III.06 ¤ L'écho d'un sombre futur

Vendredi 22 octobre 2010

Ithuriel était toujours roulée en boule dans un coin de sa chambre miteuse. Elle n’en avait pas bougé depuis qu’elle était revenue de ce voyage dans une autre réalité. Un futur hypothétique ayant laissé sa marque sur la jeune femme. Et pour cause : elle était hantée par cette image d’elle-même se dressant fièrement au sommet de cette estrade, toute de blanc vêtue et auréolée de puissance, et clamant haut et fort son allégeance à l’archange renégat supposé être son ennemi depuis des milliers d’années. Elle n’arrivait toujours pas à en croire ses yeux. Et pourtant, elle ne pouvait se méprendre sur ce qu’elle avait vu là-bas. Elle était bel et bien passée dans l’autre camp et servait à présent celui qu’elle avait combattu jadis dans le Jardin d’Éden et dont elle s’était évertuée d’empêcher le retour sur Terre. Comment était-ce possible ? Elle n’arrivait pas à comprendre. Et encore moins à y croire.

C’est pourquoi elle n’avait pas la force de se remettre debout et de reprendre sa vie là où celle-ci s’était arrêtée la veille. Peu importe sa grâce volée. Peu importe le démon ayant mis la main dessus. Elle n’avait que faire de savoir ce pour quoi il en avait besoin et à quoi elle lui servirait. Plus rien n’avait d’importance pour le moment. Ithuriel était complètement déconnectée de la réalité et uniquement focalisée sur ce qu’elle avait vu dans cette autre réalité. C’était comme un écho assourdissant ne cessant de repasser en boucle encore et encore dans sa tête.

— Ne sois pas idiote, Ithuriel, lui avait dit son double. Nous savons toutes les deux que tu ne feras pas le poids face à moi. Et nous savons aussi toutes les deux que je ne m’en prendrai pas à toi. Tu dois vivre pour devenir ce que je suis aujourd’hui. Tu dois vivre pour affronter la vérité et comprendre que toute ton existence n’a jamais eu la moindre valeur aux yeux de notre Père. Tu dois vivre pour rallier Lucifer dans sa conquête de l’univers. Tu auras besoin de lui autant qu’il aura besoin de toi.

La vérité ? Quelle vérité ? Que devait-elle découvrir au juste qui soit susceptible de lui ouvrir les yeux et de la pousser à rejoindre le camp de son ennemi juré ? Cela n’avait pas de sens. Aucun. Mais ce qui en avait encore moins, c’est ce que la version démoniaque d’Ithuriel avait ajouté juste après :

— Mais c’est déjà fait, tu as déjà rejoint son camp, ma douce Ithuriel. Tu t’es déjà engagée dans cette voie depuis que tu as chuté sur Terre.

Était-ce donc cette vérité qu’elle devait affronter en face ? Non. Cela n’avait aucun sens. En quoi le choix qu’elle avait fait de se couper les ailes et de chuter pouvait-il avoir un lien avec Lucifer ? En dehors du fait qu’elle avait délibérément choisi de rompre tout contact avec le reste de sa famille, cela ne voulait en aucun cas dire qu’elle consentait à servir sous l’étendard du Serpent. C’était deux choses complètement séparées. Jamais elle n’avait ne serait-ce qu’imaginer cette possibilité. Lucifer était l’antithèse de tout ce pour quoi elle vivait et se battait. Le rejoindre n’avait aucun sens. C’eut été même la dernière chose qu’elle aurait pu consentir à faire. Était-ce donc pour cette raison qu’elle s’était liguée avec lui ? Était-ce parce que c’était là la dernière chose qu’il lui restait à faire ? Non. NON ! Même acculée au pied du mur et consciente que la fin était proche, jamais elle n’aurait pu s’abaisser à jurer allégeance et fidélité à ce monstre. Jamais ! Aussi ne comprenait-elle pas. Rien de tout cela n’avait de sens.

Soumise à une pression colossale tant elle avait de questions sans réponse tournant et tournant encore et sans arrêt dans sa tête, Ithuriel crut que celle-ci finirait sous peu par imploser tant la douleur devenait à la limite du supportable. Elle était réduite à l’impuissance. Impuissante à comprendre de quoi il était question exactement. Impuissante à faire disparaître la douleur dans sa tête. Impuissante à calmer ces émotions ayant pris le contrôle de son corps. Impuissante à oublier ce dont elle ne voulait en aucun cas se souvenir pour rien au monde. Et plus que tout : impuissante face à son impuissance.

Les joues couvertes de larmes, Ithuriel était amorphe. Le regard perdu dans le vide et la tête appuyée contre le mur au vieux papier peint décoloré, elle n’entendit même pas le bruit de moteur à l’extérieur de la chambre annonçant l’arrivée imminente de l’un de ses proches. Ce n’est que lorsque Maximilien la secoua plus durement en l’appelant par son nom qu’elle émergea enfin des tréfonds de sa conscience. Mais la réaction qu’elle eut en découvrant le visage du vampire n’était sûrement pas celle à laquelle il s’était attendu. Certainement pas même.

Cédant de plus belle aux larmes, Ithuriel se jeta au cou du vampire et laissa libre court à ces émotions sur lesquelles elle n’avait absolument aucun contrôle. La honte. Le dégoût. La tristesse. La colère. Tout se mélangeait et Ithuriel ne chercha pas à comprendre ni à faire le tri dans tout cela. Elle se contenta de pleurer et de verser toutes les larmes de son corps sur l’épaule de son ami. C’était bien la première fois depuis sa réincarnation sur Terre qu’elle était à ce point vulnérable.

Vendredi 22 octobre 2010

Maximilien était un homme bon. Pas comme les autres. Il chauffait sa moto. Sans casque ainsi que le vent dans les cheveux. Il devait vraiment et absolument réfléchir à ce qui venait de se passer. Cinq ans plus tard. Une vrai plaie. Lucifer aurait gagner la guerre et ainsi notre Ithuriel, son amour de sa vie aurait simplement pas fait grand-chose. Elle était simplement resté immobile tout le long. Il ne pouvait pas la blâmer pour cela, car le choc de voir ce qu'elle avait vu était vraiment quelque chose. Maximilien l,aimait de tout son coeur et n'allait pas l'abandonner à son sort. Il devait faire quelque chose et rapidement. Max décidait donc d'aller chez Lilian, enfin Ithuriel. Il fit demi tour et ce rapidement. Il devait se rendre chez elle. Elle avait besoin de lui et il le savait très bien. Il fit donc pleine vitesse sur sa moto pour se rendre chez elle. Il avait besoin de discuter avec elle. Ce qui semblait vraiment dingue de sa part, mais c'était le cas.

Même s'il roulait rapidement, il avait prit un moment pour se rendre chez elle. Une fois ici, il prit une pause, une petit pause. Un grand respire. Il but un petit sac de sang avant de cogner à la porte de sa bien aimé. Rien de plus rien de moins. Le vampire était impuissant face à la situation. Il ne pouvait pas faire grand-chose pour l'aidé sauf peut être être présent pour elle à tout moment.

-Ithuriel, Ithuriel…-

Maximilien sentait que quelque chose n'allait pas. Il savait de par ses sens aiguisé que la jeune femme n'allait pas bien. Et pas bien du tout. Il ne pouvait pas vraiment l'aider en ce moment concernant sa grâce, mais il pouvait l'aider pour bien d'autre chose dans la vie. Bien d'autre chose. Surtout en ce moment, mais cela n'était pas la raison pour laquelle il était ici présentement.

Un réaction que Max ne s'attendait pas à avoir cela était certains. Et cela n'allait pas changer de si tôt. Elle venait de lui sauter au cou, les larmes aux yeux. Elle était vulnérable et il le savait. Il n'allait pas profiter de la situation. Le vampire la serra dans ses bras gentilement et pas trop fort. Pour ne pas lui faire du mal. Max voyait un canapé dans cet appartement. D'ailleurs, Max se dirigeait donc avec Ithuriel sur le canapé s'assoyant là avec la jeune femme sur lui, Max jouait donc sans les cheveux de la jeune femme pas qu'il allait faire quelque chose de plus,

-Ithuriel, je sais que tu es sous le choc, mais parle moi & dis moi ce qui ne va pas…-

La réaction d’Ithuriel avait été pour le moins imprévisible. Les anges n’avaient pas pour réputation d’être très démonstratifs. C’était même tout le contraire. Les émotions humaines n’avaient aucun sens à leurs yeux et donc il n’était pas courant de voir l’un d’eux céder à une pulsion tout ce qu’il y a de plus humaine. Comme par exemple prendre quelqu’un dans les bras et pleurer sur son épaule pour se libérer de toute cette pression pesant sur ses épaules. Et c’est pourtant ce que venait de faire Ithuriel. Elle s’était jetée dans les bras de son ami Maximilien avant de laisser libre court aux larmes qu’elle avait tenté en vain de retenir depuis son retour de cette autre réalité. Le poids invisible pesant sur ses épaules avait eu raison de sa force de caractère et de sa volonté. Elle avait cédé à ses plus bas instincts de mortelle.

Et les secondes s’étaient égrenées sans que la jeune femme ait conscience du temps qui passe. Lorsque la voix de Maximilien parvint enfin à la tirer de sa catatonie et à la ramener dans le présent, la déchue se rendit compte qu’elle était assise à côté de lui sur le sofa. Comment était-ce possible ? Elle n’avait pas souvenir d’avoir traversé la chambre ? Elle n’avait pas non plus souvenir d’avoir quitté ce coin sombre dans lequel elle s’était recroquevillée Dieu seul sait durant combien d’heures avant que son ami ne vienne à son secours et ne la tire de ses pensées. C’est donc hagarde qu’elle balaya du regard son environnement avant de reporter son attention sur le vampire.

Maximilien venait de lui demander de lui parler et de lui dire ce qui n’allait pas. Mais que répondre au juste à cela ? Rien n’allait décidément. La déchue continuait de voir se rejouer cette sinistre scène dans sa tête : celle son double toute de blanc vêtue expliquant à ses compagnons que Lucifer avait remporté la victoire et que rien ni personne ne pourrait plus se mettre en travers de leur route. Comment une telle chose pouvait-elle possible ? Elle ? Au service de Lucifer ? Non ! Elle refusait d’y croire. Et pourtant, plus elle rejetait cette idée et plus celle-ci se faisait un malin plaisir à s’imposer de nouveau à elle.

— Hors de question que vous ne mettiez en péril tous les projets du Porteur de lumière, répétait la voix dans sa tête. Nous avons travaillé trop dur pour en arriver là. Nous ne vous laisserons jamais changer le cours de l’Histoire et nous priver de cette victoire qui nous revient de droit.

Un frisson s’empara de la déchue et celle-ci eut le sentiment que les ténèbres s’étaient refermées sur elle. Elle se mit à trembler dans les bras de Maximilien. Mais elle n’avait pas froid. Elle tremblait de peur et on eut dit que l’angoisse menaçait d’avoir raison de sa santé mentale.

— Lucifer m’a aidée à ouvrir les yeux, poursuivit la voix dans sa tête, écho d’un souvenir que la déchue aurait préféré oublier pour de bon. J’ai fini par embrasser la vérité.
— Non, gémit Ithuriel d’une voix quasiment éteinte. Non. Pas ça. Non…

C’est tout ce que Maximilien put obtenir d’elle pour l’instant. La jeune femme avait de nouveau sombré. Son regard était perdu dans le vide et elle continuait de trembler en secouant doucement la tête comme si elle tentait de toutes ses forces de se convaincre que quelque chose n’allait pas. Ce qui était vrai dans le fond. Quelque chose n’allait vraiment pas. Mais elle ne pouvait faire disparaître la voix qui hantait ses pensées. Elle ne pouvait la faire taire. Elle ne pouvait dissimuler l’éclat de son aura et de ses yeux emplis de haine et de malveillance. Était-elle véritablement destinée à devenir ce monstre ?

Ithuriel avait eu une bonne ou mauvaise réaction? Max ne le savait pas. Il n'y avait pas de bonne ou de mauvaise réaction à ce qui venait d'arriver à Ithuriel. Il n'avait certainement pas besoin de se le faire rappeler non plus. Ce n'était pas comme si elle riait de tout ses poumons et qu'elle faisait comme si rien n'était. Max ne s'attendait pas vraiment que Lilian soit toute joyeuse alors il restait là assis sur le divan. Il n'était pas assis seul , mais en compagnie de la jeune ange. Il ne restait pas vraiment de temps dans ce monde de fou. Une bonne chose non. Le vampire ne le savait pas trop, pour plusieurs raisons, il aimait Ithuriel et ne savait pas vraiment comment la consoler. C'était l'une des premières fois qu'il consolait. Pas qu'il n'était pas capable, mais cependant, Max ne savait pas trop quoi dire. Il y avait bien des choses dont on pouvait discuter.

Maximilien était un vampire depuis très longtemps. 344 ans pour être plus précis. Il avait vécu dans le temps des pirates. Étant un pirate lui-même. D'autre part, il avait vécu l'indépendance des États-Unis de la couronne de l'angleterre. La guerre civile américaine. Néanmoins pour les deux guerres mondiales, le vampire avait préféré rester en retrait dans les pays du sud de l'Afrique. Et maintenant, il était à huntfield et il ne pouvait pas vraiment changer le passé. Cependant, il pouvait bien entendu changer le futur en empêchant Ithuriel de simplement reprendre sa grâce. Une grâce tant convoité par l'ange de sa vie. Il ne pouvait pas par contre changer ce qui c'était passé dans ce monde de cinq ans plus tard. Le vampire aimait Ithuriel plus que tout. Ce qui était quelque chose de fou. D'imbécile de sa part, mais il ne pouvait pas changer ce qu'il aimait. Maximilien Argent était un vampire et un vampire aimait toujours et pour l'éternité. Il ne pourrait jamais au grand jamais aimé quelqu'un d'autre comme il aimait Ithuriel.

Une question qui n'était pas sans réponse. Non pas ça non? Max ne comprenait pas. Il n'y avait plus rien qui sortait de la bouche de la jeune femme. Il comprenait assez rapidement que Ithuriel était dans ses pensées et rejouaient les événements dans sa tête. Elle était terrifié et il ne pouvait rien pour elle. Il avait une solution que le vampire avait pensé il y a de cela quelque seconde, mais cette idée avait disparu depuis un long moment. Depuis, sûrement quelques minutes. Il comprenait très bien que Lilian était vraiment torturé par ce qui c'était passé et aussi sous le choc. Il ne savait vraiment pas quoi dire ou quoi faire. Il l'aimait plus que tout. Il devait la distraire, mais comment. Une histoire? Oui, sûrement. Une histoire de son passé? Il ne savait pas trop si cela allait la distraire.

-Je t'aime. Cela, tu le sais très bien. Je ne peux pas changer ta façon de pensé et tes valeurs à propos de moi. Par contre, je peux te dire que cela ne change pas ce que je ressens pour toi. Néanmoins, tu me rappelle deux femmes avec qui j'ai passé une importante partie de ma vie de vampire…Anne Bonny & Mary Read en personne. Je peux te parler de ce temps de ma vie si tu le désire.-

Max prit une petite pause avant d'ajouter…

-Je te rappelle ce que nous avons vu dans le future n'arrivera peut-être jamais. Et je t'aiderai si jamais tu veux retrouver ta grâce ou bien si tu ne veux pas la retrouver cela en sera ainsi. Et je dois te dire que je ferai ce que tu désire.-

Max la serra un peu dans ses bras. Pas trop fort, afin de ne pas la blesser.

Ithuriel s’était égarée hors de la pensée et du temps. Elle était perdue dans ses pensées, hantée par les souvenirs de ce terrible voyage durant lequel elle avait été témoin de l’impensable. La scène ne cessait de se rejouer encore et encore sous ses yeux alors qu’elle avait quitté cet endroit apocalyptique depuis des heures déjà. Mais les fantômes de cet avenir incertain l’avaient suivie jusqu’ici. Et ils se donnaient un malin plaisir à la tourmenter en lui faisant revivre le pire moment de cette rencontre.

Néanmoins, au milieu de toute cette torpeur et de tout ce chaos ambiant, la déchue crut percevoir au loin la voix de son ami Maximilien. Et choisissant de suivre cet écho plutôt que rester focalisée sur cette monstrueuse créature ailée et auréolée de ténèbres qui lui renvoyait sa propre image, Ithuriel retrouva le chemin de la lumière et émergea une nouvelle fois de sa catatonie. Maximilien et elle n’avaient pas bougé cette fois. Ils étaient toujours assis dans le sofa. Et le vampire avait passé son bras autour de ses épaules pour la réconforter et lui montrer qu’il était là pour elle. Elle n’était pas seule.

Mais pour combien de temps encore ? Combien de temps encore survivrait Maximilien avant que cette abomination ne vienne pour le tuer lui aussi ? Car c’est bien ce que la déchue au service de Lucifer avait dit dans cette autre réalité. Elle avait tué Maximilien tout comme elle avait tué Astarielle. Elle avait ôté la vie de tous ses proches susceptibles de lui mettre des bâtons dans les roues. Comment aurait-elle pu faire une chose pareille ? C’était si… monstrueux. Horrible. Impensable ! Et pourtant… c’est bel et bien ce qui s’était passé dans cet avenir incertain. En serait-il de même dans cette temporalité-ci ?

Aux dires de Maximilien : non. Le vampire venait de lui rappeler que ce qu’ils avaient vu dans ce futur pouvait ne jamais arriver dans celui-ci. Mais Ithuriel ne put s’empêcher de se faire la remarque comme quoi il y avait également de fortes chances pour que cela arrive effectivement. Aussi est-ce la raison pour laquelle elle ne pouvait se résoudre à rejeter purement et simplement cette idée qu’elle puisse un jour changer de camp. Agir ainsi aurait été contre sa nature. Malheureusement, cela se révélait une véritable torture pour elle. Imaginer un seul instant qu’elle puisse… Non ! NON ! Jamais !

Refusant de sombrer de nouveau, Ithuriel concentra toute son attention sur la voix de Maximilien. Celui-ci avait poursuivi sur sa lancée en lui disant qu’il l’aiderait quoi qu’il arrive. Que ce soit pour retrouver sa grâce ou alors au contraire l’en tenir éloignée le plus possible. Il ferait tout pour elle. Il était vraiment prêt à tous les sacrifices possibles ou imaginables. Ithuriel ne sut que répondre à cela. Pour la simple et bonne raison que le doute s’immisça une fois de plus en elle. Et si c’était à cause de cela que Maximilien se faisait tuer finalement ? Et si en choisissant de lui offrir son aide comme il venait de le faire, le vampire se condamnait à une mort certaine ? Non. Ithuriel refusait de mettre en danger la vie de son ami. C’était hors de question qu’il prenne autant de risques pour elle.

— Non, tu ne devrais pas dire ce genre de choses, Maximilien, souffla-t-elle finalement d’une fois quasi éteinte. Pas après ce dont on a été témoins dans cet avenir incertain. (Elle marqua une pause et releva les yeux vers lui.) Qui sait si tu ne subiras pas le même sort que… Non. Je refuse que tu mettes ta vie en danger pour me venir en aide. Je ne supporterai pas d’être la cause de ta disparition. (Elle marque une autre pause.) C’est tout ce que je te demande, Maximilien. Ne risque pas ta vie pour moi.

Elle finit par détourner les yeux et se remit à fixer le vide un moment. Puis sa voix s’éleva de nouveau et elle demanda :

— Ce n’était pas un rêve, n’est-ce pas ? Ce qui s’est passé là-bas était bien réel ? (Elle marqua une autre pause. Elle connaissait d’ores et déjà la réponse à ces questions.) J’aimerais tant que tout ceci n’ait été qu’un mauvais rêve et rien de plus. Savoir que je suis peut-être « destinée » à devenir cette… chose. Je n’arrive pas à effacer cette image de mon esprit, Maximilien. Elle me hante comme un cauchemar que je suis condamnée à revivre même éveillée. Je la revois… Je me revois. En permanence. L’arme à la main et prête à… prête à… (Sa voix se tut.) Maximilien, je t’en prie. Dis-moi que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve. Dis-moi que tout s’arrangera et que rien de tout ceci n’était réel. Je t’en prie.

La déchue avait relevé la tête vers Maximilien. Elle avait les larmes aux larmes. Elle était suppliante et à des années lumières de la créature céleste pleine de confiance en soi et d’autorité qu’elle était jadis. Elle était impuissante et fragile. Une créature sans défense ayant besoin qu’on lui mente en la regardant dans les yeux tout en sachant la vérité sur ces mensonges. Elle ne parvenait pas à se convaincre seule que tout ceci pouvait être évité. Elle avait besoin que quelqu’un lui mente à sa place pour la convaincre.

Le vampire se demandait vraiment ce qu'il faisait en se moment, car il y avait beaucoup de chose en ce monde que le vampire ne voulait pas faire. Mais, il faisait quand même ce qu'il devait faire. Une chose qu'il ne ferait jamais en ce monde. C'était d'abandonner Ithuriel à son sort. Il ne pourrait pas vivre sans elle. Il ne pourrait jamais survivre sans elle pour la simple raison qu'il l'aimait. Maximilien avait été un mauvais vampire dans un temps.

Néanmoins, Maximilien savait très bien que Ithuriel savait d'une certaine manière que Max avait été un mauvais hommes dans son passé. Il avait fait de mauvaises choses dans sa vie, mais jamais est ce qu'il pourrait faire une bonne chose. Il aimait bien sa relation avec Ithuriel. Il l'aimait et il savait très bien qu'elle l'aimait, mais elle ne l'avourais jamais.

Pour le moment, le vampire avait la jeune femme dans ses bras. Elle était dans une sorte de dépression. Mais le vampire restait un auprès d'elle en tout tant. Notre vampire la tenait dans ses bras et ne bougeait vraiment pas. Il prenait son temps pour respirer. Il n'avait pas besoin de boire grand sac de sang, car il n'avait pas soif. Soif de sang n'était pas dans son intérêt. Pour le moment, le vampire voulait rester à ses côtés.

Le vampire ne bougeait pas en effet, il se rappelait exactement ce qui ce produisait en ce moment. Il avait déjà été dans une situation comme celle-ci par le pasés. Avec Anne et Mary, mais cela était une trop longue histoire selon lui. Mais pour le moment cela n'avait vraiment aucune importance. Mais en ce moment même, il devait s'occuper de sa bien aimé.

Elle refusait donc que Max mette sa vie en danger pour lui venir en aide. Max s'en fouttait un peu en ce moment, mais il ne pourrait pas rester assis sur un banc à rien faire pendant que sa bien aimé souffre à l'intérieur. Il ne le pouvait pas. C'était hors de question. Max la regardait donc un moment.

-Je te mentirais si je te disais que je ne ferais rien. Néanmoins, Je dois te dire que tu me connais mal très mal d'ailleur. Je ne peux pas rien faire. Oui, je suis un vampire, mais je suis un homme avant tout. Et nous les hommes lorsqu'on tombe en amour avec une femme, on fait n'importe quoi pour celle-ci, même risquer notre vie.-

Max prit une petite pause…

-Et ce qu'elle le veuille ou non. Donc, Ithuriel, je mettrai ma vie en danger et si je dois me retrouver au purgatoire, et bien sois, je trouverai un moyen de revenir dans le monde des hommes. -

Maximilien n'avait aucunement peur de la mort contrairement à ce que certaine personne penssait en ce moment même, mais cela ne changeait absolument rien pour le moment. Il ferait tout pour cette ange, n'importe quoi. Pas pour rien au monde que le vampire allait se mettre dans la merde avec Ithuriel.

-Et si je n'agis pas, tu me blâmeras pour le reste de ma vie. Et je ne voudrais pas que tu me blâmes de n'avoir rien fait pour t'aider.-

Le vampire se demandait un long moment. Il se demandait quoi? Il ne le savait pas trop. Il décidait donc d'écouter sa bien aimé dire un mot ou deux, car elle en avait des choses à dire. Bien des choses à dire. Mais pouyr cela, il fallait écouter. Un rêve? Non, ce n'était pas un rêve. Et un rêve oui selon lui. Mais bon, le vampire ne pouvait pas nier la demande d'ithuriel. Elle voulait que Max lui dise que tout ceci n'était qu'un simple rêve. Il le pouvait, mais cela n'était pas la réalité de la chose, néanmoins, il le ferait quand même.

-Ithuriel, Lilian, je dois dire que je sais plus comment t'appeler. Tout cela était un mauvais rêve. Et tout s'arrangera. Rien de tout ce qui est arrivé était réel…-

Maximilien, le vampire la regardait, un moment. Les larmes coulaient sur ses yeux. Le vampire avec une main, vint essuyer ses larmes. Il lui donna un baiser sur son front. Puis un moment, Max jouait un peu dans ses cheveux…

-Rien de tout ceci n'était réel…-

Les démons de la déchue continuaient d’étendre leurs sombres ailes dans un coin obscur de son esprit. Mais Ithuriel fit de son mieux pour les ignorer et concentrer toute son attention sur Maximilien. Il était comme une bouée à laquelle se raccrocher tandis que l’océan déchaîne sa force colossale autour d’elle. Il était comme un phare dans la nuit l’empêchant de s’égarer dans les épaisses ténèbres. Mais combien de temps encore pourrait-il continuer à tenir ce rôle ? C’est la question qui avait traversé l’esprit de la déchue. Raison pour laquelle elle avait mis son ami en garde en lui demandant de ne pas dire ce genre de choses. Ithuriel refusait qu’il risque sa vie pour elle. Elle ne souhaitait pas avoir la mort du vampire sur sa conscience en plus des autres erreurs qu’elle avait d’ores et déjà commises dans sa vie. La disparition de Maximilien serait la goutte de trop et elle ne pouvait tolérer une telle chose.

Néanmoins, le vampire ne semblait pas d’humeur à accéder à la requête de la jeune femme. Il resta un moment à la fixer sans dire un mot avant de finalement déclarer que ce serait lui mentir que d’admettre qu’il ne ferait rien pour elle. Dans le fond, monstre ou pas, il restait un homme et c’est pour cette raison qu’il ferait n’importe quoi pour elle. Par amour pour elle. Et ce qu’elle le veuille ou non. Chose qu’Ithuriel était peinée d’entendre. Certes, cet aveu faisait naître une douce sensation dans sa poitrine, mais force est d’admettre qu’elle éprouvait en même temps une certaine gêne. Elle ne voulait pas voir son ami se faire tuer pour la simple et bonne raison qu’elle était partagée. Elle tenait à lui, un fait qui n’était plus à démontrer désormais, mais elle n’était pas certaine d’être capable des mêmes sacrifices pour lui.

C’est cette soudaine révélation qui lui avait fait détourner les yeux et fixer intensément le vide en silence. Si les rôles avaient été inversés, comment elle-même aurait-elle réagi ? Aurait-elle dit mot pour mot ce que le vampire venait de lui dire ? Aurait-elle été prête à sacrifier sa vie pour lui ? Elle voulait se convaincre que oui, mais le doute était permis. Elle tenait à lui et elle éprouvait des difficultés à imaginer un monde sans lui maintenant qu’il se tenait là à ses côtés et qu’il tentait par tous les moyens de la rassurer et de faire en sorte qu’elle se sente enfin en sécurité. Mais n’était-elle pas partie sans un regard en arrière la dernière fois que leurs routes s’étaient croisées ? N’était-elle pas retournée aux Cieux sans plus vraiment penser à lui ? Il avait toujours été présent dans ses pensées, mais certainement pas comme elle l’avait été dans les siennes. Les anges n’étaient pas des créatures supposées concevoir et comprendre l’amour. Tout ceci était si confus et perturbant.

Désireuse de fuir ces sombres pensées qui menaçaient de faire revenir les démons de ses cauchemars, la déchue avait relevé la tête en suppliant son ami de lui dire que tout ceci n’avait été qu’un mauvais rêve. Et c’est ce qu’il fit. La fixant droit dans les yeux, il lui dit d’une voix vibrante de conviction que tout ceci n’avait été qu’un mauvais rêve et que tout s’arrangerait. Que rien de tout ceci n’avait été réel. Et Ithuriel soutint son regard un long moment. Jusqu’à ce que ses yeux humides ne fassent rouler une larme sur sa joue humide et que Maximilien la fasse disparaître d’une douce caresse. Le vampire embrassa alors la déchue sur le front et Ithuriel sortit de sa catatonie en hochant la tête et en se penchant vers lui afin de la caler dans le creux de son cou.

— Oui, répéta-t-elle d’une voix tremblante, rien de tout ceci n’était réel…

Rien de plus qu’un mensonge et elle le savait. Mais elle voulait se convaincre du contraire tant qu’elle n’aurait pas la force d’affronter en face la traumatisante vérité. Et force est d’admettre que la présence à ses côtés de Maximilien l’aidait à chasser ses sombres pensées et ses monstrueux démons. Cela n’avait été qu’un simple rêve. Un mauvais rêve. Maximilien le lui avait dit et elle pouvait avoir confiance en lui. Il ne lui mentirait jamais. Jamais. Elle pouvait le croire sur parole. Rien de tout ceci n’avait été réel. Rien.

— Lilian, souffla-t-elle alors dans un murmure presque éteint. Appelle-moi Lilian.

Elle associait pour l’heure son véritable nom à la monstrueuse créature qui avait juré allégeance à Lucifer dans un avenir pas si lointain. Il était encore trop tôt pour qu’elle fasse la part des choses. Mieux valait selon elle ne pas faire usage de son nom céleste dans l’immédiat. Elle devrait au préalable faire le point sur ce dont elle avait été témoin et digérer les choses à tête reposée. Lilian ferait parfaitement l’affaire en attendant. Au moins Lilian n’avait-elle rien à craindre, elle. Ithuriel voulait éprouver la même chose.

Et c’est ainsi que la déchue sentit ses paupières lourdes se fermer toutes seules. Le voyage dans le temps avait consumé toutes ses forces. De même que l’horrible spectacle auquel elle avait été confronté durant cette aventure. Elle était vidée et Morphée était venu réclamer son dû. Elle n’avait pas la force de résister à ses caresses et au chant de ses sirènes. Avant de comprendre ce qui lui arrivait, elle avait déjà sombré dans un sommeil sans rêve. Et ce grâce à la proximité de Maximilien et à la chaleur de son étreinte qui la rassurait et était synonyme de sécurité pour elle. Et l’espace de quelques heures durant, elle savoura son innocence loin de la vérité qu’elle aurait à affronter à son réveil. C’était toujours ça de pris…

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