V.03 - Du remerciement à l'allégeance

Au cœur des pensées du chasseur tout se bousculait à cet instant. Dans un coin embrumé, une vengeance ne cessait de vouloir s'exprimer. Une vengeance contre tous le sbires de Renaud, ce démon qui avait osé prendre possession de lui. La reconnaissance était sans doute ce qui prenait le plus de place dans sa caboche. Il savait que son heure était venu. Il savait qu'il n'aurait pas du ouvrir les yeux dans cette pièce blanche et froide de l'hôpital. Et pourtant certaines personnes en avaient décidé autrement. Pour cette seconde vie qu'on venait de lui offrir, il ne pouvait que les remercier et ressentait le besoin d'être là en retour pour eux. Enfin, flottant depuis les dernières minutes à présent comme un voile très léger, un sentiment de ridicule lui chatouillait l'esprit et le faisait sourire bêtement. Bref, pensif, Paul Fiedler ne prêtait plus attention à son environnement et fut donc surpris lorsqu'une voix s'éleva non loin de lui.

Je... Je ne sais pas. Vous... Vous êtes Castiel ? Demanda aussitôt notre ami chasseur ne sachant pas s'il faisait face à l'homme de ces prières.

Seulement l'ange semblait bien plus perturber que lui. Confirmant d'une façon étrange qu'il était bien la personne que Paul recherchait, il se lança dans un monologue dépressif et bien sombre pour l'avenir du monde dans lequel ils évoluaient tous. Redressant les sourcils, le chasseur parut d'abord sceptique. Était-ce là vraiment ce que l'on appelait un ange ? Comment les Hommes pouvaient croire en des êtres aussi peu enthousiastes à la vie et la confiance en soi. Non non ce n'était pas plausible. Quelque chose n'allait pas. Alix l'avait prévenu que de toute façon Castiel n'était plus vraiment celui qu'elle avait connu. Laissant un temps de silence pour permettre aux mots de prendre tout leur sens dans ce sanctuaire sacré, Paul décida de s'avancer jusqu'au banc où se trouver Castiel et s'y installa à son tour en fixant son regard sur la sculpture qui trônait au plafond.

C'est vrai ! Tout ce que tu dis est vrai. Mais n'est-ce pas là le fonctionnement d'une vie au final ? Nous avons tous un but à atteindre. Et lorsque ce dernier est réalisé, un nouveau prend sa place comme un éternel recommencement. Car à y réfléchir que serions nous sans but dans la vie ? Que ferions nous ? Nous serions sans doute des âmes errantes, sans vie. Alors oui c'est sûr, chacune de nos actions entrainent de nouveaux maux, de nouvelles complications. Mais n'est-ce pas la contrepartie logique de tout le bien que nous avons procurés autour de nous ? Après tout ne dit-on pas que la balance entre le Bien et le Mal est d'une importance cruciale ? Je suis complètement d'accord que nos bonnes actions provoquent d'autres problèmes. Et heureusement quelque part car sans Mal il n'y aurait plus de raison que le Bien existe.

Sa plaidoirie terminée, Paul n'osa pas regarder l'homme qui se tenait à ses côtés. Il ressentait beaucoup de gratitude envers lui pour la simple et bonne raison qu'il lui devait la vie. Alors, malgré son statut de simple humain, il espérait que ces quelques mots qu'il venait de prononcer, rallument la flamme de l'espoir qui semblait s'éteindre chez cet ange.

L'oeil intéressé de Paul Fiedler détaillait avec intérêt la sculpture du plafond qui était sans doute la plus volumineuse de l'église. Représentant un ange ouvrant les bras, elle était un peu comme le symbole de l'accueil chaleureux de cet être céleste vers les cieux. Certains disaient qu'elle était là pour montrer aux croyants que l'ange était là pour recevoir les prières et les conduire jusqu'à Dieu. Qu'on y croit ou pas, l'image donnait par cette œuvre d'art était loin de celle donnait par l'ange assis au côté de notre ami chasseur. En son cœur, la lumière semblait camouflée par une ombre devenue imposante.

Malgré le discours qu'il venait d'apporter, Paul ne parvint pas à remotiver à outre mesure Castiel. Il restait ancré dans une sorte de dépression qui touchait notre chasseur. Comment un être comme lui, qui sauvait des vies, pouvait avoir un jugement aussi dur envers lui. Dans un coin de sa tête, Mister Fielder imaginait très bien son ami Jason qui lui dirait « ça ne te rappelle pas quelqu'un ? ». Hanté par ses propres démons, Paul avait tendance ces derniers temps à culpabiliser sur des erreurs passées. Alors voir l'ange dans cet état lui rappelait sa propre situation. Les idées noires étaient reines dans ce cas et si personne n'apportait la lumière, il était aisé de se perdre soi même.

Une première question fut posée par Castiel qui tourna son visage vers lui l'obligeant à en faire de même pour que leurs regards se croisent et que leur discussion prennent encore plus d'importance. Il paraissait vraiment abattu et la salve de questions qui suivit confirma l'état désastreux dans lequel il se trouvait. Comprenant à cet instant toute l'importance qu'auraient ses réponses, Paul s'offrit quelques secondes de réflexion avant d'ouvrir à nouveau la bouche.

Alors je ne suis pas un modèle de croyance mais mes années d'école m'ont toutefois appris que Lucifer était autrefois un ange. Cela devrait répondre pleinement à tes questions. Je ne pense pas que la perfection soit de ce monde. Un être profondément bon n'a pas forcément le pouvoir de tout faire bien. L'erreur est humaine dit-on. Personnellement je dirais plutôt que l'erreur est le pêché de tous. Seulement ce qui fait de nous des êtres bons ou mauvais sont les conséquences que nous tirons de nos erreurs. Si nous sommes capables d'en tirer des leçons et d'admettre justement que nous étions dans le faux, alors c'est qu'au fond nous sommes quelqu'un de bon.

Un sourire chaleureux s'esquissa sur le coin de ses lèvres. Là, assis sur ce banc, à prodiguer ses bonnes paroles, notre ami chasseur trouvait la situation amusante en voyant que les rôles étaient sans doute inversés dans ce lieu sacré. Qui aurait cru un jour qu'il serait la voix guidant les autres. C'était improbable et pourtant c'était ce qu'il se passait. Et sans se l'avouer, cet exercice faisait un bien fou à l'humain qui cherchait la manière de s'excuser des horreurs qui avaient été commises cette dernière année au travers de son corps. Croisant les bras pour montrer qu'il était sûr de ce qu'il avançait, il poursuivit son discours.

J'avoue que cette dernière année est floue pour ma part avec ce qu'il m'est arrivé. Mais j'ai du mal à croire qu'un homme ayant accepté de m'insuffler l'espoir d'une nouvelle vie ne soit pas un ange. Peu importe tes erreurs d'autrefois ta véritable nature s'exprime à nouveau aujourd'hui et tu devrais l'écouter. Le passé appartient au passé. C'est sûr, on ne peut pas faire disparaître le poids de nos erreurs. Mais il faut apprendre à vivre avec pour devenir meilleur.

Lorsque la main de l'ange se glissa sur son épaule comme le ferait un ami en guise de remerciement, Paul sut qu'il avait trouvé les bons mots pour réconforter une partie des doutes de Castiel. Pour combien de temps il ne le savait pas. Mais en tout cas une onde de satisfaction parcourut le chasseur qui se félicitait d'avoir su épauler l'homme a qui il devait la vie. Tournant à son tour la tête vers l'ange, Paul l'écouta le remercier et commencer à reconsidérer ce qu'il avait conclu avec hâte. L'espoir était de nouveau perceptible dans la voix de l'être céleste et quelque part cela raviva quelque peu la foi du chasseur.

Puis, soudain, comme regagné par le rôle qu'il était censé jouer en ce lieu sacré, Castiel recentra la discussion sur les raisons qui avaient poussé l'humain à l'appeler. L'attitude de Paul changea alors brusquement. Il décroisa aussitôt les bras pour frotter ses mains sur son pantalon. Il détourna le regard pour le plonger vers le lointain sans pour autant se centrer sur une chose en particulier. Et cette sensation de bien être après avoir accomplie une bonne action s'estompa quelque peu pour le plonger dans une mine plus ancrée dans la réflexion.

Les raisons qui l'avaient poussé à appeler l'ange... Officiellement, les choses étaient claires pour le chasseur. Il s'était rapproché des trois personnes qui l'avaient aidé à s'extirper de cette possession et d'une mort certaine pour leur promettre sa vie en retour. Mais officieusement, prendre contact avec l'ange dissimulaient de nombreuses raisons. Les Hommes pouvaient-ils avoir confiance en ces êtres venus du paradis ? Pourquoi avait-il accepté de le sauver ? Pourquoi lui ? Des tas de questions trottaient dans sa tête. Des tas de raison pour lesquelles le chasseur souhaitait faire entrer Castiel dans sa vie...

Tu sais. C'est étrange en fait, commença-t-il en baissant les yeux vers le sol. Je devrais être heureux de cette seconde chance que tu m'as offerte. Que vous m'avez tous offerte à votre manière. Mais je ne peux m'empêcher de me poser des questions et de me laisser envahir par les conséquences que tout cela a pu causer. Je pense que ça prendra du temps pour que j'aille de l'avant. Je suis juste persuadé d'une chose c'est que je vous dois la vie et que cette dernière est à présent liée aux vôtres.

Lancé dans sa confession, Paul se recroquevilla pour poser les coudes sur ses genoux en enfouir sa tête dans ses mains. Il pivota ensuite cette dernière vers l'ange qui ne cessait de l'écouter avec respect et bienveillance.

Castiel je me sens redevable. Et je sais que je resterai la proie de mes tourments si je me refuse à être là pour vous comme vous l'avez été pour moi.

Paul s'était libéré de son ressenti du moment. Qui plus est, face à l'ange, il l'avait fait de manière plus profonde en évoquant directement la culpabilité qui le tourmentait au sujet de tout ce que le démon Renaud avait pu engendrer en prenant possession de son corps. Ces choses dites, il avait imaginé qu'il irait mieux. Du moins, que cela soit le commencement de l'acceptation. Après tout, il était entrain de discuter avec un représentant de Dieu alors pour une confession il n'y avait pas mieux. Malheureusement, malgré tous les bons mots qu'apporta Castiel, rien ne changea spécialement dans le cœur du chasseur. Il gardait cette douleur de l'inconnu, cette douleur du Mal qu'il avait pu faire sans le savoir.

Toutefois, le discours de l'homme à l'imper apporta une nouvelle vision à notre ami. Une vision qui obligea une certaine réflexion de sa part. Portant son regard de nouveau vers la grande sculpture du plafond, Paul se noya dans ses pensées. Et si Castiel avait raison. Si sa possession n'était pas uniquement un fardeau mais un avantage sur l'ennemi. Paul n'avait jamais étudié son problème de cette manière. D'autant que contrairement à ce que l'ange semblait croire, il était victime par moment de certains souvenirs de sa possession. Jusqu'à maintenant il évoquait cela comme des cauchemars mais il se trompait peut-être. Si cela était une occasion qu'on lui offrait de prendre l'avantage ?

Une étincelle venait d'être allumée en lui. Il décida pourtant de ne pas parler de ses souvenirs à Castiel pour le moment. Il avait besoin de plus de temps pour se confier davantage à lui. De toute façon ce dernier s'était levé et avait déjà repris la parole pour lui faire part, à sa manière, qu'il acceptait cette alliance dont mister Fiedler avait besoin. A ses yeux, l'heure de l'union des opposants avait sonné pour terrasser le Mal. Ces mots résonnèrent d'une puissance folle dans la tête du chasseur qui était entièrement d'accord. Une onde de bonheur l'envahit et il ne put s'empêcher de répondre à ce discours inspiré de l'ange.

Tu as raison. Il ne faut plus agir seul et tête baissée. L'ennemi se renforce jour après jour et redouble de perversion. Ensemble nous sommes plus fort. Ensemble, nous avons une chance de faire pencher la balance du bon côté pour que l'équilibre soit à notre avantage. Sache donc que si tu as besoin de moi, je répondrai présent Castiel. Je t'en fais la promesse.

Comme s'il voulait rendre les choses officielles, tel un pacte de l'amitié, Paul tendit une main amicale vers l'ange. Une nouvelle alliance était sur le point de naître. Et pour le chasseur sa volonté d'allégeance serait pleinement établie.

Lorsque la main de l'ange se glissa dans la sienne, mister Fiedler sentit une vague de contentement le traverser avec puissance. Il savait que toute cette discussion n'était chose futile et que les mots que chacun avait pu prononcer étaient plein de sens. Les anges étaient décidément digne de confiance. Du moins certains d'entre eux. Le détaillant du regard, Paul ne ressentait plus une seule once d’inquiétude à l'égard de cet être ailé qui lui avait sauvé la vie. Sans le savoir, Castiel lui avait peut-être aussi ouvert l'esprit face à bienveillance des anges sur la terre. Attention, il n'était pas stupide et savait ce que certains d'entre eux avaient pu faire. Ils restaient des créatures dangereuses. Toutefois, des individus comme Castiel méritait qu'on leur accorde le bénéfice du doute. Paul encore plus que n'importe qui d'autres.

Quelque part soulagé, le chasseur sentit que cette rencontre touchée à sa fin. Il rangea ses mains dans ses poches alors que l'être céleste lui indiqua qu'il pouvait l'appeler à n'importe quel moment, et surtout à n'importe quel endroit. Son discours était solennel et très sérieux, mais Paul ne put retenir un rire nerveux. Qu'est-ce qu'il avait pu paraître idiot avec sa prière au beau milieu d'une église. Se frottant l'arrière de la tête un peu gêné, il chercha à passer à autre chose en regardant rapidement son téléphone. Pas de message. Quelque part c'était rassurant. Il s'apprêta à prendre congé lorsqu'il fut surpris de l'égarement dans lequel était plongé son interlocuteur.

Est-ce que ça va aller ? Demanda-t-il sur un ton un peu hésitant.

Lui qui pensait avoir chassé toutes les mauvaises idées qui malmenaient l'ange, se trouvait un peu embêté. Seulement, l'ange rompit rapidement son silence pour lui expliquer le pourquoi de sa préoccupation. Il mentionna l'existence d'une humaine qui avait une réelle importance à ses yeux. Au vu de ses mots, Paul comprit qu'elle n'était pas n'importe qui pour lui. Un ange avait-il la capacité d'aimer quelqu'un d'autre que Dieu ? Pouvait-il faire preuve de sentiments ? Intrigué, Paul n'osa toutefois pas l'interrompre et l'écouta lui demander un service. A y réfléchir plus sérieusement, l'ange avait donc fini par révéler qu'il avait en effet peut-être besoin de lui. C'était l'occasion rêvé pour le chasseur de rendre une partie de ce qu'on lui avait offert.

Bien sûr, sans soucis si tu penses que cela est nécessaire, rétorqua-t-il sans aucune hésitation. Comment veux tu que je me rapproche d'elle ? Doit-elle savoir qui je suis ? Et pour ce danger que tu mentionnes, à quoi dois-je m'attendre ?

Le chasseur semblait avoir trouvé une mission à la hauteur de ses attentes et cherchait à avoir toutes les cartes en main pour maitriser le jeu dans lequel il allait avoir un rôle.

Paul n'avait pas hésité une seule seconde et s'était lancé bras ouverts dans le soutien qu'il pouvait apporter à l'ange. Ça n'était pas un fardeau, ça n'était pas un boulot ou une chose qu'on lui imposait. C'était réellement un service qu'il rendait tel un devoir auquel il tenait plus qu'à sa vie. Certains pouvaient prendre cela pour de la folie ou de la stupidité. Seulement dans la tête de Paul les choses étaient limpides. On lui avait fait un cadeau. Un cadeau certes avec ses bons et ses mauvais côtés, mais un cadeau auquel il devait faire honneur.

Toutefois il ne s'attendait pas à ce que l'ange lui en dévoile autant sur sa vie. D'autant qu'au fur et à mesure que celui-ci lui conta son histoire, les surprises s'enchainèrent. Le peu que le chasseur connaissait sur les anges s'effondrait. On les disait dépourvu d'émotions humaines et voilà que Castiel lui révélait sans sourciller son amour pour une femme. Bon certes ça n'était pas les mots exacts qu'il avait employé mais on ne pouvait pas trompé mister Fiedler. Vu le descriptif enflammé dans lequel l'ange se lança pour décrire la miss, il était soit fou d'amour soit complètement psychopathe.

Dans un sourire mi gêné, mi amusé, Paul chercha à se reconcentrer. Castiel lui tendit rapidement une photo de la personne. Néanmoins, soit par empressement ou par ravissement, l'image ne resta pas longtemps devant les yeux du chasseur qui ne put s'imprégner du visage de la demoiselle. Ça n'était pas grave en soit. Il savait que l'ange les mettrait en contact. Oubliant l'idée d'exiger de revoir cette photo, il l'écouta donc terminer de lui raconter son histoire. Le silence s'installa une fois que l'ange eut fini et le chasseur prit à son tour la parole.

Je comprends parfaitement Castiel et tu peux compter sur moi. Je suis sorti il y a peu du coma et je suis déjà hanté par les conséquences survenues par les actes de barbaries de ce démon qui m'a possédé. Alors je n'ose imaginer tous les dangers qui peuvent roder autour de celle dont tu me parles.

Les mots du chasseur étaient on ne peut plus sincère. Sur cette rive de post possession, il commençait une navigation dangereuse que cette Mary avait déjà entamé. Il était donc bien placé pour en comprendre toute l'importance.

Sans compter que d'autres missions d'une importance capitale t'attendent. Il te faut donc pouvoir agir sans pour autant être freiné par les émotions humaines. Certes c'est une force mais elles peuvent en devenir notre pire cauchemar si on les retourne contre nous. Alors si je peux t'aider à te rassurer pour mieux avancer ça sera avec grand plaisir. Je t'en fais la promesse.

Le message était clair et l'être céleste pouvait à présent être sûr de pouvoir compter sur le soutien de Paul qui ferait tout pour l'aider. Rompant l'échange privé des deux hommes, une jeune femme pénétra dans le lieu sacré et, au vu de son regard à leur attention, fut surprise de ne pas être seule à cette heure tardive. Elle les oublia très vite pour rejoindre le premier banc et s'y installer pour prier.

Paul avait observé la nouvelle venue jusqu'à ce qu'elle aille s'installer au devant de l'église. Il était rassuré de voir qu'il n'était pas le seul à venir prier dans un lieu de culte à une heure aussi tardive. Souriant à cette idée, il perdit vite cette sensation d'amusement en constatant une certaine raideur gagner Castiel. Comme s'il venait de voir un fantôme, l'être céleste avait les traits du visage figés et sa ride du lion s'était endurcie. Quelque chose n'allait pas, c'était évident.

Le chasseur fut d'abord perturbé de l'entendre mettre fin à leur échange de façon brutale. Perplexe mais compréhensif, il ne rechigna pas et se prépara à longer le banc pour récupérer l'allée centrale qui le mènerait à l'extérieur. Cependant, c'était sans compter ce que Castiel lui souffla quand il fut au plus prêt de lui. Il parla d'abord de ne pas risquer sa vie avant de parler de l'une de ses sœurs qui n'était pas là avec de bonnes intentions. Arquant les sourcils, Paul osa un rapide coup d'oeil aux alentours et ne remarqua la présence que de la jeune femme qui était toujours assise et immobile sur le premier banc de l'église. Etait-il vraiment sérieux dans ce qu'il avançait ?

Une certaine confiance était née entre les deux hommes. Cette confiance poussa notre ami à ne pas discuter de la recommandation qui lui avait été faite. Après tout, Castiel était un ange. Alors si quelqu'un avait la force de combattre un autre ange s'était bien lu et non notre simple humain. Il fit un dernier signe de tête, envoyant ainsi une onde de courage à son nouvel ami et poursuivit son chemin. Plus la porte de sortie se rapprocha de lui, plus une oppression se fit dans sa poitrine. Il n'aimait pas ça. Le changement de comportement de l'emplumé en disait long sur les intentions de cette femme qui restait éternelle fixée vers l'autel en mode prière. Alors fuir comme ça en sachant que Castiel pouvait y laisser la vie avait un arrière goût de lâcheté. Il n'aimait vraiment pas ça.

Sa main se posa sur la poignée de la porte. Mais avant même qu'il ne puisse la tirer, un grand fracas le stoppa net dans son action. Il sursauta et se retourna aussitôt pour voir son acolyte allongé sur le sol, au beau milieu de morceaux de bois qui composaient autrefois un banc. Cherchant le pourquoi de ce champ de bataille, Paul ne mit pas longtemps à voir la femme qui remontait l'église en direction de Castiel l'air décidé à tout détruire sur son passage. Non. Il ne pouvait pas abandonner celui qui lui avait offert cette seconde vie. Dégainant une arme de derrière son pantalon, le chasseur dévoila de nouveau sa présence et tira à plusieurs reprises sur la femme.

Les balles pénétrèrent dans son corps en laissant des jets de sang éclabousser le sol du lieu sacré. Surprise, l'ange femme s'arrêta dans son assaut et toisa avec noirceur le pauvre chasseur. Paul comprit à cet instant qu'il n'avait peut-être pas opté pour la meilleure des tactiques. Elle tendit son bras droit dans sa direction, serra la main fermement et la balança à l'opposé. L'effet fut automatique : Notre ami sentit une étrange aura lui enserrer le corps et il fut projeté à plusieurs mètres en avant pour chuter avec perte et fracas contre une table où était entreposée des centaines de bougies.