III.02 Where the hell were you?!

Il faisait froid dehors, trop froid, mais elle s’en fichait bien elle. Elle n’était pas du genre à s’en laisser imposer par miss météo et encore moins quand elle n’était pas dans un état adéquat. Comment dire, rien ne clochait dans sa vie, mais tous l’embêtaient aujourd’hui. Déjà, on n’était pas samedi et ça, c’était chiant. Ne pas être samedi voulait dire qu’elle ne voyait pas Lucy. Lucy qui devait être quelque part dans le monde à l’heure actuelle. Pas chez lui du moins, parce que sinon, elle y aurait été là tout de suite parce que bon, elle n’avait pas envie d’être seule. Pourquoi? Aucune idée, mais elle bravait le froid pour aller se chercher un cappuccino parce que les murs de son appartement allait la rendre folle. Peut-être qu’elle exagérait, elle exagérait surement en fait, mais elle n’avait pas envie de rien, sauf peut-être d’un café et si quelqu’un mentionnait que c’était peut-être parce que la miss… elle n’avait que dormi 2 heures cette journée-là, bah il avait tort, d’accord? –inséré ici le smiley never : pour l’effet caricatural de la chose, merci. Parce que bon, elle était rentrée de l’hôpital après son service de nuit, c’était laissé tomber sur son canapé et c’était endormi directe… deux heures plus tard, elle se réveillait en sueur, cri à l’appui pour réaliser qu’elle était chez elle et non pas dans le sous-sol de la cache de Percy… Ouais bon, elle avait encore le regard terrorisé de Christina en tête quand elle c’était lever pour se changer les idées. Elle c’était douchée, séchée les cheveux, elle avait tenté de faire du tissu aérien, mais rien à faire. Donc… elle avait décidé d’aller chasser son cappuccino entouré de gens, c’était viable comme scénario possible! Oui, oui!

Une fois arrivée au café, c’était bondé, mais genre, vraiment. Elle aurait pu presque nagée sur les gens à force. Bon d’accord, encore un peu d’exagération, mais… si peu. Parce que ouais, à force, on comprenait le principe, donc elle prit son cappuccino pour apporter. Elle voulait apprécier l’humanité un peu plus, mais… elle n’en était pas encore à ce point dans sa tentative d’aimer les gens. C’était un peu comme magasiner un 23 décembre. Fallait être suicidaire. Oui, elle l’était sans le vouloir, mais on appelait plutôt ça de la témérité, là… rester dans le resto, c’était plus… dans le genre… euh, de la folie à l’état pure.

Donc ouais, elle sortit, remettant ses écouteurs parce que la vie sans trame sonore, c’était nul. Elle prit son téléphone en main et balança un message texte à Lucy, du genre : «  On n’est pas samedi, mais… tu ne peux pas m’empêcher de t’embêter quand même, t’es loin. » Vrai quoi, il ne pouvait pas! Il n’allait pas se téléporter à côté d’elle, lui! Donc ouais, elle allait l’embêter totalement. Non, ce n’était pas une technique pour avoir un contact quotidien avec lui! Faut pas mentir, c’est mal. Donc elle marcha avec son cappuccino doucement, quand elle entendit le son caractéristique d’une vie à Mario. Elle ne put s’empêcher de sourire en sortant son téléphone pour voir la réponse de Lou : « Si tu veux. Mais ça sera retenu sur ta note de fin de semestre ». Mais oh! Elle allait les réussirent ses stupides exams du surnaturelle… ou pas. Pas s’il lui enlevait des points quand elle l’embêtait. Il était si con, c’est avec le sourire qu’elle commença à lui répondre, relevant les yeux pour voir la lumière piéton s’actionner. C’était à elle. Donc, elle redescendit ses yeux sur son téléphone tout en traversant. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’était le bus qui tentait de freiner, mais qui glissait au même moment sur une plaque de glace. Chose qu’elle ne voyait pas à cause de son téléphone et qu’elle n’entendait pas à cause de ses écouteurs… oups?

De nouveau libre et sans les missions relatives à la libération de Lucifer, elle était revenue à ce qu'elle savait qu'elle devait faire, protéger les quelques humains qui lui étaient assignés. C'était assez ironique, vu l'apocalypse qui arrivait à grand pas... Mais de fait, ils avaient besoin de protection plus que jamais. Pour qu'ils partent les derniers ? Peut-être. Toujours était-il qu'elle avait repris sa surveillance. Décidée à respecter les derniers ordres qu'on lui avait donné en attendant les nouveaux. Rien d'affolant n'avait l'air d'être arrivé en son absence, en tout cas pour la majorité de ses humains. Et puis, il y avait Serena. Qui traînait avec des chasseurs et des loups garous. Séraphine avait même pensé repérer des traces d'activité démoniaque. C'était la raison pour laquelle elle la suivait avec une attention particulière.

Heureusement pour la petite d'ailleurs. Elle n'avait jamais été particulièrement... prudente ou mesurée. Mais elle était toujours parvenue à s'en sortir seule et l'ange n'avait pas trouvé de raison d'intervenir directement. Elle avait bien, une fois où l'autre, renvoyé d'où il venait un démon qui avait le malheur de traîner dans le coin. C'était juste des précautions cependant. Et elle n'était pas de ses anges qui annonçaient leur présence à leurs protégés. Elle l'avait fait par le passé et, quand ils l'avaient enfin crue, ils étaient allé le répéter sur tous les toits. Oh, un ange a guéri mes blessures, comme par magie. Super. La fin de l'histoire se passait au choix dans une maison de fou ou à un procès pour sorcellerie, alors autant dire que ça lui avait passé l'idée de décliner son identité. Soit. Revenons à la petite.

La gamine qui venait d'aller chercher son café ressortait, sourde à cause de la musique et distraite par son petit écran mouvant. La catastrophe était sur le point d'arriver, ce n'était qu'une question de secondes. Sans réfléchir, Séraphine apparaît derrière de la jeune fille et la tire brutalement vers elle en reculant, hors de la trajectoire du camion fou. Elle n'aime pas être forcée à se montrer comme ça, mais il fallait vraiment faire quelque chose. Vu comment l'humaine est au milieu du surnaturel, mourir d'un accident de la route serait parfaitement absurde. Et ça aurait signifié qu'elle faisait vraiment mal son travail. Elle se tourna vers Serena et, après avoir soupiré, souligna l'évidence.

« Tu devrais vraiment faire attention, petite. »

Un tantinet moins de distraction et elle aurait pu continuer à l'observer, tranquillement. Pourtant, les primates n'arrêtaient pas de se répéter de regarder la route avant de traverser. Ce n'était pas une consigne compliquée tout de même.

Donc ouais, elle était concentrée sur sa réponse pour Lucy et sa musique, fallait souligner que c’était à son tour de traverser, la lumière piéton le mentionnait. Elle n’était pas concentrée, mais elle s’en fichait. Elle c’était avancée, commençait à traverser tout en tapant un message pour Lou, message qu’elle n’envoya jamais puisqu’une main la tira assez sèchement vers l’arrière, lorsqu’elle releva les yeux, elle vit le bus passer, zigzaguer et continuer sa route comme si de rien n’était. L’humanité perdait encore des points là, mais bon. Elle se retourna ensuite vers la voix, une voix féminine et Serena n’était pas certaine que le ton soit positif. Elle lui avait mentionné un truc flou dans le genre de faire attention, le petite, elle l’avait bien comprit ça par contre. Elle retira ses écouteurs, déposa son téléphone dans sa poche, elle était départagé entre deux réactions possibles… L’ancienne S et la nouvelle. Elle aurait pu l’envoyé balader ou la remercier, mais elle ne savait pas ce qu’elle voulait faire en ce moment, c’était chiant de douter comme ça quand même.

-Premièrement, j’ai fait gaffe, la lumière était pour moi. Après ça, c’est pas de ma faute si le mec ne sait pas conduire… Deuxièmement, hm… merci.

Bravo! Un mixte complexe des deux. L’ancienne S au début et la nouvelle vers la fin. Ouais, bon ce n’était pas un merci super reconnaissant, mais elle tentait hein! C’était vachement différent que tout ce qu’elle aurait pu faire depuis la naissance. Serena était le genre de gamine ou remercier, c’était presque violent pour sa personne. Elle ne le pensait jamais, mais elle n’avait jamais eu besoin d’y penser, les gens n’avaient jamais vraiment été assez gentil pour se faire remercier. Donc ouais, elle l’avait remercié, la détaillant du regard, de son regard d’artiste. La femme, pour la peine, allait se mérité un portrait dans la filière artistique de S, elle était comme ça la gamine et ce, depuis toujours, elle faisait des portraits de tous les gens rencontrés, quand elle pouvait, elle écrivait même leur nom à l’endos, pour tenter de se rappeler un minimum, mais la fille l’avait… un peu sauver non? Elle se passa une main dans les cheveux pour chasser cette sensation désagréable de devoir quelque chose à quelqu’un, c’était chiant.

-Ça aurait été un peu con de mourir écrasé sous un bus.

Cette réplique-là, c’était plus pour elle, fallait l’avouer. Elle avait affronter un père absent, la pauvreté, une mère négligente, la mort d’une mère, des foyer d’accueil, ensuite, elle avait affronté vampire, Loup-garou, rugarus, elle avait été dressé par un démon, adopté par un second, protéger par un troisième avant que le vent décide de tourner pour elle et qu’elle se fasse des amis, qu’elle rencontre des anges et qu’elle décide de changer un peu. Genre… elle avait tué, assister à des meurtres, elle avait vendu des gens, pour sa propre survie, les privant de leurs âmes pour la plupart… Après tout ça, elle aurait pu mourir frapper par un bus… c’était légèrement pathétique non? En même temps, sa aurait peut-être été mieux, ou pas. Elle ne savait pas si elle c’était assez rattraper pour passer par go, réclamer le paradis et éviter l’enfer, donc ouais… ne pas mourir maintenant, c’était une bonne idée quand même.

Maintenant que l'humaine savait qu'elle était là, elle ne pouvait pas juste disparaître pour reprendre son observation tranquillement. Surtout qu'elle n'était même plus distraite, puisqu'elle avait enlevé les fils de ses oreilles et rangé tous ses écrans. Il allait falloir qu'elle marche jusqu'à ce qu'elle soit hors de vue, comme n'importe quel mammifère, histoire qu'elle ne se rende compte de rien. Arf. Marcher. Elle n'aimait vraiment pas ça. C'était tellement plus simple d'apparaître là où elle le souhaitait. Serena n'avait pas l'air d'être très reconnaissante d'être en vie, presque vexée qu'elle ait osé lui sauver la vie et lui rappeler la prudence la plus élémentaire. Enfin, elle laissa échapper un merci. Un sourire un peu narquois s'étira sur le visage de Séraphine. Elle savait qu'elle n'avait pas l'habitude de prononcer ce mot, pour l'avoir observée depuis qu'elle était fort petite.

« De rien. »

C'était agréable d'avoir un peu de reconnaissance pour son travail. Ce n'était pas comme si elle donnait souvent à ses humains l'occasion de la remercier ou qu'ils étaient naturellement tentés de prier juste pour dire remercier. Non, c'était toujours pour demander quelque chose, bien sûr. Comme si la vie, la planète et le libre arbitre ne suffisaient pas. Se concentrant à nouveau sur la situation présente, Séraphine ne comprenait pas pourquoi elle était fixée du regard avec tant d'insistance mais c'était sans doute normal. Elle portait une belle humaine, assez symétrique et proportionnée, ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait dévisager par des mortels. Lorsque son interlocutrice fit remarquer à quel point mourir écrasée sous un bus aurait été stupide, elle ne put s'empêcher d'acquiescer et de lui répondre, toujours légèrement souriante.

« C'est certain. A vingt-et-un ans, tu as encore une grande partie de ta vie devant toi, si tu arrêtes d'être aussi imprudente en tout cas. »

L'ange parlait à la fois de son rapport au trafic routier et de ses fréquentations surnaturelles qui n'avaient vraiment rien de recommandables. Autant rester vague pour éviter les questions. Mais Séraphine n'était vraiment pas satisfaite de la situation actuelle de l'entourage de Serena et comptait bien surveiller avec application avant de faire un peu le tri. L'ange n'avait pas réalisé que savoir l'âge avec autant de précision devait déjà être vraiment étrange, voir effrayant, pour la jeune fille qui ne connaissait pas sa vraie nature. Enfin, peut-être qu'elle ne relèverait pas...

Donc ouais, c’est remerciement, elle ce les avait presque arrachée, mais ce n’était pas de sa faute. Elle était nulle dans ce domaine, c’était comme la politesse! Demandez à Lou, elle était vraiment nulle dans ce domaine, mais genre… complètement! Donc ouais, elle avait eu du mal, mais elle faisait des efforts. Elle devenait une meilleure humaine, du moins… au vu de certain, au vu de d’autre elle devait être en train de faiblir ou un truc du genre. Meph par exemple, il l’apprécierait surement moins en fait, mais bon. La femme lui avait un balancer un [i]De rien [/b] assez froid. Genre, pourquoi la sauver si c’était pour être froide comme ça? Genre, si la bonté d’âme ne t’étouffait pas… pourquoi faire l’effort? Mais bon, elle ne faisait pas dans la psychologie humaine, elle son truc… c’était l’humain une fois anesthésiée- oui j’ai failli écrire euthanasié…- bref, des gens pas capable de dialoguer. Donc ouais, elle mentionna quand même que ça aurait été nul de se faire heurter par un bus. Elle était franche au moins, parce qu’elle n’aurait vraiment pas aimé cela et que la femme était toujours là. Genre… Serena aurait dû faire quoi? Lui serrer la main? Mais… elle ne savait pas où elle l’avait bien sa main cette femme. L’invité à prendre un café? C’était beaucoup trop intime. L’idée de rester planter-là était donc la seule envisageable pour le moment. Serena et les relations… on repassera quand même.

Le problème, ce fut quand la femme répondit à sa réplique en mentionnant qu’à vingt et un ans… elle avait encore une grande partir de la vie devant elle, si elle arrêtait d’être imprudente. En général, personne n’aurait mentionné rien, mais… elle savait son âge comment? Genre, ça lui avait donné des sueurs froides d’inquiétudes. Pourquoi? Simplement parce qu’il y avait du type de personne qui pouvait avoir ce genre d’information sur elle. Les gentils et… les méchants – ceci bien sûr, à l’échelle de Lou, parce que pour Serena, c’était encore gris tout ça- donc ouais… elle se méfiait soudainement et sa se voyait surement dans le regard qu’elle lançait à la femme. Elle était qui au juste?

-Tu sais mon âge comment au juste?

Rapidement, son cerveau émettait déjà des hypothèses. Elle pouvait être affiliée à Manakel ou Diana, mais… elle semblait trop froide pour ça non? Elle pouvait être affiliée à Phoenix ou Méphistophélès ou encore à Percy… une amie lointaine? Mon Dieu, Serena espérait que non quand même. Parce que sinon, elle ne s’en sortirait pas. Genre, elle avait refait sa vie la gamine et elle n’avait jamais été mieux maintenant qu’avant, donc ouais… elle craignait un peu le pire. Elle avait glissé ses mains sans ses poches comme pour se réchauffer du froid mordant de l’hiver, mais la raison était tout autre. Elle maintenait fermement le couteau que Lou lui avait offert dans sa main, un couteau mi-fer/mi-argent, qui pouvait servir dans beaucoup de cas et si c’était un ange en lien avec Manakel ou Diana… elle n’aurait pas à s’en servir alors tout allait pour le mieux.

La jeune fille restait là et Séraphine ne savait pas exactement quand est-ce qu'il serait correct de s'en aller. Elle lui avait sauvé la vie, avait été remerciée, le danger avait été écarté... Maintenant, l'humaine pouvait juste reprendre son chemin, non ? Comme deux bonnes incapables sociales qu'elles étaient, elles restaient plantées là, au bord du passage pour piétons, chacune se sentant un peu obligée de faire la conversation à l'autre. C'était pour ce genre de détail qu'elle préférait la surveillance longue distance. Son âge, bon sang, elle avait dit son âge. Comment elle le savait ? A part le fait qu'elle l'avait regardée grandir, ce qui était la vérité mais pas vraiment une réponse acceptable. Elle hésita un moment à se détourner et s'en aller, mais le regard que lui lançait l'animal en face d'elle était méfiant et peut-être un peu effrayé. Elle avait l'air de vouloir une réponse et l'ange n'avait vraiment pas envie de se faire courir après. Alors elle allait juste nier en bloc qu'elle savait quoi que ce soit. Après tout, c'était un âge emblématique, symbole de la majorité et de ce genre de choses. Elle aurait très bien pu dire ça au hasard, en estimant au vu du visage de Serena et pas parce qu'elle avait reçu pour mission de l'espionner pour être certaine qu'elle allait bien. Alors l'être céleste haussa les épaules et lui répondit en souriant :

« J'ai juste eu de la chance, je suppose. »

Bon, maintenant qu'elle se l'entendait dire, c'était assez pauvre comme explication. Mais peut-être que ça passerait ? Elle n'en savait vraiment rien. La gamine mit ses mains dans ses poches, sans doute parce qu'elle avait froid. Alors elle n'avait qu'à rentrer chez elle, ça les arrangerait sans doute toutes les deux. Séraphine n'allait quand même pas rester là à lui sortir des banalités pour le reste de l'éternité. Enfin, elle aurait pu, techniquement, mais elle n'en avait certainement pas le désir. S'en aller ? Elle hésita un petit moment avant de commencer à s'éloigner, une fine couche de neige s'écrasant sous ses pieds. L'humaine penserait sans doute que cette rencontre était étrange mais elle rentrerait chez elle et finirait par ne plus y penser. Ça serait absolument parfait. Il allait lui falloir un petit moment avant d'être hors de vue et de pouvoir prendre son envol. Elle ne marchait pas vite, courir aurait sans doute attiré l'attention. Surtout maintenant que Serena était au courant de pas mal de choses surnaturelles.

Donc ouais, ça n’avait rien de simple pour la gamine de rester plantée là à ne pas savoir quoi dire, ni vraiment quoi faire. En général, l’autre savait et le montrait, mais là… l’autre avait l’air aussi nulle qu’elle dans le domaine, ce qui n’était franchement pas simple. Comment deux personnes aussi nulles avec les gens pouvaient être prit à discuter ensemble? Fallait peut-être tourner les talons et s’en aller. Le problème avec cette idée là… c’était qu’elle n’était pas si gentille que ça au final. En prime… la femme lui répondit un truc trop bizarre. Genre pas d’information sur la gamine et directement, bam, l’autre savait son âge. Comment elle savait son âge? Aucune idée, alors c’était inquiétant tout ça. Elle lui demanda, parce que c’était le plus logique à faire quand même et la miss rajouta qu’elle avait eu de la chance, elle supposait. Non? Sérieusement?! C’était quoi cette merde, en plus elle tentait de partir. Euh… non? Genre, c’était en public, si c’était un démon, elle ne lui ferait pas faire un vol plané, pas en public. L’autre bizarre ne pouvait pas courir, donc elle ne pouvait pas se sauver et encore là, démon ou autre, elle ne pourrait pas se volatiliser tant qu’il y aurait des gens, mais pas trop, donc Serena l’a rattrapa rapidement, l’empoignant par le bras pour l’empêcher d’avancer plus loin. Oui, Serena était suicidaire, oui elle pourrait se manger de la télékinésie en pleine face, mais elle s’en fichait complètement, sa vie n’avait jamais été une priorité, du jour où elle avait décidé de jouer les funambules les yeux bandés sur le toit de son appartement à New York ou quand elle avait simplement décidé qu’elle escaladait le tissu aérien sans consigne et sans attache. Elle était comme ça, elle n’y pouvait rien, l’esprit de préservation n’avait jamais été existant. C’était comme cette gamine qui décide de suivre un inconnu parce qu’il dit qu’il connait son père. Bon d’accord, dans ce cas-là, le mec avait été franchement mieux que ce qu’elle aurait eu droit en son absence, mais quand même. Donc ouais, elle l’avait empoigné et dit simplement :

-Étrangement, j’ai du mal avec les coïncidences et le hasard. À ce point-là, ton hasard pourrait connaitre mon deuxième prénom que ça ne m’étonnerait même pas, alors explique toi.

Ouais, le L. dans son nom existait toujours et à son plus grand désespoir en prime. Qui pouvait être assez fou pour nommer sa fille Lolita, non mais vraiment? C’était horrible et de mauvais goût. Ok, sa mère n’avait jamais vraiment fait de bon choix dans sa vie, mais quand même… il y avait des limites hein. Bref, aussi bien passer à autres choses et attendre la réponse de la femme.

-Je ne vais pas être fâchée ou jouer les gamines, je veux juste savoir, c’est tout.

Elle n’allait pas lui faire une crise ni rien. Elle voulait savoir avec qui la femme était. Elle aurait put être amie avec Manakel ou Diana. Elle aurait pu être en relation avec Percy, Méphisto, Phoenix ou Eleazar. Elle aurait pu être une chasseuse, mais là, ça impliquait que Lucy ait parlé d’elle et c’était presque qu’impossible, Lucy cachait la gamine dans son appartement et ne la sortait jamais, il avait surement un peu honte de se montrer avec elle en fait, mais bon, au final, ça n’arrangeait pas le problème de la gamine.

Elle allait s'en aller, tranquillement, se trouver une ruelle pour disparaître et... quelque chose était accroché à son bras. Quelqu'un en fait. Serena l'empêchait d'avancer plus loin. Refrénant l'envie de la faire voler à l'autre bout de la rue, ç'aurait été ridicule après avoir empêché un camion de la renverser, elle se tourna vers elle. Son énervement était visible. Qu'est-ce qu'elle voulait de plus la gamine ? Elle était en un seul morceau, ça ne lui suffisait pas ? Son ange aurait dû se douter que non, elle n'allait pas laisser tomber aussi facilement, ni mettre ça sur le compte du hasard. Serena se remit à parler et elle en eut la confirmation. En effet, la petite avait raison, elle connaissait son deuxième prénom, accompagné d'à peu près tout le reste. A peu près, parce qu'elle avait loupé quelques épisodes. Alors s'expliquer. Mh. Par où commencer. Elle regarda un moment dans le vague, bien trop consciente qu'elle ne pourrait pas s'en tirer avec un mensonge improvisé ou que cela ne ferait qu'empirer la situation. Dire la vérité lui permettrait de se sortir de cette situation et rien d'autre. Elle avait passé tellement de temps à mentir qu'elle aurait pu oublier que c'était une option. La voix de l'humaine la sortit de ses réflexions. Le visage de Séraphine avait repris un masque neutre, un peu froid peut-être, mais sans trace d'agacement. Elle voulait savoir ? C'était entendu.

« Bien. Mais je te prierai de ne pas faire une scène. »

Elle était loin d'être persuadée que cet avertissement aurait de l'effet. Mais au moins, elle aurait essayé. Malgré la neige et le froid, il y avait quand même quelques passants dans les rues. Elle ne voulait pas être trop brusque, pour ne pas risquer une réaction violente de quelque sorte que ce soit. Ne pas se faire remarquer. Oh, comme elle n'avait pas envie de faire ça. Adieu la tranquillité, bonjour les prières à chaque fois qu'elle se coupait avec une enveloppe. Elle baissa un peu la voix, pour être sûre que la seule personne qui l'entende soit sa protégée.

« Comme tu t'en doutes peut-être, je ne suis pas... une mortelle. » lui dit-elle pour ne pas aborder le sujet trop brusquement. « Je suppose que tu peux me considérer comme ton ange gardien. »

C'était relativement neutre, si quelqu'un avait entendu par mégarde. Pas de quoi en faire un plat, pas si on ignorait le surnaturel. Ce qui se faisait de plus en plus rare en ville. Soit. Si elle commençait à déblatérer trop de choses qui pourrait lui attirer une jolie blouse blanche avec de longues manches qui s'attachent dans le dos, il suffirait qu'elle l'emporte ailleurs. Chez elle par exemple. Bien au chaud.

La femme voulait s’en aller, mais Serena n’allait pas la laisser faire. C’était beaucoup trop louche pour qu’elle la laisse partir sans poser de question. C’était trop tard, elle avait merdé c’était donc à l’autre de dire la vérité. La prochaine fois, fallait faire plus attention à ce qu’on dit. Donc ouais, Serena la retenait et même si un démon aurait pu vouloir lui faire faire un vol plané, c’était fortement déconseillé dans un contexte où… bah il y avait des gens hein. Donc ouais, Serena lui avait dit qu’elle ferait pas la gamine, l’autre lui demanda de me pas faire une scène. Le regard de Serena se durcit quand elle lui balança :

-C’est pas le genre de la maison.

Et techniquement, c’était vraiment très vrai. Elle gardait toujours son calme ou presque. Elle pouvait devenir froide, calculatrice et un peu trop rationnelle, mais elle n’était pas du genre explosive. Donc, jamais qu’elle n’avait eu d’explosion de colère, pourtant… quand la femme lui balança qu’elle n’était pas mortelle, qu’elle était surement ce qui se rapprochait le plus de son ange gardien. Serena senti sa gorge se serrer et toutes fibres de son corps se tendre, elle n’avait pas encore lever le ton quand elle balança avec beaucoup de froideur :


-Non, c’est faux. T’existe pas. Manakel à vérifier et t’était morte aux dernières nouvelles. Alors, non, tu mens. Tu travailles surement pour un autre stupides dé…

La femme c’était rapprocher, et soudainement, le décore avait changé. On était chez elle, mais genre… dans son nouveau chez elle. Le loft qu’elle c’était acheté, qu’elle avait protégé des démons. Le mur mauve, le tissu aérien, tout y était, mais sur le coup, Serena s’en contrebalançait. Elle acheva sa phrase, elle allait se permettre de lever le ton, mais après. Elle était chez elle, elle le pouvait très bien.

-…mons…

Pourtant… elle réalisa un truc vraiment con. Elle se téléportait, mais… elle était chez elle… genre dans son appartement protégé des démons. Alors elle balança un regard emplit de haine à l’ange, sérieusement, elle la détestait déjà.

-Ok, t’es peut-être un ange, mais mon ange gardien? À moi? Sérieusement? Si j’étais toi, je ne m’en venterais pas, t’as vraiment manqué ton coup si ta protéger a eu besoin de deux anges et deux démons qui ont décidé de faire ton job à ta place, vraiment. T’étais où quand j’en avais réellement de besoin.

Ouais, elle avait monté le ton, ouais, elle était fâchée et elle en avait amplement le droit. Vu tout ce qui c’était passé dans les derniers mois, vu comment elle avait été malmené, aidé, blessé, torturé, possédé et j’en passe. Ouais, elle lui en voulait un peu, beaucoup même.

-Genre, que j’ai eu une enfance de merde, je m’en fiche, ça me va, avec ou sans toi, ça aurait été de la merde. Que ma mère meurt, ok, c’est la vie, tu aurais pu faire un effort pour me la laisser encore 4 ans, mais soit. Ça aurait été gentil que ça ne soit pas moi qui la retrouve en revenant de l’école par contre. Une petite attention mineure quoi, me permettre de peut-être dormir un peu plus, sait-on jamais. Tu n’aurais pas pu voir pour un foyer d’accueil descend? Mais même là, sérieusement je m’en contre-fous, j’arrive à gérer ma vie comme une grande, tu peux t’assoir et bouffer du popcorn si c’est ce qui te plait, mais sérieusement un petit « Aie Serena, les démons sa existent, c’est souvent méchant, fait gaffe, le blondinet, il va pourrir ta vie. Ça aurait été franchement bien tu penses pas!

Ouais, vers la fin… elle lui criait peut-être un peu dessus. Elle serrait les poings tellement fort que ses jointures en étaient devenus blanches. Ses ongles lui mordaient la chair des mains, elle le savait, mais elle s’en fichait complètement. Elle avait besoin de se maitriser, c’était un ange, elle ne pouvait rien contre. Alors aussi bien endurer sa présence, mais si elle voulait gérer un minimum sa colère, la douleur physique était requise, c’était même nécessaire.

Serena sembla se vexer quand elle lui demanda de ne pas faire une scène, rétorquant que ce n'était pas son genre. Séraphine en doutait mais soit. A sa déclaration, elle vit la jeune fille se tendre. Oui, bien sûr, elle s'attendait à ce que ça soit un choc. Voir à ce qu'une crise d'hystérie s'en suive. Mais l'ange fut sincèrement surprise quand elle entendit ce que l'autre avait à dire. Elle était morte aux dernières nouvelles ? Comment ça morte ? Et d'où tenait-elle ses nouvelles ? C'était la deuxième fois qu'elle entendait parler de ce Manakel. Et si il s'amusait à semer le trouble dans ses affaires, il ne faisait pas une bonne première impression du tout ! Soit, elle ne pouvait pas se permettre de laisser la gamine déblatérer l'existence du surnaturel, et se faire prendre pour une folle par tout le quartier. Rapidement, elle s'approcha d'elle et posa une main sur son bras, pour les transporter toutes deux jusqu'au domicile de sa protégée. Qui s'arrêta de parler, au milieu d'une phrase où elle l'accusait d'être un démon ou de bosser pour eux. En même temps, les démons étaient tout de même plus courants, et moins discrets, que les anges. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de penser comme ça, même si elle était un peu vexée. Il lui sembla que l'humaine réalisait son erreur. Plutôt que de la calmer, ça sembla l'enflammer encore plus. Et il n'y avait aucun doute sur la haine dans ses yeux.

Bon sang, quelques mois d'absence et voilà que la petite s'était visiblement mise dans un pétrin impossible. Elle était curieuse de savoir qui étaient ces anges qui prétendaient faire son boulot à sa place. Et les démons aussi. Il n'empêchait que c'était plus offensant venant de ses frères et sœurs. Où elle était quand elle en avait vraiment besoin ? L'être céleste supposait qu'elle faisait référence aux mois pendant lesquels elle avait été absente et pas au reste de sa vie. Non, parce que, évidemment, elle n'allait pas penser à la remercier pour tous les démons qui ne lui étaient pas tombés dessus. La jeune femme s'emballait de plus en plus. Et elle partit dans une tirade tellement longue et inintéressante qu'elle décrocha assez rapidement, continuant à fixer la jeune femme sans pour autant prêter attention à ce qu'elle disait. Elle avait vu tout ça, elle n'avait pas besoin qu'on lui répète. Et puis, pour elle, elle avait bien fait son boulot. Le temps de sa mère était venu, elle n'allait pas batailler contre ça d'autant qu'elle n'avait pas été un parent modèle. Enfin, elle ne savait pas comment fonctionnait les lois humaines, surtout qu'elles changeaient si souvent. Pour elle, la fillette aurait juste vécu toute seule, ces histoires de foyer étaient terriblement complexes.

« Blondinet ? Comment ça ? » Ce détail était parvenu à sortir du lot, d'autant qu'elle ne voyait pas du tout de quoi elle pouvait bien parler. Parce qu'il y avait bien le type avec lequel elle semblait passer du temps parfois, mais il avait des cheveux un peu plus foncé que blond, tout de même. Vu le ton de la jeune fille, il y avait l'air d'y avoir une histoire là dessous. Elle tenait tout de même, un rien amère, à préciser un point important, que son interlocutrice semblait volontiers oublier. « Ce n'est pas parce que tu ne m'as pas vue que je n'étais pas là. Ou que je n'ai rien fait. » Et elle n'était pas son unique protégée non plus. Ange gardien ne voulait pas dire fée marraine qui t'offre une jolie robe et un carrosse pour aller au bal. Sa mission consistait à la surveiller et à faire en sorte qu'elle reste en vie. Malgré les péripéties qu'elle avait manqué, le volume sonore semblait soutenir qu'elle était toujours bel et bien en vie. Une réussite, donc. Elle s'attendait à ce que la jeune fille continue dans son hystérie, alors elle lui laissa le temps de répondre.

Spoiler:

Donc, la gamine c’était peut-être un peu fâchée, mais… fallait la comprendre! Ce n’était pas un tout petit aveu là. Elle avait donc monté le ton, mais elle avait laissé la femme avancer, la toucher et se téléporter… dans son appartement. Comment elle savait c’était où? Au moins, elle avait confirmation qu’elle n’était pas un démon, c’était déjà ça de gagné. Pourtant, la gamine n’en était pas moins fâchée. Donc ouais, aussi bien mentionner qu’elle continuait de lui balancer tout ce qu’elle lui reprochait par la tête. L’ange demandait pour le blondinet. Genre, vraiment?

-Si t’es mon ange, tu devrais savoir, vraiment. C’est genre un minimum.

Il n’y avait pas un bureau des plaintes ou un service à la clientèle au Paradis? Dans le genre « oui bonjour, ça serait pour un échange, mon ange… je pense qu’il est brisé. Il ne fait plus son job. Shipping de 48 à 72 heures. C’est là quelle rajouta le truc de trop, mais genre… vraiment. Ce n’était pas parce qu’elle ne l’avait pas vu qu’elle n’avait rien fait, vraiment? Genre… non. Elle ne pouvait pas. Être un ange mort, c’était mieux qu’être un ange nul, vraiment.

-Que tu étais là? Tu faisais des trucs? Vraiment? Tu faisais quoi quand j’ai rencontré Percy? Ouais tu sais, petit, blond, la vingtaine, les yeux noirs, avec un caractère explosif et violent. Sadique et maso à ses heures. Celui qui m’a kidnappé, séquestré, frappé, humilié, torturé, affamé, dressé. Celui qui m’a fait tuer pour son amusement, celui qui m’a forcé à choisir entre ma vie et celle d’une amie. Celui pour qui tuer, c’était pas assez, il aurait fallu que je torture aussi et que j’aime ça. Celui qui m’a possédé et qui m’a fait bouffer un cœur humain parce que ça l’amusait. Ouais, il était bien le film? Il était bien le popcorn? J’espère hein, parce que moi, je l’ai trouvé légèrement trop réaliste à mon goût. Heureusement pour moi, un autre démon l’a pieuté. Bon d’accord, il a décidé de me garder et de me menacer en échange de liste de futur pacte facile à faire, mais ça… je suppose que c’était ma fin heureuse hein.

Elle était furieuse, mais triste à la fois. Elle n’avait jamais dit ça à voix haute en fait, alors le fait que ça sorte maintenant… elle n’était pas certaine si elle appréciait ou pas. C’était rare, mais elle avait envie de pleurer de rage, ses yeux étaient luisant, mais rien de coulait. La gamine et pleurer… non jamais. Même étant petite, elle c’était vite rendu compte que ça ne servait à rien et finalement, elle avait juste cessé, un blocage de plus à résoudre pour son pauvre Lucy? Peut-être.

-Alors tu sais quoi, je vais être franche avec toi. Tu étais peut-être là quand j’étais gamine, ça je peux bien le croire. Tu m’as surement aidé sans que je le sache et tu sais quoi? Merci bien pour ça, mais… t’es plus mon ange gardien, t’as pris t’es vacances au mauvais moment alors oublie moi. J’ai surement mes nouveaux anges qui font du bien meilleur travail que toi.

Quoi? Serena? Insultante? Depuis toujours en fait, surtout quand elle était émotive de la sorte et ça, l’ange devait le savoir. En fait, elle le pensait vraiment, avec Manakel et Diana… Serena s’en sortait bien. En plus, elle avait Lucy pour l’aider et tout, elle n’avait plus besoin d’un ange qui se pointe juste quand ça lui arrange. Comment elle pouvait lui pardonner Percy hein? Non, jamais. Elle aurait dû l’aider un minimum… peut-être même contre sa propre bêtise de ne pas avoir cru dès le début qu’il était un démon, donc le mal, mais… ce n’était pas comme ça qu’elle l’avait vu au départ. Aussi bien qu’elle se rende compte de son erreur maintenant, elle était en vie au moins.

Et bien, elle était son ange et elle ne savait pas. Voilà qui était gênant. Visiblement, il s'était passé quelque chose, d'assez important pour mettre Serena en colère. Mais ce n'était pas parce qu'elle ne connaissait pas ses peines de cœur ou les choses du genre qu'elle n'avait pas œuvré pour que l'entourage de la fillette reste relativement sans danger. Et elle le lui dit, parce qu'elle n'appréciait pas de se faire insulter pour rien. Elle avait fait son boulot correctement, elle n'avait rien à se reprocher. C'était en tout cas ce qu'elle pensait. L'humaine se remit à lui crier dessus. Et parvint à faire perdre tout sourire à l'être céleste en face d'elle rien qu'en mentionnant des "yeux noirs".

Plus la jeune fille parlait, plus le visage de l'ange se décomposait. Si ce que la gamine disait était vrai, son éloignement était tombé à un très mauvais moment. Et vu l'état d'énervement de sa protégée, elle doutait fort qu'elle ne lui mente. Au fur et à mesure du récit de son calvaire, elle comprenait pourquoi elle lui en voulait. Elle l'avait abandonnée. Pas de son plein gré, bien sûr, mais l'humaine ne le savait pas et ne s'en préoccuperait sans doute pas. Elle aurait dû être là pour l'aider. Elle avait été... comme son Père. Absente trop longtemps. Elle ne comprenait que trop bien ce que Serena ressentait, pour avoir été dans une situation similaire. De l'empathie ? Bon, nous n'irons pas jusque là. Mais elle ne trouvait plus Serena complètement irrationnelle. L'autre démon, elle n'oublierait pas son existence et elle comptait bien finir par connaître son identité. Quand elle termina son récit, Séraphine ne savait pas quoi dire. Ni quoi faire. Alors elle ne dit rien et ne bougea pas. Comment pouvait-elle réagir à une annonce pareille ? En un sens, tant mieux, ça laissait à la jeune femme le temps de terminer. L'oublier ? Il n'en était pas question. Elle l'avait laissée seule quelque mois et voilà ce qui était arrivé. Elle n'allait tout de même pas prendre le risque de recommencer. Quand aux nouveaux anges... Cela l'énervait beaucoup. Mais elle n'allait pas se concentrer là dessus au risque de s'enfoncer encore plus.

Parvenant à se remettre à parler, elle commença par le début. « Je suis désolée. Ça n'aurait pas dû arriver. » Parce qu'elle n'aurait pas dû non plus être enfermée pendant des mois. Elle était sincère, ce n'était pas le genre de choses qu'elle aurait laissé lui arriver. Après ce qui était arrivé, des excuses ne suffiraient pas, elle en était consciente. L'ange croisa les bras. Ce n'était pas sa faute du tout au final. Plutôt celle du lâche qui l'avait enfermée. Mais peut-être qu'expliquer ça aiderait à rendre la chose plus supportable ? Elle savait qu'elle aurait aimé savoir pourquoi son Père ne répondait plus. Admettre s'être faite roulée comme un chérubin né de la dernière pluie, c'était tout de même assez humiliant et donc difficile. « Je n'ai pas... pris des vacances, comme tu dis. » C'était un début, il suffisait maintenant d'arriver à la partie où elle avait foncé tête baissée dans un piège gros comme une maison. « D'ailleurs, ça ne m'étonne pas que Manakel m'ait pensée morte. J'ai été privée de liberté, et de communication avec mes frères, pendant un long moment. » Elle ne la croirait peut-être pas. Elle voudrait être qu'elle s'en aille. Au moins, la gamine saurait qu'elle n'avait pas juste été abandonnée ou une distraction dans son malheur.

Dans le cas présent, c’était assez normal pour la gamine de peter un câble. On ne pouvait pas vraiment lui en vouloir pour ça. Genre, elle avait toujours été seule dans la vie, ensuite elle avait appris pour le surnaturelle et plus tard, l’existence de créature céleste ayant pour job de protéger les humains. On s’entend qu’après ce genre de révélation, elle pouvait en vouloir à celle qui ne l’avait pas protégé, c’était logique. Dans le cas présent, sa rage et rancune, c’était dirigée contre la fille qui lui avait évité de passé sous un bus. Pour la peine, le bus aurait surement été plus agréable que Percy, on est d’accord? Donc ouais, aussi bien lui en vouloir pour le moment. Elle lui avait donc balancé plein de truc. Tout ce qu’elle avait sur le cœur en fait. Comme ça, elle savait qu’elle lui en voulait. Bon, en même temps, qui ne lui en voudrait pas d’avoir cessé d’exister au pire moment hein? On est d’accord sur ce point. Au moins, la rage de la gamine diminua d’un ton quand l’ange s’excusa, qu’elle mentionnait que ça n’aurait pas dû arriver. Au moins, elles étaient d’accord sur un truc, c’était déjà ça de gagné. Elle mentionna quand même au passage :

-Alors on est deux à le penser.

Ouais, des points communs, c’était déjà ça de gagné quand même. Elle avait donc bel et bien descendu d’un ton. Elle n’était pas vraiment rancunière la gamine, juste qu’elle avait eu besoin d’extériorisé tout ça. Maintenant que c’était fait, elle se calmait. Elle se calmait toujours, le sang-froid, c’était quelque chose qu’elle avait en quantité, alors qu’elle le perde, c’était rare, mais vu les souffrances accumulés… c’était logique, surtout qu’elle n’en parlait pas vraiment en fait. En prime, l’ange continua mentionnant au passage qu’elle n’avait pas pris de vacance comme Serena l’avait accusé au préalable. Elle la regarda, elle attendait plus d’explication de la part de l’ange quand même. Ne pas avoir pris de vacance, c’était même un peu sadique quand on y pensait. Ça pouvait être un « je n’ai pas pris de vacance, j’ai préféré juste t’abandonner » ce qui se résumait en quelque chose de franchement chiant et surtout méchant. Heureusement, l’ange continuant, mentionnant que ça ne l’étonnait pas que Manakel l’ait pensé morte, elle était privée de liberté et de communication avec ses frères et ce, pendant longtemps.

-Longtemps comment? Savoir tu as besoin d’une mise à jour depuis combien de temps?

Vrai, elle n’allait pas la faire chier en jouait les « j’ai pas besoin de toi, fiche le camp » bah non, elle n’allait pas faire ça, parce que… bah, elle en avait surement besoin de l’ange. Un de plus, elle ne dirait pas non, Lucy ne dirait pas non surtout. Parce que bon, on ne se le cacherait pas, elle était du genre à se trouver des ennuis sans le vouloir.

-Comment on a pu t'empêcher d'être libre ?

Parce qu’on s’entend que ce n’était pas simple de brime un ange. Elle se souvenait qu’il y avait des symboles, le truc de feu et tout. Elle n’avait pas été super attentive sur la leçon concernant les anges. Elle ne pensait pas en rencontrer… ouais bon. Pour ce qui est de la gamine en elle-même, elle avait perdu en agressivité, mais en méfiance aussi. Chose qui était une première. En fait, pour une Seraphine qui avait disparu un bon moment, Serena n’était plus du tout la même, chose assez bizarre au final. Elle avait changé la gamine, même elle, elle pouvait s’en rendre compte. Ce n’était pas plus mal, faudrait remercier Lucy et Logan pour ça. Ils l’avaient aidé beaucoup.

Ouija 1/3

La tempête était passée. Quelques mots bien trouvés avaient suffis, même si le fait qu'elle se soit excusée n'y était sans doute pas pour rien, et l'énervement s'était comme envolé. Un gros avantage était que la gamine avait arrêté de faire des discours à rallonge. L'ange ne pouvait pas s'empêcher d'être un peu surprise cependant. Elle s'était attendue à plus d'agressivité et à ce que la petite soit moins raisonnable que ça. Mais elle lui demandait depuis combien de temps elle avait besoin d'une mise à jour, très calmement. Trop ? Elle se demandait si ça cachait quelque chose. Tout ce qui lui était arrivé avait peut-être fini par la faire changer. Elle ne voyait pas de raison de ne pas répondre de toute façon. Elle pourrait constater par elle même qu'avant son emprisonnement, il ne lui était pas arrivé de choses si horribles que ça.

« Depuis le début du printemps passé, environ. »

La date exacte n'aurait pas vraiment aidé. Et puis je n'en suis pas sûre alors je vais éviter de dire des bêtises. Quoiqu'il en soit, ça faisait un bon bout de temps. L'humaine aurait pu accoucher d'un bébé et elle n'en aurait rien su. Elle avait vraiment besoin de savoir ce qu'il s'était passé pendant ce temps là. Enfin, pas vraiment, mais ça pourrait aider. Comme cette histoire de démon par exemple. Elle fit quelques pas dans l'appartement, se dirigeant vers l'endroit où elle savait que Serena rangeait ses dessins. C'était presque mieux qu'un journal intime pour se mettre au courant, en plus, elle saurait à quoi ressemblaient ceux qui étaient un peu louches. Comment on avait pu l'empêcher d'être libre ? De la seule manière efficace, malheureusement pour elle.

« Huile sacrée enflammée. » Elle avait juste marmonné ça, pas très fière de ne pas avoir été capable d'éviter le piège. De toute façon, elle était partie pour dire la vérité alors autant continuer. Arrivée près du dossier où elle savait que la petite gardait les portraits, elle le désigna d'un geste de la main et demanda : « Je suppose qu'il doit y avoir pas mal de nouvelles têtes ? » Elle finit de s'approcher pour le saisir délicatement et l'ouvrir pour regarder les croquis à l'intérieur. Il y en avait beaucoup, c'était pas simple de savoir qui était important pour la gamine et qui elle avait croisé en allant faire ses courses. Elle cherchait aussi des visages familiers, de potentiels dangers cachés dans le tas. Elle reconnut celui qu'elle voyait assez régulièrement, un chasseur ou quelque chose du genre, avec qui elle avait l'air de bien s'entendre. Mais elle préférait toujours demander, surtout qu'il y avait plusieurs dessins de lui. « C'est qui, lui, pour toi ? » demanda-t-elle en sortant une feuille avec le visage de Lucy dessus et en tournant les yeux vers Serena. Autant commencer par ceux qu'elle savait qu'elle voyait encore récemment. Continuant à regarder le reste en attendant une réponse, elle tomba sur un visage assez familier, puisqu'elle l'avait vu il y a peu de temps pour affaire : Phoenix. Ou plutôt son hôte du moment. « Comment tu en es venu à croiser cet homme ? Tu sais qu'il est possédé au moins ? » Si elle avait connu l'humain et pas le démon, c'était mieux qu'elle sache qu'il n'était pas vraiment lui même, ces derniers temps. Et elle espérait qu'elle n'ait pas réussi à se mettre dans les ennuis au point d'avoir un contrat sur sa tête, mais elle n'allait pas non plus le lui demander comme ça. « Des gens plus... surnaturels que les autres ou sur lesquels je devrais garder un œil ? » Oui, parce que faire le tri là dedans seule, c'était pas vraiment simple. Elle feuilletait avant de s'arrêter, un peu sous le choc. Qu'est-ce qu'il venait faire là, lui ? Elle ne pouvait pas décoller ses yeux du visage, ni comprendre comment il était venu à croiser Serena. L'humain n'avait pas vraiment d'importance, c'était l'ange qu'elle savait être dedans qui la perturbait. « Castiel... J'aimerai beaucoup savoir comment tu as croisé son chemin. » Oui, Serena avait décidément beaucoup de choses à lui dire.

Spoiler:

Serena c’était finalement calmée, chose qu’elle n’aurait surement jamais su faire avant en fait, mais là ça allait. Elle pouvait comprendre que l’autre n’avait surement pas fait exprès d’être complètement nulle niveau ange gardien. En fait, elle était nulle depuis un moment seulement, pas depuis toujours. Avant ça, sa vie avait été moche, mais pas en danger, donc ouais… elle lui avait demandé depuis quand, pour savoir si elle pouvait lui en vouloir ou pas. La réponse fut simple, début printemps dernier, est-ce qu’elle connaissait déjà Percy à cette époque? Ça avait l’air de remonter à si loin dans son esprit, comme un mauvais cauchemar qu’on essaie d’enterrer, mais elle vérifia tranquillement.

-Je pense que ma première rencontre avec un démon remonte en mars dernier, tu devais déjà y être alors.

Elle ne donnait pas raison à l’autre, mais presque. C’était surement ce qui s’en rapprochait le plus venant de Serena. Chose impossible à voir avant, alors fallait remercier l’effort de la gamine, elle était presque devenu buvable en un an et des tortures, ouais… presque. Serena lui demanda tout de même comment on l’avait empêché d’être libre, juste pour savoir s’il y avait plusieurs techniques, elle lui mentionna l’huile sacrée enflammée, c’était celle qu’elle connaissait déjà.

-Qui t’as enfermé dans ce piège?

Parce que bon, c’était bien de le savoir quand même non? Savoir qui voulait du mal à… hm… son ange? Ouais bon, ça faisait encore un peu bizarre à dire, fallait l’avouer. En même temps, elle l’a partageait avec plein de gens, donc… c’était pas vraiment la sienne. Donc, si deux personnes risquaient leur vie en même temps… ils avaient pas mal de chance de mourir quand on y pensait. Genre, l’ange qui doute et laisse les deux mourir… ouais bon, c’était un peu sinistre comme mentalité. L’ange était donc finalement partie, elle avait monté à la mezzanine du loft pour se rendre on ne savait trop où. Serena l’avait suivi, passant près de sa chambre pour finalement arriver à son atelier, elle se demandait bien pourquoi quand même. Quand l’autre parla de nouvelles têtes. Oh… elle savait pour ça? Juste à cette pensée, Seraphine c’était saisit du classeur dans lequel Serena rangeait les portraits terminés, elle ne savait pas si c’était une bonne chose ou pas.

-Quelques-uns ouais.

Elle regardait l’ange observer ses dessins et elle se demandait vraiment si elle savait depuis longtemps, parce que bon… ça faisait un moment que Serena faisait ça, même si la technique c’était relativement améliorer avec les années. Maintenant, c’était presque comme une photo, mais version crayon. Donc ouais, elle l’a regardait regarder. Elle lui montra finalement un portrait de Lucy, lui demandant c’était qui Lucy pour elle.

-C’est Lucy, un ami, un chasseur aussi. J’aurais surement pas réussit à m’éloigner de tout ça sans lui. Je lui dois beaucoup.

Elle n’avait absolument rien mentionné du fait qu’elle avait peut-être un peu dormi avec lui, mais c’était en toute amitié, alors ça allait. Il n’y avait rien de plus que de l’amitié entre eux. Ensuite, elle lui montra le portrait de Phoenix, elle voulait savoir si Serena savait qu’il était possédé.

-Oui je sais, c’est lui mon démon gardien. Si j’ai des problèmes avec un démon, il m’aide comme il peut.

Elle le disait sur un ton de fait. Elle ne pouvait pas vraiment faire autrement, parce qu’il était gentil le Phoenix avec elle. Il l’a protégeait, même si elle ne pouvait plus vraiment jurer qu’il le faisait toujours, elle n’avait plus vraiment eu de problème c’est dernier temps. C’était tranquille tout ça. Ensuite, elle demanda s’il y avait des gens plus surnaturels à surveiller, euh… des méchants? Elle lui prit le classeur, farfouilla légèrement pour en sortir quelques portraits.

- C’est les seuls démons que je connais, lui c’est Percy, le premier, mais il est mort. Tué par lui, Méphistophélès. Lucy l’a exorcisé, mais puisqu’il n’est pas mort… sait-on jamais. Y a Eleazar, mais je ne l’ai jamais revu. Y a euh… lui Astatruc, Astaroth je crois. J’étais là quand il a pris possession du docteur Kenway. La gamine, c’est Isatys, elle est chiante, vraiment. Y a lui aussi, Renaud, mais après que Phoenix m’ait aidé, je l’ai jamais revu.

Voilà, elle avait fait le tour des « démons » de sa vie. Elle était sage la gamine hein. Elle avait de bonne relation… ou presque. Ensuite, elle la laissa farfouiller encore un peu dans les dessins de la gamine. Elle n’était pas si terrible la gamine maintenant, presque sage. Bon d’accord, il ne fallait pas trop lui en demander, mais bon. L’ange tomba finalement sur un portrait qu’elle avait réalisé après une journée de fou à l’hôpital. Elle parlait de Castiel, elle voulait savoir comment elle l’avait rencontré.

-Hm, Castiel je l’ai rencontré à l’hôpital, c’était une journée de fou, un enfant est mort sur notre table d’opération, alors son père à tirer sur le policier responsable de l’accident, il y a eu bataille général, y a eu des blessés, mais Castiel à sauver le policier pendant que je maintenais ses signes vitaux. Il n’est pas très bavard et il laisse Isatys, la gamine lui faire des câlins. Il était avec… cette blonde-là.

Elle avait montré l’autre. Niveau information, c’était le mieux qu’elle pouvait faire quand même. Sinon, bah euh, c’est ça là…

-Hm, sinon y a autre chose que tu veux savoir? Vu ta façon de travailler les 20 dernières années, je suppose qu’on ne se reverra pas, si?

Parce que bon, elle ne l’avait jamais vu avant aujourd’hui, la gamine ne pensait pas la revoir de sitôt, même si… elle avait tendance à se trouver des ennuis sans le vouloir, mais ça… ce n’était vraiment pas de sa faute hein!