III.05 - Comme chien et chat - Astarielle

C'est le matin, dix heures, Chris se réveille comme une fleur. Ou presque… Alfred pénètre dans sa chambre pour en ouvrir les rideaux sans crier gare.

« Il est l'heure, maître Butler ! »

L'héritier grogne et sort de son lit, enfile une robe de chambre en satin et s'en va tranquillement à son petitpetit-déjeuner préparé par le majordome. Quand enfin le repas est avalé il lâche les premiers mots de la matinée.

« Bonjour Alfred. Un jour vous saurez que le samedi est un jour où il est illégal de se lever avant midi. »
« Vous devriez faire la suggestion au gouverneur. »

Alfred lui souriait, paternel, l'homme, maintenant vieux était toujours fidèle au poste. Chris lui avait bien proposé de prendre sa retraite mais l'homme avait refusé, il était et resterait au service des Butler. Le milliardaire rit légèrement et s'en alla à ses exercices. Pompes, abdominaux, traction, katas et tir à l'arc. L'homme ne se ménageait pas, il faut souffrir pour être beau. Il ne réapparut que pour l'heure du déjeuner, comme à son habitude parfaitement vêtue. Costume sur mesure gris, chemise blanche et cravate bleue. A son poignet, la montre du samedi, une rollex en argent, sa préférée.

« Alors Alfred, que prévoyez-vous pour ce samedi pluvieux ? »
« Moi, rien, mais vous vous devriez passer voir la jeune Eallie, j'ai pris la liberté d'entrer son adresse dans votre GPS et de vous préparer une bouteille de château la tour millésime 1992 »

Ces mots eurent un effet surprenant sur le jeune Butler, même pour le vieux majordome. Chris enfourna son déjeuner en trois bouchées, peut-être moins, se leva d'un bond, couru à la salle de bain, se prépara rapidement, quand il en sortie, il était prêt à montrer à Huntfield ce que le mot « classieux » voulait dire. Il se présenta à Alfred, comme un gamin devant son père pour l'inspection générale et celui-ci hocha brièvement la tête.

A nouveau, en trois pas ou peut être moins, l'héritier se retrouvait sur le siège conducteur de son Aston Martin. Pas de clé à cette voiture, il entrait dedans, les systèmes s'allumaient. Un bouton sur lequel appuyer et le levier de vitesse sort du châssis, le volant sort du tableau de bord et son siège s'avance pour qu'il soit dans une position idéal pour la conduite. Puis enfin, le moteur rugit. Quel bruit, une ode à la route.

Dernière vérification avant le départ. Le vin est là, l'adresse est reconnue par le GPS, pas de faux plis sur le costume… C'est l'heure du départ. La voiture s'engagea dans la rue, puis le milliardaire put faire le vide. Dans sa voiture, il était seul avec son moteur, plus rien d'autre ne comptait que sa conduite. Rapidement il arriva à destination. Il gara la voiture sur le regard incrédule de certains passants qui n'avaient sans doute pas l'habitude de voir pareil véhicule dans le coin. Puis Chris descendit tranquillement, puis se dirigea à l'adresse indiquée par son père de substitution. L'air confiant et décidé, il posa le doigt sur la sonnette, s'ornant de son habituel sourire de coin à la touche arrogante. Il était temps de retrouver une autre vieille amie.

En un bruissement d'ailes, Astarielle apparût dans l'appartement luxurieux de la jeune Ealie Turner. Ealie était en effet fille d'une famille qui avait réussi a faire de très bonnes affaires pendant fort longtemps, d'ailleurs c'était toujours le cas sous les mains de sa mère. C'était d'ailleurs comme cela que la jeune femme, encore étudiante, avait eu le loisir de disposer d'un si beau appartement. Certes, il n'était pas non plus dans une ville de renommée mondiale comme New-York, mais justement cette tranquillité avait plus à la jeune femme à l'époque. Maintenant, l'humaine devait rire jaune car une chose était sûre... La ville était loin d'être un havre de paix.

L'ange s'approcha donc de la baie vitrée. Le soleil était à présent haut dans le ciel, annonçant l'heure de répit pour l'ange. Certes, elle allait continuer un peu dans la journée, mais elle ne voulait pas non plus être exténuée... Même si techniquement, elle n'avait pas besoin de sommeil, elle avait besoin de se concentrer et d'ouvrir son esprit pour être efficace au combat. Elle observa donc la ville a travers la baie vitré et se surprit à voir son reflet. Ses cheveux étaient en bataille, la terre et la poussière se mêlaient au sang des créatures et peut-être des humains qu'elle avait rencontré cette nuit. Non vraiment, elle devait faire quelques chose.

La belle soupira et alla dans la salle de bain. Pour elle, cette salle était tout simplement magique, même si techniquement, elle n'en n'avait pas besoin. Elle laissa couler l'eau chaude le long de ses doigts et en un claquement de doigt, la voilà tout fraîche. L'ange avait revêtu la robe blanche et bleu ciel qu'elle adorait tant. Oui, Astarielle avait un penchant pour les robes et ceux depuis qu'elle était allée à la cours de Louis XIV. Certes, les robes n'avaient plus rien à voir avec l'autre, mais c'était un souvenir agréable.

L'ange se dit alors qu'il était temps pour elle d'aller méditer pour reposer son esprit. Elle saisit quelques bougies qu'elle disposa sur le parquet dans le salon. Les rayons du soleil venait éclairer la pièce d'une douce lumière automnale. C'était la saison préférée d'Ealie car pour elle, c'était à cette période que les plus belles couleurs se révélaient. C'était vrai que c'était très jolie si l'on y prêtait attention. D'un regard, Ealie alluma les cinq bougies réparties au sol. Elle ferma les yeux et commença sa médiation...

Soudain, l'on sonna. Elle ouvrit alors son regard vairon surprise. Qui pouvait donc venir rendre visite à Ealie Turner ? Les chasseurs n'avaient pas l'adresse de l'ange, ils suffisaient qu'ils appellent pour qu'elle apparaisse les veinards. Quant aux connaissances d'Ealie, elle n'avait pas prévu de les voir aujourd'hui. Elle se leva donc discrètement, pour aller regarder à travers le judas qui se présentait. La surprise qu'Ealie ressentit fut si forte que l'ange l'a ressentie également. Elle comprit alors qu'elle n'avait pas vraiment le choix et devait ouvrir.

Elle inspira un bon coup, tentant de se mettre dans le personnage de sa petite humaine préférée. Elle aborda alors un immense sourire avant d'ouvrir la porte. Les souvenirs de son hôte accessible, elle savait pertinemment à qui elle avait affaire. Elle savait aussi que ce jeune homme connaissait parfaitement l'humaine...

« Chris ! Qu'est ce que tu fais là ! ? » demanda-t-elle joyeusement en ouvrant grand la porte et en le laissant entrer. En effet, il n'avait en théorie rien faire à Huntfield. Elle l'observa quelques instants, il était plutôt mignon pour un humain. Tout du moins, Ealie le savait sexy pour la gente féminine, mais ce n'était pas pour autant qu'elle se laissait faire. D'ailleurs, l'ange crut comprendre qu'ils étaient du genre à se lancer des piques... Elle eut alors une petite idée pour rentrer mieux dans son personnage.

« Ca me fait plaisir de te voir ! Dis donc toi... tu n'aurais pas un peu grossi depuis la dernière fois ? » demanda-t-elle avec un petit sourire goguenard. Du haut de son mètre quatre-vingt dix, Ealie était vraiment minuscule...

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