III.03 À la Bonne Crème (TERMINÉ)

Evalenn n’avait pas vu Logan depuis avant Noël. Un long laps de temps quand on y repense. La jeune femme avait vu entre-temps sa femme dans les bois et lui avait sauvé de peu la vie face à loup-garou fortement affamé, et costaud disons-le. La jeune femme n’avait pu qu’alors que lui sauver la mise et discuter légèrement avec elle. Toutefois, à la vue de leur malaise respectif et parce que Evalenn avait aussi faim, les deux avaient mis rapidement fin à cet entretien de courte durée. Depuis, la jeune femme n’avait pas revu Logan ni Jessica.

Est-ce que le loup-garou allait bien? Est-ce qu’il lui en voulait? Ce qui c’était produit au magasin en ville aurait pu contribuer à ça après tout. Ils s’étaient à peine dit au revoir tant le traumatisme s’était imprégnés alors dans leurs esprits troublés et énervés par cette histoire. La jeune femme avait bien failli le tuer en plus. Rien pour entretenir un bon lien d’amitié si vous voulez tout savoir.

La jeune femme entre temps était retournée auprès de sa meilleure amie après avoir été jeté dehors de l’appartement de Brian. Les deux s’étaient séparés violemment, puisque le Keynes avait mis sur Evalenn des doutes concernant une certaine pochette à sortilège dans son pick-up. La jeune femme n’avait pas été responsable de la chose et encore moins Calli, mais le chasseur était d’avis que c’était là la nature de la louve. Une menteuse et une fichue créature tueuse d’humains. Ouais, en gros il l’avait menacé de mort. Calli avait eu à la ramasser à la petite cuillère, alors que cette dernière avait commencé à nager dans le bonheur à nouveau suite à sa relation nouvellement entamé avec Phoenix, le protecteur qui était presque comme un père pour Evalenn.

Il s’en était passé des choses depuis leur dernière rencontre. C’est pourquoi, Evalenn lui envoya un texto pour lui demander la rejoindre demain vers 9h au matin chez À la Bonne Crème au centre-ville. Elle espérait qu’il viendrait! La jeune femme alla ensuite attendre le loup-garou au petit matin.

Elle entra dans le café et alla s’asseoir à une table bien éclairé près d’une baie vitrée. Elle commanda un thé latté, un croissant et une salade de fruits. Quelques minutes après qu’elle fût servie, elle leva la tête lorsqu’elle sentie un effluve typique de loup-garou. Logan était là! Evalenn lui fit un sourire et lui fit signe de la rejoindre.

Evalenn affichait un grand sourire en voyant Logan approcher. S'il y avait bien un être qui lui faisait toujours plaisir de voir, c'était bien lui. Elle avait craint qu'il ne lui en veuille depuis ce qui s'était produit avant Noël au magasin, mais sa présence l'encourageait dans le positivisme. Peut-être qu'il ne lui en voulait pas du tout après tout.

Le loup-garou lui offrit un salut amical avant de prendre place à la table. Il lui demanda comment elle se portait, juste après lui avoir avoué qu'il avait de nouveau vécu des moments difficiles dernièrement. Evalenn fronça les sourcils à cette évocation. Logan avait encore souffert? Mais de quoi? Ou surtout, aux mains de qui cette fois? La jeune femme se retint de lui poser immédiatemment la question. Elle savait qu'il n'aimait pas beaucoup parler de ce genre de choses. Elle se contenta alors de répondre à sa question.

- Je vais mieux. J'ai eu quelques profonds soucis avec mon petit ami... Se mettre en couple avec un chasseur n'est jamais une bonne idée hein? En tout cas, je suis de retour chez mon amie Calli. Elle était heureuse de me voir revenir au manoir je te dis! Incroyable comme je lui avais manqué. Sinon, je suis en train de me demander si je ne devrais pas retourner aux études ou me trouver un boulot parfaitement honnête. Je ne sais pas toutefois si c'est vraiment possible pour des créatures comme nous? Et jusqu'à quel point est-ce qu'on peut côtoyer des humains sans éveiller des soupçons et attirer des chasseurs.

La jeune femme prit un air pensif avant de se pencher sur son assiette pour manger quelques bouchées supplémentaires. Elle releva alors la tête, voyant que Logan n'avait toujours rien commandé.

- Comme je t'ai invité, n'hésite pas à commander une assiette. Je payerais la note. Je suis tellement contente que tu aies accepté de venir me rencontrer Logan. Après... tout ce qui s'est passé au magasin, j'avais peur que tu m'en ai voulu. J'ai quand même failli te tuer après tout, ajouta-t-elle d'un air embarassé. Au fait, comment se porte Jessica?

Depuis cette mésaventure vécue juste avant Noël dans ce magasin, je n'avais pas revu Evalenn une seule fois. J'aurais du normalement le faire, car Evalenn était à mes yeux une personne de confiance, mais les circonstances m'avaient contraint à renoncer à toute envie de nouvelle rencontre. Tout s'était succédé un peu trop vite à mon goût, et c'était ce qui m'avait amené à m'éloigner d'Evalenn. Toute cette distance n'avait rien à voir avec le fait que je lui en veuille ou non au sujet de ce qui nous était arrivé dans ce magasin. En même temps, je n'avais aucune raison de lui en vouloir. Je n'étais pas aussi rancunier, surtout pour une chose dont Evalenn n'était pas responsable. Cette histoire aussi effrayante n'avait pas eu lieu à cause d'elle.

Aujourd'hui était l'occasion de revoir Evalenn et d'effacer toute cette distance mise involontairement entre elle et moi, histoire qu'on puisse enfin se retrouver dans des circonstances apaisantes, sans aucune douleur. Il s'agissait là du parfait moyen à mon sens de tourner la page des récents événements, surtout celle qui était liée à cette immonde ordure qui aurait très bien pu me tuer. Même si les événements étaient encore récents, j'arrivais à m'en sortir à peu près, mais je préférais mieux ne pas prendre de risque. En restant ici avec Evalenn, je parvenais à penser à autre chose, et ainsi à entretenir cet état émotionnel plutôt miraculeux qu'était le mien. Mine de rien, je pouvais affirmer que j'avais de la chance...dans mon malheur.

Il était évidemment tout naturel pour un ami que de prendre des nouvelles d'une personne importante pour lui. C'était pour cette raison que j'avais retourné la question d'Evalenn à elle-même, histoire de savoir ce qui était arrivé à la louve depuis le temps que je ne l'avais pas vue. Ainsi, Evalenn se mit à me répondre et à me dévoiler petit à petit tout ce qui s'était passé, un résumé plutôt long et détaillé, mais qui ne me dérangeait absolument pas. Il y avait eu des hauts et des bas dans sa vie dernièrement, mais ce qui était important était le fait qu'elle aille mieux, comme elle l'avait précisé au tout début de son résumé. C'était ce qu'il fallait surtout retenir dans ce qu'elle avait dit...même si j'étais plutôt désolé d'apprendre qu'elle avait eu des soucis.

- Désolé...pour ton petit ami...

Mais il était mieux de ne pas aborder le sujet, histoire de ne pas réveiller des douleurs endormies. Je n'étais pas du genre à insister sur ce qui n'allait pas, surtout si cela faisait mal.

- Au grand jour, rien ne nous différencie des humains, alors je ne vois pas pourquoi on est censés se contraindre à suivre un mode de vie nous éloignant encore plus d'eux. Lorsque notre comportement ne crie pas sur tous les toits ce qu'on est, je ne vois pas pourquoi on devrait se cacher. Qui pourrait soupçonner que nous sommes ce que nous sommes en nous voyant prendre un repas dans cet endroit ? Le fait de se cacher est à mon sens le meilleur moyen de générer des soupçons, car une personne planquée est forcément suspecte aux yeux de n'importe qui, alors qu'une autre cherchant à montrer qu'elle est bien sous tous rapports ne serait pas l'objet de bien des questions dérangeantes. Je pense que nous avons le droit de vivre notre existence, même si nous devons gérer des choses différentes et surtout bien plus compliquées que le commun des mortels présent autour de nous. En tout cas, c'est ainsi que je vois les choses.

Evalenn mangea quelques bouchées de son assiette avant de se remettre à parler, en voyant que je n'avais pour le moment rien commandé. Elle me précisait que je pouvais le faire, et qu'elle paierait la note. Par contre, Evalenn me précisa qu'elle avait peur que je lui en veuille, pour ce qui s'était passé...mais ce n'était pas le cas. Je devais le lui dire.

- Ce qui m'a amené à m'éloigner de toi est cette succession un peu trop rapide à mon goût de choses désagréables...et non le fait que je t'en veuille pour ce qui s'est passé. Tu n'es pas responsable de cette histoire au magasin, alors je ne vois pas pourquoi je devrais t'en vouloir. L'important est qu'on s'en soit sortis vivants et qu'on soit encore là, n'est-ce pas ?

Je me mis ensuite à parler de la note...

- Au sujet de la note, je tiens à payer... dis-je en cherchant des doigts le menu pour regarder ce qui était proposé dans cet établissement. Jessica va bien sinon. On s'en sort tous les deux...

Il s'agissait d'une phrase de circonstance, à la vue de ce qui s'était passé avec Kierkan.

- On arrive à s'en sortir en restant ensemble.

C'était compliqué de répondre à cette question sans réellement aborder ce qui s'était passé avec Kierkan, mais je l'avais pourtant fait. Je n'avais pas envie d'épiloguer sur un sujet difficile, en tout cas pas tant qu'Evalenn ne l'abordait pas en me posant la question.

- Au fait, fréquentes-tu souvent cet endroit ? C'est bien la première fois que je viens ici pour ma part.

Après avoir feuilleté le menu, j'avais pris la décision de commander deux petits pains au lait, la même salade aux fruits qu'Evalenn ainsi qu'un thé en accompagnement. Je fis part de ma commande à une serveuse passant par là. Il n'y avait plus qu'à attendre maintenant.

Evalenn avait entamé la conversation, et ceci faisant, elle avait légèrement mentionné Brian. Logan hésita légèrement, mais se dit désolé de l’apprendre. Elle voyait bien qu’il avait compris que c’était un sujet sensible et elle le remercia silencieusement de ne pas avoir demandé à en savoir plus. Au moins, il faisait preuve de discrétion lui. Calli, elle, avait voulu en savoir beaucoup et ne lui avait laissé aucun répit. Ce qui avait encore plus blessée la jeune femme, car ça l’avait forcé à tout se remémorer dans les plus infimes détails.

La jeune femme lui fit alors part de ce qu’elle avait en tête. Tant qu’à repartir sur de bonnes bases, pourquoi pas opter pour retourner aux études ou bien, de se trouver un boulot intéressant? En tant que fille de chasseurs, elle avait eu des études, mais elle était consciente qu’il y avait eu une longue période où elle n’avait rien eu. L’optique des hautes études étaient impensables, mais reprendre les bases dans une école pour adulte pourrait toujours convenir. Elle entretenait toutefois certaines craintes d’attirer l’attention des chasseurs sur elle. Logan lui fit alors part de sa façon de voir les choses. Selon lui, chercher à se cacher des autres nous rendait plus suspect qu’une personne qui cherche à se mélanger aux autres.

- Ça a du sens. Je vais peut-être essayer de me trouver quelque chose alors. J’espère juste éviter d’attirer l’attention des chasseurs qui me connaissent. On ne sait jamais.

Evalenn emmena alors un autre sujet qui la dérangeait un peu. Elle craignait que son ami l’ai évité à cause de tout le merdier dans lequel tous deux s’étaient foutus avant les Fêtes. Logan lui fit alors bien comprendre qu’il ne lui en voulait pas. Ce qui l’avait emmené à s’éloigner était la succession d’évènements négatifs sur un court laps de temps.

- Je comprends parfaitement. Je t’avoue que j’ai envie de me cacher bien loin moi quand ça commence à trop chauffer. Fuir ce n’est pas toujours la solution, mais parfois faut vraiment arriver à prendre du recul. Mais oui, le fait d’être encore en vie est le point le plus important.

C’est alors que Logan, en vrai gentleman, mentionna qu’il tenait à payer la note. La jeune femme acquiesça. Elle appréciait le geste, même si elle se sentait légèrement coupable de ne pas payer elle-même. Il lui indiqua que Jessica allait bien, ce qui rassura Evalenn. Disons seulement qu’elle avait craint de l’avoir effrayé sérieusement. Logan lui demanda alors si elle fréquentait souvent ce petit café.

- Non, je n’y viens pas régulièrement, seulement une fois de temps en temps. C’est toujours agréable les endroits calme. Je trouve qu’il n’y en a pas assez en ville. Pas toi?

Parfois, sans réellement le vouloir, une personne touchait un point sensible en abordant un sujet délicat en la présence de quelqu'un qui n'avait pas envie d'en parler. Le fait de chercher à insister dans le but d'en savoir davantage n'avait rien de bon, pour la simple et bonne raison que cela ne pourrait qu'empirer les choses. Histoire de ne pas faire du mal à Evalenn, car cette histoire avec son petit ami avait forcément du la faire souffrir, j'avais délibérément choisi de ne pas lui poser davantage de questions pour comprendre ce qui s'était passé. Il s'agissait de la meilleure chose à faire pour qu'elle ne souffre pas, car je tenais à elle. Après tout, Evalenn était mon amie, alors il était à mon sens plus que normal que je pense à assurer son bien-être. Le fait de m'abstenir en ne cherchant pas à insister sur le sujet brûlant du petit ami était une bonne chose.

Par la suite, Evalenn me fit part de ses projets de se ranger derrière un travail honnête, une vie aux apparences plus humaines que notre lycanthropie. À mon sens, même si nous étions différents elle et moi, nous avions tous les deux droit d'espérer une vie normale. Je ne pouvais que soutenir le projet d'Evalenn, et surtout espérer qu'elle parvienne à trouver la voie qui lui convenait le mieux, à savoir la place idéale pour qu'elle se sente heureuse. Evalenn allait tenter de trouver quelque chose, mais elle espérait surtout éviter d'attirer l'attention des chasseurs qui la connaissaient. Elle avait raison...il fallait toujours être prudent, car rien ne nous épargnait la venue du pire de l'histoire. Tant qu'Evalenn allait être prudente, le danger allait rester loin d'elle et la laisser en paix. Il fallait juste espérer que cela reste effectif durant un long moment, et même éternellement d'ailleurs. Evalenn méritait de ne pas souffrir...

- J'espère vraiment que tu pourras trouver la place idéale, celle qui te permettra d'être heureuse, car tu mérites vraiment cela...

Le cadeau qu'Evalenn méritait de recevoir n'était autre que le bonheur, une réelle source de bonheur. Je ne souhaitais pas cela pour elle uniquement parce qu'elle était mon amie, mais aussi parce qu'elle était une vraie bonne âme. Mes pensées étaient parfaitement sincères.

- Au fond, personne ne mérite de souffrir, mais la justice existentielle est parfois...non souvent en fait...bien étrange, mais surtout injuste en réalité. Enfin, il ne faut pas trop chercher à comprendre...

Ce lieu, c'était tout simplement la première fois que j'y venais. Si Evalenn ne m'avait pas invité aujourd'hui, je n'aurais très certainement jamais osé pénétrer dans cet établissement. J'étais content d'être présent ici aujourd'hui. C'était très important pour moi de passer ce genre de moment en la compagnie d'Evalenn. Ma commande arriva face à moi juste après la réponse d'Evalenn à ma question, au sujet de la fréquence de ses venues dans cet endroit. Je remerciais la serveuse, avant de me remettre à parler à Evalenn.

- Je ne connaissais pas cet endroit avant que tu m'y invites, mais je dois t'avouer que cette ambiance plutôt apaisante me séduit. J'aime ce genre d'endroit. Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il en faudrait bien plus dans cette ville qui est Huntfield. Tout le monde a besoin d'un lieu où ressentir une certaine sérénité, surtout avec ce qui se passe actuellement. Ce n'est peut-être qu'une fuite, surtout avec le danger qui est sur nos têtes, mais c'est toujours bon de se sentir bien quelque part...

Je grignotais un petit peu ce qu'il y avait dans mon assiette, car elle était là pour cela après tout. C'était agréable...

- Au fond heureusement qu'il existe des endroits avec une ambiance plutôt agréable, mais également des occupations capables d'entretenir notre sérénité, sinon n'importe qui pourrait péter les plombs dans cette ville...

En vérité, je ne parlais pas de n'importe qui, car je parlais surtout de moi... C'était pour cette raison que je parlais des occupations capables d'entretenir la sérénité, car j'évoquais en vérité les effets que le dessin avait sur ma personne, mais cette référence resterait silencieuse. C'était bien mieux comme cela en vérité, car au moins cela entraînait une absence d'insistance... Tant qu'Evalenn ne me posait aucune question concernant ce qui m'était arrivé à cause de Kierkan, je n'allais pas aborder le sujet. C'était important pour moi...

- Enfin, il n'est pas important de penser à péter les plombs, surtout quand on ne pète pas encore les plombs, tu ne crois pas ? dis-je, en buvant un peu de mon thé.

Logan venait de lui souhaiter de trouver un endroit qui la rendrait heureuse. Evalenn lui sourit. Il était tellement gentil avec elle. C'était une des rares personnes à ne pas lui souhaiter la mort comme dernier mot lors d'une rencontre.

La jeune femme songeait réellement à se trouver un boulot, un petit quelque chose à elle seulement. Elle en avait marre de toujours courir et de s'occuper de choses du surnaturel. Faire des trucs d'humains lui manquaient depuis le jour où elle avait été mordu. C'était triste à dire, mais voilà la réalité. Cela faisait presque 8 ans que ce drame s'était produit et elle en était toujours au même point. Une créature faisant des trucs louches de créatures. Son père avait eu raison en la gardant enfermé. Elle n'allait rien faire de bon. Brisant ses noires pensées, Logan lui expliqua que c'était injuste toute cette souffrance sans noms parfois et c'est pourquoi il lui souhaitait mieux. Evalenn ne dit mot, mais elle était d'accord. Elle en avait marre de souffrir et surement moins que lui, mais c'était une autre histoire.

Ensuite, la conversation dériva sur ce petit restaurant tranquille. Après lui avoir dit qu'elle venait rarement dans le coin, elle lui demanda s'il connaissait aussi. Logan lui avoua que ce n'était pas le cas, mais il reconnaissant la sérénité de l'endroit et c'est ce qu'il trouvait d'intéressant. Lui aussi était d'accord sur le fait qu'il n'y avait pas assez d'endroits de ce genre en ville et c'était plutôt malheureux. C'est vrai qu'à Huntfield, on peut vous assurer de vous trouver un champs de bataille ou un lieux malsain. Pour des lieux sereins, bonne chance!

Logan ajouta qu'il était important de se trouver quelque chose à faire pour éviter de péter inutilement les plombs. Il lui demanda si c'était bien important de ne pas péter les plombs. Evalenn rougit alors quelque peu. En terme de pétage de plomb, elle avait connu son lot.

- Eh bien, c'est une question intéressante. C'est important de ne pas péter les plombs, mais notre résistence face à ce type de sentiments qui nous mènent jusque là peut parfois s'avérer très mince. Non? Mais... pourquoi une telle question? Tu sais que je suis sujette à péter les plombs ou tu as autre chose en tête?

En abordant aussi maladroitement le sujet épineux des plombs qu'il ne valait mieux pas chercher à péter, je m'étais mis en danger sans réellement le vouloir. Je ne cherchais pas à aborder le sujet de Kierkan pour éviter d'expliquer le calvaire que j'avais vécu à cause de lui, mais même ma conscience me tendait des pièges, comme pour me mener volontairement vers ces explications que je refusais de fournir. Au fond, peut-être que quelque chose cherchait à me faire parler avec Evalenn, pour que je me libère d'un poids plutôt désagréable, mais je ne savais pas s'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise idée. C'était pour cette raison que je m'abstenais, parce que j'avais peur de faire une erreur.

Ainsi, je devais tenter de me rattraper, du mieux que je le pouvais, car si je continuais à m'enfermer dans des chemins plutôt périlleux, j'avais peur de ne pas pouvoir en sortir et de devoir tout expliquer. L'improvisation orale était alors de rigueur. Je ne savais pas trop ce qui allait sortir de ma bouche en terme de mots, puis de phrases ou même de paragraphes, mais je devais à tout prix parler. C'était la meilleure chose à faire.

- Non non...je veux juste dire en gros qu'il serait idiot de chercher des complications quand il n'y en a aucune dans le coin. Nos esprits se comportent bien mieux quand tout est simple. Je me suis simplement assez mal exprimé excuse-moi...

Pas mal...pas mal...mais cela allait-il être suffisant ? Cela n'était pas certain... Un lycanthrope pouvait se révéler être un fin analyste. Je le savais pour en être un.

Ainsi, pour éviter d'éveiller la curiosité d'Evalenn, je cherchais à dévier la conversation vers un chemin peu compliqué, histoire de ne pas subir une nouvelle erreur et risquer de mettre en danger ce souvenir de torture dont je ne souhaitais pas parler

- Quand on est en quête de simplicité, le fait de s'enfermer dans cette parenthèse que semble dessiner cette endroit est plutôt apaisant. Cela me fait du bien d'être là, et puis en bonne compagnie. dis-je, avant de siroter un peu ma boisson, qui se vidait petit à petit.

Cette déviation allait-elle me permettre d'éviter de devoir parler de Kierkan ? Je l'espérais réellement. Au fond, si Evalenn cédait à la curiosité, elle pouvait facilement comprendre que quelque chose n'allait pas chez moi. Je ne portais aucune trace physique de mon traumatisme. Il en avait laissé une dans mon regard. Si jamais Evalenn cherchait à m'analyser elle allait comprendre que je fuyais la vérité. Si elle le faisait, je risquerais de ne pas encaisser cela...

Evalenn écoutait Logan lui faire une petite leçon philosophique. Là, même si ça sonne moins poétique, on parlait du phénomène de pétage de plombs. Evalenn commença alors à éluder sur la question faisant de son mieux pour y réfléchir. Elle était très sujette à perdre pied à certains moments, Calli étant souvent le bouton déclencheur ou Lucy Keynes, qui lui, lui foutait une trouille monstre. Soudain, elle alluma que la question n'était peut-être pas posé anodinement. Elle demanda alors à Logan d'éclaircir ses pensées.

Il la rassura aussitôt, lui mentionnant qu'il disait ça comme ça, mais sans arrières-pensées. De ne pas le prendre personnel. Il voulait juste faire part du fait qu'il ne fallait pas chercher à compliquer pour rien des situations qui pouvaient être traitées plus calmement. Selon lui, on navigue mieux dans des trucs plus simples.

- T'as pas tort. Chercher des complications sans le vouloir, c'est mon point fort. Je comprends que tu ne voulais pas me viser, mais c'est malheureusement vrai. Peu importe où je vais, les trucs se mettent à dégénérer tout seuls. Du coup, j'ai tendance à perdre contrôle, temporairement, sur mon côté ... canin. Toi, à te voir, tu n'es pas comme ça non? Tu sembles calme en permanence. Tu m'impressionnes.

Evalenn lui fit un sourire aimable empreint de sincérité. À ses yeux, Logan faisait partie des rares personnes à vraiment valoir leur méritas de la ''Personnalité de l'année''. Toujours calme, prévenant, doux et compréhensif. Tout le monde en veut des amis comme lui!

Logan ajouta alors qu'être en quête de simplicité nous permettait d'être dans une paranthèse et d'être à mieux de profiter des instants de calme. Evalenn le fixa en silence. Ses analogies philosophiques suivaient un sens et étaient pertinents, mais la jeune femme sentait qu'il y avait peut-être autre chose en-dessous de ça. Comme s'il essayait de dissimuler quelque chose. Evalenn décida de ne pas creuser. Ils passaient du bon temps ensemble, pourquoi chercher à aller ressuciter des fantômes du passé?

- Tu as raison. Vivre en marge des soucis de la vie permet une certaine béatitude réparatrice. Je suis en quête de ces moments, n'en ayant pas assez souvent à mon goût. Je suis contente d'ailleurs que tu ais bien voulu venir me voir ici. Ça m'a permis de mettre en paix une partie de mes angoisses.

Evalenn termina en silence son repas, appréciant la compagnie de son ami. Malheureusement, toute rencontre a une fin et cette rencontre ne dura que l'espace d'un repas, mais il se passa bien. Chacun étant dans ses réflexions tout en partageant leurs pensées profondes.

//FIN//