III.02 Libération

Ses jambes avaient beau ne pas se fatiguer, elle avait fini par s'asseoir, en tailleur, au milieu du cercle de feu. Elle n'en pouvait plus de l'entendre crépiter et de le voir s'élever dans les airs alors qu'elle était clouée au sol. Cela faisait des jours, des semaines peut-être, qu'elle avait fermé les yeux. Tant qu'elle ne voyait pas la lumière des flammes, elle pouvait prétendre qu'elle restait ici de son plein gré. Monter la garde ou surveiller ses arrières, à quoi bon ? Rien ne changeait ici, observer les environs était futile. Elle savait qu'elle était dans un bâtiment abandonné, un hangar sans doute, au mur et au sol de béton, quelque part au milieu de l'Europe de l'Est. Un toit de tôle au dessus de sa tête, elle avait un temps espéré que les intempéries passent à travers et la débarrassent des flammes. Qui que soit le coupable, il avait bien réussit son coup. Il avait plu, mais pas une goutte n'était tombée près d'elle. Oh, elle ne doutait pas qu'on finirait par la trouver. Après tout, elle avait l'éternité devant elle, enfin, tant qu'elle ne tentait pas de faire un pas hors de sa prison. En toute logique, quelqu'un finirait par passer par ici. C'était le fait d'être aussi impuissante qui la mettait hors d'elle. Comme une vulgaire humaine. Non, pas exactement, une humaine serait morte de déshydratation il y a longtemps.

Pour se détendre, elle imaginait parfois ce qu'elle ferait lorsqu'elle sortirait enfin d'ici, lorsqu'elle mettrait la main sur celui qui l'avait enfermée. Ses rêveries, emplies de tortures et de cris de douleur, étaient cruelles mais terriblement distrayantes. Tellement qu'elle ne pensait pas au fait que les anges n'étaient pas supposés rêver ou vouloir quelque chose pour eux même. Tant mieux, ça l'aurait sans doute perturbé d'avantage. Dans les premiers temps, l'enfermement lui avait beaucoup trop réfléchir. Sur elle-même et sur la peine qu'elle avait ressentit quand elle avait cru Urakaba disparu à jamais. Elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas le cœur brisé au sens littéral du terme mais elle comprenait enfin pourquoi cette expression était utilisée. Ce n'était pas pour autant qu'elle allait chercher à développer ses "sentiments". L'expérience avait été désagréable même si la colère et l'envie de vengeance qui avait suivi avait été d'excellentes motivations. Mais elle avait cessé de penser à tout ça. Se laisser envahir par ses émotions avait été la suite d'un moment de faiblesse, elle en était persuadée. Elle arrêta un moment ses divagations et ses fantasmes de torture. Quelque chose ici avait changé. Elle rouvrit les yeux.

Des semaines et des semaines de recherche. Urakaba n’avait jamais été aussi acharné dans une tâche si ce n’était sa quête pour la libération de Lucifer. Mais cette dernière avait eu un petit arrière-gout amer, car il n’y avait pas la personne à qui il tenait le plus à ses côtés pour assister au spectacle de leur victoire : Séraphine. D’un point de vue extérieur, pour quelqu’un qui n’y connaissait pas grand-chose, on aurait pu penser que c’était de l’amour. Mais ce n’était pas le cas même si Urakaba tenait beaucoup à Séraphine. Elle avait été l’ange la plus loyale à son service et elle avait exécuté tous les ordres d’Urakaba. Cependant, il avait cru qu’elle lui avait tourné le dos lorsqu’il avait appris pour Castiel mais il n’en était rien. Quoi qu’il en soit, il appréciait Séraphine, elle était peut-être le seul ange en qui il avait entièrement confiance. Il avait donc remué toute la Terre pour trouver ce qui lui était arrivé. Elle avait tout simplement disparu, sans donner aucun signe de vie et ce n’était pas son genre.

Il ne comptait plus, combien d’anges il avait dû tuer pour se rapprocher de la piste de Séraphine. Il espérait rencontrer un ange qui avait croisé sa route ou entendu parler de ce qu’il s’était passé. Urakaba s’était donc rapproché de la piste de sa chère sœur jusqu’en Europe de l’Est, sa lame étant encore chaude du dernier ange qu’il avait dû tuer pour cette précieuse information. Urakaba n’était pas connu pour sa délicatesse et sa générosité. Il avait tué de nombreux anges et était très radical, contrairement à Séraphine qui savait faire durer le plaisir en torturant ses proies. C’était certainement pour cela qu’il l’appréciait autant, ils se complétaient très bien. Urakaba apparut donc dans un vieil entrepôt abandonné, au plein milieu de nulle part. Elle était là, entourée de ce cercle de flamme, assise et pensive. Elle venait d’ouvrir les yeux, elle avait senti cette présence étrangère. Il laissa tomber son arme ensanglantée au sol avant d’effectuer un geste de la main pour éteindre ces flammes qui la retenaient en captivité.

- Je suis content de te revoir, Séraphine.

Il s’approcha doucement de Séraphine en lui tendant la main pour qu’elle se relève. Son emprisonnement était terminé. Urakaba avait pris du temps à la retrouver, certes, mais il l’avait fait. Il s’en voulait, d’ailleurs du temps que ça avait pris. Mais il n’avait pas pu aller plus vite, surtout avec les récents évènements.

N'importe qui aurait pu la trouver : amis, ennemis ou même un pauvre humain. Heureusement pour elle, c'était celui qu'elle avait prié pour revoir qui troublait la monotonie de sa prison. Elle avait eu peur qu'il ne pense qu'elle l'avait abandonné. Elle aurait pu le comprendre au vu de sa disparition soudaine, sans la moindre explication. Pas encore totalement persuadée qu'il ne s'agissait pas d'un hallucination, elle détaillait son visage, cette nouvelle enveloppe qu'elle n'avait pas connue longtemps. La lame de son frère, rouge de sang, tomba au sol et le bruit du choc résonna entre les murs vides. Elle le vit faire un geste et les flammes disparurent, aussi vite qu'elles étaient arrivées pour l'encercler. Elle était libre à nouveau. Un sourire doux apparut sur son visage, reflétant son soulagement. Contente de le revoir, elle l'était aussi, incontestablement.

« Tu m'as manqué, Urakaba. »

Parler, après tout ce temps, lui sembla un peu étrange. Elle attrapa la main tendue pour l'aider à se relever. Bien qu'elle n'en aurait pas spécialement eut besoin. Mais une interaction avec quelqu'un d'autre, surtout avec lui, paraissait tellement extraordinaire qu'elle ne voulait pas manquer cette occasion. Rien qu'à être en sa présence, elle avait l'impression d'être de retour à la maison. Elle s'épousseta avant de laisser ses ailes se déployer pour les étirer. C'était un luxe qu'elle n'avait pu se permettre depuis longtemps, au risque de passer au dessus des flammes.

« Et je suis ravie que tu sois le premier à arriver ici. Cela me peine de l'admettre mais j'aurai vraiment été une proie facile. »

Il aurait même suffit qu'on la pousse un peu fort. Ç’aurait été une mort parfaitement ridicule. Elle n'aimait décidément pas être impuissante. Pour une ange qui avait passé tant de temps à mépriser les humains pour leur faiblesse, ce n'était pas étonnant. Maintenant qu'elle était de retour, elle avait hâte de recommencer à être utile et à servir leur cause. Peut-être aussi de coincer l'être responsable de sa captivité. Cela passerait en second plan cependant, leur mission était plus importante. Elle avait expérimenté l'enfermement, pendant une brève période, et cela n'avait fait qu'attiser son désir de libérer Lucifer. Elle était loin de se douter que sa cage avait déjà été ouverte. Comment aurait-elle pu le deviner ?

Séraphine était vivante et c’était l’essentiel. Urakaba aurait pu abandonner les recherches peu de temps après sa disparition, jugeant qu’elle ait été tuée lors d’un duel ou autre. Mais Séraphine était une battante, elle n’était pas du genre à se laisser faire par ses frères ou par les autres créatures qui existaient sur cette Terre. Elle se considérait supérieure et elle avait bien raison, car elle l’était. Pouvoir être en contact avec la main de Séraphine était l’aboutissement de ces longues recherches jusqu’à cet entrepôt vide de toute vie. Il la regarda dans les yeux lorsqu’il entendit sa voix. C’était également un bonheur de l’entendre. Elle était l’ange en qui Urakaba avait le plus confiance et il ne savait pas ce qu’il aurait fait s’il avait dû la perdre. Il la considérait comme son égale et ça, c’était quelque chose de rare pour l’ange partisan.

- Mais tu es en vie et c’est le principal.

Urakaba lui fit un petit sourire avant de sortir de ce cercle qui était désormais fictif. Elle avait certainement besoin de bouger un peu après avoir étendu ses ailes quelques instants. D’ailleurs, il avait une grande nouvelle à lui annoncer, car, malheureusement, elle n’avait pas eu l’occasion d’assister aux évènements du monde extérieur.

- Malheureusement, tu as manqué la libération de Lucifer. On y est arrivé.

Il fit un léger sourire, chose qui était très rare, mais les circonstances le permettaient aisément. La mission principale avait été réussie, Lucifer était libre. S’ils étaient descendus sur Terre, à la base, c’était pour cela. Maintenant, ils devaient attendre les nouveaux ordres du Paradis ou de Lucifer lui-même, car ce dernier ne s’était pas encore manifesté. Il devait certainement être en quête d’un véhicule capable de le contenir. Urakaba se tourna vers Séraphine.

- Et, je t’autorise à traquer la personne qui t’a fait subir cet emprisonnement.

Urakaba ne se proposait pas de l’aider, car ceci dépendrait des futurs ordres et il connaissait très bien Séraphine. Il savait qu’elle ferait souffrir la personne qui lui avait fait subir cela. Urakaba pourrait lui donner des informations s’il en possédait, mais sans plus.

Son ego n'avait pas apprécié d'être ainsi à la merci de n'importe qui mais il avait raison : qu'elle soit en vie était le principal. Celui qui l'avait piégée ici avait dû avoir une bonne raison pour la vouloir hors de la guerre, sans pour autant en finir avec elle. Voir un sourire sur le visage de son frère élargit le sien. Ce n'était pas quelque chose qu'elle avait le plaisir de voir souvent. Ce qu'il lui dit ensuite la figea un instant. Était-ce vrai ? C'était... pour le moins inattendu. Si ils se rapprochaient de la victoire lors de son départ, elle ne se serait jamais imaginée que tout se serait joué en son absence. Ça n'en était pas moins une bonne nouvelle.

« Enfin... »

Enfin la victoire, enfin libéré. Ces histoires de sceaux étaient finies. Chipoter pour les briser les uns après les autres, alors que les opposants trouvaient toujours un moyen de se mettre sur leur chemin... L'apocalypse avait-elle déjà commencé ? Elle avait hâte. Il se tourna vers elle et lui annonça qu'il l'autorisait à poursuivre celui qui lui avait fait ça. Elle l'espérait bien et l'aurait fait de toute façon. Pas le genre de comportement qu'elle aurait eu il y a une décennie de cela mais elle préféra ne pas s'attarder là dessus.

«  Merci, mon frère. »

Elle ne précisa pas qu'elle allait faire souffrir le coupable. C'était sous-entendu. Il savait très bien de quoi elle était capable. Le fait qu'il le lui ai autorisé évitait cependant qu'elle ne doive faire ça dans son dos. Il y avait un sujet sur lequel ils étaient en désaccord et c'était déjà bien suffisant. Ce n'était pas de ça dont elle voulait lui parler cependant. Levant les yeux vers lui, elle lui demanda :

«  L'as-tu rencontré ? »

Encore une fois, elle ne précisait pas de qui il s'agissait, mais elle savait qu'il comprenait. Leur frère, Lucifer. Elle l'avait connu, un peu, mais c'était il y a tellement longtemps. Elle voulait savoir ce qu'ils étaient supposés faire maintenant, peut-être avait-il des missions à leur confier ? Elle n'avait pas envie de se retrouver désœuvrée. Les anges n'étaient pas des créatures pensées pour rester dans l'inaction, sans aucune directive à suivre.

Lucifer était libre, mais Séraphine avait malheureusement loupé ce moment. Mais heureusement, sa disparition n’avait été que temporaire car elle n’avait pas été tuée et Urakaba avait réussi à retrouver sa piste. Il était normal qu’il fasse cela pour elle puisqu’elle avait toujours été là pour lui. Elle avait toujours obéi sans broncher, elle avait toujours effectué sa tâche avec la plus grande assiduité qui existe. Quoi qu’il en soit, Urakaba autorisé l’ange à partir en quête de son geôlier. Il était normal qu’il accepte cette vendetta. Après tout, il connaissait bien Séraphine, il savait qu’elle avait la rancune tenace et qu’elle ne laisserait pas passer une telle chose.

C’est alors que Séraphine demanda si Urakaba avait rencontré Lucifer. Il posa ses yeux sur lui en faisant un léger signe négatif. Il n’avait pas encore eu la chance de voir Lucifer depuis que ce dernier s’était libéré de ses entraves. Il avait certainement ses raisons et Urakaba en suspectait une très bonne, d’ailleurs. Bien que Lucifer était déchu, il restait un Archange et un Archange avait besoin de trouver le bon véhicule qui puisse contenir toute son énergie sans se détériorer. Ce n’était certainement pas chose aisée, car il ne devait pas en exister des centaines.

- Il doit certainement être en quête de son véhicule à l’heure actuelle.

Il commença à marcher en direction de la sortie de l’entrepôt. Bien qu’elle était un ange et qu’elle n’était pas obligée de marcher, elle devait certainement vouloir se dégourdir un peu les jambes. Elle devait certainement sentir une envie de liberté après avoir été enfermée comme ceci pendant tout ce temps.

- Nous aurons certainement bientôt une directive de sa part. Ou de quelqu’un d’autre.

Le monde allait changer avec la libération de Lucifer et les anges allaient être sur tous les fronts. Urakaba était persuadé qu’ils allaient bientôt avoir de nouvelles directives. Les anges n’étaient pas des créatures qui restaient inactives. Ils obéissent, ils exécutent des missions, mais en aucun cas ils restent inactifs.

Ouija 2/2

Elle avait attendu avec impatience le retour de son grand frère et se demandait si Urakaba avait eu la chance de le rencontrer. Il lui répondit en hochant la tête, négativement. Il expliqua une raison probable de son absence et elle s'en voulut mentalement de ne pas y avoir pensé. Oui, il cherchait un vaisseau, ça paraissait logique. Contenir un archange demandait un humain particulier, pas n'importe quel passant. Il se dirigea vers la sortie et elle lui emboîta le pas, ayant hâte de se trouver à peu près partout ailleurs qu'ici. Sentir ses muscles bouger étaient étrangement agréable après tout ce temps, même si elle se doutait qu'elle s'en lasserait vite. Il lui assura qu'ils auraient bientôt des directives, de Lucifer ou de quelqu'un d'autre. Elle s'en réjouit, se rendre utile était la raison de leur existence après tout. Maintenant que leur frère était libre, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer.

« Alors, nous en sommes à attendre, c'est bien ça ? »

Ils franchirent les portes et elle put constater que l'hiver était bien avancé. Des flocons tombaient autour d'eux, tous différents, tous parfaits, détail impeccable d'un monde magnifique. Enfin, si on enlevait les humains, qui s'acharnaient à détruire tout ce qu'ils avaient à portée, eux-mêmes compris. Et bien, ils allaient bientôt avoir un petit coup de main en ce qui concernait leur extinction, vu l'avancée qui avait eu lieu il y a peu. Ces derniers mois semblaient avoir été chargés en événements. Détournant son regard des flocons pour le porter sur son frère, elle demanda :

« D'autres nouvelles dont je devrais être au courant ? Des pertes de notre côté ? »

Elle aurait aimé pouvoir demander "dans notre famille" mais ça n'aurait pas été approprié. Ceux qui se battaient contre eux ne pouvaient pas être sauvés et leur mort était parfois regrettable mais nécessaire. Elle voulait savoir où en étaient leurs forces, si certains de leurs alliés étaient tombé dans les combats qui avaient dû avoir lieu pour la libération. Elle aurait pu aussi lui demander comment il allait mais à quoi bon ? Qu'est-ce qui pourrait aller mal ? Il était en vie et il avait réussi. Et il l'avait retrouvée. Les anges étaient différents des mortels, qui avaient des multitudes de raison d'aller mal.

Urakaba marchait aux côtés de sa sœur. Il était heureux de pouvoir le faire à nouveau, surtout depuis ces derniers jours où elle avait disparu. Ne plus avoir aucun signe de vie de sa part était louche, car jamais elle ne restait hors de contact. Il était donc normal qu’Urakaba s’était mis à sa recherche. Séraphine lui demandait s’ils devaient attendre maintenant. L’ange partisan posa ses yeux sur sa sœur et fit un signe affirmatif.

- Oui, nous devons attendre.

Ils devaient attendre les prochains ordres, ils devaient attendre qu’un supérieur leur donne les directives. Jusqu’à nouvel ordre, Urakaba faisait tout pour éloigner les anges opposants de Lucifer et empêchait ces derniers de se réunir. Il ne fallait pas les laisser s’organiser pour qu’ils puissent prévoir une riposte. Non, il fallait profiter de cet avantage pour continuer à attaquer. Ils continuaient de marcher jusqu’à la sortie. Il neigeait ici et la neige tombait de manière très intense. Séraphine voulait savoir les autres nouvelles et les probables pertes du côté des partisans.

- Aucune trace de Castiel depuis quelque temps déjà.

Elle n’était pas sans savoir que Castiel avait été très bizarre ces derniers temps en s’autoproclament le Nouveau Dieu, se croyant supérieur avec des pouvoirs qu’il semblait revendiquer. Mais Urakaba ne l’avait plus vu depuis, il n’avait plus donné signe de vie. Ariel également s’était mise à le chercher, mais sans grand succès.

- Je pense que les autres détails sont futiles.

Urakaba n’avait pas vraiment d’élément urgent à communiquer à Séraphine, en tout cas rien ne lui revenait. Elle allait devoir se remettre dans le bain et il allait certainement lui laisser un peu de temps pour s’adapter à tout ce qu’il s’était passé, c’était un problème d’être coupé du monde pendant un petit temps. Quoi qu’il en soit, l’important c’était qu’elle soit en vie et qu’ils allaient pouvoir continuer à travailler ensemble et à faire en sorte que leur camp sorte vainqueur de cette guerre.

Elle lui posa une question, pour savoir où ils en étaient, et il lui répondit positivement d'un signe de tête. Attendre... Ce n'était pas comme si ils n'avaient pas l'habitude de patienter pour des directives. Surtout que ça lui donnait un peu de temps pour se remettre à la page et vérifier que tout était bien en ordre. Ça ne l'était pas d'ailleurs, mais elle ne le savait pas encore. Elle savait juste qu'elle avait quelques personnes à surveiller, certaines pour voir si tout allait bien et d'autres si elles suivaient toujours le bon chemin. Elle demanda si il y avait des nouvelles, si ils avaient connu des pertes. Des sacrifices avaient forcément été nécessaire pour libérer leur grand frère, mais elle voulait savoir si leurs forces avaient été notablement affaiblies ou pas.

La mention de Castiel la fit se tendre un peu. A chaque fois qu'il en parlait, elle l'entendait comme un reproche. Même si ce n'était sans doute pas ce qu'il avait voulu dire par là. Si il n'avait plus montré signe de vie, c'était un avantage pour eux et sans doute un bon coup au moral de l'ennemi. Surtout qu'il avait semblé acquérir de nouveaux pouvoirs peu avant sa disparition, ou au moins prétendre les avoir. Il lui avait presque semblé fou. Urakaba avait raison, le reste n'avait que peu d'importance. Elle acquiesça, il avait déjà passé suffisamment de temps pour la libérer, elle pouvait bien lui éviter d'en perdre plus en se renseignant elle-même. Surtout qu'ils leur suffiraient maintenant d'une pensée pour se retrouver si nécessaire, peu importait la distance. Elle le lui fit d'ailleurs remarquer avec un sourire amusé.

« Si tu as besoin de moi, tu sauras où me trouver. »

Il pouvait compter sur elle et il le savait, du moins elle l'espérait. Elle n'allait pas traîner à se remettre à l'ouvrage. Elle posa une main légère sur son bras et son regard dans le sien. Dans leur famille si déchirée, elle avait de la chance de l'avoir auprès d'elle. Il l'avait soutenue et lui avait montré la voie quand elle était perdue dans le doute. Voilà qu'à nouveau, il était son sauveur.

« Merci encore. »

Quelques secondes s'écoulèrent puis elle disparaissait, prenant son envol pour la première fois depuis trop longtemps.