Il n’avait pas le choix de se magasiner une marge de manœuvre, le démon de la luxure le rendait fou, complètement et simplement. Il n’y pouvait rien, il avait envie de plus toujours, mais il ne fallait pas. Il allait donc garder le contrôle et pour le moment, il le pouvait bien non? Il était chez lui, il était en position de force, il arriverait à garder le contrôle de la situation. Melchom avait balancé ne pas le désirer, mais il fallait être aveugle pour le croire. Tout en Melchom disait le contraire. Les mensonges les plus provocateurs étaient clairement les plus faux. À chaque fois qu’il gagnait en assurance, Melchom ne pouvait manquer le sourire de son interlocuteur. Ça l’amusait. Melchom le savait. Il allait quand même essayer de pousser le jeu, pourtant Asmodée ne le croyait pas une seule seconde pour la maison. Il pouvait mentir comme il voulait sur tout, tant que le déchu ne savait pas pour George tout irait bien. Il voulait garder son jouet pour lui, il n’avait pas envie que ses efforts complets soient réduits à néant. Oh et… il n’avait pas envie que le déchu gagne là ou Melchom mettait du temps à gagner, juste parce que monsieur pouvait faire des tours de passe-passe. Bref, Asmodée n’allait pas savoir pour George. Ensuite, le démon se rapprocha et Melchom en perdit peut-être un peu sa volonté. Melchom en avait envie, mais ailleurs, loin de l’idée de George. C’était compliqué. Il avait repris la parole, tenant tête au déchu, mais il n’en était pas tout à fait convaincu, il fallait faire mieux.
Melchom n’aurait pas dû soutenir le regard du déchu, si noyer, mais il l’avait fait. Le rôle du prédateur s’affichait maintenant dans le regard d’Asmodée, dans son sourire. Sans quitter son regard, il senti les mains de l’autre à sa ceinture, la détachant. Il avala sa salive, sentant sa ceinture le quitter. Il senti l’autre main à sa hanche, puis remonter le long de son dos pour y faire naitre des frissons de plaisir et de désir. Fallait résister encore un peu. Le mouvement continua, jusqu’à s’arrêter dans ses cheveux, près de sa nuque. Melchom n’avait peut-être pas du provoquer un peu plus de déchu, mais il l’avait fait, disant qu’il ne pourrait pas le mettre dans une fâcheuse posture, même si… tout portait à croire qu’il le pouvait très bien. Le déchu avait ce regard, cette stature, il relèverait se défi. Melchom en mourait d’envie. Il vit l’autre s’approcher, s’attendant à un baiser qui n’arriva pourtant jamais. La frustration, c’était ça le sentiment qu’il vivait. Il n’allait quand même pas s’éloigner comme ça. Mais oui, il le faisait. Il l’empêchait même d’avancer, sa main posé sur le torse de Melchom, il tenait encore sa ceinture… il comptait en faire quelque chose ou pas? Un index et Melchom n’avançait plus, il ne devrait peut-être pas être aussi obéissant. Asmodée rajoutait que puisqu’il ne le désirait pas, que sa volonté était trop de fer, il devrait jouer tout seul. Tous seul… l’idée se faisait tranquillement dans son esprit et son regard s’agrandit légèrement de surprise, sans trop qu’il s’en rende compte. Non… il n’allait quand même pas faire ça. Il ne pouvait pas…
-Tu vas pas…
Asmodée c’était pourtant reculé jusqu’au plan de travail, laissant une bonne distance entre lui et le démon. Melchom ne pouvait pas quitter le regard du déchu une seconde, dévorant chaque prochaine information, il tentait de garder le contrôle, il tentait de suivre la danse qui n’allait pas du tout dans la direction souhaitée. Quand Melchom le vit détacher les premiers boutons de sa chemise, sa respiration se fit silencieuse, légère. Il cherchait à garder le contrôle et si sa impliquait de ne pas respirer, il allait le faire, vraiment. Le déchu prenait volontairement son temps et déjà, Melchom sentait les muscles de son corps se tendre, il n’avançait pas pourtant, mais il en mourrait d’envie. Asmodée dévorait aussi Melchom des yeux, il s’amusait bien à ses dépens. Lorsqu’il se mordit la lèvre inférieure, l’idée d’aller lui mordre lui-même l’avait saisi. Pourtant, il n’en fit rien. Son contrôle allait le tuer, il allait imploser. La chemise du déchu était maintenant ouverte et Melchom n’avait qu’un envie, la voir tomber au sol, avec le restant des vêtements de l’ancien ange, peut-être le prendre à même le plan de travail, pourquoi pas. Il le pouvait bien. Non! Contrôle, il fallait qu’il se gère, lui et sa libido. Pourtant, chaque caresse que le déchu s’offrait, c’était Melchom qui les voulait. Il trichait, voilà tout. Ensuite, il prit le temps de voler une pomme, de la manger. Il le provoquait, Melchom le savait, il n’aurait pas dû embarquer dans le jeu, pourtant il n’y pouvait rien. Asmodée le provoquait et ça marchait. Son putain de corps réagissait, seul son cerveau arrivait encore à s’empêcher de lui sauter dessus. C’était déjà ça de gagné… ou de perdu. Ça dépendait à quelle partie de son anatomie qu’on demandait en ce moment. Melchom aimait les pommes, c’était son fruit préféré et l’idée de lui voler, d’en lécher chaque perle de liquide clair le harcelait d’envie, mais… il n’en faisait rien. Il avait peut-être légèrement serré les poings pour se contrôler. Il allait y arriver. Le déchu ne démordait pas, lui proposant de revenir sur sa parole, que ce serait simple d’obtenir ce qui l’obsédait. Parce que oui, c’était évidant que sa l’obsédait. Lui demandant si vraiment il était prêt à tout laisser tomber pour ses règles, ses stupides règles. Si seulement le déchu savait. Melchom ne manqua pas une seconde de la provocation… buccale du déchu. C’était tentant, c’était ce qu’il voulait, il en mourait d’envie, mais… il avait posé ses règles pour une bonne raison. Il se mordit la lèvre inférieure, inspira et expira et… se détendit. Il avait posé ses règles non pas pour ne pas avoir de sexe, mais bien pour obtenir le genre de sexe qu’il voulait vraiment. Il se demandait si seul Méphisto serait capable de lui donner, c’était peut-être le cas.
-Je n’ai pas posé mes règles pour m’empêcher d’avoir tout ça. Je le veux, vraiment. Ça serait ridicule de tenter de le cacher, mon corps le cri de toute évidence. Juste qu’ici, je suis tout puissant, je suis le dominant, le prédateur alors j’espérais être… prédater? Mais… je suppose que tu n’es pas le bon démon pour ce jeu-là. On va retourner aux anciennes règles, t’inquiète.
Le regard de Melchom se fit de nouveau joueur, plus confiant, toujours rempli de désir. Il avait tué la distance entre lui et le déchu, il allait jouer les dominants, encore. Il avait joué les provocants, les insolents et il retournerait vers son frère, toujours et encore parce que lui seul arrivait à lui demander ce qu’il voulait. Lui seul arrivait à lui tenir tête, lui faire courber l’échine, lui donner envie de se rebeller et de se soumettre à la fois. Il avait envie de se sentir vivant. Ses doigts glissèrent sur la peau du déchu, il avait eu envie de ce genre de caresse. Il avait envie de le sentir. En même temps, il venait de montrer une autre parcelle de sa personnalité. Il était dominant et dominé, il désirait et aimait se sentir désirer, il était prédateur, mais proie. Melchom aimait jouer le yin et le yang. Il n’y pouvait rien, c’était dans sa nature. En même temps, l’embrasser, la, tout de suite, c’était la seule chose qu’il voulait faire et qu’il allait faire. Avec toute cette rage et cette passion contenue trop longtemps. Le démon allait imploser… vraiment.
