III.04 - Retrouvailles Sanglantes (ft Castiel)

Séraphine est perplexe. Si tuer un de ses frères ne la touche pas, pourquoi le geste de Castiel la met dans tous ses états ? Urakaba avait raison, Castiel est bel et bien sa faiblesse. Elle l'a suivie, l'a observé, mais elle ignore comment il en est arrivé là ? Lui, tuer un de ses semblables était pour le moins improbable, il faut croire que Séraphine s'est trompée à son sujet. Il n'est peut-être pas aussi bon qu'elle ne le pensait. Elle ne sait plus où donner de la tête, des tas de questions se bousculent dans son esprit. Si ça avait été un autre ange, se serait-elle réjouis ? Où est-ce le fait de voir la pureté de Castiel s'envoler aux quatre vents ? Elle n'en sait rien, en revanche, elle sait très bien les sentiments qu'elle dispose à son égard, une profonde colère, beaucoup de rancœur et une pincée de désespoir. Il arrive à la rendre … humaine et elle le déteste pour cela.

Séraphine a besoin d'évacuer toute cette colère. Lucifer est de retour, il n'y a plus aucun secret pour l'humanité, Séraphine se doit de montrer la puissance de son grand-frère, un massacre de plus ou de moins, qu'est-ce que ça change ?

Malgré cette période sombre, il y a encore quelques idiots qu'ils veulent jouer les héros. Une bande de jeunes qui prétendent au statut de chasseurs jouent les gros bras dans la forêt. Fusils à l'épaule, ils sont sûrement à la recherche d'un loup ou bien d'une sorcière. Ils ne se rendent même pas compte qu'ils sont observés par un ange. Séraphine est silencieuse, calme, ça en est presque effrayant. Elle a besoin de libérer sa colère, elle sait très bien qu'un petit massacre comme celui-ci ne suffira pas, mais  c'est maintenant qu'elle veut se défouler, pas dans vingt minutes, ni dans une heure, maintenant.

Il fait chaud, très chaud, l'air est étouffant, même à cette heure tardive. Séraphine se poste derrière un jeune homme, avant de souffler légèrement sur sa nuque. Elle a envie de s'amuser, alors, elle répète l'opération avec les autres chasseurs. Ils commencent à s'alarmer et comme tous novices incapables de trouver une solution, ils commencent à se disputer. Séraphine rit aux éclats, son amusement raisonne dans la forêt. Qu'ils sont bêtes ces humains ... Ils ne méritent certainement pas l'amour de son père.

Incapable de se mettre d'accord, ils décident de se séparer : mauvaise idée. Séraphine apparaît devant le plus jeune, immobile, elle le fixe de ses prunelles couleur noisette. «  Eh bien, eh bien, qu'est-ce que nous avons là ? » Il pointe son arme en sa direction, Séraphine affiche un sourire des plus radieux. Elle attend qu'un de ses amis se pointe et quand elle entend un deuxième cœur s’accélérer, elle décide d'arracher celui qui se trouve en face d'elle. D'un geste brusque et franc, elle plonge sa main dans la poitrine du chasseur et lui arrache le cœur. Son cerveau reste conscient quelques secondes, son âme s'envole au loin. Séraphine poursuit le deuxième avec la ferme intention de lui arracher la tête, mais une présence vient la stopper dans son élan. Une présence bien connue de l'ange, celle de Castiel.

Du sang sur les mains, elle réapparait devant l'humain, elle le désarme en moins temps qu'il ne faut pour le dire et l'attrape à la gorge. Elle se retourne, prisonnier à la main et fait face à son frère. «  Tuer Urakaba ne t'as pas suffit apparemment, tu veux renouveler l'opération avec moi ? » Le regard de Séraphine est remplit de mépris, même si elle sait que son frère est bel et bien vivant, elle ne peut s'empêcher d'imaginer ce qui se serait passé s'il n'avait pas prévu un autre véhicule.

Elle appuie doucement sur la trachée du chasseur, menaçant de le tuer sous les yeux de son frère. «  Quoi ? Je te dégoûte Castiel ? Tu n’apprécies pas que j’hôte la vie à un de tes humains si précieux ? Je peux lui faire bien pire, tu sais … » Le torturer physiquement, l’obliger à faire un choix tumultueux entre ses amis, lui ôter un de ses sens .... L’imagination de Séraphine est au beau fixe, surtout en présence d’un ennemi.

Pourquoi pense-t-elle cela ? « Je t'ai vu porter ton épée dans le cœur de notre frère. »  Un besoin de parler ? Mais pour lui dire quoi … J'ai fait ce qui est juste, c'était mon devoir, j'ai voulu le remettre dans le droit chemin … Qu'importe le clan, ils disposent tous des mêmes arguments. Séraphine le sait, puisqu'elle les utilise la plupart du temps.

Séraphine fait monter la tension en s'en prenant à l'humain. Il est devenu son moyen de pression. Castiel a l'impression de ne pas reconnaître sa sœur et pourtant c'est bien elle qui se reflète dans la prunelle de ses yeux. Elle est cruelle, perfide et manipulatrice. La vie de l'humain ne représente rien pour l'ange, il n'est qu'un divertissement, l'erreur de son père. «  Je ne suis plus celle que tu as connu. Les choses ont changé, Castiel. » Séraphine ne différencie plus le bien du mal.  C'est vrai, avant, ils étaient très proches, frères&sœur unies pour le bien de l'humanité, mais tout cela appartient désormais au passé. Séraphine a douté, Urakaba était là pour lui montrer la voie à suivre et Castiel est resté fidèle à lui-même. Un trio bel et bien détruit. Séraphine n'a pas choisi entre ses frères, ils l'ont fait pour elle.

Il s'approche d'elle et Séraphine compresse davantage la gorge de sa victime, comme un avertissement. Il lui demande de lui laisser la vie sauve, Séraphine lui sourit avec malice pour lui montrer que ce n'est pas dans ses intentions. «  Qu'est-ce que tu leurs trouve ? Ils ne méritent pas l'intérêt que tu leurs portes, tu peux leurs montrer où se trouve la porte du Paradis, leur nature les poussera toujours à aller vers l'Enfer. » Séraphine n'a plus foi en la nature humaine, malgré tout, elle les envie, aucune contrainte, aucun règlement, ils ont le libre arbitre. Ce qu'elle n'a jamais eu,  avant de le prendre de force. Pourquoi leurs porterait-elle secours ? Elle a essayé, plusieurs fois et pendant plusieurs siècles, à mesure du temps, elle s'est rendue compte que ce n'était pas elle qui échouait dans sa tâche, mais les humains qui étaient incapables de comprendre la marche à suivre. Elle a abandonné et préfère de loin les exterminer, s'ils sont incapables de comprendre, leurs places n'est pas sur Terre.

Finalement, sa main lâche l'humain. «  Dégage ! » lui ordonne-t-elle. Son regard se pose de nouveau sur son frère. «  Content ? » Son ton est arrogant. Séraphine lui a accordé une faveur, mais elle n'en reste pas moins elle-même. De plus, elle n'a rien promis et peut s'occuper de son cas plus tard.

Séraphine a un milliers de questions à lui poser. La première étant «  Pourquoi t'en être pris à Urakaba ? Comment as-tu osé, Castiel ? A-t-on déjà fait de même avec toi ? » Séraphine s'est assurée que Castiel ne soit pas touché personnellement par cette guerre qui déchire les Cieux. Bien-sûr, elle ne pouvait garantir son mental par rapport à tout ça.

Blablabla, voilà ce qu'elle entend. Rien de plus, rien de moins. Ce discourt, elle le connait par cœur. L'entendre sortir de la bouche de Castiel, est une chose à laquelle elle s'attendait. Contrairement, à son attitude soudaine. Son dos cogne violemment contre l'arbre qui se trouvait juste derrière elle. Des éclats d'écorces volant aux quatre vents. Seraphine ne s'attendait pas à ça, pas venant de Castiel. Sa main sur sa gorge, l'autre prête à l'exterminer. A-t-il l'intention de la tuer ? Seraphine en doute. Par précaution, Seraphine essaye de maintenir ses poignets, en vain … Voilà qui répond à une autre question. Elle se demandait jusqu'où pouvait se mesurer son pouvoir ? Il est, de toute évidence, bien au-dessus du sien.

D'un côté, elle est le reflet tout ce qu'il ne va pas au Paradis, d'un autre, elle reste sa sœur bien aimée. Elle est pour le moins surprise par son comportement, si ce n'est en colère. Comment ose-t-il s'en prendre à elle ? Elle, Séraphine, sa sœur. Ne l'a-t-il pas fait déjà assez souffrir en s'en prenant à Urakaba ?
Sa façon de se tenir, son timbre de voix, son regard, voilà donc ce que Urakaba a aperçu avant qu'il ne tente de le tuer. Seraphine qui était spectatrice, était bien loin de la vérité. Voir Castiel de cette manière, la rend nerveuse. A-t-il changé à ce point ?

Seraphine plonge ses yeux dans ceux de son frère, légèrement voilés par la luminosité de son nouveau pouvoir. Selon ses paroles, Séraphine lui aurait tourné le dos. C'est en partie vrai … Pour le bien de ses projets, l'ange ne pouvait côtoyer son frère. Lui, qui était trop bon pour comprendre son choix. Ce soir, encore, il ne saisit pas les motivations de sa sœur. Elle a beau les énumérer, lui montrer, c'est contre sa nature et de ce fait, comme la sienne. En bravant les interdits, s'est-elle condamnée à mort ? Est-ce Castiel qui va lui porter le coup fatal ?

Malgré ses dires, elle ne regrette ABSOLUMENT rien. Elle lâche prise, laissant retomber ses bras de part et d'autres de son corps. Après tout, s'il a décidé de l'anéantir, elle ne pourra pas aller contre sa volonté, il est devenu bien trop fort pour elle.


_  Vas-y …. Fais-le !


Aucune provocation dans sa voix, Seraphine fait disparaitre colère, nervosité et amertume. Elle ne demande pas à mourir, bien au contraire, elle ne s'est jamais autant amusée que depuis qu'elle est redescendue sur Terre. Elle ne compte pas non plus s'excuser, elle a fait toutes ces choses, parce qu'elle l'a bien voulu, Urakaba ne l'a jamais obligé à faire quoique ce soit. Trop fière, elle préfère de loin recevoir le coup fatal.


_ Qu'est-ce que tu attends … que je te demande pardon ? Pire encore, que je redevienne l'ange privée de parole qui avait l'obligation d'obéir aveuglement ? Ni compte pas Castiel, je serai plus un pion dirigé par père dont je ne connais pas le visage.