III.06 Un emplumé et un diablotin rentrent dans un bar...

Ah! New-York City, cette bonne vieille pomme grouillante de fourmis surexcitées par l'approche d'une des fêtes les plus attendues de l'année. Il n'y avait qu'à se placer au cœur d'un centre-commercial et observer la veille du Nouvel An faire des effets sur la race humaine. Vite courir acheter de quoi manger, se procurer le nécessaire pour être certain de ne pas se souvenir de la soirée à venir, trouver une broutille à offrir à un être aimé... De l'angoisse, de la colère, du stress. Balthazar aurait bien rit devant le chaos qu'il lisait dans les esprits humains s'il n'avait pas trouvé cela absurde.  Assis sur un banc, un journal sur les genoux (terminé en l'espace de quelques secondes et, comme à l'accoutumé, il n'y avait rien de nouveau sous le soleil), l'Être Céleste observait ces singes évolués s'affairer à leurs petites affaires. Au-dessus de lui, un dôme immense laissait voir d'épais flocons de neige s'échapper d'un ciel grisâtre. Son Père avait fait un excellent travail en créant la Terre, Balthazar devait lui accorder cela. Certes, le Tout-Puissant les avait lâchement abandonné quand Balthazar et tous les Anges du Paradis avaient eu le plus besoin de Lui, et ce sans laisser la moindre instruction ou un "merci" et "au revoir", mais tout de même... Balthazar pouvait au moins Lui accorder la beauté de la Terre... Non pas qu'aucun être crée par Dieu lui-même aurait osé dire le contraire! Cette planète était spéciale, et ce qu'elle offrait était -sans être unique- splendide. Tout sauf l'angoisse dont les Êtres Humains étaient dotés. Les Hommes avaient peut-être créé de merveilleuses choses aussi (à leur manière) que Balthazar avait essayé et apprécié au cours de la dernière année, mais il n'en restait pas moins qu'il détestait au plus haut point leur tendance à l'anxiété et à trop réfléchir. Après tout, ne finiraient-ils pas tous par mourir un jour ou l'autre? Autant en profiter et croquer la vie à pleine dent pendant qu'ils le pouvaient! Et, heureusement pour l'ange, c'était là ce que beaucoup d'humains feraient en cette belle journée d'hiver.

Ce fût ainsi que Balthazar se retrouva dans un appartement New-yorkais en compagnie de deux jolies jumelles qui avait décidé d'utiliser la fin d'année comme un bon prétexte pour briser toutes les lois de bienséance et ainsi accomplir leurs pensées les plus folles. Voilà ce que Balthazar appréciait chez les humains. Ne pas se poser de question. Suivre ses désirs et profiter de l'instant présent. Et avec Lucifer top-side et ses démons qui se faisaient toujours plus nombreux sur Terre, c'était peut-être là la chose la plus judicieuse à faire; jamais le futur de la race humaine n'avait été plus incertain (hormis peut-être lorsque leur Père avait été pris de colère et les avait rayés de la carte terrestre avec LE Déluge de tous les temps).

Après plusieurs heures passées en excellente compagnie, Balthazar apparût dans le bar au-dessus duquel se trouvait l'appartement qu'il avait occupé, une demoiselle à chaque bras. Leur murmurant des mielleries aux oreilles, il les quitta avec un baisemain pour chacune puis se dirigea vers le bar. Demandant le whisky le plus fort qu'ils avaient, l'ange ne put s'empêcher de remarquer que, malgré son sourire charmeur, la serveuse jeta un regard sur le côté, clairement sous le charme d'un autre. Regard rapide mais comme au ralenti pour un être céleste comme Balthazar. Aussi suivit-il la direction de son regard pendant que celle-ci allait pour lui servir son verre.

Oh, joie.

Comment Lucifer, un être aussi magnifique qu'il l'avait été, avait-il pu créer des êtres aussi immondes que les démons, Balthazar ne le comprendrait jamais (destruction et transformation d'une âme humaine ou non, les démons n'en restaient pas moins une création ignoble). Aussi, le fait que Balthazar n'avait pas remarqué la présence du cornu avant de l'avoir vu l'agaçait quelque peu. Mais qu'importe! Ce démon semblait profiter du Nouvel An tout comme Balthazar semblait vouloir le faire. Inutile d'aller chercher la petite bête en allant l'accoster, n'est-ce pas? Balthazar ne voulait pas se battre, et le petit diablotin semblait tellement apprécier la bouteille de scotch posée devant lui. Une bouteille des meilleures qualités et des prix les plus absurdes, si Balthazar ne se trompait pas.

En l'espace de quelques secondes, sa décision était faite. La serveuse termina de lui servir son verre et le lui tendit. Balthazar lui décrocha un sourire et une accroche qui furent tous deux poliment ignorés. Humpf.
Verre à la main, il marcha d'un pas sûr à la table du démon.

"Cette place est libre, je présume?"

Et, sans attendre de réponse, Balthazar s'y assit, buvant une gorgée de son verre avant de fixer l'homme assit en face de lui.

"Je dois dire que je n'ai pas l'habitude de voir mon charme naturel si facilement ignoré pour celui d'un autre. En particulier pour le charme de quelqu'un d'aussi immonde."

Oh. Cela lui avait échappé. Non pas que Balthazar avait jamais eu l'habitude d'être autre chose qu'honnête et direct (hormis, peut-être, avec ses supérieurs, autrefois, au Paradis). Peut-être, aussi, Balthazar aimait-il piquer ces interlocuteurs. Un petit plaisir malsain... Peut-être...
L'ange termina son verre en quelques gorgées et jeta un regard vers la serveuse.

"J'espère que tu n'as volé aucune baiser à la belle." Il s'invita de lui-même à la bouteille du démon et se servit un verre. "Non pas qu'elle serait difficile à convaincre. Je pense même qu'il en faudrait peu pour qu'elle se jette à tes pieds corps et... âme."

Les humains pouvaient vendre leurs âmes au diable ou à ses sous fifres, Balthazar n'en avait que faire. Libre-arbitre et tout ça (et il n'en avait réellement rien à faire). N'empêche que. Voir un sympathique être humain se jeter dans les bras d'un démon plutôt que dans les siens avait tout de même de quoi titiller sa fierté...

Spoiler:

Ah le scotch! Surtout le scotch de cet âge! C'était délicieux tout simplement. En ce moment, rien n'aurait pu faire en sorte de gâcher ce scotch. C'était ce que le démon des croisements croyait, bien naïvement. Il faut dire qu'il ne se serait pas vraiment attendu à ce qu'un emplumé décide de pointer le bout de ses plumes dans un endroit comme celui-là. Bon d'accord, ce n'était peut-être pas un club où les filles dansaient sur des podiums en se enlevant leurs vêtements graduellement, mais l'alcool coulait tout de même à flot. Méphistophélès était persuadé qu'il devait y avoir une loi ou un truc de genre qui disait que les anges n'avaient pas le droit de côtoyer ses endroits. Ou bien, comme plusieurs anges selon les rumeurs, celui qui avait fait son apparition dans le bar avait décidé de faire fit des règles et de vivre à sa manière. Donc, il avait choisi de venir dans un bar? Peut-être donc que cet ange était moins coincé que les autres? Peu importait au bout du compte. Il demeurait une créature céleste qui se devait de détester toutes créatures démoniaques. Cette haine coulait dans leur sang et était imprimée dans chaque pore de leur peau. Il n'était donc pas conseillé à un démon de côtoyer les anges. Pourtant, quand il avait finalement senti la présence de cet être, le démon aux yeux rouges n'avait pas pris la fuite comme l'aurait été la réaction normale. Peut-être était-ce aussi parce qu'il commençait à avoir de l'expérience avec les anges. Sa route avait croisé celle de plusieurs emplumés jusqu'à présent et jamais il n'en était ressorti trop blessé. Il avait toujours eux un moyen de pression dans ces occasions. En ce moment, son moyen de pression serait sans doute la foule présente dans le bar. Un ange ne permettrait pas qu'un démon se mette à tuer tous ces gens non?

De plus, le scotch était vraiment bon. Il ne voulait pas abandonner cette bouteille en mettant les voiles. Peut-être aussi que l'emplumé passerait son chemin et ne se rendrait pas compte de la présence du démon aux yeux rouges. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Même s'il avait demandé si la place était libre, l'emplumé n'attendit pas vraiment de réponse. En même temps, peu importe ce que Méphisto aurait répondu, l'ange aurait fait comme bon lui semblait sans doute. L'ange vint s'asseoir à la table du démon qui n'avait plus la moindre trace de sourire au visage. Il ne pouvait malheureusement pas virer cet être d'un simple mouvement de main. Il devait au contraire se montrer prudent. Ainsi, l'ange était offusqué puisque le démon était plus séduisant que lui (même s'il le traitait d'immonde...).

- Ce n'est pas tous qui me qualifient d'immonde, au contraire. J'ai choisi avec choix, je dois l'avouer. Cette mâchoire carrée et ce regard d'acier en font fondre plus d'une et plus d'un!

Il faisait preuve de narcissisme en ce moment, mais sans attaquer en parole son interlocuteur. Il ne voulait pas vraiment le provoquer non plus... quoi que peut-être un peu? Méphisto haussa un sourcil lorsque l'autre demanda s'il avait volé un baiser à la belle.

- Non rassurez-vous mon cher. Je n'embrasse que ceux qui le demande et en règle générale, ils en redemandent même. Cette fois, le démon souriait de nouveau. Je me contenterais bien de son corps, il est vrai...

Certes, certes. Le corps humain du démon était agréable au regard, et ce n'était surement pas Balthazar qui le nierait (quel gâchis!). Mais Balthazar avait ce quelque chose en plus (beaucoup de plusieurs "quelque chose", d'ailleurs, mais qui comptait?) que les humains n'avaient pas, lui permettant d'apercevoir le vrai visage de l'homme assit en face de lui. Et celui-ci n'avait rien de la beauté du physique humain. Une vision terrifiante pour un être humain, une moquerie de sa propre race pour Balthazar. Mais qu'importe! "Ne pas juger un livre par sa couverture", n'était-ce pas là ce que disait la dicton? Il fallait aussi avouer que la bouteille choisie par ce démon était vraiment excellente...

Les lèvres du corps habité par Balthazar s'allongèrent dans un sourire amusé tandis qu'il reportait son attention sur son interlocuteur. Le démon assit face à lui avait cette attitude "sûr de lui" et une certaine lueur dans le regard qui rappelaient fâcheusement à Balthazar sa propre vision de lui-même. Rares étaient les démons que Balthazar avait approché au point de voir dans leurs yeux autre chose que de la peur ou du défi. Rares aussi étaient ceux que Balthazar avait approché de son plein gré. Depuis le début de ses "vacances", les rares fois où cela s'était produit avaient été dans le but de récolter des informations sur un quelconque sujet intéressant pour Balthazar à ce moment-là. Et l'ange n'avait jamais laissé les démons repartirent vivant après leur petite discussion.
Aussi cette journée-ci marquait-elle un grand début dans la vie de l'être millénaires.

"Je me contenterais bien de son corps, il est vrai..."

Balthazar émit un son pour confirmer qu'il partageait l'avis du démon. La belle demoiselle en question devait avoir une trentaine d'années. Ses longs cheveux châtains étaient parfaitement attachés en une haute queue de cheval, ne laissant aucune mèche venir cacher son visage aux traits doux. Son corps habillé d'un tailleur noir et blanc laissait deviner quelques formes ici et là. Mais la chose la plus intéressante était sûrement les nombreuses expressions qui pouvaient être lues sur son visage. Souriante et sérieuse à la fois, elle avait le professionnalisme nécessaire pour travailler dans un tel lieu. Mais il y avait ce petit quelque chose au fond des ses pupilles qui la trahissait. Un goût du jeu. Quelqu'un qui aimait rire et s'amuser. Quelqu'un qui aimait vivre.

"Et dire que les Hommes s'interdisent d'eux-même les joies que le partage de la chair peut apporter. A quoi bon se voir offrir le libre-arbitre si c'est pour se refuser les plaisirs que la vie peut vous offrir!" Balthazar prit volontairement un air offensé et scandalisé, accentuant les mimiques au point du comique et de la satyre. Puis il sourit avant de lâcher un soupir et d'ajouter comme pour lui-même: "Cinq minutes avec chacun d'entre eux et..." Il ne termina pas sa phrase mais but le contenu de son verre, le vidant rapidement.

Balthazar était amusé. Peut-être cela venait-il de la présence même du démon qui coupait l'ennui qui s'était installé dans la vie de l'ange. Oh! Bien sûr que Balthazar ne pourrait sans doute jamais se lasser des joies que son libre arbitre gagné si récemment avait à lui offrir (après des millénaires et millénaires à obéir et se voir interdit la moindre chose? Impossible). Ou bien cela était-il lié au goût des jumelles qu'il pouvait toujours sentir sur les papilles de son réceptacle. Quelle qu'était la raison, l'ange voulait en profiter. Non pas qu'il faisait confiance au tas de fumée qui lui faisait face. Non, non, non. Mais celui-ci, tout comme Balthazar, ne semblait désirer aucun conflit avec la race opposée. Bien. Ils pouvaient donc tester une toute autre sorte de combat.

Alors qu'il surprenait le regard de la jeune femme dans leur direction, il lui fit signe de venir à eux. Et, tandis qu'elle terminait ce qu'elle avait à faire derrière son bar avec ses collègues, Balthazar reporta son regard sur celui du démon, lui esquissant un sourire et un haussement de sourcils suggestif (Et si on jouait?) La serveuse arriva peu après, gagnant l'attention de Balthazar. Ce dernier débuta d'abord le dialogue en lui posant quelques questions sur la boisson qu'ils étaient en train de déguster. Puis, petit à petit, Balthazar intégra à ses phrases ses mielleries habituelles. Tenter de gagner l'humaine tandis que le démon se trouvait là à côté de lui. Puérile, dite-vous? Probablement, mais Balthazar avait été traité de bien pire durant ses années. Les plaisirs de la vie était cependant divers et variés, et celui-ci faisait partie des plus simples qu'il existe. Pourquoi ne pas en profiter?

Méphistophélès n'était pas vraiment le genre de démon a plié devant qui que ce soit. Il baignait dans son orgueil, admirant sa personne et se faisant passer avant n'importe qui d'autres. Il savait respecter la puissance et la force. Il n'avait pas le choix non plus s'il désirait qu'on le laisse continuer d'exister et qu'il puisse continuer à être un marchand d'âmes prolifique. Il n'était pas parfaitement indépendant, s'était rangé du côté de Caym lorsqu'il existait encore certaines factions parmi les démons. Même si ces dernières n'existaient plus, le démon aux yeux rouges continuaient à donner une certaine partie des âmes qu'il récupérait au patron, soit Caym. Autre que lui, il n'avait que Lucifer en personne dont il reconnaissait l'autorité. Leur Père à tous. C'était tout a fait normal donc. Mais dans la nature profonde du démon, il n'en demeurait pas moins que si ce alliances pouvaient lui causer des ennuis, il ferait tout pour nier et se retrouver sain et sauf. Son existence avant celle des autres. Oui, même avant celle de Caym et de Lucifer. Même son frère démoniaque, même s'il adorait les jeux pervers qu'ils avaient, il le ferait passer après lui. Cela devait même être réciproque, il ne fallait pas se faire d'illusion.

S'il souhaitait vraiment ne pas être trop ennuyé et vivre son existence paisiblement, le démon aurait mis les voiles lorsqu'il avait ressenti la présence de l'emplumé. En règle général, Méphistophélès s'était promis de ne pas se frotter à toutes ces créatures célestes. Il savait qu'elles étaient plus puissantes que lui et qu'elles pourraient sans doute l'éliminer d'un simple touché, et pourtant, le goût du danger, de pimenter sa vie, l'avait fait rester. Le démon aux yeux rouges appréciait en fait ce sentiment, tant que cela ne deviendrait pas plus dangereux. Jouer avec le feu était toujours très satisfaisant, tant qu'on ne se brûlait pas... Mais l'emplumé semblait, tout comme le démon, vouloir éviter le combat. Se battre pour quoi? S'entre-tuer, ici et simplement pour gâcher la fête du Nouvel An? Non, il allait s'affronter sur un tout autre terrain.

- S'ils s'interdisent tous cela, c'est à cause de certaines paroles de votre Père si je ne me trompe... C'est lui qui est sadique, donnant le libre-arbitre pour ensuite mettre un paquet de règles! Pas très sympa de sa part!

Allait-il se brûler? Ce qu'il venait de dire n'était peut-être pas très prudent. Insulter Dieu devant un ange pourrait lui valoir bien des problèmes! Mais au lieux d'en venir aux poings, l'emplumé préféra venir a eux la barmaid. N'avait-il pas convenu lui aussi que le corps de la belle en valait la peine? D'ailleurs, il commença à prononcer de mielleuses paroles à l'oreille de la belle, là, devant le démon. Ce dernier leva d'ailleurs un sourcil d'étonnement devant cette attitude. Ce n'était pas un ange comme les autres. Par contre, Méphisto ne pouvait pas laisser cela se faire! C'était un jeu, cela il l'avait lu dans le regard de l'ange, mais un jeu que le démon se refusait à perdre! Il avait un atout dans son jeu, un atout qu'il allait jouer bien évidement. Il s'excuse rapidement, prétendant une petite envie pour se rendre un peu plus loin et sortir une fiole de la poche de son veston. Une petit potion confectionnée par une jeune sorcière. Ce que contenait la fiole lui permettrait d'entendre les pensées de la jeune femme et donc, lui dire ce qu'elle voulait entendre, faire les gestes qu'elle appréciait. C'était dans la poche ou presque. Il ne fallait pas que l'ange s'en rende compte.

Méphisto revint prendre place à la table et fit un sourire éclatant à la jeune serveuse. Coupant la parole de l'ange en lui lançant un regard satisfait, le démon commença à jouer à son tour. Il faisait rire l'humaine, la faisant aussi rougir une fois ou deux. L'ange devait bouillir intérieurement en ce moment, ce qui était encore mieux pour le démon des croisements que les sourires que lui rendait la jeune femme. La jeune femme s'excuse finalement, car elle devait aller travailler. Elle se leva et avant de partir, se pencha et murmura quelques paroles au démon, ce qui agrandit encore son sourire, si c'était possible! Elle retourna au bar, se retournant en chemin pour lancer un sourire à l'homme qui l'avait charmé. Suffisant, le démon porta désormais toute son attention sur l'emplumé. Il leva son verre dans les airs :

- À la santé de... comment elle s'appelle déjà? Edith! À la santé d'Edith qui a préféré la perversion à la chasteté!

Autant dire qu'elle avait préféré le démon à l'ange. Cela ne devait d'ailleurs pas plaire au perdant!