III.02 - Give Me Reason

Graham Peterson. Fils de démon. Mystick. Sa mère. Sa mère qu’il aimait tant. Il n’avait pas vraiment envie de savoir ce qu’elle faisait ces derniers. Temps. Mais l’important était simplement que Graham sâche où elle était et pourquoi elle était partie. Il commençait vraiment à pogner les nerfs ce chasseur. Il avait vraiment envie de faire n’importe quoi. IL avait chercher pendant des jours, des semaines et même des mois. Il ne pouvait plus chercher. Il avait besoin de réponses. Beaucoup de réponses. Car il avait besoin de sa maman. Ses souvenirs d’elle étaient toujours vif dans son esprit.

Il se souvenait qu’elle n’était jamais présente, qu’il pouvait faire ce qu’il voulait. Quand il le voulait. Lorsqu’elle n’était pas là, il pouvait avoir de grosse fête. Il en avait fait et n’avait pas tellement aimé ces fêtes qu’il avait organisé. Mais lorsqu’elle revenait, tout était pour le mieux. Il pouvait discuter calement avec sa maman. Même s’il savait très bien que c’était une démone. Il ne demandait jamais au grand jamais ce qu’elle faisait lorsqu’elle n’était pas là.

Bien entendu, il se souvenait aussi du temps où il avait été arreter par la police. Mais ce temps n’était plus. Il ne pouvait pas vraiment s’en rappeler, car cela faisait bien trop longtemps. Trop longtemps. Il devait faire quelque chose pour attirer son attention une fois pour toute. Il voulait la revoir et avoir des explication. Il était perdu dans l’ombre. Il ne savait plus quoi faire. Ce qu’il devait faire pour la revoir. Elle était une démone. Comment pouvait-il la revoir? Il ne le savait pas. Techniquement, il était supposé la tuer. Mais il ne pouvait pas tuer sa mère. Elle était sa maman et peronne ne touchait sa maman.

C’était ainsi qu’il avait decidé que s’en était assez d’attendre. Il devait faire quelque chose. Quelque chose de grandiose. Il s’était mis à parcourir le monde dernièrement à sa recherche. Il avait tuer, torturé comme bon lui semblait. Il avait fait des choses don’t il aurait fait à chaque jour depuis beaucoup trop longtemps. Il tuait sans merci. Il n’avait pas besoin d’excuse. Il n’avait aucun remord.

Le voyage de Graham se finissait sur le board d’un lac à regarder le ciel lors d’une pleine lune. Il était là. Et il venait de tuer sauvagement un humain. Ce qui le rendait coupable face à dieu. Mais bon. Il n’avait qu’une seule chose à dire. Alors que le sang dégoulinait de son couteau.

- Où es-tu, je tues, une fois par mois, même plus et je n’ai aucune nouvelle?

Une Lune de Froidemort …

Asmodée appréciait ce genre d’évènement cosmique. En effet, la première pleine lune au cours de l’hiver était un moment propice pour accomplir certains rituels chez les démons. Elle alliait l’obscurité de la nuit, inévitable écho symbolique aux Ténèbres si chères aux créatures des Enfers, avec le frimas de l’hiver, qui n’était pas sans rappeler le froid de la tombe. Or ce soir était justement l’une de ces nuits qui ne se produisaient qu’une fois par an. Depuis plusieurs semaines déjà, le déchu s’afférait à organiser divers préparatifs en vue d’effectuer un rituel d’une importance capitale pour son projet. Pour ce faire, il avait donc convoqué plusieurs de ses succubes dans l’un des bois avoisinant Huntfield. Réunis en cercle aux abords d’un lac paisible, les démons murmuraient en chœur une succession de syllabes sifflantes, conjurant des énergies qui seraient nécessaires à l’Avatar de la Luxure pour procéder à son rituel. Devant chacun d’eux, des runes en énochien noir avait été tracées à même la terre de la forêt. D’ici moins d’une heure, les préparatifs seraient achevés, et alors, Asmodée pourrait commencer son office impie.

Mais pour l’heure, il préférait laisser cette tâche fastidieuse à ses serviteurs. Répéter inlassablement et dans un rythme monotone, des phrases complètes, écrites des millénaires plus tôt dans une langue oublié de quasiment tous, ce n’était vraiment pas ce que préférait le démon. En attendant, il se tenait sur la berge de l’étendue aquatique, observant le reflet de cette lune pâle à la surface parfaitement immobile de l’eau. Le lac, de par son calme de fiord, donnait l’impression d’être un miroir aux proposions titanesques. Sans doute le froid de l’hiver avait-il engourdi toute vie à l’intérieure de ces eaux, y mettant en suspens toute activité jusqu’au retour du printemps.

Ce fut à ce moment précis que des cris attirèrent l’attention du démon. Quelqu’un venait de perturber la quiétude de ces bois, dont les seuls incantations murmurées par la cabale du déchu n’avait jusqu’à maintenant pas troublé. A quelques mètres, un oiseau avait pris la fuite dans une envolée soudaine, son sommeil certainement chassé par ce hurlement de rage. Asmodée devait s’assurer que rien ne viendrait empêcher sa messe noire d’avoir lieu. Il n’était pas envisageable d’attendre une année supplémentaire pour pouvoir achever cette étape … pas depuis que Lucifer était de retour sur ce monde. Avec des gestes précis, le Gardien des Plaisirs ôta l’aube noire aux bordures cramoisies qu’il avait revêtue pour cette occasion spéciale, la confiant à l’un de ses serviteurs qui s’était approché sans qu’il n’ait besoin de le lui demander. Sous sa tenue rituelle, le déchu porter un costume trois pièces de couleur gris foncé, rehaussé d’une cravate bordeaux posée sur une chemise blanche.

D’un pas résolu, le déchu se dirigea donc avec flegme dans la direction d’où provenaient les cris. Après quelques minutes de marche dans le sous-bois, Asmodée trouva enfin l’origine de tout ce tintamarre. Il avait devant lui un homme à l’air désespéré. Dans l’une de ses mains, il tenait un couteau de chasse dont la lame luisait de sang frais sous la lumière blafarde de la lune. Le type semblait à la recherche de quelqu’un, n’ayant de cesse de s’époumoner dans la nuit, comme s’il adressait son message à une personne à même de l’entendre. Tuer semblait être une sorte de rituel auquel s’adonnait régulièrement le gueulard. Pourtant, cela ne semblait pas être une réussite puisque le tueur compulsif n’obtenait ni réponse, ni satisfaction.

S’adossant à un arbre, Asmodée croisa les bras, regardant encore quelques secondes cet étrange énergumène. Ne pouvait-il pas aller piquer sa crise ailleurs, histoire que le déchu soit enfin tranquille pour exécuter son rituel ? Visiblement … non.

« Inutile d’hurler à la lune comme ça … on va finir par vous confondre avec un loup garou, lança le démon sans autre forme de présentation. J’ignore qui vous cherchez à contacter … mais visiblement, vous n’employez pas la bonne méthode. »

Graham venait de tuer sauvagement sans aucune pitié. Il avait tué, torturer à mainte reprise depuis son quinzième anniverssaire. Une entente qui avait mal tourné dans un sens. Il avait donné son âme à sa mère et il avait tuer une fois par mois pour le restant de ses jours. Il ne lui avait que vouer fidèlité pour toujours. Il avait lui-même disparu à mainte reprise, mais jamais au grand jamais n’avait-il disparu pour autant de temps que l’avait fait sa mère. Il avait fait des actes cruels dans sa vie. Il tuait sans aucun remord. Aucune pitié. Il avait été entraîner par les meilleurs. IL était l’un des nombreux hommes parmi l’agence que le president pouvait donner des ordres. Des ordres d’éliminer, de secourir sans que personne ne le sache.

Si jamais un jour, il rencontrait quelqu’un, il allait devoir un jour expliquer cela à celle qui partagera sa vie, Si un jour il la rencontrait. Il allait devoir tout lui dire. Il avait un passé douloureux et pas grand monde comprendrait ce qu’il avait vécu auprès de ses nombreux amis qui avaient péris à cause de lui. La mission venait toujours en premier. C’était comme cela qu’il avait appris à oppérer dans la vie.

Le chasseur venait de tuer. Le sang coulait sur le sol. La mort de sa victime était lente. Le sang était sur sa lame de couteau. Il la tenait encore. Il n’avait pas pris la peine de ne pas l’essuyer. En fait. C’était le temps qui manquait. Le temps, car une voix derrière lui décida de l’intérrompre.

Inutile d’hurler à la lune? Oui, il hurlait à la lune, mais pas pour un loup, pour sa maman. Il resta immobile un moment. Un long moment. Un loup garou? Il tuait les loup garou comme bon lui semblait, mais il avait d’autre chat à foueter que de tuer un loup garou. Il était un chasseur, mais pas comme les autres.

- Un loup? Non, les loups ne me font aucunement peur. Disons que je peux les éliminer avac facilité. -

Le chasseur se retourna. Graham savait que ce n’était pas un ange, car les ange avait une façon de parler que Graham n’aimait pas. D’autre, part, un humain aurait appeler la police. Une créature aurait fait bien pire, mais le chasseur ne s’attandait pas à voir des chasseurs ici. Il était l’un des seuls qui tuait ici. Il tuait et tuait.

- La personne que j’essaie de contacter est ma mère et elle n’est pas vraiment humaine. –

Nullement effrayé d’avoir été surpris après avoir commis un meurtre, l’humain répondit au déchu avec une certaine vindicte dans l’intonation de sa voix. Visiblement, il n’était pas du genre à prendre peur facilement. D’une part les lycanthropes ne semblaient pas le moins du monde l’impressionner, et d’autre part, il annonça vouloir contacter sa mère, qui, précisa-t-il, n’était pas vraiment humaine. Asmodée soupira. Visiblement, il n’allait pas parvenir à se débarrasser aussi facilement qu’il ne l’aurait souhaité de ce type.

« En réveillant toute la faune de cette forêt ? Pensez à lui demander le numéro de son portable la prochaine fois que vous la verrez, ironisa le démon. Ce sera plus simple et surtout … moins salissant. »

Cette dernière phrase, le démon l’avait dite en portant son regard sur la lame encore ensanglantée que l’humain tenait à la main. Beaucoup de créatures réclamaient que le sang soit versé pour être invoquée. Pourtant, le déchu ne parvenait pas à déterminer laquelle parmi le bestiaire si riche des créatures surnaturelles, pouvait jouer le rôle de mère pour un mortel. De toute évidence, cette entité n’était pas la mère biologique du zigoto braillard. Elle avait donc endossé ce rôle pour une raison qui échappait totalement au déchu.

Décroisant les bras, Asmodée fit quelques pas en direction de son dérangeant interlocuteur. Sur son visage, les ombres projetées par les branchages sous la lumière de la pleine lune, jouaient à mesure que le démon s’approchait. Finalement, le Profanateur du Bosquet s’immobilisa à moins d’une demi-douzaine de mètres de l’humain. Le déchu posa alors sur l’homme un regard mêlant scepticisme et curiosité.

« Bon … si j’ai bien suivi … vous tentez de contacter celle que vous considérez comme votre mère en commettant un assassina, lança le démon d’un ton presque neutre. Et à en croire votre nervosité, ainsi que vos propres mots, vous faites cela depuis un petit moment … sans succès. »

A ce moment précis, un sourire taquin apparut sur les lèvres du déchu, dévoilant légèrement sa dentition immaculée et régulière. Asmodée ne voyait pas cinquante explications au fait qu’une mère délaissait de cette manière son enfant … ou tout du moins, celui qu’elle considérait comme tel. Car, après tout, il était clair que cette femme n’était pas la véritable mère biologique de cet humain. Du coup, le silence de cette mère indigne pouvait signifier qu’elle était morte, ou bien encore, retenue contre sa volonté, ou encore, et ceci était l’explication préférée du démon, qu’elle était tout simplement bien trop occupée pour s’intéresser à sa marmaille.

« Cela ne vous est-il donc pas venu à l’esprit qu’elle n’avait tout simplement pas envie de vous voir ?, ajouta Asmodée sur un ton moqueur. Remarquez, si vous êtes toujours aussi bruyant, il y a de quoi la comprendre. »

Se frottant les mains, Asmodée acheva de réduire la distance le séparant de l’humain en quelques pas. Son sourire était à présent plus prononcé, comme celui d’un individu qui s’apprête à faire une bonne affaire.

« Trêve de plaisanterie ! Peut-être pourrais-je vous aider à la contacter … qu’en dites-vous ? »

A présent beaucoup plus proche de l’humain, l’Avatar de la Luxure pouvait parfaitement distinguer les traits de celui-ci. Avec une certaine intensité, il posa alors son regard vert-noisette dans les yeux clairs du mortel.

Le chasseur se retourna. Graham savait que ce n’était pas un ange, car les ange avait une façon de parler que Graham n’aimait pas. D’autre, part, un humain aurait appeler la police. Une créature aurait fait bien pire, mais le chasseur ne s’attandait pas à voir des chasseurs ici. Il était l’un des seuls qui tuait ici. Il tuait et tuait. Il tuait pour sa mère, afin que son âme ne puisse se rendre en enfer. Il ne voulait pas devenir un démon. Enfin, pas maintenant. Mais peut être dans le futur. Cela ne le dérangeait pas de devenir un démon, mais pour le moment il avait besoin de vivre sa vie. Une longue vie.

Réveiller la faune ? Oui, il réveillerait la faune entière, tuerait l’humanité au complet pour trouver sa mère. Mais Graham n’avait pas envie de le lui dire pour bien des raisons stupides. Son numéro de téléphone, son cellulaire ? Non, mais vraiment, il était con celui-là, mais vraiment con. Sa mère était une démone. Un cellulaire était innutile. Graham Graham…

- Elle n’aime pas les cellulaires. Elle n’en a pas de besoin, pour elle, ces cellulaires sont innutiles. Et pour ton information, je tuerai tous les humains sur terre pour la retrouvé et je n’épargnerai aucune créature, démon, ange, archange et je tuerai même dieu pour la retrouver. –

Graham le regarda un long moment, un très long moment.

- Et je n’ai pas peur de me salir les mains. –

Graham n’avait pas peur de faire cela. Il le faisait à tous les jours. Cela faisait depuis qu’il avait 15 ans qu’il tuait pour sa mère. Pour son âme. La contacter ? Oui il essaie de la contacter depuis fort longtemps. Trop longtemps d’ailleurs.

- Ces assassinats ? non, ces assassinats, je les performe depuis l’âge de 15 ans. Et si je ne les performe plus, mon âme lui appartiendra et on sait très bien ce qui arrivera une fois que mon âme n’est plus mienne. –

Graham regarda le jeune homme devant lui qui c’était rapproché de lui d’une certaine manière. Ils se regardèrent droit dans les yeux pour un long moment. Un très long moment.

- Pas envie de me voir ? Oui, ça m’est venu à l’esprit et surtout que ce n’est pas la première fois qu’elle me disparaît comme cela. Sauf que ce n’a jamais été aussi longtemps. Bruyant ? Non, habituellement, je tue, avec le plus grand silence et je dispose du corps sans que personne ne sache exactement qui était cette victime. –

L’aider ? Graham le regarda un long moment. Un très long moment. Il se retourna vers le lac. L’aider ? Il ne savait pas s’il pouvait l’aider. C’était trop demander.

- M’aider? Pourquoi m’aider moi? -

Pour l’amour de Pandémonium ! Que cet humain était orgueilleux ! Ainsi donc, pour retrouver sa mère, ce primate était prêt à tout … y compris tuer les archanges et … Dieu ? L’espace d’un instant, Asmodée se demanda si ce type n’était pas tout simplement un illuminé à l’esprit ravagé. L’Avatar de la Luxure ne doutait pas un seul instant d’avoir assez de pouvoir dans le petit doigt pour écraser ce cloporte … et ce dernier se croyait malgré tout de taille à affronter un archange ? Avait-il véritablement conscience de ce qu’était un ange de ce rang ? La réponse était clairement non.

Donc, en résumé, en plus d’être un geignard dénué du moindre sens de l’humour, ce gars avait également un égo démesuré. Eh bien … se débarrasser de ce gêneur n’allait pas être simple. La suite des propos de l’humain confirmèrent au déchu que ce type était un véritable détraqué. Il ignorait tout du démon qui l’avait rendu aussi instable, mais il devait avouer que ce dernier n’y était pas allé avec le dos de la cuillère. Depuis qu’il était adolescent, ce détraqué tuait. Ceci dit, la motivation de tous ces meurtres n’était pas des moindres puisqu’il n’y avait ni plus ni moins que son âme en jeu.

Vint alors la question de savoir pourquoi Asmodée souhaiterait lui venir en aide. Dans un premier temps, le déchu lui aurait bien répondu qu’il voulait lui venir en aide pour qu’il cesse son bordel et décampe, histoire que ce satané rituel puisse être exécuté dans les règles de l’Art. Mais, c’était sans doute trop brutal comme réponse. Il restait également la possibilité de lui briser la nuque. Oui, c’était une excellente alternative à tout le blabla conventionnel. Ce serait simple, rapide et efficace. Asmodée y gagnerait du temps et pourrait très vite retourner à ses occupations. Pourtant, c’était également prendre le risque de se mettre à dos ce démon qui s’amusait avec l’âme du bonhomme. Non pas qu’Asmodée craigne un quelconque rival (il en avait déjà tant qu’il n’était plus à un prêt) … mais plutôt qu’il préférait rester discret quant à ses objectifs. Moins il y aurait de causeurs de troubles à ses basques, mieux cela vaudrait pour ses affaires.

« En réalité, vous aider est la dernière de mes priorités, commença alors le déchu d’un ton plein d’honnêteté. Non, ce que je souhaite surtout … c’est que vous cessiez vos hurlements. »

Tendant une main devant lui, Asmodée referma alors le poing d’un coup sec. Il enserra alors dans un étau invisible l’humain, l’immobilisant dans une poigne irrépressible. De sa main libre, il éjecta le couteau d’une pichenette de télékinésie, la lame allant se planter dans un tronc d’arbre plusieurs mètres plus loin. Durant quelques secondes, l’arme oscilla rapidement sur son axe, puis s’immobilisa.

« Nous pouvons régler cela à la manière forte et désagréable, ou bien … »

D’un pas assuré, le déchu acheva de parcourir les quelques mètres qui le séparaient encore de son interlocuteur entravé. Poing toujours serré, il affichait un sourire de prédateur, alors que son regard pétillait d’une étincelle tentatrice. Une fois devant l’humain, il plongea son regard hypnotique dans le sien, avant de lui caresser la joue du revers de sa main libre avec délicatesse. Sous son toucher, il laissa s’échapper une infime partie du pouvoir corrupteur dont il était le détenteur.

« … rester raisonnable et régler cela entre gens civilisés. Qu’en dites-vous ? »

Cette dernière phrase, le déchu l’avait prononcé d’une voix plus posée que précédemment, presque murmurante, charriant dans chaque syllabe l’essence même du péché dont le déchu était le démon tutélaire.

Asmodée relâcha alors délicatement son emprise télékinétique, rendant à l’humain sa liberté d’action, sans toutefois cesser de le fixer droit dans les yeux de ses prunelles forestières.

Éliminer un archangel? Vraiment? Il était stupide notre Graham en ce moment même. Très stupide. Il ne pouvait pas vraiment affronter et éliminer un archangel. C’était quasiment impossible. Il le savait très bien que c’était impossible. Le jeune chaseur venait de lâcher des mots en l’air. Des mots qui pouvaient un jour le faire tuer. Un archangel pouvait avec un claquement de doigts décapiter le tronche de Graham en mille moreaux et le jeune chasseur se retrouverait soit en enfer, ou bin au paradis selon ce que dieu décidait. Mais cela n’était qu’une triste réalité pour le moment. Peu de gens connaissait la vrai appurtenance de Graham. Oui, il était un agent secret. Par contre, oui, il était un partisan de Lucifer.

- Je pense exagérer un peu trop en ce qui concerne ma capacité d’éliminer dieu et les archanges. Impossible pour un simple humain comme moi. Par contre, pour ce qui est des anges bien normaux, je peux toujours les éliminer un à un sans problème. –

Graham connaissait ses limites. Il n’y en avait aucun doute. Il allait devoir redoubler d’effort pour faire un ange disparaître de ce monde. Un ange était quand même puissant, par contre, il pouvait facilement la tromper. Mais de là à tromper une ange, le jeune homme était un peu fou non. Tromper une ange c’était stupide bien stupide. Mais bon le démon devant lui le savait surement non ? Il le savait très bien.

Cessez ses hurlements ? Ah oui, il hurlait le jeune homme. Il fallait bien arrêter de hurler non ? Le jeune chasseur regarda le démon un moment.

- Oui, je peux très bien cesser de hurler. Je ne suis pas un loup garou quand même. Un simple humain pour vous les démons, mais cela ne me dérange pas vraiment. Par contre, L’enfer n’est rien comparé à ce que j’ai vu et vécu. –

En effet, les humains peuvent être des êtres cruels et le jeune Graham faisait partis de ces humains si cruels. Il ne pouvait plus bouger. Lame planter dans un tronc d’arbre. Graham regarda cette arme en question. Mieux valait la récupérer pour le futur qui était proche. Une lame qui lui avait été d’une grande utilité. Surtout lors de moments dont il ne pouvait pas utiliser ses nombreuses armes à feu. La télékinisie le relacha enfin. LE jeune chasseur écouta attentivement la proposition du démon. Et bien. Nul doute, il ptéférait régler cela ne façon civilisé non ?

- De façon civilisé serait préférable non ? -

L’étreinte surnaturelle du déchu relâchée, le chasseur sembla redevenir plus raisonnable. Finalement, il n’était peut-être pas si tête brûlée qu’il avait bien voulu le faire croire de premier abord. Asmodée sourit face à cet éclair de lucidité, satisfait de ne pas avoir à d’avantage se salir les mains. A présent, l’humain semblait plus disposé à écouter le démon, allant même jusqu’à ouvertement avouer préférer que les choses se fassent le moins péniblement possible.

« Effectivement, cela serait préférable … pour vous, bien entendu. »

D’un pas à la fois serein et méthodique, le déchu s’écarta du chasseur. Les mains jointes dans le dos, il examina le coin de forêt qui les entourait. Bien que la nuit soit déjà bien entamée, la pleine lune et le ciel dégagé permettaient de clairement voir dans le sous bois. Le démon s’approcha alors d’un rocher qui surgissait du sol. Son sommet était plat et recouvert d’une épaisse mousse végétale. Asmodée s’y assit, écartant les pans de sa veste dans un geste machinal, et prenant ses aises, comme s’il était chez lui. Puis, il croisa les bras devant lui, tout en lançant un regard rapide vers la lune, avant de reporter son attention sur l’humain. L’astre était parfaitement rond et irradiait d’une intense lumière diaphane, et bientôt, il serait à son zénith. L’heure avançait, il n’était donc pas question de perdre du temps en futilité.

« Bien … nous allons faire les choses de manière brève, commença le démon d’un ton neutre. Expliquez-moi qui est votre mère, et si jamais je peux vous fournir des informations à son sujet, vous quitterez ces bois … »

Sans vraiment s’en rendre compte, le démon fit alors pianoter ses doigts sur ses bras toujours croisés, comme si cela avait pu accélérer le cours de cette conversation. Comme il en avait souvent l’habitude, le Prince des Succubes procéda sous la forme d’un deal. C’était très souvent une manière simple et efficace de faire avancer les choses, mais surtout, c’était une méthode qui assurait au démon d’obtenir à coup sûr ce qu’il souhaitait.

« … si je ne suis pas en mesure de vous aider, et bien … vous partirez quand même. »

Certes, le marché était quelque peu atypique, mais après tout, Asmodée n’avait pas non plus toute la nuit pour régler cette histoire. Levant une main impérieuse en direction du chasseur, le déchu lui fit comprendre qu’il n’avait terminé et qu’il l’incitait donc à garder le silence encore un instant.

« Bien entendu, dans tout ceci, rien n’est négociable. A la fin de cette conversation, vous devrez lever le camp, que vous ayez ou non obtenu satisfaction. »

Croisant de nouveau les bras, Asmodée s’installa le plus confortablement possible sur le rocher. Un sourire satisfait aux lèvres, il observait avec beaucoup d’attention l’humain qui lui faisait face, prêt à entendre le récit de ce dernier.

« Très bien … à présent, je vous écoute. »

L’étreinte surnaturelle du démon face à lui fu relachée. Le chasseur pouvait enfin bouger normalement. Il était un peu plus raisonnable celui-là. Il avait crié haut et fort qu’il pouvait éliminer dieu lui-même. Cela était impossible. Cela n’avait aucun sens. Il y avait certaine chose que le simple chasseur ne pouvait accomplir seul. Enfin, il ne pouvait pas accomplir cela. Aucunement d’ailleur. Il avait un certain sens des responsabilités ce chasseur et tuer dieu n’en faisait aucunement partit.

- Ce qui est preferable pour moi? Non, il n’y a rien de preferable pour un chasseur vouer à l’enfer depuis ses 15 ans. Je fais ce que j’ai à faire. Je fais mon métier comme bon me semble et mes employeurs aiment que je ne laisse aucune trace de mon passage. Surtout lorsque j’accomplie mes tâches à l’extérieur du pays. Non, démon, rien n’est preferable pour moi. Absolument rien. –

Bon, Graham y était aller un peu trop fort. Mais cela ne changeait rien à ce qu’il disait. C’était la vérité non? Il n’y avait rien de preferable pour le chasseur. La mort, la torture, rien. Il s’en foutait un peut trop d’ailleur. Ce n’était pas comme s’il ne savait pas de quoi il parlait, mais ce démon avait quelque chose que Graham n’aimait pas. C’était un démon difficile à cerner, mais bon. Il fallait faire avec lui pour le moment. Bon, le monsieur disait ses conditions. Graham le regardait et partait à rire. Non, mais qui état-il pour lui faire des menaces comme cela. Pour lui dire qu’il allait quitter cette foutu place.

- Non, mais ce n’est pas écris sur le sol que cet endroit vous appartient. J’ai autant le droit d’y être que les insects qui s’y retrouvent dans le sol. Ce n’est pas écris votre nom à ce que je sache à moins que dieu lui-même dise que je n’ai pas le droit de rester, je vais rester. Ce n’est pas vous qui aller me donner des ordres. –

Non, mais pour qui il se prenait celui-là? Graham n’en avait aucune idée, mais là n’était pas la grosse question.

- Ma mère se nomme Mistick. Disons qu’elle ma kidnappé de mes parents biologiques lorsque j’avais deux ans. Et elle m’a élevé comme si j’étais son propre fils. Elle est ma mère. Je l’aime de tout mon coeur, même si je sais très bien que cet amour n’est surement pas réciproque. À 15 ans, je lui ai vendu mon âme pour des raisons qui ne vous concerne pas. Je dois tuer une fois par mois, afin de ne pas perdre mon âme et d’aller en enfer. Par contre, dernièrement, elle a disparru, je ne sais pas où elle aie. Le dernier endroit qu’elle a visité était Huntfield. Je me suis donc installé dans cette ville pour la retrouvé. -

Ainsi donc, le gêneur était un chasseur, à présent c’était officiel. Cela expliquait sans doute le sang froid qu’il manifestait malgré le fait qu’il venait d’être la cible de forces télékinétiques. Toutefois, Asmodée se gardait d’écarter la folie comme autre explication, parce que ce type n’avait pas l’air très net quand même. Un chasseur doublé d’un dingo, cela promettait d’être intéressant … mais encore aurait-il fallut que le déchu ait le temps de s’amuser. Or là, ce n’était pas vraiment le moment. Autre information cruciale, l’avorton était voué aux Enfers, et ceci depuis l’âge de quinze ans. La belle affaire ! Ce mortel redoublait vraiment de malchance à bien y réfléchir. Non seulement, il n’avait d’autre option que de vivre une vie de merde à cause de son activité de chasseur, mais en plus, il aurait une mort encore plus foireuse, puisqu’il avait déjà un aller simple réservé à son nom pour la Fosse. Alors il avait beau dire avec ses grands airs de mec sûr de lui, il y avait beaucoup de choses de préférables pour lui que ça situation actuelle. En fait … tout aurait été préférable … n’importe quoi aurait été mieux que la damnation. Cette réflexion arracha un discret sourire en coin de lèvres au déchu.

L’humain éclata alors de rire lorsqu’il entendit le démon lui demander de quitter les lieux en échange d’une petite compensation. Pire, il refusait de se plier à la demande de la créature des Enfers, prétextant qu’être ici était son droit. Cette tête de nœud n’avait-il donc rien dans le crâne ?! N’avait-il pas compris que tenir tête à un démon n’était pas l’idée la plus brillante de l’année ? Asmodée laissa alors l’humain déblatérer son histoire. Arraché des bras de ses parents à ses deux ans par une démone, il avait alors été élevé par cette dernière comme s’il s’était s’agit de son propre fils. Lui, de son côté, avait joué le jeu, la considérant actuellement comme sa véritable mère, l’aimant de tout son être. C’était à cette même mère de substitution qu’il devait sa damnation. Aucun doute, c’était la mère de l’année …

« Que voilà une histoire des plus … j’aurais un cœur, je dirais triste, commença le démon avec un air de compassion qui vira rapidement à celui de la lassitude. Mais comme ce n’est pas le cas … je dirais donc simplement que c’est une histoire à mourir d’ennui. »

Se relevant, le déchu quitta son siège minéral improvisé. Mains jointes devant lui, il fit quelques pas en avant, se donnant une démarche solennelle, contrastant cruellement avec le rictus moqueur qu’il arborait à présent.

« Je connais Mistick, cette démone que vous considérez comme votre mère. Par le passé, il nous est déjà arrivé de travailler ensemble … et à mon avis, dans toute cette histoire, elle vous a dupé … abusant de votre sensibilité humaine pour vous mener par le bout du nez. »

Asmodée cessa de marcher, alors qu’au même moment, il venait ranger les mains dans les poches de son pantalon, écartant légèrement les pans de sa veste pour se faire. Immobile, il observait l’humain avec son habituel air taquin. Son silence ne dura cependant qu’un bref instant.

« Inutile de jouer les durs et d’essayer de me faire croire que vous êtes insensible. Vous l’avez dit vous-même : vous l’aimez de tout votre … cœur. Et c’est bien là votre tort. Croyez-moi … j’en connais un rayon en matière d’amour et d’attachement sentimental. Et là … vous êtes devenu un jouet pour elle … pire ! Une source de revenus. »

Une nouvelle fois, Asmodée jeta un regard à la lune pleine, l’astre de nuit parfaitement rond poursuivant son ascension dans le ciel étoilé. Toute cette affaire devait être réglée au plus vite à présent.

« Alors, bien entendu, je pourrais vous aider à retrouver Mistick … mais pour être honnête, je ne suis pas certain d’en avoir vraiment envie. Après tout, on ne peut pas vraiment dire que vous vous êtes montré particulièrement courtois avec moi … »

Graham Peterson venait de compter son histoire Une histoire qui était des plus ennuyantes. Il le savait très bien. Les histoires ennuyantes, il ne les aimaient pas vraiment. Il avait accepté le deal de sa mère pour la simple et bonne raison qu’il avait été impuissant face à la mort de sac opine et de ses amis. S’il avait été plus fort, le chasseur aurait pu les sauver. Mais cela n’avait pas été possible. Graham avait certainement fait des erreures dans sa miserable vie. Si misérable qu’il avait une tendance à se promener avec des démons. Ce qui rendait la tâche facile & difficile à la fois. Le chasseur regarda le démon un long moment écoutant attentivement ce qu’il avait à dire. Oui une histoire à mourir d’ennui. Il le savait très bien.

- Mais bon, c’est mon histoire. En fait, ce n’est qu’une partie de mon histoire. Mon histoire est bien pire que ça. Bien pire. Mais vous n’avez pas de coeur. Vous ne savez pas ce que c’est d’être humain. Sauf si vous l’étiez avant de devenir ce que vous êtes. –

Pas tout le monde avait un coeur comme Graham. Le chasseur avait beaucoup de chose en tête en ce moment. Il n’était pas vraiment fort en ce moment. Il était vulnérable. Il n’aimait pas être vulnérable.

Le démon regardait le démon alors qu’il lui disait qu’il connaissait Mistick. Quoi? Il connaissait sa mère. Mais bon il n’était pas vraiment surpris de cela. Car il savait bien qu’elle avait une certaine connexion avec des démons.

- Une chose est certaine, elle m’a toujours dictée la véritée. J’ai appris qu’elle était démone très jeune. Je sais qu’elle rencontrait d’autre démon lorsque je n’étais pas à la maison. Peut-être qu’elle m’a dupé, peut-être que non. On ne saura peut-être jamais. Je suis un humain, c’est un fait. Mais l’amour que je portes pour elle, est réelle. -

Il ne pouvait pas changer ce qui c’était passé. Graham ne le pouvait pas et n’en avait certainement pas envie. Il l’aimait et il ne voulait pas perdre cet amour qu’il avait pour elle. Une source de revenu. Oui en effet. Une source de revenue était ce qu’il était. Il s’en foutait un peu. Mais bon c’était lui. Une source de revenue. Il le savait depuis bien longtemps.

- Je le sais depuis bien longtemps que je suis une source revenue. Tu crois vraiment que je suis stupide. Ma vie a été choisi en fonction de mon choix de vie lorsque j’avais quinze ans. Je n’ai aucun regret démon. Aucun. De toute manière, si vous pouvez m’aider je serai un homme heureux, par contre si vous ne voulez pas m’aider. Et bien cela va de soit. Vous n’êtes pas le seul à avoir des obligations.-

L’humain confia avoir entièrement conscience de n’être qu’un outil entre les mains de sa mère, un moyen pour cette dernière d’amasser toujours plus d’âmes, sans avoir à faire le moindre effort. Lorsque le chasseur, par pure rhétorique, demanda au démon s’il le pensait stupide, Asmodée ne put s’empêcher de légèrement hocher la tête, son fin sourire sarcastique au bord des lèvres. Malgré tout cela, l’homme ne semblait pas regretter sa situation. Pourtant, il ne nia pas que l’aide du déchu serait la bienvenue si jamais l’envie lui prenait de lui donner un coup de main. Silencieux, le Gardien des Plaisirs conserva le silence, étudiant la situation. Evidemment, avoir un chasseur qui vous soit redevable n’était jamais une mauvaise chose. Tôt ou tard, le démon savait qu’il pourrait trouver une utilité quelconque à ce sac de viande. Bien des éventualités se profilaient. Lucifer à présent libre, lui mettre un chasseur de plus entre les pattes pouvait être un excellent moyen de gagner du temps. En encore, s’en servir pour brouiller les pistes le jour où les Winchester prendraient la décision de s’occuper du déchu, pouvait s’avérer être un atout non négligeable. Et même s’il ne servait qu’à éliminer un rival gênant, ce serait toujours ça de pris.

« Disons que je suis dans un bon jour … et que je conçois l’éventualité de vous aider, commença le démon. Je tâcherai de me montrer vigilant afin de glaner la moindre information au sujet de Mistick … et si je trouve le plus petit indice, je vous en ferai part. »

Le sourire du démon s’élargit alors, dévoilant sa dentition immaculée et parfaitement alignée. Dans un même temps, il se rapprocha de l’humain d’une démarche pleine d’assurance, sans être pour autant précipitée.

« Il va de soit que dans la vie … jamais rien n’est gratuit. En retour, je pourrais donc être amené à vous demander ... un petit service. »

A présent à moins d’un mètre du chasseur, le démon s’arrêta, faisant face à son interlocuteur. Son sourire n’avait rien perdu de son éclat, et dans son regard vert-noisette brillait une étincelle d’avidité. Asmodée était à la fois excité par le rituel auquel il allait s’adonner d’ici peu, et par cette opportunité qui se présentait à lui d’ajouter une corde supplémentaire à son arc en la personne de ce chasseur.

« Avons-nous un accord, monsieur … ? »

Le déchu laissa sa phrase en suspens, dans l’attente que l’homme debout en face de lui révèle son identité. Savoir qui il était rendrait les choses plus simples si d’aventure il devait le retrouver afin de lui faire part de ses découvertes au sujet de sa mère. Dans un même temps, l’Avatar de la Luxure tendit une main en avant, en direction du chasseur, dans l’éventualité où ce dernier accepterait ce partenariat. Cette main, mise à disposition telle une invitation ne demandant qu’à être saisie, n’en recelait pas moins une part du pouvoir corrupteur du démon. Son contact, peu conventionnel, ne manquait jamais de faire son petit effet chez les mortels, pour le plus grand amusement de l’Infortune d’Eve. Cette main pouvait se révéler être à la fois une promesse de plaisir et de damnation.

Graham venait d’avouer ce qu’il avait fait avec une démone du nom de Mistick. La démone et le chasseur avait une entente simple. Le chassur avait offert son âme à Mistick sans problème et surtout pour une force déculpé en retour. Ce qui donnait un avantage à Graham dans certaine situation dangereuse. Le chasseur avait des affaires à faire en ce moment. Graham comprenait que le démon devant lui avait certaine chose à finir. L’avenir amenait de belle chose pour le chasseur. L’aide d’un autre démon était bel et bien apprécié. Ce qui voulait bien entendu dire que Graham allait devoir faire confiance à un autre démon. Une chose était certaine.

Juste l’éventualité d’aider le jeune chasseur était une bonne nouvelle pour Graham. Une très bonne nouvelle. Il pourrait se concentrer sur d’autre projet qu’il avait en tête. Il se demandait vraiment ce que ce démon allait faire pour retrouver sa mère. Mère qu’il aimait beaucoup. Vigilant? Pas vraiment. Un bon jour? Peut de gens avait de bonne journée. Surtout pour Graham. Ses mauvaises journées dépassaient ses bonnes journées.

- Malheureusement, mes mauvais jour dépasse de loin les bons jours de ma vie. –

En effet, il ne savait pas vraiment ce qu’il venait de dire en ce moment. Non mais sérieusement, pourquoi il faisait cela. Il ne le savait pas vraiment. Il le faisait peut ête pour attirer l’attention ce qui était peur être vraiment le cas.

En effet. Rien n’était gratuit. Graham le savait que trop bien. La gratuité n’existait pas dans ce monde et Graham l’avait découvert il y a de cela longtemps. Très longtempsé La gratuité avait un prix. Le chasseur le savait que trop bien. Il avait fait des choses pour son gouvernement et en avait payé le prix mille fois. Ce qui voulait dire qu’il connaissait le prix. Il avait été torture. Il avait torture et même pire encore pour avoir ce qu’il voulait.

- Vous croyez vraiment que je ne sais pas que rien n’est gratuit? Je le sais plus que bien du monde sur cette foutu planète. J’ai payé le prix de mille façons différentes. –

Graham le regarda un long moment sans rien dire et sans sourir. Il n’avait pas le gout de sourir…

- Qu’est ce que vous voulez en retour. Je ne suis pas du genre à dire que ce que vous demanderez, vous l’aurez, cependant, je peux faire une exeption… -

Sourire aux lèvres, Asmodée écouta d’une oreille distraite les propos de l’humain. Toute cette histoire de vie merdique sonnait comme un ensemble de jérémiades qui aurait presque pu donner la nausée au déchu, mais c’était sans compter sur le fait que cette propension à geindre offrait au Serpent du Jardin un terrain particulièrement propice pour exploiter ce mortel. La vie était parfois cruelle, et c’était en cela que le déchu l’affectionnait particulièrement. Mais après tout, le malheur des uns, faisait le bonheur des autres … en l’occurrence, du démon.

Le chasseur, jouant franc jeu, ne se cacha pas de ne pas pouvoir forcément être en mesure d’offrir à son interlocuteur ce qu’il lui demanderait. C’était comme s’il attendait que le déchu lui donne son prix à cet instant même. Non … le deal était bien différent, et les propos du Malin est clair à ce sujet. Il ne lui demanderait un service en retour qu’une fois qu’il lui aurait fourni des informations sur Mystick, et pas avant.

« Ne vous méprenez pas mon ami … je ne solliciterai aucunement votre aide tant que je n’aurai pas moi-même rempli ma part du marché. Mais dés lors, soyez certain que je me souviendrai de vous … et de votre dette envers moi. »

C’était avec une voix mielleuse que le déchu avait prononcé ces mots, sa main toujours tendue devant lui, dans l’attente d’être saisie afin d’officialiser cet accord. Ses paroles, telle une mélopée enivrante et rassurante, semblaient glisser sur l’air frais de cette nuit hivernale jusqu’aux oreilles du chasseur. Le timbre doucereux du démon était en parfaite corrélation avec le sourire amical qu’il affichait, et le regard attentionné qu’il posait sur l’humain.

« Quant à savoir la tâche que je vous confierai en retour, n’ayez aucune inquiétude. Elle sera assurément en parfait accord avec vos talents et vos capacités, vous rendant plus qu’à même de l’accomplir. »

Le long de sa nuque, Asmodée sentait le pouvoir grandissant de la Lune Froidemort, l’astre nocturne ayant quasiment atteint le point culminant de son ascension derrière lui, se reflétant parfaitement à la surface obscure du lac dont les eaux étaient totalement immobiles, comme figées par les températures hivernales. Cette décharge d’énergie qu’avait ressenti l’Avatar de la Luxure était comme un flux d’électricité statique qui venait de remonter le long de son échine, jusqu’à la base de son crâne. Asmodée tendit alors un peu plus la main en avant, comme pour presser l’issue de cette rencontre.

« Et si d’aventure j’étais amené à croiser votre mère … qui devrai-je mentionner comme la recherchant ? Car après tout, qui peut dire combien d’enfants adoptifs elle dissimule de la sorte. »