V.02 Bienvenue chez les morts! [TERMINÉ]

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On avait informé Jason, la veille, qu’aujourd’hui  il allait être assisté par une nouvelle employée du nom d’Ailsa Llewellyn. Il devait avouer que cela le faisait un peu stresser.  Le jeune homme n’avait pas l’habitude de travailler avec quelqu’un, faisant tout le travail pour le médecin légiste qu'il  assistait depuis maintenant environ deux ans. Le jeune homme ne pouvait seulement espérer que cela allait bien se passer et que cela soit qu’une collaboration d’une fois, car sinon cela lui poserait un gros problème pour récupérer les cœurs dont il avait tant besoin.

Ce fut donc légèrement stressé que Bennet arriva à la morgue afin de travailler. Lorsqu’il arriva, il tomba nez à nez avec une jeune femme  aux cheveux blond platines. L’assistant médecin légiste marqua une pause, s’arrêtant de marcher, hésitant. L’inconnue finit par se présenter, lui tendant au passage sa main. C’était donc la collègue dont on lui avait parlé. Le jeune homme s’empressa de lui faire un sourire accueillant et de ne serrer sa main, ni trop fort ni de façon trop faible, faisant bien attention à ce détail tout en parlant :

« C’est bien moi en effet. Enchanté de vous rencontrer. Vous pouvez m’appeler Jason si vous préférez, c’est comme vous voulez, cela ne me dérange pas. Je dois aller rapidement poser mes affaires et me préparer, cela ne prendra pas longtemps ne vous inquiétez pas, et nous pourrons commencer ! »

L’homme aux cheveux châtains avait lâché à présent de sa collègue et se dirigea rapidement vers son bureau où il déposa son sac qu’il portait sur le dos. Il attrapa ensuite sa blouse, alla rapidement laver ses mains même s’il allait porter des gants en latex et mit ces derniers avant de rejoindre Llewellyn, toujours en souriant.

« Je suis fin prêt, nous pouvons donc commencer. »

Bennet se mit donc à observer le corps et à analyser ce qu’il voyait. On pouvait voir de nombreuses blessures, si nombreuses qu’on pourrait avoir du mal à savoir par où commencer. Il fallait donc commencer par le plus voyant, qui était le fait que la cage thoracique de la victime avait était ouverte. Elle laissait donc voit les côtes qu’on avait forcées sur le côté, peut-être pour accéder à un des organes quelles protéger.  Tout semblait être là, sauf le cœur qui manquait à l’appel. Bennet sentit son sont se glacer. Était-ce l’un des siens qui avait fait cela ? Déjà que le crime était déjà horrible, si cela avait était un Skinwalker il n’avait pas fait cela que pour se nourrir. En effet, on pouvait voir d’autres blessures. Il manquait déjà à la victime plusieurs morceaux de sa chair, dont l’auriculaire de la main droite et l’oreille gauche. On pouvait aussi observer des blessures défensives, ce qui confirmait ce que Jason craignait, tout cela lui avait fait alors que la victime était encore vivante. Son assassin avait pris un plaisir malsain de la torturer avant de finir par l’achever en lui arrachant le cœur. Tout cela causait au jeune assistant médecin légiste d’avoir l’estomac noué. C’était vraiment affreux.

« On peut déjà observer que la cause du décès est le fait qu’on lui a arraché le cœur, qui semble être d’ailleurs le dernier organe manquant. Les autres  blessures sont ante mortem. Les lacérations laissent penser que le responsable de ce meurtre n’est pas humain, mais un animal avec une mâchoire assez forte pour faire de tels dégâts au niveau de la cage thoracique. Êtes-vous du même avis ? » Demanda Bennet à sa collègue, profitant du fait qu’il ne soit pas le seul à autopsier ce patient.

Jason paniquait. Ah oui, pour paniquer, il paniquait ! C’était l’apocalypse dans sa tête. Il ne savait que faire ou que dire, et cela à cause du tueur de la personne qui était à présent son patient. Le tueur n’était pas humain, et ça, oui ça, c’était un énorme problème puisqu’il n’était pas le seul à s’occuper de l’autopsie de sa victime. Alors, pour essayer de repousser le moment où sa collègue allait voir ce qu’il avait vu, le jeune homme avait prétendu devoir faire plus de tests. Évidemment, il n’allait pas pouvoir cacher la nature non humaine de celui qu’ils cherchaient. Est-ce qu’il allait donc devoir révéler à Llewellyn l’existence du surnaturel ? Il semblerait que oui. Allait-elle le prendre pour un fou qui s’est échappé d’un asile psychiatrique ? Très probablement. Si seulement l’assistant médecin légiste pouvait juste se cacher sous sa couette et ignorait le problème… Cela serait le paradis. Malheureusement, ce n’était pas une option. Quoique, il pouvait toujours essayer de partir en courant, déménager et disparaître à tout jamais…. Bennet devait vraiment se calmer là.

Alors que ce dernier était toujours en train de paniquer intérieurement, sa collègue parla et prononça « Lupus » et « la Bête du Gévaudan ». La première réaction du skinwalker fut de froncer les sourcils, avant d’entre-ouvrir la bouche comprenant ce que la jeune femme voulait dire par ces deux termes, connaissant d’ailleurs très bien l’histoire de la Bête du Gévaudan, une histoire qu’il l’avait fait frissonner lorsqu’il était encore petit.

« Vous êtes au courant de l’existence du surnaturel. » soupira-t-il, soulagé.

La panique de l’employé de la morgue avait complètement disparu. Tout allait bien, sa collègue connaissait le surnaturel. Cela facilitait vraiment les choses ! Pas besoin d’avoir peur de sortir une gourde et il pouvait parler librement. Par contre, cela soulevait une nouvelle question : comment cela se faisait-il qu’elle soit au courant ? Était-ce une chasseuse comme Alix ? Une créature dont il ne connaissait pas l’odeur ? Ou juste une humaine qui en savait plus que la plupart ? Trouvant que cela serait trop indiscret de demander cela, Jason garda sa question pour lui-même et se concentra sur son travail.

« Mais oui, je suis d’accord avec vous. Le cœur est manquant et d’après ce que j’ai compris les loups-garous mangent des cœurs humains, cela expliquerait aussi les mutilations sur le corps, ayant la force nécessaire pour les faire et ayant des griffes tout en gardant une forme humanoïde. » Expliqua-t-il. « En revanche, maintenant le problème est de savoir ce qu’on marque dans notre rapport d’autopsie, car on ne peut pas y écrire que c’est un loup-garou qui a fait le coup. On nous enverrait directement dans un hôpital psychiatrique… »

Oui, il y avait malheureusement toujours ce problème qui se posait…

Jason fut tellement soulagé lorsque sa collègue prononça deux mots qui l’informèrent qu’elle était au courant de l’existence du monde surnaturel alors que quelques instants au paravent il avait examiné la possibilité de s’enfuir en courant. C’est comme si on lui avait enlevé un énorme poids de ses épaules. La jeune femme sourit en lui confirmant ce que Bennet venait de dire. Ce dernier recommença à parler, bien plus détendu. Llewellyn lui s’exprima en mentionnant les skinwalkers et leur besoin de cœurs… mais qu’ils ne tuaient pas leurs victimes aussi sauvagement. Ne sachant pas s’il devrait ou pas révéler sa nature à la blonde, le skinwalker essaya de garder un air neutre et se contenta de rester concentrer sur leur cadavre qui avait besoin de leur aide.

« Oui, dans la plupart des cas, les skinwalkers tuent seulement, car ils n’ont pas le choix pour se nourrir, même si malheureusement certains aiment cela, c’est très rare. Ils ne vont donc pas torturer ainsi la victime. Je ne connais pas très bien les loups-garous, mais ce que vous dites me semble correct. C’est vraiment horrible… » Répondit l’assistant médecin légiste

Cette histoire de skinwalker qui mangeaient plus proprement et tuant par nécessitée réveillait en lui des mauvais souvenirs de l’époque quand il ne travaillait pas encore dans une morgue. Combien de personnes avait-il du tuer… ? Beaucoup trop. Mais l’homme se rachetait, il nourrissait d’autres personnes comme lui, ne tuait plus, et ainsi sauvant de nombreuses vies. C’était la seule chose qui lui permettait de ne pas se haïr complètement. Ce dernier sortit de ses pensées lorsque la jeune femme se remit à parler. Toute cette histoire semblait la bouleversait elle aussi. Elle n’avait pas vraiment un bon premier jour de travail la pauvre. Cela créa sur la bouche de Bennet un sourire compatissant. Llewellyn proposa ensuite une solution pour ce qu’ils devraient écrire dans le rapport officiel. Jason nota qu’elle s’était mise à le tutoyer, sans doute parce qu’elle se sentait plus à l’aise qu’au début de l’autopsie, ce qui le fit sourire, content.

« Cela me semble être la meilleure solution, car c’est impossible d’accuser un chien enragé sans qu’on nous rie au nez à cause des griffures. Il faudrait aussi éviter de parler de l’ADN retrouver sous ses ongles, je pense, car n’importe qui avec un minimum de connaissances scientifiques comprendra très rapidement qu’il est ni animal, ni humain, en s’y intéressant. »

Llewellyn parla donc des loups-garous, apprenant des choses à Jason qui ne connaissait pas beaucoup sur ces derniers. Même s’il faisait partie du monde surnaturel depuis maintenant un bon bout de temps, il n’avait commencé à vraiment en apprendre sur ce monde que depuis récemment, suite à ses nombreuses rencontres avec d’autres personnes qui en faisaient partie. Le jeune homme fut triste d’apprendre que les loups-garous prenaient un certain plaisir à tuer et aimaient torturer leurs victimes. Cela brisait le cœur de Bennet qu’une personne puisse aimer voir quelqu’un d’autre souffrir et être la cause de sa douleur. Il parla ensuite des Skinwalkers se basant sur ce qu’il savait et avait observé.

« Cela reste malheureusement possible, mais les Skinwalkers que j’ai rencontrés étaient tous des bonnes personnes avec une horrible malédiction. » Répondit le jeune homme

L’assistant médecin légiste s’était contentait de mentionner les personnes qu’il connaissait de savant pas encore s’il devait révéler à la jeune femme qu’il en était un ou non.  Après tout, peut-être qu’elle était une chasseuse qui allait vouloir le tuer s’il lui révéler sa vraie nature, on ne sait jamais ! L’homme décida donc d’attendre avant de lui dire, pour lui dire. Il remarqua ensuite que sa collègue était encore pâle. La pauvre, tout cela semblait réveiller en elle de très mauvais souvenir… Les deux employés de la morgue discutèrent ensuite de ce qu’ils devraient écrire dans le rapport final, ne pouvant pas mentionner de loup-garou dans ce dernier. Llewellyn proposa d’accuser un couguar et Jason avoua que c’était en effet une bonne idée tout en rappelant les problèmes de l’ADN du tueur pourrait leur causer des problèmes s’ils en parlaient. La jeune femme l’informa qu’elle était d’accord avec lui, ce qui était une bonne nouvelle. Elle lui posa ensuite des questions sur l’écriture du rapport final

« Je m’occuperai alors de bien prélever et détruire tout l’ADN que l'on pourrait trouver sur le corps au cas où que l'on pratique une seconde pour x ou y raison. On n’est jamais trop prudent ! Pour le rapport c’est comme tu préfères. Je peux t’expliquer comment en écrire un mais si tu as besoin d’un peu te reposer ou tu préférais ne pas encore parler de tous les détails sordides de ce meurtre, je pourrais toujours t’expliquer avec un autre cadavre. Je suis toujours disponible pour t’aider quand tu en as besoin ! » L’informa Jason, sachant que ce n’était pas toujours facile lorsqu’on commençait juste un nouveau travail.

Le jeune homme fit un sourire qui accompagnait sa réponse et celui de sa collègue. Cette dernière semblait bien plus détendue qu’avant, ce qui le détendait aussi et lui faisait plaisir. Elle lui demanda ensuite comment il connaissait l’existence du surnaturel et ce qu’il savait à ce sujet. Le jeune homme décida d’être franc avec elle. De toute façon, il ne savait pas mentir donc il n’avait pas vraiment le choix.

« Je connais certaines choses sur le surnaturel, mais je ne suis pas un expert sur ce sujet, j’apprends toujours. Je suis une créature. » Il fit une petite pause, hésitant un peu. « Un skinwalker pour être précis. Et toi ? »

Jason parla à Ailsa des skinwalkers sans vraiment préciser qu’il en était un pour l’instant. Il pensa à Vincent et Claire. Vincent, l’alpha qui allait l’aider à en savoir plus sur sa propre espèce, ce qui était tellement important pour lui, et Claire, son amie à qui il tenait vraiment. C’étaient deux personnes géniales qui subissaient un régime alimentaire horrible. Le sujet revint sur le corps, puisque ce dernier était très important. L’homme informa donc sa collègue qu’il s’occuperait de l’ADN du loup-garou. Il était peu probable que l’on refasse une autopsie, mais il vaut mieux prévenir que guérir, non ? La blonde lui demanda ensuite s’il préférait écrire le rapport d’autopsie seul ou s’il voulait lui montrer. Ne voulant pas la brusquer ou empirer son malaise à cause du corps, Bennet lui laissa le choix, lui proposant plusieurs options afin que sa collègue puisse choisir celle qui la mettait la plus à l’aise. Elle choisit d’apprendre avec la victime qu’ils venaient d’autopsier. Elle était courageuse !

« Parfait alors ! » Répondit le skinwalker

Alors qu’il allait commencer à lui expliquer comment il rédiger ses rapports, Aisla lui demanda comment il était au courant de l’existence du surnaturel. Après un peu d’hésitation, Jason lui révéla qu’il était un skinwalker, sans non plus préciser depuis combien de temps il en était un. Le jeune homme attendit, stressé, la réaction de sa collègue, espérant que ce n’était pas une chasseuse qui allait vouloir le tuer. Lorsqu’il vit son grand sourire, il devina que, heureusement, ce n’était pas le cas ! Ouf ! Elle lui avoua d’être content, n’ayant jamais rencontré un skinwalker avant lui. Le jeune homme sourit tout en se grattant l’arrière du crâne, un petit tic qu’il avait. Llewellyn lui révéla ensuite d’être une Vétala, une espèce dont Bennet n’avait jamais entendu parler avant aujourd’hui ! Il écouta donc attentivement l’explication de la jeune femme. L’espèce était presque éteinte, ce qui voulait sans doute aussi dire qu’elle n’était pas très connue. Elle avait deux cents ans ?! Ce n’était pas rien ! Apparemment, ils avaient en effet la jeunesse éternelle. La blonde lui expliqua ensuite qu’ils avaient un lien avec les vampires, mais que contrairement à eux, ils n’étaient pas obligés de tuer leur victime, ce qui était super. Elle avoua ensuite d’être soulagée que le jeune homme savait aussi pour le surnaturel. Il répondit en souriant :

« Moi aussi ! C’est rassurant de savoir qu’on n’est pas la seule créature ici. Par contre, je dois te prévenir que si tu retrouves des cadavres que j’ai autopsiés et à qui il manque des cœurs, c’est que j’ai dû le prendre soit pour me nourrir, soit nourrir un de mes amis… »

Il préférait la prévenir au cas où, on ne sait jamais, même si elle savait déjà qu’il avait besoin de manger des cœurs et qu’il connaissait d’autres skinwalkers. Bon, maintenant il fallait expliquer pour le rapport d’autopsie !

« Revenons à notre cadavre et à son autopsie. D’habitude ce que je fais durant l’autopsie c’est que je m’enregistre avec mon téléphone afin que je puisse noter tout ce que je fais facilement et que comme ça je dois juste tout bien organiser à l’écrit. Vu qu’on était deux à travailler sur cette affaire j’ai préférai ne pas le faire, ne voulant pas te mettre mal à l’aise. Ce qu’on va faire à la place ce qu’on va tout noter tout ce qu’on a vu à l’écrit sur une feuille et réécrira tout ça à l’ordinateur. »

Jason alla donc rapidement chercher de quoi écrire et commença à tout noter, disant ce qu’il écrivait à haute voix pour que sa collègue puisse savoir ce qu’il notait.

« Comme tu as vu j’ai commencé mes observations en partant du haut du corps en allant jusqu’en bas afin d’être sûr de ne rien oublier. C’est important d’être organisé. Maintenant que j’ai toutes les observations, on va passer à l’ordinateur. Suis-moi, on va aller faire ça dans mon bureau. » L’informa le jeune homme toujours en souriant. « Et n’hésite pas à me poser des questions si tu en as ! »

Ils allèrent donc dans le petit bureau que Jason occupait. Ce dernier déplaça la chaise qui se trouvait en face de son bureau pour la mettre à côté de la sienne, permettant à Ailsa de voir ce qu’il écrivait sur l’ordinateur portable qu’il venait de récupérer dans son sac et allumer.

« On va encore garder un certain ordre, mais à la place d’aller de bas en haut, on va plutôt tout classer dans ce que les blessures peut nous révéler, faisant ainsi des liens entre plusieurs d’entres-elles. »

Le skinwalker se mit donc à taper, écrivant ce qu’il venait d’expliquer.

« On vérifie ensuite qu’on a oublié aucune blessure grâce à la liste et si c’est bon, on a fini ! Tu as tout compris ? Après c’est juste ma technique, tu pourras la changer en fonction de comment toi tu travailles le mieux. » Expliqua l’assistant médecin légiste tout en n’ayant toujours pas perdu son sourire.