III.04 Tentons le diable?
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III.04 Tentons le diable?

Mer 3 Juin - 4:18
Invité
Anonymous
Invité

De part sa nature, Méphistophélès n'était pas fait pour faire partie de la clique des gentils. Il n'avait jamais vraiment voulu cela non plus. Les gentils avaient beaucoup trop de restrictions, des lignes de conduites et des codes à suivre, ce qui les empêchaient de profiter pleinement de tout ce que la vie leur offrait! À cause de toutes ses limitations, les gentils passaient à côté de tellement de petit plaisir de la vie! Sans oublier que leur vie semblait être plus ennuyante! Peut-être que le démon des croisements n'était pas vraiment objectif dans cette situation non plus. Sa nature le poussait à agir et penser de la sorte. Mais avant d'être un démon, il avait été humain. Il s'en souvenait encore. Un homme appartenant à la noblesse du Saint-Empire romain germanique, pas trop moche et qui passait son temps à courtiser les femmes qu'on lui interdisait. C'était tellement plus grisant de séduire une femme mariée pour ensuite l'avoir que pour soi l'espace d'une nuit. Cela n'avait pas que des bons côtés puisqu'il y avait bien souvent des maris jaloux qui demandaient réparation, mais un duel et c'était réglé par la mort du mari. Le dernier duel auquel le démon avait participer lui avait été fatal et c'est tout naturellement qu'il s'était retrouvé en Enfer pour y être torturé et devenir le démon aux yeux rouges qu'il est de nos jours. Il n'éprouvait aucun regret par rapport à ses actions passées ou présentes. Il créait le chaos et offrait aux humains l'illusion d'une meilleure pour ensuite obtenir leur âme après quelques années. Tellement d'humains tombaient dans ce piège afin d'être riche, d'obtenir la gloire, la réussite professionnelle ou bien guérir un proche. Ils étaient tous prêt à vendre leur âme, il fallait seulement que Méphistophélès trouve à quel prix. Il était devenu assez doué à ce jeu d'ailleurs, avec des centaines d'année de pratique et d'entraînement. Certes les temps avaient changé, mais l'envie et le désir se trouvaient toujours présents dans le cœur des hommes. Tout irait bien mieux dans les affaires du démon des croisements s'il n'y avait pas les emplumés qui œuvraient pour protéger les humains. Pourquoi protéger des êtres aussi insignifiants? Parce que Papa leur avait dit? Certains s'étaient heureusement rendu compte que c’était du gros n'importe quoi et ils avaient décidé de se ranger du côté de Lucifer et des cavaliers de l'Apocalypse. Bien, mais il y avait encore beaucoup de travail à faire pour que les anges deviennent des ennemis sans représenter une menace. Mais pourquoi parler des anges en ce moment? Car il y avait un moment, le démon des croisements avait mis la main sur un petit bijou littéralement tombé du ciel : la grâce d'un ange. Un être céleste en avait eu assez de sa famille de débiles sans doute et s'était arraché les ailes. Maintenant, Méphistophélès avait en sa possession la grâce d'un ange et il comptait bien s'en servir pour le corrompre et le faire chuter encore plus. C'était un autre passe-temps du démon, faire chuter les mortels. Et cet ange en était un en ce moment. Comme cela serait divertissant! Il avait tout fait pour que l'ange se retrouve dans la ville de Huntfield et il espérait pouvoir la rencontrer bientôt. Il avait la grâce de l'ange dans une poche de son pantalon, tout simplement, il se doutait à la sensation qu'il éprouvait que l'être céleste était à proximité. Il avait réussi donc. Le jeu pouvait commencer. Il lui suffisait de le trouver. Mais où pouvait se cacher un ange déchu? Peut-être dans une église? Le démon enfila donc des habits du parfait petit américain moyen et se rendit à l'église lors de la messe du dimanche matin. Le prêtre était assez virulent contre les démons aux noirs qui encerclaient la ville. Il fallait avoir la foi selon lui. Bah voyons! Méphisto se retint de rire et continua à jouer le rôle du bon chrétien, répétant lorsqu'il le fallait, se signant aussi à la demande du prêtre. Vraiment drôle comme situation! Et là, il sentit la grâce pulser dans sa poche au moment où une jeune femme prenait place à ses côtés. Le démon cacha sa joie et attendit la fin du sermon du prêtre pour s'adresser à elle.

- Bonjour, je suis Friedrich Stern, je suis nouveau dans le coin, vous appartenez à cette communauté depuis longtemps?
Jeu 4 Juin - 20:02
Invité
Anonymous
Invité

III.04 Tentons le diable? Iii_0411

Dimanche 6 juin 2010

Quatre semaines. Quatre semaines venaient de s’écouler depuis cette nuit où Ithuriel avait exécuté le rituel lui ayant révélé la nature exacte de la menace pesant sur sa vie. Un démon s’était emparé de sa grâce et il s’en était servi pour l’appâter et l’attirer à Huntfield. Elle avait été manipulée et abusée sans même en avoir conscience. Elle avait d’abord cru au destin. À une quelconque manifestation d’ordre divin. La volonté de son Père. Un Père pourtant absent depuis des milliers d’années. Un Père qui avait choisi d’abandonner Sa famille après que le fils prodige Lui eut tourné le dos et mis à mal Sa Création. Quelle naïveté. Une naïveté et une faiblesse d’esprit indigne d’un Séraphin de son rang – et indigne du commandant qu’elle avait été dans cette autre vie. Et pourtant…

Ithuriel n’y avait vu que du feu. Elle ne s’était rendu compte de rien. On aurait pourtant eu tendance à croire qu’un être céleste presque aussi vieux que la Création elle-même aurait pris conscience plus tôt qu’une force maléfique s’acharnait à la détourner de sa route pour l’entraîner jusqu’ici. Mais elle avait agi exactement comme le marionnettiste ayant récupéré sa grâce l’avait souhaité. Maintenant que la vérité lui était clairement apparue, elle sentait effectivement l’énergie résiduelle de sa grâce rayonner dans l’enceinte de Huntfield. Hélas, c’est tout ce dont elle était certaine à l’heure actuelle. Une magie très puissante faisait tout pour lui masquer sa grâce. Elle ne pouvait rien contre ça. Elle n’était plus ce qu’elle avait été dans une autre vie. Elle était mortelle à présent. En arrachant cette étincelle divine et en choisissant de se couper les ailes, elle avait également consenti à abandonner ses pouvoirs et cette puissance qui fut jadis la sienne. Et ce faisant, elle avait donné à l’ennemi une arme susceptible d’être utilisée pour apporter chaos et destruction en ce vaste monde.

Les semaines qui venaient de s’écouler depuis cette terrible révélation n’avaient cependant pas permis à la jeune femme d’avancer dans ses recherches. Elle était toujours au point mort. Elle n’avait aucune idée de la marche à suivre. Par où commencer ses recherches ? Comment retrouver ce démon et faire en sorte de lui arracher sa grâce avant qu’il ne puisse s’en servir pour causer du mal autour de lui. Elle l’ignorait. Les démons étaient partout en ville et pourtant elle n’avait pas été capable de découvrir ne serait-ce que le début d’une piste. Elle avait le sentiment d’être acculée au pied du mur et d’être à la merci totale de cette force mystérieuse tirant les ficelles dans l’ombre. Elle ne s’était pas sentie aussi dépassée par les événements depuis le jour où elle avait décidé de commettre l’irréparable. Depuis le jour où elle avait blasphémé au-delà de toute rédemption en se coupant des Cieux. Aussi est-ce pour cette raison qu’Ithuriel se trouvait là en ce dimanche matin.

L’ange déchu se tenait devant les portes d’une église de taille respectable ayant par miracle échappé à la vindicte des démons. Fallait-il y voir un signe que Dieu était toujours là, quelque part, à l’écoute de son troupeau de brebis égarées ? Ithuriel en doutait. Son Père n’avait plus donné signe de vie depuis si longtemps maintenant. Des empires avaient été érigés et avaient ensuite connu une fin abrupte au cours des nombreux siècles qui avaient suivi la disparition du Créateur de toutes choses. Des dynasties avaient connu leur heure de gloire avant de sombrer dans l’anonymat le plus total. Des guerres avaient redessiné un nombre incalculable de fois la carte de ces terres. Quantité de monstruosités avaient été perpétrées au nom d’un dieu ayant choisi la désertion au lieu de confronter son fils rebelle. Mais elle, ne valait-elle finalement pas mieux que son Père ? N’avait-elle pas aussi choisi l’exil plutôt que de faire face aux conséquences de ces actes ?

— Père, comment en sommes-nous arrivés là ? Comment en suis-je arrivée là ? souffla la jeune femme en levant les yeux vers la flèche de l’église qui jetait sur elle une ombre rafraîchissante en ce début de journée annonçant un après-midi caniculaire. Mon jugement est obscurci et je ne sais plus que penser ni comment agir pour rattraper mes torts et mes fautes. Je pensais que l’exil serait la solution. Mais à présent je me rends compte que je n’ai fait qu’aggraver les choses en agissant ainsi. (Elle marqua une pause et laissa le vent chaud et sec balayer ses cheveux.) Je suis perdue, Père. Je ne sais que faire. Je doute de mes actions. Envoyez-moi un signe. Si vous êtes encore là, quelque part, si vous continuez à veiller sur votre troupeau, alors montrez-moi le chemin à suivre pour réparer mes fautes.

Ithuriel attendit et seul le silence lui répondit. C’était à s’y attendre. Ses frères et sœurs s’évertuaient à prier Dieu depuis Sa mystérieuse disparition sans jamais parvenir à obtenir de Lui le moindre signe de vie. Une fois encore, elle s’était montrée bien naïve de croire qu’Il répondrait à son appel juste parce qu’elle L’implorait de le faire. Résignée, la jeune femme baissa la tête et sentit ses épaules s’affaisser. Elle était désemparée. Elle se sentait seule. Seule pour la première fois depuis sa Chute. Comme elle venait de le reconnaître de vive voix, elle était perdue et ne savait plus quel chemin emprunter pour faire en sorte que la situation ne dégénère pas plus. Un signe. C’est tout ce qu’elle demandait…

Gravissant les marches du parvis, Ithuriel se glissa à l’intérieur de l’église et rejoignit discrètement un banc dans le fond de la pièce. Elle demeura silencieuse et écouta avec attention le sermon du prêtre qui appelait ses fidèles à la foi et qui tempêtait à l’encontre des démons ayant pris possession de leur petite ville. L’inquiétude marquait toujours les traits de la jeune femme, mais à présent qu’elle était là dans un lieu consacré au nom de son Père, elle se sentait plus sereine et plus en paix. N’est-ce pas ce qu’elle avait recherché en venant ici ? Peut-être après tout y avait-il encore de l’espoir ?

La fin de la messe tira Ithuriel de ses pensées. L’homme aux côtés duquel elle avait pris place venait de se tourner vers elle avant d’engager la conversation. Il s’était présenté et avait déclaré être nouveau en ville. Il en profita pour lui demander si elle appartenait à cette communauté depuis longtemps. Ce à quoi Ithuriel répondit tout naturellement :

— Non. Moi-même je viens tout juste d’arriver en ville. Enfin… c’était il y a un mois déjà, se reprit-elle en sentant d’un coup le poids des responsabilités lui retomber sur les épaules. (Elle prit une profonde inspiration et demeura silencieuse quelques instants.) Désolée, reprit-elle en se rendant compte qu’elle s’était laissée distraire. Lilian. Lilian McAllistair. (Elle tendit la main. Une coutume qu’elle avait plus ou moins rapidement assimilée. Mais il lui arrivait encore quelque fois d’en faire usage à tort et à travers. Comme c’était le cas ici. Un geste un peu trop formel pour une présentation des plus banales.)
— Pardon, mademoiselle, excusez-moi, fit une voix dans son dos.

Ithuriel s’écarta du chemin pour laisser passer une vieille dame. Puis elle reporta son attention sur son interlocuteur en se rendant compte qu’il l’observait toujours. Elle désigna alors du menton l’autel au fond de l’église devant lequel le prêtre serrait des mains et recevaient des commentaires élogieux de la part de ses sympathisants. Quand bien même elle n’avait pas assisté à toute la messe, elle dit :

— C’était un très bon sermon, vous ne trouvez pas ? (C’était d’une banalité affligeante, mais la jeune femme avait quelque peu l’esprit ailleurs ces derniers temps.)
Mer 1 Juil - 14:25
Invité
Anonymous
Invité

Quelle joie avait-il ressenti lorsqu'il avait senti la grâce pulser contre sa peau. Normalement, être si près de la grâce céleste n'était pas une bonne chose pour un démon, mais dans le cas qui nous intéressait, c'était le démon qui possédait la grâce céleste. Étrange non? Mais en fait, la dite grâce céleste se trouvait dans une des poches de ses pantalons. Près de sa peau, sans y toucher. Il ne voulait tout de même pas se brûler contre la pureté de son nouveau jouet! Tout de même, il pouvait percevoir la grâce pulser, ce qui était survenu lorsque la jeune femme avait pris place à ses côtés. Il se doutait fort qu'elle pouvait être celle qu'il cherchait. Le démon des croisements était des plus satisfait en ce moment. Pas seulement parce qu'il avait retrouvé l'ange déchu, mais aussi parce qu'elle était assez jolie en fait. Était-ce un prérequis pour les êtres célestes de prendre de jolis véhicules féminins? Pas que le démon en avait rencontré tant que ça, mais les rares anges qu'il avait vus étaient généralement assez attrayant pour lui. Peut-être était-ce aussi ce côté interdit et dangereux? Méphistophélès devrait faire bien attention de ne pas trop jouer avec le feu. Voilà pourquoi cet ange déchu était un superbe jouet. Elle ne risquait sûrement pas de le renvoyer en Enfer d'un mouvement de main. Sans oublier qu'elle ne voyait pas sa véritable nature en ce moment. C'était parfait ainsi. L'amusement pourrait bientôt véritablement commencer! Il fallait bien commencer une conversation avec elle, alors le démon prit les devants en se présentant (utilisant un autre de ses noms, bien entendu!) et il lui demanda si cela faisait longtemps qu'elle était ici. Sa réponse correspondait avec ce que le démon avait fait. Depuis environ un mois, elle était à Huntfield. S'il avait encore des doutes, ils étaient maintenant disparu.

- Enchanté Lilian. Je peux vous appeler Lilian?

Il était des plus polis en ce moment, un vrai homme modèle! Si on oubliait le fait que le démon avait un plan derrière la tête et s'il agissait ainsi, ce n'était que dans son propre intérêt.Il ne voulait pas nécessairement tout savoir de l'ange déchu, mais il devrait la charmer pour mieux la faire chuter par la suite. Cela ne se ferait certainement pas en un claquement de doigts seulement. Il devrait bien manœuvrer et utiliser tout ce qu'il avait à sa disposition pour arriver à ses fins. Et Méphistophélès était patient quand il le fallait. Il montrerait de la patience, puisqu'il le fallait.

- En effet, notre pasteur a raison, nous ne pourrons pas rester les bras croisés et regarder la ville se faire détruire.

Les gens se levaient tous tranquillement maintenant, quittant le bâtiment sacré. Mais pourquoi ne pas rester un peu encore?

- Vous savez, avant je me disais que les démons n'étaient qu'une manière imagée de nous prévenir des tentations de ce monde, je n'étais pas des plus croyants. Maintenant, on fait fasse à la réalité et personne n'est prêt...


Spoiler:
Mer 15 Juil - 16:12
Invité
Anonymous
Invité

Ithuriel ne quittait pas des yeux son interlocuteur et buvait littéralement ses paroles. Le fait est que le jeune homme savait tourner ses phrases. Il faisait preuve d’une éloquence et d’un charisme rare que peu de mortels possédaient. C’est peut-être pour cette raison que la déchue semblait fascinée par ce qu’il disait. Les mots coulaient de sa bouche comme du bon miel sucré. Était-ce là son charme naturel qui agissait ou bien le démon abusait-il de son ascendance sur la grâce de la jeune femme pour jouer avec son ressenti et ses émotions ? Ithuriel n’aurait su le dire, pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait aucunement conscience de se retrouver face à l’abomination qu’elle recherchait depuis la nuit où elle avait découvert la raison de sa présence à Huntfield. Il était juste là sous son nez et elle ne s’en rendait même pas compte. Comme c’était bien triste.

— Oui, je vous en prie, appelez-moi Lilian, répondit la jeune femme en hochant vivement la tête quand son interlocuteur lui demanda s’il pouvait se contenter de l’appeler par son prénom. (Une manie chez les mortels. Ce besoin irrépressible de tisser des liens et de se sentir proche de son prochain. Un désir irrépressible de faire partie d’un tout. D’appartenir à un groupe ou à une communauté. La peur d’être laissé pour compte sur le bas-côté de la route. Mis au ban de la société.)

C’est là qu’une vieille dame avait interrompu Ithuriel avant qu’elle puisse demander à son interlocuteur d’où il venait, comment il était arrivé en ville, s’il était ici pour le travail ou pour la famille. Le genre de questions qu’une mortelle bien dans sa peau aurait sûrement posé à un bel inconnu venant tout juste de débarquer en ville. À ceci près qu’elle n’était pas une mortelle comme les autres. Elle n’était pas non plus particulièrement bien dans sa peau depuis quelques temps. Et par-dessus tout, Huntfield n’était pas sa ville à elle. Elle n’avait que faire de faire la connaissance de nouveaux venus. Elle n’avait qu’une idée en tête : retrouver sa grâce et plier bagage dans l’heure avant qu’une autre tuile ne lui tombe sur la tête. Elle ne s’était pas coupé les ailes pour vivre comme une mortelle lambda. Elle était en mission. Elle cherchait à faire pénitence pour racheter ses fautes passées. Elle désirait obtenir le pardon de son Père et était certaine de ne pas le trouver en restant ici les bas croisés.

Cette pensée lui avait traversé l’esprit pendant qu’elle s’écartait du chemin pour laisser passer la vieille femme. Néanmoins, dès que ses yeux se reportèrent sur le bel homme en costume dont le nom avait une consonance allemande, la déchue oublia en une fraction de seconde la pensée qui lui avait traversé l’esprit l’instant d’avant. Et tout bêtement, elle avait questionné son nouveau compagnon sur le sermon auquel ils venaient tous deux d’assister quelques minutes auparavant. L’Allemand lui rétorqua que le prêtre avait bien raison. Rester les bras croisés et regarder la ville se faire détruire n’était pas une option. Sur ce point, Ithuriel était bien d’accord. Mais le fait est qu’elle avait d’autres priorités : tout d’abord, retrouver sa grâce. Puis ensuite achever sa quête de repentir et retrouver grâce aux yeux de son Père. Et enfin, trouver un moyen de remettre le génie dans sa boîte quand bien même elle savait qu’elle ne serait jamais de taille face à un Archange. Mais en apportant son aide aux habitants de cette bourgade, ne parviendrait-elle pas au même résultat ? Ne se laissait-elle pas aveugler par ses désirs personnels au point d’ignorer la souffrance des habitants de toute une ville ?

Quand elle disait qu’elle était perdue. Ce n’était pas un euphémisme. Elle ne savait véritablement plus que penser de tout ceci. Et sa grâce qui était tombée entre les mains d’une abomination. La situation ne pouvait sûrement pas être pire que ça. En se coupant les ailes, elle avait offert à l’ennemi une arme de choix sur un plateau d’argent. Le démon en possession de cette arme se trouvait obligatoirement à Huntfield vu que c’est ici qu’elle avait été attirée contre son gré et sans même s’être rendu compte qu’elle avait été manipulée à son insu. En somme, elle était également en partie responsable de cette épée de Damoclès menaçant la vie des citoyens de cette petite ville. Elle se devait de réparer ses torts. Elle n’avait pas d’autre choix.

D’autres paroissiaux se levèrent et quittèrent à leur tour la sainte église après avoir salué le pasteur et reçu sa bénédiction. Mais Ithuriel et son nouvel ami demeurèrent à leur place. Dans un coin de la nef, en dehors du chemin pour ne pas gêner les autres. C’est là que l’Allemand reconnut que jusqu’à très récemment, il avait toujours cru que les démons n’étaient qu’une manière imagée de prévenir tout un chacun des tentations de ce monde. Il n’était pas croyant. Du moins ne l’avait pas tellement été. Mais maintenant, il était bien forcé d’admettre que la réalité avait rattrapé la fiction. Et personne ne s’était préparé à cet état de fait.

— Les démons ont pourtant fait partie intégrante de ce monde pratiquement depuis sa création, fit la déchue d’une voix pensive et lointaine en laissant son regard se poser sur les vitraux colorés au travers desquels filtrait les vifs rayons du soleil brûlant causant cette canicule partout en ville. Le bien n’aurait pu exister sans le mal. Du moins c’est ce que pensent les philosophes. La lumière ne peut exister sans les ténèbres. C’est un équilibre fragile servant de fondement à notre monde. Et il s’en faut de tellement peu pour menacer cet équilibre et précipiter la vie telle que nous la connaissons dans le chaos. Un rien qui peut transformer une merveille de la nature en une abomination sans nom. Un frère en ennemi.

Un silence suivit les paroles d’Ithuriel et celle-ci secoua vivement la tête en reportant son attention sur l’homme à ses côtés. Elle avait laissé son esprit vagabonder vers des contrées lointaines. Une tendance à laquelle elle s’adonnait beaucoup depuis sa réincarnation. Les Anges et les mortels ne pensaient pas de la même manière. Leurs esprits fonctionnaient différemment. À des vitesses différentes. En cause, la conception même de la Création. Les mortels étaient éphémères alors que le temps n’avait aucune emprise sur les Anges. La vie d’un Humain équivalait à un battement de cils selon les critères des frères et sœurs d’Ithuriel. Cette différence s’en ressentait sur la façon dont chacun vivait sa vie : les mortels vivaient dans l’instant présent, à cent à l’heure ; tandis que les Anges vivaient à la fois dans le présent, le passé et le futur – une manière d’appréhender le monde dont Ithuriel ne s’était pas débarrassée.

— Désolée, souffla-t-elle en ramenant une mèche de cheveux derrière son oreille et en offrant à son interlocuteur un sourire contrit. Je dois vous avouer que tout ceci est encore assez nouveau pour moi. La marche est haute entre croyance et réalité. En pareille occasion, la foi peut être rudement ébranlée. (Elle marqua une pause et ajouta d’une voix presque éteinte.) Et c’est dans ces moments-là qu’on en vient à se demander si Dieu ne nous aurait pas abandonnés. S’il est toujours là, à l’écoute, quelque part. Ou bien s’Il a choisi l’exil et décidé que nous devions faire face à nos erreurs seuls et sans Son aide.

Les yeux d’Ithuriel s’étaient portés au loin sur la grande croix suspendue au mur du fond au-dessus du grand autel cérémoniel. Dieu était-il toujours à l’écoute de Ses brebis égarées ou celles-ci étaient-elles véritablement seules au monde pour affronter les ténèbres à venir ?
Sam 25 Juil - 23:19
Invité
Anonymous
Invité

Méphistophélès était loin d’être un démon comme les autres. Déjà, de base, il était un démon des croisements. Ce qui faisait en sorte qu’il était un peu plus manipulateur. Non pas que les autres démons ne savaient pas manipuler, mais il avait développer sa technique à lui, qui alliait séduction et argument. Il fallait vendre du rêve à ces pauvres humains perdus. Leur offrir une vie paradisiaque dans laquelle ils auraient amour, gloire ou pouvoir. Leurs désirs n’étaient pas si compliqué que cela à trouver. Ils étaient si faibles, tendant vraiment vers la perdition. Les faire chuter était devenu assez facile en fait. Le fait d'avoir plusieurs centaines d'années de pratique à son actif aidait aussi en fait.

Mais il n’était pas le genre de démon a simplement s'asseoir sur ses lauriers. Il aimait bien se trouver de nouveau défi tout juste après en avoir réussi un. Toujours tendre vers la perfection et ne jamais laisser de travail incomplet. Est-ce qu'il considérait donc cet ange déchu comme un travail? On pouvait le voir ainsi. Mais c’était du travail supplémentaire qu'il s’était fixe, simplement. Au cas ou certains l’oubliait, le démon des croisements appartenait au clan des méchants, les démons et autres créatures qui souhaitaient voir le monde sombrer peu a peu sous la main de Lucifer et des quatre cavaliers de l'Apocalypse. Cela ne signifiait pas pour autant que Méphisto allait rester la, les bras croises. Au contraire! Il avait désormais les mains totalement libres, il pourrait s'amuser a tuer, manipuler, torturer ou encore faire chuter un ange encore plus bas. C’était une expérience en fait. En ce moment, il tâtait le terrain, voulant savoir jusqu’où il pourrait manipuler la jeune femme. Elle était dans un corps de femme désormais et donc, elle était sensible aux émotions humaines, certes, mais aussi a leurs désirs... Le démon avait tellement d’idées concernant cet ange. Il pourrait lui faire commettre un geste qui l'enverrait en Enfer pour ensuite aller la torturer jusqu’à ce qu'elle flanche et devienne un bourreau. Cela sonnait comme de la musique a ses oreilles.

Méphisto, afin de commencer une conversation et de passer pour un parfait gentil (et un peu idiot!) humain avait dit qu'auparavant, il ne croyait pas vraiment a l'existence des démons. La réponse que lui donna l'ange n’était pas très surprenant, mais il montra de la surprise, jouant le jeu. Il laissa même un petit silence s'installer, comme s'il ne savait pas quoi réponse alors qu'habituellement, il avait toujours quelque chose a dire. Il la laissa s'excuser et parler de son papounet. C’était vraiment pathétique d'avoir foi, mais il devait jouer le jeu et passer pour un croyant. Il se rapprocha d'un ou deux centimètres, alors qu'elle avait le regard ailleurs et lui répondit:


- Dieu est là, j'en ai la certitude. Il ne nous aurait certainement pas abandonnes a notre sort. La preuve, nous avons toujours fois, pensez-y et je suis certaine que tu trouveras un peu de fois enfouie, juste la...

Doucement, il indiqua le cœur de la belle. Il voulait la rassurer, inspirer de la confiance même. Être un confident pour ensuite mieux l’entraîner vers le bas.

- Le Seigneur nous soumet a une épreuve, et nous devrons nous montrer digne de son amour, ne croyez-vous pas?
Jeu 30 Juil - 17:10
Invité
Anonymous
Invité

Ithuriel avait les yeux rivés sur la grande croix suspendue au fond de l’église juste au-dessus de l’autel cérémoniel. Une immense croix en bois de rose sûrement. Nue et sans la moindre effigie représentant d’ordinaire le Christ. La lumière solaire tombait du ciel au travers de lucarnes invisibles de l’endroit où l’ange déchue se trouvait et tombait directement sur l’artéfact religieux. Le bois paraissait ainsi auréolé de lumière radieuse comme si Dieu en personne s’était tenu dans la pièce avec eux. Une bien triste et amère déception. Dieu n’était pas là. Il ne s’intéressait plus à Son troupeau de brebis égarées.

Du moins était-ce la conviction d’Ithuriel. Le bel homme répondant au doux prénom de Friedrich avait semble-t-il une toute autre conception de cette même réalité. Ithuriel reporta son attention sur lui en l’entendant dire que lui pensait Dieu encore à leurs côtés. Il en avait même la certitude. Vraiment ? Il en faudrait plus que cela pour rassurer Ithuriel. Et peut-être l’Allemand s’en rendit-il compte ou bien peut-être éprouvait-il simplement le besoin de justifier ses propos, toujours est-il qu’il ajouta que selon lui, Dieu ne les aurait sûrement pas abandonnés à leur triste sort. Et pour preuve, il avança qu’ils avaient toujours la foi.

La foi ? Ce mot manqua arracher un éclat de rire à Ithuriel. Elle commençait à remettre en question sa propre foi. Et pourtant, elle était une enfant du Seigneur. Un ange au service de la Création depuis des centaines de milliers d’années. Admettre remettre en doute ses propres convictions à propos de tout cela n’était pas une mince affaire. Les anges – contrairement aux mortels – détenaient la certitude que Dieu existait. Les humains avaient fondé leurs convictions sur des croyances. Ils désiraient de tout leur cœur croire en cet être majestueux résidant dans les Cieux. Mais ils ne détenaient aucune preuve de Son existence. Leur foi était fondée uniquement sur le désir que cette vérité en laquelle ils croyaient soit bien réelle. Les anges quant à eux avaient connaissance de l’existence de Dieu. Durant des milliers d’années ils avaient vécu au contact de Sa lumière et de Sa connaissance. La foi des anges était ferme et sans appel. Impossible à remettre en question. Réelle et sincère. Et profondément ancrée dans leur nature même de soldat de Dieu existant pour servir cet être suprême. Qu’Ithuriel en soit arrivée à se questionner et à remettre en cause cette même foi qui faisait pourtant intégrante de son identité en disait long sur la précarité de sa situation actuelle. Perdue et en quête de nouveaux repères.

Méphistophélès ajouta alors que selon lui, le Seigneur les soumettait à une épreuve et qu’ils devaient se montrer dignes de Son amour. Ithuriel observa un moment l’Allemand dans les yeux sans prononcer un mot avant de reporter son attention sur la majestueuse croix à l’autre bout de la nef. Se montrer digne de Son amour ? Dieu aimait-Il seulement Ses enfants ? Ne les avait-Il pas abandonnés du jour au lendemain sans un mot d’adieux ni la moindre explication ? N’avait-Il pas condamné tous ceux qui Le chérissaient à pleurer Sa perte simplement parce que Son fils rebelle avait désacralisé le Jardin et fait céder l’Homme à ses plus bas instincts en le confrontant à la Tentation et au péché ? N’était-ce pas là le comportement abject d’un individu égoïste ? Punir des milliers de fidèles à cause des exactions d’un fils indigne de Son amour et jaloux des autres enfants de son Père ? En quoi était-ce une épreuve que de devoir continuer à exister après pareille défection ? En quoi était-ce noble et méritant ?

Ithuriel quitta des yeux la croix et reporta son attention sur Méphistophélès. Il lui avait demandé si elle partageait son avis. Si elle était d’accord avec lui.

— Non, répondit-elle finalement après quelques secondes de réflexion. Je ne crois pas que Dieu nous soumettes à une quelconque épreuve. Je pense plutôt qu’il a préféré fermer les yeux et tourner le dos à Ses enfants. Nous… (Elle se tut un instant.) Nous ne sommes pas responsables de ce qui nous arrive. Pas entièrement du moins. Dieu a livré à eux-mêmes des créatures ne pouvant se gouverner seules et qui sont hélas perdues sans un berger pour leur montrer la voie. C’est Lui seul qui a fait ce choix sans en avertir aux préalables Ses fidèles. Si épreuve il y a, comme vous dites, alors c’est Lui qui y a été confronté et Il a échoué. C’est Lui qui nous a abandonnés et qui devrait à présent chercher à être digne de notre amour et non l’inverse. (Les yeux d’Ithuriel s’était reposée sur la croix.)

Au loin, dans le fond de l’église, la lumière irradiant à travers les lucarnes dans la voûte s’estompa et la croix en bois s’assombrit un instant tandis qu’un nuage passait devant le soleil, masquant ses rayons et jetant une ombre dans la sainte église. Les propos de la déchue avaient-ils déplu au Père ? Ithuriel en doutait. Cela aurait signifié qu’Il écoutait depuis toujours et avait donc fait le choix délibéré d’ignorer les prières d’enfants orphelins en quête de repères et de réponses. Cela aurait pire encore que l’abandon lui-même. Il n’y avait aucune intervention divine. Rien. Juste un nuage ayant dérivé au-dessus de cette église au moment où Ithuriel avait parlé. Juste une question de hasard. Quelque chose en quoi elle ne croyait pas cependant. Mais mieux valait cela que l’alternative.

— Pourquoi ne pas poursuivre cette conversation ailleurs ? demanda la déchue en reposant les yeux, avidement, sur son interlocuteur silencieux.

La question s’était imposée à son esprit toute seule. Et les mots avaient franchi ses lèvres avant qu’elle ait vraiment pu avoir réfléchi à ce qu’elle allait dire. Comme si quelqu’un d’autre s’était exprimé à sa place. Mais à peine cette pensée lui eut-elle traversé l’esprit qu’elle s’estompa brusquement. Ithuriel sentit le doute et la surprise disparaître d’un coup pour ne laisser que le brûlant désir que cet homme accède à sa requête. C’était à la fois étrange et… peu importe. Elle était entrée dans cette église en se sentant égarée et confuse. Mais être à proximité de ce Friedrich la galvanisait et la remplissait d’un vif sentiment de légèreté et de réconfort. De sérénité et de paix. De plénitude. Elle se sentait entière et vivante. Ce qu’elle n’avait bizarrement pas éprouvé depuis des mois. Depuis le jour où elle avait coupé le lien l’assujettissant aux Cieux et à l’autorité de Michael.

— Alors ? insista-t-elle. Qu’en dites-vous ?

Un sourire étira les douces lèvres de la déchue et elle attendit patiemment une réponse de l’Allemand.
Jeu 6 Aoû - 3:49
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Plusieurs minutes avaient passé depuis la fin de la messe. Les gens avaient déjà quitté, retournant à leur vie de tous les jours, croyant avoir accompli un geste qui leur accorderait le salut éternel. Il faut dire qu'avec le monde surnaturel qui avait éclaté au grand jour, les gens avaient de plus en plus peur pour leur âme. Était-ce vraiment étonnant? Pourtant, des petits gestes petits et insignifiants comme assister à une messe ne jouerait pas vraiment dans la balance lorsque leur heure viendrait. Les humains avaient bien souvent de drôles de manière de penser. Un peu trop simple en fait. Ils ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez, croyant tous ce qui avait été dit ou fait au court des âges. Ainsi donc, depuis l'âge d'or de la chrétienté, les humains disaient qu'il fallait être à la messe tous les dimanches. C'était une idée tellement forte qu'en ce jour, les pauvres brebis égarées de Huntfield s'étaient précipités dans les églises pour avoir la conscience tranquille. Maintenant qu'ils savaient de quoi avait l'air les démons, ils n'avait pas vraiment envie de les côtoyer tous les jours, en Enfer! Il est vrai que dans la Fosse, mieux valait être le bourreau que la victime. Il suffisait de le comprendre le plus rapidement possible et à partir de ce moment : la liberté. Un humain qui acceptait de prendre un couteau en main pour torturer des âmes à son tour devenait un démon. Devenir une telle créature, c'était gagner un pouvoir et en puissance. Il fallait seulement espérer avoir la chance de se rendre sur Terre pour s'y amuser un peu. Le mieux était sans doute de devenir un démon des croisements. On avait plus de chance d'être invoquer à un croisement de chemin et ensuite être libre d'aller et venir sur la terre des hommes. Là, il n'y avait plus de limite à l'amusement et au plaisir autre que celles qu'un démon pouvait se fixer. Ah oui, il y avait les chasseurs qui faisaient tout pour pourrir l'existence des démons, mais sinon, les emplumés de leur côté se faisaient plutôt discret. Ce n'était que depuis l'Apocalypse qu'ils se faisaient vraiment plus présents. Comme s'ils avaient vraiment une chance d'arrêter la machine désormais en marche!

Tout ça pour dire qu'en fait, les humains se mettaient les doigts dans l'oeil s'ils croyaient vraiment que de venir sagement assister à une messe ou deux allait leurs permettre d'obtenir une place au Paradis et ainsi échapper aux tourments des Enfers. Ils devraient faire autre chose pour nettoyer leur âme de toute noirceur. Mais ce n'était pas Méphistophélès qui allait leur indiquer le chemin à suivre. Il aimait bien les voir se perdre tranquillement mais sûrement. Leur chute était inévitable! Et parlant de chute, revenons à l'ange qui s'était arraché la Grâce et qui discutait avec le démon des croisements, en ce moment même. Afin de lui inspirer confiance sans doute et jouer la carte du gentil fidèle, Méphisto avait dit qu'il avait la Foi et qu'il savait le Seigneur toujours présent. Des balivernes, bien évidemment, mais il jouait le jeu quoi! La réponse de la jeune femme le fit presque sourire, mais il se contint. La manque de foi de la déchue était flagrant. Ce n'était pas pour rien qu'elle était dans une telle situation, elle n'avait pas perdue sa Grâce, elle se l'était enlevée. Puis, elle étonna la créature démoniaque en lui proposant de poursuivre la conversation ailleurs. L'endroit était pratiquement vide désormais et leurs paroles raisonnaient. Pas une mauvaise idée! Mais elle était étonnante, tout de même. Le démon se passa une main dans les cheveux, comme s'il était à la fois gêné et qu'il hésitait. Elle insista un peu en lui demandant ce qu'il en pensait.


- Oui, pourquoi pas. Si ça vous dit, je connais un petit restaurant pas trop loin. On pourrait y discuter et manger un morceau. Vous êtes partante?

Il ne voulait pas se montrer trop insistant non plus, mais c'est elle qui avait proposé. Il se leva donc, prêt à partir si l'idée plaisait à la jeune femme. La situation prenait une tournure que le démon n'aurait pas trop espéré. Tout se déroulait à la merveille!
Dim 9 Aoû - 17:53
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Lilian se redressa en imitant son interlocuteur qui venait d’accepter sa proposition de poursuivre cette petite conversation ailleurs. D’où lui était donc venue cette idée ? Elle l’ignorait et ne ressentait pas du tout le besoin de répondre à cette question. C’était un peu comme la nuit où elle avait débarqué ici – à Huntfield. Ses pensées étaient quelque peu embrouillées et la déchue n’était plus véritablement aux commandes de son propre corps. L’idée de demeurer en compagnie de cet homme charmant semblait si naturelle. Comme dit précédemment, quelque chose en lui avait le don de galvaniser la jeune femme et de l’emplir d’un vif sentiment de légèreté et de réconfort. Elle éprouvait une certaine sérénité à ses côtés et ne désirait pas voir ce moment prendre fin trop précipitamment.

— Un restaurant ? Pourquoi pas. (Elle jeta un coup d’œil à sa montre.) Et puis c’est bientôt l’heure du déjeuner donc c’est parfait. Va pour un restaurant. Je vous suis.

Ensemble, la déchue et l’Allemand à l’accent si exotique prirent donc la direction de la sortie. La jeune femme était emballée à l’idée de profiter de quelques minutes supplémentaires en compagnie de cet illustre inconnu qui semblait irradier un petit quelque chose qu’elle aurait été bien en peine de décrire avec des mots. C’était vraiment plus une sensation qu’autre chose. Un sentiment de paix et de sécurité comme elle n’en avait pas connu depuis des mois. Néanmoins, ses pensées s’emmêlant dans sa tête, il ne lui vint pas une seule seconde à l’esprit que cela ait pu avoir un rapport avec cette part d’elle-même qu’elle recherchait en vain depuis son arrivée en ville : sa précieuse Grâce, dont un démon s’était emparé.

Cela aurait pourtant dû être sa première constatation. Elle plus que quiconque aurait dû reconnaître le doux battement qui vibrait au diapason des modestes vestiges de cette essence céleste qu’elle avait conservés sous cette fausse identité. Cette chaleur et ce sentiment de plénitude auraient dû la mettre sur la piste et lui faire comprendre que ce qu’elle était jadis se trouvait juste là, à portée de main. Elle n’avait qu’à ouvrir les yeux pour s’en rendre compte et délester ainsi l’abomination de cette essence sur laquelle il n’aurait jamais dû poser les mains en premier lieu. Il n’en était pas digne. Les suppôts de Lucifer étaient infects et méprisables. Ils ne méritaient pas de poser ne serait-ce que les yeux sur une créature céleste dévouée toute entière au service du Père de toutes choses.

Hélas, Ithuriel était aveuglée par cette étrange brume qui obscurcissait son jugement et l’empêchait de mettre bout à bout deux pensées cohérentes. On aurait dit un enfant devant lequel on aurait présenté tout un assortiment de sucreries plus avenantes les unes que les autres en lui demandant toutefois de ne toucher à rien. Il ne pouvait penser qu’à ces douceurs sucrées sans parvenir à focaliser son attention sur quoi que ce soit. Dans le cas d’Ithuriel, l’Allemand et son accent étaient cette douceur irrésistible ; et la sensation ne faisait qu’être exacerbée par la proximité de la déchue avec sa Grâce. Les informations reçues par le cerveau de la jeune femme se mélangeaient et faute de pouvoir attribuer ce sentiment de paix profonde à la présence de son essence divine, elle mettait cela sur le compte de sa proximité avec l’illustre inconnu. Et c’est avec un grand sourire aux lèvres qu’elle se retourna vers lui en sortant enfin de l’église et en traversant à ses côtés la place s’étalant devant le lieu de culte.

Dans le ciel, le nuage gris qui avait obscurci la nef et la croix sacrée quelques minutes plus tôt dérivait lentement juste au-dessus de leur tête. Mais très vite, il s’estompa et disparut complètement au profit d’un temps clément comme le journal météo l’avait annoncé. Et c’est en sentant les températures se faire bien plus estivales qu’Ithuriel et son compagnon arrivèrent finalement au restaurant dont avait fait mention le bel Allemand. Ils prirent place en terrasse et Ithuriel se délesta de son sac à bandoulière et de sa veste. Elle commençait à avoir chaud. Et son cœur battait un peu trop vite à son goût dans sa poitrine. Était-ce parce que son nouvel ami avait les yeux rivés sur elle ? Certainement. Pourtant, elle n’avait pas pour habitude de réagir ainsi en présence d’autres individus. Elle s’était toujours montrée plutôt réservée et distante avec les mortels. Un peu… coincée. Un dénominateur commun à la majorité des Anges : ils ne donnaient pas dans le social. Du moment qu’ils savaient manier une arme, c’est tout ce qui importait. Mais là c’était différent. Même si elle n’aurait pas su dire en quoi exactement.

— Cet endroit a l’air bien charmant, souffla-t-elle pour faire la conversation en parcourant du regard la terrasse et les tables protégées du soleil par une rangée de parasols. Comment l’avez-vous découvert ? Je croyais que vous étiez nouveau dans le coin.

Ithuriel ne se rendit même pas compte de la fin de sa phrase. Les mots avaient franchi une fois de plus la barrière de ses lèvres avant qu’elle ait pu réfléchir à ce qu’elle allait dire. Mais cette fois-ci, ce ne fut pas sous le coup de la confusion qui semblait vouloir mettre des bâtons dans les roues de sa capacité à former un jugement sur l’étrangeté de la situation. Pour la première fois depuis qu’elle se trouvait si près du mystérieux Allemand, Ithuriel venait formuler une remarque mettant précisément le doigt sur le genre de détail qui semblait ne pas coller du tout avec le reste. Plutôt que sa raison, c’est son instinct qui avait parlé et qui tentait en vain de la remettre sur le droit chemin. Elle était en plein fantasme et n’avait pas les idées claires. On jouait avec elle et elle ne s’en rendait pas compte. Du moins, n’en avait-elle pas conscience. Son subconscient, lui, se doutait qu’il y avait anguille sous roche. Ce Friedrich avait donc tout intérêt à demeurer sur ses gardes. La partie était encore loin d’être gagnée…
Mar 25 Aoû - 18:20
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À force de se sentir un peu trop confiant, le démon allait finir par faire une erreur. Il devrait se montrer prudent! Le jeu serait terminé si elle découvrait sa véritable identité. Il serait dommage de déjà mettre fin à ce jeu alors qu'il commençait tout juste à devenir intéressant. Quand le démon des croisements trouvait un nouveau jeu, il voulait faire durer le plaisir le plus longtemps possible. En fait, tant que le jouet en question était divertissant, il ne se lassait pas. Par contre, il arrivait parfois que des problèmes surviennent. Par exemple, alors qu'il tentait de corrompre une jeune femme qui étudiait en médecine, il s'était amusé pendant quelques mois, mais un chasseur avait mis son nez dans cette histoire et donc, Méphistophélès avait dû mettre toute une histoire en place afin de changer de véhicule et revenir s'amuser sur Terre sans être poursuivi par un humain un peu trop tenace. Les chasseurs se croyaient tellement forts et invincibles par les temps qui courraient, simplement parce qu'ils avaient renvoyé des démons de bas étage dans la Fosse. Il n'en fallait pas plus pour que leur confiance gonfle et qu'ils se montrent de plus en plus entreprenants et tenaces. Certains s'étaient même mis en tête qu'ils pourraient combattre Lucifer et le remettre dans sa cage. Vraiment? N'avaient-ils pas conscience de la puissance du Porteur de Lumière? Il était si fort qu'il pourrait remettre n'importe quel ange ou démon à sa place, les exterminer d'un simple claquement de doigt. C'était pour cela que le démon des croisements s'était rangé à ses côtés. Il préférait être du côté de la force et du côté des gagnants. Il ne doutait pas un seul instant que Lucifer l'emporterait et que les humains hurleraient encore et encore alors que leur monde disparaîtrait peu à peu.

En attendant, le démon des croisements tentait de faire chuter encore plus une pauvre créature céleste. Déjà, elle s'était arrachée sa Grâce, preuve qu'elle pouvait céder et aller encore plus bas. Afin de s'assurer qu'elle ne récupère pas son essence divine, il la gardait en permanence sur lui, cachée au yeux de tous. Il ne voulait pas bêtement la perdre, mais en même temps, il pouvait attirer l'attention des anges un peu trop facilement. Bah, tant pis, le jeu en valait la chandelle! Ce n'était pas tous les jours qu'un démon pouvait posséder une Grâce! Sortant de l'église en compagnie de la déchue, le démon constata la température clémente. On aurait dit que tout était en place pour lui facilité la tâche. Mais serait-ce vraiment le cas? Un beau temps comme celui-là inspirait à la promenade extérieure. Peut-être qu'après avoir déjeuner, Méphisto pourrait convaincre la Déchue pour une petite ballade? On verrait en temps et lieu! Le démon la guida jusqu'à un petit restaurant sympathique dans lequel il était déjà allé. La Déchue lui demanda tout de même comment il connaissait l'endroit, puisqu'il lui avait dit être nouveau.


- Je suis ici depuis environ deux trois mois et comme je n'ai pas de logement, je dois avouer que je mange souvent au restaurant!

Il raccordait avec l'histoire qu'il racontait à Serena, cela serait mieux de ne pas avoir trente versions différentes d'histoire! Si une de ses connaissances mortelles passait par là, il n'y aurait pas de malentendu. Un serveur vint les voir, afin de leur donner les menus et leur demander s'ils désiraient quelque chose à boire.

- Pour ma part, je prendrais un coca s'il vous plaît.

Prendre de l'alcool au déjeuner ne serait peut-être pas bien vu de la jeune femme. Il préférait la jouer prudent et faire bonne impression. Après avoir prit la commande de la jeune femme, le serveur s'éclipsa, les laissant en tête-à-tête.

- Dites-moi, qu'est-ce qui vous à amener à Huntfield déjà?
Ven 4 Sep - 18:07
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Ithuriel se sentait bien. Le petit restaurant dans lequel l’avait conduite sa nouvelle connaissance était on ne peut plus charmant. Le cadre était idyllique, serein et calme. Une véritable oasis de paix au milieu de tout ce chaos qui menaçait à tout instant de réduire cette ville en cendres. Les quelques rares clients  fréquentant l’établissement étaient pour la plupart attablés en terrasse, mais suffisamment loin de la table d’Ithuriel et de Méphistophélès pour leur offrir autant d’intimité que possible. À se demander si l’univers ne faisait pas tout pour faire en sorte que l’abomination se rapproche suffisamment de cette pauvre créature céleste égarée pour mieux l’entraîner au fond de l’abîme de la déchéance.

S’étant mise à son aise, Ithuriel s’était débarrassée de son sac et de sa veste avant de prendre place à la table. Puis cherchant à faire la conversation, elle avait déclaré à son bel interlocuteur que cet endroit était bien charmant. Elle n’en avait jamais entendu parler avant aujourd’hui. Elle était pourtant en ville depuis plusieurs semaines déjà. Mais elle n’était pas particulièrement friande de la grande gastronomie. Il était rare qu’elle consomme autre chose que des plats déjà préparés et simplement réchauffés au micro-onde. Elle n’était pas particulièrement difficile sur ce point. La nourriture était de loin le cadet des soucis d’un ange. Ils ne connaissaient ni la faim ni la soif et n’éprouvaient aucunement le besoin de consommer quoi que ce soit pour rester en forme et faire le plein d’énergie. Le seul écart de conduite en la matière : les sucreries. Depuis sa réincarnation, Ithuriel s’était découvert un péché mignon pour ces douceurs sucrées qu’elle pouvait consommer à la chaîne sans le moindre remord. La gourmandise était pourtant un des Sept Péchés Capitaux. Mais le sucre n’était-il pas le carburant de base nécessaire au bon fonctionnement du corps humain ? Alors pouvait-on parler de péché mignon si au final Ithuriel ne faisait qu’apporter à son organisme les éléments dont il avait besoin pour fonctionner au meilleur de sa forme ? Des excuses… Mais peu importe. Elle n’était plus un ange désormais. Elle était humaine.

Ithuriel laissait sa pensée s’égarer un peu trop loin. Elle se fit violence pour rester concentrée sur son compagnon. Celui-ci répondit à la question qu’elle venait de poser en déclarant n’être à Huntfield que depuis deux ou trois mois environ. Il était donc en ville depuis un peu plus longtemps que la déchue… Un détail qui ne s’imprima cependant pas dans l’esprit de la jeune femme. Elle n’avait d’attention que pour la suite de son récit : il n’avait pas de logement à proprement parler et prenait donc la majorité de ses repas au restaurant. Ce n’était peut-être pas un mode de vie particulièrement économique, mais au moins pouvait-il manger sainement et ne pas avoir à se soucier de faire la vaisselle et de ranger ensuite. Une conclusion parfaitement logique à laquelle Ithuriel avait aboutie d’elle-même. Autrement dit, ses facultés de raisonnement étaient intactes. Alors comment diable ne voyait-elle pas clair dans le jeu de cette abomination ? Les réponses à toutes ses questions se trouvaient juste là à portée de main et elle n’était même pas capable de s’en rendre compte…

Un serveur se présenta alors à leur table et offrit à chacun des deux convives un menu avant de leur demander s’ils désiraient boire quelque chose. L’Allemand opta pour un Coca-Cola. Une boisson très sucrée qui n’était toutefois pas au goût de la déchue. Elle préféra commander un jus de fruits avec des glaçons. Une boisson fraîche ne serait vraiment pas refus compte tenu de l’étouffante vague de chaleur qui semblait s’être abattue d’un coup sur la ville. Pour une fois que la météo ne se trompait pas : l’été risquait effectivement d’être caniculaire parti comme c’était là. Le réchauffement climatique était-il à remettre en cause ou était-ce là un odieux stratagème des démons ayant encerclés la ville ?

La question s’estompa de l’esprit de la déchue aussi rapidement qu’elle s’y était formée. Et sans laisser de traces. Étrange…

— Bien, souffla le serveur en hochant la tête. Je vous apporte cela dans un instant.

Et il s’éclipsa en laissant Ithuriel et son compagnon en tête-à-tête avec leur menu. La déchue baissa les yeux vers la carte du restaurant et balaya rapidement du regard l’intitulé des différents plats. Tout cela avait l’air rudement bon. Et ce n’est d’ailleurs qu’en imaginant à quoi ressemblait tous ces plats que la jeune femme se rendit compte à quel point elle avait faim. Ce qui n’avait rien de très étonnant sachant qu’elle avait sauté le petit-déjeuner et passé la majeure partie de la nuit à traquer en vain un démon qui aurait peut-être pu lui révéler quelques informations de la plus haute importance. Mais peu importe. Elle n’avait pas franchement envie de repenser à tout ceci. Elle n’en avait même absolument aucune envie. Comme si une petite voix dans sa tête lui susurrer d’oublier pour un temps tout ses tracas. Voix dont le timbre était étrangement similaire à celui de ce bel homme qui venait de reprendre la parole.

D’une voix fort chaleureuse et toujours dans le but d’entretenir la conversation, le dénommé Friedrich s’enquit de savoir ce qui pouvait bien avoir amené Ithuriel en ville. La réponse ne se fit pas attendre.

— Mes recherches, expliqua la déchue en quittant des yeux la carte du restaurant. Je suis étudiante en sciences occultes. (Elle marqua une pause et sourit.) Disons plutôt que je mène des recherches sur les sciences occultes. Je ne les pratique pas moi-même. (Elle marqua une nouvelle pause.) C’est pour mon doctorat. Je me suis principalement spécialisée dans l’étude des civilisations, des origines à aujourd’hui. Et je me suis rendu compte que s’il y a bien une chose récurrente que l’on retrouve à tous les âges de ce monde, c’est l’attrait des Hommes pour le domaine des sciences occultes. Je me suis donc mise en tête de creuser plus avant cette question. Et très récemment, j’ai entendu parler de cette ville que la rumeur dit être le siège de nombreux événements inexpliqués. Je ne pouvais décemment pas passer à côté de ça. Je suis donc venue observer tout cela de mes propres yeux. (La déchue se tut et baissa les yeux.) Mais peut-être ai-je commis là une erreur ? (Ithuriel reporta son attention sur Friedrich.) Je ne me serais jamais attendue à découvrir tout ceci. Je n’y étais pas préparée. Et pourtant, il s’agit-là de mon domaine de prédilection. Ce n’est pas peu dire. Mais le gouffre est large entre théorie et pratique.

Ithuriel secoua la tête en esquissant un sourire gêné. Ce qu’elle venait de dire – toute cette histoire de doctorat et de recherche universitaire – n’était qu’un tissu de mensonges. Elle n’étudiait absolument rien. De son vivant, Lilian – son hôte – était bel et bien étudiante. Un point sur lequel la déchue n’avait pas eu besoin de mentir ; mais cela remontait à avant la mort de la jeune femme. Néanmoins, c’est là l’histoire que la déchue avait monté de toute pièce pour justifier sa présence si jamais on venait à lui poser la question. Comme cela venait d’être le cas. Pourtant, les choses ne s’étaient pas passées aussi bien qu’elle l’aurait souhaité depuis son arrivée.

En effet, Ithuriel s’était finalement retrouvée dans bien plus de situations où elle avait eu à sortir son arme et user de ses compétences martiales plutôt que de se servir de cette fausse couverture censée mettre en avant sa prétendue nature innocente et naïve. Au moins avait-elle désormais l’occasion de rectifier le tir et d’entretenir cette fausse image de jeune chercheuse ne cherchant qu’à réunir autant d’informations que possible sur un domaine aussi mystérieux que les forces occultes.

C’est le moment que choisit alors le serveur pour leur apporter leurs consommations. Il déposa un grand verre contenant une boisson brune pétillante devant l’Allemand et un verre couvert d’une fine pellicule de condensation devant Ithuriel. Le serveur en profita par ailleurs pour demander aux deux convives s’ils avaient arrêté leur choix concernant le menu. Ithuriel hocha la tête et déclara :

— Ce sera une salade César au poulet pour moi, s’il vous plaît.

Le serveur acquiesça brièvement avant de se tourner vers Friedrich. Une fois que l’Allemand eut passé commande, le jeune homme se retira et Ithuriel se retrouva de nouveau seule avec son nouvel ami.

— Et vous ? demanda-t-elle alors en lui retournant sa question précédente. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous aventurer dans la ville de tous les dangers ? Êtes-vous ici pour le travail ou pour le frisson ?

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la déchue tandis qu’elle y portait sa boisson rafraîchissante et s’octroyait une gorgée du délicieux nectar de fruits.
Jeu 17 Sep - 22:45
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Quand l'univers vous offre une telle opportunité, vous la prenez. C'est ce que le démon des croisements faisait d'ailleurs. Depuis qu'il avait osé ramassé la Grâce céleste de ce pauvre angelot perdu, il œuvrait tranquillement à la corrompre de plus en plus. Le chemin était là, il ne suffisait que de l'emprunter. Elle s'était arrachée les ailes, devenant une humaine parmi les mortels. C'était une situation inespérée, le démon devait en profiter. Il devait seulement garder à l'esprit qu'à trop s'approcher du soleil, on pouvait se brûler les ailes. Il devait demeurer prudent dans ses paroles et ses agissements afin de ne pas affoler la Déchue et perdre son jouet. Si elle découvrait qui il était réellement, il ne pourrait plus mettre son plan à exécution, ce qui serait vraiment dommage! Il s'amusait bien en ce moment, il ne voulait pas changer cela. En ce moment, avec la chaleur étouffante, on aurait dit que les sens de l'ange étaient endormis, ce qui aidait parfaitement la créature démoniaque. En plus, ils étaient tranquille sur la terrasse, personne ne venait les déranger. Tous les éléments étaient réunis pour que Méphistophélès puisse agir à sa guise, ou presque! Le serveur était venu prendre leur commande et malgré l'envie du démon de commander un verre de scotch, il avait opté pour une boisson gazeuse. Il était loin d'apprécier, mais il avait conclu que c'était le choix sage, afin de ne pas paraître alcoolo devant la jeune femme! Il jouait au bon chrétien en fait, il devrait jouer ce jeu jusqu'au bout! Tant pis pour lui, c'est lui qui avait choisi cela! Il devait paraître aux yeux de Lilian comme un parfait gentilhomme. Lui que ne l'avais jamais vraiment été, même de son vivant... Au moins, il en avait observé plusieurs, ce qui pouvait l'aider. Il n'avait qu'à copier leur attitude! Voilà pourquoi il se montrait courtois, souriant et qu'il tentait d'entre-tenir la conversation. Au moins, pour cette dernière partie, ce n'était pas très difficile! Méphistophélès était ce qu'on pouvait appeler gentiment un beau parleur. En fait, il adorait s'écouter parler, discuter longuement et ainsi de suite. Il faut dire qu'en tant que démon des croisements, cela faisait partie de son quotidien. Il devait savoir trouver les bons mots pour convaincre et manipuler. Avec la Déchue, c'était surtout de la manipulation et du mensonge. Tout ce qu'elle devait détester en fait, mais le fait qu'il possède sa Grâce aidait beaucoup à endormir ses sens. Il sentait encore la Grâce pulser dans sa poche, comme si elle était heureuse d'être si près de sa propriétaire. Ce n'était pas aujourd'hui qu'elle y retournerait par contre! Méphisto la gardait précieusement. D'ailleurs, il l'avait protéger d'un sort, afin qu'il n'ait pas tous les emplumés aux trousses! Après en avoir rencontré une, c'est ce qu'il avait déduit! Pour continuer à jouer, il devait tenir cette Grâce loin des autres emplumés qui pourraient vouloir lui reprendre.

Le démon des croisements avait demandé à la Déchue ce qui l'avait amené dans la ville de Huntfield, sachant pertinemment la réponse (lui, indirectement!), mais curieux de savoir ce qu'elle aurait à dire là dessus. Après tout, elle ne dirait sûrement pas de but en blanc qu'elle était un ange déchu qui recherchait sa Grâce! Elle expliqua tout de même que c'était ses recherches qui l'avait amené ici! Quelle ironie! Lilian expliqua alors qu'elle était étudiante en sciences occultes, mais qu'elle ne les pratiquait pas. Méphisto fit alors un beau sourire, comme s'il riait à sa blague. C'était plutôt à l'ironie de la situation qu'il souriait, mais ça, il n'en dit rien. Il reprit un air sérieux lorsqu'elle parla du fait qu'elle n'avait pas été préparé à tout cela. C'était le moment parfait pour montrer un peu de compassion :

- Je vous comprends. Cette ville me semblait parfaitement normale au commencement, mais elle recèle de tant de secrets. Entre la théorie et la pratique, il y a vraiment un gouffre. Vous avez bien fait de venir par contre, sinon je ne vous aurais sans doute pas rencontré...

Il fit un petit sourire timide après avoir dit cela. Méphisto la jouait vraiment l'humain typique et banal qu'on voit dans les comédies romantiques. Est-ce que cela allait porter fruit? C'était encore à déterminer. Rien n'était certain encore. Le serveur revint à ce moment, coupant le petit silence qui s'était installé. Le démon le remercia poliment et laissa ensuite Lilian passer sa commande. Après quoi ce fut son tour de choisir. Il choisit donc rapidement un plat au hasard sur la carte :

- Et pour moi ce sera le sandwich à la dinde avec une salade maison je vous prie, merci!

Le démon reposa le menu et de nouveau seul, la Déchue l'interrogea sur sa présence dans la ville. Heureusement, lui aussi avait déjà une histoire toute faite, prête à être répétée.

- Je suis venu pour le travail. En fait, je suis un journaliste de terrain et mon patron m'avait envoyé ici pour écrire un article sur la ville, après toutes les rumeurs qu'on avait entendu. Un peu comme vous, je n'étais pas vraiment prêt. Je m'attendais plutôt à trouver des gamins faisant des farces à répétition ou un truc semblable. Et quand j'ai voulu partir, je me suis rendu compte que ça m'était impossible avec toutes ces créatures qui encerclaient la ville.

C'était la même histoire qu'il avait raconté à la gamine d'ailleurs. Par prudence, il préférait utiliser la même histoire et le même nom afin d'éviter de futurs problèmes. En fait, il n'y avait que le polymorphe qui le connaissait sous un autre nom, Alec, mais le gamin connaissait sa véritable nature aussi.

- Je dois donc attendre que les choses se calment un peu avant de repartir, en espérant que rien ne va s'aggraver...

Ce qu'il souhaitait en fait. L'Apocalypse dans toute sa splendeur!
Lun 21 Sep - 16:14
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La boisson que sirotait Ithuriel était un vrai délice. Douce et rafraîchissante. L’espace d’un instant, elle se serait crue de retour chez elle. C’était tout simplement divin. Rien de tel pour affronter l’étouffante chaleur de ce début d’été. Malheureusement, la déchue était encore loin de se douter que la météo ne ferait qu’aller en empirant. L’été promettait effectivement d’être caniculaire et il allait l’être. Mais qu’importe. Elle avait mieux à faire à l’heure actuelle que se préoccuper des températures. En effet, le dénommé Friedrich lui avait demandé un peu plus tôt ce qui l’avait amenée à Huntfield. Ce à quoi elle avait répondu : ses recherches. Elle lui avait alors servi en toute innocence le mensonge censé lui servir de couverture afin de dissimuler à autrui sa véritable nature. Le bel Allemand avait semble-t-il pris pour argent comptant la fausse histoire de la déchue. Il avait même souri lorsqu’elle s’était empressée de se rattraper lorsqu’elle avait sous-entendu sans faire exprès pratiquer les sciences occultes. Sûrement pas la meilleure chose à sortir dans une banale conversation compte tenu du climat tendu actuel. Un autre sourire de la part du jeune homme suivit cependant le précédent quelques minutes plus tard.

Ithuriel avait achevé son récit monté de toutes pièces en exprimant ses doutes quant au bien fondé de sa présence à Huntfield. Elle savait pertinemment avoir commis une erreur en venant ici. Mais n’avait-elle pas été attirée ici contre son gré ? Elle n’avait pas eu son mot à dire dans l’histoire. Elle ne pouvait donc être tenue pour responsable de se trouver présentement ici. Mais qu’importe. Elle avait failli à sa mission tant de fois à présent qu’elle se sentait plus ou moins responsable de tout. Ce n’était pas peu dire que la malheureuse avait touché le fond. Elle était brisée et avait perdu tout sens à son existence.

Ce bref moment de remise en question avait-il transparu d’une manière ou d’une autre dans sa façon de parler ou bien sur son visage ? Parce que l’interlocuteur de la jeune femme s’était empressé de faire montre de compassion en lui assurant qu’il comprenait parfaitement son ressenti. Lui aussi avait tout d’abord cru cette ville parfaitement normale. Et puis, il avait fini par en découvrir les « sombres » secrets. Il avait insisté ensuite sur le fait que la déchue n’avait pas à regretter sa décision. Il était ravi qu’elle soit ici à présent, sans quoi il n’aurait jamais eu la chance de pouvoir faire sa connaissance.

C’est à ce moment-là que le bel Allemand lui avait offert ce second sourire en coin. Un sourire timide qui avait eu sur la jeune femme un effet pour le moins difficile à décrire. Ithuriel avait senti une bouffée de chaleur lui monter aux joues. Ses lèvres s’étaient étirées ensuite en un sourire se voulant le parfait reflet de celui de son interlocuteur et quelque chose avait remué dans son ventre sans qu’elle sache de quoi il s’agissait exactement. La jeune femme savait avoir éprouvé ce genre de sensation par le passé, mais son esprit était de nouveau embrouillé et les visages de Caden et de Maximilien ne s’imprimèrent pas dans son esprit bien qu’elle ait leurs noms sur le bout de la langue. La jeune femme n’avait d’yeux que pour l’homme se trouvant en face d’elle. La tendresse et la compassion qu’il avait su insuffler dans ses paroles étaient parvenues à rassurer la déchue. Il avait raison, elle avait bien fait de venir ici. Pourquoi donc avait-elle regretté son arrivée à Huntfield ? Cela n’avait aucun sens. Elle était bien ici.

Puis le serveur les avait interrompus. Le charme qu’opérait jusqu’alors le démon sur la déchue s’était soudain estompé. Mais Ithuriel avait l’esprit trop embrumé pour faire le rapprochement. Elle avait finalement passé commande et écouté son interlocuteur faire de même. Puis le serveur s’était de nouveau éclipsé en laissant les deux convives seul à seul. C’est là qu’Ithuriel avait retourné au bel Allemand sa question concernant les raisons de sa venue en ville. Était-il à Huntfield pour le travail ou était-il venu y rechercher le frisson après avoir entendu l’une des rumeurs dont la jeune femme avait fait mention plus tôt ? Cette fois, ce fut elle qui sourit la première de manière tout à fait innocente en portant sa boisson fraîche à ses lèvres. Boisson ô combien bienvenue par ces fortes chaleurs. Mais ce point avait déjà été évoqué. Ithuriel s’égarait de nouveau.

Reprenant le fil de la réalité là où elle l’avait perdu l’espace d’une fraction de seconde, la déchue reposa son verre sur la table au moment-même où Friedrich relata sa propre histoire montée de toutes pièces. Mais Ithuriel n’y vit que du feu. Ainsi donc ce bel homme était journaliste de terrain. Un métier que la déchue avait peine à comprendre. Les mortels étaient guidés par un puissant instinct de survie pouvant parfois les pousser à tourner le dos à leurs proches dans le seul but de préserver leur propre existence. Et pourtant, ces hommes et ces femmes n’hésitaient pas à mettre leur vie en danger dans le seul but de transmettre à leurs semblables des informations qu’ils préféraient de toute manière ignorer et faire comme si elles n’existaient pas. Combien de gens en ce monde fermaient les yeux sur la famine et les épidémies en Afrique ? Les guerres dans le Moyen-Orient ? Les dévastations naturelles en Inde et au Japon ? Une fraction non négligeable de la population mondiale malheureusement. Et pourtant, des hommes et des femmes comme Friedrich continuaient de se mettre inutilement en danger de mort. Cela n’avait aucun sens. Le monde entier n’avait-il donc plus aucun sens ?

Ithuriel s’était de nouveau égarée hors de la pensée et du temps. Quand elle retrouva enfin le fil de la conversation, l’Allemand déclarait que quand il avait voulu quitter la ville, il s’était rendu compte que cela était impossible à cause de la présence démoniaque ayant assiégée les frontières de Huntfield. La déchue avait elle aussi été confrontée à ce problème. Elle avait même manqué ne pas survivre à cette première nuit en ville. Quelles avaient été les chances pour que la première personne qu’elle put rencontrer en mettant les pieds ici soit un changeur de peau s’efforçant de s’acheter une conduite et offrant ses services à une jeune inconnue avant de finalement perdre le contrôle de ses sens et de tenter de tuer cette même inconnue ? Clairement, elles devaient être une sur x millions. Et pourtant, Ithuriel s’était retrouvée dans cette situation précaire et des démons lui avaient involontairement permis de prendre la fuite en se lançant à la poursuite de la bête.

Involontairement ? C’est ce qu’elle avait cru, oui. Pourtant, le fait est que ces mêmes démons avaient été en réalité à la bonne de l’homme lui faisant actuellement face en toute innocence. Ils avaient reçu pour mission de veiller à ce qu’elle ne tente pas de franchir le barrage et surtout, qu’elle ne fasse pas de mauvaises rencontres. De toute évidence, Méphistophélès tenait beaucoup à son nouveau jouet et il ne voulait pas le voir être abîmé ou que quelqu’un d’autre tente de le lui voler sous son nez. Ithuriel était donc loin de se douter qu’elle devait son salut cette nuit-là à l’intervention d’un démon. Et celui-là même qui était la cause de tous ses soucis par-dessus le marché. Cruelle ironie…

Méphistophélès acheva son récit en disant qu’il n’avait plus qu’à attendre que la situation s’améliore, suite à quoi il pourrait tenter sa chance et quitter la ville en espérant que les choses ne s’aggraveraient pas. Ithuriel s’autorisa une seconde gorgée rafraîchissante avant de répondre :

— Loin de moi l’envie de vouloir briser vos espoirs, mais je doute que la situation aille en s’améliorant. Appelez-ça un mauvais pressentiment ou ce que vous voulez, mais je ne suis guère confiante quant à l’avenir de cette ville. (Sentant peser le silence qui suivit sa prise de parole, Ithuriel ajouta vivement.) En prenant un peu de recul et en regardant le tableau de la civilisation dans son intégralité, on se rend compte que beaucoup de villes comme Huntfield se sont succédées tout au long de l’Histoire. Sodome et Gomorrhe par exemple, pour ne citer qu’elles. Or on sait tous comment elles ont fini.

Ithuriel se rendit compte que sa tentative pour se rattraper n’avait fait que jeter plus encore un froid. Elle eut un sourire gêné et se passa une main dans les cheveux pour ramener une mèche derrière son oreille en soufflant :

— Désolée, déformation professionnelle.

Elle baissa les yeux en fuyant le regard de son interlocuteur et soupira de soulagement en entendant des bruits de pas se rapprocher de leur table. Quelques secondes plus tard, le serveur déposait devant elle une assiette creuse débordant de feuilles de salade, de morceaux de poulet tendre et de parmesan, le tout recouvert d’un onctueux nappage de la célèbre sauce donnant son nom au plat. Puis l’instant d’après, ce fut Méphistophélès qui se vit présenter une assiette sur laquelle trônait son sandwich à la dinde accompagné de sa salade maison. S’il y a bien une chose à dire sur les plats en eux-mêmes, c’est que le chef ne lésinait pas sur les quantités. Ithuriel et son compagnon ne risquaient pas de mourir de faim aujourd’hui.

— Hum…, fit la déchue, après avoir souhaité un bon appétit au démon et s’être servie une fourchette de salade. C’est un vrai régal. (Piètre tentative pour éviter de relancer la discussion sur ce qu’elle avait dit juste avant. Mais pas sûr que le démon morde à l’hameçon aussi facilement.)
Ven 9 Oct - 18:40
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En ce moment, il faut bien l'avouer, le démon des croisements était plutôt fier des résultats qu'il obtenait avec la belle jeune femme. Il analysait ses réactions, guettant le moindre signe qu'elle y voyait enfin clair dans son jeu ou qu'elle ne le reconnaisse comme ce qu'il était réellement : un être démoniaque. Mais jusqu'à présent, tout allait bien. Quand il lui avait offert un peu de compassion et un petit sourire timide, elle avait répondu par un peu de gêne et un petit sourire. Que demander de mieux? Il fallait continuer dans cette voie, ne pas lâcher prise et peut-être parviendrait-il à ses fins? Que souhaitait-il d'ailleurs? Oh rien de bien compliqué! Simplement faire chuter l'ange encore un peu plus. Qu'est-ce que cela donnerait d'ailleurs? Un ange déchu, piégé dans le corps d'un humain qui mourait et se retrouvait en Enfer? Est-ce que cela donnerait un nouveau genre de créature? Une créature que le monde n'avait pas encore vu? Si tel était le cas, Méphistophélès serait aux premières loges pour assister à ce spectacle. Il ne voulait pas en manquer une miette! Quel divertissement cela serait! Sinon, elle pouvait tout aussi bien devenir un simple démon, Méphisto n'aurait donc pas tout perdu. Par contre, il savait que la famille d'emplumés de Lilian ferait tout pour l'empêcher si jamais ils apprenaient ces plans-là. Une belle emplumée l'avait d'ailleurs menacé et il avait fait en sorte de cacher la Grâce aux radars célestes, afin de ne pas avoir à fuir ou pire, laisser tomber ce jeu! Il avait dû négocier un peu avec Ruby pour cela. La belle et dangereuse démone avait des pouvoirs de sorcellerie grâce à lui, et donc, il avait négocier pour qu'elle lui confectionne un sort. Il devrait en payer le prix fort par contre, mais cela valait totalement le coût! Juste à voir comme la jeune femme réagissait au charme du démon, cela en valait la peine.

Le démon avait ensuite raconté son histoire qu'il avait inventé il y a quelques temps pour Serena. Il l'avait servi à quelques autres mortels, question de donner un peu plus de crédibilité à son histoire et maintenant, il l'utilisait une fois de plus pour son nouveau jouet. Ce jouet qu'il manipulait tranquillement. D'abord, il voulait lui inspirer confiance, qu'elle voit chez lui un ami, quelqu'un sur qui elle pouvait compter. Ensuite, utilisant ce lien, il la manipulerait encore jusqu'à ce qu'elle pose une geste qui la mènerait en Enfer. Les choix étaient nombreux, mais il faudrait que Méphistophélès soit sur de son coup avant de la faire tuer et la retrouver en Enfer. C'était un beau projet qui s’annonçait très divertissant, mais il faudrait se montrer patient et ne pas précipiter les choses. Tout devait fonctionner à la perfection! Il avait affirmer que lorsque la situation le permettrait, il tenterait de partir et la Déchue lui répondit de manière assez pessimiste. C'était bien ça! Moins elle voyait d'espoir en l'avenir, mieux c'était. Le silence pesa l'espace d'un instant et la jeune femme le brisa en parlant des exemples de destruction de cités telles Sodome et Gomorrhe. Huntfield serait-elle à l'exemple de ces villes de jadis? Il l'espérait mais n'en dit rien. Il la laissa s'excuser de sa déformation professionnelle, ce à quoi il répondit :


- Vous n'avez pas à vous excuser. Personne ne peut deviner ce que l'avenir nous réserve de toute façon. Alors, on doit profiter du moment présent, profiter de la vie. On avisera ensuite en temps et en heure sur les actions que nous pouvons posées.

Le serveur mis fin à cette discussion en arrivant avec les plats. Avec la quantité qu'il y avait dans cette assiette, les deux êtres risquaient d'avoir de la difficulté à marcher à la fin du repas! Même s'il ne ressentait pas le besoin de manger ou de boire, c'était toujours un plaisir pour Méphistophélès. Il prit une bouchée de son sandwich et après avoir savouré la bouchée, il répondit à Lilian :

- Oui en effet, c'est bien qu'on trouve encore des commerces ouverts, sans avoir peur que des... incidents surviennent!

Avec la situation dans laquelle la ville se trouvait, les démons se faisaient bien souvent une joie de saccager les commerces, tuer les clients ou bien semer la terreur, tout simplement. Les petits plaisirs de la vie quoi!
Ven 16 Oct - 14:13
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Ithuriel pensait avoir jeté un froid sur la conversation en faisant involontairement référence à Sodome et Gomorrhe. Deux villes bibliques ayant été rayées de la carte en des temps immémoriaux pour avoir été le siège d’une corruption sans nom. Ce ne fut pas Dieu qui ordonna en ce temps-là la purge des deux cités. Dieu avait déjà disparu. L’ordre était venu de Ses Premiers-nés. Michael en personne. Et en une nuit, un détachement de l’armée céleste avait fait de Sodome et Gomorrhe des exemples. Cela fut un véritable massacre. Personne n’en réchappa. Le péché fut éliminé à sa source et les envoyés divins ne lui laissèrent aucune chance de prospérer à nouveau en ces terres. Une purification totale. Hélas, cela ne fut pas suffisant pour que les mortels retiennent la leçon. Et nombreuses furent les cités à avoir par la suite connu le même destin tragique. Mais jamais l’Homme n’apprit de ses erreurs. Jamais.

S’étant excusée de s’être laissée emporter, Friedrich lui assura qu’elle n’avait rien à se reprocher. Selon lui, personne ne pouvait deviner ce que l’avenir réservait. Alors autant profiter de l’instant présent et de la vie sans se soucier de ce que demain amènerait. Ils auraient tout le temps ensuite pour aviser et méditer sur leurs actions passées. Un point sur lequel il n’avait pas entièrement faux. Dieu était le seul à avoir ce don de prescience. Du moins Ses enfants le croyaient-ils. Mais dans le fond, Lui non plus ne possédait pas ce don. Hormis le récit de l’Apocalypse détaillant dans les moindres détails la fin du monde, qu’avait-Il légué d’autre à Sa descendance ? Rien. Il n’était fait mention de rien pour « après » la fin du monde. Ce qui était sensé. C’était la définition même de la fin. Rien. Le néant. Mais le destin même du monde étant justement de ne pas voir l’Apocalypse se concrétiser, pourquoi Dieu n’avait-Il pas laissé de directives pour après ? N’avait-Il pas découvert que l’Apocalypse serait vouée à l’échec ? Le don de prescience Lui faisait-il finalement défaut ?

Peu importe. Toutes ces réflexions avaient de quoi donner le tournis. Heureusement qu’Ithuriel n’avait pas à creuser la question plus avant. À l’heure actuelle, comme tous ses frères et sœurs, elle pensait la fin du monde inéluctable. Elle était une servante loyale de Dieu. Si celui-ci assurait que le monde était voué à disparaître pour qu’un nouvel ordre prenne place en ces terres, alors elle était convaincue que c’est ainsi que les choses se passeraient et personne ne pourrait empêcher que la Volonté de Dieu s’impose. Lucifer ne s’était-il pas libéré de sa prison récemment ? N’était-ce pas annoncé dans les Révélations que le Déchu serait l’instigateur de l’Apocalypse ? La machine ne venait-elle pas de se mettre en branle ?

Heureusement que le serveur choisit ce moment précis pour leur apporter leurs commandes. Ithuriel put ainsi mettre un terme à ses réflexions pessimistes et ne pas sombrer dans la déprime. Quand bien même le ciel était au beau fixe, la déchue sentait s’amasser au-dessus de cette ville de sombres nuages chargés de tourment et de chaos et annonciateurs de destruction et de mort. Elle avait dit vrai quand elle avait fait l’analogie entre Huntfield et Sodome et Gomorrhe. Huntfield était vouée à disparaître de la main des enfants de Dieu – qu’importe qu’ils appartiennent au camp de Lucifer ou à celui de Michael – et d’ici quelques centaines ou milliers d’années, elle aura acquis le statut de cité mythique figurant dans un livre de culte moult fois remanié par la main de l’Homme tout au long de l’Histoire.

Ithuriel s’étonnait d’être devenue à ce point pessimiste. Elle se savait au bord du gouffre et moralement fragile, mais à ce point ? Pourquoi Dieu ne pouvait-Il pas revenir et faire en sorte que tout rentre dans l’ordre ? Il en avait le pouvoir ; alors pourquoi restait-Il ainsi les bras croisés ? Sa Création ne méritait-elle donc pas un tant soit peu de considération de Sa part ? Tant de merveilles et de beautés étaient-elles destinées à sombrer dans le chaos et l’oubli ? Le néant aurait-il finalement raison de tout ?

La salade César d’Ithuriel lui servit de prétexte pour tenter de changer de sujet et éviter que ses sombres réflexions ne cassent pour de bon l’ambiance paisible de ce déjeuner en tête à tête. Elle avait beau ressasser ces mauvais présages dans sa tête encore et encore, il n’en demeure pas moins qu’elle se sentait bien en présence de Friedrich. Alors pourquoi se torturer avec de vaines pensées ? Pourquoi ne pas profiter de la compagnie de cet homme, tout simplement ? Pour la simple et bonne raison qu’il était l’instigateur de tout ceci. Il était la cause de la dualité dont était victime la déchue. C’est lui qui s’efforçait d’entretenir cet équilibre instable menaçant d’avoir raison de la santé mentale de la jeune femme. Quel serpent !

Et feignant l’innocence, il retourna le couteau dans la plaie en précisant qu’il trouvait cela bien de voir que des commerces continuaient d’ouvrir leurs portes malgré le climat actuel. Le courage de ces gens ne craignant pas de voir s’abattre sur eux un malheureux « incident » méritait d’être encensé. Une bien banale remarque en apparence. Mais plutôt que d’y voir un éclat d’espoir au milieu de la tourmente, la seule chose à laquelle Ithuriel pensa fut la petite brasserie dans laquelle elle avait mis les pieds quelques jours seulement après son arrivée en ville. Après une matinée pluvieuse et froide et des heures passées la tête dans les bouquins de la bibliothèque du campus, elle s’était rendue là-bas pour faire le plein de sucre en commandant une boisson chaude. Des démons s’étaient alors attaqués à l’établissement dans le seul but de l’atteindre elle. Une serveuse avait perdu la vie ce jour-là après avoir été possédée et un chasseur avait manqué passer lui aussi l’arme à gauche après avoir été passé à tabac par une autre de ces monstrueuses abominations que sont les démons. Tout ça à cause d’elle. Elle…

Ithuriel refusa de lever les yeux de son assiette. Repenser à ce qui était survenu dans le restaurant ce jour-là était un coup dur. Elle avait beau être un soldat et savoir qu’on ne pouvait remporter la guerre sans perte collatérale, il n’en demeure pas moins que perdre des Humains était toujours difficile. Leur mission était après tout de veiller sur eux et de les protéger. C’est ce que Dieu leur avait demandé avant de disparaître. C’était la raison même pour laquelle Lucifer était devenu jaloux et s’était rebellé contre l’autorité de leur Père. L’Humanité était au cœur de tout. Sa survie était la chose la plus importante au monde. Ithuriel avait failli pour la énième fois en étant la cause de ce carnage. Elle s’en voulait.

Aussi la jeune femme garda-t-elle les yeux rivés sur le contenu de son assiette sans prononcer un seul mot. Le silence s’immisça entre les deux convives et devint peu à peu de plus en plus pesant. La déchue était trop abîmée dans ses pensées pour s’en rendre compte. On eût dit qu’un gouffre venait de s’ouvrir sous ses pieds pour l’entraîner au fond d’un abîme de ténèbres et de doutes. Elle était une honte pour sa famille. Elle avait causé bien plus de problèmes qu’elle n’avait apporté de solutions. Du moins était-ce la pensée qui lui traversa l’esprit en cet instant. Ce qui était loin d’être vrai. Elle avait fait bien plus de bien pour rattraper ses quelques échecs qu’elle n’avait engendré le mal. Mais le tourbillon de doute et d’auto-apitoiement dans lequel elle était piégée là maintenant ne lui permettait de voir que les moins bons côtés de sa longue existence. Nul doute que l’homme assis en face d’elle y était pour beaucoup. Et nul doute aussi qu’il tirait une grande satisfaction de voir l’effet qu’il avait sur la déchue…
Sam 17 Oct - 0:19
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Est-ce que le démon avait l'intention de tuer la conversation de la sorte lorsqu'il avait parlé des commerces qui étaient demeurés ouverts malgré la présence des créatures surnaturels dans la ville? Sûrement pas, mais maintenant que c'était le cas, il allait devoir redoubler d'efforts pour se montrer un minimum sympathique et faire comme si rien ne venait de se passer. D'un autre côté par contre, cela prouvait que les malheurs de la ville touchait l'ange déchue plus qu'elle ne le montrait aux premiers regards. Elle avait échoué en tant que créature célestes, Méphistophélès allait s'assurer qu'elle échoue à être une bonne humaine. Comme cela a déjà été dit, il voulait la faire chuter le plus bas possible, faire en sorte qu'elle n'ait pas la conscience tranquille et qu'elle meurt avec une âme noire. Elle aurait ensuite droit à un aller simple vers l'Enfer, le démon s'assurait qu'elle n'en sorte pas avant d'avoir été encore plus corrompue. Vraiment, Méphisto voyait grand, ce n'était pas un petit projet. Pour l'instant, ce n'était encore que le début de ce projet. Il s'insinuait dans la vie de la jeune femme, se montrait gentil et attentionné. La conversation s'était bien déroulée jusqu'à présent, il croyait avoir réussi à faire ce qu'il voulait. Par contre, l'atmosphère semblait s'être refroidi, malgré la température caniculaire, après que la conversation se soit tourné vers les villes qui avaient été victimes de la colère divine. Sodome et Gomorrhe seraient-elles les prédécesseurs de Huntfield? Une idée germa finalement dans l'esprit du démon des croisements en voyant la jeune femme si touchée. Il devait lui montrer qu'il était là pour elle, qu'il la supporterait et l'aiderait. Il fit donc un simple geste, rien de bien extraordinaire : il délaissa son repas pour posé une main sur celle de la jeune femme et la serrée doucement. Il avait tenté de mettre de la tendresse dans ce geste, même s'il n'avait pas vraiment l'habitude de ce sentiment. Il laissa sa main sur celle de la Déchue quelques secondes et comme s'il venait de se rendre compte de ce qu'il venait de faire, la retira. Après tout, il était encore un inconnu pour elle. Surtout, ne pas sauter les étapes et tout foutre en l'air.

- Désolée, je ne voulais pas vous rendre triste...

Afin de rajouter un peu plus à ce côté mielleux qu'il semblait s'être donné, il ajouta :

- Je préfère vous voir sourire, cela vous sied tellement mieux!

Elle devait le voir comme un ami, pour commencer, un pilier sur qui elle pourrait s'appuyer malgré le mal dans ce monde. Quelle ironie puisqu'il était une représentation de ce mal!
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