III.02 - Afraid In The Dark (Feat Manakel)

Afin de pouvoir effacer progressivement la douleur de Jessica, j'avais pris la décision de l'enfermer dans un cocon sécuritaire dans lequel elle avait l'occasion de se calmer, mais qui ne pouvait surtout pas être brisé par un quelconque danger. Je protégeais clairement Jessica, afin que plus rien ne puisse l'atteindre et la tourmenter encore davantage. À la vue de ce que je ressentais en elle, j'avais le sentiment que mes gestes avaient un bon effet sur elle. Jessica semblait clairement moins tourmentée et endolorie que lors de mon arrivée. J'aimais mieux la savoir dans cet état, car le fait de ressentir de la souffrance en elle me brisait en profondeur. Là, elle se sentait bien mieux, et j'aimais cela, tout comme j'aimais profondément le fait de savoir que j'en étais le responsable. J'assurais son bonheur, en l'aimant exactement de la manière dont Jessica méritait d'être aimée. J'étais certes un ange, un messager de Dieu, mais cela ne m'empêchait pas d'aimer. Ce qui me liait à Jessica était un sentiment extrêmement fort, unique, mais surtout magique, sans lequel je ne me voyais pas continuer mon existence de cette façon, et il suffisait de voir ce qui s'était passé lorsque Jessica m'avait chassé pour le comprendre. Je m'étais clairement senti perdu, sans racine, et je m'étais réfugié dans la seule chose qui me restait pour oublier que mon être s'était brisé, au point de le croire irréparable tant que je ne retrouverais pas la place que j'avais auprès de Jessica. Qu'avais-je fait ? Je m'étais rangé derrière mon "travail", accomplissant mes missions sans penser à ma cassure. Sans le refuge de mon devoir d'ange, j'aurais sans doute sombré, mais cette partie de mon passé restait secrète, car je préférais mieux ne pas en parler. L'histoire m'avait permis de retrouver Jessica et d'être de nouveau une partie de son existence, alors il était inutile de penser à la terrible douleur du passé, qui n'avait clairement plus de raison d'être évoquée.

Cette discussion que j'avais avec Jessica était très constructive pour nous deux, car elle permettait à Jessica d'avoir les réponses dont elle avait besoin et à moi de continuer l'entretien du cocon sécuritaire que j'avais mis en place pour elle. J'aimais ce qui se passait à l'heure actuelle. C'était parfait...

- Si tout être sur cette planète pouvait avoir une réponse à chaque interrogation possible, l'existence serait bien terne non ? Au fond, nous avons tous des choses à apprendre, sinon personne ne pourrait acquérir une quelconque expérience. lui dis-je, pour exprimer ma profonde conviction sur l'existence, en réponse à son avis sur les anges, qui devraient normalement avoir réponse à tout, avant de continuer les explications sur un autre axe : celui de l'existence elle-même, mais surtout de cette complexité qui nous avait permis d'être réunis, quelque chose pour laquelle je n'aurais jamais un quelconque regret.

- L'existence est réellement complexe, mais elle nous a permis de nous retrouver, et d'être ensemble aujourd'hui. Franchement, j'ignore ce qui a bien pu nous réunir, si c'est une volonté du Destin ou bien autre chose, mais jamais je n'aurais un quelconque regret à ce sujet. Te retrouver est tout simplement la meilleure chose qui ait pu arriver.

En même temps, comment pouvais-je décrire la magie de ce qui nous unissait autrement que de cette façon ? Notre relation était parfaite et clairement la meilleure chose qui avait pu m'arriver dans mon existence angélique.

- Merci d'exister Jessica...vraiment merci d'exister...merci

Avais-je autant remercier une personne pour son existence avant Jessica ? Jamais... En même temps, je n'avais certainement jamais autant aimé quelqu'un avant elle, ce qui n'était pas difficile à dire à la vue du fait que Jessica était la seule personne que j'avais aimée dans mon existence.

Par la suite, Jessica se mit à me poser quelques questions sur mon devoir d'ange, mais également sur la douleur passée que je préférais tenir secrète. Préférant rester honnête, j'allais lui fournir les réponses qu'elle souhaitait avoir.

- Je ne compte pas les personnes que je protège car ce cercle évolue à chaque jour, entre les personnes qui y entrent et celles qui en sortent. Je peux quand même t'affirmer que ce cercle est vaste et que j'ai rarement le temps de m'ennuyer. La prise en charge des protégés relève d'une certaine gymnastique, en quelque sorte, mais c'est une façon d'agir qu'il faut forcément adopter dans ma position. Si plusieurs personnes m'appellent en même temps, l'urgence génère un ordre de priorité et si je ne peux pas être à plusieurs endroits à la fois, je passe le message sur la "radio des anges", histoire que la personne réclamant mon aide ne finisse pas abandonner lâchement alors que sa vie est en danger. C'est comme ça que j'ai toujours fonctionné, et je n'ai jamais changé de méthode. Bien évidemment, je préfère m'investir à fond pour pouvoir prendre en charge tout le monde, mais je n'ai pas le don d'ubiquité malheureusement, alors certaines fois il n'y a pas d'autres choix que de trouver des plans de secours, même si je n'aime pas trop ça...

Que pouvais-je dire par rapport à ce jour où Jessica m'avait chassé et n'avait plus voulu de moi dans sa vie ? L'histoire était plutôt douloureuse à raconter...mais Jessica avait le droit de l'entendre.

- Quand tu m'as chassé...j'ai fait ce que beaucoup d'humains font lorsqu'ils ont de la peine. J'ai cherché un refuge, histoire de mettre ma douleur entre parenthèses et ne plus me laisser dévorer par elle. Je me suis protégé en m'investissant encore plus dans mon devoir d'ange. J'ai fait comme beaucoup...je me suis enfui pour me réfugier dans le travail, sans parler à qui que ce soit de ce que je ressentais. J'ai été efficace dans mon travail, mine de rien, mais je ne pensais plus à moi. Je pensais aux autres en m'oubliant au passage, parce que c'était mieux comme ça. dis-je avant d'ajouter ceci : Tu ne peux pas savoir à quel point le fait de te retrouver a su réparer mon être Jessica. Tu m'as fait renaître, et tu m'as surtout procurer cet apaisement que j'avais perdu autrefois. C'est pour cette raison que je te remercie d'exister. C'est magique, ce qui nous unit...

L'honnêteté avait bercé chacune de mes réponses, car c'était exactement ce dont Jessica avait besoin, mais surtout ce qu'elle méritait. Là pour l'heure, il y avait une chose dont Jessica avait besoin, et il s'agissait du repos. Elle devrait tenter de dormir un peu, histoire de retrouver ses forces.

- Jessica...tu es épuisée. Tu devrais tenter de dormir un peu. Cela ne pourrait que te faire du bien. lui dis-je, en douceur. Je veillerai sur toi, pour t'aider à t'endormir, à être sereine...mais vraiment Jessica, il faut que tu trouves le sommeil. Tu en as réellement besoin.

C'était un conseil que j'espérais la voir suivre, car cela se voyait sur son visage qu'elle avait besoin de sommeil. J'espérais simplement qu'elle accepte de tenter le coup.

- Je reste avec toi, tant que tu le désires, mais il faudrait vraiment à un moment donné que tu tentes de dormir. Je suis sûr que cela te ferait du bien. Je ne te force à rien, car ce n'est qu'un conseil, alors ne le suis que lorsque tu seras prête. Je ne veux pas briser ce cocon sécuritaire en t'obligeant à faire une chose que tu ne souhaites pas faire.

Il n'y avait pas de mots justes et exacts pour décrire toute la douceur qui caractérisait Manakel. Je pouvais toutefois affirmer avec certitude qu'elle était apaisante et réconfortante... chaude et magique... et qu'elle me berçait de la plus belle des manières. Grâce à lui, grâce à ses bons soins j'avais retrouvé pleine possession de mes moyens. Je n'avais plus peur, je ne souffrais plus. J'étais calme, je me sentais en sécurité. Discuter ainsi à voix basse blottie tout contre lui entretenait cette merveilleuse ambiance qu'il avait doucement établi.

Manakel me faisait sourire par sa façon de voir les choses. Il n'avait pas tort, je le concevais. Mon mode de pensées était similaire au sien; moi aussi j'étais persuadée que nous avions tous des choses à apprendre, qu'il y avait des expériences à vivre, à acquérir. Elles n'étaient malheureusement pas toutes joyeuses mais je persistais à croire qu'elles n'arrivaient pas en vain. Dans chaque événement, qu'il soit heureux ou malheureux, il y avait une leçon de vie à tirer. Pour l'heure, je ne savais pas laquelle je devais apprendre en ayant été séquestrée et battue par Kierkan. La réponse viendrait sans doute plus tard. Ce que je savais par contre était que je ne voulais pas en vivres d'autres comme celle-là. La vie avait été dure avec moi depuis mon arrivée dans cette ville, il me semblait que j'en avais assez bavé et que je méritais d'être laissée tranquille un tout petit peu. Même chose pour Logan.

- Je regrette seulement que certaines leçons de vies soient acquises en souffrant... Au moins tout n'est pas noir. Une puissance a fait en sorte que l'on se retrouve. Si tu savais à quel point cela me réjouit Manakel... c'est à moi de te remercier d'exister, tu m'es si précieux et je t'aime tellement... J'ai de la chance de t'avoir auprès de moi, tout comme ceux que tu protèges l'ont également. Je n'ai pas de doute qu'ils doivent tous te réclamer. Tu es si doux et tellement généreux, ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui prend soin de nous...

Manakel était parfait. Il répondait présent à chaque fois qu'il le pouvait, déléguant à d'autres anges les cas où il ne pouvait faire acte de présence. Le terme "radio des anges" me fit sourire avec douceur. Il m'amenait une drôle d'image représentant des anges en attente, en train d'écouter les ondes radiophoniques pour répondre aux appels lancés par leur confrères. C'était rassurant de savoir que s'il m'arrivait quelque chose et que Manakel ne pouvait répondre, il allait envoyer quelqu'un d'autre à sa place... même si je préférais largement le voir lui. Néanmoins, même si tout était beau et parfait dans le système des messagers de Dieu, quelque chose clochait. N'avaient-ils jamais de répits? Cette interrogation me troublait. Je trouvais ça injuste de les voir travailler ainsi sans jamais s'arrêter. Pourtant, cela semblait bel et bien être le cas.

Alors que j'étais remuée par les questions que je me posais à propos du boulot que les anges devaient abattre, ce trouble fut vite chassé pour être remplacé par une peine immense qui me donna la terrible impression que mon coeur se déchirait et que mon souffle se coupait. Les mots que Manakel avait choisit d'utiliser pour me parler de sa sortie forcée de ma vie étaient épouvantablement percutants. Ils me démontraient à quel point j'avais été dure et cruelle avec lui.  À cause de moi, mon ami avait durement souffert. À cause de moi, il avait dû travailler encore plus... pour ne plus se laisser dévorer par la douleur. Dévorer. Un mot qui m'avait assommée. À lui seul, il résumait tout le mal que j'avais fait à Manakel.

- Dévorer...

Des larmes chutèrent sur mes joues, lourdes, abondantes, silencieuses.

- Moi aussi je suis heureuse de t'avoir retrouvé Manakel, vraiment très heureuse... Si seulement j'avais été moins stupide... Si seulement je n'avais pas été aussi égoïste tu n'aurais pas souffert ainsi...

Tandis que je revivais ce triste moment de mon enfance, tentant du mieux que je le pouvais de cacher mes pleurs, Manakel me suggéra de dormir pour prendre du mieux. Il avait raison, je devais me reposer, j'en avais énormément de besoin mais j'avais peur. J'avais peur de replonger dans ces infatigables cauchemars mais surtout j'avais peur de perdre Manakel.

- Mais je vais te perdre si je dors... et je ne veux pas te perdre. Je veux que tu restes avec moi.

Il n'avait pas été facile de parler normalement pour cacher la tristesse qui serrait atrocement ma gorge mais j'avais quand même assez bien réussi. Enfin c'était ce que je voulais croire...

- Je veux bien essayer mais je t'en supplie, reste encore un peu...

Mes doigts se refermèrent solidement sur sa chemise, signe que je n'acceptais pas qu'il parte.

- Je suis désolée de te donner tout ce boulot... Tu n'arrêtes jamais... tu travailles tout le temps... Je suis désolée de monopoliser tout ton temps... peut-être que d'autres ont besoin de toi en ce moment, peut-être qu'il y a des cas plus urgents qu'une simple fille qui a peur de faire un mauvais rêve... Je vais comprendre si tu dois partir... Je vais essayer de dormir...

Mes yeux se fermèrent tranquillement, laissant s'échapper d'autres larmes.

- Je te promets deux choses Manakel. La première est que je ne vais plus jamais te laisser sortir de ma vie. La deuxième est que je vais te gâter à chaque occasion qui se présentera... parce que tu mérites de te reposer et que quelqu'un prenne soin de toi, pour une fois.

Je fis une douce caresse à son visage avant de retrouver cette poigne solide qui gardait mes doigts noués à ses vêtements.

- Je t'aime, merci d'être là pour moi...

Après de nombreuses années passées en demeurant éloigné de la personne la plus importante à mes yeux, cette dernière faisait de nouveau partie de ma vie. Il était tout simplement hors de question pour moi de la laisser tomber et de m'éloigner une nouvelle fois d'elle. J'aimais Jessica à un point que je n'avais jamais pu atteindre avec qui que ce soit d'autre. Elle était celle pour qui je me sentais capable de tout faire, car j'allais prendre soin d'elle sans m'interrompre. Il suffisait de voir ce qui se passait actuellement entre nous. Son appel, ce cri déchirant le ciel, m'était parvenu avec une intensité qui m'avait fait du mal. Je ne pouvais clairement pas la laisser dans cet état. En même temps, tout mon être était dominé par cet envie...ce besoin de lui porter secours et de la savoir heureuse. C'était bercé par ce sentiment que j'étais venu, et jamais je n'aurais un quelconque regret à ce sujet. En ma présence, Jessica avait pu progressivement se calmer et effacer toute cette crainte qui l'avait déchirée un peu plus tôt. Enfermée dans ce cocon sécuritaire où seule la douceur dominait, elle n'avait plus rien à craindre de quoi que ce soit. Tout allait bien. Si un quelconque danger physique ou moral osait la menacer, il devrait d'abord me passer sur le corps avant d'atteindre le sien. J'allais la protéger peu importe ce qui allait arriver.

Rien que le fait de pouvoir la tenir dans mes bras me faisait chérir cette puissance qui avait pu faire en sorte de nous réunir elle et moi, même après toutes ces années. La retrouver était un cadeau d'une valeur inestimable pour moi, car le fait d'être avec elle me faisait le plus grand bien. C'était juste exactement ce qu'il me fallait et cela semblait être également le cas pour elle. Je pouvais le sentir et c'était parfait. La perfection de notre relation me plaisait énormément. En même temps, comment pourrais-je ne pas l'aimer ? Je tenais à notre relation et à Jessica. Le mélange entre les deux était réellement essentiel à mes yeux. Je l'aimais...et seul un aveugle ne pourrait pas le comprendre. Il suffisait de voir comment je prenais soin d'elle pour connaître la hauteur de mon attachement pour Jessica. Je la protégeais, tout en douceur, entre caresses et mots doux. Ma façon d'être avec elle montrait à quel point je l'aimais. Je ne lui faisais pas clairement une déclaration d'amour en y mettant les formes les plus appropriées, mais tous mes gestes le faisaient à la place de ma propre voix.

- Le fait d'avoir pu te retrouver, après toutes ces années passées loin de toi, est un cadeau d'une valeur inestimable pour moi. Dire que tu es importante pour moi n'est pas suffisant...car tu es essentielle. À mes yeux, il n'y a personne de plus important que toi Jessica. Notre relation a un pouvoir absolument magique sur moi. Tu m'apaises...tu me fais beaucoup de bien. Grâce à toi, je me sens bien. Il n'y a personne qui parvient à me faire autant de bien que toi Jessica...personne.

Il était certainement impossible de trouver une réponse plus sincère que la mienne car aucune n'existait. Je venais tout simplement d'exprimer ce que je ressentais, sans aucune retenue. Jessica en faisait de même avec moi, même si je n'aimais pas le fait qu'elle se sente coupable du fait de m'avoir chassé par le passé. À mes yeux, elle n'était responsable de rien. Je ne lui en avais pas voulu...et jamais je ne le ferais. Après tout, je l'aimais...je l'aimerais toujours.

- Ce qui importe Jessica, c'est qu'on ait pu se retrouver, même après toutes ces années passées loin l'un de l'autre. Nous sommes ensemble maintenant...et je ne me vois pas me séparer de toi de nouveau. La suite de mon existence, je la vois avec toi, et non sans toi.

J'avais conseillé à Jessica de tenter de trouver le sommeil, car je sentais bien que la douce humaine était épuisée et qu'elle avait un fort besoin de dormir. Il fallait qu'elle trouve le repos, ne serait-ce qu'un peu. Cela ne pourrait que lui faire du bien.

- Que tu t'endormes ou non, jamais tu ne me perdras...jamais... lui dis-je, avant d'ajouter ceci : Je resterai toujours à tes côtés. Tu peux continuer de te détendre, à mes côtés, si cela te fait du bien. Tu n'as pas d'inquiétude à avoir. Reste juste tout contre moi d'accord ? Détend-toi Jessica...

Et je le sentais bien, que Jessica parvenait à être apaisée à mes côtés, alors j'espérais voir ceci continuer encore un peu, le temps que la belle parvienne à trouver le sommeil et se reposer.

Jessica me fit de très douces promesses. Il n'y avait pas de parole plus gentille que ce que je venais d'entendre.

- Oh Jessica...

Ses paroles m'avaient réellement touché, et c'était facile de le percevoir. Entre la cassure dans mes mots et les expressions sur mon visage, c'était quelque chose d'assez évident à observer.

- Tu es parfaite...

Je caressais Jessica, toujours avec une immense délicatesse, histoire de continuer d'entretenir ce fameux cocon sécuritaire. Je ne mentais pas en disant que Jessica était parfaite tout comme l'était notre relation.

- Merci...merci pour tout...

Pour la première fois depuis des jours, depuis notre retour du chalet en fait, je passais un moment qui me trouvait complètement détendue et rassurée. Bien-sûr, je l'étais toujours lorsque j'étais dans les bras de Logan mais malgré cela je continuais d'avoir peur, sans doute parce que je le savais fragile et autant brisé que moi. Le fait de retourner vivre dans notre maison que Kierkan avait effrontément violée n'aidait point à ce que notre santé mentale se porte mieux. Obligatoirement, en n'ayant pas un moral et une humeur au sommet de leur forme, le corps subissait de manière négative ces états qui ne nous apportaient rien de bon. Connaissant les pouvoirs non négligeables des anges je ne pouvais, par conséquent, que me laisser tendrement bercer et caresser par douceur de Manakel. Rien, absolument rien de mal ne pouvait m'arriver lorsque je me retrouvais tout contre lui. Je savais qu'il avait de nombreux pouvoirs surnaturels qui lui permettaient de me défendre si quelqu'un osait tenter quoi que ce soit pour me blesser, et puis il était doté de cette tendresse qui ne se comparait à rien tant elle était unique et puissante. Grâce à Manakel je sentais que, pour la toute première fois depuis mon retour du chalet, j'allais enfin pouvoir récupérer comme il se doit. Le sommeil était à deux doigts de m'avaler et j'allais le laisser m'attraper, à la seule et unique condition que mon ange reste avec moi.

Ce que je ressentais pour Manakel était spécial et étrange à la fois. J'aimais Logan d'un amour extrêmement puissant et profond. J'aspirais à faire ma vie avec lui, à fonder une famille, à me marier, également. Je ne me voyais pas vivre sans lui. Avec Manakel, c'était semblable. L'amour que je lui portais pouvait s'apparenter à celui que je nourrissais pour mon bien-aimé. C'était difficile à expliquer et à comprendre, moi-même je n'y arrivais pas à la perfection mais ce que je savais était que Manakel ressentait à peu près la même chose pour moi et cela ne pouvait que renforcer notre union. Autant il me gâtait, autant j'avais envie de prendre soin de lui. J'aimais savoir que je lui faisais du bien, j'aimais le rendre heureux et lui démontrer à quel point il était important pour moi. Je l'avais chassé une fois, je n'allais plus jamais le refaire parce que sans lui, mon existence n'était pas parfaite ni complète. J'avais besoin de Manakel et de Logan pour être pleinement heureuse.

Même si je savais que je devais absolument dormir, je luttais pour la simple et bonne raison que j'avais peur de perdre Manakel. Je ne voulais pas fermer les yeux et me réveiller seule. Pourtant, il allait falloir que je fasse le grand saut pour la simple et bonne raison que mon corps n'allait plus tenir bien longtemps si je ne lui fournissais pas le repos qu'il me réclamait.

- Promets... de revenir me voir d'accord? Merci de prendre soin de moi comme tu le fais, Manakel. Je t'aime...

Je me détendais petit à petit, me laissais bercer par les caresses et la douce voix de mon ange gardien. Parfois je glissais dans le sommeil, parfois j'en ressortais mais jamais, jamais je ne sursautais violemment. Tout n'était que douceur. Il en était toujours ainsi avec Manakel.

- Non c'est toi qui est parfait... merci... merci... merci...

J'eus à peine la force de prononcer le dernier mot. Avec délicatesse, le sommeil était finalement venu me chercher pour de bon et cette fois-ci, il allait être des plus bénéfiques.

FIN DU RP