V.04 Et tout commença par une simple tarte... [TERMINÉ]

Eh oui, tout commença par l’idée de faire une tarte aux cerises. Je m’essaie à la cuisine un peu plus américaine. J’ai acheté les ingrédients et suivi une recette en ligne. Ladite tarte est d’une simplicité à préparer et je suis fière de ce que j’ai accompli. Je fais donc la dernière étape qui est de la mettre au four. Une fois fait, je mets en marche le minuteur, et confiante, je vais m’asseoir dans ma salle de lecture pour ouvrir un nouveau livre de psychologie fort intéressant sur la différence entre la mentalité moderne et ancienne.

Alors que je suis plongée dans ma lecture, je n’entends pas le minuteur. Je ne sens pas immédiatement la caractéristique odeur de brûlé attestant que la tarte est plus que cuite. Ce qui me sort de cette lecture est nul autre que mon alarme de feu qui se met soudain à hurler. Pour ma part, je sursaute et envoie valser un vase de fleur qui se trouvait à ma droite. Ce dernier s’écrase en miette au sol, l’eau se répandant sur le plancher alors que les fleurs gisent dans ce chaos. Je me lève, laisse tomber mon livre et court vers la cuisine. Et la terreur me submerge alors. Le feu. La tarte est en feu. Et le four avec. Je panique. J’ai une peur mortelle des flammes et je me fige. Que faire?

Alors que les flammes commencent à déborder hors de mon four, je sors de ma torpeur ou presque et réussi à atteindre mon cellulaire sur la table de la cuisine. Je compose le numéro des urgences et recule jusqu’à ma porte comme une enfant, me plaquant contre le mur et fixant la catastrophe, ne pensant même pas à sortir pour respirer de l’air frais.

Les pompiers arrivent et défoncent ma porte d’entrée, car pour ma part, je suis complètement figée et inapte à bouger. Ils foncent vers les flammes qui sont en train de ravager ma cuisine et l’un d’entre eux s’arrête et se retourne, le seul à avoir remarqué ma présence. Ce dernier me fait alors signe de sortir, mais je ne bouge pas. Peut-être a-t-il compris mon état de torpeur, car le pompier m’empoigne et me sort de force de mon appartement, me transférant à un policier qui m’envoie directement à un membre médical sur place.

Lorsque le feu est éteint et que mon état de santé est confirmé, la police m’interroge et me prévient que des dommages ont été causés à mes voisins par le feu que j’ai causé accidentellement. Puis, lorsqu’il me relâche en me conseillant d’appeler mes assurances, un pompier se dirige vers moi. Hébété, j’ai l’impression de sortir d’un mauvais rêve et je commence tout juste à me rendre compte de la situation.

- Quoi?, demandais-je au pompier en me rendant soudainement compte qu’il venait de m’adresser la parole.

J’oblige le pompier à se répéter. Je le regardais quelques secondes plus tôt avec un air complètement absent, mais là je retrouve le moment présent. Je me rends compte qu’il ne regarde que moi, et ce n’est jamais bon signe quand un membre de sécurité, de santé ou de protection vous regarde de cette façon.

- Je crois que oui… je ne pense pas avoir de brûlures.

Et immédiatement, LA question. Avais-je consommé un truc? Il ne me mentionne rien d’illégal, mais quand ça commence à mentionner l’alcool, généralement la drogue est le sujet suivant. J’ai envie de lever les yeux au ciel.

- Vous savez que tous les accidents ne sont pas forcément liés à de l’abus d’intoxication personnelle hein?

Soudain, je reprends vie. Je scrute le pompier avec ma tête de psychologue et de sociologue. J’examine le spécimen masculin type sous mes yeux avec la tête de celle qui a plusieurs PhD en poche.

- C’est discriminatoire de voir une situation accidentelle de la sorte. Toutefois, pour votre information, sachez que j’étais plongé dans un tout nouveau livre de psychologie qui je crois, va révolutionner certains modes de pensées. J’ai bien hâte d’assister à la conférence du psychologue en question.

Je détourne alors les yeux du pompier et fixe mon appartement. Oui, le bloc n’avait aucun réel dommage apparemment de l’extérieur, mais vu la fumée et le noircissement des murs que je pouvais apercevoir de ma position, je ne pouvais pas en dire autant de l’intérieur. Je pousse un soupir découragé en espérant qu’au moins ma bibliothèque et mes souvenirs n’aient pas eu affaires aux flammes.

- Suis-je obligé de faire appel à mes assurances? Ou est-ce que je peux remettre en ordre tout ce fouillis toute seule? J’ai emménagé récemment et je ne crois pas que mes assureurs vont sauter de joie si je leur fais déjà une réclamation pour bris et dommages…

Je regarde, songeuse, mon appartement. Il va me falloir prendre des photographies des dégâts et noter sur papier ce qui manque et ce qui est irrécupérable. J’allais aussi noter toutes les rénovations qui devront être entreprise.

Oui, les médecins allaient surement me prendre en charge sous peu pour un checkup plus approfondis. Les possibles blessures liées à la fumée sont peu détectable hors d’un centre médical.

Ensuite, je monte un peu sur mes grands chevaux lorsqu’il commence à me parler de consommation. Je me sens mal lorsqu’il me dit vouloir savoir si on m’avait offert de l’eau…pour boire, me réhydrater en soit. Oups.

- Pardon… je deviens susceptible en période de stress. C’est très gentil de me l’offrir, car personne n’a pensé à le faire. Donc oui, j’aurais besoin de me désaltérer s’il vous plait.

Je suis un peu paumé pour tout dire. Je regarde tout ça et me demande quoi faire. Par où commencer. Comment agir dans l’immédiat. Après mon questionnement, le pompier pense que je n’ai pas besoin de faire de réclamations et que je peux m’occuper par moi-même de la remise à neuf de mon logis. J’acquiesce en accord avec l’idée, mais triste à l’idée de ce que cela me coûtera monétairement.

Il me fait ensuite remarquer d’être prudente avec les réseaux électriques et l’aération de l’appartement. Je souris en entendant sa dernière remarque.

- Ce serait bête en effet.

Je déroge enfin mon regard de l’appartement et fixe à nouveau le pompier. Ce dernier se présente finalement à moi, Seth. Il me demande ensuite comment je m’appelle.

- Ravie de faire votre connaissance Seth, même si les circonstances ne s’y prêtent guère. Je m’appelle Ailsa Llewellyn, britannique.

Je tends la main dans le but de marquer mon envie de faire connaissance. Les politesses et tout le toutim. C’était un pur mécanisme répétitif chez moi.

- Désolé au fait… je suis un peu chamboulé. C’est bien la première fois qu’un truc pareil m’arrive. Et pourtant, j’en ai vu des choses. De plus, la ville est si calme que je suis certaine que tout le monde parlera de ça demain. Et moi qui voulais être discrète… c’est raté non?

Je me sens un peu bête. La situation est grottesque et le contexte était juste pire encore. Et dire qu’en y repensant bien, lors de mon arrivée, je l’avais marquée par une panne monstrueuse de ma nouvelle voiture américaine. Une chance que ces gens étaient sympathique.

Je venais de lui avouer crever de soif, que très gentil, il me donna une bouteille d’eau. Je la pris volontiers et but plusieurs gorgées, pour ne pas dire des rasades.

- Oui, j’ai eu de la chance, dis-je en confirmant les dires du pompier. Merci pour la bouteille d’eau, c’est très gentil de votre part.

Enfin, vous voyez, rien ne l’obligeait à me parler et à me tenir compagnie, ni même à me calmer et observer les évènements d’un œil pratique. Ce type était bien sympa. Finalement, quelques instants plus tard, on aborda enfin les présentations. Seth, c’était son nom, pompier depuis quelques temps déjà et bon habitant de Huntfield. Je me présentai ensuite, et il me lança que c’était marrant, car sa copine était elle aussi britannique. Cela me mit immédiatement la puce à l’oreille ayant rencontré une britannique ici qui m’avait tiré d’un faux pas.

- Britannique vous dites? Quel est son nom dites-moi? J’en ai rencontré une justement, une gentille médecin qui vient du sud de l’Angleterre.

Ça serait plutôt marrant en fait si le hasard pouvait vraiment créer autant de coïncidences. On se serrai ensuite la main et je m’excusai encore avant de m’en faire sur ce que les voisins diraient demain matin de toute cette histoire. Je ne recherche qu’à être discrète et pourtant, plein de petits trucs m’arrivent et m’empêche de le rester complètement.

- J’espère bien que cela s’oubliera vite. Ce serait bête qu’on me prenne pour une pyromane ou une jeune femme avec la tête dans les nuages. Ce n’est pas comme cela que je serais prise au sérieux sinon.

Curieux apparemment aussi, il me demanda si j’avais une vague idée de ce qui aurait pu causer l’incendie. Je ricanai, face à ma bêtise. Oh oui, il me trouverait bête c’était certain.

- En fait… tout commença avec une tarte aux cerises…, dis-je avec un petit sourire qui en disait long. Je lisais ce livre de psychologie et je n’ai pas vu le temps passer… c’est vraiment de ma faute. Négligente, car trop concentrée.

Je le regardai avec embarras. Il comprendrait surement que la situation me gênait.

J’étais curieuse… sa copine venait d’Angleterre et récemment j’en avais rencontré une, une gentille jeune femme venant de proche ma patrie. Je lui pose alors la question et il me nomme la médecin qui m’a aidé alors que je venais de tuer accidentellement une personne. Pour ma grande tristesse ceci dit… et m’avait sauvé alors qu’un chasseur m’avait collé une balle.

- Oh mais oui! Je la connais! Elle est tellement gentille… on croirait qu’elle a le cœur sur la main, dis-je avec éloge.

J’ai une très bonne estime pour les personnes comme Kathleen, et comme Seth, des personnes toujours prêtes à aider les autres.

Toujours en lien avec le feu, j’ai un très haut niveau d’embarras pour la situation et j’ose espérer que tous oublieront bien vite ce feu. Je n’aimerais pas que l’on me prenne pour une pyromane! La réplique de Seth me fait alors rire.

- Toutes les manières sont bonnes pour faire de l’œil, mais mettre le feu n’est certainement pas la mienne, dis-je en riant de bon cœur.

Je lui dis alors ce que j’étais en train de cuisiner. Et la raison de ce feu par la même occasion. Toujours à la blague, le pompier me dit que l’on ne me proposera surement pas de travailler en cuisine. Je ris à nouveau. En effet, si on me met en cuisine, moi qui ai toujours eu la tête dans les nuages, le restaurant courrait à sa perte ou après les assurances… selon le point de vu.

- Oui, je ferais attention à l’avenir. Merci encore cher pompier pour votre soutien et votre aide. Je vais aller remercier le chef de votre escadron de sauveteur.

Je m’éloigne alors de Seth le gentil pompier et vais remercier les autres pompiers présents ainsi que le chef de cette gentille et efficace troupe. Peut-être que j’en fais trop, mais je tiens toujours à remercier chaleureusement les personnes m’apportant du soutien.

Une fois les services d’incendie parti, j’entre chez moi et commence à nettoyer après avoir pris des photos pour les assurances. Je fais le ménage jusqu’au lendemain matin, me permettant ainsi de voir plus nettement les dégâts. Au matin, j’appelle mes assurances et entame la procédure….

FIN

HRP : Merci Alix

FIN ! Merci