III. 06. Nani ?! (ft. Saeko Nakagawa)

Dans la vie de chasseur, il n’y avait pas que la chasse. Il y avait aussi les courses. Cette horreur du quotidien qu’il fallait pourtant bel et bien faire. C’était une question de survie quelque part : avoir toujours de quoi se nourrir. Il fallait bien aller chercher de la nourriture afin de remplir son frigo et de cuisiner de bons petit plats. Il y avait aussi, les courses de la chasse...  

Bobby était dans une armurerie de Huntfield. Il y faisait des emplettes. Le barbu avait participé à une expédition pour se débarrasser des anneaux des Cavaliers de l’Apocalypse. Il était donc à court de certains trucs. Le vieux chasseur devait alors refaire le plein. Le souci en plus, c’était qu’il avait largué son sac à dos dans des geysers à la con – le but ayant été de s’alléger afin de traverser un maudit pont. Mais, tout allait bien, puisqu’il avait encore sa vieille casquette sur la tête et son crâne dégarni. Loin dans l’idée de se mettre à perdre du poids, la solution simple et efficace était toute trouvée : aller s’acheter un nouveau sac-à-dos. Bobby avait une bonne ardoise à l’armurerie. Le vieux ne gagnait pas d’argent... et se reposait sur une épargne qui n’était pas illimitée... Il devait avoir à tout péter une retraite ou une aide sociale... quelque chose de ce genre... Il avait aussi et surtout fait un pari avec l’armurier, sur le fait qu’il casserait sa pipe avant une certaine année, par un calcul de l’espérance de vie moyenne d’un chasseur, et, comme il était resté en vie... il avait gagné son pari. Il avait donc le droit à des p’tits prix voire une ardoise, et donc en gros, à une gratuité. On lui apporta les trucs habituels, notamment des munitions, pour deux armes en particulier : fusil et colt. Bobby n’avait même plus besoin de demander à force de passer dans cette armurerie. Il demanda juste en prime un sac-à-dos – ce qui était le p’tit truc inédit. On lui demanda alors si ça allait bien du coup. Il répondit par un air négatif de tête et un léger soupir d’ours mal léché. Bobby sortit comme d’habitude à demi-satisfait de ses "achats". L’armurier en avait l’habitude...  

Le vieux chasser sortit enfin de l’armurerie dans l’idée d’enchaîner sur le supermarché et les courses plus classiques. Il lui fallait des bières et de quoi manger. Il lui fallait, du sel aussi, et d’autres trucs utiles pour la chasse. Bobby avait toujours pensé qu'au final il fallait surtout faire de la cuisine pour s'en  sortir... ! Bizarrement, il ne lui fallait pas de whisky, en ayant déjà assez en stock chez lui. En fin de courses, il prévoyait de passer à l’église, afin de se rapprovisionner en eaux bénites. Il se disait que, tant qu’à faire, autant sortir qu’une fois, et ne faire qu’une fois les courses !

Dans l'idée, Bobby avait donc garé sa voiture, son van blanc, le long d’un trottoir près des commerces de la ville. Il était bien pratique ce van en contenance : Bobby pouvait y faire son stock pour facile un bon mois voire davantage. Il ouvrit les deux portes arrières et y déposa son sac-à-dos chargé de matériel de chasse. Il referma les portières du van blanc et sortit ses clefs de sa poche de veste de chasse. Bobby s’apprêtait donc à reprendre le volant. Il remonta le trottoir en longeant son van après avoir déposé ses affaires à l’arrière. Et..

Et soudain, dans cette même rue, il entendit une langue... à la fois étrangère et familière... étonnante à entendre par ici... mais familière pour lui... du japonais !?  Il eut un p'tit sourire nostalgique de passage. Il tiqua tout autant, les clefs dans les mains, et leva un peu visière de sa casquette, à l'écoute...