III.01 - Forget The Nightmare

Il rajouta finalement qu’elle avait parcouru pas mal de chemin avec sa philosophie. Elle savait que venant de lui, c’était positif, elle le comprenait, mais elle ne savait pas si avoir acquéri une telle philosophie si jeune était vraiment positif, on était d’accord qu’elle en avait bavé pour en arriver là, donc… parfois elle aurait aimé avec le caractère d’une gamine pourrit gâté, des parents aimant et une stabilité, plutôt qu’une philosophie de guerrière, parce qu’en ce moment, c’était comme ça qu’elle se voyait. Elle n’était ni bonne, ni mauvaise, mais tous les coups pour survivre était permit. Elle n’avait jamais eu de relation positive, elle n’avait jamais vraiment tenu à des gens, alors même si vous lui parliez des dommages collatérales de son mode de vie, elle culpabilisait, mais elle arrivait à omettre rapidement. Son instinct de survie avait été dressé à faire ce qu’il fallait et non à faire immanquablement le bien.


-Je n’ai pas vraiment l’impression d’avancer, mais en même temps. Quand je me vois maintenant et… avant, je remarque la différence. J’espère trouver le bonheur.

Et ne pas passer à côté surtout. Parce que bon, il fallait avouer que Serena avait une fâcheuse manie d’apprécier le destructeur et de tenir bien loin les gens qui pourraient lui être positif. En fait non, c’était surtout qu’elle ne se permettait pas de s’attacher, parce que c’était une fois attachée à une personne qu’elle nous quittait, c’était toujours ainsi, elle le savait. Plus tu repoussais une personne, plus elle avait des chances de rester dans ta vie. Ce n’était pas une excellente façon de penser, elle le savait et elle allait tenter de changer ça, mais sa confiance en l’humanité avait été tellement malmenée qu’aujourd’hui, faire confiance à quelqu’un c’était quelque chose d’impensable. Pourtant, elle le devrait bien un jour non? Non. En fait… oui, mais ça, elle n’assumait surement pas. Pourtant, elle parlait avec Logan comme si elle lui faisait confiance, elle avait envie de se confier à lui et elle l’avait un peu fait, c’était faire preuve de confiance non? Donc, il elle pouvait lui faire confiance… elle pouvait le faire à d’autre. Bon d’accord, c’était encore tôt pour dire qu’elle lui faisait confiance, alors… aussi bien tenter une expérience. Vous savez un truc que les gens normaux font parfois, garder contact. En même temps, elle était rarement habituée de le demander, alors ça la troublait toujours un peu, mais elle le fit quand même, rassemblant tout son courage et sa sociabilité, s’il l’a rejetait… elle aurait du mal à passé par-dessus, elle le savait, elle craignait le pire, mais espérait le meilleur, elle angoissait un peu quand même. C’était une succession d’émotion étrange et nouvelle pour elle. Sa réponse se fit savoir rapidement et… elle était positive! Il voulait! C’était tellement… rassurant. Elle avait l’impression d’enfin avoir une personne normal dans sa vie et en prime, il voulait la revoir ici, mais ailleurs aussi. Elle lui offrit un joli sourire, le genre de sourire sincère qu’elle n’offrait que très rarement, mais ça, il ne pouvait pas le savoir.

-Comme vous voulez, j’aime bien être dehors, mais j’aime bien les petits cafés aussi. Je ne suis pas bien exigeante, promit.

C’était quand même très vrai, elle n’était pas du genre exigeante notre gamine, elle prenait ce que la vie lui offrait sans rechigner. Elle faisait avec ce qu’elle avait. Dans le cas présent, elle était juste, très heureuse de son initiative. Elle avait été récompensé et ça lui donnait l’envie de retenter un jour… jusqu’à ce qu’on la rejette, mais d’ici-là, elle allait peut-être réussis à s’améliorer.

-C’est une excellente idée.

Elle était ravie, elle sortit son propre carnet de croquis, laissant apercevoir son coup de crayon personnel, des gens, des paysages de la ville, tout ce que la gamine pouvait apercevoir. Elle cherchait sagement une page vierge. Elle n’était pas très ordonné niveau dessin, alors elle dû chercher un peu, mais détacha finalement les pointillés d’une feuille vierge. Elle sortit un stylo de son sac avant de lui inscrire sur le papier son propre numéro de portable et son prénom, sait-on jamais, ça ne serait pas pratique s’il l’oubliait. Elle lui tendit donc. C’était rare, mais… elle était enthousiaste à l’idée de revoir quelqu’un. Elle était de meilleur humeur et elle avait regagné une nouvelle confiance en la vie, c’était étrange, mais satisfaisant à la fois.

Finalement, le hasard m'avait mené vers une belle rencontre sous ce saule pleureur et j'en étais réellement ravi, car c'était exactement ce dont j'avais besoin pour calmer mon esprit et surtout me prouver que le fantôme de Kazran n'était pas aussi puissant qu'il en avait l'air. Serena était clairement une gentille personne, et surtout quelqu'un qui méritait d'être connu. J'avais eu de la chance de tomber sur elle, en choisissant comme abri ce saule pleureur qu'elle semblait aimer tout comme moi. Le hasard avait du bon, quand on savait l'attendre, et cette rencontre du jour en était la preuve parfaite. Une chose était sûre, nous n'allions pas rester de simples connaissances. Serena avait envie de me revoir et je partageais également ce souhait. Ceci semblait la rendre heureuse. Serena souriait et c'était bien de la voir ainsi. Chaque personne de cette Terre était toujours bien plus belle quand elle laisse apparaître son sourire. Il en était de même pour moi, quand j'écoutais les paroles de Jessica, qui était amoureuse de mon sourire. En tout cas, aujourd'hui je souriais, ce qui était assez reposant et qui me permettait de laisser Kazran de côté. Serena me faisait du bien, et c'était réellement flagrant. Je ne me souciais plus de rien, pour la première fois depuis bien des jours.

Pour nous permettre de garder le contact, j'avais alors proposé à Serena un échange de numéros de téléphone, histoire de faciliter les choses. Cette idée était bien accueillie et m'offrit la possibilité de découvrir autre chose sur Serena. Alors que je notais mon numéro sur une petite feuille, je la vis sortir son propre carnet de croquis, et lorsqu'elle en tournait les pages, son coup de crayon était visible. Elle dessinait plutôt bien. J'aimais beaucoup son style. Lorsque je pris son numéro et que je lui offris le mien en retour, la remarque à ce sujet s'échappa de ma bouche.

- Vous dessinez très bien, à ce que j'ai pu voir. J'aime beaucoup votre style.

Ce compliment était sincère. À ce sujet, je ne mentais jamais. Quand j'aimais une chose, je ne pouvais pas me priver de le montrer.  

- Vous êtes vraiment douée...  ajoutais-je. Depuis combien de temps vous dessinez ? On dirait que vous faites ça depuis un moment, à en juger votre coup de crayon, ou sinon vous êtes naturellement douée, ce qui est aussi parfaitement possible. Après tout on a tous notre talent, mais j'aime beaucoup le style du vôtre.

Là, le connaisseur avait parlé. En même temps, le dessin n'avait plus vraiment de secret pour moi à mesure des années qui s'étaient écoulées. J'avais acquis une certaine expérience pour comprendre les dessins des autres...

- Je ne sais pas si vous faites cela souvent, en dehors de vos études, mais franchement vous devriez continuer, vraiment...car c'est très beau.

Ce n'était que mon avis personnel. Après tout, nous étions tous libres de nos choix, mais vraiment ce serait bête de laisser un don pareil en sommeil. C'était l'erreur que j'avais failli faire avec mon propre don, alors que c'était pourtant ce dernier qui m'avait sauvé la vie, en compagnie de mon amour pour Jessica.

Serena était beaucoup plus légère depuis leur conversation. Elle avait eu un nouveau point de vu, vu une vision plus positive de la vie et maintenant, elle était prête à affronter le monde entier, du moins, jusqu’à ce que le besoin de se réfugier quelques parts se fasses de nouveau ressentir. Elle ne voulait pas se cacher, mais dans sa situation, elle ne pouvait pas se dire qu’elle n’en aurait jamais de besoin à nouveau. C’était impossible, pas tant qu’elle ne se sortirait pas de tout ça. Elle trouverait bien une solution à tout ça, un jour. Il l’a félicita finalement sur son coup de crayon, elle avait relevé les yeux vers lui. Elle n’avait pas voulu montrer vraiment, mais… elle fut contente qu’il aime. C’était, agréable qu’il apprécie, surtout lui, parce qu’il était très bon. Dessiner était même son métier alors, qu’il aime les dessins de notre Serena, ça comptait beaucoup.


-Merci, j’aime beaucoup le vôtre aussi.

Elle avait accepté le compliment, mais elle était un peu gênée et… c’était bizarre, mais… elle était fière à la fois. Elle aimait qu’un homme talentueux comme Logan souligne son style, son coup de crayon, sa… passion d’une certaine façon. Il était sincère et elle, elle était sincèrement heureuse du compliment. Elle avait quand même prit une feuille vierge pour lui écrire son nom et numéro de téléphone. Elle ne voulait pas risquer de ne plus revoir cet homme qui lui faisait… du bien. C’était peut-être la dernière personne bonne sur terre, si c’était le cas, elle préférait le voir souvent. Ensuite il en rajouta et elle souriait belle et bien là, elle était contente du sujet de conversation, pas juste ses dessins à elle, mais… les dessins en général la rendait heureuse.

-Je dessine depuis… aussi longtemps que je me rappelle en fait. Je m’en suis toujours servit comme façon de m’évader et d’oublier mes problèmes, avec le temps j’ai acquéris ma propre technique, parce que bon, je n’ai jamais pris de cours.

Vrai, elle avait eu le choix entre des cours pour lui apprendre à taper sur des gens, donc gérer son agressivité ou le dessin. Elle avait choisi de taper sur des gens et ça lui avait bien réussi finalement. Elle aimait bien dessiner, c’était agréable et maintenant, elle arrivait à se détendre assez facilement grâce au dessin. Si elle ne se détendait pas… elle avait la médecine pour lui occuper le cerveau le temps d’oublier le reste. Ses deux passions se combinaient très bien.

-J’ai eu un peu de mal à faire mon choix de carrière, mais… j’ai décidé de garder le dessin comme passion et de me lancer en médecine. J’aime bien aider les gens et la finesse que ma offerte le dessin est excellente en chirurgie. Mes deux passions se rejoignent bien, heureusement.

Combien d’heures avait-elle mise à redessiner ses schémas anatomiques pour se les rappeler, encore et encore. Elle avait surement reproduit le corps humain dans son intégralité de cette façon, mais maintenant, elle était douée en médecine, elle était réfléchit, elle avait cumulé assez de connaissance pour ce dire qu’elle ne tuerait personne tout simplement parce qu’elle n’avait pas réfléchit à l’éventualité de tel ou tel maladie. Elle en savait encore très peu sur le surnaturel, mais au moins elle avait l’esprit ouvert. Un cas surnaturel ne lui échapperait surement pas. Dû moins, elle l’espérait.

Sans que je ne m'y attende réellement, cette conversation avec Serena avait su me libérer du poids que m'imposait le fantôme de Kazran, en me suivant partout où j'allais, et à chaque instant. Je ne souffrais plus de cette omniprésence insistance, car j'avais pu trouver du réconfort en compagnie d'une douce âme. Elle ne pouvait certainement pas s'en douter, mais Serena m'avait vraiment libéré en me tenant compagnie sous ce saule pleureur, en m'apportant cet apaisement que peu de gens arrivaient à m'offrir. Elle m'avait fait beaucoup de bien, mais vraiment beaucoup de bien. Je me surprenais d'ailleurs à découvrir pas mal de points communs avec Serena, jusqu'à cette passion pour le dessin qu'on partageait tous les deux. J'aimais énormément le coup de crayon de Serena. Elle possédait un style bien à elle, quelque chose que je ne pouvais qu'aimer, avec une intense sincérité. En même temps, lorsque je faisais des compliments, je ne le faisais pas par hypocrisie. Je le faisais parce que je le voulais réellement.

Comme je l'avais pensé en voyant son coup de crayon, Serena dessinait depuis longtemps et se servait de cette passion comme une façon de s'évader et d'oublier ses problèmes. Il s'agissait là d'un nouveau point commun avec moi, car je dessinais en quelque sorte pour les mêmes raisons qu'elle. À mes yeux, il n'y avait rien de plus apaisant. Tout comme moi, Serena avait appris à dessiner toute seule, sans prendre cours. Son coup de crayon était un talent pur, car elle l'avait travaillé sans aucune aide. Cela rendait alors les œuvres de Serena encore plus appréciables.

- Votre coup de crayon est alors un talent pur Serena, surtout si vous avez pu acquérir votre technique toute seule, sans aucun cours pour vous servir de support tangible. J'aime ce que votre coup de crayon m'inspire, vraiment. dis-je avant d'ajouter les paroles suivantes : C'est assez étrange d'ailleurs, mais tout s'est passé exactement comme moi. Ma technique, je l'ai acquise aussi tout seul, sans aucune aide.

Notre choix difficile d'orientation professionnelle nous liait également. C'était vraiment étrange tous ces points communs entre nous.

- J'ai eu en réalité pas mal de difficultés à me trouver moi aussi. Le dessin est devenu mon métier il n'y a pas si longtemps que cela en réalité... Avant j'étais professeur d'anglais, ce qui n'a rien à voir. Il a fallu une sorte de déclic...un peu tragique, pour que je comprenne que je me trompais de voie et qu'il valait mieux faire un métier qui me plaisait plutôt qu'un métier que je n'exerçais qu'à moitié...

Peu après, j'ajoutais les paroles suivantes, encore la marque de la stricte vérité :

- C'est étrange tous les points communs qu'on se découvre rien qu'en discutant. Pourtant, on vient tout juste de se rencontrer.

Serena et Logan parlait désormais de dessin et la conversation c’était tourner lentement, mais surement vers leur passion commune et Serena ne s’en plaignait pas. Elle adorait parler dessin et encore plus avec quelqu’un qui dessinait aussi bien que lui. Elle n’aimait pas vraiment les gens qui jugeaient sans savoir, c’était… faux et elle n’appréciait pas. Lui, lorsqu’il disait aimer, elle le croyait, parce qu’il était bon, il pouvait juger. C’était un peu comme se plaindre de la politique sans aller voter, elle détestait ça. Il avait rajouté que le coup de crayon de Serena était un talent pur. Elle ne pouvait que sourire à sa réponse, c’était tellement… gratifiant et en même temps, elle comprenait son point. Elle avait mis son cœur, son âme et des heures de travail acharné à s’améliorer constamment en dessin, tout ça pour un résultat qu’elle appréciait beaucoup. Elle arrivait à reproduire d’autre style, mais… le réaliste était son préféré. Elle aimait reproduire se que ses yeux voyaient. Parfois, elle osait quand même rajouter une touche de magie ou de fantaisie dans ses dessins plus vrai que nature et elle était heureuse, parce qu’elle avait envie de fantaisie dans sa vie, un peu.

-Je suis heureuse de vous inspirer alors.

Elle lui souriait. La grande différence était surement l’âge des deux comparses, mais… en même temps elle ne pouvait le nier, pour tout le reste, ils se ressemblaient. Elle était peut-être plus jeune, mais… au final, c’était du pareil au même. Elle espérait pouvoir dire que, dans quelques années elle aurait l’air aussi calme, même dans ses moments troubles, c’était… motivant. Elle avait envie de continuer et de devenir un peu plus comme lui, c’était un model qu’elle commençait à croire… de bon. Non mais, ce n’était pas un démon, ce n’était rien de plus qu’un… que quelqu’un de bien, elle appréciait ça chez lui.

-J’aurais pu prendre des cours de dessins, mais… j’aurais eu plus l’impression de… copier la technique des autres. J’aimais mieux travailler beaucoup plus, mais trouver ma façon de faire, à moi.

Parce que bon, fallait avouer que de faire comme les autres, c’était chiant. Elle préférait reproduire me monde comme elle le voyait, mais aussi comme son corps le percevait. Si elle se sentait bien, ses dessins avaient une certaine légèreté que ne lui offrait pas le stress, loin de là. La solitude avait aussi joué un rôle dans son coup de crayon, lui donnait parfois plus de profondeur et de… tristesse que nécessaire. On pouvait souvent ressentir l’émotion de Serena au travers de ses dessins, ce que les artistes appréciaient, mais… rarement elle. Parce que bon, c’était comme laisser une part d’elle-même dans chaque feuille et en même temps, elle se dévoilait au monde. Elle n’était pas prête pour se dévoiler vraiment. Elle en était incapable. Ils parlèrent ensuite de travail, mais ça impliquait aussi le dessin.

-Un professeur d’anglais? Elle souriait. -J’aurais bien aimé vous avoir comme prof.

Quoi? C’est vrai. C’était bien les cours d’anglais, mais… juste avec un bon professeur et elle n’en doutait pas une seule seconde qu’il fût doué même s’il n’aimait pas vraiment ce métier. Ensuite, il réalisa qu’ils avaient beaucoup de point commun, et c’était bien. Elle aimait bien les points communs qu’ils avaient. C’était agréable.

-J’aime bien qu’on ait autant de point commun, mais… ça me fait bizarre quand même d’avoir l’impression d’être… comprise par quelqu’un, ce… n’est pas habituelle, je l’avoue.

Oui bon, habituellement elle ne disait pas un mot à personne et elle vivait sa vie sans demander son reste. Aujourd’hui, elle avait choisi un nouveau tournant pour ses vingt et un ans et elle les appréciait grandement.

-J’aimerais vous remerciez, vous avez fait de ma journée d’anniversaire quelque chose de… bien. Alors merci beaucoup pour ce petit moment de paix.

Parce que oui, elle ne lui avait pas encore mentionné ce petit détail, mais maintenant elle lui faisait assez confiance pour en dire un peu plus long sur elle. Il ne savait pas à quel point c’était rare, mais elle oui et… ça la terrifiait, mais… elle appréciait en même temps. Ses sentiments étaient mitigés.

Petit à petit, ma conversation avec Serena s'était tournée vers le dessin, une passion qu'on semblait avoir en commun, et l'idée de parler de cela ne me dérangeait pas du tout, bien au contraire. En plus, la personne avec qui je me trouvais actuellement semblait vraiment avoir du talent. Son coup de crayon m'inspirait des choses très intéressantes. Serena n'avait pris aucun cours de dessin et avait perfectionné sa technique toute seule. En regardant ses dessins, je sentais cette sorte de pureté qui s'en dégageait et j'aimais cela. L'artiste ne copiait personne et possédait son propre style ainsi que sa propre imagination. Je préférais aisément ceux qui fonctionnaient de cette façon. Les simples reproducteurs n'étaient pas de simples artistes pour moi car ils leur manquaient cette magnifique capacité de création, ce plongeon vers l'imaginaire pour faire naître des oeuvres uniques. Serena n'était pas une simple reproductrice. Elle avait son propre style, sa propre technique. Rien que pour le fait de ne copier personne elle était une artiste. Si jamais elle décidait de continuer et de plonger encore plus en profondeur dans le dessin, elle serait capable d'aller très loin. J'en étais certain.

- Si je ne me sers que de ce que je viens de voir pour me faire un jugement, je peux dire que vous avez bien fait de ne pas prendre de cours de dessin. Souvent, on est mieux servis par soi-même, et cet effort semble vous avoir réussi, à en juger par votre coup de crayon. Je l'aime bien en tout cas, votre style. Il est unique et il s'en dégage une certaine pureté assez...hum...fascinante. Fascinante, c'est le mot parfait je pense.

Je lui avais dévoilé mon orientation d'origine et elle me répondit qu'elle aurait bien aimé m'avoir comme professeur. Au fond, moi aussi j'aurais aimé l'avoir comme élève. Serena avait vraiment l'air gentille... Cette perspective n'allait jamais se produire, vu que je m'étais écarté de cette orientation pour me lancer dans le dessin, mais cela aurait pu être sympa, en y pensant...

Quand Serena mit le doigt sur les points communs qui nous unissaient un peu plus tard, j'aurais pu bizarrement tenir le même discours d'elle.

- Certaines âmes sont faites pour s'entendre...peut-être que les nôtres s'accordent d'une certaine façon. Certes, cela m'arrive pas forcément tout le temps, mais quand cela se produit, au hasard d'une journée, je ne peux qu'aimer cela. C'est assez agréable...

*et cela me permet aussi d'oublier Kazran, au passage...*

Peu après, elle me lâcha une surprise. Notre rencontre avait eu lieu alors que c'était l'anniversaire de Serena. Un peu surpris, en même temps qui ne le serait pas, je lui dis ceci :

- Oh, bon anniversaire alors lui dis-je avec le sourire, avant d'ajouter ceci : En vérité, je dois moi aussi vous remercier. Votre venue, elle m'a fait du bien..

Un peu plus tard, je mis le doigt sur un détail assez original, qui n'était autre qu'un nouveau point commun.

- Quand même, le monde est sacrément petit. Nous sommes nés tous les deux dans le même mois, même si ce n'est pas le même jour. Mon anniversaire à moi c'était le 14 septembre, donc il n'y a pas si longtemps que cela.

Elle était bien, calme et reposé. La fatigue accumulée était toujours présente, mais beaucoup moins que si elle avait passé sa journée seule à dessiner. Elle le savait, sa journée avait pris une tournure des plus agréables et c’était un plus très intéressant. Elle n’était pas du genre à montrer ses dessins, mais avec lui, elle aurait pu. Elle lui en avait montré un peu, mais elle ne savait pas trop s’il y avait des choses intimes à l’intérieur, surtout des portraits en fait. Elle n’aimait pas ne pas savoir. Elle aurait voulu… elle ne savait pas trop. Il disait qu’elle était douée, qu’elle avait bien réussit à apprendre par elle-même, qu’il appréciait son style et qu’il était fascinant. Elle aimait bien le mot, mais… c’était un mot… lourd quand même. Elle n’était pas sur d’avoir assez de… d’être capable de supporter autant de compliment, mais elle appréciait. C’était bien rare quand même.

-Merci, ça me touche beaucoup.

Il avait ensuite parlé de lui, il était professeur avant et étrangement, elle aurait surement apprécié avoir de longue discussion avec lui en cours ou après le cours. Un professeur comme ça, il arrivait surement à changer la vie de ses élèves sans le savoir. Il avait quand même choisit une nouvelle carrière et elle n’avait rien à redire. Il était excellent en dessin et s’il s’épanouissait grâce à cela et bien, tant mieux. Elle en était ravie pour lui. Elle pensait sincèrement que la médecine lui ferait du bien, qu’elle aimerait cela. Elle ne pourrait pas en être sur jusqu’au moment fatidique ou elle terminerait ses cours et commencerait à pratiquer, mais déjà, elle était bien dans son milieu. Elle se sentait à sa place et surtout à l’aise. C’était rare pour elle, alors aussi bien tenter l’expérience. Rien n’empêchait de devenir pédiatre et de peindre plus que nécessaire. Elle n’allait pas vraiment manquer de temps, elle ne se voyait pas du tout avec une vie de famille bien ranger, alors elle aurait du temps. Elle espérait du moins, parce que bon, avoir une vie rangée, elle n’y avait jamais eu droit non plus, fallait l’avouer. Il rajouta finalement que certaines âmes étaient fait pour s’entendre, c’était surement leurs cas, parce que c’était trop de coïncidence quand même, pour deux personnes qui ne se connaissaient pas non? Il avait raison, c’était assez agréable. Elle lui offrit un sourire, c’était agréable de lui en offrir aussi.

- Je trouve aussi.

Elle appréciait aussi le fait qu’entre elle et lui, il n’y avait rien de formel, rien d’obligé. Elle n’était pas obligé de le fréquenté, mais elle en avait envie, elle en avait très envie en fait. Elle avait envie d’en apprendre plus sur lui et de savoir ce qui l’animait. Elle avait un don pour s’isoler, mais pas avec lui, alors… aussi bien en profiter. Ce n’était pas demain la veille qu’il trouverait quelqu’un d’agréable, avec qui elle aimerait parler. Elle se devait de refaire ses fréquentations, mais… elle ne croyait pas arriver à faire mieux que Logan, il était tout simplement… parfait. Il lui permettait d’oublier sa vie, elle n’en demandait pas plus. Ensuite, elle lâcha que c’était son anniversaire et c’était vrai, mais… elle n’aurait peut-être pas dû lui en parler. En même temps, elle se sentait à l’aise de tout lui dire, alors aussi bien commencer par le commencement voir si c’était une vraie impression ou une illusion. Elle voulait savoir si elle était vraiment capable de se confier avec lui. Il lui souhaita un bon anniversaire et elle le remercia pour cela. Il lui avoua qu’elle lui avait fait du bien et c’était tant mieux. Comme ça, ils pourraient reparler un jour.

-On est positif l’un à l’autre on dirait bien.

Elle aimait cette idée, l’idée de ne pas nuire à quelqu’un, mais bien de l’aider et d’en retirer un sentiment de paix en retour. Elle appréciait le moment partagé. Il rajouta que le monde était petit, parce qu’il était né le même mois, mais lui le 14 et elle le 30.

-Alors bon anniversaire en retard.

Elle lui souriait. Elle ouvrit finalement son carnet à une page vierge, pigeant son crayon préféré pour commencer à dessiner, elle savait ce qu’elle avait envie de faire maintenant et quand l’envie de dessiner lui prenait, elle n’était pas du genre à refuser. Il comprendrait surement, s’il avait la même passion qu’elle. Elle s’appliquait sur chaque trait. Elle voulait… faire quelque chose de bien, de parfait. Elle en était capable. Elle voulait… simplement lui montrer comment elle, elle le percevait. Qu’il puisse se voir au travers de son art à elle. Les portraits… c’était ce qu’elle aimait le plus en fait. Alors c’est ce qu’elle commença à faire lentement, mais d’un coup de crayon sur. Le dessin, c’était un peu comme la chirurgie au fond.

Aujourd'hui, le hasard avait su me mener sur le chemin d'une personne que je jugeais comme étant très intéressante, même si je ne la connaissais qu'à peine. Notre rencontre venait en effet tout juste d'avoir lieu, mais il était déjà facile de mettre le doigt sur de nombreux points communs qu'on partageait déjà. Ainsi, quand je lui avais dit que nos deux âmes étaient sans doute faites pour s'entendre, je tapais très certainement dans le mile. Lors d'une rencontre hasardeuse, on ne découvrait certainement pas autant de points communs entre deux personnes inconnues l'une pour l'autre, ou sinon c'était une sacrée série de coïncidences, et je croyais difficilement en elles. Malgré le côté étrange et inattendu de la situation actuelle, je trouvais ma conversation avec Serena très agréable, car elle était simple, sans contrainte et sans aucune prise de tête. Il n'y avait rien de mieux pour apaiser les esprits tourmentés, et cela avait très bien fonctionné avec moi. Serena avait réussi à me calmer en restant ici avec moi, et j'avais à priori eu l'occasion de faire la même chose pour elle à mon tour. Le fait d'avoir été réunis par le plus grand des hasards avait été réellement bénéfique, autant pour elle que moi. Comme Serena le disait, nous étions positifs, l'un pour l'autre.

- Le hasard a été bienveillant envers nous deux en nous réunissant sous cet arbre aujourd'hui.

Et je ne pouvais qu'en être heureux, car cette rencontre m'avait vraiment apaisé à un moment où j'en avais réellement besoin. Kazran n'occupait plus tout l'espace de mon esprit. Évidemment, il allait toujours être là, dans un coin, mais en ce moment précis il me faisait moins souffrir qu'un peu plus tôt dans la journée. C'était parfaitement apaisant, et j'aimais vraiment cela.

Juste après ma notion de notre naissance commune dans ce mois, même si cette dernière n'avait pas eu lieu le même jour, Serena me souhaita bon anniversaire en retard. Évidemment, je la remerciais pour ce geste, qui était quand même gentil. Certaines personnes ne prenaient parfois même pas la peine de souhaiter un anniversaire en retard, encore moins quand quelqu'un en faisait la remarque, jugeant justement l'anniversaire comme passé et donc plus souhaitable. C'était pour cette raison que j'appréciais le geste de Serena.

Un peu plus tard, elle ouvrit son carnet à une page vierge, qu'elle allait certainement remplir avec un dessin. Pour ma part, je regardais le mien, en tournant les pages remplies par plusieurs de mes dessins, quand l'un d'entre eux me bloqua, tout d'un coup, parce que je me sentais comme attiré vers lui. Sur l'une des pages était dessinée une sorte d'image qui me représentait vraiment. C'était un loup, encore un, roulé en boule pour se protéger du monde qui l'entourait. Le sol était comme fissuré à plusieurs endroits et les nuages étaient volontairement dessinés comme menaçants, comme quand ils provoquaient des violents orages. D'ailleurs deux impacts avaient été rajoutés sur le dessin, tous deux à côté du loup, en plus évidemment de la pluie qui chutait avec abondance. Cette image me représentait bien car elle symbolisait les tourments qui m'habitaient. Il était facile de deviner ce que le loup représentait. Ce loup, c'était tout simplement moi, d'une façon animalière. Heureusement que Serena ignorait pourquoi mon choix se tournait toujours vers un loup. Après tout, c'était mieux comme ça.

Durant quelques instants, je restais bloqué sur ce dessin de loup, sans comprendre pour quelle raison. Je l'avais fait depuis maintenant plusieurs mois mais je me sentais de nouveau attiré par ce dessin. Après tout, il me représentait bien, car le loup semblait hanté par mes cauchemars, et c'était exactement l'état dans lequel je me trouvais en ce moment, alors l'attirance semblait plutôt logique à la vue de ce que représentait le dessin. Quand je pus enfin écarter mon regard du dessin de mon carnet, j'observais le dessin de Serena en train d'avancer, et je fus pas mal surpris de découvrir que j'étais son sujet de dessin. Ce fait me fit sourire.

- J'aime savoir que je vous inspire. dis-je avec le sourire en la regardant. Vous aimez ce que vous faites au moins ?

C'était ce qui importait lors de la naissance d'un dessin. Il fallait toujours qu'il plaise à celui qui l'avait fait. Quand un croquis ne plaisait pas vraiment à l'artiste, il perdait toujours une partie de son âme, alors j'aimerais savoir que le dessin plaisait à Serena.

Le soleil de septembre la réchauffait tout doucement, elle était bien. Elle appréciait de plus en plus cet arbre. Elle était peut-être plus protégé qu’elle ne le pensait. Il lui avait finalement dit que le hasard leur avait bien arrangé les choses et c’était vrai. Pour eux du moins, parce qu’en général le hasard était assez violent avec notre Serena, la destinée aussi tant qu’à y être. Peut-être même cupidon… bref. En ce moment, elle était bien, lui aussi, c’était ce qu’il comptait le plus. Elle n’aurait pas été capable de décrire la relation naissante entre elle et Logan, c’était... léger, mais avec un petit plus. Elle appréciait cela. Ce n’était pas effrayant, alors c’était encore mieux.

-Je trouve aussi.

Elle lui avait souri avant de commencer son dessin sagement. Elle en avait envie et elle n’était pas du genre à se refuser ce genre de petit plaisir. Le dessin, ça demandait du temps, mais aucun investissement monétaire, alors ça allait. Il était concentré sur son dessin à lui, un très beau dessin, mais… un peu triste quand même. Le pauvre loup, Serena n’aimait pas le voir comme ça. Les éclairs, c’étaient quelque chose d’hors de contrôle et elle détestait ne pas contrôler son environnement, elle paniquerait à la place du loup ou elle se ferait le plus petite possible et prierait. Parce que bon, elle ne pouvait pas vraiment faire mieux. Elle retourna son regard vers son propre dessin et elle si appliqua lentement, mais surement. Elle n’était pas stressée, elle était simplement… heureuse de dessiner. La journée s’annonçait parfaite finalement. Elle ne pensait plus à ses démons, elle dessinait, elle était en excellente compagnie, tout était… parfait vraiment. Il lui parla au bout d’un moment, elle releva ses yeux vers lui, elle était présente, mais… sans plus. Elle était toujours plongé dans son dessin et heureuse de l’être en prime. Elle lui fit un sourire. C’était vrai qu’il était inspirant. Il demanda quand même si elle aimait ce qu’elle faisait. Alors, son sourire s’agrandit de lui, même, peut-être même un peu… joueur? Comme si elle était vraiment elle pour une fois, sans peur, rien, juste une gamine de vingt et un ans, passionnée par l’art.


-Je ne dessine que lorsque j’en ai envie. C’est une passion, alors je peux me permettre de le faire seulement quand je le veux et jouer les capricieuses. C’est toujours mieux dans ces moments-là.

Quiconque connaissait Serena savait qu’elle ne faisait jamais dans le caprice alors qu’elle se le permette, c’était important de le souligner. Elle n’était pas du genre exigeante, sauf envers elle-même, c’était surement le pire.

-En prime, j’avoue que… le fait que vous aimiez, ça… enlève la gêne.

Oui, elle était talentueuse et oui, elle était terriblement gênée de dessiner devant quelqu’un d’autre. C’était con, elle devrait profiter et montrer son art, mais… non. En général elle le gardait pour elle ou elle s’en servait pour des trucs concrets, du genre montrer un chemin ou quelque chose. Présenter une bâtisse, son chez soi. Elle faisait beaucoup dans le réel, mais avec une touche personnelle bien à elle. Fallait la voir peindre aussi, ça valait le coup d’œil. Par contre, elle avait un peu moins de temps pour la peinture, avec les cours et l’internat, mais bientôt elle pourrait récupérer un rythme soutenu. Elle n’avait pas de copain et pas vraiment d’amis, alors le temps, ça se trouvait facilement. Elle c’était replonger dans son dessin, elle n’arrivait pas le délaisser bien longtemps. C’était magique le dessin et discuter avec lui… ça rendait le tout presque parfait.

Le loup, non pas le loup-garou, était souvent l'objet de mes dessins, mais ceux-ci avaient une utilité plutôt thérapeutique que professionnelle, car mes dessins servaient ainsi de récepteurs pour accueillir mes tourments. Le dessin qui m'avait attiré en était l'exemple flagrant. Cette image du loup roulé en boule alors que le sol se fissurait et que des orages violents avaient lieu autour de lui me représentait parfaitement. Même si je parvenais à retrouver un certain équilibre dans mon existence, des cauchemars subsistaient encore et avaient le pouvoir de me faire réellement souffrir. Ce dessin, je l'avais fait quelques mois auparavant, alors qu'il m'arrivait encore de faire quelques crises d'angoisse à cause de cet immonde Kazran. Peut-être que le fondement même de ce dessin expliquait l'attirance que j'avais pu ressentir pour lui, mais je ne pouvais évidemment pas affirmer ceci avec certitude. Enfin, peut-être était-il mieux d'oublier ce dessin, surtout s'il me rappelait autant de mauvais souvenirs. Le dessin restait certes beau, mais sa beauté n'était plus du tout la même quand on cherchait à l'analyser d'un oeil plus attentif et en connaissant parfaitement bien celui qui l'avait fait. Heureusement pour moi, il était impossible pour quiconque de comprendre tous les symboles inspirés par chaque élément du dessin. C'était le but de la thérapie par le dessin, il n'y avait que moi pour en comprendre les détails et savoir que les éclairs symbolisaient les tortures de Kazran et que le sol brisé rappelait les cicatrices non refermées suite à ma période de captivité passée avec lui.  

Pour tenter d'oublier les symboles inspirés par ce dessin, je me concentrais sur une meilleure chose, à savoir Serena. Cette dernière avait commencé un dessin, et je semblais à priori en être le sujet. J'aimais le fait de savoir que je l'inspirais pour ce portrait. Cela me faisait sourire que nos rapports se poursuivent d'une façon toujours aussi agréable. Quand elle se mit à me parler, je lui répondis :

- J'aime vraiment votre façon de voir les choses Serena, car en vérité je la partage. C'est bien plus intéressant de voir une passion de cette façon. Si on se met à détester quelque chose qu'on fait, autant dire que cela n'est plus une passion mais plutôt une corvée. Agir ainsi fait que cela ne sera jamais une corvée, autant pour vous que pour moi.

Je continuais à lui parler. Je savais qu'elle dessinait, mais au moins je lui faisais la conversation et puis je n'avais pas vraiment l'impression que cela la gênait tant que cela.

- Et puis quand cette passion révèle un talent de notre être, pourquoi se priver de la pratiquer ? dis-je, avec le sourire. Le tout reste malgré tout intime, une partie profonde de notre être, alors il est difficile de la partager. Je comprends ce que vous ressentez à ce sujet. Même si le dessin fait partie de mon métier, une majeure partie de mon travail n'a jamais été montrée à qui que ce soit, et la plupart se trouve dans ce carnet. Ces dessins sont...thérapeutiques. Je les fais quand j'ai besoin d'expulser des émotions ou bien des traumatismes qui me gênent. C'est une autre manière de se calmer que le fait de parler à quelqu'un de ce qui ne va pas, alors qu'on n'a pas forcément envie de le faire.

En même temps, n'importe qui n'avait pas besoin d'être au courant de nos douleurs. Il y avait en effet certaines choses qui ne les regardaient pas. Les secrets ne méritaient pas d'être tous dévoilés.

- J'ignore si le dessin a le même effet sur vous, mais c'est en tout cas ce que cela me fait, et j'aime ressentir ce calme. C'est vraiment agréable de pouvoir parler de tout cela à quelqu'un, vraiment.

Preuve du côté agréable de la situation, je restais souriant en sa présence, et cela montrait que le bonheur ne me quittait pas. Il présent en moi, et cela allait se poursuivre de cette manière encore longtemps.

Serena c’était mise à dessiner pour son plus grand plaisir. En général, elle était trop gêner pour dessiner directement devant quelqu’un, mais là, elle osait. Elle n’avait pas peur de son jugement, il avait déjà dit apprécier, alors ça lui allait. Elle avait ça façon à elle de commencer par le centre du dessin, les yeux plus particulièrement, c’était les yeux qui faisait toute la différence dans un dessin, alors elle s’appliquait. Elle continua ensuite avec le nez, la bouche, le visage, les contours, les cheveux. Elle revenait ensuite s’appliquer plus sur les endroits qu’elle avait délaissés au fil de son avancement. Elle était comme ça, elle préférait repasser plusieurs fois partout, que de terminer un endroit à la fois. Tout le monde avait sa façon de faire et Serena ne connaissait que sa façon à elle. Elle aimait bien regarder le dessin de l’homme, il avait l’air de bien aimer les loups. En deux dessins de lui, il en avait fait deux. Le loup était une créature magnifique alors ça allait. Serena n’avait pourtant pas l’âme d’une louve, ni même d’un canin. Si elle avait eu à se personnalisé en dessin de la sorte, elle aurait choisi un félin, peut-être une panthère, c’était bien les félins. Elle dessinait et lui parlait en même temps, c’était bien. Il aimait sa façon de voir les choses et il partageait cette vision. Elle aimait la liberté que lui offrait le dessin, mais elle n’avait pas envie de contraindre son talent, ni de le forcer. Elle était douée avec ses dix doigts, mais elle n’aurait pas voulu se sentir obligé de dessiner. Avec la médecine, tout était une histoire de nécessité. Les gens avaient besoins d’aide maintenant, elle leur accordait de son temps pour ce faire, mais… elle ne se sentait pas contrainte. Pas encore du moins, c’était plus un sentiment d’urgence et d’adrénaline. Elle devait juste surveiller ses surrénales pour qu’il tienne le coup, parce que bon… mourir dans son lit d’une défaillance d’adrénaline, ça serait franchement nul quand même. Elle continuait son dessin.

-C’est pour ça que j’ai choisi de faire médecine en premier lieu. C’était une passion aussi, mais… d’un autre genre. L’idée d’aider des gens tous les jours, c’est… j’aime beaucoup. L’idée de mettre mes connaissances au service des autres c’est valorisant. Mon talent, je le garde pour moi, mais ça me permet de m’évader quand j’en ai besoin. Les deux s’imbriquent parfaitement.

Elle ne se sentait pas clair, mais pour elle c’était limpide. Quand elle devait oublier une dur journée à l’hôpital, elle n’avait quand rentrer chez elle, mettre la musique à fond et se jucher devant sa table à dessin ou son chevalet. Dans tous les cas, elle oubliait ses problèmes. Son problème du moment, c’était d’avoir perdu son petit nid douillet finalement. Elle devrait régler ça d’abord, ensuite elle verrait. Ils continuèrent de parler doucement, elle continuait tout de même son dessin. Ça n’avait pas l’air de le déranger lui qu’elle dessine et parler ne l’a nuisait pas, loin de là. Elle ne relevait pas toujours les yeux, mais elle était concentrée sur Logan autant que sur le dessin. Ils parlaient encore de dessin ensemble, toute la partie cachée de cette dernière. Serena n’était pas du genre à montrer ce qu’elle faisait et… c’était rassurant de savoir que lui aussi. Elle lui ressemblait beaucoup, c’était agréable.

-Presque tous mes dessins son thérapeutique ou au moins une façon de m’évader, alors je comprends. Je ne suis pas du genre à… parler en fait. Même si avec vous… ça le fait bien.

C’était bien de le mentionner quand même, parce que bon, il était une des rares personnes avec qui elle le faisait et c’était bien, c’était positif. Elle avait encore de la pratique à avoir, mais c’était un excellent début. Elle continua donc de dessiner tranquillement, s’amusant plus que nécessaire à dessiner, mais… elle était de bonne humeur. C’était agréable de le faire pour lui et il était facile à dessiner en prime.

-Le plus étonnant dans toute cette situation pour moi, c’est… de ne pas avoir peur du jugement en fait. On se ressemble assez pour que je me dise que… vous allez comprendre ou… tenter de comprendre au moins.

C’était important pour elle de lui dire, parce qu’il avait acquis sa confiance tellement vite, qu’elle ne voulait pas risquer qu’il la perde pour des broutilles. Elle n’était pas confiante, pas quand sa concernait les gens. Elle avait été trop déçue par la vie et les gens la peuplant. Elle n’était pas méchante, elle était juste… mal encadrée par la vie, mais maintenant, ça allait de mieux en mieux. Elle avançait encore et toujours le dessin, elle s’amusait et prenait son temps.

-J’espère que ça ne vous dérange pas de servir de modèle pour mon inspiration.

Parce que bon, certain aurait pu ne pas apprécier, mais… elle ne le pensait pas comme ça, il lui aurait surement déjà dit. Les gens pouvaient parfois être curieux du résultat final aussi.

Le fait d'écouter Serena me parler parvenait à m'apaiser, car elle n'évoquait pas les sujets capables de briser mon petit cœur meurtri par l'omniprésence du fantôme de Kazran. Entre nous, tout était simple, sans aucune prise de tête, bref le type de rapport parfait à avoir quand des soucis aussi forts déchiraient mon âme. Le hasard, en amenant Serena jusqu'à moi, avait eu une douce idée, m'apportant cette conviction que j'avais finalement bien fait de sortir et de venir sous cet arbre. La rencontre était exactement ce dont j'avais besoin. Il suffisait de me voir maintenant. Le bonheur ne cessait pas de s'exprimer sur mon visage et mon sourire de briller par son omniprésence. Il était très difficile de croire que j'avais été marqué par d'intenses tourments en voyant tout ce positif illuminer mon visage. Je me sentais mieux, car une bonne compagnie avait pu réussir à effacer tout ce qui n'allait pas, pour un remplacement par uniquement du positif et rien de plus que cela. L'apaisement était parfait, comme rarement il avait été depuis quelques jours. Je ne me sentais pas aussi bien que lorsque je me trouvais avec la femme que j'aimais, mais Serena avait quand même réussi un exploit en me calmant de cette façon. Peu de personnes y parvenaient...en dehors de Jessica ou bien de William. Pour entretenir ce calme qu'elle avait pu faire naître, je continuais à l'écouter parler, alors qu'elle évoquait les raisons de son orientation vers la médecine. Serena aimait le fait de pouvoir mettre ses connaissances au service des autres et ainsi de pouvoir les aider. Elle pouvait ainsi partager sa vie entre son métier et son talent. J'aimais bien entendre cela...

- C'est bien, de pouvoir partager sa vie de cette façon, en servant la plus parfaite des causes et en entretenant son talent de l'autre côté. J'aime ce mode de vie dont vous me parler, et puis ça a vraiment l'air de vous plaire, ce qui est un peu l'essentiel à mon sens. dis-je toujours avec le sourire. Chaque personne est douée pour au moins une chose, alors si on peut axer son existence sur elle, c'est encore mieux. En fait, c'est un peu comme moi et l'anglais. Je me suis lancé là-dedans parce que j'avais l'occasion de le faire, mais ce n'était qu'un amour en demi-teinte qui me liait à ce métier. Il m'a fallu pas mal de temps avant de le comprendre. En fait il a fallu que je passe à deux doigts de la mort pour me rendre que ma vie n'était pas exactement comme je le voulais...c'est assez ironique à admettre, mais c'est pourtant ce qui s'est passé. Cette mauvaise expérience a été en quelque sorte le déclic dont j'avais besoin.

Ce fut une surprise que d'apprendre qu'on agissait pareil, même quand on dessinait. La plupart des dessins de Serena avait à priori des objectifs thérapeutiques, un peu comme bon nombre des miens. On se comprenait également sur ce point, et j'en étais le premier surpris. Cela forgeait un nouveau point commun entre nous deux.

- On se comprend bien sur les dessins thérapeutiques j'ai l'impression. Sur ce point également, je pense comme vous. dis-je avant d'ajouter ceci : C'est fou le nombre de points communs qui nous unissent, alors qu'on vient tout juste de se rencontrer.

Un peu plus tard, Serena préféra me demander si cela ne me gênait pas que je serve de modèle. Sincèrement, cela ne m'ennuyait pas, sinon j'aurais déjà exprimé mon désaccord si jamais cela avait été le cas.

- Je l'aurais déjà dit si cela me gênait, croyez-moi.

Ce n'était qu'un dessin après tout, alors pourquoi cela me gênerait-il ?

- Avant aujourd'hui, je n'ai jamais servi de modèle. Personne ne m'a jamais dessiné... C'est juste bizarre de vivre ça pour la première fois, mais ce n'est guère dérangeant, pas du tout.

Parler avec Logan, c’était bien, vraiment. Elle appréciait et pour une rare fois, elle pouvait certifier qu’elle en redemandait. Elle c’était assurée de pouvoir le revoir un jour et ça, c’était bien. Ils avaient enchainé les points communs et encore maintenant, ils continuaient d’en trouver. C’était drôle, c’était rafraichissant. Comment expliquer tout cela à quelqu’un? Non, mais… une telle rencontre c’était impossible non? Parce que bon, on est d’accord… C’est pas commun. Elle se sentait choyée d’une certaine façon. Si elle venait de trouver sur terre la personne capable de la faire sentir bien, c’était parfait. Elle n’était sûr de rien, mais… pour le moment c’était léger et agréable, alors elle allait laisser cela comme ça. Elle commençait de plus en plus à s’ouvrir à lui, parlant de sa passion pour le dessin et pour la médecine. L’explication de son choix aussi. Plus le temps avançait et plus elle se permettait de dire ce qu’elle pensait, ce qu’elle aurait aimé dire à une mère, un père, quelque chose, mais… elle n’avait rien de tout ça, parce que bon…la vie était ainsi faites, mais en ce moment, elle avait un peu l’impression que c’était ça. C’était surement ce qu’elle recherchait un peu au fond. Elle avait besoin de se sentir lié à quelqu’un, quelque chose. Depuis la mort de Percy, elle avait été si seule quand même. Elle préférait ne pas trop y penser et heureusement, son dessin était là pour ça. Elle ne put s’empêcher de le regarder et de sourire sincèrement lorsqu’il dit « la plus parfaite des causes » parce que bon, ça faisait des mois qu’elle se faisait rabattre les oreilles que les humains ne méritaient pas de vivre et… elle en était une hein, alors maintenant qu’on lui dise que la cause était la bonne, elle était heureuse et… soulagée, fallait l’avouer. Ensuite, il parla de son expérience qui fut un déclic. En avait-elle eut une expérience comme ça? En fait, oui et non. Elle avait choisi de faire médecine quand… quand on avait décrété qu’elle n’arriverait à rien de bon. À la mort de sa mère, quand elle dû être placé, ils ne l’avaient pas dit clairement, mais il y avait des notes à son dossier, elle le savait. Elle était « à risque » de violence, drogue, fugue et tout ça. Comme si, vu son passé, elle ne pouvait que tuer son futur et bien, elle avait fait démentir son dossier et elle ne l’avait pas fait de la façon la plus simple non plus. Elle avait choisi de faire la chose qu’elle aimait, mais qu’on lui refusait, elle ne pouvait pas y arriver sans bourse et les bourses, ce n’était que pour les meilleurs, alors elle dut en devenir une, rien de bien simple, mais elle le fit quand même.

-Je crois qu’on a tous nos points de pivot qui nous amène à faire des choix drastiques pour mener la vie qu’on voudrait, qu’on se souhaite. C’est juste chiant que ce soit surement par des moments très durs qu’on arrive à changer. J’ai décidé de faire médecine quand ma mère c’est fait assassinée, ça été mon… déclique à moi, j’ai eu envie de prouver au monde entier que je pouvais tout faire et me voilà, interne à l’hôpital d’Huntfield… à vingt et un ans. C’est… bizarre la vie parfois.

Elle s’arrêta quelques secondes réalisant qu’elle… en avait dit beaucoup là quand même. Ce n’était pas mal en soi, c’était juste… étrange, étrangement libérateur en fait. Elle parlait de truc qu’elle ne disait jamais à personne. Il était spécial Logan finalement. C’était bien. Elle préféra quand même parler de dessin. Les dessins, c’étaient thérapeutiques, c’était agréable, ça permettait d’oublier.

-C’est vrai qu’on se ressemble beaucoup, mais c’est agréable de se sentir comprit par quelqu’un d’autre.

Elle lui souhaitait quand même de ne pas être le jouet préféré d’un démon, parce que c’était un point commun qu’elle n’avait pas envie de partager avec lui, ce n’était pas quelque chose qu’elle lui souhaitait, il avait déjà eu des difficultés dans sa vie, elle lui souhaitait quelque chose de doux, quelque chose de bien pour la suite. Elle lui demanda finalement si ça le gênait d’être dessiné, elle n’avait pas vraiment pensé demander avant, mais ça ne le gênait pas, heureusement. Elle ne put que sourire à la dernière réplique de Logan, lançant simplement :

-C’est un peu comme les photographes qui ne sont sur aucune photo. C’est vous qui faites les dessins, donc vous n’en faites pas de vous et ce dessiner soi-même, c’est franchement plus difficile qu’il n’y parait. Ça fait travailler sa perception de soi-même et c’est pas simple.

C’était plus que thérapeutique ce genre de dessins. C’était de la confrontation directe. Serena aimait se dessiner elle-même, mais… jamais comme il l’aurait fallu. C’est dernier temps, elle se dessinait telle une poupée, un peu brisée par la vie. Elle avait tellement l’impression de servir de jouet qu’elle n’y pouvait rien, c’était comme ça. Sinon, elle était incapable de se dessiner heureuse. Ses dessins d’elle avait toujours cette lueur triste dans le regard qu’elle n’arrivait pas à effacer. Finalement, elle avait abandonné l’idée de se dessiner. C’était peine perdue.

Serena ne pouvait évidemment pas le deviner, mais elle avait réussi, en une seule rencontre, à me redonner ce semblant d'énergie que je croyais avoir définitivement perdu depuis que le fantôme de Kazran me hantait. Lors de ma première vision de lui, j'avais en effet pensé que je n'aurais jamais la force d'affronter son omniprésence. À présent, je mettais en doute mon tout premier jugement, au point même de croire au retour de l'espoir dans ma conscience. J'avais la force d'espérer que tout allait s'arranger dans un avenir relativement proche, alors que je me croyais perdu quelques instants auparavant. Je ne connaissais qu'à peine Serena, mais elle avait pourtant eu un effet incroyable sur moi. Il était certain que cette rencontre allait me marquer, à la vue de tous ces points communs qu'on se découvrait progressivement. Lors de n'importe quelle rencontre hasardeuse, tout n'allait assurément pas aussi vite, je le sentais tout au fond de moi-même, car j'avais l'impression profonde que nous n'étions pas faits pour rester de simples connaissances. En même temps, pourquoi s'amuser à unir deux personnes avec autant de points communs si c'était pour les séparer en même pas trente secondes ? À mon avis, cela n'aurait vraiment aucun sens. Heureusement, nous étions actuellement destinés à nous revoir, vu que nous avions échangés nos numéros de téléphone pour nous joindre ultérieurement. Cela aurait été bête de passer à côté d'une relation comme celle-là.

Alors que Serena continuait de dessiner, notre conversation suivait le même chemin, toujours tout en simplicité et sans aucune prise de tête. Il n'était pas nécessaire de préciser que j'aimais cela, car il était clair que je l'avais suffisamment montré.

- Je suis désolé, pour votre mère...cela a du être dur pour vous dis-je avant d'enchaîner sur ceci : Vous avez quand même su avancer après ce qui s'est passé...et je pense que c'est l'essentiel, après une chose pareille.

Mon cas personnel n'étais pas aussi simple malheureusement.

- Pour ma part, je ne peux pas faire cela aussi vite. Souvent, quand l'horreur m'arrive...j'ai du mal à m'en remettre. Il me faut du temps, pas mal de temps. Il suffit de me voir avec la raison de ma présence ici. J'ai vécu l'enfer avec Kazran, pendant quelques jours, mais c'était il y a des mois et des mois de cela...c'est loin de moi tout cela. Pourtant, il revient hanter mon esprit, carrément intact. J'ai conscience qu'il ne s'agit que d'une crise d'angoisse, car je ressens vraiment de la peur...pourtant je ne devrais pas avoir peur. Il ne peut pas revenir me hanter comme par le passé...il est mort...mais j'ai quand même peur. C'est perturbant d'avoir peur d'un mort qui ne peut normalement pas revenir me faire souffrir.

Je continuais à la regarder, en train de poursuivre son dessin me concernant. C'était vraiment étrange pour moi d'imaginer mon visage bientôt couché sur du papier. C'était la toute première fois que quelqu'un faisait un portrait de moi car je n'avais moi-même jamais osé faire cela. Je préférais dessiner les autres personnes, ou d'autres choses, mais en aucun cas moi-même. Les auto-portraits, ce n'était réellement pas mon truc, et à priori Serena partageait mon opinion.

- Pour un auto-portrait, c'est certain que la difficulté de l'exercice constitue un sacré frein mais mon frein personnel est surtout émotionnel en vérité. Souvent, je dessine pour m'évader, alors me dessiner moi-même m'empêcherait de m'évader comme je le veux. Je peux tout dessiner, tout...tant que ça n'a pas de rapport avec moi-même. Je ne peux pas coucher sur du papier mon propre visage, alors que je peux coucher celui de tous les autres. C'est idiot, mais ça marche comme ça pour moi...

J'ajoutais ceci un peu plus tard :

- Quand je dessine quelque chose qui a un rapport avec moi, je le fais, mais ce n'est jamais moi que je prends comme modèle. Un auto-portrait, je ne peux juste pas en faire.

Serena était déjà bien heureuse de sa journée, c’était agréable et surtout… c’était du positif. C’était quelque chose qu’elle n’avait pas eu dans sa vie depuis un moment déjà. Bien sûr, c’est étude avançait à grand pas, mais… pas assez pour faire pâlir le négatif de toutes les autres sphères de sa vie. C’était bizarre quand même, elle… elle n’aurait pas cru trouver refuse et amitié sous le sol pleureur qu’elle avait adopté. Elle y aurait trouvé du calme, elle aurait pu lécher ses plaies en paix, mais là… c’était différent, elle avait vraiment impression de réparer quelques choses qui c’était briser. Elle… osait faire confiance un peu et ce confier, c’est comme ça qu’elle avait osé parler de sa mère et sincèrement… elle ne le faisait que très rarement. C’était comme ça, c’était son secret à elle, ses problèmes à elle… ses souffrances, à elle au final. Elle portait son petit monde sur ses épaules, mais là… elle avait l’impression de partager ce poids avec quelqu’un le temps de quelques heures. C’était bien fait la vie quand même.
-C’est sur que ce n’était pas facile, mais bon… j’avais 14 ans, je ne pouvait pas vraiment faire autre chose que tenter de m’en sortir au final. En prime, si y a bien un truc positif de finir en foyer d’accueil… c’est qu’on est bien encadré au final. Ça aide. En même temps, ça va, la vie n’a jamais été douce avec moi, je m’en sors bien à chaque fois.

Parce que oui, sa mère n’était pas le pire dans tout ça. Le pire, ça avait surement été Percy finalement. Autant de sentiments disparates, elle l’appréciait, mais il était mauvais et elle le savait. Il ne l’était pas trop avec elle, elle avait l’impression d’être… choyée, mais au final il commençait à demander des trucs inhumains. Elle en voulait à Méphisto de l’avoir tué, mais… elle en était délivrée maintenant et elle commençait à comprendre. Elle commençait aussi à regretter. Fallait maintenant ce débarrasser de Meph, mais rendu là, c’était déjà bien qu’elle ait comprit tout ça, alors… elle pouvait le remercier, mais… ne le ferait jamais. Sauf peut-être s’il dégageait gentiment. Quoi? On pouvait toujours espérer non? Elle continuait sagement son dessin tout en lui parlant. C’était à lui maintenant. Il commença à lui expliquer les nuances de son cas, mais au final… c’était un peu du pareil aux mêmes. Quand il lui expliqua… l’illogisme de sa peur, elle ne pouvait pas clairement lui dire qu’elle le comprenait, mais… Dieu qu’elle le comprenait! Elle revoyait encore la tête de chaque victime de Percy, celle qu’il voulait qu’elle… blesse avec lui et tout, tous les trucs horribles. Ils étaient morts, tous morts, mais… elle avait toujours l’impression qu’ils reviendraient un jour pour se venger, elle en avait du mal à dormir, la culpabilité, mais la crainte la tenait réveiller. Elle n’y pouvait rien, c’était présent, c’était prenant. Pourquoi c’était comme ça? Elle n’en savait rien, mais… elle comprenait.

-Je ne pourrais pas expliquer pourquoi la peur reste, mais… je comprend trop bien le principe.

Il y avait eu un voile de peine devant ses yeux une fraction de seconde avant qu’elle ne retourne vers son dessin. Elle le dessinait et ça la calmait. Elle s’amusa à le faire souriant aussi. Comme elle, elle le voyait. Ils parlèrent ensuite de dessin, c’était un sujet tellement plus léger, sans aucun point négatif, que du bonheur pour elle. Il rajouta finalement que pour les autoportraits, il avait du mal. Il avait un frein émotionnel en fait. Il pouvait tout dessiner, mais… pas lui. Elle aurait aimé lui expliquer sa façon de faire, le pourquoi, mais elle n’avait pas l’impression qu’elle y arriverait. Elle décida quand même de se lancer. Elle le faisait, parce qu’il était lui, elle n’aurait pas osé avec d’autre.

-Je dessine pour m’évader, mais… parfois aussi pour tenter de comprendre. C’est… bizarre, mais parfois une image vaux vraiment mille-mots et me représenter, que ce soit moi, une chose ou quoique ce soit… quand j’ai l’impression que ça pourrait être moi, je développe l’environnement autour de mon dessin et… et je comprends des choses que seul moi pourrait comprendre. En fait… j’ai pas l’impression d’être clair là, désolé.

Elle lui souriait timidement. C’était… complexe quand elle. Elle aurait pu lui montrer d’ancien dessin pour tenter d’être clair, mais… c’était tellement personnel et tellement… tellement sombre parfois. Alors elle préféra que non. Elle préféra se faire et simplement… être flou. Le dessin avançait bien, très bien même. Elle en était déjà assez contente. Il rajouta quand même, Il se prenait lui, mais… sans être lui, surement un peu comme elle au final, mais… elle arrivait à se faire parfois, mais… elle se dépersonnalisait, elle le savait. C’était complexe le dessin quand même. C’était un peu… comment dire. Elle était axée sur le réel quand elle dessinait, mais jamais pour elle. La plupart du temps, elle se dessinait comme une poupée de chiffon, parce que bon… c’est ce qu’elle était au final. Un jouet qu’on tiraillait au quatre vents, qu’on oubliait et qu’on abimait sans s’en rendre vraiment compte.

-Je comprend et c’est surement le cas pour plusieurs, c’est pas simple d’avoir un… regard objectif sur soi-même et je trouve toujours plus agréable de se voir au travers du regard des autres ça… fait du bien. J’aime avoir l’impression d’exister pour quelqu’un d’autre, même si c’est juste pour le temps d’un dessin.

Elle lui souriait, elle s’appliquait déjà sur les détails de son dessin. Elle était satisfaite, elle était heureuse de sa présence, de l’avoir rencontré et surtout, d’avoir eu l’audace de lui demander de le revoir un jour, parce qu’elle appréciait sa conversation, vraiment.