III.04 - Beauty and the Beast [Feat. Bobby]

Bobby avait passé pas mal de temps sur le Colt. Patient, contrairement à ce qu’on pourrait s’attendre de lui, cela ne l’énervait pas plus que cela, même s’il avait conscience qu'il serait plus que bien de le réparer au plus vite. Il y mettait toute son énergie. Dean, comme Sam, ils leur demandaient souvent où il en était, et, il répondait toujours, qu’il était sur l’affaire, avec calme et fermeté, avec sang-froid. Et, si on l’enquiquinait trop avec ça, il passait sang-chaud. Bref, il fallait le laisser travailler. Il ne leur disait pas, qu’il n’était même que sur cette affaire... ! Bobby n’avait plus le temps d’aider les chasseurs. Il savait que le temps filait. Il savait que, il devait réparer ce Colt, qui pourrait, à la fois, changer grandement la mise, et en même temps, libérer Bobby, qui, stagnait, alors que les chasseurs continuaient le combat.

C’était un peu comme le soldat qui réparait un tank dont on avait vraiment besoin, et qu’en plus, le soldat, il n’était pas trop mauvais, et manquait peut-être un peu sur le terrain. Bobby ne culpabilisait pas, parce que, il n’y avait pas à culpabiliser : ce sera prêt quand ce sera prêt. Et puis, il fallait aussi laisser un peu la nouvelle génération se débrouiller ! Ça, c’était ce que le râleur dirait. Car, dans le fond, ça le faisait chier, de ne pas prendre soin d'eux, de cette nouvelle génération, qui peut-être, allait davantage morfler. Et, si on lui reprocherait de se planquer, il gueulerait, en demandant, si son interlocuteur avait une meilleure brillante idée pour réparer ce Colt. C’était alors à prévoir qu’il y aurait un silence. Alors, non, il ne culpabilisait pas. C’était comme ça. Point. Mais, sa conscience, elle savait, forcément, qu’il ne fallait pas que ça traîne non plus. Et que, peut-être, il pourrait y rester longtemps, sans que ça ne donne quelque chose... Bobby n’était pas stupide. Il avait déjà réfléchi à cette éventualité... quoi que... ! Il lui arrivait d’avoir une forte censure...

Et, il avait une volonté de fer. Il fallait bien dire, que, pour un type qui avait tué sa propre femme démone, parce qu’un exorcisme avait raté, ça allait de soi, sur la volonté de fer. Cela ne voulait pas dire qu’il y avait une pointe de culpabilité, mais, elle n’était que peu exploitable. C’était bizarre d’ailleurs. C’était sa personnalité. Il fallait empêcher le sang, mais, s’il coulait, il coulait. Un truc de ce genre. Entre le sang-chaud et le sang-froid, Bobby ne culpabilisait donc pas. Il travaillait sur l’affaire, et, pour bien travailler, ça ne servait à rien de culpabiliser. Le mécano se disait qu’il allait bien finir par comprendre un truc qui devait bien être mécanique...?! Ça, c’était, bien sûr, un espoir encore vivace de chasseur... ! Il se disait même, qu’aussi bien, il allait le tremper dans de l’eau bénite, lui et ses balles, ou... le faire confesser ?! Non ! Bobby était obsédé sur l’idée que la chose à réparer devait bien être mécanique. Pourquoi ? Parce que ça l’arrangeait. Et, surtout aussi, parce que, il avait déjà essayé l’eau bénite.... mais, ça avait été une idée débile, puisque, ça n'avait pas marché. Bobby préférait alors la garder pour lui, cette idée à la con, lui, un peu cachotier de temps en temps. Cela lui arrivait.  

Enfin, le tableau, qui n’était pas déjà assez obscur, se noircit encore soudain, près de ce pauvre lac qui, le pauvre, n'avait rien demandé. Il y avait eu une jeune femme, blondinette, qui était apparue, et, sa présence, même si comme cela on aurait pu y croire, elle n’illuminait pas le tableau, pas pour l’heure du moins. Le Colt était le sujet de sa venue. Bobby avait demandé, à qui, il avait diable honneur, sur la réserve, et, elle n’avait pas répondu à cette question. Le Colt, encore une fois, revenait sur le tapis. Il n’y avait plus aucun doute à ce qu’elle soit venue pour ça. En fait, il y avait eu déjà peu de doutes, mais, là, c'était clair, voire cristallin. Bien ! Bobby aimait y voir bien clair, bien bien clair.  

Elle fit remarquer, entre le mépris et l’assurance, que le Colt ne tuera pas un démon. Bobby ne prit pas la peine d’avoir un regard pour le Colt : on savait très bien désormais, que c’était l’objet de toute la conversation – enfin si on pouvait appeler cela une conversation. Si ça ne tuera pas un démon... et,

Comment diable sais-tu ça ?

.. au juste ! Parce que bon, Bobby, il y avait quand même passé du temps, ce n’était pas pour entendre quelqu’un lui dire comme une fleur, que ça n’allait pas marcher. Oui, parce que, Bobby, il n’avait rien d’un fin psychologue non plus : même si elle paraissait sûr d’elle, lui, il voulait une justification, il voulait du concret, le terre-à-terre. Si, elle, elle l’avait vouvoyé, lui, vu la tournure, il se permit de la tutoyer. Et, de toute façon, il était le plus vieux des deux, alors, il faisait bien ce qu’il voulait là-dessus, se disait Bobby. Il ne bougea pas le canon du Colt, qui était déjà un peu sur elle, et donc bien assez, parce que, elle était apparue pas loin de son sac de sable, et, aussi, parce que, par précaution, savait-on jamais, toujours, sur la réserve. Mais, toutefois, Bobby, comme toujours, allait encore attendre, avec sang-froid, de voir et de savoir, d’y voir plus clair. Ça le ferait bien marrer, si la demoiselle était un Ange, mais bon, justement, encore une fois, savait-on jamais... lorsqu’on connaissait un peu Castiel, on se disait que, parfois, un Ange, ça se comportait comme un Démon, se disait Bobby. Et, ils avaient la téléportation en commun. Et, la téléportation n’était pas le panache d’un Ange ou d’un Démon. Il pouvait bien exister des créatures qui se téléportaient, ou qui donnaient l’impression de se téléporter. Ce n’était pas vraiment de la naïveté : Bobby attendait de savoir. Point. Elle pouvait toujours être quelqu’un qui s’y connaissait, pour X ou Y raisons, même si, ça sentait mauvais. En fait, Bobby ne pensait pas autant qu’on ne le penserait. Il ne pensait pas. Il réagissait, sur le moment, presque comme si alors, il ne savait rien. Il n’était pas garanti que des connaissances ne nous mènent pas, autant vers le vrai, que vers le faux, et, on apprenait toujours, pensait Bobby. Le mécano, en général, ce n’était pas un intellectuel, en tous cas, pas un contemplatif : il ne se mettait pas à réfléchir devant une bagnole, il la testait, c’est-à-dire, l’interrogeait, en quelque sorte, si une voiture était animée et se mettait à parler. En gros, la téléportation, s’il y avait bien eu téléportation, ce n’était guère qu’un symptôme, comme un éternuement, qui pourrait correspondre à tout un tas de maladies ! Alors, oui, Bobby posait des questions, pour éclaircir l'affaire, parce que, c'était bien vrai quoi, comment elle le savait, que ça n'allait pas tuer les démons, après tout ? Et pourquoi pas ?! Et puis, quelque part, ça l'intéressait toujours, de voir, de savoir, ce qu'elle avait à dire à ce sujet.  

Bobby détenait le Colt de Samuel Colt. Il avait eu, aussi, en tant que chasseur, toujours un colt, en arme à feu principale. Car, si cela pouvait paraître vieux-je, et très western, mais, Bobby aimait les westerns, un colt avait une qualité singulière par rapport aux autres armes à feu : c’était une arme avec laquelle on pouvait bluffer. Il détenait un colt simple sans vertus que le sel. Bobby aimait les colts : il n’hésitait pas à jouer sur le barillet. Il chargeait ses coups comme il l’entendait. Un colt, ça n’avait que six coups, mais, c’était suffisant. Et, ce colt simple, il ne le savait pas encore, mais, un jour, il allait le faire passer pour le Colt, face à des démons, et tenter de voir, si le coup de bluff réussirait ou pas... Mais, ça valait le coup de tester. Et, là aussi.

Pour l’instant, il n’y avait plus à douter : Bobby avait bien affaire à une démone. Elle dévoila un regard d’une paire de ravissants yeux noirs. Bon, au moins, ce n’était pas une démone des croisements... Elle ne venait donc vraiment pas pour une âme...? Elle venait donc, pour quoi ?! Le Colt avait toujours été le centre de la "discussion" jusqu'ici... Eh bien, il en apprenait une belle, aux abords de ce lac de Huntfield : les démons... avaient une éducation ?! Là encore, le caverneux Bobby ne le savait pas encore, mais, un jour, une démone allait lui corriger son parler et lui apprendre la politesse... Et, une petite fille démone !

- Alors, je suis chanceux.

Bobby l’était. Il avait le Colt de Samuel Colt. Il cherchait à le réparer. Il était en train de tirer avec pour le tester un peu. Lui et sa mécanique. Et, par chance inouïe, enfin, il y avait une pincée d’ironie, une démone se présenta à lui, et...  

- Ça me fait un sujet pour un tir d’essai.

Dit-il. Il dressa le canon vers la démone.
Avec confiance et assurance. Bluff ou pas bluff.

Il fallait bien qu’un jour Bobby le teste sur une cible vivante. Et, c’était ici, l’occasion idéale : il semblerait que la démone et Bobby soient en tête à tête. Il n’y aurait donc, aucun témoin. Bobby se disait que, le retour du Colt ne devait pas se faire à la légère. Il devait se préparer. Bobby, il n’appréciait pas les armes rares. Parce que, la rareté, elle attirait. Et, lorsqu’on était dans une bataille, à, non seulement, plusieurs camps, mais pas que, plusieurs intérêts aussi, contre un ennemi à abattre... Qui n’aurait pas des envies pseudos héroïques soudaines, à chercher de s’accaparer le Colt, afin de descendre cet ennemi ?! Et, sans compter que, le Colt allait attirer les sbires de Lucifer. Les éloigner, peut-être bien, mais, aussi, les attirer, peut-être bien. Bobby se disait, qu’il ne fallait donc pas, sortir le Colt sans y réfléchir un peu. Mais, peut-être que, Bobby était trop prudent. Qu’il s’inquiétait trop. Car, de toute façon, il fallait le sortir pour savoir ! En tout cas, il le cachait et le cacherait volontiers jusqu’à le remette à un tireur : Dean Winchester. Bobby n’était pas un chasseur sur le front mais à l’arrière. Il creusait. Il tirait mais pas tant qu’ça. Il était naturel de remettre le Colt à un tireur. Bobby ne pouvait penser qu’à Dean. Dean, son héros tireur fils adoptif. Bobby, il ne pourra jamais trop retarder le retour du Colt s’il en venait à être réparé. Et, à force, de témoins et de blablas, la chose allait se savoir. Peut-être, avant même son retour. Mais, si l’info allait tourner avant, ce n’était pas si grave et la fin du monde : son retour sera testé avant son retour. Bobby, dans l’idéal, il aimerait poser un leurre : un double faux du Colt. Car, Bobby, aimait poser de pièges de protection. Bobby était celui qui ne tirait pas mais celui qui creusait. Qui faisait des tirs d’essai. Et, qui, proposa à la démone aux yeux noirs alors, d’en faire un sur le champ. Histoire de tester. Il pouvait toujours espérer l'avoir réparé...!