V.03 - Ghost on the Orient...No, in the train.

Cela faisait quelques jours que Paul Fiedler avait quitté Huntfield pour le travail. Non pas en tant que professeur des écoles mais en tant que chasseur. D'anciens contacts de Lawrence avaient eu vent de faits étranges dans la région du Nebraska sans pour autant réussir à mettre la main sur le fin mot de l'histoire. Et comme Paul faisait parti de leur liste de contact, ils avaient eu l'idée de faire appel à lui. Un appel que notre ami ne put refuser. Depuis qu'il avait frôlé la mort, il lui tenait à cœur d'aider un maximum de gens. Il s'accrochait à cette idée que si on lui avait offert une seconde chance c'était pour sauver le plus de vies possibles. Et quelque part, sombrant peu à peu dans des problèmes d'alcool, il savait qu'un tel voyage ne lui ferait que le plus grand bien.

Les premiers jours furent consacrés à récolter un maximum d'informations sur les morts que les médias avaient relaté. Et très vite, une concordance sauta aux yeux de notre chasseur puisque les victimes s'étaient toutes croisées au sein d'un séminaire sportif auquel ils avaient participé il y avait pile un an. Mieux encore, en usant de son détecteur EMF d’ondes électromagnétiques, Paul comprit très vite qu'il avait à faire à un esprit vengeur. Les questions du qui et du pourquoi restaient à élucider mais il savait qu'il était sur la bonne voix.

Ce fut le mercredi que tout se précipita un peu dans cette affaire. Une nouvelle victime fut annoncée sur la fréquence de la police et permit à notre faux inspecteur de se rendre rapidement sur les lieux de la mort. Là encore on retrouva les mêmes indices. L'homme avait une trentaine d'année comme les autres, avait participé au séminaire et des ondes électromagnétiques flottaient dans toute la demeure de la victime. Mais une différence de taille existait cette fois : il y avait une survivante ou plutôt un témoin. A force de cuisiner celle qui se trouvait être la femme de la nouvelle victime, il parvint à lui faire cracher une information importante : Il avait fait brusquement froid ce soir là chez eux et elle avait cru voir apparaître un certains Jack Verman avant qu'elle ne découvre le cadavre de son homme dans la cuisine. Pour elle c'était de la pure folie, car l'homme en question était mort l'année dernière lors d'un événement sportif auquel son mari avait participé et où ils avaient fait équipe. Et devinez quoi : Après recherche, notre chasseur eu la confirmation que toutes les victimes avaient fait parti de l'équipe de cet homme. C'était une certitude : Il avait trouvé son esprit vengeur.

Seulement, les choses ne pouvaient pas être simples pour la suite. Sinon, la chasse de Paul aurait perdu tout son intérêt. L'individu en question avait été incinéré. Son esprit s'attachait donc à un objet. Mais lequel ? Et comment cet objet avait pu se retrouver chez les différentes victimes pour permettre à l'esprit d'exprimer toute sa colère ? Beaucoup de questions restaient en suspend.

Le lendemain matin, mister Fiedler se rendit chez l'un des deux derniers gars qui avaient fait parti du fameux groupe sportif. Malheureusement, il avait encore eut un temps de retard puisqu'il fit une découverte macabre. Il dut prévenir les secours et interrogea toutes les personnes présentes dans la maison. L'une d'entre elle lui annonça qu'ils avaient eu une visite étrange la veille au soir : Une certaine Emilie Verman. Elle avait cherché à parler au défunt mais il n'était pas encore rentré. Portant toute son intérêt sur cette femme, Paul demanda à ce qu'elle lui soit décrit dans les moindres détails. Brune, aux cheveux abimés, un peu rondelette et le regard déterminé. Elle portait ce soir là un pantalon noir et un haut à fleur. La veuve avait aussi remarqué qu'elle portait de nombreux bijoux et dissimulait un tatouage derrière son oreille gauche.

Armé de toutes ces informations, notre chasseur opta pour le plan le plus évident qu'il avait entre les mains : Il devait vite trouver le dernier survivant de ce petit groupe constitué lors du séminaire. La journée fila à vive allure lorsqu'il put contacter la demeure de l'homme en question. Toutefois la malchance se poursuivit : il venait de partir en voyage d'affaire et se rendait en gare. Dans une course poursuite folle, Paul gagna la fameuse gare et eut juste assez de temps pour repérer celui qui devait être la future victime. Il pénétra dans le train où il était monté et s'installa dans le même wagon que lui en optant pour n'agir que lorsque le fantôme se manifesterait. En espérant qu'il le ferait d'ailleurs.

Durant une bonne demi heure, Mister Fiedler ne repéra rien d'anormal. Ils n'étaient pas nombreux dans le wagon : L'homme qu'il surveillait, une femme et son enfant vers l'avant, un couple qui se câlinait au milieu, deux ou trois personnes dont il ne voyait pas le visage et enfin un homme brun installé quelques sièges derrière lui. Ce ne fut que lorsque la température environnante chuta que les sens de Paul se mirent aux aguets : L'esprit approché ! Et le pire dans tout cela c'est que outre protégé sa victime il n'avait pas le moyen d'éliminer une fois pour toute le fantôme sans savoir à quel objet il se rattachait.

Mais les pièces du puzzle étaient sur le point de s'assembler : la porte du bout du train s'entrouvrit pour laisser apparaître une silhouette correspondant parfaitement au descriptif qu'on lui avait fait de la dénommée Emilie Verman. Une certaine colère était lisible dans son regard et elle ne lâchait pas du regard l'homme que Paul surveillait. C'était elle ! Enfin c'était lui ! Cela n’arrivait pas souvent mais le chasseur savait que dans de rares cas, les fantômes investissaient le corps d'une personne pour le contrôler. C'était obligatoirement ça. Et s'il était présent ci, c'est que l'objet de sa présence s'y trouvait aussi. Il ne restait donc plus qu'à trouver de quoi il s'agissait afin de le brûler.

Bordel de merde ! Pesta Paul en se levant au plus vite, barre en fer en main, cherchant à rejoindre le premier l'homme qui ne se doutait absolument de ce qui se tramait.

C'est alors que la femme s'arrêta au beau milieu de l'allée et l'observa avec intérêt. Il fit de même. Une scène digne des Far West naquit entre eux jusqu'à ce qu'elle lâche un sourire sadique à son intention. Puis, soudainement, le corps de la miss tomba inerte sur le sol faisant accourir vers elle les gens les plus proches. Mais Paul resta sur ses gardes : le fantôme se jouait de lui et il se doutait bien qu'il avait du prendre possession de quelqu'un d'autre. Mais qui ?

Alors qu'un petit attroupement s'était fait au milieu de l'allée centrale, Paul restait à observer les réactions de chacun des passagers du train. Il fut d'abord rassuré de voir la jeune femme reprendre ses esprits. Le fantôme n'en avait donc pas fait une énième victime. Une jeune demoiselle tentait de lui faire boire de l'eau sucrée pour l'aider à aller mieux. Ce problème n'était donc pas le sien. Pivotant sur lui même, il remarqua soudainement qu'un passager s'était levé et se dirigeait vers l'homme qu'il cherchait à protéger. S'agissait il de Jack Verman ? Sans en avoir la certitude, il s'empressa de le suivre et chercha à l'interpeller.

Excusez moi ? Vous pourriez...

Malheureusement, notre chasseur n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Se retournant avec agilité, l'homme lui donna un puissant coup sur le torse ce qui le projeta au loin dans l'allée. Cet homme avait une force herculéenne. Quoique, vu le regard qu'il lui lança, Paul savait qu'il venait de débusquer le corps de chair dans lequel s'était réfugié son fantôme. Il fallait donc vite agir car maintenant, plus rien ne le séparait de sa victime, outre quelques sièges de wagon.

Des bras se glissèrent sous les épaules du chasseur pour l'aider à se relever. Surpris, il tourna la tête pour constater qu'il s'agissait des quelques autres passagers du train qui avaient été témoins de la scène. Entre peur et courage, ils cherchaient à aider comme ils pouvaient. Son regard croisa celui d'Emilie Verman qui avait repris des couleurs. Il se fraya rapidement un chemin vers elle et s'empressa de lui parler de l'objet qu'il convoitait.

Vous allez trouver ça stupide mais avez vous sur vous un objet qui appartenait à votre mari. Peu importe ce que c'est du moment que ça lui appartenait.

Je... euh.. non... enfin peut-être... je ne sais pas. Mais pourquoi cette question ?

Ne cherchez pas à comprendre. Fouillez vos poches, votre sac, tout ce qui vous appartient. Si la moindre chose ramenant à lui vous saute aux yeux donnez la moi. La vie de cet homme là bas en dépend.

Le ton était brusque et directif. Mister Fiedler s'en voulait un peu d'être aussi froid mais la situation ne lui permettait pas de prendre des pincettes et de perdre du temps avec des explications futiles. Enserrant sa barre de fer des deux mains, il chargea droit devant lui en cherchant à percuter le corps du possédé. Et il arrivait juste à temps car ce dernier était arrivé auprès de sa cible qui elle cherchait à se protéger à l'aide de son attaché case. La barre toucha en premier l'épaule de l'individu et les deux hommes s'écroulèrent en fond de train. Logiquement, le fer avait du faire mal à l'esprit vengeur qui avait du quitter son hôte.