cette idée de voir une guerre se déclencher, mais il ne voulait pas obtenir la paix par le combat. C'était pour cette raison qu'il hésitait autant. Son devoir de soldat impliquait la violence, et il ne la supportait pas. Il ne voyait pas le troisième chemin qui était offert. Je lui ai alors ouvert les yeux.

Je me permis d'ajouter ceci par la suite :

- Les humains sont souvent les proies du doute...il faut juste être au courant voilà tout.

J'aimais partager mon expérience avec ma sœur, surtout si cela pouvait lui être utile à l'avenir. Anaëlle était ma sœur, et je n'allais pas la laisser se lancer dans sa première mission sans lui donner quelques petits tuyaux.

- Les conseils forment toujours une bonne base sur laquelle s'appuyer lorsqu'on descend sur Terre pour la première fois. ajoutais-je. En tant qu'ange, tu seras douée ma très chère sœur.

Son frère lui donnait vraiment de précieux conseils qui seraient sûrement fort utile à la jeune ange lorsqu'elle poserait pied sur Terre pour sa toute première mission. D'ailleurs, en vue de cette descente sur la terre des hommes, elle devait commencer à penser à communiquer avec un possible véhicule. Ce serait son premier contact direct avec un humain. On lui avait dit d'être prudent, de ne pas se montrer à son véhicule dès le début, surtout que cela pourrait l'effrayer, mais encore plus important, cela pourrait être la cause de la mort de l'humain. Les êtres humains n'étaient pas faits pour voir les humains sous leur vraie forme ou bien entendre leur voix. Ils pouvaient perdre la vue, au moins, s'il les voyait et dans le pire des cas, il y laissait la mort. Et en ce moment, nous ne parlions que des anges comme Anaëlle et Manakel. C'était une toute autre chose quand on parlait des archanges. Quand ils débarquaient sur Terre, cela causait inévitablement des dégâts. Si on faisait une transposition, c'était comme si on plaçait un requin dans un environnement sans aucun prédateur avant ce moment. Les choses allaient changées dans cet environnement, c'était inévitable et il n'y aurait pas que des bons effets secondaires. Mais revenons-en à la situation actuelle. Bientôt, Anaëlle devrait se mettre à la recherche d'un ou d'une humaine qui voudrait bien lui laisser le contrôle de son corps afin que la jeune ange puisse descendre parmi les hommes et aider son tout premier protégé. En plus d'un humain qui accepterait, elle devait en trouver un qui serait en mesure de supporter la nature d'Anaëlle. Tous les êtres humains n'étaient pas fait pour accueillir un ange. Cela représentait donc un petit défi en plus pour les anges. Il fallait trouver un véhicule qui soit «potable», puisque les humains se fiaient bien souvent aux apparences. Mais parfois les anges n'avaient pas le choix du véhicule, vu le temps qui leur était imparti. Le premier humain qui acceptait pouvait convenir.

Anaëlle avait partagé avec son frère son questionnement sur les humains et la sensation qu'elle avait sur eux, comme s'ils étaient partagés, bien souvent, entre deux choses opposés. Son frère lui parla alors du doute dont était bien souvent victime les humains. La mission des anges étaient de savoir que ce doute existait et de guider les humains, lorsque c'était possible.

- Je vais garder tes conseils gravés dans ma mémoire alors. Il me faudra trouver un véhicule avant de descendre par contre. J'ai grande hâte d'accomplir cette mission, vraiment.

Elle espérait que tout irait bien sans sabotage. Mais son frère la rassurait, lui disant qu'elle serait très douée comme ange. Elle lui fit un magnifique sourire en réponse. Manakel avait toujours le mot qu'il fallait pour rassurer les gens.

- Je te remercie grandement de m'avoir apporté cette bonne nouvelle Manakel, je suis vraiment heureuse!

Et elle le laissait paraître. Les anges plus anciens trouvaient parfois cela un peu déplacé de montrer autant ce qu'elle ressentait, mais tant pis, elle avait l'excuse d'être jeune!

- Je reviendrai te voir lorsque j'aurai terminé ma mission.

Le fait d'être le messager d'une bonne nouvelle pour ma sœur Anaëlle était quelque chose d'assez magique et qui changeait radicalement comparé à ces missions sur Terre pas forcément très reposantes pour moi. En quelque sorte, je pouvais dire que j'avais contribué à cette première fois très importante pour un ange, et cela me plaisait énormément. Histoire d'éviter tout de même de lâcher ma sœur dans la nature, je préférais lui fournir les conseils dont Anaëlle avait besoin pour s'en sortir lors de cette première mission sur Terre. Je possédais de l'expérience, alors autant qu'elle puisse être utile à quelqu'un, et encore plus ma sœur qui allait descendre pour la toute première fois parmi les humains, afin de pouvoir veiller sur ce Ainsley Godwin. Anaëlle allait ainsi pouvoir accomplir sa mission en étant dotée d'une certaine base d'expérience avec elle. C'était toujours mieux que d'être lâché dans l'ignorance complète. Au fond, c'était un petit peu ce qui m'était arrivé lors de ma première mission. Mon mentor m'avait tout bêtement dit que j'allais pouvoir me débrouiller tout seul, parce qu'il avait foi en mon sixième sens et cette bonté qui se dégageait de moi. Pourtant, j'aurais bien aimé qu'il m'aide ce fameux mentor. Quelques conseils n'auraient tué personne. J'avais certes pu me débrouiller comme il le fallait lors de ma toute première mission, mais j'aurais aimé savoir que je pouvais compter sur quelqu'un, juste au cas où. Au moins, j'offrais à Anaëlle mon appui. Si jamais quelque chose n'allait pas, elle allait pouvoir compter sur moi. Je préférais cela plutôt que de la savoir seule.

- Quoiqu'il arrive tu peux compter sur moi Anaëlle, alors si jamais tu as un quelconque souci n'hésite surtout pas à m'appeler. J'ai toujours une oreille attentive à chaque appel peu importe la source...

Anaëlle avait raison. Elle devait avant de descendre trouver un véhicule en accomplissant une à une les fameuses "étapes de contact" comme on avait pu les apprendre.

- Fais attention à toi Anaëlle d'accord ? J'ai hâte d'avoir de tes nouvelles en tout cas. lui dis-je. Même si je savais que tout devrait normalement bien se passer, je préférais savoir ma sœur prudente.

- Bonne chance. ajoutais-je, avec le sourire, avant de finalement être rappelé. Peut-être avais-je droit à une mission moi aussi. En tout cas, quelqu'un cherchait à me parler et cela devait sans doute être important.

FIN pour moi Smile

merci pour ce rp I love you

désolé pour la fin très simple Embarassed

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III.02 Jadis naguère!