III.05 Je vous déclare mari et fem... wait! What?

Les fantôme étaient depuis longtemps des créatures que Brian détestait. Trouver comment les anéantir relevait  plus souvent qu'autrement de la chasse au trésor la plus difficile qui soit puisque lorsque le corps humain avait été incinéré, il fallait se creuser les méninges afin de trouver à quelle cochonnerie le fantôme se rattachait pour ensuite pouvoir le détruire par le sel et le feu. Lors d'une chasse précédente, Brian en avait combattu un en compagnie de son cousin Lucy. Ils avaient fini par découvrir que le fantôme se rattachait à un très ancien projecteur dans un vieux cinéma qui avait récemment rouvert. Cette fois-ci, le fantôme en question semblait ne s'en prendre qu'à de jeunes fiancées. Les attaques avaient lieu dans une maison situé en dehors de Huntfield, une maison que les gens de ce village qualifiaient de "hantée". La maison avait été mise à vendre depuis belle lurette et à chaque fois que des couples s'étaient présentés pour la visiter, la femme qui accompagnait l'homme était tuée d'une horrible manière. Jusqu'à maintenant, ces faits paranormaux avaient été minutieusement cachés mais depuis que les gens étaient aux faits que le surnaturel existait, il devenait plus facile d'accéder à des dossiers du genre.

Un ami de Brian ayant eu vent de l'histoire l'avait contacté pour lui demander d'aller vérifier. Toutefois, pour se faire, Brian ne devait pas se présenter seul. En effet, si le fantôme ne se manifestait qu'auprès des fiancées, il en fallait donc une à Brian mais qui? Qui pouvait jouer ce rôle sans risquer d'y laisser sa peau? Les choix n'étaient pas nombreux, pour ne pas dire quasi inexistants. Cependant, l'image d'une belle jeune femme à la crinière noire s'imposa à Brian comme une révélation divine, à savoir celle Anaëlle.

Se réjouissant d'avance des conneries qu'il lui ferai subir -c'est qu'il l'adorait, sa belle ange maladroite- Brian la fit venir en l'invoquant oralement et mentalement. Ainsi, miraculeusement, Anaëlle apparut à sa porte, toquant même pour demander la permission d'entrer. C'était une grandiose amélioration à comparé à leur dernière rencontre où le chasseur l'avait gentiment semoncée pour lui avoir fait peur lors d'une téléportation on ne peut plus précipitée.

Évidemment, l'ange fut immédiatement inquiète, pensant sans doute que le chasseur était en danger mais ce n'était absolument pas le cas. Brian s'empressa de la rassurer puis lui expliqua pourquoi il avait besoin de son aide.

- Enfin bref, j'ai besoin que tu joues le rôle de ma fiancée... Je n'ai confiance en personne d'autre et j'ai besoin de quelqu'un de... solide.

À la blague il tomba à genoux, lui présenta une alliance qu'il fit briller sous ses yeux.

- Poupette, mon amour, veux-tu temporairement m'épouser?

Pour ne par éclater de rire il dû se faire violence. D'ailleurs, il se mordit sauvagement l'intérieur de la joue pour garder son sérieux même si la bouille scandalisée de l'ange ne lui donnait que le goût de se rouler par terre et de rire tout son saoul.

- Allez poupette, accepte, c'est pour le bien de l'humanité, promis. Ensuite nous divorcerons.

Il lui fit un clin d'oeil puis, sans attendre, glissa l'alliance au doigt d'Anaëlle. Vint ensuite d'autres instructions.

- Le fantôme ne s'en prend qu'à des fiancées. Nous allons nous présenter au propriétaire de cette maison à louer et jouer le rôle de nouveaux mariés.

En disant ces mots, il changea de place la bague qu'il portait à sa main droite et la fit glisser à sa main gauche. Cette bague, il la portait depuis des années. Elle était faite d'un alliage de fer et d'argent qui avait le mérite de lui indiquer si les gens à qui il serrait la main étaient humains ou pas.

- Je m'attends à ce que le fantôme se manifeste à un moment ou un autre de notre visite. C'est là que tu devras m'aider. J'ai déjà fait des recherches sur un potentiel candidat. Un homme qui aurait vu rouge suite à l'annonce de l'infidélité de sa fiancée. Le corps a été incinéré, il faut donc trouver à quoi  il se rattache et comme il est très violent et qu'il ne se manifeste que lorsqu'il y a une femme... eh bien j'ai besoin de toi.

Il se releva, tout sourire.

- En passant, la visite est dans trente minutes alors je compte sur toi pour nous y amener?

Se penchant vers elle il ajouta :

- En douceur! J'espère que tu peux trimbaler des trucs, j'ai un certain attirail à trainer...

Il pointa un sac à dos remplis de trucs dédiés à la chasse au fantôme.

- On y va?

Spoiler:

C'était difficile à expliquer mais, depuis qu'il avait rencontré Anaëlle, Brian s'était découvert un côté très... enfant. Un côté espiègle et taquin qu'il aimait énormément exploiter lorsqu'il se retrouvait auprès d'elle. Il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour comprendre que l'être céleste avant une carence en connaissances d'émotions humaines. Était alors né ce désir rigoureux de lui faire comprendre le comportement que pouvaient adopter certains êtres humains et dans quelles circonstances il se manifestait. Certes, il était parfois un peu brusque avec Anaëlle mais comme cette dernière était visiblement pourvue d'une patience éternelle, les leçons s'assimilaient efficacement. Avait-il un peu de "contrôle" sur elle? Nan, n'allons pas jusque là! Toutefois, dans la scène qui se déroulait actuellement, à savoir celle de la demande en mariage non officielle, on pouvait affirmer que le chasseur avait le dessus sur l'ange...

Ainsi donc, la pauvre Anaëlle, incapable de dire un mot, ne faisait rien d'autre que de se racler la gorge, ses yeux ouverts si grands qu'ils semblaient vouloir avaler Brian. Il fallait dire que ce qu'il lui demandait n'était pas banal du tout.  S'il l'avait demandé à une amie chasseuse, ça aurait été moins impressionnant. Le fait qu'il le demande à une ange relevait de l'incroyable car qui avait déjà vu un être céleste jouer un tel rôle auparavant? Peu ou pas de gens, très certainement!

- Ce n'est pas compliqué, il faut seulement faire comme si tu étais ma petite amie. Si tu juges bon de parler, alors parle. Si tu juges bon de me tenir la main ou de me démontrer une marque de tendresse, je ne vais pas t'en empêcher. Je veux juste que tu te sentes à l'aise et que notre couple paraisse le plus crédible possible aux yeux des autres et surtout aux yeux du fantôme.

Pour un profiteur, un pervers ou tout autre individu n'ayant que le sexe en tête, cette situation était rêvée. Heureusement pour Anaëlle, Brian ne faisait pas partie de ce genre de personnes. Il était un comique, oui, mais jamais il n'allais profiter de la situation pour abuser d'un ange ni de qui que ce soit d'autre. Ça non! Toutefois, comme la demoiselle était peu informée sur certaines émotions, et particulièrement celles traitant de l'amour, valait peut-être mieux lui donner un cours de base...

- Bon je te fais un briefing Amour 101 pour les nuls, okay? J'ai confiance en toi, tu vas être parfaite dans ce rôle. Tu vas voir, il y croira, à notre couple, cet esprit. Il ne nous arrivera rien, promis.

Il lui adressa un gentil sourire avant de cueillir délicatement sa main entre les siennes pour ensuite la caresser avec douceur.

- Les amoureux ont toujours des gestes doux envers l'être aimé. Comme ce que je te fais présentement. Ça n'a pas besoin d'être énorme. On parle de caresses, de sourires, de regards doux. Il n'est pas nécessaire de se jeter au cou de l'autre ou de s'y suspendre.

Il tira doucement sur la main de l'ange pour la faire se rapprocher de lui. S'ils voulaient jouer un couple crédible, ils devaient d'abord apprendre à se tenir près l'un de l'autre.

- Je ne vais pas te forcer à m'embrasser, ne t'inquiète pas. Mais il se pourrait que je te fasse ceci...

Tranquillement, il leva l'une de ses mains vers son visage et l'effleura délicatement, glissa ses doigts entre ses cheveux puis la rapprocha pour la tenir tendrement tout contre lui.  Enfin, il se détacha lentement d'elle, un peu gêné.

- Tu vois, rien que des gestes lents et doux. Des petites attentions qui démontrent que l'on tient à l'autre et qu'il est ce qui existe de plus précieux à nos yeux. Tu comprends? Il faut avoir l'air détendu, heureux. Sourire...

Enfin, restait à traiter le vocabulaire.

- Souvent, en accompagnement à ces gestes, on se sert de mots doux comme "mon amour" ou "mon (ma) chéri (e)".  Si tu te sens capable de jouer tout ça alors je ne vois pas de problème à ce que cette mission soit concluante.

Il la dévisagea, un peu gêné.

- Tu crois que ça ira? Si oui, alors je suis prêt.

Son sac à dos installé sur ses épaules, il attendit de voir si Anaëlle avait des questions avant de partir.

Tandis qu'il avait tenu Anaëlle tout contre lui, Brian avait cru remarquer qu'elle s'était légèrement laissée aller, que pour une fois elle s'était décrispée, déraidie.  Pas qu'elle était rigide en tout temps, non, mais il lui avait toujours trouvé un air un peu trop sérieux, voir robotique.  Cette fois-ci, ça avait été différent et il ne pouvait se cacher que le fait de tenir une femme contre lui avait ravivé certains souvenirs douloureux d'une relation passée à laquelle il avait mit fin puisqu'elle était tout simplement impossible à entretenir et à faire évoluer.  D'autres souvenirs jaillirent lorsqu'elle lui toucha délicatement la joue, tout en lui adressant un doux sourire.  Sans trop contrôler ses gestes, Brian lui fit une caresse au dos, laissa ses doigts y circuler un court instant avant de les stopper pour répondre à Anaëlle.

- Oui, ça ira...

Elle l'emporta, tandis qu'il fermait les yeux, la tenant avec douceur tout contre lui.  Lorsqu'il les rouvrit, ils se trouvaient  tous les deux sur le porche d'entrée de la maison hantée, prêts à ouvrir la porte pour aller simuler une visite d'achat.  Lorsqu'Anaëlle mentionna que l'esprit était très en colère, Brian fronça les sourcils.  Jouant toujours le rôle du jeune époux, il prit Anaëlle par la main et tendit l'autre pour tourner la poignée et pénétrer dans la demeure.

La maison était à peu près vide de meubles.  Comme on le voyait souvent dans les films, la plupart d'entre eux étaient recouverts de draps blancs, semant ici et là l'impression de faire face à de géants fantômes.  À divers endroits, le sol couinait sous les pas du chasseur et de l'ange. Le bâtiment était vieux, très vieux.  Des toiles d'araignées pendouillaient du plafond, s'entrecroisaient dans les coins, lourdes de poussière.  On aurait pu dire que les petites bêtes avaient depuis longtemps compris qu'il n'y avait plus rien à manger dans ces lieux déserts de vie et qu'elles avaient déménagé ailleurs, sans doute à l'extérieur, là où se trouvaient une abondance de nourriture.  C'est que les alentours étaient fortement envahis par les herbes hautes, les arbres et les buissons.  La petite maison, nichée au bout d'une rue peu habitée, était la vision parfaite du film d'horreur le plus terrifiant, avec ses volets à demi fermés sur des fenêtres sales, pour certaines fissurées par des cailloux que les enfants du coin s'étaient sans doute amusés à jeter sur elles dans le but de les fracasser, sans succès, cependant.  Le propriétaire de l'endroit ne s'était même pas présenté, avait simplement mentionné à Brian que la porte était en tout temps déverrouillée, qu'il n'avait qu'a y enter et visiter seul.

- Chérie, ma poupette d'amour, ce n'est pas très joyeux ici...  Tu es sûre que tu veux élever notre enfant dans cette vieille maison...?

Il lui lança un regard dans lequel brillait autant de malice que de plaisir, de taquinerie et d'amusement.  Tout doucement, il pressa la main d'Anaëlle dans la sienne puis se pencha vers elle pour lui caresser le ventre comme le ferait un homme sur le ventre gonflé de sa conjointe enceinte.

- Je peux certes réparer plusieurs trucs mais il y a beaucoup de boulot à abattre...

À l'étage, un craquement sinistre se fit entre, un peu comme si un objet très lourd se faisait trainer sur le sol puis, tout à coup, un piano se mit à jouer tout seul, exactement comme si un gamin s'amusait à taper sur une notre unique, la plus grave de toutes.

- Eh bien il y a un piano, on dirait...

Lentement , il libéra l'ange, ramena son sac à dos vers l'avant et y attrapa son fusil à sel dont le canon avait été rapetissé.

- Il fait froid ici mon amour... j'aurais bien envie de faire un feu... Je me demande si le foyer est fonctionnel...?

Il s'en approcha pour y jeter un oeil, tira sur l'un des draps blancs qui recouvrait une table basse, le roula en boule et le jeta dans la cavité du feu.  Il ignorait toujours à quel objet le fantôme se rattachait mais au moins, dès qu'il le trouverait, le feu serait déjà allumé et prêt à l'accueillir pour le dévorer jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien et que le fantôme disparaisse pour de bon.

Quelque chose se produisit à l'intérieur du ventre, du coeur et de l'esprit de Brian, lorsqu'Anaëlle lui souffla que la maison était grande et que leur petit ange pourrait courir toute la journée.  Pendant un instant il s'imagina papa, tenta de ressentir ce que ça pouvait faire d'être parent, de former un couple et de posséder une petite famille.  Au cours de sa longue existence, jamais le chasseur ne s'était lié à une femme, hormis Evalenn.  Rarement, très rarement, il avait partagé une nuit avec une demoiselle.  Sa priorité absolue avait toujours été la chasse, et sa famille.  On pouvait le qualifier de vieux garçon sans trop se tromper.  Quadragénaire, sans amoureuse, sans maison ni foyer, le chasseur consacrait sa vie à abattre toute nuisance surnaturelle.  Jamais il ne pensait à lui.  Il était un genre de soldat, un fou furieux qui tirait sur chaque menace qu'il croisait.

Pour masquer le trouble qu'il avait ressenti, Brian esquissa un faible sourire plutôt maladroit puis hocha la tête.

- C'est vrai, il pourrait s'amuser ici...

Il regardait Anaëlle d'une manière étrange.  La pauvre ne devait pas comprendre l'origine de cette peine soudaine.  Peut-être qu'un jour, il la lui expliquerait...

Le chasseur tentait de reprendre sur lui lorsque le plafond grinça et que le piano se mit à jouer tout seul.  Il n'y avait rien de mieux pour se remettre l'esprit en place, même si le commentaire de l'ange tendait à le replonger dans cette étrange douleur qu'il venait de traverser.  En réponse à la remarque de son amie, Brian lui adressa un large sourire, jeta un drap dans le foyer et y mit feu sans plus attendre.

- Effectivement, il y a un sacré ménage à faire, mon amour.  D'ailleurs, si tu trouves quoi que ce soit de vieux, tu me le dit.  On le jettera au feu.  Je veux acheter cette maison.  Commençons le ménage immédiatement.

Un ménage que le fantôme ne semblait pas trop apprécier, vu le boucan qu'il menait au deuxième étage.  Des grincements métalliques effrayants se faisaient entendre, des meubles étaient déplacés, des portes claquaient.  Puis, tout à coup, alors que le chasseur attrapait son fusil à canon scié, une force invisible le propulsa contre un mur.  Brian encaissa durement le choc, toussota puis se releva, cherchant Anaëlle des yeux.

- Il faut trouver ce à quoi se rattache le fantôme.  C'est quelque chose de vieux, ça peut être n'importe quoi!  Petit, moyen, gros, léger, lourd!  Faut chercher!

Alors qu'il terminait sa phrase, la température ambiante chuta brutalement.  Le fantôme était près, très près.  Tout à coup, certaines des planches qui formaient le plancher de la pièce s'arrachèrent d'elles-mêmes pour se mettre à voler dans tous les sens, manquant de peu Brian.  Comme il était affairé à s'emparer de son fusil qu'il avait échappé lors de l'impact, il ne vit pas si l'ange avait été atteinte.  Lorsqu'il leva les yeux pour la chercher du regard, il vit qu'un drap blanc se déplaçait tranquillement vers lui.  Le fantôme s'était amusé à en revêtir un, pour faire comme dans les vieux films d'horreur.

- Prend ça connard!

Il visa puis tira, faisant disparaitre la créature.  Le drap retomba mollement sur le sol, maintenant inanimé.  Pour un court laps de temps, ils allaient avoir la chance de trouver ce à quoi le fantôme se rattachait.

- Anaëlle?  Ça va?  Faut chercher, vite!

Il la vit enfin, non loin du foyer où brulait le drap et quelques morceaux de planches qui s'étaient retrouvé là par hasard.  En l'observant, il était incapable de dire si elle se portait bien ou pas.

Quelle émotion venait de passer sur le visage du chasseur? Les humains en avaient tellement, c'était difficile de déterminer laquelle exactement c'était. Ce qu'Anaëlle savait, c'était que ce n'était pas de la joie ni de la tristesse. Elle avait vu ces deux émotions et même, la dernière fois que le chasseur et la créature céleste s'étaient rencontrés, l'humain avait tenté de faire son éducation à ce niveau et lui avait manipulé le visage pour lui montrer ce qu'était la joie et ce qu'était la tristesse. Cela avait été des explications rapides, mais Anaëlle avait saisi les bases. C'était déjà ça! En ce qui concernait l'émotion que l'ange avait vu passer sur le visage de son protégé, tout ce qu'elle savait, c'était que ce n'était pas de la joie ni de la tristesse. Par contre, son regard avait quelques signes de tristesse ou bien l'ange comprenait mal les signes? C'était aussi fort possible! Elle avait encore besoin de plusieurs cours sur les humains. Son protégé pourrait éventuellement continuer son apprentissage, mais pour le moment, ce n'était pas l'occasion rêvée. Ils avaient un fantôme à combattre et à faire disparaître. Anaëlle s'était mise à marcher tranquillement dans la pièce, cherchant s'il n'y avait pas un vieil objet auquel le fantôme pourrait s'être attaché. Tout était poussiéreux et ce qui ne l'était pas portait un drap blanc, afin de protéger un meuble ou un item. Il fallait se dépêcher de trouver, avant que le fantôme n'agisse et mette ainsi la vie du chasseur en danger. Anaëlle ne craignait pas du tout de mourir, pas de la main d'un simple fantôme. Cet ennemi ne lui était pas mortel. Il ne pourrait que blesser son hôte. Mais si tel était le cas, elle allait se soigner, rien de bien compliqué. Dans le cas de Brian, c'était différent. C'était un humain, mortel et fragile. Elle allait devoir en prendre soin! D'ailleurs, alors qu'elle portait le regard vers l'étage supérieur, là où le bruit se faisait entendre, l'humain fut propulsé dans les airs, mais il ne fut apparemment pas blessé puisqu'il se relevait déjà et dit à l'ange qu'ils devaient rapidement trouver à quoi l'esprit se rattachait.

- Je tente de trouver!

Disant cela Anaëlle, cherchait toujours, déplaçant certains objets, les évaluant du regard et soulevant la poussière, mais elle n'était pas encore certaine de ce que cela pouvait être. La température chuta rapidement, bien que cela n'affectait pas vraiment l'ange, c'était la preuve que l'esprit était là. Des planches avaient été arrachées par l'esprit et volaient dans la pièce, Anaëlle en reçu une qui l'envoya au tapis, mais elle se releva rapidement et entendit un coup de feu. Brian avait fait mouche, le fantôme n'était plus là, mais il ne tarderait pas à revenir, plus en colère après ça!

- Ça va et toi?

Elle tentait de voir s'il saignait ou pas. Au moins, il tenait sur ses jambes, il ne devait pas être blessé gravement donc.

- Je vais voir au deuxième étage, fais gaffe!

Afin de faire plus rapide, elle s'envola, disparaissant aux yeux du chasseur qui entendit ses pas rapide à l'étage au-dessus, elle ouvrit une porte pour se retrouver dans un chambre à coucher. Sur une commode, il y avait une petite boite fermée dont l'ange ne connaissait pas l'utilité. Était-ce cela l'objet recherché? Sans se poser plus de question, elle retourna en bas, dans un battement d'aile. Elle montra l'objet à Brian.

- Tu crois que c'est ça?

Lorsque Brian avait tiré sur le fantôme à l'aide de son fusil chargé à balles de sel, ce dernier s'était enfui à toute vitesse, chose tout à fait normale puisque le sel faisait fuir les fantômes. Maintenant, le chasseur ignorait quand il reviendrait.  Le sel l'avait fait disparaitre mais le temps était décompté.  Bientôt, le fantôme reviendrait, se manifesterait à nouveau pout tenter de les empêcher de découvrir ce à quoi il se rattachait.  Heureusement, après qu'il ait fait s'envoler plusieurs objets, dont des planches qui servaient à recouvrir le sol, ni Brian ni Anaëlle n'avaient été touchés.  L'ange affirmait bien se porter.  Quant à lui, même s'il avait été quelque peu secoué par le choc de son atterrissage contre un mur il se portait à merveille, était plus motivé que jamais à faire disparaitre cette chose qui tuait les jeunes fiancées ou les jeunes mariées qui osaient mettre le pied dans cette demeure.

- Ça va, ne t'inquiète pas.  Toi aussi fais gaffe okay?

Rassurée, l'ange s'éclipsa au deuxième étage, à la recherche de l'objet qui permettrait de régler toute cette affaire.  Brian lui, fouilla le premier étage, armé et prêt à faire feu si jamais le fantôme revenait.  Ainsi il termina de fouiller le salon, la cuisine et la salle à manger, jetant au hasard ce qu'il pensait pouvoir ressembler à un objet d'attache pour le fantôme.  À un moment donné il le vit par le biais d'un reflet dans un miroir.  Il s'agissait d'un homme d'une grande stature, musclé, sans doute dans la vingtaine.  Il portait des vêtements anciens qui rappelaient les tenues que les cultivateurs portaient.  Quand Brian se retourna pour tirer, il avait déjà disparu, sans doute attiré par les pas de l'ange qui circulait au deuxième étage.

- Fait attention Ana, il vient d'apparaitre puis de disparaitre, il est peut-être parti te voir!

Sur ce il attrapa un vieux panier en osier, une canne qui trainait un peu plus loin et ayant sans doute déjà appartenu au fantôme, puis une toile sur laquelle était peinte un champ de maïs au bout duquel on apercevait une grange rouge à la toiture argentée.  Le tout aboutit dans les flammes de plus en plus grosses et voraces du feu de foyer précédemment allumé.

Brian allait s'attarder à une décoration qui pendait d'une fenêtre lorsqu'Anaëlle apparut avec, au creux de ses mains, une petite boite de bois qui était fermée.  L'objet était vieux, très vieux mais surtout très joli.

- Oui, il y a de bonnes chances que ça soit ça en effet...

Mais lorsqu'il voulu l'ouvrir pour en analyser l'intérieur, le fantôme apparut près de lui et le poussa vers le feu.  Brian chuta sur le sol, freina son élan en s'appuyant directement sur des objets en flammes.  Rapidement il retira sa main non sans grimacer, chercha son fusil qu'il arma, hurlant à Anaëlle de lancer la boite dans les flammes.

- Tout de suite! Là! Maintenant! Lance la boite dans le feu!

Ce qu'elle fit sans hésiter, alors que le fantôme réapparaissait tout juste derrière elle, vêtu de sa salopette de jean et sa chemise à carreaux aux manches retroussées.

- Attention derrière toi!

Puis, comme le fantôme s'apprêtait à frapper Anaëlle à l'aide d'une hache sans doute repêchée à l'extérieur, il prit tout à coup feu, disparaissant en fumée en un clin d'oeil.

- Oh la vache c'était moins une!

Encore assis sur le sol, Brian recommença à respirer.  Il avait eu très peur pour son amie, même si elle était un être céleste capable de s'auto-guérir.

- Va savoir ce que contenait cette boite!  Cela restera sans doute un mystère...

Il se tourna vers le foyer, là où la boite était encerclée de feu.  Dans quelques secondes, il n'en resterait plus rien. Anaëlle avait visé juste en la recueillant puisqu'elle était ce qui retenait le fantôme dans cette demeure depuis tant d'années.

Le chasseur se releva, satisfait de la conclusion de cette chasse.  Ça avait été rapide, expédié.  Le propriétaire des lieux serait content, il pourrait enfin réussir à ventre la demeure sans que d'autres meurtres y soient commis.