V.06 ¤ Un inconnu habite chez moi ! [TERMINÉE ; ft.Daniella]

La discussion avait tourné littéralement au vinaigre. Si au départ on discutait de choses tout à fait convenable, à présent on parlait d'efficacité au lit ! Ouais, rien que ça ! Mais comme ci ce n'était pas assez, il fallait qu'elle m'avoue qu'elle préférait je cite : la qualité et pas la quantité ! Et je voyais bien qu'elle me rangeait dans la catégorie quantité. « Eh attend, c'est pas toi qui as dit que je serais l'homme de la situation si tu devais vivre ton dernier jour sur Terre ! Moi je suis innocent m'dame ! » Lançais-je fièrement avec un grand sourire amusé sur les lèvres.

Attends une seconde ... moi. Une tête de casse noisette. Encore, ça aurait eu rapport avec les toutous là j'aurais compris mais CASSE NOISETTE QUOI. Il faudrait que je lui trouve un surnom à la hauteur du mien, je suis certain qu'elle adorerait ! Oui bon ... j'avais pas vraiment de réplique à balancer ... Mais j'étais pas resté silencieux en baissant la tête, non ! Je lui ai tiré la langue on faisant mine de bouder. Et puis vint le drame. En soi, la danse n'était pas trop mal mais il a fallu que cette foutue cheville vienne tout casser !! Mais ça aurait pu se terminer plus mal. Après tout, j'ai atterri sur Dani. Et encore heureux que personne d'autre n'a vu ma prouesse sur la piste de danse ! Honnêtement, je m'en sortais très bien. Hein, elle, me manquer ... « C'est vrai, après tout que-ce que je ferais sans toi à mes côtés ! » dis-je sur un ton ironique avant d'approcher mon visage du sien afin de lui donner son gage.

Bon. J'avoue, elle avait raison. Je la traite de chaudière mais je n'arrête pas de lui donner des gages mal placé. Mais en même temps elle m'a fait danser sur de la danse classique ! J'aurais préféré courir dans la rue nue comme un ver plutôt que de faire ça ! Enfin ... non. Pas vraiment. Je me vois mal courir ivre dans la rue à poil avec le temps qu'il fait dehors. Mais soit, elle l'avait mérité de toute manière ! Par contre ses gestes princiers et sa façon de se dandiner comme un dindon ne faisaient pas d'elle la maîtresse de cette soirée ! J'ai quand même gagné ! Faut bien le souligner, c'est important. J'avais peut-être dansé mais au final, j'en ressortais gagnant. I'm the best !!

Profitant de son absence pour vérifier ma cheville, je me place ensuite bien affaler sur le canapé en mangeant quelques chips, me sentant maître de la situation. Et puis soudainement vint le choc. Je ne m'y attendais pas le moins du monde. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle avait mis le paquet pour le spectacle ! Bon. Je mentirais en disant qu'elle n'était pas sexy dans cette tenue. Mais en même temps, qui ne penserait pas la même chose ! Bon. J'avais dit vérité. En soi, je risquer pas grand-chose. Donc même si j'étais déstabilisé. J'avais toujours la situation en main. Du moins ... c'est ce que je pensais avant qu'elle ne me pose une question. LA question. Et en plus elle se rapprochait de moi pour bien mettre la pression. Elle me demandait ce à quoi je pouvais bien penser là tout de suite ... « Je te déteste ... Vile sorcière maléfique ... » Je m'étais encore une fois fait détrôner sans aucun respect et cette vile tentatrice essayait de me faire un bel échec et mat. Sauf que ! ... Ouais nan ... C'est fini. Elle m'a vaincu ... « Euh... je... Beh... il y a quelques secondes je pensais à ma petite danse ... Eh euh ... » Ouais ... j'essayais d'éviter la question mais le jeu étant le jeu, j'avais ... attendez, c'est dur à avouer ... J'avais pas le choix ! « EH BIEEEEN ... (soupire) Je pense à toi. Exclusivement a toi. Mais genre ... dans toutes les perspectives. À tes lèvres. Et à ton corps. » Heureusement que j'avais suffisamment bu sinon je serais déjà partie en courant ! Et comme si je m'enfonçais déjà pas assez. « À la chaleur de nos corps se frottant l'un contre l'autre. À la beauté de notre danse... euh ... C'est pas ce que je voulais dire. Je parlais de la chaleur du soleil sur nos corps. C'est ça. La chaleur de nos corps l'un contre l'autr... Euh le soleil. Le soleil. » Faut quand même avouer qu'elle était bien foutue. Faut le reconnaître, ma réaction aurait difficilement pu être autrement. J'étais tout chamboulé. Surtout qu'elle était proche de moi. Très proche. Trop proche.

BON DIEU DE BONSOIR !! Non mais comment je pouvais résister à ce charme moi ! Je suis peut-être pas humain mais je ressens des envies comme tout le monde et comment ne pas craquer quand on a une telle divinité devant ses yeux ... que dis-je ! À quelques centimètres de sa tête ! « Je euh ... Il fait chaud tout d'un coup tu trouves pas, faudrait peut-être ouvrir ... la fenêtre ... ? » La chaleur du soleil. Que-ce que j'avais pu être débile sur le coup. Non mais déjà que le coup de nos corps qui se frottent, c'est pas fameux mais mettre le soleil sur le tapis, c'était idiot de ma part. Maaaais j'étais complètement désarmé devant elle. Je m'attendais pas pour le moins du monde à me retrouver dans une telle situation....

Et en plus, pour ne pas me faciliter la tâche, elle choisit de prendre action ! ... J'avais envie de lui demander un baiser. Je le nie pas. Mais dans une telle situation, qui ne serait pas tentée de la sorte. La plupart auraient probablement demandé quelque chose du genre. Surtout devant une aussi jolie jeune femme. Et alors que je m'apprêtais à donner son gage, voilà qu'elle m'enlève lentement et de manière so sexy le tee shirt. La pression montée et ce n'était pas moi le fautif pour une fois ! « Euh ... manque d'égalité tu dis ? Tu sais que tu m'as enlevé le tee-shirt et que du coup je me retrouve torse nu, et pourtant toi tu portes un soutien-gorge. Moi je crie au manque d'égalité, au vrai manque d'égalité ! »

C'était l'heure du gage. Et j'avais déjà ma petite idée en tête. M'approchant d'elle pour être à son niveau, je pose ma main sur la sienne avant d'approcher mon visage à seulement quelques millimètres du sien, nos lèvres pouvant presque se toucher d'un simple « Ton gage Dani ... sera de faire ce que tu désires le plus faire en ce moment ... précis. » Je pouvais sentir son souffle chaud sur mon visage comme elle pouvait sûrement sentir mon souffle chaud sur le sien. Ma voix était beaucoup plus basse. Beaucoup plus tendre. Je comptais bien la faire craquer. Je ne comptais sûrement pas être celui qui a ouvert les ... festivités. Et puis je n'aime pas forcer les gens. Ce n'est pas moi. Alors faire ce genre de chose à cause d'un gage, c'est pas pour moi. Ouais par contre je pourrais pas tenir longtemps dans cette optique. Si elle ne craque pas, c'est moi qui vais finir par craquer. Déplaçant ma main sur sa cuisse pour lui faire des petites caresses, j'étais bien décidé à la faire craquer en première.

Un soutif. Non mais un SOUTIF ! C’est tout ce qu’elle voulait bien me proposer pour rétablir l’égalité vestimentaire entre nous. Égalité vestimentaire. Je n'aurais jamais pensé un jour penser ce mot. Étrange. En même temps, toute cette situation est étrange. En entrant dans cet appartement, je n’aurais jamais pensé que la soirée pourrait aller aussi loin. Aussi, quelle idée de prendre le risque de se transformer pour une simple bière. Quoiqu'une bière c’est quand même quelque chose. Finalement, cette soirée aurait pu être bien pire. Si genre voir ma fourrure accrochée au parquet.

Je voyais bien son petit jeu. Elle essayait de me coincer, de me retrancher dans mes limites pour en sortir vainqueur. Mais elle ne s’attendait certainement pas à ce que je lui propose une approche à la fois si directe mais en même temps si retenue. Aucun baiser. Rien de tout cela. Seulement ma main venant se poser contre la sienne. Je pouvais lire dans son regard. Elle était étonnée. Mais elle ne craquait pas encore. C’était peut-être osé de ma part, mais je voulais voir ses limites. Savoir quand elle craquerait. Alors j’ai déplacé ma main sur sa cuisse pour y commencer à faire des caresses. Rien de vraiment poussé. Seules des caresses comme on aurait pu le faire sur le dos d’une main mais en plus raffiné.

Mon regard était plongé dans le sien. Il avait un certain côté ensorceleur. Ce petit côté qui donne envie de rêver plus loin. Je me sentais bien dans son regard. Sans doute était-ce l’alcool qui me montait au nez. Car en temps normal, je n’aurais certainement pas agi de la sorte. Ça, c’est sûr. Et voilà qu’elle lâche un juron avant d’approcher ses lèvres des miennes. Bon, j’avais réussi mon coup. Ce même coup qui était pour moi voué à l’échec. Moi une créature et elle une chasseuse. Mais ... je me demande si je ne fais pas fausse route. Ma place n’est vraisemblablement pas ici. Ma sœur a besoin de moi. Ma sœur est probablement en danger, capture et enfermée dans la cave d’un psychopathe et moi je suis là, à embrasser une jeune femme que je viens tout juste de rencontrer. Mais ... psychologiquement. J’étais brisé. Et j’en avais terminé ici. Était-ce mal ou bien. Aucune idée. Tous les deux avions un passé douloureux. Des proches disparus. Nous étions à la fois si proche mais pourtant si

Mais ça pouvait peut-être sembler égoïste. Mais j’étais bien. Pas dans le sens pervers. Loin de la. Juste. Je pouvais enfin souffler un peu. Penser à autre chose pendant un instant. Alors, mon regard rêveur plongé dans le sien, je dépose délicatement ma main gauche sur sa hanche avant de déposer les doigts de ma main droite contre sa joue. Approchant les lèvres des siennes afin que celles-ci rentrent en contact. Détachant le baiser après quelques secondes, à seulement quelques millimètres de son visage, je lâche un dernier « Action. » pour conclure le jeu. Peut-être voulait elle arrêter là. Je n’en savais absolument rien. Je voulais seulement lui donner une dernière chance. Mais si elle décidait de continuer, je ne pourrais m’arrêter.

En toute honnêteté ... je ne saurais absolument pas dire l'origine de ce baiser. Je ne saurais pas dire pourquoi j'ai eu la subite envie de l'embrasser comme je ne saurais pas dire pourquoi je n'arrivais tout simplement pas à me lever du canapé pour quitter la pièce pour essayer de retrouver ma sœur. J'étais perdu. Effrayé. Terrifié de ne pas retrouver ma petite sœur. Terrifié d'avoir perdu ma famille. Ma seule famille. Terrorisé d'être seul. Ce n'était pas de l'amour que je ressentais envers elle. Et comme je l'ai dit, je ne pourrais sûrement pas expliquer la raison pour laquelle j'ai décidé de poser une nouvelle fois mes lèvres sur les siennes. Peut-être était-ce le fait que je n'arrivais plus à suivre le rythme. Peut-être que j'étais en train de craquer. Et je sentais bien au fond de moi que j'avais besoin de craquer. Et j'essayais de fuir en en plongeant mon regard dans le sien. Mais sa réaction me rappela à l'ordre. L'alcool avait beaucoup trop déteint sur moi. Elle se leva pour aller chercher de l'eau, me demandant si j'en voulais. Mais je ne répondais pas. Pas parce qu'elle m'avait blessé. Non. Seulement car je venais de me rendre compte dans la merde que je me trouvais. Seulement car je venais de comprendre réellement que je ne pourrais probablement jamais retrouver ma sœur. Seulement car je venais d'assimiler le fait que je me sentais terriblement seul.

... Que-ce que je dois faire. Que suis-je censé faire. S'il y a bien un Dieu en ce monde, je le maudis. Je le maudis car à cause de lui, ma vie est devenue un enfer. J'en suis arrivé à un tel point que même respirer est devenue difficile. J'avais envie de prendre la porte. De sortir d'ici. Mais d'un autre côté, je voulais rester. Car avec Dani, je me sentais bien. Il y avait cette sorte d'alchimie entre nous. Je n'étais pas amoureux d'elle. Non. C'était autre chose... Et puis de toute façon, les Walker n'ont jamais eu de chance dans la vie. Il y a d'abord eu l'histoire avec notre ancienne meute. Ensuite la mort de ma propre famille et maintenant la disparition de Cristal. Et ce n'est pas comme-ci je n'avais pas essayé de la retrouver. J'avais tout donné. J'avais absolument tout donné pour essayer de la retrouver. Et à chaque fois, ça n'avait été qu'un échec. Alors je pense que la sature devait commencer à se faire ressentir en moi.

Dani finit par revenir quelques longues minutes plus tard. Elle tente de s'excuser. Elle avoue qu'elle ne s'attendait pas à ce que la soirée prenne une telle tournure. Avec un sourire gêné, elle essaye de me dire qu'elle n'est pas une fille facile. Elle devait sûrement prendre peur à l'idée que je porte un jugement négatif sur elle. Mais je ne juge personne. Je ne juge personne car je suis mal placé pour le faire. « Hey ... tu n'as pas à t'excuser. C'est pas ta faute si la soirée a autant déraillé. C'est ma faute. D'habitude j'aurais sûrement pas fait ça. Je sais même pas ce qui m'a pris. » Lançais-je avec un sourire légèrement gêné. « Je ... » Mon souffle se coupa en sentant sa main venir sur se poser sur la mienne. Pourquoi. Pourquoi j'en suis arrivé-là. Pourquoi je suis tombé si bas. Profité d'une blessure chez Dani avec son amour disparut pour apaiser mes propres douleurs. Ce n'est pas moi. « Je ... Je pense qu'on devrait arrêter-là... Je suis désolé pour le premier baisé ... et le second ... Je suis juste à cran et j'crois que je commence à craquer ... Enfin ... T'en fais pas. C'est pas ta faute ... » Enlevant ma main de la sienne en détournant le regard pour ne pas affronter le sien. « Je devrais ... probablement te laisser. » Encore une fois, j'étais complètement perdu dans mes pensées. Une part de moi avait envie de partir. De fuir cette situation. Mais l'autre espérait que Dani m'arrête. Qu'elle m'empêche de passer la porte. Car ... j'ai peur. J'ai. Peur.

Je me sentais terriblement mal. J’avais l’impression d’être totalement perdu. D’être brisé. Et ... je ne sais même pas pourquoi ça m’a prit comme ça... J’avais l’impression que mon esprit tourmenté cherchait à me faire quitter la pièce pour ... fuir cette situation mais en même temps, mon cœur brisé cherchait à me convaincre de rester ici. Et ... vous savez, c’est comme si vous avez un ange sur votre épaule qui vous dit la bonne chose à faire et de l’autre côté, un démon cherchant à vous attirez dans un piège. Eh bien c’est exactement ce que je ressentais sauf que je ne savais absolument pas qui était l’ange et qui étais le démon... j’étais perdu. Juste. Perdu. Je devais avoir l’air pitoyable pour chercher à fuir inlassablement son regard ... j’avais honte. J’avais à la fois peur et honte.

Mais c’est alors que je sens des mains chaudes venir se poser sur mon visage. Mon regard se plongé à présent dans celui de Dani et ... et je ne pouvais plus fuir. Je ne pouvais même pas éviter son regard. Son regard tendre posé sur moi. Moi qui est une créature et elle une chasseuse. Qui l’aurait cru. Elle me demande de rester. Ces simples mots étaient suffisants pour me toucher là où la souffrance est présente. Pas en état de conduire ... trop tard pour prendre la route ... elle avait raison ... peut être qu’avec ma forme transformée, je pourrais arpenter quelques routes mais ... je finirais sûrement étape au sol avant même de rejoindre ma voiture garé dans la forêt. Et puis ... elle me dit qu’elle ne regrettait pas le baiser mais le problème n’était pas là ... D’ailleurs, je ne la vis même pas attraper la commande de la télévision pour l'éteindre... pour dire comment j'étais à l’Ouest ...

Et puis vint le moment où elle me demande ce qu’il peut bien se passer dans ma caboche. Mais ... tout était tellement flou dans ma tête qu’il était difficile pour moi de mettre de l’ordre dans tout ça... « je ... je sais pas ... c’est juste que je commence à croire que je n’ai jamais eu de chance dans la vie ... » je devais sérieusement être pitoyable ... mais de toute façon, j'étais lancé donc autant allez jusqu’au bout ... « ça fait un ... ça fait un certain temps que je recherche ma sœur et ... et je commence à croire que tout mes efforts n’ont servi à rien. Je m’en veux tellement de ne pas avoir été assez fort pour protéger ma sœur quand elle avait besoin d'être protéger et ... et je suis même pas sûr que ... que l’enfoiré qui a tué ... qui a tué ma mère ... mon père ... mon oncle et ma tante ne soit tombé sur Cristal et cette pensé me terrifie. Je donnerais absolument tout. Tout ce que j’ai pour retrouver mon ancienne vie mais je ne peux pas ... et je commence à me dire ... et je commence à me dire  que je suis peut être maudit. Tout ce que j’ai entrepris a échoué. Tout ceux que j’aimais ont êtes tues et ... et je ne sais plus quoi faire ... je me sens tellement seul ... tellement ... seul...»

Je sentais ses bras s’envelopper autour de mon corps. Je sentais son corps venir se plaquer doucement contre le mien. Je m'attendais à ce qu'elle me dise que j'allais retrouver ma sœur. C'est un peu la formule basique que tout le monde utilise pour me réconforter. Mais j'avais tort. Elle m'avait surpris. Mais genre, littéralement. Ces mots résonnent d'ailleurs toujours dans ma tête. Alors que je pouvais sentir ses doigts venir effleurer délicatement ma nuque, elle me dit des mots que personne n'avait utilisés sur moi. Je. N'étais. Plus. Seul... Ne me fuit pas. Mon regard n'était plus le même. Il restait toujours cette tristesse dans celui-ci et décrire ce que je ressentais à ce moment précis est assez difficile mais ... pour la première fois depuis bien longtemps, je ne sentais plus tout le poids du monde sur mes épaules. Je ne ressentais plus ce boulet enchaîné à mon pied. Je ne ressentais plus l'étreinte autour de moi.

Je voyais bien son petit sourire pour essayer de me rassurer. Et au fond de moi, ça me touchait qu'une personne comme elle porte autant d'attention à mon égard. Après tout, je suis une créature et elle une chasseuse. Mon regard plongé dans le sien, elle me dit qu'elle m'aidera à retrouver ma sœur. Retrouver ma sœur ... c'était assez étrange mais ... je sentais qu'avec son aide ... j'aurais peut-être plus de chances de retrouver Cristal ... Je ne pourrais pas vraiment l'expliquer mais... il y avait une sorte d'alchimie entre nous ... comme-ci on se connaissait depuis un temps. Ne pas laisser la douleur gâchée sa vie. Mais que faire quand la douleur a pris une telle ampleur que même respirer devient difficile. Et puis elle aborda la disparition de son petit ami. Elle aussi avait vécu l'Enfer. Et pourtant ... en entendant ses mots, on aurait dit que la douleur ne la rongeait pas au point de voir le monde uniquement en noir comme moi je le voyais et où la moindre petite erreur semble être lourde en conséquence. Et puis... elle m'avoua avoir compris ce soir que vivre ainsi n'était pas une solution.

Vivre. Il fallait seulement que je vive. Ne pas arrêter les recherches mais ... profiter de la vie. Vivre en ayant cette présence maléfique au fond de nous n'est pas la solution. Elle en est encore moins une alternative. Mais ai-je le droit de vivre comme le ferait un humain. Ai-je seulement le droit de respirer alors que je sais qu'une bande de chasseur pourrait me tomber à tout moment pour me mettre une balle dans le cœur. Ai-je seulement le droit de vivre alors que ces mêmes ténèbres me consument de jour en jour ... J'en ai marre. Marre de penser ainsi. Marre de me prendre la tête pour ça. Marre d'être seul. Marre de subir encore et encore des échecs. Marre de ces ténèbres en moi. Qu'étais-je censé faire. Encore une fois, je me pose la question. Mais cette fois-ci, j'avais la raison. J'avais seulement envie de me jeter dans ses bras pour ne plus sentir cette présence démoniaque sur moi. Seulement envie de ne plus me sentir ... seul. Il fallait seulement ... vivre.

M'approchant d'elle, j'enroule mes bras autour d'elle avant de placer ma tête contre son cou. Mes mains viennent se déposer sur ses épaules alors que nos corps se touchent une nouvelle fois. Ma respiration commence à saccader. Mon étreinte se fait un peu plus forte. Et finalement, je craque. Je n'avais pas craqué depuis la disparition de ma sœur. J'avais gardé ça en moi depuis des lustres et cette peine s'était transformé en douleur qui s'était transformé à son tour en véritable fardeau. Et tout ça venait de s'évaporer grâce à la chasseresse. Reculant mon visage pour plonger mon regard dans le sien, mes doigts se déplacent le long de ses bras avant de remonter vers son cou, se déposant délicatement contre celui-ci. « Pourquoi es-tu si gentille avec moi. Pourtant, je suis une créature. Je ne suis pas ... comme toi. » Dis-je faiblement, mon regard posé dans le sien. Dans son regard ensorceleur.

Je pouvais sentir ses mains remonter vers mon visage, essuyant tendrement les larmes qui coulaient le long de mon visage à l'aide de ses doigts. Je pouvais observer son doux sourire posé sur moi tandis que son regard tranquillisant se déposé dans le mien. Elle m'avoua qu'elle était aussi gentille avec moi car je le méritais. Différents mais pourtant si ressemblant. Ses mots, ses paroles, ses propos avaient de réel impact sur moi. Chaque syllabe sortant de sa bouche avait comme l'effet d'un coup sur moi. Un coup dans le sens où cette barrière qui m'entravait dans mes actions et dans mes pensées se faisait détruire, pierre par pierre au fur et à mesure que son dialogue avancé. Toutes mes incompréhensions, toutes mes preuves, elle les avait détruite par la seule force de sa générosité. Incroyable. Elle était juste ... incroyable.


En temps normal, je ne suis pas quelqu'un qui croit dur comme fer au destin. Je suis fais plutôt partie de ceux qui préfèrent penser au hasard. Et ... à présent, je dois avouer que je commence sérieusement à douter de ça. Sérieusement, quelles sont mes chances de me faire sauver la vie par une jeune femme qui s'avère être une chasseuse de démon et qui peux comprendre l'enfer que je vie jusqu'à m'écouter et me conseiller alors que cette étrange alchimie s'est installé entre nous depuis quelques temps. Sérieusement, quelles en sont les chances. Je n'aime pas croire au destin car j'ai l'impression de ne pas être libre de mes choix. Mais si c'est le hasard qui nous a réuni aujourd'hui ... Eh bien le hasard fait bien les choses.


Soudainement, ses lèvres s'approchent une nouvelle fois des miennes dans une telle tendresse que je m'en serais presque cru au paradis. C'était assez étrange comme sensation. L'alcool, la fatigue et le faits que je sois complètement abattu psychologiquement y était certainement pour quelque chose mais pendant ce bref instant où nos lèvres sont restés en contact l'une contre l'autre, je me suis senti bien. J'ai enfin senti tous mes soucis s'envolé d'un clignement de cil. Comme-ci tout le malheur qui s'était effondré sur moi avait tout simplement disparu. Et quand nos lèvres se sont détachés l'une de l'autre, une partie de ma peine s'était évaporé, comme par magie.


Après ce bref baiser, j'étais resté pendant quelques brèves secondes à la regarder, me questionnant sur ce que je pouvais bien ressentir quand nos lèvres sont entrés en contact mais aussi le fait de m'y faire, d'encaisser cette état léger qu'elle m'avait offert en faisant envoler une partie de mes soucis. Elle me proposa ensuite gentiment de loger ici si jamais je n'avais aucun endroit où allait, que ça permettrait de faire des recherches ensembles et pourquoi pas apprendre de l'autre. « Je ... je ne veux pas m'imposer ... J'ai déjà un endroit pour dormir ... ma voiture. C'est pratique et ... je n'ai pas de loyer à payer. » C'est sûr qu'une voiture pour faire office de logement c'est assez léger mais pour ce que je fais, ça me suffit amplement. La journée, je vais travailler au bar tandis que le soir je continu mes recherches avant de m'endormir sur les sièges de ma voiture. Même si au début c'était assez difficile à vivre, au final je m'y suis petit à petit habitué.


Elle continuait ensuite à parler. Une débutante en la matière. Je suis certain qu'elle est beaucoup plus expérimenté que moi. Que ce soit dans la chasse que dans la vie en générale. Mais c'est vrai que s'échanger des informations pourraient être pas mal pour nous. Honnêtement, je ne savais pas vraiment quoi penser vis-à-vis du baiser. Était-ce seulement une impression ou bien un moment de faiblesse qui m'avait procuré un tel sentiment de légèreté. Ou au contraire, était-ce quelque chose de bien plus concret. Je n'en savais rien. Et j'avais seulement envie de passer à autre chose. Comme elle. Même si cette perte est toujours en elle, elle ne s'est pas laissé totalement détruire. Alors ... « Merci. » approchant lentement mes lèvres des siennes, je dépose un tendre baiser avant de la regarder à nouveau. C'était assez étrange. Voir complètement étrange au point que je ne comprenais absolument pas pourquoi je ressentais ça. Je voulais seulement la remercier. Mais pendant ces brefs instants, tout semblait s'envoler. La douleur, la peine, la colère. Tout.

Je ne souhaite pas m'imposer chez elle. Je ne veux pas chercher à m'installer ici en abusant de sa générosité. Je ne veux pas car je juge qu'elle a fait assez de chose pour moi. Alors je lui dis que j'ai une voiture. Je lui dis que j'ai l'avantage de ne pas payer un loyer mais elle insiste. Elle me dit que je ne m'impose pas puisque c'est elle qui me l'a demandé. Dans cette situation, je ne pouvais continuer à refuser par peur de la gêner, d'abuser de son hospitalité puisqu'elle m'incite à rester ici. « Merci. C'est gentil à toi. Mais j'insiste. Si je reste ici, je veux participer pour payer une partie des frais. Je ne veux pas m'installer ici sans rien donner en retour. » Je dois avouer que c'est assez étrange, de voir une chasseuse sous cet angle. Toute ma vie, je les avais craint. Et pourtant, je me rends aujourd'hui compte que tout ce sur quoi je fondais mes propos sur les chasseurs est erroné. Dani est différente de la plupart. Je ne sais pas si beaucoup sont comme elle, du moins pense comme elle mais c'est assez ... réconfortant de savoir que nos chasseurs, nos prédateurs ne sont pas tous des âmes sans cœur quand cela concerne une créature. C'est un monde un peu plus radieux qui s'ouvre à moi. Un petit peu plus brillant.

Après avoir posé mes lèvres sur les siennes, elle se leva dans le but de ranger tout ce qu'il y avait sur la table basse. Sans doute l'heure d'aller se coucher. Et puis de toute façon, j'étais complètement détruit par l'alcool et la fatigue. Alors c'était peut-être le temps d'arrêter pour se recharger durant la nuit. Je m'étais mis en tête d'occuper le canapé. En plus, il avait l'air vachement confortable. Mais genre confortable comme pas possible. Bon, c'était qu'un simple canapé mais c'était déjà mieux que les sièges de ma voiture. Je m'étais donc donné but de m'installer sur celui-ci, histoire de ne pas trop encombrer Dani qui avait suffisamment usé de sa générosité en me gardant ici. Et ... C'est alors qu'elle s'approcha une nouvelle fois de moi, me demandant de venir en m'attrapant la main. Au début, je ne savais pas vraiment quoi penser. Alors je la suivais. Silencieusement. Et puis je l'ai vu s'installer sur son lit, se glissant ensuite sous les draps en me demandant si je venais.

Je ne savais pas vraiment comment réagir. Je ne savais pas quoi faire. J'étais un peu intimidé, je l'avoue. Mais au fond de moi, je n'avais qu'une envie, la rejoindre. Je n'avais aucun but en tête. Je souhaitais seulement ne plus être seul. Ne plus ressentir cette sensation de solitude en moi. Je voulais seulement me sentir accepter. Et en plus, elle se permettait de faire de l'humour en me voyant immobile devant le lit. « Tu peux rire, si jamais tu sens quelque chose te mordre, ne te pose pas de question, ça doit sûrement être moi. » Dis-je d'une manière mielleuse en laissant un petit sourire en coin avant de rentrer à mon tour dans le lit, passant sous les draps.