III.02 ¤ Un Réveillon paisible

C’était bizarre pour Serena, comment dire… Elle avait décidé de prendre le taureau par les cornes. Ouais bon, ça ce n’était pas nouveau pour elle, elle l’avait toujours fait, mais ce qui était nouveau, c’était le moyen qu’elle avait utilisé pour le faire. Elle c’était senti seule et un peu déprimé à l’annonce du temps des fêtes et elle en avait discuté avec Logan, il avait toujours de bons mots pour elle, mais cette fois-ci, il fallait mettre quelques actions sur les mots de son ami. Serena était peut-être seule pour les fêtes, mais elle ne méritait pas ça, pas d’après Logan, alors quand elle se fit offrir d’aller au réveillon de la ville, son premier réflexe fut de refuser, mais… un 24 au soir, la veille de Noël, rester seul à la maison pour peindre, c’était morne quand même. Donc ouais, elle c’était décidé, avait accepté et finalement, elle avait pris un temps fout pour se préparer, genre là, maintenant… elle était une vraie fille, donc… fallait pas que Lucy là voit, sinon il l’embêterait avec ça pour toujours.

Elle n’avait pas vraiment congé pendant le temps des fêtes, donc elle avait travaillé la veille jusqu’au matin. Elle avait somnolé, c’était réveillé en sursaut près de quatre fois avant de décider que le sommeil serait pour une autre journée, elle avait pris un bain, se donnant du temps pour se relaxer un peu plus et ensuite, elle s’appliqua pour être féminine, donc ouais, maquillage, coiffures et une jolie robe. Elle avait même choisit les chaussures assorties au sac-à-main, rien de trop, mais loin d’être pas assez. C’était bien comme ça, elle se sentait bien, même si elle était nerveuse. Les endroits bourrés de gens, ce n’était tellement pas pour elle, mais… elle allait si faire, elle ne pouvait que si faire quand même…

Elle quitta donc son appartement, verrouillant bien derrière elle, elle était légèrement parano quand même, vu son passé. Maintenant que personne ne pouvait se téléporter dans son appartement, elle allait en profiter. En fait, c’était faux… les anges pouvaient. Elle n’en avait pourtant pas encore conscience, parce que son tête à tête avec Diana n’avait pas encore eu lieu, bref, elle était rassuré que ce soit à l’épreuve des démons. Elle prit un taxi, elle n’avait pas envie de marcher avec des talons hauts et il faisait froid en robe à l’extérieur, même avec son manteau, parce que bon… ça ne recouvrait rien niveau jambe et des collants, c’était tout sauf chaud, on est d’accord. Elle continuait donc de jouer nerveusement avec son sac, paya ensuite le chauffeur de taxi et se rendit à la salle. Elle n’était pas en avance, il y avait des gens qui étaient déjà arrivé, mais pas des masses, alors ça avait quelques choses de… rassurant pour elle. Elle n’allait pas refuser d’entré pour case de surpeuplement. En plus, tout le monde restaient avec leur famille non? Dans le cas de Serena, elle n’en avait pas donc… elle avait une excuse pour être là. C’est donc avec courage qu’elle entra, se mêlant à la foule. Elle ne devait pas user de tout son courage maintenant quand même… elle devrait affronter sa terrible idée le lendemain… elle voulait se pointer chez Lou, même s’il n’était pas samedi et… lui offrir un cadeau. Elle ne savait pas encore tout à fait si sa situation du moment était plus terrorisante ou c’était le lendemain qui lui faisait le plus peur.

Le petit courait dans la maison. Astarielle était peinée de voir que le petit Tim ne pourrait pas passer noël avec sa famille, avec son père notamment. Ce dernier avait disparu depuis quelques jours et personne ne réussissait à le retrouver. La jeune femme avait tenté de le retrouver, mais il semblait s'être totalement volatilisé. Voilà que deux de ses proches disparaissaient c'était désespérant. La blondinette observait alors le jeune garçon qui s'amusait comme il pouvait... L'ange n'était pas habituée aux enfants... Comment allait-elle réussir à s'en occuper ?

Mais étrangement... Elle s'était sentie le devoir de garder le petit... Surtout que la dernière fois qu'ils s'étaient vu, les deux adultes avaient beaucoup discuté et Seth l'avait touché profondément. Il lui avait même fait promettre, ou plutôt avait fait promettre à celle qui pensait sa nièce, de s'occuper de Tim si il lui arrivait quelque chose. Malheureusement, c'était le cas aujourd'hui.

La belle soupira. Elle n'avait pas encore tellement compris quelle était la tradition de noël des humains. Elle avait compris qu'il y avait un gros bonhomme à la barbe blanche qui donnait des cadeaux aux enfants... Tandis que les adultes se faisaient des cadeaux entre eux... Mais ce qui était étrange c'était que certains enfants ne semblaient pas croire en celui qu'ils nommaient le père noël...  Elle aurait du faire une recherche avec ce qu'il appelait les ordinateurs !

Alors qu'elle l'observait quelques instants, son regard se posa soudain sur une sorte de petit tract posait sur la table basse du salon. Elle le saisit et le lu rapidement. Un sourire se dessina sur ses lèvres et elle appela son neveu. Elle lui montra le petite papier et lui proposa d'y participer. En effet, la ville d'Huntfield semblait organiser quelques choses pour noël. Le petit sauta de joie apparemment séduit par cette proposition, lui avouant que certains de ses amis seraient présents.

Sauvée ! Voilà ce que pensait la belle Astarielle. Les deux s'habillèrent donc rapidement, le temps qu'ils se dirigent là-bas la fête serait tout juste commencée. Bien sûre, elle ne put pas se téléporter pour aller là-bas plus rapidement, le jeune enfant ne sachant pas sa véritable nature. Elle lui sourit à cette pensée et ébouriffa ses cheveux ce qui lui valut un moue désapprobateur.

Le neveu et la nièce se dirigèrent donc vers la salle des fêtes et entrèrent dans la salle où la foule était déjà présente. C'est alors que le petit s'écria que ces copains étaient là-bas déjà en train de s'amuser.

« Bon. Tu peux aller, mais tu fais attention d'accord ? » dit-elle d'un ton sérieux et tendre. Elle lui ébouriffa de nouveau les cheveux au plus grand dame du petit avant de se diriger vers un petit buffet. La mairie avait été généreuse dit donc ! Elle demanda alors un petit punch et but une gorgée avant de remarquer une jeune femme brune un peu plus loin. Leurs regards se croisèrent et elle lui adressa un petit sourire amical. Astarielle était toujours du genre souriante alors autant se faire passer pour la belle petite étudiante amicale que Ealie était.

Si tous les participants du réveillon municipal étaient sur leurs trente-et-un, ce n'était pas le cas de Cernunnos. Elle, dans sa robe faite sur mesure, jouait dans une toute autre catégorie. En même temps fallait-il préciser qu'elle avait coutume d'assister aux soirées mondaines données par son sénateur de père, et même à celles auxquelles il était invité puisque ces gens-là n'étaient pas à une personne près et, quand ils invitaient une personne, conviaient par la même toute sa famille, surtout quand celle-ci était aussi peu nombreuse que celle des La Rosière. Tout cela pour signifier que pour elle, un réveillon municipal, c'était un peu... Une surprise-party entre adolescents.
Mais la jeune chasseresse n'avait pas pour autant l'idée de se priver d'une robe cocktail supplémentaire - et hors de prix -, surtout pas en un jour de fête comme celui-ci. Pourquoi y avait-elle mit les pieds ? Et bien la réponse n'était pas bien compliquée : on l'avait laissée sur le carreau. Son père avait été demandé par un homologue et ami. Il avait voulu refuser, puisque fervent croyant, il prêchait les rassemblements familiaux en cette période de fin d'année, seulement Artémis avait décidé de prendre la tangente et il ne pouvait donc plus justifier son refus. En effet, Cernunnos était "bien assez grande pour trouver à réveillonner par elle-même", d'après son compère. Son premier réflexe aurait sans doute été d'appeler ses amis chasseurs, en particulier Joe et Dan. Ils se connaissaient depuis longtemps et elle savait parfaitement qu'elle n'aurait pas été refusée parmi l'un de ses groupes, mais rien ne se passait jamais comme planifier, n'est-ce pas ?

Et en effet, avant qu'elle n'eut passé le moindre coup de téléphone, son père était venu à elle et avait d'ors et déjà trouvé de quoi l'occuper. Monsieur ayant bien entendu l'intention de retrouver son poste, il devait très soigneusement préparer sa campagne électoral et trouver dans sa boite aux lettres une affichette parlant d'un réveillon de Noël organisé par la commune lui avait donné quelques idées. Alors, c'était sans le moindre remord qu'il y avait envoyé sa fille unique, seule, avec comme seule idée en tête de soigner l'opinion publique au sujet de sa petite personne. Mais, au fond, elle ne s'en plaignait pas puisqu'elle n'avait pas eu l'occasion de "parader" depuis un certain temps, or, elle adorait ça. Certes, elle ne pourrait pas autant et aussi bien se mettre en valeur à cette petite fête que si elle se tenait au milieu d'un événement de la classe politique, mais au moins, elle retrouverait la foule et aurait tout le loisir de briller. Bon, une atmosphère familiale lui aurait fait au moins autant plaisir, mais il lui restait la nouvelle année pour profiter de cette option. C'était toujours mieux que rien ! Il lui restait encore à déterminer qui du fils Harper ou de la fille Harvelle elle allait appeler, cependant, cette question pouvait attendre.

Quand elle avait passé la porte, sa robe d'un rouge étincelant et relevé de pierreries n'était pas passé inaperçus, pas plus que son allure tellement plus altier que celle de la populace. Il ne fallait pourtant pas oublier que cela ne lui était pas naturel. Son éducation en la matière avait pris beaucoup de temps et lui avait demandé beaucoup d'effort. Comme apprendre à marcher aisément sur des talons de douze centimètres ou plus. Comme sourire à la perfection même si son seul désir en réalité est de faire un pied de nez à son interlocuteur. Comme... Bref. Tout ce qui paraissait naturel à cette jeune femme en cet instant n'était que le fruit d'un travail acharné. Rien de plus, rien de moins. Cependant, personne n'en avait connaissance et les regards convergèrent un instant avant que le cours de ce début de soirée ne reprenne, laissant tout de même quelques interrogations. Celles-ci se dissipèrent rapidement : après tout, le monde ne tournait pas autour de Nina et, même si elle ne semblait pas à sa place, au milieu de ses vêtements d'enseignes de prêt à porter, elle sut tout de même s'effacer.

Ayant une annonce importante à faire, ne demanda qu'un jus de fruit, au buffet : le punch attendrait un peu. Non pas qu'elle tienne mal l'alcool au point de divaguer dès le premier verre, mais l'alcool la faisait cependant rougir assez rapidement et elle avait tout intérêt à ne pas passer pour une poivrote alors qu'elle avait un rôle à jouer dans la carrière politique de son père. Non pas qu'ils fussent extrêmement proches (ils ne l'avaient jamais été), mais elle n'avait pas complètement abandonné ses espoirs d'avoir elle-même une carrière politique, d'ici... quelques années, et jouer le rôle que l'on lui avait imposé ne pouvait avoir que du bon, en plus de la divertir un peu. Alors, dans sa robe rouge moulante et sertie de pierreries étincelantes, elle sirota son jus de fruit en entamant la conversation avec la première venue, simplement le temps d'attendre que la salle se remplisse et qu'une ambiance agréable s'installe. Ambiance à laquelle elle espérait bien pouvoir participer positivement, vu les moyens que sa famille avait mis en oeuvre pour parvenir à ses fins.

Eleonora était en train de tatouer son dernier client avant Noël, lorsque une des tatoueuses vint l’approcher. Elle resta légèrement à distance, question d’hygiène, du ‘’patient’’, mais elle réclama tout de même son attention. Eleonora lui fit signe d’attendre, mais voyant l’impatience de sa comparse, elle la regarda en levant les sourcils d’un air interrogateur. Depuis quand ses coéquipières la dérangeait en pleine séance? Il n’y avait pas le feu tout de même!

- Qu’est-ce que je peux faire pour toi Laëlie?, demanda-t-elle en quête de savoir ce qui impatientait tant son amie.
- Écoute, je sais que tu comptais passer Noël seule cette année, mais ils ont organisés un truc en ville pour Noël. La mairie a réservée la Salle des Fêtes et ils ont commencés à envoyer les invitations. Moi et Christina ont se demandait si tu pouvait faire une exception et y aller? On ne veut pas que tu passes la soirée seule. On va même essayer d’y faire un tour! Enfin moi… Christina y sera à coup sûre.
- J’y… repenserais d’accord? Je vais finir avec mon client et je regarderais ça ce soir. Je vous le promet, dit-elle en appuyant sur les derniers mots.

Sembla satisfaite, Laëlie tourna les talons et alla annoncer la bonne nouvelle à Christina. Eleonora leva les yeux au ciel en souriant. Puis, elle se remit au travail. Jamais on ne s’était jamais vraiment soucié de ce qu’elle pouvait ressentir, alors c’était nouveau pour elle, mais agréable.

Une fois la journée finie, elle inspecta les lettres reçues dans la journée et trouva ladite invitation. Elle décida de céder et c’est comme ça qu’elle atterrie le 24 décembre aux portes de cette salle. Elle ôta son manteau et alla le porter à l’endroit indiqué avant de pénétré dans la salle. Eleonora avait mis comme à son habitude beaucoup de khol noir au niveau de ses yeux, mais elle avait mit quand même un peu de fard à paupière brillant. Elle avait mit du gloss et avait laissé ses cheveux lissé dans son dos. Elle avait un collier argenté et portait un haut noir savamment ample en tissu léger qui offrait un col en V et une ouverture complète dans le dos, qui la dévoilait des épaules jusqu’aux reins, laissant ainsi à vu son tatouage d’ailes et de triskel. Elle portait un pantalon noir moulant et des talons hauts aiguilles ornées de piques de métal. Bref, un look glam et rock tout à la fois, sans paraitre déplacé.

Eleonora se fondit parmi les convives et ouvrit des yeux ronds en voyant une gamine entrer dans la salle munie d’une robe rouge juste trop élégante pour la soirée. La jeune femme se saisit d’un verre de champagne et marmonna : ‘’ Eh ben… Il y en a qui ne font pas dans les demi-mesure ‘’, avant d’avaler une gorgée pendant qu’un type à ses côtés laissa échapper un rire à son commentaire.

Donc ouais, Serena était arrivée tôt et ne se sentait pas vraiment à sa place dans tout ça, elle avait déjà commencé à attaquer le punch parce qu’elle le pouvait, elle était une grande fille et le punch… c’était franchement facile à boire versus le scotch que Méphisto avait laissé chez elle. Donc ouais, un verre de punch ou deux plus tard, elle marchait au travers des convives, elle rencontra des gens de l’hôpital avec qui elle gagna des points, c’était important quand même, surtout quand on voulait s’assurer de terminer la médecine avec brio, elle en avait encore pour des années, mais… à la vitesse ou elle allait, elle devrait s’en sortir en 24 et 26 ans. C’était bien quand on y pensait. Bon d’accord, elle aurait le job de ses rêves juste vers la trentaine, mais… la trentaine ce n’était pas la mort, regardez Lou! Il était vieux, mais encore en un seul morceau. Un morceau complètement impossible et tête de mule, mais… un seul morceau quand même. Vieux qu’elle allait peut-être voir demain, peut-être… si elle n’abusait pas du punch.

Elle marchait au travers des convives, voyant la fille très, hm… elle? On va rester polie quand même, elle flashait beaucoup disons, on allait quand même attendre qu’elle ouvre la bouche avant de juger et qui sait, d’ici la fin de la soirée, peut-être que S l’apprécierait… ou lui souhaitait qu’un des gamins si présent renverse du jus sur sa robe ou pire… ouais bon d’accord, Serena devenait moins gentille quand elle avait besoin de distraction. Elle termina donc petite balade à une table, elle n’aurait finalement peut-être pas dû venir. Il avait parlé d’un repas avec des tonnes de services non? Aussi bien s’assoir à une table et patienter. Donc, la plus petite table trouvé était pour quoi? Six ou huit personnes, c’était nul ça quand même, mais mieux que rien. Elle s’aventura donc à kidnapper sa propre serviette de papier –oui, oui, le kidnapping du siècle- et commença à la déplier pour la replier à sa façon. Elle aimait occuper ses mains la Serena, donc elle commençait tranquillement à plier un chat en origami. Pourquoi un chat? Parce qu’elle aimait bien les chats et que c’était long à faire, ça allait, elle avait du temps à tuer quand même, au pire… elle mangerait et partirait, elle ne savait pas trop dans combien de temps elle allait manger, mais ça ne saurait tarder quand même, il y avait des gamins et les gamins… ça mangeait tôt, tout le monde savait ça non? Est-ce qu’elle était considérée comme une enfant en fait? Parce que Lou avait tendance à dire que oui, mais c’était Lou… il était un peu sénile le pauvre. Une peu beaucoup en fait, la gamine continuait de plier son papier, elle aurait bientôt un nouvel ami et… bah elle kidnapperait la serviette de quelqu’un d’autre, elle était débrouillarde la gamine pour se divertir quand même.

Son sourire à la jolie brune avait fait un plop. Apparemment, elle était plus occupée de s'être servi d'un verre de punch et de partir à la conquête d'autres personnes qu'elle semblait connaître. Ce n'était pas grave, il en fallait plus pour déprimer Astarielle. Quoiqu'il en soit elle reposa son regard sur l'ensemble des humains qui se trouvaient dans la pièce. C'était amusant de les observer, un petit sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu'elle but une gorgée de ce punch qui était d'ailleurs délicieux !

C'est alors qu'une jeune femme fit une entrée remarquée. Lorsqu'Astarielle la remarqua, elle la détailla légèrement pour observer sa propre tenue... Elle portait un simple jean et un chemisier bleu nuit … Il était sûre qu'elles n'étaient pas dans la même catégorie. L'ange l'observa quelques instants essayant de comprendre l'intérêt d'être si décalé par rapport aux autres. La blondinette ne comprenait pas, était-ce pour attirer le regard masculin ? Son regard à elle fut attirer quant à elle vers un autre garçon, son petit neveu qui semblait bien s'amuser. Il n'était pas en danger donc tout irait bien.

La belle buvait tranquillement son petit verre et partait à la recherche de quelques chose à se mettre sous la dent. Et oui, Astarielle connaissait le plaisir de la gourmandise humaine ! Elle aimait bien goûter à tout et c'était sûrement à cause de sa période cours de Versaille. Elle prit donc une petite assiette en carton et sélectionna quelques petits fours à se mettre sous la dent. La belle se laissa alors aller sur une petite table où une jeune femme était déjà assise et apparemment concentrée. La belle commença donc à déguster ses trouvailles, écoutant avec intérêt la musique qu'ils passaient. Bientôt le repas allait commencer, tout du moins l'espérait-elle. Elle observa du coin de l'oeil ce que faisait sa voisine. Des pliages avec une serviette ? C'était étrange... L'ange tentait de deviner ce que la brunette essayait de faire. Un chat ? C'est alors qu'elle vit une personne qu'elle connaissait. Ou plutôt que son véhicule connaissait. La blondinette se leva et fit de grands signes en direction d'Eleonora.

«Leo ! » dit-elle pour attirer l'attention de la brunette. Bien sûre, les gens avaient alors pu remarquer la blondinette, mais dans un sens elle s'en fichait, non ? En tout cas, elle se souvenait qu'Ealie l'appelait ainsi vu que c'était comme ça qu'elle l'avait noté dans son téléphone...

La salle se remplissait à mesure et Cernunnos finit par achever son verre de jus de fruit. Avec un coup d'oeil circulaire, la brune chercha à déterminer où en était les arrivées. De ce qui lui semblait, tout le monde ou presque devait être là, compte tenu du nombre de table et des places qu'elles contenaient toutes. Bien, il était donc temps pour la demoiselle de se faire remarquer... Encore plus que lors de son entrée, du moins. Mais c'était pour la bonne cause ! En tout cas, c'était ce qu'elle en pensait. Après tout, elle allait faire plaisir à un certain nombre de gens et, même si certains ne seraient pas dupes et comprendrait la manoeuvre sous-jacente, la majorité verraient sans doute simplement une gentille attention. Ou alors une manière de riche de narguer les petites gens... Mais cela était sans importance, puisque de toute façon, cela ne changeait rien à ce qui avait été prévu. La demoiselle c'était engagée à suivre les consignes de son père et n'avait pas l'intention d'y manquer. En même temps, avec elle, tout était bon pour attirer l'attention et elle adorait être le centre du monde, d'une certaine manière.

Avant toute autre chose, elle s'excusa auprès de la femme avec laquelle elle discutait jusqu'alors et repassa au buffet afin d'y prendre, cette fois, un punch. Après tout, c'était la fête ! Et puis on ne trinquait pas avec un verre vide. Elle prit ensuite le temps de jeter un coup d'oeil à son allure dans son miroir de poche : pas question de faire une entrée débraillée. Mais évidemment tout était encore en place. D'un autre côté, si aussi peu de temps avait suffit à anéantir son maquillage, elle aurait eu des comptes à régler avec certaines grandes marques de cosmétique. Elle s'assura aussi que sa cicatrice en dessous de la clavicule ne soit pas apparente. Là encore, là couche de fond de teint était restée, mais on n'était jamais trop prudent. Une fille de sénateur avec une marque comme celle que le maquillage cachait ne serait forcément pas bien vue. Elle avait pourtant une version officielle pour toutes ses marques de chasse, mais mieux valait ne pas se trouver en position de devoir justifier des coups reçus. Les puissants étaient rapidement scrupuleux.

Mais trêve de réflexion, le temps de l'action était venu. Bon, comparé à la chasse, une petite intervention publique ne pouvait être qualifiée "d'action", mais cela allait certainement être la seule chose distrayante de la soirée, alors autant en profiter. Cernunnos mit un terme à ses préparatifs en corrigeant sa posture et en affichant son sourire le plus enjôleur. Elle vint donc se placer à peu près au centre de la salle, dans un espace à peu près dégagé entre un groupe de personnes riantes et les premières tables. Sur celle-ci, elle prit un verre qu'elle fit tinter pour obtenir l'attention d'un maximum de personnes. Pour celles du fond, elle allait simplement parler fort. C'était tout à fait dans ses cordes.

« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, les enfants... » Salua-t-elle l'assemblée dont elle semblait bel et bien avoir accaparé l'attention. « Avant toute autre chose, laissez-moi me présenter : je suis Cernunnos La Rosière. Mon prénom était un peu alambiqué, vous pouvez m'appeler Rose. Quant à mon nom de famille, il évoque peut-être quelque-chose à certains d'entre vous et rien à d'autre. Si vous vous en souvenez, vous vous rappelez donc que le prénom qui allait de pair n'était pas le mien, mais celui de mon père ; Michel. Élu sénateur par vous tous, mes chers concitoyens. »

Avec un nouveau sourire rayonnant, elle ménagea une pause savante dans son discourt, le temps que tout un chacun remette chaque nom à sa place. Et dans l'idéal, qu'ils y associent également un visage. Ce n'était pas gagné, mais au moins, elle pouvait tenter. Du point de vue de toute ces gens, elle devait paraître parfaite. La perfection était fictive, bien entendu, mais elle ressemblait tout de même à une de ses filles dans les magasines, qui se tenait bien, qui souriait avec une facilité déconcertant et qui semblait d'ors et déjà avoir le monde à ses pieds. C'était faux et cette aisance apparente n'était qu'entrainement mais personne ne pouvait s'en douter.

« Mais si je suis ici à présent, ce n'est pas pour vous remettre en mémoire des événements vieux de plusieurs années. » Reprit-elle avec un soin tout particulier à la tonalité théâtrale de sa voix. « Pas en un jour aussi symbolique pour chacun d'entre nous. Certains sont ici en famille, d'autre entre amis, et peut-être un certain nombre sont-ils seuls, comme c'est mon propre cas. »

Encore une fois, elle laissa le temps à ses mots de marquer l'auditoire avant de poursuivre :

« Or, vos enfants vous le diront, pourtant, le Père Noël n'oublie personne, pas même les esseulés. Il se trouve qu'il est venu trouver mon père et qu'il lui a expliqué que, se trouvant dans une position délicate, à cause de l'absence de cheminer dans la salle où nous nous trouvons, il avait un petit service à lui demander : faire la distribution par un autre moyen. C'est donc par mon intermédiaire que les cadeaux transitent. En effet, à partir de maintenant, quelques-uns de mes amis vont circuler parmi vous afin que chacun puisse avoir son présent. Certes, il n'est pas encore minuit, mais ce cher Père Noël ne nous en voudra pas de prendre un peu d'avance, vous ne croyez pas ? »

Déjà, cinq personnes distinguables à leurs bonnets rouges à blanc circulaient pour distribuer boîtes de chocolats, livres et peluches, respectivement assignés aux adultes, adolescents et enfants. Rien de bien exceptionnel, mais il ne pouvait y avoir de petite profit. Et puis ce n'était pas comme si la fortune de sa famille allait être mise à mal par ce genre d'investissement. Pour son histoire de Père Noël, et bien... Il y avait de jeunes enfants dans la salle et certains devaient certainement croire à cet être fantasque : elle se serait pris une rincée de la part des parents si elle avait discrédité cette hypothèse. Quant à eux, ils avaient parfaitement compris de qui exactement provenaient les présents. Donc pas de soucis à se faire.

« Afin de faciliter la distribution, je vous invite à vous installer aux différentes tables prévues à cet effet par le personnel communal. Le buffet est et restera à votre entière disposition jusqu'à la fin de la soirée. Pour souligner l'évidence, toute la nourriture s'y trouvera, également les plats chauds. Sur ces derniers mots, je vous souhaite un très bon réveillon ! » Conclu-t-elle en levant on verre.

La plupart l'imitèrent, attestant qu'elle avait gagné son pari, restait à espérer que les gens d'Huntfield se rappelleraient de cette petite publicité quand viendrait les élections sénatoriales où son père espérait renouveler son mandat. Elle prit une gorgée de punch, remercia son auditoire pour son attention et s'éclipsa, cherchant du regard la table la plus vide. Elle n'eut pas de mal à la trouver, et pour l'instant, seul une brune et une blonde s'y trouvaient. Parfait. Elle subtilisa deux boîtes de chocolats à l'un de ses subalternes et gagna la table. Avec un sourire supplémentaire, elle tendit les présents aux jeunes femmes en leur demandant si elle pouvait se joindre à elles.

Eleonora fixait d’un air critique la brunette accaparée d’une longue robe rouge plus qu’élégante. C’était limite si elle n’évinçait pas à elle seule tous les habits féminins dans la salle. Tous se regardaient en ayant l’air de se demander s’ils avaient suffisamment mit leurs atouts en valeur. La tatoueuse n’était pas jalouse, ce n’était pas dans sa nature, mais elle trouvait ça un peu amer de voir ce que ça créait chez les autres femmes. Elle poussa un soupir et leva de nouveau les yeux au ciel. L’homme à ses côtés fit de même et but en même temps qu’elle une longue rasade, vidant leurs verres. Eleonora lui fit un sourire et se reprit du vin.

C’est alors qu’elle vit la ‘’fille en rouge’’ se rendre sur l’estrade dans la salle et elle entendit grésiller légèrement les haut-parleurs juste avant qu’elle ne s’engage dans un discours de bienvenue. Elle se présenta et disait se nommer Cernunnos La Rosière, un nom peu commun et qu’Eleonora était certaine de ne pas oublier. Elle fit allusion à son père élu sénateur par les ‘’concitoyens’’ et c’est alors qu’Eleonora manqua de s’étouffer avec sa gorgée. Elle la connaissait cette fille! Rose. Bien sûre que oui! La Cernunnos continua son discours, mais Eleonora se remémora leur rencontre passée. L’Europe, en France. Elle se souvenait. Elles avaient été amies à un moment, avant qu’elles ne se perdent de vue toutes deux. C’était le soucis quand on avait des parents haut-placés.

Le discours continua et cette fois, il fût question de cadeaux. Le père Noël ne pouvant pas venir faisait transiter le tout par la jeune femme et elle, par l’intermédiaire de quelques aides. Des personnes se mirent à marcher dans la foule et à distribuer des cadeaux. Cernunnos invita les convives à aller s’asseoir et c’est ce que Eleonora fit. Elle suivit des yeux La Rosière et l’a vit offrir deux boites de chocolat à une blonde et une brune… la brune étant nul autre que Serena!

Eleonora joua légèrement des coudes pour gagner la table, en ponctuant chaque intervention d’une excuse et réussit à se glisser jusqu’à elles.

- Bonsoir Serena, dit-elle en posant une main légère sur son épaule avant de s’asseoir à ses côtés. Tournant la tête vers Cernunnos elle lui dit : ‘’ Salut toi! Ça faisait un bail! ‘’

Donc, Serena était vachement concentré à faire de l’origami, elle n’était peut-être pas encore assez sociable pour ce genre de chose. Fallait essayer au moins une fois avant de dire qu’on n’aimait pas ça non? Donc, maintenant c’était fait, elle n’aimait pas les gros trucs avec trop de gens. Elle se fichait de sa tenue et de celle des autres, mais l’idée d’être seule entourer de gens, ce n’était pas franchement agréable. Finalement, la fille à la robe rouge prit la parole, Serena l’écoutait d’une oreille distraite. Son père était politicien, elle venait jouer les lèches-bottes aux concitoyens, surement que sa réélection se ferait bientôt, mais ça, l’autre n’en parla pas, bien entendu. Donc ouais, elle offrit des cadeaux à tout le monde, c’était de l’argent dépensé pour rien ça non? Parce que bon, elle connait quelques machines à l’hôpital qui commençait à être désuètes si monsieur le Sénateur avait des sous à dépenser, mais ça, les politiciens s’en fichait hein, mais bon. Elle continuait son origami quand une blonde vint s’assoir à sa table. Serena prit sur elle sa timidité, releva les yeux et lui fit un sourire aimable. La fille qui faisait signe à une autre fille. Donc, sa table ne resterait peut-être pas vide bien longtemps. C’est peu de temps après cela que la fille en rouge vint leur porter des cadeaux en main propre, c’était presqu’un honneur, c’est ça? Ouais, bon elle lui fit tout le même un sourire en disant simplement un :

-Merci

Parce qu’elle était sage et gentille et qu’elle n’avait pas envie de faire une scène, ni d’avoir l’air de la dégénérer de service. Ouais, elle était sage et tout la gamine. Elle déposa le cadeau près d’elle, elle n’avait pas l’habitude de développer les cadeaux devant les gens, surtout quand elle n’en avait pas à offrir non plus. Donc ouais, elle était polie tout plein, promit. Elle avait l’air timide, mais pas froide, c’était déjà ça de gagné. En plus, elle n’avait même pas le temps de le déballer que déjà, elle se faisait toucher l’épaule. Elle tourna son regard pour voir, sa tatoueuse, Eleonora non? Ouais, c’était surement ça. Serena était assez douée avec les noms et les visages.

-Salut Eleonora, ça va?

Elle lui fit un agréable sourire, quand elle l’a vit s’assoir près d’elle, elle l’a laissa saluer la fille à la robe rouge, cette… Cernonnos et retourna tranquillement à son origami pour le finir. Elle détestait avoir des choses non fini, elle n’y pouvait rien. Elle était comme ça. Donc ouais, aussi bien le terminer pour que ça ne l’obsède pas toute la soirée. Eh oh, personne n’a le droit de s’en plaindre, un médecin perfectionniste qui n’abandonne pas à la moitié d’un job fait, c’est bien. Vous imaginez une moitié de point de suture, ou juste retirer une veine pour un pontage, mais pas la mettre? Donc ouais, c’est ça. Elle aimait terminer ce qu’elle avait commencé, elle le déposa donc sur la table, mettant le petit chat bien et évidence devant elle. Après cela, elle releva les yeux vers les autres filles qui semblaient se connaitre, au moins, elle connaissait Eleonora et savait qu’elle avait le dessin en commun avec elle. C’était déjà ça, pour la suite, elle ne savait pas trop comment on faisait en grand groupe, elle n’aimait pas vraiment ça.

La soirée se déroulait plutôt bien. Tout le monde semblait prêt à passer une bonne soirée et était souriant. En même temps, on venait rarement dans ce genre de manifestations à reculons, à part si on était forcé par quelqu'un mais ça c'était une autre histoire ! Quoiqu'il en soit, l'ange avait hâte de pouvoir goûter aux petits plats que leur avait concocté la ville ! Et oui, la jeune femme pouvait se laisser aller au péché de la gourmandise.

Alors que la blondinette était perdue dans ses pensées, observant discrètement la jeune fille qui faisait des pliages avec les serviettes. Elle se débrouillait d'ailleurs très bien, mais Astarielle avait encore un peu de mal à voir l'intérêt. En même temps, les humains faisaient beaucoup de choses qui n'avaient pas d'intérêt... Tout du moins de son point de vue. C'était comme ce sport que tous les américains chérissaient tant... Le football ? Quel était l'intérêt de se foncer dedans pour avoir le ballon franchement ? Quoiqu'il en soit, elle laissa là ses réflexions pour écouter la jeune femme à la robe rouge. Elle se présenta poliment, bien sûre son nom ne disait rien à la blondinette, mais qu'importe.  Elle tout cas elle ne put s'empêcher de partir dans une sorte de mini envolé lyrique dévoilant enfin le pourquoi elle avait pris la parole. Ah ! C'était une fille de sénateur ! Mais... que voulait-il sénateur ? Elle connaissait bien les sénateurs de Grèce, mais elle s'imaginait mal ces hommes vêtu de toge blanche à cette époque.

Quoiqu'il en soit elle continua. On aurait presque dit que c'était elle qui était élu... En tout cas, elle semblait vouloir porter la casquette et être la digne représentante de son père. Cette pensée l'amusa. Astarielle aussi voulait représenté son père le mieux possible, elle voulait qu'il soit fière d'elle... Mais les choses étaient sûrement plus compliqué que dans la vie de la jeune humaine. L'ange observa les alentours lorsque la brune annonça que certains étaient venus en couple, en famille et d'autre seul. Elle, elle faisait parti de ceux qui étaient venus en famille... mais à la fois elle se sentait bien seul vu que son neveu était beaucoup plus jeune. S'en suivit cette histoire de père noël. C'était donc vrai ! C'était avec soulagement qu'Astarielle pensait que l'homme a la barbe blanche aurait déposé un cadeau pour Tim sous le sapin. En tout cas, le père noël était bien généreux, mais ce qui inquiéta la douce c'était que chez elle non plus il n'y avait pas de cheminée...

Elle les invita donc ensuite à ce que chacun aille s'asseoir aux tables, ce que l'angelot avait déjà fait. Une question lui brûlait les lèvres... En tout cas, Rose, puisque c'était ainsi qu'elle souhaitait qu'on l'appelle, s'avança vers les deux jeunes femmes. Leur tendant un présent, elle leur demanda si elle pouvait se joindre à elles. Astarielle prit donc la petite boite et lui lança l'un de ses sourire radieux.

« Merci beaucoup ! Jolie discours. Et oui bien sûre, vous êtes la bienvenue. » ajouta-t-elle après avoir lancé un regard interrogateur à la jeune brune qui était avec elle déjà à la table.

C'est alors qu'Astarielle remarqua Eleonora, une vieille amie de son véhicule. La tatoueuse s'approcha d'elles et salua toutes les jeunes femmes à la table. Elle semblait tous les connaître. A présent, l'ange connaissait tout les prénoms des personnes de cette table. Elle adressa un petit sourire à Léo et se pencha vers Serena lui demandant discrètement.

« C'est un chat ? » demanda-t-elle curieuse. « c'est une tradition de faire des chats en papier pour noël ? » ajouta-t-elle, un air légèrement penaud sur le visage.

Elle se redressa ensuite pour soupirer, l'air contrarié.

« En tout cas, j'espère que le père noël réussira à mettre les cadeaux chez moi... Je n'ai pas de cheminée moi non plus... Vous pensez que je devrais laisser la porte ouverte pour lui faciliter la tâche ? » dit-elle en posant son regard vairon bleu et vert sur Rose.

Bien que la brune, apparemment nommée Serena, d'après une autre membre de la tablée, ne se montra pas d'une grande chaleur vis-à-vis de Cernunnos, son arrivée fit très bien interprétée. Franchement ? C'était une bonne chose, parce que pour le coup, elle ne se voyait pas tenter de trouver une autre table, parmi la foule qui remuait autour. Celle qui l'accepta dans le groupe improvisé sans le moindre détour, elle lui rappelait quelqu'un... Mais elle n'eut pas le temps de faire la corrélation avant que n'intervienne à nouveau "l'autre membre de la tablée". Celle-ci ce permit une familiarité à laquelle miss Robe-rouge ne s'était absolument pas attendue et qui trouva à la déstabiliser. Ce qui lui parut le plus étrange, c'était le couplage entre le surnom "Rose" et le reste de la phrase. Les personnes qui lui donnaient ce nom étaient peu nombreuses, surtout chez ceux dont elle était proche, puisqu'ils avaient le droit de l'appeler Nina. Par chance, quand elle allait lui demander qui elle était, son nom lui revint : Eleanor... Ou quelque chose comme ça. Cette fille qu'elle avait connue en cours d'été des années plus tôt et avec qui elle n'avait jamais repris contact, même si elle l'appréciait assez.

« Oui, en effet ! » Sourit-elle en retour, préférant ne pas prononcer le prénom que sa mémoire lui avait fournis.

Dans le doute, toujours s'abstenir, avait-elle apprit petite. Elle comptait bien s'y tenir. C'était une manière assez fiable de ne pas faire de faux-pas, et pour le coup, elle avait tout intérêt à savoir se tenir, puisqu'elle représentait son père. Sans doute celui-ci ne lui aurait-il pas tenu rigueur d'un oublie sur un prénom, mais tout de même, la perfection apparente devait primer. Sinon, quel intérêt d'avoir mis en place pareil mascarade ? Il aurait suffit qu'elle se glisse parmi la foule et que, pour une fois, elle ne choisisse pas des vêtements extravagants. C'aurait été compliqué, mais si elle n'avait réellement eu que ça, elle aurait pu s'y accommoder. Bon, il aurait fallu qu'elle fut rejetée par ses amis chasseurs, ce qui était hautement improbable, mais au moins, cela soulignait ses facultés d'adaptation. Elle ne les exploitait que sous la contrainte (la chasse figurant bien entendu comme une contrainte), mais elles existaient. C'était déjà ça, non ?

Elle voulu ajouter un mot à l'intention de l'autre "fille de riche" - qui soit dit en passant, ne présentait pas réellement comme tel -, mais l'observation de la blonde à propos du chat en papier la stoppa net. De quel monde parallèle venait-elle donc pour poser une question pareille ? D'autant plus que, concrètement, elle ne venait absolument pas d'un monde parallèle, son nom revenant à son tour à l'esprit de la descendante La Rosière. Au moins, dans ce cas pouvait-elle avoir la certitude qu'il était juste, car on ne pouvait considérer Ealie comme courant. Il devait se situer assez proche même de Cernunnos, dans la liste des prénoms les plus portés sur la planète. Enfin c'était à relativiser, car Nina aurait parié gros que son nom était unique, depuis qu'elle s'était chargé de l'exécution du Dieu païen de qui elle le tenait. Des Ealie, il y en avait peut-être bien une centaine, donc la différence était notable, d'un certain point de vue... Même s'il suffisait, pour l'annihiler, de procéder à la même comparaison, mais avec un prénom comme Eleonor. Tout de suite, on devait pouvoir en trouver des milliers.
Comme pour faire exprès, elle insista en faisant référence au Père Noël et aux cheminées. Là encore, Nox n'avait pas la moindre idée de comment réagir face à la sincérité apparente de la jeune femme. Cependant, cette fois, c'était à elle qu'elle s'adressait directement, donc elle allait bien devoir trouver une réponse à lui fournir. Espérant ne pas être vexante, quoiqu'elle ne voyait pas trop comment puisqu'elle avait affaire à une adulte, elle choisit la tactique du rire. Cachant pas mécanisme sa bouche derrière sa main, elle s'accorda une bonne seconde pour pouffer avant de répondre avec le plus grand sourire dont elle disposait :

« Je ne me souvenais pas que tu avais tant d'humour, Ealie ! Tu devrais te lancer dans une carrière d'actrice ! »

C'était ce qu'elle avait de mieux, sur le moment, dans la mesure où elle serait elle-même passée pour une idiote à lui expliquer que le gros bonhomme en rouge et blanc, ce n'était qu'une histoire pour les enfants. Cet interlude, aussi alambiqué fut-il, avait au moins eu pour vertu de la mettre de bonne humeur et ce fut donc avec ce même splendide sourire qu'elle s'assit à table, dans le but de finir son verre avant de gagner le buffet. Un certain nombre de personnes s'y pressaient déjà, surtout les parents de jeunes enfants. Jeune et techniquement seule, Nina avait toutes les raisons de prendre son temps. Et puis si elle avait encore faim en rentrant chez elle, elle pouvait bien prendre quelque chose dans son frigo. Ah ! L'indépendance !

Eleonora venait de s’asseoir à la table qui commençait à se remplir d’invités. Elle avait prit rapidement place à côté de Serena, dans la crainte de se retrouver à une table pleins d’inconnus avec un air bizarre. Ou pire, de recroiser les types étranges qu’elle avait tatoué, un genre de gang. Elle jeta un regard circulaire d’ailleurs et vit effectivement quelques-uns de ses types. Elle se concentra soudainement sur le paquet cadeau glissé devant elle. Serena venait de la saluer, mais si tôt fait, elle retourna à son pliage de papiers. Eleonora l’a regarda légèrement intriguée. Se pouvait-elle que la docteure se sente intimidée quand il y avait plein de monde comme ça?

La tatoueuse en profita pour saluer Cernunnos, bien contente de voir une ancienne connaissance. La soirée serait surement super. Elle n’y avait pas cru qu’elle pourrait y prendre plaisir, mais là ça allait peut-être changer.

C’est alors qu’une blondinette s’adressa à Serena à propos du chat en papier qu’elle venait de confectionner rapidement en origami. Bizarrement, la fille demanda si c’était une tradition de faire des chats pour Noël. Puis, soudain légèrement contrarié, elle indiqua qu’elle n’avait pas de cheminée et donc que le Père Noël n’arriverait peut-être pas à passer. Soudain, un déclic se fit dans sa tête. Elle reconnaissait cette tête blonde! Elle ne se rappelait plus son nom, mais elle savait qu’elle la connaissait.

- Eh bien en fait non, quelle bonne blague, dit-elle en riant, Les chats n’ont aucun lien avec Noël évidemment.

Cernunnos en fit de même, la nommant Ealie, tout en mentionnant qu’elle devrait devenir actrice. C’était ça son prénom! Eleonora s’en voulait d’oublier certains noms, mais au nombre de tête qu’elle voyait par année, c’était normal que son cerveau finisse par saturer à la longue.

- C’est bien vrai, d’ailleurs la carrière d’actrice ça rapporte pas mal. Tu devrais essayer. Au fait, te souviens-tu de moi?, demanda-t-elle soudainement à la blondinette. C’est un truc de fou. J’étais certaine que je m’ennuierais ce soir, mais finalement, ce n’est pas le cas. Je n’aurais jamais pensé revoir autant de personnes que je connais. Superbe soirée au fait Cernunnos. Il est bien gentil ton père d’avoir organisé cet évènement.

Serena n’était pas du genre très bavarde, pas avec des inconnues en faites. Elle était solitaire et légèrement timide, il fallait l’avouer. Elle voulait terminer son chat, mais pas parce que c’était hautement nécessaire, juste parce qu’elle était perfectionniste. Je tiens à souligner que le perfectionnisme chez elle, c’est une qualité, tout le monde aime les médecins avec ce trait de personnalité, donc ouais, elle terminait le chat, écoutant d’une oreille distraite les autres s’installer tranquillement à la table. Elle n’allait pas être seule, c’était déjà ça. Elle ne savait pas trop comment faire pour le reste, elle apprendrait, c’était le but non? Il fallait juste… être comme avec Lucy, mais avec les autres. Bon d’accord, pas exactement comme avec Lucy, mais presque. Lucy, c’était plus, ils étaient vraiment amis. Quelqu’un félicita la femme à la robe rouge, Cernunnos? Lui disant que c’était un beau discours, l’invitant à s’assoir. Tu vois Serena, elle, elle y arrivait bien. Elle arrivait à discuter, à assumer, à… argh pourquoi pas elle hein? C’est là que la blonde s’adressa à elle, demandant si c’était un chat, la gamine plongea son regard dans celui de l’autre. Ne sachant pas si…

-Oui.

Bravo, une réponse, c’était bien. C’était même très bien. Pourtant, la blonde demanda si c’était une tradition de faire des chats en papier pour noël. Euh… D’accord… donc pour être sociable… il fallait être complètement folle? Mais déjà, on surenchérissait, disant qu’elle blaguait, c’était surement ça, elle blaguait. Oh, une blague. Serena n’était pas tant blague, elle carburait au ralenti en fait. Elle avait du mal à suivre, c’était trop de pression. Au moins Eleonora rajoutait que les chats n’avaient rien à voir. Serena lui fit un sourire, elle était bien elle. Fallait prendre sur soi et arriver à tuer la timidité. Une fois le chat achevé, elle le mit devant elle et s’empêcha de recommencer quoique ce soit. Bon, fallait se donner un coup de pied au cul et devenir sociable, vraiment. Pourtant, Ealie rajoutait qu’elle espérait que le père Noël arrive à déposer les cadeaux, qu’elle n’avait pas de cheminée. D’accord, c’était bizarre, vraiment. Au moins, Cernunnos rajoutait que c’était une autre excellente blague, Eleonora rajoutait au commentaire de Cernunnos. Au moins, la gamine savait le nom de tout le monde maintenant, c’était déjà ça de gagner! Elle jouait légèrement avec ses doigts sous la table pour oublier son stress, mais elle souriait, c’était déjà ça. Elle regardait l’échange, les gens parler. Eleonora qui était certaine qu’elle s’ennuierait ce soir, mais finalement, ça ne serait pas le cas. Donc, Eleonora connaissait tout le monde ? God, elle faisait comment ? Serena ne connaissait personne elle, sauf la tatoueuse. Bon, en même temps… en ce moment, il y avait Lucy, Logan et des démons… et des anges, rien de plus dans sa vie. Elle remerciait le père de Cernunnos qui avait organisé l’évènement, il n’avait pas juste offert les cadeaux? Genre, c’était la ville non? Serena avait du mal à suivre. Elle et la politique là, c’était deux mondes complètement différents. Bon en même temps, les filles se parlaient entre elles, Serena n’était pas obligée de discuter non? Surtout que bon, Eleonora venait de poser une question à Ealie, donc la politesse voulait de laisser répondre la blonde. En prime, la nourriture arriverait un jour. Bon d’accord, c’était peine perdu, la gamine n’arriverait jamais à se faire des amis, genre… les démons et les anges, ça passaient, c’étaient vides comme elle au final.

Spoiler:

Bon c'était officiel, Astarielle avait ce petit truc qui faisait qu'elle semblait souvent à côté de la plaque. Il ne fallait qu'espérer que les humaines ne pensent pas qu'elle se drogue pour être dans cet état second. Mais ce qu'elles ignoraient, c'était qu'Ealie n'était plus et que c'était bien une envoyée de Dieu à qui elle parlait. Rapidement, la discussion s’enchaîna. Tous le monde semblait plutôt à l'aise et se connaître. Sauf peut-être la petite brunette qui faisait des chats. D'ailleurs, Astarielle lui demanda si c'était une décoration pour noël et ce fut finalement Eleonora qui commença à rire. L'ange ne savait pas si elle riait d'elle ou si elle riait de ce qu'elle avait dit.

Quoiqu'il en soit, elle demanda ensuite à la jeune femme à la robe rouge si le père noël allait réussir à venir chez elle pour les cadeaux. Apparemment, elle venait de nouveau de dire une nouvelle bêtise puisque toutes rirent à ses paroles. Si seulement il y avait un guide sur comment se comporter sur Terre pour les anges. Oh misère. En tout cas, la jeune femme semblait connaître son véhicule vu qu'elle l'appela par son prénom. Aïe. Ca c'était plutôt délicat. Eleonora lui demanda également si elle se souvenait d'elle. Pour l'ange, il y avait deux solutions. Soit elle faisait semblant de s'en rappeler vu qu'elles avaient leur prénom, soit elle inventait un autre bobard. La deuxième solution sembla la meilleure.

« Carrière en tant qu'actrice vraiment ? J'y penserai dans ce cas. » ajouta-t-elle avec un sourire pour plaisanter à son tour.

« Par contre... je suis désolée, mais j'ai eu un accident il y a quelques mois et du coup ma mémoire m'a fait faux bond... Donc... Ca va revenir doucement avec le temps, mais j'avoue ne pas me souvenir de tous, ni de tout le monde. » dit-elle avec un faible sourire, accordant surtout son regard sur Cernunnos.

C'est alors que les entrées arrivèrent devant leurs yeux ébahis. Astarielle lança un regard vers son neveux qui était à la table des enfants.

« Hum, ça a l'air bien bon. » lança Astarielle. «  je me demande ce que c'est. » dit-elle en touchant du bout de sa fourchette. Une fois que toute la table fut servit, l'ange lança joyeusement un bon appétit à la tabler.

Spoiler: