VIII.04 - Ride or die ! [Alexis Richter]

Samedi 6 janvier 2018, un peu avant midi.

C’est pour ton bien. Ou, c’était pour ton bien. Quand un proche dit ça, ben en général ça sent pas bon. Ca ne sent évidemment pas forcément le sapin mais ça ne sent pas bon. Du coup je vire "en général" que je remplace par "vraiment", ce qui donne ça. C’est pour ton bien. C’était pour ton bien. Quand un proche dit ça, ben ça sent vraiment pas bon ! Et si je n’en pense pas plus pour le moment …

Je n’en pense pas moins !

Un mile à pieds, ça use, ça use, un mile à pieds, ça use les souliers ... Mais alors en poussant une bécane, c’est usant ! J’arrive au garage de Lexi qui s’appelle le "Ride or die", ça lui va bien, au moment où elle en sort en s’essuyant les mains sur un torchon. Ha ben si elle a fini de bosser sur une machine, elle va pouvoir passer à la mienne !

"Lexi !"

Je mets la béquille, histoire que la moto ne se vautre pas par terre quand je la lâche avant de faire un bon gros hug des familles à la chasseuse.

"Ride or die ! Sympas le nom de ton garage. Tu n’a pas changé. Pas perdu d’oreille, d’œil et même si on les a en double, c’est mieux de pas paumer de bouts en route."

Ouais bon, je me doutais qu’elle me reconnaîtrait, c’est que je n’ai pas trop changé physiquement en …

"Quatre ans et pas loin de trois mois et tu vas rire, c’est moi qui suis tombée en rade avec ma bécane. Je sais pas ce qu’elle a, elle fait wut wut wut puis elle s’arrête, puis elle fait mine de redémarrer, avant de faire wout wout wout et de s’arrêter."

En fait, je ne suis plus très sure, est-ce qu’elle n’aurait pas plutôt fait d’abord wout wout wout avant de s’arrêter, puis wut wut wut ? C’est que je ne pouvais pas vérifier avant mais on va voir ça avec Lexi. Je suis tellement contente de la revoir. Alors ouais, je n’ai quand même pas fait une fixette sur elle mais la chasseuse est mon modèle depuis l’époque pas si lointaine où j’avais quatorze ans.

Ça n'avait pas été du gâteau au début, j'ai galéré quelques mois à me dire que pour avoir des clients j'allais devoir engager des filles à moitié à poil pour faire la pub de mon garage de motos. Mais je crois que cette fois, après presque un an, c'est bon, le garage est lancé et me rapporte bien assez pour vivre. Ma caravane, garée derrière le bâtiment me suffit, du coup j'ai pas de maison à entretenir et mes dépenses principales concernent la chasse, alors ça va. Je roule pas sur l'or mais ça va.

Je sors prendre l'air après avoir bossé sur une vieille Triumph que le propriétaire avait hésité à faire réparer ici en voyant que c'est une fifille qui allait s'en occuper, de sa machine. Plutôt que de m'insurger, j'avais préféré lui clouer le bec en faisant preuve de professionnalisme. Bref, elle est comme neuve, sa Triumph. Sur le pas de la grande porte en fer menant à l'atelier, j'entends soudain une voix féminine prononcer mon nom, d'un ton plutôt enthousiaste. Me tournant pour voir de qui il s'agissait, je reconnaîs tout de suite la jeune fille, après tout c'est pas comme si ça faisait vingt ans.

"Charlie ?"

La rousse qui avait traîné une magnifique Harley vient me donner une accolade chaleureuse. Elle trouve le nom de mon garage sympa, ben j'espère bien, j'ai mis tellement de temps à le trouver ce nom ! Au moins cinq minutes !

"Ouais, toujours entière et contente de te revoir !"

Depuis ma rencontre avec Charlie, je me suis fiancé avec un chasseur, il a été mordu par un lycan, m'a convaincue qu'il pourrait gérer tout en chassant et que ce serait un plus, a failli me mordre parce que non il a pas pu gérer et est passé du côté obscur, j'ai voulu le buter et il s'est barré. Mais je me dis que c'est pas le moment de parler de ça.

"Toi non plus t'as pas changé, t'as l'air en forme !"

Sans jeu de mot, même si la jeune fille s'est … développé on va dire, depuis qu'on s'était vue. En tout cas elle a toujours la même frimousse et la même crinière rousse. Elle m'explique que sa moto à un souci.

"Wut wut wut et wout wout wout, tu dis … on va regarder ça de plus près. Elle est super belle ta Harley, tu l'as depuis quand ?"

Je résiste à l'envie de passer en mode fan-girl devant l'engin et j'essaie de démarrer la Harley qui effectivement ne veux pas se lancer, ceci dit c'est surtout pour entendre le fameux wut ou wout.

"Hmmm … ça a l'air d'être une panne du côté de l'électronique."

La jeune fille ayant l'air éreintée d'avoir poussé l'engin jusqu'ici je prends le relais pour l'amener à l'intérieur.

"J'ai essayé de t'appeler plusieurs fois tu sais, ça a jamais répondu pour finir par même plus sonner."

Je lui en veux pas, elle a sans doute ses raisons mais vu que sur le moment j'avais trouvé ça bizarre, je préfère préciser plutôt qu'elle s'imagine que je tiens pas parole quand je dis un truc.

Lexi m’a reconnue. Je redoutais qu’elle ne se souvienne plus de moi mais ça me rassure qu’elle ne m’ait pas oubliée. C’est vrai que la chasseuse n’a pas du non plus oublier mes vieux mais pas pour les mêmes raisons. C’est que le courant passe entre nous, comme on dit et pas seulement les électriciens. Je rigole quand elle fait allusion à sa façon à mon changement de physionomie parce que j’étais plate à quatorze ans. Avant mes quinze ans, je ne l’étais plus.

"Ouais, j’ai arrêté le tir à l’arc du coup mais ça peut avoir un avantage tactique et pas seulement pendant au bagarre où il suffit d’être distrait une seconde et paf, tarte aux phalanges dans la tronche, ou un bon coup bas des familles, la technique casse-noisettes."

C’est sur que mes indications sonores doivent pas trop renseigner Lexi sur la nature de la panne mais elle va voir ça de plus près. Puis elle trouve ma harley super belle et ça me fait plaisir.

"Elle est dar hein, je veux dire, elle est cool. Je l’ai depuis mes dix-huit ans en juillet dernier. Je l’avais commandée à l’avance ouais et c’est la première fois qu’elle fait ce coup."

J’ai préféré pousser la bécane qu’attendre trois heures une dépanneuse et puis mon vieux l’aurait su, j’aurais eu droit à un sermon sur comment que je fais pas assez gaffe, que je roule trop, tout ça puis j’étais pas loin du garage de Lexi. D’ailleurs, je voulais dire quelque chose en rapport avec ce que je pensais tout à l’heure mais que je n’en pensais pas moins, à savoir cette expression que j’aime pas,"c’est pour ton bien" mais à quel sujet ? Puis ça me revient quand la chasseuse me dit qu’elle essayé de me contacter mais qu’elle a pas pu.

"Ah ben ouais, je viens de changer de modèle de téléphone, mais pas de numéro."

Je continue parce que sinon en l’état ça ne résout pas l’énigme "mais pourquoi j’ai pas pu te joindre".

"J’ai essayé aussi de te joindre mais mes vieux avaient piraté mon ancien modèle de téléphone. Et vu que je t’ai pas réussi à te joindre, ça signifie qu’ils ont bloqué tous numéros de de téléphones de la famille sur ton téléphone pendant votre dernière chasse."

Ouais, mes vieux aiment personne mais Lexi doit figurer dans le top trois de celles et ceux qu’ils peuvent vraiment pas blairer ! Et quelque chose me dit que c’est réciproque !

"Ca craint mais c’est mes vieux. Fin tu te doutes que j’ai mis les bouts de Boulder dès que j’ai pu et maintenant je vis à Huntfield. Tu as une piaule près de ton garage ?"

Charlie a donc les mêmes techniques que moi en terme de casse-noisettes, ça marche évidemment pas avec tout et tout le temps, mais quand ça marche c'est efficace !

"Bah t'étais douée avec un arc mais le flingue reste toujours le plus radical. Le flingue ou le lance-flammes mais y paraît que c'est dangereux."

Je rigole en disant ça, ai-je un jour vraiment tenté le lance-flamme ? Ben … oui. Je répéterai pas l'expérience mais je m'étais éclatée à l'utiliser !

D'après ce que me dit Charlie elle tombe en rade presque autant de mois après avoir eu sa moto que moi quand j'ai débarqué à Boulder en poussant mon engin. C'est marrant comme coïncidence en fait. Une fois à l'intérieur, j'examine visuellement la monture mécanique tel Sherlock examinant une scène de crime avant de brancher le boîtier diagnostic tout en écoutant les explications de la jeune fille sur le pourquoi du comment l'une n'avait pas pu contacter l'autre en quatre ans. Quelque part je suis contente de savoir qu'elle ne m'avait pas juste zappée. Y a pas à dire ses parents me détestent vraiment. Qu'ils se rassurent c'est réciproque.

"Je comprends mieux du coup, dire que j'ai ce vieux machin comme téléphone pour pas qu'on me pirate. Va falloir aussi que je le surveille mieux pour que personne le tripote."

Je sais pas à quel moment ses géniteurs ont réussi à toucher à mon téléphone mais bon. L'appareil de diagnostic fini par trouver le problème de la Harley.

"C'est l'injection, t'as du pot, j'ai ce qu'il faut sans avoir à commander de pièce, sinon t'aurais du me la laisser plusieurs jours."

La jeune rousse me demande si j'ai une piaule près du garage. Certains garages sont assez grand pour y aménager un petit appartement … pas le mien.

"Si on veut, tu l'as peut-être vue en approchant du garage, je vis dans la caravane qui est garée juste derrière."

Ma caravane, mon palais, mon royaume rien qu'à moi que peu de gens ont eu l'honneur de visiter. Ok, y a pas grand chose à visiter. Il y a la cuisine, le salon qui est aussi ma chambre vu que la banquette c'est mon lit, je veux dire que c'est un lit qui me sert aussi de banquette et pas l'inverse et ... la salle de bain. Ceci dit ça a pas l'air génial de vivre dans une caravane pour la plupart des gens. Moi c'est pour le côté pratique, et puis l'air de rien, j'ai réussi à rendre l'intérieur plutôt sympa. C'est cosy, joliment décoré et il y a tout ce qu'il faut pour être confortable.

"La réparation devrait pas prendre cinq heures, si ça te dit après je t'offre un café ou une bière et je te la montre, ma caravane. Tu verras c'est bien plus cool à l'intérieur que de l'extérieur."

Ce qui me fait penser que j'ai complètement oublié de défaire le petit sapin à côté duquel j'ai passé ma soirée de noël en picolant et en chouinant d'être toute seule.

Pendant les réparations je partage avec Charlie quelques anecdotes de ces quatre dernières années. Environ trente ou quarante minutes plus tard la moto redémarrait normalement, sans les bruits louches.

Je préfère ne pas trop m’étendre sur le sujet des flingues mais je souris quand Lexi évoque du lourd, le lance-flamme ! Y a pas dire, toujours aussi badass !

"Ah ouais, toi aussi t’as aimé. Bah, en zone dégagée, c’est super le lance-flamme, une fois j’ai fait sortir un monstre d’un sous-bois avec un de ces joujoux. Le bois était sec, la zone à cramer bien délimitée et y avait pas de vent. Il a pas aimé, le bestiaux ! J’aime aussi me servir d’une sulfateuse même si ça bouffe un max de balles, c’est amusant."

Puis ouais, tout est piratable sauf que le bidule de Lexi, il faut l’avoir en main pour mettre des numéros en indésirable sans que ça se voit mais c’est mieux de pas trop causer de mes vieux ou la chasseuse va les insulter et c’est mes vieux quoi.

"Cool."

Lexi va pouvoir réparer ma bécane maintenant et je la regarde faire puis je fais aussi sous sa supervision des fois que ça retombe en panne et que j’ai la pièce sous la main.

"Tu enseignes vachement bien."

C’est sur que c’est plus facile d’apprendre à une personne réceptive mais tout de même, elle sait y faire. Je souris quand elle me parle de sa piaule parce que ça me fait penser à quelque chose.

"On va faire ça ouais et tu sais, dans ce monde surnaturel, peut-être qu’un jour on entrera dans un endroit tout petit genre une cabine de police bleue et là, woa, ça sera bien plus grand dedans que dehors !"

Elle connaît aussi, ce dont je me doutais ! Lexi me raconte des anecdotes de ces cinq dernières années, y a pas à dire y a eu de l’action et heureusement elle ne cause pas de ses plans cul parce que ça me met toujours mal à l’aise. Perso j’ai moins de trucs à raconter parce que je débute vraiment la chasse depuis six mois mais je lui montre la légère cicatrice à mon bras.

"Il restait encore un vampire, il m’a sautée dessus par surprise et pété le bras. Je peux te dire que ca a été galère de le buter avec un bras en moins. Après ça je me suis trainée comme j’ai pu vers une habitation mais je saignais et j’ai commencé à tourner de l’œil. Ca sentait le sapin quand un chasseur m’a trouvée et soignée. Bobby Singer, je sais pas si tu le connais, beaucoup de chasseurs le connaissent. Il est bourru, l’est brut de coffrage mais on a sympathisé, ouais, au point où je le considère comme un père de cœur."

Puis la moto ronronne comme au premier jour, ravie, je joue un peu avec l’accélérateur pour la faire rugir encore un peu, ma bécane.

"Je ne reconnais plus personne en harley davidson !"

Ouais, cette chanson date d’avant ma naissance et alors ? Fin voilà, c’est réparé et je parlerais bien de payer Lexi mais mon petit doigt il me dit que je la vexerais. Bah, je lui rendrai au centuple et elle le sait certainement. On va donc à sa caravane.

"Une caravane, c’est comme une maison mais en mobile, c’est pratique. Perso j’ai un petit appart’ en centre-ville puis j’ai aussi ma chambre chez Bobby. Je suis sure qu’il aimerait te rencontrer. Vous devriez vous entendre."

Je m’essuie les pieds sur la paillasson et on entre.

"Ah ouais, c’est mieux dedans que dehors."

Bah, c’est pas que c’est pas dur, c’est que c’est sûrement fait exprès. D’un regard j’ai fait le tour des lieux et le sapin de noël me saute évidemment aux yeux.

"Ben tu vois, t’as bien fait de pas le jeter parce qu’on pourrait se tailler deux pieux avec et si un dieu païen sacrifie de l’humain et qu’on le chope, couic !"

Je lui dis ça avant d’enchaîner avec un grand sourire.

"Je vais prendre une bière, une blonde si tu as."

Sinon ben la bière qu’elle a. C’est juste que le préfère les blondes. Par contre pour s’asseoir, y a visiblement que le lit banquette alors j’y pose mon postérieur en me disant que Lexi me les fera poser ailleurs si y a de quoi poser mes fesses ailleurs dans sa caravane.

"Je suis tellement contente de t’avoir retrouvée Lexi, t'es un modèle pour moi."

Exactement le duo que mes vieux voulaient pas qu’on forme mais mon paternel voulait pas non plus que je chasse parce que j’étais la seule fille de la famille avec sept frères mais voilà, aucun d’eux n'a repris la chasse aux monstres et il restait que moi, la petite rouquine qui regardait ses frères faire semblant d'apprendre comment assurer la relève et finalement la relève c'est moi même si mon vieux il se dit pas souvent mais trop souvent à mon goût que les roux pourraient naître que de roux et je suis la seule rouquine de la famille. Une chance qu'aucun facteur n'ait été roux dans mon bled avant ma naissance, l'aurait du fuir, vite.

Charlie a expérimenté le lance-flammes elle aussi, ça commence à faire beaucoup de point communs, pour ma part je n'ai pas eu l'occasion de me servir d'une sulfateuse mais je la crois sur parole, ça doit défouler ce truc. On doit plus trop sentir nos bras, mais ça doit être marrant.

La jeune fille me trouve bonne prof, maintenant que j'y pense, c'est vrai que j'ai une tendance a me la jouer pédagogie des fois. C'est plus fort que moi et je crois que ça en irrite certains. Moi j'essaie juste d'aider hein, mais bon.  

"Ouais, c'est parce j'aime c'est tout, si fallait que je t'explique la physique quantique, je suis pas sûre que t'y comprendrais quelque chose et moi non plus de toute."

Charlie blague en comparant ma caravane au Tardis, je ris, ce serait pratique. Ou même une sacoche comme ça, oh, une réserve de munitions ! Haha t'es a court ! Ben non trouduc. Pendant que je terminais les réparations, la chasseuse me raconte comment un certain Bobby lui a sauvé la vie.

"Bobby Singer … en fait oui, le nom me dit quelque chose, je l'ai pas rencontré personnellement, mais je crois que ma mère m'en a parlé parce qu'ils avaient bossé ensemble. Je peux me planter c'est loin, mais je crois que c'était ce nom oui. En tout cas s'il t'a aidée sans te connaître ni rien attendre en retour c'est qu'il est cool."

Je remarque que la gamine a de la chance, elle a toujours ses parents, même si … voilà quoi, je les insulterai pas devant elle mais j'en pense pas moins et en plus elle a un père de cœur. Moi j'ai … mon lapin en peluche. Jalouse moi ? Possible pour le coup, mais pas le genre de jalousie qui rend mauvais, plutôt celle qui déprime. Je suis sure qu'elle a pas passé Noël seule, elle. Arrête de t'auto remuer le couteau, Lexi, c'est fini Noël. Et puis je connais l'histoire de miss Braun ici présente, mais connait-elle la mienne a part le fait que ses parents et moi c'est très compliqué. Ben non, elle sait pas grand chose de moi ou des choses erronées par ses parents.

Je souris quand Charlie se met à chanter du BB. La facture, elle, y a pas, non je ne forcerai pas la chasseuse à me payer, et quoi encore, si on peut plus s'entraider !

Ayant accepté mon invitation, nous sommes donc entrées dans ma caravane, La jeune chasseuse complimente mon intérieur puis remarque le sapin et je me marre en entendant son commentaire.

"T'as raison, c'est pas bête, au moins il aura une utilité !"

Elle me demande un bière blonde, j'ai des deux, alors j'en attrape deux et lui apporte la sienne après l'avoir décapsulée, je vois que la miss hésite un peu à s'asseoir sur le lit, mais c'est fait pour ça, même si j'ai peu d'invités, voire pas d'invités … Faut juste qu'elle fasse gaffe a un truc, c'est tout.

"Confortable hein ? Fais juste attention de pas écraser mon lapin en peluche, j'y tiens. Ça a l'air con comme ça, mais c'est le premier vrai cadeau que m'a fait ma mère quand j'étais petite."

Pour ma part je prend une chaise pour m'asseoir face à Charlie. De toute évidence la jeune fille à vraiment l'air contente de me voir et ce qu'elle me dit me remonte le moral par rapport à mes pensées d'il y a quelques minutes. Moi un modèle, j'ai rien fait de spécial pour ça mais ça me fait super plaisir d'entendre ces mots.

"Moi aussi je suis contente et ben … merci. Je vais essayer d'en rester un alors ! Non pas essayer, le rester tout court !"

J'affiche un grand sourire en disant ça et puis je vois du coin de l'oeil un prospectus que je garde sur ma table depuis un petit moment. Un rassemblement de Harley qui à lieu a Huntfield cet après-midi, je comptais y aller seule mais puisque Charlie est là …

"Ça te dirait qu'on y aille ensemble ?"

Dis-je en lui tendant le flyer.

Je me marre quand Lexi évoque la physique quantique.

"Quantique tac c’est que l’heure tourne."

Quand tic tac … Ouais bon !

Puis dans la caravane, c’est vrai que sa banquette est confortable même si perso au niveau de confort, j’ai un niveau de satisfaction assez bas. C’est que je peux pioncer à l’aise dans un sac de couchage à même le béton armé. Oui bon, niveau confort on repassera mais je peux. Avec mon coté pratique, je déballe un sac poubelle et je vire ce qui reste du sapin après en avoir retiré deux belles branches. J'en aiguise une avec mon couteau de survie et je ferais les deux mais je me doute que Lexi elle taille son propre "tueur de dieu". Ca ne servira probablement pas mais on ne sait jamais !

"Oh qu’il est mignon le lapinou !"

Alors je le prends brièvement dans mes bras mais en ne le secouant pas trop et même pas du tout parce qu’il ne faudrait pas qu'il se démantibule, qu’il se disloque, qu'il se disperse, c’est qu’il doit avoir au moins une vingtaine d'années et c’est beaucoup pour une peluche ! Je souris quand Lexi me répond qu’elle va tâcher de rester un modèle, avant que des sortes de warnings se déclenchent dans ma caboche. J’ai écouté d’une oreille trop distraite quand la chasseuse m’a appris qu’elle connaissait Bobby de nom, qu’il aurait chassé avec sa mère mais non seulement ça ne fait rien dire mais ils ne se rassemblent pas du tout alors rassurée, je fais taire les warnings genre fausse alerte. Surtout que je me fais presque un facepalm quand Lexi me propose d’aller au rassemblement de Harley à Huntfield.

"Justement, je venais aussi pour t’en parler puis il y a eu la panne mais ça me serait revenu hein et clair que ça va être génial d’y aller toutes les deux."

Dis-je après avoir pris le flyer dont j'ai un autre exemplaire sur moi et ouais, m'est avis que ça me serait revenu au plus tard au moment de bouffer.

"On mange en chemin et je t’invite cette fois."

Et ce n’est pas négociable !

Je laisse Charlie toucher mon lapin, c'est plus solide qu'on le pense les peluches si on s'amuse pas à s'asseoir dessus ou à essayer de les écarteler. Papy lapin ici présent à subit bien pire que les câlins d'une jeune chasseuse rousse. Si elle l'avait retourné elle aurait vu que je lui avais même dessiné un pentagramme dessus avec un feutre indélébile pour le protéger des démons … Ho ça va hein, pas de jugement, j'ai fait ça quand j'avais douze ans.

Quand je lui parle du rassemblement, la demoiselle se souvient soudain que si elle venait me voir, à la base, c'était pour cette raison, me proposer qu'on y aille ensemble. Ça fait donc peu de temps qu'elle doit savoir que ce garage m'appartient, sinon je me dis qu'elle serait venue avant sans avoir besoin d'occasion spéciale. Je me dis aussi que si ça se trouve on s'est déjà croisées plein de fois sans le savoir.

"Les grands esprits se rencontrent, tout ça …"

Elle me propose de manger en chemin, je me serais sentie insultée si Charlie avait insisté pour payer les réparations de sa moto, pas de ça entre nous, d'ailleurs pas de ça avec aucune personne que j'apprécie et j'accepte donc volontiers son invitation à manger. En plus je commence à avoir faim, ça tombe bien.

"Ok, je te laisse choisir où on va alors, je te suis ! Mais on a largement le temps de finir notre bière ça commence pas avant quatorze heure. Je dois aussi fermer le garage pour l'aprem'."

Et qu'aucune ne tombe en panne encore en route hein, ça commence à bien faire ! Même si sans me vanter, depuis que je ne confie plus ma Harley à n'importe qui, j'ai pas eu d'autre gros souci. Foutus arnaqueurs qui font exprès de mal faire leur boulot pour que tu revienne et paie à nouveau. Moi je fais pas ça, mes clients n'ont rien à craindre de ce côté là.

On fini donc nos bière en papotant un peu, puis je ferme le garage, sans oublier de retourner la fameuse petite pancarte de la porte d'entrée sur "closed", mettre le répondeur et surtout pas oublier de tout éteindre. Suite à quoi j'enfourche ma moto, prête à suivre Charlie.

"Ready."

Ca me fait sourire quand Lexi me répond que les grands esprits se rencontrent, je ne sais pas mais vue notre passion pour les Harley, c’était pas dur de deviner que celle qui aurait connaissance d’une telle journée en informerait l’autre, et dans ce cas, on était deux à être au courant mais vivant à Huntfield, ça n’était pas dur. Puis si elle se dit que je suis au courant depuis peu, c’est le moins qu’on puisse dire parce que je suis venue dès que j’ai su où elle aidait. C’est ce qu’on appelle faire une forte impression ouais !

"Clair, quand une bière est entamée, faut la finir !"

Ouais bon, je bois pas tant que ça et j’élimine ensuite beaucoup avec une dépense physique intense, abdos, pompes, ce genre de joyeusetés.

"Ca roule !"

On finit donc nos bières pendant que Lexi me narre ses chasses des dernières années, comment que je me lasse pas de l’écouter, puis je la suis tandis qu’elle ferme le garage pour la journée et elle me suit au plus cool des restaus que je connais dans le coin, l’ultra burger king, avec de vraies tables, de vrais couverts et pas un comptoir avec des caissiers limite zombie qui ne savent guère que dire "sur place ou à emporter ?" puis évidemment, on prend la rolls du menu, le menu ultra burger king avec ses trois étages, sa viande qui est de la vraie viande et ses frites qui sont issues de vraies patates. On a même un tablier burger king parce que quand on mange un menu ultra burger king, on ne peut que s’en mettre partout ! Donc autant éviter de se salir ! Cette fois il n’y a pas de serveuse pour me draguer, juste la moitié des mâles dont le regard vrille sur ma poitrine.

"Je devrais imprimer un motif d’yeux sur un t-shirt pour cet été, ça me donnerait l’impression qu’ils me regardent toujours dans les yeux. Et voilà la boustifaille !"

Servis promptement avec ça mais d’abord le bénédicité. Ouais, je le disais pas toujours y a quatre ans et c’est comme ça que le Mal il progresse. Si si. Je joins les mains et je commence.

"Seigneur, merci pour nos retrouvailles à Lexi et moi et merci pour ce bon repas, permets à manger à celles et ceux qui ont faim de gagner de quoi manger à leur faim, protège-nous du Mal et de l’indigestion, amen."

Puis avec un grand sourire à Lexi.

"Bon app !"

Et je me mords dans mon burger à pleines dents. Pas de pitié pour les croissants et pas de pitié pour le menu ultra burger king !

J'ai laissé Charlie embarquer un morceau de mon sapin qu'elle avait taillé en pieu pendant qu'on finissait nos bières. Moi je m'en ferai un avec l'autre morceau plus tard. Même si bon, les dieux païens ça coure pas franchement les rues, après … on sait jamais !

La jeune fille m'avait suivie pendant que je fermais et nous avions démarré ensuite. Je remarque qu'elle n'oublie pas le casque, cette fois. Je la suis à travers les rues de Huntfield jusqu'au restaurant de son choix ce qui nous mène donc à l'ultra burger king. Je connais ouais, je suis déjà venue, leur menu, on peut dire qu'il le rempli l'estomac.

Une fois attablées,  nous commandons la même chose, à savoir ce qu'ils ont de plus gros. Cette fois je ne me sens pas en plein territoire hostile comme à Boulder, par contre comme le fait remarquer Charlie, l'assistance masculine ne peut s'empêcher d'être lourde.

"Si tu veux je les calme, mais on serait obligées de changer de resto après."

Ça me gave mais à un point, les guignols incapables de se concentrer deux secondes sur autre chose que sur une paire de nichons, gros ou petits, quand ils regardent une femme, est-ce qu'on mate leurs bijoux de familles, nous, hein ? En plus la plupart sont accompagnés, sérieux …  Je vais pas créer de scandale là au milieu mais le regard que je lance à certains leur fait vite ramener leur attention a leur bouffe.

En parlant de bouffe, la nôtre arrive et Charlie prononce les bénédicités, je savais pas qu'elle était si pratiquante, pour ma part, je suis forcée de croire en Dieu, par contre, j'aurai du mal de le remercier pour la gueule que se trimballe le monde. J'évite de partager ces pensées avec la jeune rousse, j'ai pas l'intention ni la prétention de lui dire ce qu'elle a à faire. En tout cas je ne l'interromps pas et attends qu'elle ait fini.

"Merci, bon app' aussi !"

Puis je mords dans l'énorme burger, faisant dégouliner la sauce sur le tablier qu'on nous avait fourni. Elle a un goût de déjà vu cette scène d'elle, moi et de burgers qui dégoulinent.

"A part Bobby et … moi du coup, tu connais beaucoup de monde à Huntfield ? J'ai comme l'impression que cette ville attire les problèmes et donc les chasseurs comme le miel attire les mouches."

Ou la merde, les mouches c'est pas très compliqué. Mais comparer cette ville à de la merde serait franchement exagéré, elle peut être sympa par moment, pourrie par d'autre, bizarre tout le temps. À se demander comment les habitants ne s'en rendent pas tous compte.

Je rigole quand Lexi me propose de calmer la faune locale.

"Ouais, on se réservera aux bars où les gus ne se contentent pas de reluquer, surtout quand ils ont trop de verres dans le nez. Mais les mecs je les gère."

Je n’en dis pas plus mais je n’en pense pas moins ! Puis on commence à bouffer et je hoche la tête quand la chasseuse me demande si je connais du monde à Huntfield avant d’ajouter un point pertinent sur Huntfield. J’avale ma bouchée avant de lui répondre.

"Je connais surtout des chasseurs, quelques nanas et gus de lettres dont un japonais qui a l’air de croire que tout conflit pourrait se régler autour d’une table de négociation, plus quelques lapinoux, c’est comme ça que j’appelle les civils, comme ma maman de cœur qui travaille à la bibliothèque. Mary, faudra que je te la présente, des fois je me demande comment elle a pu survivre toutes ces années avec l’instinct de survie d’un lemming."

Et je mastique une autre bouchée avant de continuer.

"Ben Huntfield c’est le croisement des forces du surnaturel. C’est aussi une région dangereuse et les chasseurs qui se la jouent brutes épaisses ne tiennent pas sur la durée."

En gros des bandes d’humains qui se croient tout permis comme des bandes de monstres ! On termine le repas et je me sens une envie pressante.

"Je vais au ptit coin, je te demande pas de m’accompagner, hin hin hin !"

Je capte pas trop que trop de nanas ressentent le besoin d’aller aux chiottes en troupeaux. Quoique, c’est sûrement quand elles sont accompagnées des gus qui les draguent, histoire de partager leurs impressions "à chaud" en se remettant une couche de maquillage, quand certaines ne s’enfilent pas une ligne de coke dans chaque narine. Ben quoi, ça n’arrive pas que dans Pulp fiction ! Au passage, je note qu’à coté, mêmes les WC des gus sont bien entretenus, puis je fais ma petite affaire et aucun goujat ne me fait de proposition indécente. Ben c’est tant mieux, je ne cherche pas non plus la bagarre ! Donc ceci, je retourne à notre table et là, je remarque un changement d’atmosphère.

Et pas léger !

D’abord les clients, ils sont tous figés genre lapinoux pris dans les phares d’une bagnole. Les employés planqués derrière la caisse. Cette nana avec un flingue à ses pieds qui se tient le visage en gémissant, ses traits ruisselant de sang et aussi de café à priori bien chaud. Ca et la carafe de café qui git à ses pieds. Et Lexi qui est assise sur un gus qui est pas loin de téter le canon du flingue tenu par la chasseuse. Je comprends. La nana qui s’est pris la carafe de café dans la gueule fait mine de prendre son arme mais je m’en saisis avant elle et lui colle sous le pif.

"Toi tu restes tranquille."

A mon regard, elle se calme et on entend une sirène de police. Les flics débarquent, on coopère comme on dit, Lexi et moi, c’est-à-dire qu’on pose les armes et qu’on lève les mains le temps que les forces de l’ordre soient assurées qu’on ne va pas les plomber. Les employés leur disent pour la tentative de braquage et les "Ringo et Yolanda" sont embarqués manu militari. Puis ouais, on a un port d’arme même si y a que Lexi qui montre le sien vu que moi j’ai "emprunté" son flingue à la braqueuse.

"Ouais, braquer les cafés et restaurants, braquer les clients, c’est plus sûr et ça rapporte plus."

Je rigole et on quitte le fast food. Il est alors pas loin de quatorze heures !

Je souris quand Charlie me dit qu'elle connaît surtout des chasseurs, des hommes de lettres et quelques civils, ici, à Huntfield. Dont une mère de cœur, bientôt elle va me dire qu'elle a aussi une sœur et un frère de cœur, voire plusieurs. J'aurais pas du poser la question, elle est donc plutôt bien intégrée la plus si gamine que ça. En même temps ça m'étonne pas avec son caractère. Et oui, je sais que cette ville est spéciale, mais moi je me demande surtout pourquoi. Pourquoi ici, faudra que je me renseigne un jour tiens et j'irai peut-être les voir, cette Mary et sa bibliothèque.

"C'est cool, moi ça fait presque un an que je suis ici, j'ai suivi la piste d'un lycan qui ma menée à Huntfield. Le lycan s'est fait la malle mais moi je suis restée."

J'hésitais à tout lui dire, mais c'est Charlie alors après tout, pourquoi je me gène ?

"En fait … quelques temps après nôtre rencontre à Boulder ben … je me suis fiancée. Il a été mordu par un loup-garou, a cru qu'il gérerait chasse et lycanthropie, j'ai hésité mais je lui ai donné sa chance, il s'est planté et n'a pas géré mais alors du tout, a failli me bouffer, j'ai voulu le buter, il s'est barré, je l'ai recherché, il m'a conduite ici et je l'ai jamais retrouvé. Voilà, en gros et très résumé c'est comme ça que j'ai atterri dans cette ville."

Et je crois que je vais abandonner l'idée de le retrouver un jour, si ça se trouve un autre chasseur l'a déjà fait et il se ballade quelque part au purgatoire.

Bref, en tout cas j'ai tout bouffé ! Va falloir éliminer cocotte, demain. La jeune chasseuse part aux toilettes avant qu'on s'en aille. Pendant son absence, je regarde les gens et je repère un couple passablement nerveux. J'ai pas le temps de me poser plus de question, les voilà debout, flingue à la main et braquant le resto. J'y crois pas. Sérieusement, j'y crois pas.

Pendant que les autres clients obéissent aux braqueurs, je fais mine de préparer mon porte feuille pour leur donner, mais c'est surtout mon flingue que je prépare, tout en observant du mieux que je peux les deux à la fois. La femme m'approche, m'ordonnant de lui filer tout ce que j'ai, l'homme quant à lui est concentré sur la caisse, au point d'avoir rangé son arme dans son dos, j'en profite. La femme se mange la carafe qui était sur la table en pleine face et pas doucement, je crois que je lui ai pété le pif, ce qui lui fait lâcher son flingue pendant qu'elle gémit et pisse le sang par les narines. J'ai agit vite, le mec a eu le temps de se retourner pour voir sa chérie tourner de l'oeil, mais pas celui d'attraper l'arme qu'il aurait du garder en main quand je me rue sur lui, le faisant tomber. Assise sur lui je l'immobilise tout en lui collant ma propre arme sous le nez.

"Bordel mais c'est pas vrai, vous êtes sérieux là ? Y a moyen de bouffer tranquille ?"

Tout s'était passé assez vite et je remercie Charlie d'un signe de tête, lorsque celle-ci, sortie des toilettes, neutralise la femme qui était sur le point de ramasser son pistolet, heureusement que c'est pas la grosse commission qu'elle était partie faire, ça m'aurait embêtée d'avoir a flinguer cette gonzesse, même si pour le coup elle l'aurait cherché. Je suis pas une tueuse et ça m'emmerde toujours d'avoir à me fritter avec des civils. Aussi cons soient certains.

Au moins, les clients étaient là pour témoigner quand les flics ont débarqués, certains nous remercient même, Charlie et moi. De rien, de rien. Je montre tous les papiers nécessaire à la police quand ils me les demande, histoire de prouver que j'ai le droit de porter une arme. Pour cette fois, les flics sont plutôt cool et ne nous embarquent pas au poste pour témoigner, ce qu'ils recueillent sur place leur suffit amplement tellement l'affaire est simple. Et puis on leur a mâché le boulot.

Après ce petit interlude, nous reprenons la route en direction du rassemblement, où nous arrivons enfin presque pile à l'heure à quelques minutes près. Des Harley en formation de file indienne arrivaient encore. Sur place il y avait toute sorte de personne, du motard du dimanche au biker pur et dur. Pas ceux des gang par contre. Ceux là n'assistent pas a ce genre d'événement et c'est tant mieux.

Cette fois, je n'y arrive pas et mon côté fan-girl éclate au grand jour devant Charlie.

"Tas vu ça ? Y a même des modèles de quand on était nées ni l'une ni l'autre. Oh et regarde celle là ! Le mec l'a customisée comme celle de … de … merde c'est quoi ce film …"

Moto:

Rha, je retrouve pas, mais c'est pas grave, la moto est géniale et si je piétine pas sur place comme une groupie à un concert de Justin Bieber, j'en suis pas loin.

Lexi m’épate !

"Woa, ton fiancé est devenu un loup-garou et maintenant tu le recherches. Avec un max d’infos sur lui, je pourrais le chercher de mon coté et si je le trouvais, je t’avertirais immédiatement. De mon coté, je suis tombée sur un vampire qui se la jouait pacifique et Tarzan du pauvre à dormir dans les arbres. Je suis partie abruptement parce qu’il avait été assez sauvage pour ne pas me dire comment il s’appelait mais je réalise que c’était surtout parce qu’il en avait après mes fesses, c'est que je suis pas sa Jane."

Non mais.

J’espère que le fait de devoir faire le boulot des flics n’a pas contrarié Lexi, genre ne lui pas miné le moral parce que c’est elle qui a fait pour ainsi dire tout le taff, moi je me suis juste pointée pour ramasser le flingue avant la braqueuse et lui coller sous le pif. Et ouais, si on ne fait pas notre devoir de chasseuse pour la gloire, j’aurais quand même espéré un tout petit peu de gratitude du personnel, à défaut du public apathique. Mais non, trop choqués par le braquage. Bichettes ! Si un ours les attaquait, ils lui facilitaient la tâche en tombant les pommes devant lui. Ils méritent bien leur surnom de lapinoux ! Mais ça va, Lexi a l’air trop contente tout comme moi par l’événement de la journée pour ne pas tourner la page puis faut dire qui est, on a bien mangé !

Nous reprenons donc la route et nous arrivons pile à l’heure et donc un peu en avance parce que ce genre d’événement a toujours tendance à ne pas débuter pile à l’heure prévue. Nous voilà donc au rassemblement et pour du rassemblement de Harley, c’est clairement du rassemblement de Harley ! A part les gangs qui ne sont pas là et c’est tant mieux parce que genre "les sons of anarchy" c’est cool que dans la série TV, il y a un paquet de passionnés, du "casu" au "pur et dur" et j’en ai plein les yeux, faisant ressortir ma nature "fan de" alors que la chasseuse est visiblement dans le même état que moi.

"Indice, il a le crâne en feu."

Ca devrait l’aider à trouver le titre sauf si elle confond avec "Hell Rider" mais j’en doute, puis tant qu’elle ne résume pas le personnage à la contre performance de Nicolas Cage !

"Holala ! Regarde ce modèle ! Et celui-là ! Et puis celui-là ! Et encore celui-là ! Holala ! Holala !"

Ca y est, je me déchaîne, me voilà en train de sauter autour des bécanes tel un marsupilami ou comme si j’étais montée sur ressort tel un zébulon et j’ai comme l’impression que Lexi est dans le même état que moi, c’est dire !

Charlie m'avait proposé son aide pour retrouver mon fiancé, ben pourquoi pas, à la base c'est assez personnel comme affaire pour le coup mais vu que j'ai échoué jusque là, peut-être qu'à deux … avais-je pensé en tripotant l'anneau à mon cou. Son histoire avec Tarzan m'avait fait rire, un vampire qui vit dans les arbres c'est déjà pas banal, mais en plus c'est pas après sa jugulaire qu'il en avait. Il a de la chance de pas être tombé sur une chasseuse intolérante, elle aurait très bien pu directement le décapsuler sans se poser de question.

Au rassemblement voyant que je réfléchis sans trouver d'où sort cette Harley customisée, la rouquine me donne un indice.

Ouais, je sais qu'il a le crâne en feu, et des chaînes partout aussi, c'est juste que j'ai du mal a retenir son nom qui pourtant est tellement simple. Le rider, ça c'est sûr, le B … non, C … non, j'essaie mentalement avec toutes les consonnes de l'alphabet jusqu'au moment où si on était dans un cartoon, une ampoule s'allumerait au dessus de ma tête en faisant DING !

"Le Ghost Rider !"

Et ouais j'étais fière d'avoir retrouvé. D'ailleurs, il a pas que le crâne en feu je crois et j'ai jamais compris comment ses fringues en cuir fondent jamais. Bah, la logique et les comics, on me dirait ta gueule c'est magique et puis il y perdrait en classe le tas d'os en feu. C'est comme les pantalons de Hulk, ils sont quand même vachement bien foutus pour craquer là où ça gène le moins ! Et me lancez pas sur Superman que personne reconnaît dès qu'il porte ses lunettes de Clark Kent.

En tout cas, si je n'avais pas pu retenir mon enthousiasme devant toutes ces Harley on peut pas dire que Charlie faisait mieux et nous étions les deux hystériques que la moitié des gens présents regardaient comme deux folles. Du moins jusqu'à ce que je bug totalement l'espace de quelques secondes. J'étais figée la bouche grande ouverte, voyant soudainement une horreur indescriptible. Mon Dieu ce massacre.

UNE PUTAIN DE HARLEY ROSE BONBON !

L'horreur !:

Ok, c'est pas si indescriptible mais bordel qui a vendu ce bijou à ce genre de taré ! J'ai mal pour le pauvre engin, c'est de la torture et ça devrait être puni. En regardant bien, en plus la moto à des petits nœuds accrochés au guidon. Je crois que je vais vomir …

"Pitié, dis-moi que toi aussi tu trouve ça malaisant …"

Demandai-je à Charlie en désignant la machine, histoire d'être rassurée sur le fait d'en faire des caisses pour pas grand chose ou pas.

J’applaudis Lexi quand elle trouve la bonne réponse et ça n’est pas un applaudissement ironique genre taper dans les mains lentement avec un "bravo …" limite sarcastique, c’est sincère.

"Et c’est une bonne réponse !"

Je fais quelques petits pas de danse pour saluer la chasseuse et ouais, c’est bien la moto du ghost rider et elle me semble tellement bien imitée que je ballade au dessus d’elle mon iphone qui a une appli que peu d’iphones ont, et peut-être qu’aucun autre iphone dans le monde il l’a, cette appli de détecteur de champ magnétique EMF.

"Je vérifiais la présence éventuelle d’un esprit, déformation professionnelle. RAS."

Puis ouais, on a pas l’air nettes, Lexi et moi à nous extasier ainsi devant pas mal de modèles trop géniaux mais on s’en fout de l’avis des coincés ! C’est là que je vois la chasseuse se figer de stupeur et comme d’horreur devant quelque chose qui ne doit pas être à sa place à un rassemblement de Harley et pendant une seconde, je redoute ce que je vais voir aussi du coup.

"Quoi, y a des hôtesses ?"

Les hôtesses, ces nanas choisies uniquement pour leur plastique, pour leur sourire et très peu vêtues pour faire vendre plus de bagnoles et qui n’ont donc pas leur place ici mais c’est pire en fait et je me fige aussi !

"Oh mon Dieu, une Harley rose ! Il ne manque que "la poupée Barbie" pour la conduire ! Malaisant, c’est le mot ouais !"

Garde ton sang-froid Charlie ! Je respire lentement, très lentement avant de regarder Lexi genre j’ai une idée, eureka tout ça.

"J’ai une idée, fais diversion et pendant ce temps, j’asperge cette hérésie d’essence et je la crame !"

Comme on dit "ni vues ni connues" ou comme on dit aussi "pas vues pas prises" et si ça serait tentant de la purifier en quelque sorte par le feu, ça ne serait évidemment pas raisonnable alors on s’éloigne de cette horreur en espérant ne pas croiser "la poupée Barbie" qui la conduirait même si je pense plutôt que cette bécane ne doit probablement pas rouler mais être uniquement déposée là pour choquer par son mauvais goût !